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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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19 novembre 2021

Jules Georges Hippolyte Robinet (1889-1973)

Jules Georges Hippolyte Robinet

 

Enfance et adolescence

 

Jules Georges Hippolyte Robinet est né le 12 août 1889 à Rasey, une petite bourgade rattachée à la commune de Xertigny, dans le département des Vosges. Son père, Hippolyte Jean Baptiste, âgé de 33 ans, travaille comme cordonnier. Sa mère, Marie Julie Léonie Ferry, exerce le métier de couturière. Elle a 23 ans.

 

Le couple Robinet donne vie à deux autres enfants, un garçon né en 1890 et une fille née en 1898. Hippolyte Jean Baptiste délaisse son métier de cordonnier pour celui d’épicier, un emploi qu’il exercera quelque temps avant de devenir cultivateur.

 

Rasey

 

La famille Robinet n’est pas enregistrée dans le registre de recensement de la commune de Xertigny  en 1906.

 

Georges termine sa scolarité avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait parfaitement lire, écrire et compter. Détenteur du certificat d’études primaires, l’adolescent n’a pas la possibilité de poursuivre des études. Il doit rapidement gagner sa vie  en allant  travailler à la ferme.

 

Attiré très jeune par l’uniforme, il rêve de s’engager dans un régiment de Spahi. Son père ne veut pas en entendre parler. Très respectueux de l’autorité paternelle, Georges attendra d’être appelé sous les drapeaux pour franchir le seuil d’une caserne.

 

L’année de ses 20 ans, il se présente devant le conseil de révision qui se réunit comme chaque année à la mairie de Xertigny. En pleine forme physique et ne présentant pas d’anomalie particulière, le médecin le déclare « bon pour le service armé ».

 

De la conscription à l’engagement

 

Le 3 octobre 1910, Georges est à Épinal, incorporé à la 4e compagnie du 149e R.I..

 

Le 20 octobre 1910, il est admis au peloton d’instruction pour devenir caporal. L’accès rapide à cette formation est probablement lié au fait qu’il est détenteur du certificat d’études primaires.

 

Le 4 février 1911, il épouse, à Rasey-Xertigny, Marie Augustine Baudoin avec qui il aura trois enfants.

 

Travailleur assidu, Georges Robinet se retrouve classé 3e sur 64 élèves caporaux au mois de mars 1911. Le jeune homme est titularisé dans le grade de caporal le 11 avril. Son instruction militaire prend fin le 20 septembre 1911. Six jours plus tard, il est nommé sergent.  

 

Georges Robinet reçoit pendant son service actif, l’instruction des mitrailleuses de place en tant qu’adjoint de chef de section.

 

Quelques négligences lui valent d’être puni à 3 occasions au cours de l’année 1912.

 

Releve de punitions du sergent Robinet

 

Septembre 1912 : la période sous l’uniforme en tant que conscrit touche à sa fin. Georges Robinet a beaucoup d’appétit pour la vie militaire. Il ne souhaite absolument pas quitter la caserne Courcy à la fin de son temps réglementaire. Le 19 septembre, il contracte un engagement d’une durée de deux ans.

 

Caserne Courcy

 

Le 19 juin 1914, il signe à nouveau pour deux années sans savoir que ce nouveau contrat ne pourra pas être honoré. Une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 

Le conflit qui n’a pas pu être évité par voie diplomatique débute en août 1914. Le sergent Robinet est dans l’obligation, pour cause de guerre, de mettre fin à sa préparation au concours d’entrée de l’école d’officiers d’active de Saint-Maixent.

 

Début du conflit 1914-1918

 

Nous savons de manière certaine que le sergent Robinet commence la campagne dès le 2 août 1914, et qu’il a été promu au grade d’adjudant le 10 septembre 1914. Nous ne pourrons pas être aussi catégoriques concernant les années 1914-1915.  

 

La lecture de son livret matricule d’officier, de son livret matricule d’homme de troupe, de son feuillet du personnel consultables dans son dossier individuel au S.H.D. de Vincennes, les informations trouvées dans son dossier de la base Léonore et sur le quelques documents fournis par la famille de Georges Robinet, laissent planer un doute énorme concernant son appartenance complète au sein des effectifs du 149e R.I. entre le début de la guerre et le mois de novembre 1915.

 

Un long passage au 349e R.I. n'est pas à écarter, mais sans date précise, il est impossible de savoir si ce passage a eu lieu au début du conflit où bien plus tard.

 

Aucun des documents cités précédemment ne peut nous éclairer sur le sujet. Ils ne sont pas assez clairs pour affirmer des certitudes étant donné qu’ils ne disent pas tous la même chose. Les informations trouvées dans le dossier de la base Léonore concernant Georges Robinet indiquent bien une présence permanente au 149e R.I., mais n’est-ce pas tout simplement une référence à l'unité d'active d'affectation ? Un autre document, provenant de son dossier individuel du S.H.D. de Vincennes, indique explicitement un passage au 349e R.I..

 

Le nom de l’adjudant Robinet n’apparaît nulle part dans les listes des blessés figurant à l’intérieur du J.M.O. du 349e R.I.., ni dans les différentes listes des blessés du 149e R.I.. Il n’apparaît pas non plus dans les contrôles nominatifs trimestriels des malades traités dans les formations sanitaires du 149e R.I. couvrant la période allant de 1914 à 1915, ce que confirme une notice rédigée pour sa Légion d’honneur.

 

Cette notice indique qu’il n'a jamais été blessé au cours du conflit à l'exception d'une exposition au gaz. Il sera donc difficile d’en savoir plus.

 

Probablement mobilisé au 149e R.I., l’adjudant Robinet est rattaché au 349e R.I. lorsqu’il est nommé sous-lieutenant à compter du 28 avril 1915 (J.O. du 5 mai 1915). Ce jour-là, il reçoit son ordre d’affectation pour le 9e bataillon du 149e R.I., une unité nouvellement créée.

 

La date de son passage dans une unité combattante reste inconnue ; on sait simplement qu'il est encore au 9e bataillon en novembre 1915. La suite de son parcours sera, heureusement, beaucoup plus facile à reconstruire.

 

Années 1916, 1917 et 1918, 5 palmes et pas une égratignure !

 

Le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun entre le 6 mars et le 8 avril 1916. Fortement malmené, il est amené à reconstituer une grande partie de ses effectifs à la fin de son passage dans la Meuse. Le 20 avril 1916, le sous-lieutenant Robinet est au régiment actif. Il commande une section de la 6e compagnie.

 

Le régiment quitte la Meuse à la mi-avril 1916. Le lieutenant-colonel Gothié a repris le commandement du 149e R.I.. Après une petite période de repos à Landrecourt, le sous-lieutenant Robinet se rend en Champagne. Les 3 bataillons du lieutenant-colonel Gothié prennent position dans un secteur peu exposé, situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Georges Robinet est envoyé en formation durant cette période d’accalmie relative. Il suit la 4e série du cours de l’école divisionnaire des grenadiers du 4 au 11 juin 1916. Dans la foulée, du 14 au 16 juin 1916 inclus, il enchaîne avec la 3e série du cours d’instruction du canon « Viven-Bessières ».

 

À la fin de ces deux stages, il bénéficie d’une permission du 1er au 12 juillet.

 

Début août 1916 le 149e R.I. est à l’entraînement à Châlons-sur-Marne. Le 17 août, il arrive à Harbonnières, dans le département de la Somme. Georges Robinet est photographié sur son cheval, à proximité de l’église de cette commune.

 

Le lieutenant Robinet photographié devant l'église d'Harbonnières

 

Début septembre 1916, le régiment spinalien est engagé dans le secteur de Soyécourt. Il conquiert le terrain prévu par le plan d’attaque et parvient à s’y maintenir en repoussant les nombreuses contre-attaques ennemies.

 

Le sous-lieutenant Robinet est décoré de la croix de guerre, avec citation à l’ordre du corps d’armée, pour ses actions menées en tant qu’officier grenadier.

 

Le 11 novembre 1916, Georges Robinet stoppe une attaque allemande sur le front de son unité avant de lancer ses hommes à la contre-attaque. Cette conduite au feu lui vaut une citation à l’ordre de l’armée.

 

La promotion ne tarde pas, il est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire le 23 novembre 1916 (J.O. du 9 décembre 1916).

 

Le 23 octobre 1917, le lieutenant Robinet participe à la bataille de la Malmaison. Son courage et sa témérité sont remarqués par ses supérieurs. Le lendemain, le lieutenant Robinet est décoré de la Légion d'honneur, à proximité du champ de bataille. Cette décoration lui donne également droit au port d’une nouvelle palme sur sa croix de guerre.

 

Remise de decoration au lieutenant Robinet au PC Ilhe

 

Pour en savoir plus sur la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

La Malmaison

 

Le 5 décembre 1917, Georges Robinet est promu lieutenant à titre définitif puis capitaine à titre temporaire à partir du 17 mai 1918.

 

Fin mai, le 149e R.I. tente, avec l’ensemble de la 43e D.I. et de la 4e D.I., de stopper une offensive allemande lancée sur le chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et les abords de la ville de Reims Les combats sont violents, l’avancée Allemande est difficile a contenir, mais elle fini par être stoppée. Le capitaine Robinet est une nouvelle fois cité à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue 1

 

Le 15 juillet 1918, l’ennemi attaque en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. s’accroche sur sa position. Le capitaine Robinet peut mettre une nouvelle palme sur sa croix de guerre.

 

Il participe ensuite aux combats de septembre et d’octobre à la tête la 2e compagnie du régiment. Sa compagnie est très éprouvée durant les combats de la bataille de Champagne et d’Argonne. Elle perd trois de ses chefs de section. Georges Robinet voit la mort de près.

 

L’aumônier Henry raconte : « Le corps de Saintot est là. Les brancardiers ont pu le retrouver et le rapporter. Cela n’a pas été sans peine. Saintot était avec trois ou quatre autres dans un bout de tranchée hâtivement creusée. À côté de lui, dans un autre élément de tranchée qu'on n'avait pas encore eu de temps de faire communiquer se tenait le capitaine Robinet. Un obus malheureux tomba juste sur le groupe Saintot, les blessant ou tuant tous, et les enterrant en même temps. Il fallut littéralement les déterrer pour les avoir. Saintot était sous les camarades, tellement recouvert de terre que son casque seul dépassait. Quant à Robinet, il ne dut la vie qu'au barrage de 50 cm qui le séparait de Saintot, barrage que, heureusement, on n'avait pas eu le temps d'abattre.»

 

Pour en savoir plus sur les évènements de septembre 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journée du 26 septembre 1918

 

Le conflit touche à sa fin. Le capitaine Robinet ne participe pas à la bataille de la Hunding-Stellung, dernier combat mené par le 149e R.I..

 

Sa carrière dans l'entre-deux guerres

 

Georges Robinet retrouve la vie de garnison après l’armistice. Il obtient une dernière citation à l’ordre de l’armée en décembre 1918.

 

Le 7 avril 1920, le 149e R.I. embarque à destination de l’Allemagne. Il est affecté à l’armée du Rhin. Le régiment cantonne à Dortmund lorsqu’il est dissous en novembre 1923.

 

Le capitaine Robinet est provisoirement affecté au 17e Régiment de Tirailleurs algériens.

 

Il souhaite être versé dans l’artillerie. Sa demande est acceptée. Georges Robinet est détaché au 120e R.A. comme officier chargé du matériel.

 

Le 25 juin 1925, il est nommé capitaine d’artillerie à titre définitif.

 

Une décision ministérielle publiée dans le J.O. du 24 juillet 1927 le classe à l’E.M.P. comme chef de service départemental du service de l’éducation physique des Vosges. Très actif, très sportif, il est apprécié des sociétés de préparation militaire.

 

En 1931, il fait un stage de 25 jours. Il se montre peu apte à commander une batterie, faute d’instruction et d’entraînement antérieur.

 

Le capitaine Robinet est affecté au 33e R.A. suite à une  décision ministérielle du 7 octobre 1938 (J.O. du 9 novembre 1938) pour y exercer les fonctions de major.

 

Georges Robinet est promu au grade de commandant le 28 décembre de la même année. Maintenu comme major au sein du 33e R.A.N.A., il reste affecté à l’E.M. de l’éducation physique du département des Vosges pour convenance personnelle.

 

Le commandant Robinet rejoint la P.M.I. C.R./20 le 27 mai 1939. Il est présent au D.A.M. 60 à partir du 2 septembre 1939.

 

Le 2 novembre 1939, il rejoint le D.A. 20. Quatre jours plus tard, le commandant Robinet est au D.A. 220 en tant que major du dépôt.

 

Entrée dans la clandestinité

 

Le 7 juillet 1940, Georges Robinet prend le commandement du parc de récupération de l’arrondissement de Villeneuve-sur-Lot.

 

Le 15 novembre 1940, il est placé en congé d’armistice. Il est mis à la disposition de la sous-direction du service de l’artillerie par décision ministérielle du 6 novembre 1940.

 

Le 1er janvier 1941, le commandant Robinet est nommé commandant du camp de Bias, à 3 km de Villeneuve-sur-Lot.

 

Ce camp est devenu un dépôt de matériel sous contrôle allemand après l’armistice. Georges Robinet s’inscrit rapidement dans le clan de ceux qui n’acceptent pas la défaite. Il entre dans la clandestinité dès juillet 1940, au service du camouflage du matériel (C.D.M.). Chef départemental du C.D.M. du Lot-et-Garonne, il se dépense sans compter pour dissimuler une grande partie de son matériel afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains ennemies. Le commandant Robinet s’oppose régulièrement aux demandes des commissions allemandes de contrôle.

 

Il réussit à camoufler un nombre conséquent d’armes, de munitions et de véhicules militaires de toutes sortes grâce au concours de personnes connaissant bien la région. Une grande partie de ce matériel et de ces armes sera destinée à l’Armée Secrète après avoir été remis en état de fonctionnement.

 

De jour comme de nuit, le commandant Robinet mène ses équipes en conduisant lui-même des camions chargés d’armes.

 

Le 12 août 1941, il est maintenu dans ses fonctions à titre civil jusqu’à ce que les statuts du corps du service du matériel soient promulgués et que soit statué son maintien ou non dans le corps. Le même jour, Georges Robinet est rayé des contrôles de l’armée active pour limite d’âge.

 

Un arrêté ministériel du 29 décembre 1941 le fait nommer adjoint technique principal de 2e classe du corps du service des matériels de l’artillerie. Cette nomination prend rang à partir du 28 décembre 1938.

 

Novembre 1942, les Allemands franchissent la ligne de démarcation. L’occupation allemande de cette partie de la France génère de nouvelles difficultés pour la conservation du matériel. Avant tout, il faut se méfier des fouineurs qui cherchent à s’approprier le matériel caché en vue de le livrer à l’ennemi. Pour ceux-là, l’appât du gain prime avant tout ! Georges Robinet et quelques personnes sûres réussissent à sauver 15 tonnes d’armes, 20 de munitions, 1200 hectolitres de carburant et plus de 1000 véhicules.

 

L’année suivante, Georges Robinet est nommé chef du réseau action C.D.M. pour les départements du Lot-et-Garonne, du Lot, du Gers et de la Gironde sous les ordres du responsable national, le colonel Mollard.

 

Il est en contact régulier avec les groupements de résistance de ces départements. Le commandant Robinet fournit des armes, des munitions et des camions au groupe Franc-Pommiès. Il se met en rapport avec le groupement du commandant Marnac. Il organise, en accord avec le colonel Mollard, des groupes de résistance à Villeneuve-sur-Lot, Agen, Fumel, Montflanquin et Villeréal. Il participe activement à l’équipement de ses groupes en surveillant la fabrication des blousons de cuir, de sacs et de chaussures.

 

Il se sait surveillé par la police secrète nazie, mais cela ne l’empêche pas de poursuivre ses activités. Le 20 mai 1943 au soir, le commandant Robinet et sa future épouse, Anne Marie Suzanne Demeusy, sont arrêtés par la Gestapo suite à une dénonciation. Le couple est dans un premier temps conduit au camp de Bias avant d’être envoyé à la prison d’Agen. Georges Robinet est interrogé avec brutalité par la Gestapo d’Agen. Il n’avoue rien. Sa future femme parfaitement informée de ce qui se passait ne parle pas non plus. Le 24 mai,  ils sont envoyés à la prison des Fleurs à Toulouse.

 

Le commandant Robinet est ensuite transféré à la prison de Fresnes, Anne Marie Suzanne Demeusy à Romainville. Le couple se retrouve à Compiègne ; il est placé dans le centre de rassemblement de femmes et d’hommes des prisons de France avant de partir pour les camps de concentration de l’Allemagne nazie. Fin janvier, ils quittent Compiègne. Anne Marie Suzanne Demeusy est déportée à Ravensbruck, Georges Robinet à Buchenwald.

 

En déportation

 

Les camps de concentration ou a ete interne Georges Robinet

 

Buchenwald du  30 janvier au 13 mars 1944

 

À la descente du train, les effets personnels sont supprimés. Montre, alliance photographies, vêtements. Il ne reste plus rien. Les hommes, nus, passent devant un médecin uniquement pour le comptage des dents. Une équipe de coiffeurs polonais leur passent la tondeuse partout. Ils sont ensuite habillés et immatriculés. Georges Robinet est assigné au block 62. En février, il est chargé de l’épandage des immondices du camp dans les champs où poussent les betteraves.

 

Dora du 13 mars au 30 juillet 1944

 

Le camp fabrique des V2. Le commandant Robinet travaille au bétonnage de la chaussée devant la « Minéralwager ». Il souffre terriblement de problèmes de hanches. Georges Robinet doit puiser au plus profond de lui-même pour trouver l’énergie suffisante à sa survie.

 

Osterhagen du 31 juillet au 7 novembre 1944.

 

Osternhagen est une tête de ligne où se construisent des voies ferrées. C’est un camp très dur, constitué d’un simple rectangle de barbelés où il n’y avait qu’une seule baraque, la cuisine, les dortoirs et les logements des gardiens. À l’extérieur, encore des barbelés et cinq miradors. Les lavabos et des fosses sont en plein air. Il n’y a pas d’eau potable à disposition. Elle est distribuée avec parcimonie. La nourriture manque et les vêtements sont en haillons. Dans ces conditions extrêmes, il faut chaque jour manier la pelle, la pioche et pousser la brouette par m’importe quel temps. Beaucoup y laissent leur vie.

 

Le 6 novembre 1944, Georges Robinet est envoyé au camp de Wiéda.

 

Wiéda du 7 novembre au 4 décembre 1944.

 

Transporté par camion dans ce nouveau camp, il est dans un premier temps conduit à l’infirmerie avant d’être envoyé à Dora. Soigné à la « va-vite »,  il reçoit de nouveaux vêtements et des chaussures avant de retourner à Wiéda.

 

Mis à la corvée des peluches, il travaille pendant dix heures de rang à la préparation de la soupe pour 1300 personnes.

 

Le 7 avril 1945, les hommes valides quittent Wiéda. Les alliés avancent. Les valides sont embarqués dans un train en  groupes de 106 hommes par wagon. Le voyage dure plusieurs jours. Le train atteint Magdebourg le 11 avril. Il est dirigé sur la petite gare de Letzingen à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Magdebourg. Une soupe va être servie sur le quai. Deux avions canadiens volant en rase-mottes mitraillent le convoi. Les Allemands prennent la fuite. Georges Robinet et quelques camarades en profitent pour s’évader. Pendant plusieurs jours, ils vont se cacher dans les bois avoisinants.

 

Beaucoup d’hommes avaient réussi à s’enfuir après le passage des avions. L’alerte passée, les Allemands récupèrent environ 1200 hommes du convoi. Le vendredi 13 avril 1945, ils les entassent sur de la paille imbibée d’essence, dans un hangar à Gardelegen. Ils les mitraillent avant de mettre le feu au bâtiment. Deux d’entre eux réussirent à survivre.

 

Le commandant Robinet et ses camarades n’ont pas été repris. Ils échappèrent à une mort certaine. Le groupe continue de se cacher dans les bois en attendant l’arrivée des  Américains.

 

Retour en France et fin de carrière

 

Georges Robinet gagne Bruxelle en voiture avant de prendre l’avion pour Paris. Après les formalités de rapatriement et quelques jours de repos, il retourne à Rasey auprès de sa mère.

 

Le commandant Robinet est mis à la disposition du directeur du service du matériel de la 20e région militaire avant d’être affecté à Montauban, comme chef d’escadron à partir du 1er octobre 1945.

 

Il est promu au grade de lieutenant-colonel à titre définitif du cadre des adjoints techniques pour prendre rang du 25 mars 1943.

 

Le lieutenant-colonel Robinet est nommé directeur du dépôt de réserve générale du matériel de Montauban.

 

Admis sur sa demande, agréé au bénéfice de l’article 5 de la loi de dégagement des cadres du 5 avril 1946, il est renvoyé dans ses foyers le 31 octobre 1946. Le 1er novembre, il est rayé des cadres de l’armée. Nommé dans les cadres des officiers de réserve, il se retire dans le Lot-et-Garonne.

 

Son mariage avec Marie Augustine Baudoin est dissous par jugement de divorce le 25 juillet 1951. Georges Robinet épouse Anne Marie Suzanne Demeusy le 1er décembre 1951 à Bias.

 

En 1970, le général Mollard, son ancien chef de réseau, lui remet les insignes de Grand Croix de la Légion d’honneur.

 

Le general Mollard remet les insignes de Grand croix de la Legion d'honneur au lieutenant-colonel Robinet en 1970

 

Jules Georges Hippolyte Robinet décède le 23 avril 1973 à l’âge de 83 ans. Il repose dans le cimetière communal de Bias.

 

Decorations Georges Robinet

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 5 palmes, et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 157 en date du 13 septembre 1916 :

 

« Officier grenadier de beaucoup d’activité, d’énergie, de sang-froid et d’expérience. A fait preuve, pendant les attaques des 4, 5 et 6 septembre 1916, d’un entrain et d’un courage superbes. Chargé d’assurer la liaison entre  les unités de 1ère ligne et le commandement, l’a maintenu constante, en parcourant lui-même, sous les tirs de barrage, la chaîne des coureurs qu’il avait établi. »

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 243 en date du 10 décembre 1916 :

 

« Jeune commandant de compagnie d’une énergie et d’un coup d’œil remarquables. Le 11 novembre 1916, après avoir arrêté net une attaque avec flammenwerfer sur le front de son unité, a rétabli par une contre-attaque brillante à la baïonnette, conduite avec un entrain superbe, la situation dans le secteur voisin. A fait preuve en ces circonstances d’un à-propos et d’une bravoure de premier ordre. Déjà cité à l’ordre de la division. »

 

Citation à l’ordre de la VIe armée n° 587 en date du 10 juin 1918 :

 

« Officier d’une bravoure et d’une conscience exemplaires. A fait preuve de qualités militaires, hors de pair, en attaquant avec sa compagnie  une position ennemie. Attaqué par un ennemi très supérieur en nombre, a exécuté trois contre-attaques successives, prenant, perdant, reprenant et conservant enfin la position. Officier d’élite. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1365 en date du 5 septembre 1918 (J.O. du 15 décembre 1918) :

 

« Modèle incomparable de bravoure, de sang-froid et de décision. Les 15 et 16 juillet 1918, à la bataille de Champagne, s’est porté inlassablement d’un groupe de combat à l’autre sous les feux les plus meurtriers. Combattant lui-même à la grenade et au fusil au milieu de ses hommes, les électrisant, exaltant leur moral et leur insufflant sa propre bravoure. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1551 en date du 24 décembre 1918  (J.O. du 27 mars 1919) :

 

« Officier d’un courage hors de pair faisant preuve d’un coup d’œil sûr et de décision rapide. A entraîné sa compagnie à l’assaut d’une tranchée ennemie sous de violents feux de mitrailleuses, capturant de nombreux prisonniers et un important matériel pendant les combats du 26 septembre au 4 octobre 1918. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur pour prendre rang du 24 octobre 1917 (J.O. du 16 février 1918) :

 

« Commandant de compagnie de la plus haute valeur. Le 23 octobre 1917, a enlevé sa compagnie d’une façon superbe, réduisant de haute lutte et malgré une résistance acharnée, plusieurs nids de mitrailleuses. A manœuvré avec une décision et un coup d’œil  qui ont assuré le succès sur un front important. »

 

La décoration ci-dessus comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Officier de la Légion d’honneur par décret du 2 octobre 1920.

 

Officier de la Légion d’honneur inscrit au tableau spécial pour prendre rang le 16 juin 1920 par arrêté ministériel du 2 octobre 1920 (J.O. du 4 octobre 1920).

 

Commandeur de la Légion d’honneur (décret du président du gouvernement provisoire de la république du 21 mai 1946).

 

« Résistant animé de la volonté la plus farouche de nuire à l’ennemi dès juillet 1940. A soustrait, de sa propre initiative, le maximum de matériel du parc sous contrôle allemand de Bias qu’il commandait. Très vite rallié au C.D.M., en est devenu le pilier dans le secteur du Lot-et-Garonne, formant une équipe à son image et se dépensant sans compter, de jour comme de nuit, en opérations ininterrompues de camouflage de véhicule auto, d’armes, de munitions et de matériels divers, enlevés ou détournés des parcs sous contrôle, malgré la surveillance de l’ennemi. Après le 11 novembre 1942, bien que s’étant mis dangereusement en vedette, est resté sur place pour sauver son matériel. A tenté l’impossible pour mettre le maximum de moyens aux mains des troupes de résistance. A achevé ainsi de se compromettre sans aucun souci de sa sécurité personnelle. Arrêté par la gestapo et déporté en Allemagne, a toujours été un modèle de foi dans les destinées de la France. »

 

Cette promotion au grade de Commandeur de la Légion d’honneur lui donne également droit au port de la Croix de guerre avec palme.

 

Promu à la dignité de grand Officier de la Légion d’honneur par décret du 28 septembre 1957 (J.O du 3 octobre 1957).

 

Grand Croix de la Légion d’honneur par décret du 19 janvier 1970 inséré au journal officiel du 22 janvier 1970.

 

Autres décorations :

 

Médaille de la résistance avec rosette rang du 14 juin 1946

 

Médaille d’or de l’éducation physique (1929)

 

Officier d’académie (juillet 1938) (J.O. du 6 août 1939)

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Croix du combattant

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Robinet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Le lieutenant-colonel Robinet possède un dossier individuel dans la base de données « Léonore » sur le site des archives nationales. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et d’inscrire son nom et ses prénoms  dans la rubrique appropriée pour avoir accès aux documents.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du lieutenant-colonel Robinet, les actes d’état civil de sa famille, les registres de recensement de la commune de Xertigny des années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont été visionnés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Souvenirs de la guerre 1939-1945 à la mémoire du résistant le colonel Georges Robinet » écrit par Anne-Marie Demeusy-Robinet.

 

Témoignage inédit de l’aumônier Henry.

 

Les portraits du lieutenant-colonel Robinet proviennent de la collection personnelle familiale.

 

Le portrait qui se trouve sur le montage représentant ses décorations est extrait de son dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La carte indiquant les emplacements des camps de Buchenwald-Dora est extraite du site « Mémoire des déportations ».

 

Les camps de concentration et principaux lieux de genocide des juifs d'Europe

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges.

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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.