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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 septembre 2021

4 octobre 1918

4 octobre 1918

 

Les unités de la 43e D.I. ont repris l’offensive depuis la veille.

 

Les pertes ont été sévères et la progression fort mince comparée à celle réalisée durant la première partie de la bataille de Champagne et d’Argonne.

 

Les Allemands se cramponnent sur leur position. Ils doivent se maintenir coûte que coûte sur la crête d’Orfeuil pour couvrir leur repli de la région des Monts.

 

Les hauteurs sont protégées par un rempart de mitrailleuses servies par des combattants d’élite. Elles sont nichées dans quelques bouts de tranchées et battent tout le terrain des attaques. Une artillerie bien placée, ainsi que quelques réserves locales prêtes à effectuer de vigoureuses contre-attaques à tout moment, complètent le tout.

 

La crete d'Orfeuil

 

Entre 8 h 00 et 9 h 00, l’ennemi exécute un violent bombardement sur les positions françaises avec une forte proportion d’obus toxiques.

 

C’est au tour du 3e bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant Fontaine, de passer à l’offensive. Les débris des 1er et 2e bataillons sont en soutien.

 

Carte 1 journee du 4 octobre 1918

 

À 9 h 50, le bataillon Poupart du 158e R.I., les 2e et 3e compagnies du 31e B.C.P. et les compagnies du bataillon Fontaine du 149e R.I. se lancent à l’attaque, sous la protection d’un tir de barrage roulant, après une préparation d’artillerie d’une demi-heure.

 

À droite, les compagnies du bataillon Poupart sont stoppées net par des tirs de mitrailleuses très agressifs venant du nord et de l’est. Elles s’arrêtent devant la tranchée au sud du signal détruit.

 

Au centre, les deux compagnies du 31e B.C.P. réussissent à pénétrer dans Orfeuil. Malheureusement, elles ne pourront pas se maintenir bien longtemps sur leur nouvelle position.

 

À gauche, les compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. parviennent à pénétrer dans le bois R 43 et à occuper la région du Pylône. Mais, comme la veille, des tirs de mitrailleuses, partant des bois R 39, R 40 et R 41, empêchent toute circulation entre les éléments avancés et les éléments de soutien du 149e R.I..

 

Une attaque de flanc, exécutée par la 4e compagnie du 1er B.C.P., est lancée en début d’après-midi sur Orfeuil. Elle passe par le secteur est du 149e R.I.. Cette compagnie pénètre dans le village, mais elle ne peut pas s’y maintenir.

 

De vigoureuses contre-attaques allemandes obligent la gauche du 149e R.I. à se replier vers le bois la Croix.

 

L’après-midi se passe en efforts pour établir la liaison entre le P.C. du commandant Fontaine et la section de la 9e compagnie ; celle-ci, sous les ordres du lieutenant Ferry,  s’est maintenue dans le bois R 43. Les 10e et 2e compagnies du 149e R.I. se tiennent prêtes à contre-attaquer. Le lieutenant Ferry réussit à rejoindre son bataillon avec une poignée de ses hommes.

 

L’aumônier Henry témoigne : « Le lieutenant Ferry est rentré avec cinq hommes ; sa situation au Pylône a été tragique. Il a bien cru qu'ils n'en reviendraient jamais. Le moment le plus pénible a été ce soir à 16 h 00. La division voisine a dû attaquer ; l'attaque d'infanterie a été précédée d'une préparation intense d'artillerie par 155 avec comme objectif : le Pylône ! Je ne puis en croire mes yeux, ni mes oreilles ! Et quoi ! À midi le lieutenant Ferry prévient qu'il est au Pylône ; quatre heures après, la division voisine ne sait pas que le Pylône est tenu par des Français ! Ceci me paraît formidable, inouï ! J'aime mieux ne rien dire, parce que je ne trouverais pas d'expression assez forte pour exprimer ce que j'en pense. Résultat : la section Ferry a été broyée par notre artillerie. Le lieutenant Ferry et cinq hommes rescapés par miracle, sont seuls rentrés dans ans nos lignes ! »

 

Carte 2 journée du 4 octobre 1918

 

Le temps de la relève arrive enfin ! Dans la nuit du 4 au 5 octobre, la 124e D.I. dépasse la 13e D.I. pour venir remplacer la 43e D.I.. Elle doit être en mesure de reprendre l’offensive à son compte dès le 5 au matin.

 

Le 101e R.I. vient occuper les positions tenues par le 158e R.I.. Le 124e R.I. relaie le groupement de chasseurs et le 130e R.I. prend la place du  149e R.I..

 

carte 3 journee du 4 octobre 1918

 

Le 1er bataillon du 130e R.I. s’installe dans la région sud du Pylône et la lisière nord du bois la Croix. Il relève le 3e bataillon du 149e R.I..

 

Carte 4 journee du 4 octobre 1918

 

Le 3e bataillon du 130e R.I. est en soutien dans la région du bois V12 et le 2e bataillon du 130e R.I. est à la disposition de la 124e D.I. dans le Grand Bois du Carrefour en remplacement des 1er et 2e bataillons du 149e R.I..

 

Les troupes épuisées gagnent définitivement l’arrière après avoir passé 9 jours en 1ère ligne ou dans son secteur immédiat.

 

Le fichier des « morts pour la France » du site « mémoire des hommes » a enregistré 14 tués pour cette journée.

 

                                              Tableau des tués pour la journée du 4 octobre 1918

 

Seize autres noms ont été inscrits à des dates ultérieures, comprises entre le 5 et le 15 octobre 1918. Il y a de fortes chances pour que ces hommes aient été tués entre le 3 et 4 octobre comme le laisse sous-entendre l’aumônier Henry dans son témoignage. Voici ce qu’il écrit :

 

« Le plus pénible pour nous, c'est de partir en laissant tant d'amis sans sépulture, abandonnés sur le terrain. Hélas ! La nuit suffira à peine à rapporter les blessés. »

 

Excepté pour un adjudant, les numéros de compagnies retrouvées pour une partie d’entre eux correspondent au 3e bataillon du 149e R.I. ce qui laisse supposer que la plupart de ces 16 soldats auraient été tués le 4 octobre.

 

                  Tableau des tués pour la journée du 4 octobre 1918 enregistrés à une date ultérieure

 

Le G.B.D. 43 évacue 38 hommes du régiment vers l’arrière.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I. réf : 26 N 344/8.

 

J.M.O. de la 124e D.I. réf : 26 N 425/6.

 

J.M.O. du 130e R.I. réf : 26 N 687/7.

 

J.M.O. du 158e R.I. réf : 26 N 700/14.

 

J.M.O. du 1er B.C.P. réf : 26 N 815/6.

 

J.M.O. du 31er B.C.P. réf : 26 N 826/30.

 

Carnets inédits de l’aumônier Henry

 

La 43e D.I. pendant la campagne de 1918. Éditions Mayence Grande Imprimerie Moderne. 1922.

 

Le dessin est une création d’I. Holgado

 

La photographie a été réalisée par J.L. Arnould

 

Un grand merci à M. Bordes, à J.L. Arnould, à A. Carrobi, à I. Holgado, à J.L. Poisot, à M. Porcher et au S.H.D. de Vincennes.

Commentaires
P
Article très intéressant sur une nouvelle bataille du 149eme. Que dire des tirs d'artillerie trop courts ou sur des zones occupées par les Français, occasionnant des morts "collatérales" absurdes. Également l'horreur de laisser les corps se décomposer sur le terrain sans pouvoir les recueillir pour une sépulture digne. Merci de nous faire partager les durs moments de tous ces hommes, ne les oublions jamais.
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