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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 novembre 2021

Ernest Charles Pétot (1896-1965).

Ernest Charles Petot

Enfance et jeunesse

Ernest Charles Pétot voit le jour le 11 mai 1896, à Marey-sur-Tille, dans le département de la Côte d'Or. Son père, Henri, exerce la profession de maçon. Il a 27 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Jeanne Prandi, d’origine italienne, est âgée 22 ans. Le couple Pétot aura deux autres garçons.

Marey-sur-Tille

Le registre matricule d’Ernest note un degré d’instruction de niveau 4, ce qui signifie qu’il a obtenu le brevet de l’enseignement primaire. Ce diplôme lui offre la possibilité de devenir élève maître de l’école normale.

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, Ernest est bien trop jeune pour porter l’uniforme. Futur conscrit de la classe 1916, il n’est pas affecté par l’ordre de mobilisation générale.

Ernest Pétot sait que sa classe ne se présentera pas devant le conseil de révision avant longtemps, tout du moins en théorie.

La guerre qui ne devait durer que quelques mois s’inscrit malheureusement dans le temps. Les pertes en hommes sont très importantes. L’état-major français doit à tout prix maintenir ses effectifs en équilibre sur le long terme. Parmi les solutions appliquées, la classe 1916 se retrouve appelée bien avant l’heure de la conscription en temps de paix.

Sous l’uniforme

Ernest Pétot bénéficie d’un sursis d’incorporation. Le jour où il se présente devant le conseil de révision, il est classé dans la 7e partie de la liste.

Pourtant, à partir du mois d’avril 1915, il est mobilisé comme n’importe quel autre conscrit de la classe 1916. Le jeune homme a l’obligation d’être à Épinal pour intégrer les effectifs du 170e R.I. dès le 4.

Son niveau d’étude, très supérieur aux autres, lui permet de franchir en un rien de temps l’ensemble des grades de sous-officier dès la fin de l’année 1915. Le 10 décembre, il est nommé caporal. Le 20 décembre, il devient sergent. Le 1er janvier de l’année suivante, il est promu aspirant.

Le 26 février 1916, Ernest Pétot est affecté pour mobilisation au 149e R.I..

Au regard des éléments fournis par sa fiche matricule, il est difficile de  donner une date, même approximative, de son arrivée au sein du régiment actif.

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. après son départ du 170e R.I. ? Est-il passé par le 9e bataillon du régiment ? Était-il présent durant l’attaque sur le village de Soyécourt qui a eu lieu au début du mois de septembre 1916 ? Il est impossible de répondre de manière sûre à ces questions.

Un cliché réalisé le 10 avril 1917 permet d’affirmer sa présence au sein d’une compagnie combattante du 149e R.I. à partir de cette date. Ce jour-là, Ernest Pétot a été photographié avec l‘ensemble des sous-officiers de la 10e compagnie, dans le Haut-Rhin, près de Belfort.

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

L’identification de cet homme a été rendue possible après lecture du livre « Et le temps, à nous, est compté » rédigé par Francis Barbe. Une photographie identique se trouve à l’intérieur de l’ouvrage à la page 179. Chaque sous-officier représenté est nommé en marge de l’épreuve.

Début octobre 1917, le 149e R.I. est en préparation d’attaque. Une vaste offensive est déclenchée le 23 octobre dans le secteur de la Malmaison, près du chemin des Dames.

Les probabilités sont suffisamment fortes pour affirmer la présence de l’aspirant Pétot au sein de la 10e compagnie durant les combats.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

Bataille de la Malmaison

En avril 1918, le 149e R.I. est en formation près de Compiègne. Fin mai, avec l’ensemble de la 43e D.I., il contient une offensive allemande dans le secteur d’Arcy-Sainte-restitue.

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

Carte journée du 28 mai 1918

Une décision ministérielle du 8 juillet 1918 nomme l’aspirant Pétot au grade de sous-lieutenant, à titre temporaire, à compter du 1er juillet 1918. 

Une semaine plus tard, l’officier, nouvellement promu, se porte volontaire pour prendre le commandement d’un groupe de couverture dans un secteur de Tahure particulièrement mouvementé. Les Allemands attaquent. La lutte est rude. À court de munitions, le sous-lieutenant Pétot et les survivants de son groupe sont faits prisonniers.

Fiche C

Envoyé en Allemagne, Ernest Pétot est interné dans un camp d’officiers à Helmstedt.

Carte des camps de prisonniers officiers en Allemagne

L’après-guerre

L’armistice est signé le 11 novembre 1918, mais ce n’est qu’en janvier 1919 que le sous-lieutenant Pétot est rapatrié en France. Il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 22 septembre 1919 depuis le dépôt du 27e R.I.. Ernest Pétot se retire dans son village natal.

En septembre 1920, il vit à Ampilly-les-Bordes et exerce son métier d’instituteur public.

Le 19 avril 1922, il se marie avec Pauline Jeanne Talfumier à Baignieux-les-Juifs.

Une décision ministérielle du 7 décembre 1923 le fait rattacher militairement au 25e régiment de tirailleurs.

Le 21 décembre 1928, Ernest Pétot dépend du centre mobilisateur n° 203 suite à une nouvelle décision ministérielle publiée dans le J.O. du 29 décembre 1928.

Son épouse décède le 14 janvier 1931.

Le 21 mars 1931, le sous-lieutenant Pétot est rattaché au centre d’instruction d’infanterie n° 81.

Ernest Pétot se remarie le 3 février 1932 à Oigny avec Marthe Huguenot, une femme qui exerce le métier d’institutrice. Un enfant naîtra de cette union. Le couple est installé à Sainte-Seine-l’Abbaye en novembre 1932.

Entre le 9 et le 24 septembre 1938, l’ancien officier du 149e R.I. accomplit une période d’exercices au 27e R.I.. Ernest Pétot est nommé lieutenant à titre définitif pour prendre rang à partir du 20 août 1921. Rappelé à l’activé militaire le 24 septembre 1938, il retourne à la vie civile dès le 5 octobre.

Deuxième rencontre avec les Allemands

Un nouveau conflit mondial est sur le point d’éclater. Ernest Pétot doit revêtir son uniforme d’officier à partir du 23 août 1939. Il est âgé de 44 ans. Les Allemands envahissent la Pologne le 1er septembre 1939. La France se prépare à vivre un nouveau conflit avec son ancien ennemi. L’Allemagne entre sur le territoire français le 10 mai 1940ce qui met fin à la « drôle de guerre ».

La bataille de France débute. Le 17 juin 1940, le lieutenant Pétot est, pour la seconde fois de sa vie, envoyé en captivité. Trois jours plus tard, le gouvernement français signe l’armistice. Promu capitaine de réserve par arrêté du 10 août 1940, Ernest Pétot est rapatrié et démobilisé le 8 septembre 1941.

Rayé des cadres militaires le 11 mai 1951, il est admis à l’honorariat de son grade à partir de cette date.

L’ancien aspirant de la 10e compagnie du 149e R.I. meurt le 10 juin 1965 à Dijon à l’âge de 69 ans.

Décoré de la croix de guerre 1914-1918, le capitaine de réserve Pétot a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre du corps d’armée en date du 25 juin 1918 :

« Sous-officier plein d’entrain, a brillamment conduit sa section au cours des dernières opérations dans des conditions très difficiles et maintenu sa section sous un feu violent de mitrailleuses.»

Citation à l’ordre de l’armée n° 20026 du G.Q.G. en date du 3 juillet 1919 :

« Officier excellent, réputé dans son bataillon par sa bravoure et sa brillante conduite dans toutes les circonstances de la guerre. Le 15 juillet 1918, en Champagne, comme chef volontaire d’un groupe de couverture, a opposé à l’ennemi une résistance acharnée. Ayant épuisé ses munitions, submergé par un ennemi très supérieur en nombre, fut fait prisonnier après plusieurs heures de combat désespéré, sacrifiant gaiement sa liberté à l’accomplissement intégral d’une mission de confiance qui lui avait été confiée. »

La généalogie de la famille Pétot peut se consulter sur le site « Généanet ».

log geneanet

Sources :

La Fiche signalétique et des services du sous-lieutenant Pétot a été consultée sur le site des archives départementales de la Côte-d’Or.

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à T. Vallé aux archives départementales de la Côte d'Or et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
P
Etonnant parcours pour cet homme jeune mobilisé avant l'âge. Combien de ces "enfants" soldats (majorité à 21 ans) ont payé de leurs vies les hécatombes des premiers combats. Pour une guerre qui ne devait durer que quelques mois combien de fils ont succombé. Merci de nous faire connaître tous ces hommes courageux.
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