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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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6 avril 2018

Alfred Monnoury (1892-1917).

Alfred_Monnoury

Natif du département du Cher, Alfred Monnoury naît le 23 août 1892. Son acte de naissance est enregistré à la mairie de Dun-sur-Auron. Hippolyte Monnoury, son père, 28 ans, employé du chemin de fer, se présente le jour même devant l’adjoint au maire Nicolas Moreau ; il est en compagnie de l'aubergiste Étienne Gauthier et du coiffeur Laurent Bonnet, les deux témoins imposés par la loi qui autorise l’enregistrement des nouveaux nés dans le registre d’état civil. 

Sa mère, Catherine Beigneux, 22 ans se repose au domicile familial, situé route de Levet. Elle n’exerce pas de profession.

L’enfance et l’adolescence d’Alfred ne semblent pas s’être complètement déroulées à Dun-sur-Auron. Le nom de cette famille ne figure pas dans les registres de recensement de la commune pour les années 1901 et 1906.

Alfred poursuit sa scolarité après l’école communale. Élève à l’école normale, il obtient le certificat d'études pédagogiques et le brevet supérieur.

Ces diplômes lui permettent d’exercer le métier d’instituteur pendant deux ans.

Nous retrouvons la trace de ses parents grâce au registre de recensement de l’année 1911 de la commune de Marçais. Le père est maintenant chef de gare. Alfred, alors âgé de 19 ans, ne vit plus au domicile parental.

La lecture de la fiche signalétique et des services de cet homme nous apprend qu’il exerce le métier « de hussard noir de la République » à Marçais, probablement quelque temps après le dénombrement de la population du village de 1911.

L’année suivante, le conseil de révision l’inscrit dans la 1ère partie de la liste du canton de Saint-Amand.

Une fois sa feuille de route reçue, il se prépare à quitter le Cher. L’enseignant laisse ses élèves pour prendre la direction d’Épinal, une place forte lorraine, proche de la frontière allemande qui accueille de nombreux régiments. Le 10 octobre 1913, il est affecté dans une des compagnies du 149e R.I.. 

Son niveau d’études lui offre la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 11 avril 1914.

Alfred porte toujours l’uniforme lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. À cette date, il commande une escouade de la 8e compagnie, sous les ordres du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André.

Le caporal Monnoury participe aux combats du Renclos des Vaches, d’Abreschviller et de Ménil-sur-Belvitte en août 1914.

Le 1er septembre, il obtient ses galons de sergent. Quelques jours plus tard, le 149e R.I. est envoyé dans la Marne. Il doit reprendre le village de Souain aux Allemands. Les hommes du régiment spinalien passent l'automne 14 en Artois puis en Belgique.

Le jeune homme devient aspirant le 24 décembre 1914. Son régiment est de nouveau positionné en Artois.

Trois mois plus tard, Alfred Monnoury est promu sous-lieutenant à titre temporaire par décision du général en chef le 31 mars 1915. Ce changement de grade est ratifié par décision ministérielle le 7 avril.

L’aspirant Monnoury est décoré de la croix de guerre avec étoile d’argent, suite à son engagement dans les combats qui se sont déroulés entre le 9 et le 13 mai 1915.

Le 27 septembre 1915, il est blessé au cours d’une attaque lancée dans le secteur du bois en Hache. Alfred Monnoury est atteint d'otorragie (saignement de l’oreille) et de commotion cérébrale. Son état, jugé suffisamment grave, nécessite une évacuation vers l’arrière pour plusieurs semaines. Il est autorisé à mettre une étoile de vermeil sur sa croix de guerre.

Bois_en_Hache_vue_aerienne

L’aspirant Monnoury retrouve son régiment, toujours en Artois, le 1er décembre 1915. Affecté à la 7e compagnie, il prend le commandement d’une de ses sections.

Le 149e R.I. est expédié dans la Meuse au début du mois de mars 1916. La ville de Verdun est menacée. Les Allemands ont lancé une vaste offensive à long terme commencé le 21 février. Les compagnies du régiment sont placées dans différents secteurs du fort de Vaux et du village de Vaux-devant-Damloup au cours de deux périodes bien distinctes. La première a lieu du 8 au 17 mars, la seconde du 31 mars au 10 avril.

La 7e compagnie du régiment, sous les ordres du lieutenant Ribault, occupe les tranchées de première ligne, à partir du 4 avril, dans le secteur de l’étang de Vaux. Le 8, le sous-lieutenant Monnoury est de nouveau commotionné par l’éclatement d’une torpille. Il ne semble pas avoir été évacué vers l’arrière suite à ce traumatisme. Il peut ajouter une deuxième étoile d’argent sur sa croix de guerre.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

8_avril_1916

Le 149e R.I. quitte l’enfer verdunois pour être envoyé au repos à Landrecourt. Le régiment gagne ensuite la Champagne pour occuper une zone située  entre les buttes de Tahure et de Mesnil, près des Deux-Mamelles. C’est un secteur plutôt calme, comparé à ce qu'il a vécu dans la Meuse. 

Au cours de cette période, Afred Monnoury est détaché au centre d’instruction de fusiliers-mitrailleurs du 19 juin au 6 juillet 1916.

Le 18 août, le sous-lieutenant Monnoury rédige un courrier à ses supérieurs. Il sollicite sa nomination à titre définitif dans la réserve de la classe 1912.

Le lieutenant Ribault, responsable de la 7e compagnie, donne son opinion :

« Demande transmise avec avis favorable. Provenant des aspirants d’infanterie de la classe 1912 et promu sous-lieutenant à titre temporaire le 31 mars 1915. Monsieur Monnoury est sur le front depuis le début des opérations. Il a pris une part aussi active que brillante aux différents combats livrés par le 149e R.I. et a été cité une fois à l’ordre du C.A. et deux fois à l’ordre de la division.

Instituteur primaire, ancien élève d’une école normale, titulaire du brevet supérieur. Monsieur le sous-lieutenant Monnoury mérite à tous les points de vue d’être nommé à titre définitif comme sous-lieutenant de réserve. »

Le commandant Schalck, responsable du 2e bataillon, poursuit en écrivant :

« Le sous-lieutenant à T.T. Monnoury va compter bientôt 17 mois de grade pendant lesquels il a toujours fait preuve d’un acquis militaire sérieux, joint à beaucoup d’activité, d’intelligence et de dévouement. Excellent chef de section, a toujours donné à sa troupe l’exemple du courage, de l’entrain et du sang-froid. Blessé aux attaques de septembre 1915, revenu sur le front peu après, titulaire de la croix de guerre, il mérite, sous tous les rapports, d’être confirmé dans son grade à titre définitif, au titre de la réserve. Excellente instruction primaire (brevet supérieur), d’une bonne éducation, il fera bonne figure comme officier de complément. Demande transmise avec avis très favorable. »

C’est au lieutenant-colonel Gothié, chef du 149e R.I., que revient le droit de conclure :

« Officier très brillant, énergique, dévoué, intelligent, d’une belle tenue et d’une excellente éducation, au front depuis le commencement de la campagne, beaux états de service (une blessure et trois citations), instruction primaire supérieure (brevet supérieur), mérite à tous égards d’être titularisé. »

Suite à cette demande écrite et après avoir obtenu l’avis très favorable de ses chefs directs, il passe dans la réserve le 24 octobre 1916 avec le grade de sous-lieutenant à titre définitif. Cette nomination est publiée dans le J.O. du 20 novembre.

Devenu réserviste à titre définitif, il doit faire une nouvelle lettre pour demander sa réintégration dans l’armée active. Le lieutenant-colonel Pineau, nouveau responsable du 149e R.I., donne un avis très favorable à cette requête. Alfred Monnoury obtient son maintien au 149e R.I. sans aucun problème.

 Il participe ensuite à la bataille de la Somme. Le 4 septembre, le 149e R.I. doit reprendre le village de Soyécourt. Sa compagnie est en réserve avec les deux autres compagnies du 2e bataillon. Elle ne participe pas directement à l’attaque.

Après ces événements, Alfred Monnoury est envoyé en permission à partir du 13 octobre 1916. Il est de retour à la 7e compagnie le 26.

Début novembre, le régiment est toujours en Picardie, pas très loin du village de Génermont. Au cours de cette période, le sous-lieutenant Monnoury gagne la Légion d’honneur, après une action d’éclat.

Le jeune officier est promu lieutenant à titre temporaire dans l’armée active le 21 novembre 1916.

Cinq jours plus tard, il reçoit le commandement de la 10e compagnie.

En 1917, Le 149e R.I. occupe durant plusieurs mois un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison, dans une zone située à l’extrême gauche du chemin des Dames, du côté de Billy-sur-Aisne, Jouy, Aizy et des fermes Hameret et du Toty.

Ferme_Hameret

Au cours de cette période, il obtient plusieurs permissions, il doit également se former depuis qu’il a été nommé lieutenant. La première période de repos à l’arrière a lieu du 25 janvier au 7 février 1917, la seconde entre le 10 et le 21 mai et la troisième du 26 août au 6 septembre. Entre temps, il a effectué son stage de commandant de compagnie au C.I. du 21e C.A. du 2 au 22 avril 1917.

Au retour de sa 3e permission, il retrouve son commandement à la 10e compagnie. Le régiment est en plein préparatif pour la future bataille de la Malmaison. Pour obtenir les meilleurs résultats, il doit subir un entraînement assidu de plusieurs semaines.  

Le cliché suivant a été réalisé quelque temps avant que le régiment ne rejoigne le front. Le lieutenant Monnoury y est représenté avec la presque totalité des officiers des compagnies du 3e bataillon. 

Photographie_des_officiers_du_3e_bataillon_du_149e_R

L’attaque de la Malmaison est déclenchée le 23 octobre 1917. Le lieutenant Monnoury est tué par l'explosion d'un obus lorsque sa compagnie arrive dans le secteur du bois de Belle Croix, près de Vaudesson,

 Son visage est horriblement mutilé par un éclat d'obus. Le sergent Alfred Marquand témoigne :

«… la perspective rectiligne du chemin est soudain barrée par deux corps immobiles, étendus en travers. Pris d’un doute subit, je les examine. Leurs mains sortent comme des moulages de cire des manches boueuses de leurs capotes ; leur barbe courte tranche en sombre sur le blanc jaunâtre des joues. Deux minces galons d’or, une barrette écarlate sur la poitrine… À mes pieds gît la dépouille mortelle du lieutenant Monnoury. La tête à demi renversée laisse deviner une affreuse blessure par où la bouillie sanglante de cervelle s’est écoulée avec la vie. Le couvercle relevé, l’étui à jumelle bée, vide… »

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Tranchee_de_la_Loutre__bois_de_Belle_Croix

Le lieutenant Monnoury est  inhumé dans le petit cimetière militaire de Condé-sur-Aisne par le groupe de brancardiers de la 43e D.I.. Sa sépulture porte le n° 311.

Le colonel Boigues, chef du 149e R.I. avait écrit ceci dans son livret de campagne le 1er octobre 1917 : « Compte parmi les meilleurs officiers de compagnie du régiment. A de l’activité, de l’intelligence et beaucoup d’autorité. En résumé c’est un excellent officier. »

L’acte de décès d’Albert Monnoury est transcrit à la mairie de Marçais le 18 février 1918.

Son corps a probablement été restitué à la famille dans les années 1920.

Le nom de cet officier est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Marçais.

Alfred Monnoury est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Citations obtenues :

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 56 en date du 25 mai 1915 :

« Pendant les combats du 9 au 13 mai, sous un feu violent, a toujours conservé un grand sang-froid et a fait preuve de la plus belle bravoure. Le 12 et le 13 mai, en plein jour et en terrain découvert, a établi la liaison entre deux compagnies de 1ère ligne et a puissamment contribué à la défense d’un ouvrage important. »

Cité à l’ordre du 21e C.A. n° 63 en date du 18 octobre 1915 :

« Le 25 septembre 1915, devant Angres, a maintenu sa section dans la parallèle de départ, sous un bombardement des plus violents. A été enterré et blessé. Officier de beaucoup de courage et de sang-froid, déjà titulaire de la croix de guerre pour citation à l’ordre de la division. »

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 126 en date du 2 mai 1916 :

« Officier d’une bravoure à toute épreuve et d’un entrain communicatif. Du 5 au 6 avril 1916, a, par son exemple, maintenu sa section sous un feu violent et continu de gros obus et de torpilles. Le 8 avril, quoique très violemment commotionné par l’éclatement d’une torpille, a fait preuve du plus grand mépris du danger en continuant à secourir, sous le feu, des hommes ensevelis par des projectiles. » 

Citation à l’ordre de l’armée : (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

« Commandant de compagnie d’une bravoure à toute épreuve. A montré de réelles qualités de commandement en entraînant brillamment sa compagnie à l’attaque de positions ennemies fortement organisées. Est tombé glorieusement en s'élançant à la tête de ses troupes à l’assaut d’un fortin ennemi qui arrêtait momentanément sa progression. »

Autre décoration :

Chevalier de la Légion d’honneur (J.O. du 22 décembre 1916). Cette décoration prend rang le 24 novembre 1916) :

« Officier d’une énergie et d’un courage exceptionnel. Le 7 novembre 1916, a vigoureusement entraîné à l’attaque d’une position très fortifiée, la vague d’assaut qu’il commandait a dirigé pendant trois quarts d’heure, avec un acharnement farouche, un violent combat au cours duquel il a fait 40 prisonniers, dont 5 officiers. Déjà trois fois cité à l’ordre. »

Alfred Monnoury possède un dossier individuel dans la base Léonore. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_base_Leonore

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Historique du 149e R.I.. Épinal, imprimerie Klein. 1919.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

La photographie de groupe est extraite du fonds Paul Douchez, un témoignage en trois volumes. Ce volumineux travail a été déposé par le fils de cet officier, aux archives du Service Historique de la Défense de Vincennes en 1983. Fond Douchez ref : 1K 338.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à T. Cornet, à M. Porcher, à F. Barbe, au Service Historique de la Défense de Vincennes, au collectif Artois et aux archives départementales du Cher.

19 janvier 2018

Maurice Charles Jean Blot (1895-1917)

Maurice_Charles_Jean_Blot

 

Le 25 octobre 1895, Fréderic Isnard, adjoint délégué au maire de la ville d’Antibes, reçoit François Jules Blot, un jardinier âgé de 22 ans qui vient déclarer la naissance de son fils prénommé Maurice Charles Jean, né la veille. La mère du nouveau-né, Constance Clémentine Sainton, est âgée de 21 ans. Elle n’exerce pas de profession.

 

Le couple, d’origine parisienne, s’est marié le 25 septembre 1894 dans le XIe arrondissement. La raison de leur départ de la capitale pour venir s’installer en bordure de Méditerranée n’est pas connue. Peut-être une opportunité professionnelle ?

 

Très rapidement, la famille Blot retourne vivre à Paris. Elle s’installe dans le XIIe arrondissement. Georges Charles Alexandre naît le 30 juillet 1898 et Jeanne Eugénie le 19 février 1903 ; le premier au 15 passage du Génie, la seconde au 32 rue Montgallet.

 

Genealogie_Maurice_Charles_Jean_Blot

 

Maurice Blot fait des études secondaires au lycée Saint-Jean de Passy. Il obtient son baccalauréat sciences-langues et mathématiques.

 

Souhaitant faire une carrière militaire, Maurice prépare assidûment l’examen d’entrée de l’école de Saint-Cyr, espérant devenir un jour officier. Les évènements internationaux, qui vont précipiter la France dans un épouvantable conflit mondial, mettent fin à cette ambition.

 

C’est comme simple soldat appelé de la classe 1915, déclaré « bon pour le service », qu’il intègre l’armée le 19 décembre 1914. Le lendemain, il est à Épinal pour prendre place dans une des chambrées de la caserne du170e R.I..

 

Très rapidement, il gravit les échelons hiérarchiques. Le 15 avril 1915, Maurice Blot est directement nommé aspirant. Cette subite montée en grade est probablement due au fait qu’il a en sa possession un très bon bagage scolaire.

 

Le 23, il est affecté au 149e R.I., l’Aspirant Blot n’a que la Moselle et quelques rues à traverser pour rejoindre son nouveau dépôt qui se trouve également à Épinal.

 

Le 1er mai, le jeune sous-officier intègre la 33e compagnie du  9e bataillon du régiment, avant d’être affecté à la 8e compagnie quinze jours plus tard.

 

À cette période de l’année, le 149e R.I. combat en Artois depuis plusieurs mois, dans un secteur régulièrement exposé à de violentes attaques déclenchées alternativement par les deux belligérants.

 

Le 18 juillet 1915, Maurice Blot est blessé devant Angres. Le médecin du poste de secours constate plusieurs plaies à la tête. Maurice souffre également de surdité. Ce traumatisme est probablement lié à l’onde de choc produite par un obus explosant près de lui.

 

La remise en condition « combattante » de ce sous-officier demande plusieurs semaines.

 

Ce n’est que le 8 octobre 1915 qu’il rejoint son ancienne compagnie. Le 12 février 1916, l’aspirant Blot est muté à la 9e compagnie du régiment.

 

À l’aube de la 2e décade du mois avril 1916, le 149e R.I. est très carencé en officiers. Nous sommes à peine à quelques jours du 2e engagement d’une partie du régiment dans les combats de 1ère ligne, dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup, près de Verdun. Maurice Blot est nommé sous-lieutenant d’active à titre temporaire le 9 avril 1916. Cet officier retrouve la 8e compagnie.

 

Un peu plus tard, il envoie les lignes suivantes aux siens : « Depuis deux mois que nous sommes dans ce secteur, jamais je n’ai vu pareille chose. L’artillerie ennemie, surtout à Douaumont et à Vaux, arrosait et balayait tout ; jamais les Allemands n’ont mis en œuvre tant de forces et tant de matériel ; mais, devant eux se dressaient, impassibles, les belles figures de nos soldats. Après le recul forcé jusqu’au bord de la Meuse, ils ont attendu l’ennemi, pour lui faire subir des pertes effroyables. Mon régiment a eu l’insigne honneur de reprendre deux fois le village de Vaux. C’était magnifique, mais quelle hécatombe ! »

 

Mi-avril, le 149e R.I. quitte la Meuse. Après avoir bénéficié d’une brève période de repos à Landrecourt, le régiment doit rejoindre la Champagne pour venir occuper un secteur situé entre les buttes de Tahure et de Mesnil, près des Deux- Mamelles.

 

Le capitaine adjoint major du 2e bataillon du 149e R.I. rédige la petite note suivante le 13 mai 1916 :

 

« Le sous-lieutenant Blot est un très bon officier, très intelligent, sérieux, plein de zèle et de bonne volonté. Officier très discipliné, ayant une haute conception de ses devoirs militaires. Très belle tenue devant la troupe. Bonne aptitude au commandement. Excellente instruction générale. Bonne instruction militaire. Très estimé de ses chefs, est susceptible, avec un petit peu de pratique, de produire de très brillants résultats. »

 

Du 7 au 16 mai 1916, le sous-lieutenant Blot effectue un stage au centre d’instruction des grenadiers à Châlons-sur-Marne, avant d’être détaché à l’école divisionnaire des grenadiers de la 43e D.I. entre le 26 mai et le 2 juin 1916. Il réintègre son régiment en suivant.

 

Le 9 juillet 1916, Marcel Blot est de nouveau blessé ; il vient de participer à un important coup de main, mené par plusieurs groupes de grenadiers du 149e R.I.. Touché au bras et au visage par des éclats d’obus et de grenades, il est, pour la seconde fois, évacué vers l’arrière pour être hospitalisé durant plusieurs semaines.

 

Les fonctions occupées par cet officier à son retour au régiment ne sont pas très précises. Des états de service datant du 5 mars 1917 nous indiquent qu’il fut désigné pour assurer la charge de sous-lieutenant porte-drapeau du régiment à partir du 30 septembre 1917, avant de passer à la 5e compagnie le 6 novembre 1917. Sur son feuillet individuel de campagne, il est écrit qu’il rejoint la 5e compagnie du régiment le 19 septembre 1917. Son affectation comme sous-lieutenant porte-drapeau y est bien mentionnée, mais celle-ci est rayée. Son livret matricule d’officier ne fait pas état de cette période.

 

Durant le premier 1er semestre de l’année 1917,  le sous-lieutenant Blot accomplit plusieurs stages. Le premier qui se déroule entre le 10 et 18 janvier lui permet de faire connaissance avec le fusil mitrailleur. Le second, qui a lieu entre le 12 et le 26 mars, il le passe à comprendre le fonctionnement du canon de 37 mm. Le troisième stage, qui est effectué du 19 au 26 avril 1917, lui apprend à maîtriser le fusil R.S.C..

Marcel Blot bénéficie d’une permission du 10 au 17 juillet 1917. Il retrouve la 5e compagnie lorsqu’il revient au régiment.

 

Peu de temps avant la bataille de la Malmaison, le lieutenant Auvert prend le commandement de cette unité qui vient d’être désignée compagnie de nettoyeurs de tranchées. C’est au cours de cette attaque qui se déclenche le 23 octobre 1917 que le sous-lieutenant Blot est grièvement blessé. Sa hanche droite est perforée par plusieurs éclats d’obus.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

 

Les tentatives réalisées par les chirurgiens de l’hôpital d’évacuation n° 18 de Couvrelles, pour le sauver, échouent. Il décède tard dans la nuit du 23 octobre 1917, seulement quelques heures avant de fêter son 22e anniversaire.

 

Le sous-lieutenant Blot est enterré dans un premier temps dans le cimetière militaire attenant à l’hôpital.

 

Le 22 octobre 1923, son corps est exhumé pour être placé dans le carré C du  cimetière militaire de Vauxbuin, sous une nouvelle croix qui porte le n° 436.

 

 

Le sous-lieutenant Blot a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 48 en date du 25 mars 1916 :

« A fait preuve, dans tous les combats, d’une belle insouciance, donnant à tous l’exemple du calme et du sang-froid. Une blessure. »

 

Citation à l’ordre de la IVe Armée n° 609 en date du 24 juillet 1916 : (Publication dans le J.O. du 6 mars 1915).

 

« Brave officier de grenadiers. Le 9 juillet 1916, a entraîné avec beaucoup de courage le groupe de grenadiers qui lui était confié. S’est jeté sur un petit poste ennemi pour le faire prisonnier. Blessé de nombreux éclats par une grenade, tue un de ses adversaires d’un coup de révolver et saute dans le poste. »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 543 en date du 11 décembre 1917. (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

 

« Jeune officier, d’une bravoure, d’une énergie et d’un entrain remarquables. Commandant une section de nettoyeurs de tranchées à l’attaque de la Malmaison, a brillamment entraîné ses hommes, réduisant plusieurs nids de mitrailleuses. A été mortellement blessé dans l’exécution de sa mission.  Plusieurs fois blessé et cité déjà. »

 

Une famille de récipiendaires :

 

Cet officier a également été décoré de la Légion d’honneur à titre posthume. (Publication dans le J.O. du 26 décembre 1919).

 

En marge de la recherche :

 

À l'occasion de la recherche sur Maurice Blot, j'ai découvert que son père et son frère étaient également récipiendaires de la Légion d'honneur.

 

Le père, François Jules Blot, qui a commencé sa carrière comme simple jardinier est devenu producteur de graines de semences, dirigeant la maison Vilmorin-Andrieux.

 

Il est membre honoraire ou membre actif de plusieurs associations importantes dans le domaine agricole et il travaille comme rédacteur dans divers journaux horticoles et agricoles. Il est décoré de la Légion d’honneur.

 

Pour en savoir plus sur François Jules Blot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

Devançant l’appel de sa classe, son frère, Georges Charles Alexandre Blot, signe un contrat d’engagé volontaire avec l’armée, le 25 juillet 1916.

 

Il termine la guerre comme sous-lieutenant au 12e régiment d’artillerie. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par arrêté du 16 mars 1921 rendu sur le rapport du ministre de la guerre. Georges Blot est ensuite promu au grade d’officier de la Légion d’honneur par décret du 5 septembre 1949 rendu sous le rapport du ministre des finances et des affaires économiques.

 

Pour en savoir plus sur Georges Charles Alexandre Blot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

La famille Blot repose dans un caveau familial qui se trouve dans le cimetière de Bercy.

 

Sepulture_famille_Blot

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Base Léonore.

 

Les recherches effectuées sur le site des archives de Paris ont permis de retrouver une grande partie des actes d’état civil des parents et de la fratrie de Maurice Charles Jean Blot. Cette fratrie est peut-être incomplète.

 

« Livre d’or de Passy, à la mémoire des professeurs et des anciens élèves du pensionnat de Passy morts pour la patrie ». Typographie Firmin-Didot et Cie. Mesnil-sur-l’Estrée (Eure). 1922.

 

La photographie de la sépulture de Maurice Blot a été réalisée par J. Baptiste.

 

Le cliché de la tombe de la famille Blot a été trouvé sur le site de Généanet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à J. Baptiste, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

22 décembre 2017

Jean Baptiste Victor Christ (1888-1914).

Jean_Baptiste_Victor_Christ

Jean Baptiste Victor Christ voit le jour le 15 janvier 1888 au domicile parental, situé au n° 11 de la rue Calandre à Épinal. Il est le fils de Louis Christ qui exerce la profession de tailleur d’habits, et de Joséphine Speich, une jeune femme qui ne travaille pas. Son père est âgé de 36 ans, sa mère de 22 ans.

Enfant, Victor quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter.

Futur soldat de la classe 1908, il est inscrit sous le numéro 5 du canton de Bruyère.

Victor Christ est classé dans la 3e partie de la liste en 1909, ce qui veut dire qu’il est déjà engagé. Il est impossible de savoir depuis quand, mais, au moment où sa classe passe devant le conseil de révision, il est déjà sous les drapeaux.

Le 27 septembre 1910, le jeune homme se marie avec Marie Joséphine Hélène Clément à Chantraine, près d’Épinal.

Le registre du recensement de cette petite commune, réalisé en 1911, nous apprend que le sergent Victor Christ demeurait, avec son épouse, au numéro 130 de la maison Clément. Ce sous-officier avait, pour proches voisins, le sergent Léopold Rigolley, qui, plus tard, devient lieutenant, tout en survivant à la Grande Guerre, ainsi que le sergent Joseph Viguier, originaire de Saint-Affrique. Ces trois hommes font partie des effectifs du 149e R.I..

Comme pour la majorité des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche de Victor est une reconstruction réalisée à la suite de la destruction des originaux. Elle est donc vide de tout élément permettant de retrouver les étapes qui le conduisirent de simple engagé volontaire à sergent-major.

Grâce à une photographie, nous savons juste qu’il a servi comme sous-officier à la 1ère compagnie du 149e R.I., peu avant le départ du régiment pour la frontière. C’est bien peu !

Photographie_groupe_sous_officiers_1er_compagnie_149e_R

Avec sa compagnie, il participe aux combats du Renclos-des-Vaches et d’Abrechvillers avant d’être blessé dans le secteur de Saint-Benoit, près de Ménil-sur-Belvitte, à la fin du mois d’août 1914. Probablement laissé sur place par le régiment qui est obligé de battre en retraite, le sergent-major Christ décède peu de temps après.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_2_journee_du_26_aout_1914

Sa fiche « Mémoire des hommes » indique la date de sa mort au 17 octobre 1914. Il y a de fortes chances pour que celle-ci soit erronée : cette fiche reprend en fait la date d’inhumation du corps. Le sergent-major Christ est décédé des suites de ses blessures à une date inconnue. Son nom figure bien sur la liste des pertes du régiment lors des journées du 25 au 26 août 1914.

L’acte de décès de Jean Baptiste Victor Christ nous fait savoir qu’il a été inhumé à Saint-Benoît le 17 octobre 1914, son corps ayant été identifié par un médecin aide-major.

Inquiète de ne pas avoir de nouvelles, son épouse écrit à la Croix Rouge Internationale pour tenter de savoir si Victor ne se trouverait pas parmi les captifs dans un des très nombreux camps de prisonniers en Allemagne.

Fiche_individuelle_C

L’acte de décès de ce sous-officier a été transcrit le 4 octobre 1916 dans sa commune de résidence, un peu plus de deux ans après sa mort.

Il y a de fortes probabilités pour que le corps de ce sous-officier ait été rendu à la famille dans les années 1920.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Chantraine.

Son épouse ne s’est jamais remariée. Marie Joséphine Hélène Clément est décédée à Chantraine le 19 mai 1967.

Il n’y a pas de descendance connue pour cet homme.

Sources :

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services de Jean Baptiste Victor Christ ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à la mairie de Chantraine et aux archives départementales des Vosges. 

8 décembre 2017

Léon Jean Fouillot (1891-1967).

L_on_Jean_Fouillot

Né de Léon Fouillot et de Maria Gardot, Léon Jean voit le jour le 8 décembre 1891 dans la commune haute saônoise de Montagney. Les conditions de vie de la famille sont humbles. Les parents exercent tous deux le dur métier de journalier, louant leurs services aux fermes locales qui ont besoin de main-d’œuvre au moment des travaux saisonniers. À la naissance de Léon fils, le père est âgé de 34 ans et la mère de 31 ans.

En 1906, Léon ne vit plus dans son village natal. À 15 ans, il œuvre comme domestique chez les Leclerc, une famille de pâtissiers vivant à Recologne dans le Doubs.

Plus tard, il gagnera sa vie comme garçon de café à Melun, dans la Seine-et-.Marne.

En 1912, l’heure de la conscription est proche. Léon a vingt ans et il va devoir passer devant le conseil de révision d’Audeux. De constitution robuste, il se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste de l’année 1912.

Sa feuille de route lui apprend qu’il doit se rendre dans l’est du pays pour rejoindre le 149e R.I. qui tient garnison à Épinal. Il franchit le portail de la caserne Coursy  le 8 octobre 1912.

L’armée évalue son degré d’instruction générale à un niveau 3. Il sait donc lire écrire et compter.

Des soucis de santé de cause inconnue le font aller à l’hôpital mixte d’Épinal entre le 7 et le 28 janvier 1913.

Début août 1914, la guerre contre l’Allemagne ne peut plus être évitée. Le 149e R.I., qui fait partie des troupes de couverture, est appelé à rejoindre la frontière allemande au plus vite. Difficile de dire si Léon Fouillot, bien que soldat d’active, fait partie des hommes qui ont quitté leur caserne avant même que les hostilités ne débutent ou s’il a été des premiers renforts.

A-t-il participé aux combats du Renclos-des -Vaches, d’Abreschviller et de Ménil-sur-Belvitte ?

Il est nommé caporal le 1er septembre. Le régiment part dans la Marne début septembre. La seule certitude que nous ayons c’est que Léon Fouillot a été fait prisonnier dans la journée du 26, en même temps que plusieurs de ses camarades de compagnie. Son nom est inscrit dans la liste des disparus figurant dans l’état des pertes du régiment à cette date.

Une longue captivité commence…

Peut-être que cette captivité a été illustrée par cette photo carte qui a permis cette biographie ? Le jeune homme adresse, à ses anciens employeurs avec qui il est resté en lien, l’image suivante qui le représente en tenue militaire avec ses galons de caporal passés à la craie.

Photographie_Leon_Fouilot

Le texte qui se trouve au dos du cliché est vraiment très succinct.

«  Fouillot Léon 5e compagnie n° 7537. Votre ancien serviteur, le bonjour à toute la famille »

Texte_carte_postale

Plusieurs hypothèses s’offrent à nous : cette photographie a-t-elle été prise en France avant sa capture ? Peu plausible vu le peu de temps qui sépare sa nomination de sa capture, sauf s’il est arrivé en renfort mi-septembre. Plus probablement, ce cliché a été pris en Allemagne alors qu’il était prisonnier, ce qui explique à la fois la mention de « France » dans l’adresse, un matricule qui n’apparaît nulle part dans sa fiche matricule, un numéro de compagnie qui n’est pas celui qu’il avait au 149e R.I. et un espacement des galons trop important qui n’aurait probablement pas été toléré en France. Mais pourquoi n’y a-t-il pas de cachet et d’adresse de camp de prisonniers ?

En l’absence de toute source complémentaire, difficile d’avoir des certitudes. On peut même penser qu’il y a des erreurs dans la fiche matricule.

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il a été interné à Merseburg dans un premier temps. Ce camp qui est situé près de Leipzig a été créé le 25 septembre 1914. Par la suite, Léon quitte la Saxe pour aller terminer la guerre dans l’Hesse au camp de Darmstadt.

Concernant son internement en Allemagne, sa fiche du C.I.C.R. est peu renseignée.

Fiche_Croix_Rouge_Leon_Fouillot

Rapatrié d’Allemagne le 21 janvier 1919 il est envoyé sur le D.T.I. de Besançon. Il passe ensuite au 60e R.I. le 2 avril 1919 avant de retrouver son ancien régiment le 19 avril 1919. Le 15 mai 1919, il est au 45e R.I.. Léon Fouillot est finalement mis en congé illimité de démobilisation le 20 août 1919. Cela fait presque sept ans qu’il a quitté son dernier emploi civil.

Classé affecté spécial à la compagnie P.L.M., il intègre la 2e section de chemin de fer de campagne, subdivisions complémentaires. Léon est homme d’équipe à Besançon le 1er octobre 1920.

Le 10 juin 1920, il épouse Yvonne Gaulme, une jeune femme originaire de Pouilley-les-Vignes. De cette union naîtront trois enfants.

Maintenu dans l’affectation spéciale de la compagnie Lyon-Paris-Marseille, il est signalé comme aiguilleur de 2e classe le 25 avril 1927 à Besançon-Viotte.

Léon Jean Fouillot décède le 13 octobre 1967 à Pouilley-les-Vignes, à l’âge de 76 ans.

Sources :

Fiche signalétique et des services et acte de naissance trouvés sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

Les sites du Comité International de la Croix Rouge, de « Généanet » et des archives départementales du Doubs ont été consultés sur Internet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Haute-Saône et du Doubs.

3 novembre 2017

Paul Antoine Julian (1896-1918).

Paul_Julian

Si la biographie de Paul Julian devait être nourrie avec les renseignements fournis par sa fiche signalétique et des services, elle ne se résumerait à pratiquement rien et elle ne figurerait pas dans ce blog.

Sa fiche ne porte même pas la mention de son affectation pendant plusieurs années au 149e R.I. ! Heureusement, la famille a conservé précieusement, de génération en génération, les courriers de cet homme, inestimables documents, pour à la fois conserver son souvenir et reconstruire l'histoire de son parcours.

Que ce texte soit un moyen de faire découvrir ce soldat du 149e R.I. et de participer à la conservation de sa mémoire.

Paul Antoine Julian voit le jour le 23 janvier 1896 dans la maison parentale. Quatrième d’une fratrie de 8 enfants, il est né dans la commune de Valréas, ville de l’enclave des papes, situé dans le département du Vaucluse. Une de ses sœurs aînées est décédée dans des conditions dramatiques. À l’âge d’un an, elle s’est noyée dans une cave après avoir fait une chute en passant par le soupirail.

Une seconde sœur de Paul, Louise, a été victime d’un grave accident, dans la petite enfance. Elle est tombée dans le feu de cheminée. Grièvement brûlée au visage,  elle est restée aveugle et défigurée. Paul l’avait pris sous sa protection. Elle portera toute sa vie un médaillon avec le portrait de son frère.

À la naissance de Paul, sa mère, Pauline Thérèse Fabre, est âgée de 31 ans. Antoine, son père, en a 35. Tout le monde dans le village l’appelle « Toinet ». D’ailleurs, tous les fils d’Antoine et de Pauline porteront le surnom de « Toinet » à l’âge adulte, ceci pour les différencier des autres Julian.

Le père travaille comme cultivateur sur la déclaration, mais derrière le vocable administratif se cache une autre activité professionnelle, liée à l’agriculture. Il était également distillateur de lavande et bouilleur de cru.

Genealogie_Paul_Julian

Paul fréquente l’école communale du village jusqu’à l’obtention de son certificat d’étude primaire le 25 juillet 1909.

En 1914, il travaille chez le tailleur Rey à Valréas.

Le 1er août 1914, le gouvernement français déclare la mobilisation générale. Toutes les jeunes classes de réservistes se préparent à rejoindre leurs dépôts d’affectation. Paul Julian n’est pas directement concerné par tous ces évènements, puisqu’il fait partie de la classe 1916. Mais il ne souhaite vraiment pas attendre l’appel de sa classe qui sera avancée au mois avril 1915. Le jeune homme se rend à la mairie de sa ville natale dès le 29 août 1914, où il signe un engagement volontaire pour la durée de la guerre.

Affecté au 52e R.I., Paul Julian rejoint la caserne Saint-Martin, dépôt du régiment de Montélimar, le 14 septembre 1914, pour être formé au métier de soldat.

Il intègre la 27e compagnie du régiment. Des marches régulières allant de 15 à 30 kilomètres l’attendent. L’exercice est pénible. Paul est déclaré meilleur tireur de sa compagnie. Il se rend ensuite au camp de Chambaran pour participer à des manœuvres avec d’autres régiments.

À la fin du mois d’octobre, il participe à de nouvelles manœuvres près de La Bâtie-Rolland où sa compagnie cantonne.

En tant qu’engagé volontaire, il accède très rapidement à la formation de caporal puisqu’il est nommé à ce grade vers le 13 novembre. C’est à partir de cette période qu’il devient mobilisable.

Un groupe de 100 hommes quitte le dépôt le 22 novembre 1914. Le caporal Julian ne fait pas partie du nombre. Il vient de recevoir l’ordre de rester à la 27e compagnie pour instruire 300 réservistes réformés qui viennent d’arriver. Certains ont 42 ans.

Quelques jours plus tard, Paul cantonne à Dieulefit. Toujours rattaché à la 27e compagnie, il en commande la 14e escouade.

Le 22 janvier 1915, il a sous sa responsabilité les hommes d’une des deux escouades de la 9e section.

Paul JULIAN 52e R

Paul, à droite sur le cliché, se fait photographier avec quelques-uns de ses camarades, quelque temps avant de quitter le dépôt du 52e R.I.. Il envoie à sa sœur Rose cette photo carte non datée.

« Chère sœur,

Avant de partir pour le front, j’ai voulu t’envoyer ma photo, j’ai pensé qu’elle te ferait plaisir. Je t’embrasse bien fort, Paul. »

Le 17 février 1915, le caporal Julian est dans la zone des armées. Il a quitté le dépôt du 52e R.I. les jours précédents. À cette date, il cantonne au  village de Camblais-Chatelain, une petite commune du Pas-de-Calais.

Une lettre adressée à sa famille, datant du 27 février, nous fait savoir qu’il a donné, pour que son courrier lui parvienne, l’adresse du secteur postal du 17e R.I où il a intégré la 13e compagnie du régiment.

Il s'agit probablement d'une affectation au 9e bataillon. Le 17e R.I., comme tous les autres, n'a que 3 bataillons qui sont répartis en 12 compagnies. Le 14 mars il est envoyé en renfort au 149e R.I. pour rejoindre les effectifs de la 8e compagnie.

Ce régiment combat dans le secteur d’Aix-Noulette, en Artois, depuis le mois de janvier.

Le 15 avril, le 149e R.I. est au repos du côté de Barafle. Paul confie à la famille que le régiment va bientôt retourner aux tranchées. Le 20 avril, il leur donne des consignes qui trahissent sa première montée en ligne le jour même.

Paul_Julian_149e_R

Cette photographie est envoyée à la famille le 30 avril 1915. La diversité des uniformes et le port par quelques hommes du « plat à tarte », officiellement porté par toutes les troupes quelques semaines seulement, sont typiques de cette époque. On voit des effets de début de guerre mélangé à des capotes modèle 1877 de couleur bleu horizon et d'autres Poiret du 1er type.

Ce cliché a peut-être été réalisé par Albert Breuvart, photographe à Sains-en-Goyelle, très peu de temps après l’arrivée du caporal Julian au 149e R.I.. Ce mélange des tenues pourrait expliquer que certains de ces soldats aient ajouté « 149 » à la craie sur leurs effets qui sont encore dépourvus des marquages réglementaires.

Une autre possibilité est à envisager, ces hommes auraient tout aussi bien pu être photographiés au cours d’une période de repos de quatre jours en 3e ligne, du côté d’Aix-Noulette. Cette ligne était qualifiée de position de soutien. La présence d’un bataillon du 149e R.I. à cet endroit indique qu’il vient de passer une période de quarante-huit heures en 1ère ligne, puis une seconde en 2e ligne.

Un petit texte rédigé à l’attention d’une de ses sœurs aînées accompagne ce cliché.

« Chère Rose,

Comme je te l’avais promis, je t’écris encore aujourd’hui et je t’envoie ma photo et celles de mes camarades. La photo n’est pas de grande valeur, mais elle nous ressemble beaucoup. J’ai pensé que cela te ferait plaisir. Nous partons encore ce soir pour les tranchées. En attendant de tes nouvelles, je t’embrasse bien fraternellement. Paul »

En mai 1915, Paul participe, avec sa compagnie, commandée par Martin Jeské, un Letton combattant pour l’armée française, à plusieurs attaques très coûteuses en vies humaines du côté du Fond-de-Buval, près de Notre-Dame-de-Lorette. Les conditions de vie du moment expliquent peut-être ce qui lui arriva peu après.

C’est en juin 1915 que le jeune homme est touché par des problèmes de santé. À cette époque, malgré la vaccination, il contracte la fièvre typhoïde.

S’en suit un parcours de soins dans divers hôpitaux de l’arrière.

Du 4 au 20 juin, Paul est évacué à Auchel, un petit village du Pas-de-Calais, pour être soigné à l’hôpital Mines de Marles.

Il est ensuite pris en charge par les médecins de l’hôpital annexe de Vayson, à Abbeville, dans la Somme, entre le 22 juin et le 15 juillet. Pour finir, le caporal Julian est envoyé au dépôt de convalescence n° 88 à Querqueville, une ville qui se trouve  à 2 kilomètres de Cherbourg, où il reste plusieurs semaines.

Le 2 août 1915, il quitte l’hôpital pour retrouver sa famille durant une poignée de journées.

Une fois guéri, il passe d'abord par le dépôt  du 149e R.I., où il intègre une compagnie de convalescents, car il n'est pas encore considéré comme étant apte à retourner au front.

Grâce à sa correspondance, on voit quel fut son parcours :

D'abord mis dans la 28e compagnie, une unité réservée aux inaptes, Paul Julian rejoint rapidement la 27e compagnie du dépôt où sont regroupés les hommes qui peuvent faire campagne. Toutefois, il ne va pas sur le front.

Avec plusieurs caporaux de la classe 14, il devient instructeur des jeunes recrues de la classe 17. Il n'a que 21 ans, mais sa connaissance du front pendant plusieurs mois, dans un de ces secteurs les plus difficiles, a certainement contribué en sa faveur pour que ses chefs fassent ce choix. Étonné de voir que des jeunes recrues sans expérience obtiennent le grade de sergent, il est tenté de rendre ses galons

Il est affecté à la 25e compagnie du dépôt d’Épinal qui accueille les classes 1917.

Fin mars 1916, Paul apprend qu’il va bientôt rejoindre le front. Le 149e R.I. a été sérieusement malmené dans le secteur de Verdun. Le 28 mars, il quitte Épinal, certainement pour aller au dépôt divisionnaire.

Le 18 avril, il est dans le train pour retrouver le 149e R.I. qui est au repos à Sommes-Vesles et à Poix.

Une fois sur place, il est affecté à la 2e compagnie du régiment. Cette compagnie a été sérieusement touchée durant l’attaque du 3 avril. L’offensive devait permettre la reprise du village de Vaux-Devant-Damloup, mais ce fût un véritable échec. Il faut maintenant reconstituer les effectifs.

Mai 1916, le 149e R.I. occupe des positions du côté de Mesnil-les-Hurlus et des buttes de Tahure. Paul Julian parle d’un secteur plutôt tranquille dans les lettres qu’il adresse aux siens.

Le 10 juin 1916, le jeune homme est à Troyes. C’est le chemin du retour au régiment après avoir passé quelques jours de permission à Valréas.

Durant une période de trois mois, le 149e R.I. alterne des périodes de premières lignes et de repos sans subir ou lancer de grosses attaques.

Il n’y a seulement qu’un évènement marquant durant ce trimestre. Un coup de main a  lieu le 9 juillet. Il est effectué par une section de grenadiers de la 3e compagnie et par deux sections de la 10e compagnie.

C’est ensuite une période d'entraînement dans la région de Châlons-sur-Marne qui attend Paul et ses camarades de régiment. Après avoir fait un bref séjour au camp de Crèvecœur, les hommes du 149e R.I. se retrouvent engagés dans la bataille de la Somme près de Soyécourt.

La 2e compagnie du 149e R.I., celle du caporal Julian, est en réserve de brigade avec le reste du 2e bataillon. Elle ne participe pas directement aux combats.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Le_chemin_creux_de_Soy_court

Après les évènements de Soyécourt, le caporal Julian quitte temporairement sa compagnie pour être affecté à la 4e compagnie du dépôt divisionnaire, non loin du front. Il n’y a aucune explication à cette situation : est-ce à la suite d’une maladie n'ayant pas conduit à son départ de la zone des armées ? A-t-il été nommé formateur ? Autres raisons ?

Impossible de savoir ce qui s’est passé avec les éléments connus de sa vie. Fin octobre 1916, le caporal Julian est de nouveau à la 2e compagnie du 149e R.I. relayant des périodes de repos et d’occupation de tranchées dans le secteur de la sucrerie d’Ablaincourt.

Ce n’est qu’à la fin du mois de novembre que le 149e R.I. quitte le secteur de la Somme.

Le régiment est ensuite mis au repos et à l’instruction intensive au camp de Villersexel. Il prend également possession de tranchées de 2e ligne dans le secteur Seppois-Largitzen.

Le caporal Julian quitte la Haute-Alsace en avril 1917 pour se rendre dans la région de Montmirail.

En mai, le 149e R.I. occupe un secteur au chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison.

En juillet 1917, il bénéficie d’une permission qui lui permet de revenir au pays quelques jours.

Juste après son retour, Paul entame un stage de grenadier qui se termine le 23 août 1917. Pendant cette période de formation, l'explosion d'une grenade manque de le tuer. À ce moment, il espère obtenir une permission fin octobre. Les circonstances vont faire que la fin de ce mois ne fut pas ce qu’il espérait.

En septembre, il participe à des exercices avec les « tanks ».

Le 23 octobre 1917, le jeune homme participe à la bataille de la Malmaison. Sa compagnie, sous les ordres du capitaine Robinet, est aux premières  loges ; elle fait partie de la première vague d’assaut.

À cette occasion, il reçoit sa première citation. Elle dresse de Paul un portrait élogieux : courage exemplaire, calme remarquable, volontaire pour des missions dangereuses.

Le 11 février 1918, Paul Julian commence un stage de mitrailleur qui durera 45 jours au C.I.D. de la 43e D.I.. Durant cette période, il est en subsistance à la 12e  compagnie du 158e R.I.. La division se trouve dans un secteur calme dans le département des Vosges.

Le caporal Julian n’a pas été muté dans une compagnie de mitrailleuses après avoir fait son stage. Les quelques éléments qui figurent sur son acte de décès ne vont pas dans ce sens. Son affectation aurait pu arriver plus tard. Il fait un stage puis retourne à son unité. Si une place de caporal dans une compagnie de mitrailleuse s’était libérée, il aurait pu changer de poste.

La première offensive allemande du 21 mars 1918 oblige le commandement français à puiser des troupes sur les fronts « passifs » pour se constituer des réserves. La 43e D.I. fait partie de ces unités. Elle est retirée du secteur vosgien pour rejoindre le département de l’Oise, prête à être engagée à tout moment.

Arcy_Sainte_Restitue

Le 27 mai 1918, Paul monte dans un des camions qui s’acheminent vers Braine, une commune qui se situe dans le département de l’Aisne. Les Allemands sont en train de renouveler leur opération du 21 mars 1918.  Ils viennent de lancer une attaque d’envergure sur le chemin des Dames. Les anciens du 149e R.I. reviennent dans un secteur qu’ils connaissent bien puisqu’ils l’ont occupé durant l’été 1917. Les véhicules déposent les hommes du régiment du lieutenant-colonel Vivier à Arcy-Sainte-Restitue. Aussitôt engagé dans la bataille, le 149e R.I., après une bonne résistance, finit par céder du terrain.

Le caporal Julian est noté comme disparu dès le 28 mai 1918.

La veille de sa disparition, il a eu le temps d’écrire cette lettre à ses parents : 

Derniere_lettre_ectite_par_Paul_Julian

« Chers parents, je suis fort étonné de ne pas recevoir de vos nouvelles, car depuis mon retour je vous ai déjà écrit. Nous quittons le cantonnement ce soir et nous embarquons en auto pour une destination inconnue. J'ai vu Autrand il y a trois jours. Il n'est pas encore allé en permission. En attendant de vos nouvelles, je vous embrasse de tout cœur. P. Julian »

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Secteur_de_la_cote_140_pres_d_Arcy_Sainte_Restitue

Au début du mois d’août, la famille tente auprès de la Croix Rouge une recherche qui aurait pu lui permettre de savoir si le caporal Julian est détenu en Allemagne (la demande est réceptionnée le 13). Quelques jours plus tard, les parents de Paul obtiennent une réponse qui met fin à l’atroce attente, mais elle ne vient pas de la Croix-Rouge.

Le 17 août 1918, le chef de bureau de comptabilité du 149e R.I. adresse une lettre manuscrite au maire de Valréas.

« J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien, avec tous les ménagements nécessaires dans la circonstance, prévenir la famille Jullian, distillateur domicilié à Valréas, que le caporal Julian Paul Antoine n° matricule 13059 de la 2e compagnie, n° 1335 au recrutement d’Avignon, classe 1916, est signalé disparu le 28 mai 1918 à Arcy-Sainte-Restitue (Aisne).

Je vous serais très obligé de présenter à la famille les condoléances de Monsieur le Ministre de la guerre et de me faire connaître la date à laquelle votre mission aura été accomplie. N° 1115 dans l’accusé de réception. »

La réponse de la Croix rouge arrive le 18 septembre suivant, sans surprise. Aucune trace de présence de Paul dans un des camps de prisonniers en Allemagne.

Fiche_Croix_Rouge__Paul_Julian

Le décès de Paul Julian est officialisé le 6 janvier 1922 par le tribunal civil de 1ère instance d’Orange qui valide la date de sa mort au 28 mai 1918.

Le caporal Julian a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre de la division n° 267  du 20 février 1918.

« Très bon caporal, d’un courage exemplaire et d’un calme remarquable.Toujours aux endroits les plus exposés. Pendant l’attaque du 23 octobre 1917, s’est offert, à plusieurs reprises, pour aller aux renseignements dans des circonstances extrêmement difficiles »

Paul Julian a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume publié dans le journal officiel du 4 janvier 1923.

« Caporal d’une bravoure réputée, tombé glorieusement, le 28 mai 1918 à Arcy-Sainte-Restitue »

Cette inscription lui donne également droit à une seconde étoile d’argent sur sa croix de guerre.

Le nom du caporal Julian figure parmi ceux qui sont inscrits sur le monument aux morts de la ville de Valréas. Il n’a pas de sépulture connue. Sa famille conserve toujours précieusement les souvenirs de cet homme qui ne s'est pas marié et n'a pas eu de descendance. Cette disparition fut un traumatisme considérable pour la famille, pendant des décennies. Le fait qu'il soit disparu, qu'aucune information n’ait pu permettre d'avoir des certitudes, fit longtemps espérer un retour.

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Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

La fiche signalétique et des services de Paul Julian a été consultée sur internet.

Les photographies de Paul Julian qui peuvent se voir ici proviennent de la collection familiale.

Les informations concernant le parcours militaire et l’histoire de la famille du caporal Julian ont été fournies par F. Thomas.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Thomas et sa famille, A. Carrobi, à A. Vigne, aux archives départementales du Vaucluse et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 septembre 2017

Jacques Sauvageot (1891-1968).

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Période d’enfance

Issu d’une famille de cultivateurs depuis plusieurs générations, Jacques Sauvageot voit le jour le 6 octobre 1891 dans la petite commune de Montcenis. Aîné d’une fratrie de 6 enfants, il perd deux de ses frères qui ne survivent pas à leur première année d’existence.

À la naissance de Jacques, Claude, le père, est un homme âgé de 40 ans. La mère, Philiberte Verles, qui effectue les mêmes tâches professionnelles que son époux, a 28 ans.

Trois jours après la naissance de Jacques, le quincailler Léonard Buisson et le jardinier François Berthier accompagnent Claude Sauvageot à la mairie du village pour y signer, en tant que témoins, le registre d’état civil. Les trois hommes sont reçus par le maire Benoît Simon.

La famille Sauvageot quitte Montcenis peu de temps avant la naissance de leur 4e enfant, pour aller s’établir dans une ferme située tout près de Saint-Martin-Belle-Roche.

Genealogie_Jacques_Sauvageot

L’âge du service militaire

En 1911, Jacques gagne sa vie comme cultivateur en travaillant dans la ferme exploitée par ses parents. Sa sœur, Philiberte, est employée comme couturière. Elle est sa propre patronne.

La fiche signalétique et des services de Jacques Sauvageot nous indique qu’il possède un degré de connaissance générale de niveau 3, ce qui veut dire qu’il a intégré les fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul.

L’année de ses vingt ans, le jeune homme, après être passé à la visite médicale, est déclaré « bon pour le service » par le conseil de révision. Il quitte son village natal à la fin du mois de septembre 1912 pour être pris en charge par les sergents des sections d’une compagnie du 56e R.I. de Chalon-sur-Saône.

L’apprenti soldat ne va faire qu’un mois sous l’uniforme. Son entraînement est interrompu suite à une décision dela commission de réforme qui s’est réunie le 8 novembre 1912. Une « tuberculose pulmonaire » a été décelée.

Rapidement réformé, Jacques est de retour au pays. Il se remet à travailler la terre.

Retour à la vie de soldat

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, Jacques Sauvageot n’est pas mobilisable sur le moment. Le statut de réformé ne le met pas pour autant à l’abri de ses obligations républicaines.

Le fait d’avoir été reconnu inapte aux devoirs de soldat au cours de son service militaire ne l’empêche absolument pas d’être à nouveau convoqué devant le conseil de révision le 10 novembre 1914. En effet, un décret datant du mois de septembre 1914 oblige toute personne reconnue incapable de servir sous les drapeaux à repasser devant les médecins militaires. Cette fois-ci, les blouses blanches de l’armée ne décèleront pas de pathologie susceptible de l’éloigner plus longtemps de la caserne et du front.

Sa feuille de route lui intime l’ordre de rejoindre le 149e R.I., un régiment vosgien qui est implanté à Épinal en temps de paix. Jacques Sauvageot intègre cette unité le 14 novembre 1914.

Le dépôt du régiment a été transféré à Langres. En effet, très rapidement après la déclaration de la guerre, les autorités compétentes se sont rendu compte que la caserne Coursy était devenue bien trop petite pour accueillir et former en même temps le régiment de ligne, le régiment de réserve et le régiment territorial.

Jacques_Sauvageot_Rolampont

Une grande partie des recrues sont allées cantonner à Rolampont, un village qui est devenu une annexe du dépôt de Langres. C’est à l’intérieur de cette commune et dans ses alentours que Jacques Sauvageot va être initié au maniement du fusil, aux marches et aux exercices physiques qui accompagnent le quotidien du soldat.

1ère blessure

Si la date de son arrivée au front n’est pas connue, nous savons, de manière sûre, qu’il a été inscrit dans les effectifs de la 2e compagnie du 149e R.I. peu de temps avant que le régiment ne soit engagé dans l’attaque du 9 mai 1915. Ce jour-là, il est blessé au thorax par un éclat d’obus. Jacques est pansé au poste de secours avant d’être évacué par les brancardiers qui l’emportent à l’ambulance de Sains-en-Goyelle. Cette blessure le fait évacuer vers l’arrière. C’est à l’hôpital n° 23 de Melun qu’il fut pris en charge par le personnel médical avant d’être envoyé, le 25 mai 1915, à l’hôpital n° 33 de Coulommiers. Le 13 juin 1915, le jeune homme peut rejoindre un dépôt de convalescents placé à Orléans. Une fois guéri, il peut bénéficier d’une permission de 7 jours qu’il a probablement utilisée pour rendre visite à sa famille. Le 23 juin, le soldat Sauvageot est de retour au dépôt du 149e R.I..

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 9 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

journee_du_9_mai_1915

2e blessure

Le 5 août 1915, il rejoint la ligne de front avec un renfort. Jacques Sauvageot réintègre la 2e compagnie de son ancien régiment qui est toujours positionné en Artois. Un mois et demi plus tard, il est de nouveau blessé au cours d’une attaque qui se déroule le 25 septembre 1915. Le 149e R.I. vient de lancer un assaut d’envergure dans le secteur du bois en Hache. Cette fois-ci, c’est à la main droite qu’il est sérieusement touché par un éclat d’obus.

Le soldat Sauvageot traverse la France d'est en ouest, en train sanitaire, pour venir se faire soigner dans le golfe du Morbihan à l’hôpital mixte de Vannes. Le 22 décembre 1915, il est envoyé à l’hôpital temporaire 62 de la ville bretonne, au 21 rue de Sené.

Cette blessure, ainsi que sa présence au sein du régiment qui était lancé dans un violent combat, lui octroient le droit de porter la croix de guerre avec palme avec la citation suivante :

« Soldat brave et dévoué, ayant toujours eu une belle attitude au feu. A été grièvement blessé le 25 septembre 1915 à Souchez, en se portant à l'attaque des positions ennemies. Une blessure antérieure. »

Il envoie plusieurs cartes postales à sa famille depuis la Bretagne. Plusieurs d’entre elles ont été rédigées à partir de l’H.C.64 de Sainte Anne d’Auray.

Jacques_Sauvageot_bless_

Multiples passages devant les commissions de réforme.

Jacques Sauvageot est au dépôt commun du 149e R.I. et du 349e R.I. à Épinal, le 29 février 1916. Sa blessure à la main a engendré des complications sévères qui ne lui permettent plus de retrouver une fonctionnalité complète. Le 26 avril 1916, il est de nouveau hospitalisé. Cette fois-ci, les soins sont prodigués à l’hôpital militaire de Bourbonne-les-Bains dans la Haute-Marne jusqu’au 20 juillet 1916. Il obtient, en suivant, une permission de convalescence de 15 jours.

De retour à la caserne Courcy le 5 août 1916, il ne sait pas encore ce qui va véritablement se passer pour lui.

Ce n’est que le 23 novembre 1916 qu’il passe devant la commission d’Épinal qui doit statuer sur son sort. Les médecins le réforment temporairement pour déformation de la main droite et flexion incomplète des quatre derniers doigts.

La campagne du soldat Sauvageot prend fin à partir de ce moment. Il peut retourner à la vie civile dans son village de Saint-Martin-Belle-Roche ; ceci pour quelques mois.

En effet, le 1er mars 1917, Jacques est à nouveau rappelé au 56e R.I.. Le 27 avril, il passe devant la commission de réforme de Chalon-sur-Saône. Cette convocation va lui permettre d’affiner son dossier de gratification. Jacques Sauvageot, qui est réformé temporaire de 2e catégorie, est proposé à la réforme temporaire de 8e catégorie.

Le 8 août 1917, il obtient une gratification de 100 francs.

Le 23 mars 1918, la commission de réforme de Mâcon maintient son statut de réformé temporaire avec gratification de 7e catégorie. Cette année-là, il obtient un appareillage pour sa main.

Le 7 avril, il est décoré de la Médaille militaire.

Le 9 mai 1920, Jacques Sauvageot est proposé par la commission de réforme de Chalon-sur-Saône pour une réforme n° 1 avec une invalidité de 15 %. Le 30 avril, cette invalidité est poussée à 30 % par cette même commission.

Ce long parcours devant les commissions de réforme arrive enfin à son terme. Jacques percevra la somme de 720 francs.

Le 31 mai 1920, il épouse Marie Tardy, une jeune femme âgée de 22 ans. De cette union naîtront deux garçons.

Pour en savoir plus sur le parcours de vie de Jacques Sauvageot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. Vous pourrez y lire une biographie plus poussée, enrichie d’une belle iconographie sur le site d’Arnaud Carobbi.

Site_Arnaud_Carobbi

Jacques Sauvageot est décédé le 5 janvier 1968 à Saint-Martin-Belle-Roche à l’âge de 77 ans.

Sources :

Le portrait de Jacques Sauvageot provient du site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services, de son acte de naissance et du fonds Sauvageot numérisé lors de la « grande collecte ». Tous ces documents sont consultables sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

Les sites « Généanet » et « Européana » ont été également consultés.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Saône-et-Loire.

22 septembre 2017

Émile François Guyon (1892-1917)

Emile_Fran_ois_Guyon

 

Les parents d’Émile François Guyon vivent dans un petit appartement au 56 rue Franklin, dans le 2e arrondissement de la ville de Lyon lorsque leur fils voit le jour le 11 juin 1892. Le père est un homme âgé de 35 ans qui exerce la profession de représentant de commerce. La mère, Claudine Constance Bouchard, est une jeune femme âgée de 20 ans.

 

Émile François possède une instruction secondaire qui lui permet d’obtenir un certificat d’études commerciales.

 

Il est inscrit sous le n° 218 de la liste du canton du 7e arrondissement de Lyon. Les médecins du conseil de révision viennent de porter son nom dans la 5e partie de cette liste. D’importants problèmes de santé dus à une néphrite avec albuminurie l’empêchent d’être incorporé avec la classe 1912.

 

Le 6 octobre 1914, il se soumet de nouveau à un conseil de révision qui le déclare cette fois-ci « bon pour le service armé ». Quelque temps après, Émile François apprend son incorporation au 149e R.I.. Le 4 novembre 1914, il intègre la caserne Courcy, à Épinal, pour commencer son instruction militaire.

 

Le 10 avril 1915, il est affecté au 170e R.I. avec le grade d’aspirant. Son niveau d’études lui a certainement donné la possibilité d’obtenir cette promotion de manière aussi rapide.

 

Le jeune Guyon a dû suivre les cours d'élèves caporaux avant d'intégrer une formation accélérée d'officier (après concours) durant son passage au 149e R.I..

 

Émile François Guyon est envoyé à la mi-avril sur le front d’Artois. Le 1er mai, il retrouve le 149e R.I. qui combat également dans ce secteur, pour prendre le commandement d’une section de la 10e compagnie.

 

Le 30 juin 1915, il est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire. Cette promotion est ratifiée suite à une décision ministérielle prise le 7 juillet 1915.

 

Le 17 juillet 1915, le 149e R.I. combat toujours en Artois. Dans le secteur du bois en Hache, un éclat d’obus le blesse à la tête. Une fois rétabli, il se rend au centre d’instruction du 21e C.A. pour être formé à la fonction de chef de section,en accomplissant un stage du 22 novembre au 6 décembre 1915.

 

Apprécié par ses supérieurs, ce jeune homme est considéré comme étant un excellent officier. Il a été remarqué pour ses qualités de chef, au feu comme à l’instruction.

 

Le 6 janvier 1916, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci : « Successivement aspirant et sous-lieutenant à titre temporaire, monsieur Guyon s’est révélé comme étant un chef de section de tout premier ordre, ayant une très belle conduite au feu. Il fera,plus tard, un excellent commandant de compagnie, malgré sa jeunesse. »

 

Le sous-lieutenant Guyon est évacué pour maladie le 1er mars 1916. Le 149e R.I. est sur le point de rejoindre le secteur de Verdun. Il retrouve son régiment 28 jours plus tard. Cette fois-ci, c’est pour être mis sous les ordres du capitaine Chauffenne qui commande la 12e compagnie. Le 3e bataillon du régiment se prépare à remonter en 1ère ligne au fort de Vaux.

 

Baignade_Mairy_sur_Marne

 

Décembre 1916, il est affecté au dépôt divisionnaire. Il ne retournera plus jamais dans une unité combattante.

 

Le 23 décembre 1916, le lieutenant-colonel Pineau rédige la note suivante : « A commandé sa compagnie dans des conditions très brillantes pendant les attaques de septembre. Sa santé, un peu délicate, ne lui permettant plus de rester au corps, momentanément, il a été détaché, malgré lui, au D.D., comme instructeur de grenadiers. Il y rend d’excellents services et le colonel a l’intention de l’y laisser. »

 

Désigné comme porte-drapeau, il est affecté à l’état-major du 149e R.I. le 12 février 1917, mais il reste détaché au D.D. d’instruction des grenadiers, suite à une décision prise par le général qui commande la 43e D.I..

 

Le 10 mars 1917, il est à la 12e compagnie du 149e R.I. qui est maintenant dépendante du D.D..

 

Le 12 mars 1917, il est confirmé dans son grade de sous-lieutenant de réserve à titre définitif, par un décret du président de la République, sur proposition du ministre de la guerre. Cette décision prend rang à partir du 27 janvier 1917.

 

Fin mai 1917, il est désigné comme instructeur à l’école des grenadiers de la VIe armée.

 

Cet officier est admis dans le cadre actif par décret du 7 juin 1917 comme sous-lieutenant, une admission qui prend également rang à compter du 27 janvier 1917.

 

Le 30 juin 1917, Émile François Guyon est nommé lieutenant. L’appellation « Dépôt Divisionnaire » est supprimée à la fin du mois d’août de cette année. Elle est remplacée par « Centre d’Instruction Divisionnaire ».

 

C’est au C.I.D. 43 qu’il trouve la mort le 4 octobre 1917. Le lieutenant Guyon est décapité par l’éclatement prématuré d’une petite torpille alors qu’il donnait un cours d’instruction sur le canon Brandt.

 

Il est inhumé dans le carré militaire du cimetière communal de la commune de Vaumoise.

 

L’adjudant Raymond Lannes et le sergent Jean Marie Ader, tous deux du 149e R.I., sont les déclarants qui permettent la validation de l’acte de décès de cet homme.

 

Étant détaché du 149e R.I. en terme de gestion, cet acte, qui ne sera enregistré que le 15 octobre 1917, est établi par l’officier de l’état civil du régiment, le lieutenant Ernest Vilminot. Il est transcrit à la mairie du 7e arrondissement de Lyon le 3 avril 1918.

 

Le corps de cet officier a été restitué à la famille après le conflit, dans les années 20.

 

Le lieutenant Guyon a obtenu les citations suivantes :

 

Cité à l’ordre de la 85e brigade n° 11 en date du 25 juin 1915. 

 

« A entraîné par son exemple de bravoure intrépide, d’entrain et de ténacité, ceux qui l’entouraient dans les attaques successives du fonds de Buval, le 16 juin 1915 et jours suivants »

 

Cité à l’ordre de la 85e brigade n° 45 en date du 10 mai 1916. 

 

« Le 31 mars 1916, sous un bombardement continu, s’est dépensé sans compter pendant quatre jours pour organiser le secteur que la compagnie occupait en 1ère ligne. Malgré de lourdes pertes subies, a obtenu de ses hommes le meilleur rendement. »

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 609 en date du 24 juillet 1916.

 

« Les grenadiers de la 10e compagnie du 149e R.I., le 9 juillet 1916, sous le commandement du sous-lieutenant Guyon, officier grenadier du 3e bataillon, ont fait preuve d’audace et d’habileté dans le nettoyage de 150 mètres de tranchée ennemie d’où 8 prisonniers vivants ont été ramenés. »

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 228 en date du 20 septembre 1916.

 

« Jeune officier d’une énergie et d’un courage exemplaires A entraîné brillamment sa compagnie à l’attaque d’un village, faisant de nombreux prisonniers et prenant des mitrailleuses ennemies. Déjà trois fois cité, dont une citationà l’ordre de l’armée. »

 

Le lieutenant Guyon est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La photographie représentant le lieutenant Guyon (à droite) et le lieutenant Mouren (à gauche) est légendée « baignade à Mairy, août 1916 »

 

Les actes de naissance et de décès d’Émile François Guyon ont été trouvés sur le site des archives municipales de Lyon, sa fiche signalétique et des services sur celui des archives départementales du Rhône.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Rhône et à la mairie de Lyon.

25 août 2017

Marie Lucien Joseph Nancey (1888-1914).

Marie_Lucien_Joseph_Nancey

Marie Lucien Joseph Nancey voit le jour dans la maison de ses parents à Poulangy, une commune située dans le département de la Haute-Marne, le 7 juillet 1888. À sa naissance, son père, Joseph Théodule, est un homme âgé de 34 ans qui exerce le métier de jardinier. Sa mère, Marie Othélie Robinot, âgée de 29 ans, est sans profession.

De cette union naîtront 7 garçons et une fille. Marie Lucien Joseph sera le second de la fratrie.

Enfant, Joseph grandit dans son petit village natal avec sa demi-sœur, née d’un premier mariage du père, sa sœur et ses frères. Il quitte la communale après avoir obtenu son certificat d’études. Joseph a pu apprendre à soigner et monter les chevaux.

En 1906, Joseph Nancey travaille comme jardinier dans une petite entreprise dirigée par son père, profession qu’il exercera jusqu’à son service militaire.

À l’âge de vingt ans, le jeune homme se présente devant le conseil de révision de Nogent. En parfaite santé, il est automatiquement classé dans la 1ère partie de la liste de l’année 1909.

Affecté au 149e R.I., Joseph Nancey doit rejoindre le régiment qui est caserné à Épinal, le 6 octobre 1909.

Après avoir vécu deux années de vie de soldat, il passe dans la disponibilité de l’armée active le 24 septembre 1911, avec l’obtention du certificat de bonne conduite.

C’est le retour à la vie civile. Il retrouve son emploi de jardinier dans la petite entreprise familiale.

En 1913, Joseph Nancey doit se rendre à la caserne du 149e R.I., pour y effectuer une période d’exercices qui se déroule entre le 20 août et le 20 septembre. Le 24 novembre, il épouse Valentine Ambroisine Didelot. Leur union durera moins d’un an.

La guerre contre l’Allemagne débute dans les tout premiers jours du mois d’août 1914.  Comme des centaines de milliers d’hommes à travers la France, Joseph est rappelé par décret du 1er août. Il doit rejoindre le dépôt du régiment le jour même. Il fera le voyage jusqu’à Épinal, en compagnie de son frère, qui est également mobilisé à la même date. Joseph intègre ensuite la 28e compagnie du dépôt de Langres.

Le soldat Nancey quitte Jorquenay, une annexe du dépôt de Langres, le 23 août 1914.

Il fait partie des effectifs d’un détachement de 250 réservistes qui doit servir à combler les pertes récentes du 149e R.I.. En effet, le régiment a été sérieusement éprouvé durant les combats qui se sont déroulés dans le secteur d’Abreschviller.

Sous l’autorité du capitaine Ravon, le groupe attend le 2e et le 3e bataillon du 149e R.I. qui doivent arriver à Ménil-sur-Belvitte dans la soirée, aux alentours de 20 h 00. Joseph Nancey est affecté à la 10e compagnie.

Il n’a pas vraiment eu le temps de faire véritablement connaissance avec ses camarades fatigués par les épreuves des jours précédents. Le régiment bat en retraite depuis le repli d’Abreschviller. Le soldat Nancey doit rapidement se préparer à combattre. Il ne survit pas au premier engagement qui a lieu trois jours plus tard.

Le nom de Joseph Nancey est inscrit dans la liste des disparus qui se trouve dans le J.M.O. du 149e R.I.. Parmi les autres noms de soldats figurant dans les colonnes, il y a également celui de son frère Paul.

Pour bien comprendre les évènements qui se sont déroulés durant les journées du 25 et du 26 août 1914, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

149e_groupe_de_Soldats

Leur père, Joseph Théodule Nancey, effectuera une recherche auprès du Comité International de la Croix Rouge. L’infime espoir de retrouver un de ses fils vivant restera vain.

Fiche_C

Le décès de Joseph Nancey est officialisé le 22 juin 1920 par le tribunal civil de Chaumont qui valide la date de sa mort au 26 août 1914.

Le soldat Nancey est décoré de la Médaille militaire et de la croix de guerre avec étoile de bronze à titre posthume dans les années vingt.

Joseph Nancey est décédé à l’âge de 26 ans, il n’y a pas de sépulture connue pour cet homme.

Sources :

Le site des archives départementales de la Haute-Marne ainsi que ceux de « Mémoire des hommes », et du Comité International de la Croix Rouge ont été consultés pour réaliser cette petite note biographique.

L’acte de décès de ce soldat m’a été envoyé par la mairie de Poulangy.

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

La photographie représentant un groupe de soldats est antérieure à août 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Haute-Marne, à la mairie de Poulangy et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

11 août 2017

Paul Marie Jules Nancey (1889-1914).

Paul Marie Jules Nancey

Le 25 novembre 1895, Joseph Théodule Nancey, jardinier, épouse en secondes noces, Marie Othélie Robinot dans la commune haut-marnaise de Poulangy. De cette union naîtront 7 garçons et une fille. Paul Marie Jules Nancey, cinquième enfant de la fratrie, naît le 7 août 1889 au  domicile parental.

Paul passe toute son enfance à Poulangy avec sa sœur, sa demi-sœur et ses frères. Il apprend à lire, écrire et compter à l’école communale du village, il sait également monter et soigner les chevaux.

Lorsqu’il est en âge d’aller effectuer ses obligations militaires, il se rend à Nogent pour se présenter devant le conseil de révision. Au moment de son passage devant les médecins militaires, il mesure 1,65 mètre et pèse 60 kg.

Paul Nancey est classé dans la 1ère partie de la liste de l’année 1910.

Il doit se rendre à Épinal, dans une des compagnies du 149e R.I., pour être formé au métier de soldat. Il arrive au corps le 3 octobre 1910. Une fois la conscription terminée, il peut retourner à la vie civile avec l’obtention de  son certificat de bonne conduite. En dehors des périodes d’exercices obligatoires, il espère travailler à  son métier de jardinier, en toute tranquillité, durant de longues années...

Août 1914, les plus jeunes classes des réservistes ont l’obligation de rejoindre au plus vite leur régiment d’affectation. La guerre contre l’Allemagne est inévitable. Paul Nancey réintègre le dépôt du 149e R.I. dès le 1er août 1914, avant même la mobilisation. En effet, le 149e R.I. fait partie des troupes de couverture chargées d’empêcher une brusque attaque ennemie. De ce fait, ses effectifs et son dépôt doivent être mis sur le pied de guerre le plus vite possible, conformément au plan de mobilisation.

Paul Nancey ne fait toutefois pas partie des réservistes partis immédiatement compléter le régiment. Il rejoint le dépôt de Jorquenay situé près de Langres, dépôt qu’il quittera le 14 août. Il a donc bénéficié de quelques jours d’entraînement pour se préparer et se réhabituer à la vie de soldat.

 Il y a de fortes probabilités pour que ce soldat fasse partie des effectifs qui constituent l’un des deux groupes de soldats qui arrivent en renfort le 16 août 1914. L’ensemble de ces hommes est rapidement réparti dans les compagnies du régiment qui ont été les plus éprouvées durant les combats du Renclos-des-Vaches. Paul Nancey est affecté à la 12e compagnie, unité qui se trouve dans le secteur du Haut-de-Steige. Le soir du 17 août, il dort près de Ranrupt.

Le lendemain, une longue marche l’attend.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte 1 journee du 18 aout 1914

Le 19 août sa compagnie arrive à Abrechviller en  début d’après-midi.

Deux jours plus tard, Paul Marie Jules Nancey participe aux combats qui se déroulent au nord de ce village.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

groupe 149e

Il survit à cette première épreuve. Mais très vite la chance va tourner. Son régiment est à nouveau engagé dans des combats qui vont avoir lieu près de Ménil-sur-Belvitte les 25 et 26 août 1914. Les pertes vont être importantes.

Le nom du soldat Nancey figure dans la liste des disparus qui se trouve dans le J.M.O. du 149e R.I.. Parmi les autres soldats inscrits dans les colonnes, il y a son frère Joseph.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

149e_groupe

Leur père, Joseph Théodule Nancey, fait des démarches auprès du Comité International de la  Croix Rouge. Il espère qu’au moins un de ses deux fils est peut-être détenu en Allemagne.

Fiche C

Le décès du Paul Nancey ne sera validé que le 11 mai 1920 par le tribunal civil de Chaumont qui officialisera la date de sa mort au 25 août 1914.

Le soldat Nancey est inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume, dans le J.O. du 4 janvier 1923 « Brave soldat, tombé glorieusement pour la France, le 25 août 1914, à Menil-sur-Belvitte, en faisant courageusement son devoir »

Décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze.

Paul Marie Jules Nancey est resté célibataire. Il n’y a pas de sépulture connue pour ce soldat qui est décédé à l’âge de 25 ans.

Sources :

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du soldat Nancey ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

L’acte de décès de ce soldat m’a été envoyé par la mairie de Poulangy.

Le J.O. du 4 janvier 1923 a été lu sur le site « Gallica ».

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8

La photographie de la plaque émaillée figurant sur le montage a été réalisée par P. Baude.

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Haute-Marne, à la mairie de Poulangy et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

28 juillet 2017

Albert Abel Honiat (1892-1915).

Albert_Abel_Honiat

Louis Honiat, polisseur de profession, est âgé de 28 ans lorsqu’il se rend à la mairie de Nogent-en-Bassigny le dimanche 7 février 1892, pour venir y déclarer la naissance de son fils Albert Abel, né la veille, dans son domicile. La mère, Anne Félicie Sauvage est une femme âgée de 24 ans qui n’exerce pas de profession.

Comme l’indique sa fiche signalétique et des services avec son degré d'instruction de niveau 3, Albert Honiat a certainement obtenu son certificat d'étude. Après sa scolarité, il se fait embaucher à la coutellerie de Nogent-en-Bassigny.

Plusieurs années d’apprentissage lui seront probablement nécessaires avant de pouvoir prétendre au titre de coutelier, profession inscrite dans l’état civil de sa fiche matricule.

L’année de ses vingt ans, il doit se présenter devant le conseil de révision de Nogent-en-Bassigny, comme tous les jeunes gens de sa commune qui sont à un an de leur majorité.

Albert est inscrit sous le n° 34. Fragilisé par des problèmes pulmonaires, à tel point qu'il doit être examiné chez lui, ne pouvant se rendre au conseil de révision. il est classé dans la 5e partie de la liste en 1913.

Un an plus tard, il passe de nouveau devant le conseil de révision qui, cette fois-ci, l’inscrit dans la 2e partie de la liste.

Albert Honiat se retrouve classé dans le service auxiliaire avec le diagnostic médical suivant : développement musculaire insuffisant avec palpitations.

Le 30 octobre 1914, la commission spéciale de réforme de Langres le déclare « bon pour le service armé ».

Le soldat Honiat doit rejoindre, à compter du 8 novembre 1914, une unité combattante. Il se présente à l’entrée de la caserne du 149e R.I. quatre jours plus tard. Après une brève formation qui l’initie au maniement des armes et à la rude discipline militaire, il rejoint le front le 9 mars 1915. Son régiment combat depuis plusieurs semaines dans un secteur particulièrement exposé, du côté d’Aix-Noulette, un petit village situé dans le Pas-de-Calais. Albert Honiat intègre la 2e compagnie.

Il n’aura pas la « chance » de devenir un soldat aguerri, d’être un « ancien » aux multiples brisques cousues sur sa vareuse. Le 11 mai 1915, sa compagnie perd beaucoup d’hommes. Albert Honiat fait partie des soldats qui seront tués à cette date.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Photo_du_bois_5

Les soldats Louis Vittel et Émile Michel sont les deux témoins qui confirment son décès. Le corps de cet homme n’a pas été retrouvé. Il y a de fortes probabilités pour qu’il repose actuellement dans un des ossuaires de la plus grande nécropole de France, à Notre-Dame-de-Lorette.

Albert Honiat a été décoré de la Médaille militaire et de la croix de guerre avec étoile de bronze à titre posthume.

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la ville de Poulangy.

Ce jeune homme ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

 La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance de ce soldat ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

L’acte de décès d’Albert Abel Hoinat m’a été envoyé par la mairie de Poulangy.

Le site « GénéaNetWeb » a également été consulté.

La photographie de la plaque émaillée figurant sur le montage a été réalisée par P. Baude.

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Haute-Marne et la mairie de Poulangy.  

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