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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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19 janvier 2018

Maurice Charles Jean Blot (1895-1917)

Maurice_Charles_Jean_Blot

 

Le 25 octobre 1895, Fréderic Isnard, adjoint délégué au maire de la ville d’Antibes, reçoit François Jules Blot, un jardinier âgé de 22 ans qui vient déclarer la naissance de son fils prénommé Maurice Charles Jean, né la veille. La mère du nouveau-né, Constance Clémentine Sainton, est âgée de 21 ans. Elle n’exerce pas de profession.

 

Le couple, d’origine parisienne, s’est marié le 25 septembre 1894 dans le XIe arrondissement. La raison de leur départ de la capitale pour venir s’installer en bordure de Méditerranée n’est pas connue. Peut-être une opportunité professionnelle ?

 

Très rapidement, la famille Blot retourne vivre à Paris. Elle s’installe dans le XIIe arrondissement. Georges Charles Alexandre naît le 30 juillet 1898 et Jeanne Eugénie le 19 février 1903 ; le premier au 15 passage du Génie, la seconde au 32 rue Montgallet.

 

Genealogie_Maurice_Charles_Jean_Blot

 

Maurice Blot fait des études secondaires au lycée Saint-Jean de Passy. Il obtient son baccalauréat sciences-langues et mathématiques.

 

Souhaitant faire une carrière militaire, Maurice prépare assidûment l’examen d’entrée de l’école de Saint-Cyr, espérant devenir un jour officier. Les évènements internationaux, qui vont précipiter la France dans un épouvantable conflit mondial, mettent fin à cette ambition.

 

C’est comme simple soldat appelé de la classe 1915, déclaré « bon pour le service », qu’il intègre l’armée le 19 décembre 1914. Le lendemain, il est à Épinal pour prendre place dans une des chambrées de la caserne du170e R.I..

 

Très rapidement, il gravit les échelons hiérarchiques. Le 15 avril 1915, Maurice Blot est directement nommé aspirant. Cette subite montée en grade est probablement due au fait qu’il a en sa possession un très bon bagage scolaire.

 

Le 23, il est affecté au 149e R.I., l’Aspirant Blot n’a que la Moselle et quelques rues à traverser pour rejoindre son nouveau dépôt qui se trouve également à Épinal.

 

Le 1er mai, le jeune sous-officier intègre la 33e compagnie du  9e bataillon du régiment, avant d’être affecté à la 8e compagnie quinze jours plus tard.

 

À cette période de l’année, le 149e R.I. combat en Artois depuis plusieurs mois, dans un secteur régulièrement exposé à de violentes attaques déclenchées alternativement par les deux belligérants.

 

Le 18 juillet 1915, Maurice Blot est blessé devant Angres. Le médecin du poste de secours constate plusieurs plaies à la tête. Maurice souffre également de surdité. Ce traumatisme est probablement lié à l’onde de choc produite par un obus explosant près de lui.

 

La remise en condition « combattante » de ce sous-officier demande plusieurs semaines.

 

Ce n’est que le 8 octobre 1915 qu’il rejoint son ancienne compagnie. Le 12 février 1916, l’aspirant Blot est muté à la 9e compagnie du régiment.

 

À l’aube de la 2e décade du mois avril 1916, le 149e R.I. est très carencé en officiers. Nous sommes à peine à quelques jours du 2e engagement d’une partie du régiment dans les combats de 1ère ligne, dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup, près de Verdun. Maurice Blot est nommé sous-lieutenant d’active à titre temporaire le 9 avril 1916. Cet officier retrouve la 8e compagnie.

 

Un peu plus tard, il envoie les lignes suivantes aux siens : « Depuis deux mois que nous sommes dans ce secteur, jamais je n’ai vu pareille chose. L’artillerie ennemie, surtout à Douaumont et à Vaux, arrosait et balayait tout ; jamais les Allemands n’ont mis en œuvre tant de forces et tant de matériel ; mais, devant eux se dressaient, impassibles, les belles figures de nos soldats. Après le recul forcé jusqu’au bord de la Meuse, ils ont attendu l’ennemi, pour lui faire subir des pertes effroyables. Mon régiment a eu l’insigne honneur de reprendre deux fois le village de Vaux. C’était magnifique, mais quelle hécatombe ! »

 

Mi-avril, le 149e R.I. quitte la Meuse. Après avoir bénéficié d’une brève période de repos à Landrecourt, le régiment doit rejoindre la Champagne pour venir occuper un secteur situé entre les buttes de Tahure et de Mesnil, près des Deux- Mamelles.

 

Le capitaine adjoint major du 2e bataillon du 149e R.I. rédige la petite note suivante le 13 mai 1916 :

 

« Le sous-lieutenant Blot est un très bon officier, très intelligent, sérieux, plein de zèle et de bonne volonté. Officier très discipliné, ayant une haute conception de ses devoirs militaires. Très belle tenue devant la troupe. Bonne aptitude au commandement. Excellente instruction générale. Bonne instruction militaire. Très estimé de ses chefs, est susceptible, avec un petit peu de pratique, de produire de très brillants résultats. »

 

Du 7 au 16 mai 1916, le sous-lieutenant Blot effectue un stage au centre d’instruction des grenadiers à Châlons-sur-Marne, avant d’être détaché à l’école divisionnaire des grenadiers de la 43e D.I. entre le 26 mai et le 2 juin 1916. Il réintègre son régiment en suivant.

 

Le 9 juillet 1916, Marcel Blot est de nouveau blessé ; il vient de participer à un important coup de main, mené par plusieurs groupes de grenadiers du 149e R.I.. Touché au bras et au visage par des éclats d’obus et de grenades, il est, pour la seconde fois, évacué vers l’arrière pour être hospitalisé durant plusieurs semaines.

 

Les fonctions occupées par cet officier à son retour au régiment ne sont pas très précises. Des états de service datant du 5 mars 1917 nous indiquent qu’il fut désigné pour assurer la charge de sous-lieutenant porte-drapeau du régiment à partir du 30 septembre 1917, avant de passer à la 5e compagnie le 6 novembre 1917. Sur son feuillet individuel de campagne, il est écrit qu’il rejoint la 5e compagnie du régiment le 19 septembre 1917. Son affectation comme sous-lieutenant porte-drapeau y est bien mentionnée, mais celle-ci est rayée. Son livret matricule d’officier ne fait pas état de cette période.

 

Durant le premier 1er semestre de l’année 1917,  le sous-lieutenant Blot accomplit plusieurs stages. Le premier qui se déroule entre le 10 et 18 janvier lui permet de faire connaissance avec le fusil mitrailleur. Le second, qui a lieu entre le 12 et le 26 mars, il le passe à comprendre le fonctionnement du canon de 37 mm. Le troisième stage, qui est effectué du 19 au 26 avril 1917, lui apprend à maîtriser le fusil R.S.C..

Marcel Blot bénéficie d’une permission du 10 au 17 juillet 1917. Il retrouve la 5e compagnie lorsqu’il revient au régiment.

 

Peu de temps avant la bataille de la Malmaison, le lieutenant Auvert prend le commandement de cette unité qui vient d’être désignée compagnie de nettoyeurs de tranchées. C’est au cours de cette attaque qui se déclenche le 23 octobre 1917 que le sous-lieutenant Blot est grièvement blessé. Sa hanche droite est perforée par plusieurs éclats d’obus.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

 

Les tentatives réalisées par les chirurgiens de l’hôpital d’évacuation n° 18 de Couvrelles, pour le sauver, échouent. Il décède tard dans la nuit du 23 octobre 1917, seulement quelques heures avant de fêter son 22e anniversaire.

 

Le sous-lieutenant Blot est enterré dans un premier temps dans le cimetière militaire attenant à l’hôpital.

 

Le 22 octobre 1923, son corps est exhumé pour être placé dans le carré C du  cimetière militaire de Vauxbuin, sous une nouvelle croix qui porte le n° 436.

 

 

Le sous-lieutenant Blot a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 48 en date du 25 mars 1916 :

« A fait preuve, dans tous les combats, d’une belle insouciance, donnant à tous l’exemple du calme et du sang-froid. Une blessure. »

 

Citation à l’ordre de la IVe Armée n° 609 en date du 24 juillet 1916 : (Publication dans le J.O. du 6 mars 1915).

 

« Brave officier de grenadiers. Le 9 juillet 1916, a entraîné avec beaucoup de courage le groupe de grenadiers qui lui était confié. S’est jeté sur un petit poste ennemi pour le faire prisonnier. Blessé de nombreux éclats par une grenade, tue un de ses adversaires d’un coup de révolver et saute dans le poste. »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 543 en date du 11 décembre 1917. (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

 

« Jeune officier, d’une bravoure, d’une énergie et d’un entrain remarquables. Commandant une section de nettoyeurs de tranchées à l’attaque de la Malmaison, a brillamment entraîné ses hommes, réduisant plusieurs nids de mitrailleuses. A été mortellement blessé dans l’exécution de sa mission.  Plusieurs fois blessé et cité déjà. »

 

Une famille de récipiendaires :

 

Cet officier a également été décoré de la Légion d’honneur à titre posthume. (Publication dans le J.O. du 26 décembre 1919).

 

En marge de la recherche :

 

À l'occasion de la recherche sur Maurice Blot, j'ai découvert que son père et son frère étaient également récipiendaires de la Légion d'honneur.

 

Le père, François Jules Blot, qui a commencé sa carrière comme simple jardinier est devenu producteur de graines de semences, dirigeant la maison Vilmorin-Andrieux.

 

Il est membre honoraire ou membre actif de plusieurs associations importantes dans le domaine agricole et il travaille comme rédacteur dans divers journaux horticoles et agricoles. Il est décoré de la Légion d’honneur.

 

Pour en savoir plus sur François Jules Blot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

Devançant l’appel de sa classe, son frère, Georges Charles Alexandre Blot, signe un contrat d’engagé volontaire avec l’armée, le 25 juillet 1916.

 

Il termine la guerre comme sous-lieutenant au 12e régiment d’artillerie. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par arrêté du 16 mars 1921 rendu sur le rapport du ministre de la guerre. Georges Blot est ensuite promu au grade d’officier de la Légion d’honneur par décret du 5 septembre 1949 rendu sous le rapport du ministre des finances et des affaires économiques.

 

Pour en savoir plus sur Georges Charles Alexandre Blot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

La famille Blot repose dans un caveau familial qui se trouve dans le cimetière de Bercy.

 

Sepulture_famille_Blot

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Base Léonore.

 

Les recherches effectuées sur le site des archives de Paris ont permis de retrouver une grande partie des actes d’état civil des parents et de la fratrie de Maurice Charles Jean Blot. Cette fratrie est peut-être incomplète.

 

« Livre d’or de Passy, à la mémoire des professeurs et des anciens élèves du pensionnat de Passy morts pour la patrie ». Typographie Firmin-Didot et Cie. Mesnil-sur-l’Estrée (Eure). 1922.

 

La photographie de la sépulture de Maurice Blot a été réalisée par J. Baptiste.

 

Le cliché de la tombe de la famille Blot a été trouvé sur le site de Généanet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à J. Baptiste, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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