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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 novembre 2019

Gustave Henri Colazet (1882-1915)

Gustave_Henri_Colazet

 

Gustave Henri Colazet voit le jour le 14 août 1882 à Romeyer dans le département de la Drôme. Son père, qui se prénomme Jean Marie, exerce le métier de garde forestier. Sa mère, Marie Adélaïde Tholozan complète le revenu du couple avec son salaire de ménagère tout en élevant un premier enfant, né en 1878. Les parents sont respectivement âgés de 41 et de 28 ans à la naissance de Gustave.

 

 

La fiche signalétique et des services de Gustave Colazet, accessible sur le site des archives départementales de la Drôme, nous informe qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il fut employé comme garçon pharmacien.

 

Il a probablement peu de considération pour cette profession qui ne lui offre pas un avenir intéressant. L’année de ses 19 ans, il va à la mairie de Die pour y signer un engagement volontaire de 4 ans, après avoir obtenu l’accord paternel.

 

Le jeune Romeyais choisit l’infanterie. Une fois descendu l’escalier de la gare de Bourgoin, il se rend directement à la caserne du 22e R.I. pour y prendre ses quartiers. Nous sommes le 30 septembre 1901. C’est dans ce régiment qu’il a souhaité être formé au métier des armes.

 

Camp_de_Sathonay

 

Indépendamment de son installation dans la petite ville de l’Isère, le 22e R.I. possède également des bâtiments qui hébergent deux de ses bataillons au camp de Sathonay, à quelque 53 kilomètres, au nord de Lyon.

 

Le capitaine responsable de la compagnie du soldat Colazet inscrit ce dernier au peloton des élèves caporaux l’année suivante. Gustave est autorisé à porter les galons de laine rouge à compter du 23 août 1902.

 

Le 24 février 1903, il est nommé sergent.

 

Ses conditions de vie de sous-officier lui conviennent parfaitement. Ne souhaitant pas retourner à la vie civile, il prend, quelques mois avant la fin de son contrat, la décision de poursuivre sa carrière militaire. Le 17 mars 1905, Gustave Colazet signe un nouvel engagement de trois ans qui doit prendre effet à compter du 28 septembre.

 

Un deuxième rengagement de durée équivalente est enregistré à la date du 18 août 1908. Un troisième contrat de 5 ans est ratifié le 4 août 1911.

 

Gustave fait la connaissance de Marie Augustine Jeanne Mercier, une jeune femme originaire de Mâcon. Le 20 janvier 1912, les futurs mariés célèbrent leur union dans la petite commune de Domarin, après avoir obtenu l’autorisation du conseil d’administration du 22e R.I..

 

Gustave Colazet est promu adjudant cinq mois plus tard. Cela fait maintenant presque douze ans qu’il a revêtu sa tenue de soldat pour la première fois.

 

Les Colazet donnent vie à un premier enfant. Paul Maurice naît le 16 mars 1913.

 

Les menaces de guerre contre l’Allemagne ne sont pas encore d’actualité et personne ne s’imagine qu’un évènement mondial, catastrophique pour l’humanité, va débuter l’année suivante.

 

Juillet 1914 : il faut se rendre à l’évidence, le conflit armé contre l’ancien ennemi de 1870 ne peut plus être évité. La France décrète la mobilisation générale le 1er août 1914. Les premiers réservistes du 22e R.I. affluent à la caserne dès le lendemain.

 

Les portions principales du régiment, installées au camp de Sathonay, prennent le train pour rejoindre Bourgoin le 2 août.

 

Six jours plus tard, le 22e R.I. est au complet. Il lui faut maintenant gagner ses cantonnements de concentration dans la vallée de la Moselle. Les hommes s’installent dans les villages de Jarménil et d’Eloyes en attendant de rejoindre la frontière alsacienne.

 

Gustave Colazet survit à toutes les épreuves subies par sa compagnie durant les semaines suivantes.

 

Septembre 1914 : son régiment est dans la Somme. Le 22e R.I. reçoit l’ordre de prendre le village de Foucaucourt. Les combats sont violents. Les pertes en officiers sont importantes. Gustave Colazet est nommé adjudant-chef le 30 septembre 1914. Il est maintenant responsable d’une section de compagnie.

 

Quelques semaines auparavant, l’adjudant Colazet est devenu père pour la seconde fois. Combien de temps cette nouvelle mit-elle pour lui parvenir dans cette période chaotique ?

 

Le 28 novembre, le 1er bataillon du régiment, commandé par le chef de bataillon Quinat, participe à une offensive qui doit permettre la prise des villages de Fay et de Dompierre. Gustave est blessé au cours de cette attaque.

 

Une double plaie par balle à la fesse gauche le fait évacuer vers l’arrière.

 

Une fois remis de ses blessures, il rejoint le dépôt du 22e R.I. où ses qualités furent reconnues suffisantes pour être nommé officier. Il est impossible de savoir à quel moment il passa l’examen de chef de section, avant-guerre ou pendant ce passage au dépôt. Gustave, nommé sous-lieutenant le 11 mai 1915, attend son affectation. Il finit par rejoindre le 149e R.I. le 26 juin 1915.

 

Le lieutenant-colonel Gothié l’envoie aussitôt à la 12e compagnie de son régiment. 

 

Le sous-lieutenant Colazet participe à toutes les opérations menées par sa compagnie jusqu’à la date du 26 septembre 1915.

 

Ce jour-là, son régiment, qui était en réserve de division, se retrouve engagé dans une offensive qui a débuté la veille. Toutes les unités de la 43e D.I. sont impliquées dans cette mission. Il faut absolument prendre le bois en Hache. Le sous-lieutenant Colazet ne verra pas grandir ses enfants, il est tué en cours d’attaque.  

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 26 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_2_journ_e_du_26_au_27_septembre_1915

 

Le 28 octobre 1915, le plus haut gradé du régiment, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci : «Excellent officier sous tous les rapports, venu des adjudants-chefs du 22e R.I.. Sérieux, calme et énergique, intelligent et dévoué, très courageux, vient d’être tué au combat du 26 septembre 1915 où il s’est signalé par sa belle conduite. »

 

L’acte de décès officiel de cet officier est envoyé à la mairie de Domarin le 24 mars 1916.

 

Le sous-lieutenant Colazet a obtenu sa croix de guerre avec palme à titre posthume. Il fut cité à l’ordre n°121 de la 10e armée le 21 octobre 1915 avec la mention suivante :

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué en entraînant sa section à l’attaque d’une position ennemie, sous un feu violent de mitrailleuses. Officier d’une grande bravoure, blessé déjà grièvement au cours de la campagne.»

 

Gustave Colazet est actuellement inhumé dans le carré militaire du cimetière communal de Sains-en-Gohelle en Artois. Sa sépulture porte le n° 45.

 

 

Le nom de cet officier est gravé sur le monument aux morts de la commune de Domarin.

 

Le 25 septembre 1920, son épouse, Marie Augustine Jeanne Mercier, s’est remariée avec Louis Rigolet à Bourgoin. 

 

Dans l’état actuel des archives qui se trouvent en ligne, il est impossible de savoir ce que sont devenus les enfants nés du couple Colazet.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Historique du 22e R.I.. Texte rédigé par le capitaine M. Albert. Lyon, Imprimeries réunies. 1920. B.D.I.C. de Nanterre. 

 

La fiche signalétique et des services de cet officier a été lue sur le site des archives du département de la Drôme.

 

Le portrait du sous-lieutenant Colazet provient de la revue « illustration » de 1915-1919.

 

La photographie de sa sépulture a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 novembre 2019

Jean Charles Magne (1895-1915).

Jean Charles Magne

 

Natif de la ville de Paris, Jean Charles Magne voit le jour le 13 mai 1895. Son père, Charles Arthur, travaille comme ingénieur électricien. Il est âgé de cinquante ans. Sa mère, Pauline Virginie Pinault, n’exerce pas de profession. Elle a 23 ans. Le couple parental vit en union libre dans un appartement situé au numéro 46 de la rue Pigalle.

 

Deux jours après la naissance de Jean Charles, les négociants Albert Bertin et Nicolas Dondelinger accompagnent le père à la mairie du 9e arrondissement pour faire enregistrer le nom du nouveau-né sur le registre d’état civil.

 

Une mention rédigée en marge de l’acte de naissance de Jean Charles indique que la mère ne reconnaît officiellement son enfant qu’à la date du 18 août 1898.

 

Ce n’est que le 13 décembre 1900 que Charles Arthur et Pauline Virginie décident d’officialiser leur union en allant se présenter devant l’officier d’état civil de l’Hôtel de Ville du 1er arrondissement de la capitale.

 

À cette époque, la famille Magne est installée au n° 10 de la rue des Pyramides.

 

Quelques années plus tard, Jean Charles quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter. Il semble qu’il ait poursuivi ses études encore quelque temps comme il est stipulé sur sa fiche signalétique et des services qui lui donne le statut d’étudiant dans l’intitulé « profession ».

 

Cinq mois après avoir fêté ses 18 ans, Jean Charles Magne signe un engagement volontaire de trois ans avec l’armée.

 

Pour valider ce contrat, il a dû obtenir l’autorisation parentale, avant de se rendre à la mairie du 16e arrondissement le 14 octobre 1913.

 

Le fait de s’engager volontairement lui permet de choisir l’arme dans laquelle il souhaite servir.

 

Optant pour la cavalerie, il doit se rendre dans la ville de Melun pour intégrer les effectifs du 13e régiment de dragons, dès le lendemain de sa signature. Le jeune homme peut maintenant être formé à l’équitation militaire.

 

Jean Charles Magne est nommé brigadier le 16 mai 1914 puis maréchal des logis le 17 octobre de la même année.

 

C’est à cheval qu’il débute le conflit contre l’Allemagne en août 1914. Les missions de la cavalerie n’étant plus d’actualité, certains régiments furent transformés en unités pédestres. On y chercha, chez les sous-officiers, un vivier de volontaires pour devenir sous-lieutenants d’infanterie. Ce fut le cas du maréchal des logis Magne qui fut promu le 16 juin 1915.

 

Ce changement de statut le fait muter à la 2e compagnie du 149e R.I., un corps de troupe qui se bat en Artois. Le tout nouvel officier arrive sur la ligne de front occupée par le régiment, le 19 juin 1915.

 

L’unité spinalienne a perdu de nombreux cadres durant les attaques qui ont été menées au cours des jours précédant son arrivée.

 

À partir de cet instant, le sous-lieutenant Magne participe à toutes les opérations dans lesquelles sa compagnie est impliquée.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. est concerné par une opération de grande envergure. L’engagement complet de la 43e D.I. doit permettre la prise du bois en Hache, situé au sud de la commune d’Angres. Les combats sont rudes.

 

Le lendemain, l’attaque reprend sous un puissant feu d'artillerie. C’est au cours de cette journée, aux alentours de midi, que Jean Charles Magne trouve la mort. Le jeune homme de vingt ans est tué en allant porter secours à un de ses hommes qui venait tout juste d’être grièvement blessé.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse, officier d’état civil du 149e R.I., officialise le décès du sous-lieutenant Magne le 4 octobre 1915.

 

Le capitaine Toussaint, qui commande la 2e compagnie, et le sergent fourrier Louis Bergeron ont témoigné de l’évènement.

 

Le 28 octobre 1915, le lieutenant-colonel Gothié,  responsable du 149e R.I. écrit ceci dans le feuillet individuel de campagne : « Jeune officier provenant des sous-officiers de cavalerie, plein de vigueur et d’entrain, courageux et même téméraire, demandant toujours à remplir les missions les plus difficiles. Cité à l’ordre de son ancienne division pour sa belle conduite. Vient d’être tué à l’attaque du 26 septembre devant Angres, proposé pour une citation. »

 

L’acte de décès de cet officier est transcrit à la mairie du 16e arrondissement de Paris le 31 décembre 1915.

 

Jean Charles Magne ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il n’y a pas de sépulture connue.

 

Le sous-lieutenant Jean Charles Magne a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la division n° 15 :

 

« Sous-officier d’un courage remarquable, d’un dévouement absolu. N’a pas hésité à aller rechercher et à rapporter le corps d’un officier tué et resté dans la zone dangereuse. »

 

Citation à l’ordre de la 10e armée n°121 en date du 21 octobre 1915 :

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, au cours d’un violent bombardement, s’est porté en dehors de son abri, pour aller secourir un de ses hommes grièvement blessé. A été tué pendant l’accomplissement de cet acte de dévouement ; a constamment fait preuve du plus grand courage, s’offrant à effectuer lui-même les reconnaissances les plus dangereuses. »

 

Le nom de cet officier est inscrit sur une des plaques commémoratives fixées sur le mur d’enceinte du cimetière parisien du Père Lachaise, côté du boulevard Ménilmontant.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le site des archives départementales de la ville de Paris a également été lu.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 novembre 2019

Gaston Eugène Émile Relu (1886-1915)

Gaston Eugene Emile Relu

 

Originaire de la Seine-et-Marne, Gaston Eugène Émile Relu naît le 1er juillet 1886 aux Courreaux, un hameau administrativement rattaché à la mairie de Forges.

 

Son père, Eugène Alexandre, travaille comme jardinier. Sa mère, Adèle Eulalie Marteaux, sans profession, a déjà donné vie à un garçon qui n’a pas survécu. Il décéde chez sa nourrice à l’âge de un mois.

 

Les parents sont tous deux âgés de 26 ans à la naissance de Gaston. Une petite sœur, prénommée Blanche Eugénie voit le jour le 30 août 1887.

 

 

Un drame familial marque à tout jamais Blanche et Gaston. Le 11 novembre 1891, sous l’emprise de l’alcool, le père abat leur mère d’un coup de fusil. Les enfants sont respectivement âgés de 4 et 5 ans.

 

Eugène Alexandre craignait que son épouse ne le dénonce comme incendiaire dans le cadre d’un sinistre allumé par ses soins en décembre 1890. En effet, il avait mis le feu à un édifice lui appartenant pour escroquer son assurance, la compagnie l’Aigle.

 

Cet homme violent et très gros buveur était craint de beaucoup au village. Tout au long de son procès, il n’a pas exprimé un seul regret concernant l’acte qu’il a commis. Après délibération, le jury, réuni à la cour d’assises de Melun, lui refuse toutes circonstances atténuantes.

 

Le 5 février 1892, le verdict tombe, il est condamné à mort. Le père de Gaston échappe de peu à « la veuve » de Deibler.

 

Eugène Alexandre Relu obtient la grâce présidentielle signée par Sadi Carnot le 26 mars. Il voit ainsi sa peine initiale commuée en celle de travaux forcés à perpétuité.

 

Ce changement de condamnation l’oblige à quitter la centrale de Melun pour rejoindre la Charente-Inférieure.

 

Le 28 avril 1892, Eugène Alexandre Relu est écroué au dépôt de Saint-Martin-de-Ré, dans l’attente de son départ pour la Guyane.

 

Le 8 octobre, il embarque sur le « ville de Saint-Nazaire », un paquebot spécialement affrété par l’état et qui a pour mission de transporter les forçats de l’autre côté de l’Atlantique. Eugène Alexandre Relu décède au bagne le 4 avril 1906.

 

La petite Blanche fut un temps recueillie par ses grands-parents paternels. Dans l’état actuel des recherches, Il est impossible de savoir ce qu’il est advenu des enfants Relu après l’assassinat de leur mère.

 

Nous retrouvons Gaston quelques années plus tard.

 

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 ; ce qui veut dire qu’il a appris à lire, à écrire et à compter. Cette fiche nous indique également qu’il a travaillé comme épicier à Asnières.

 

Très rapidement il occupe un poste de chef du personnel dans une maison d’alimentation qui emploie une quarantaine de salariés.

 

L’année de ses vingt ans, Gaston doit penser à ses obligations militaires. Soldat de la classe 1906 de la subdivision de Fontainebleau, il se voit ajourné par le conseil de révision. Il devra se représenter devant les instances militaires dans un an. Cette fois-ci il est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Le 6 octobre 1907, il est incorporé au 4e R.I., une unité qui est en garnison à Auxerre.

 

Ayant l’habitude de diriger une équipe, le soldat Relu est proposé pour suivre les cours de l’école des caporaux à la caserne Vauban. Cette formation lui permet d’être nommé dans ce grade le 26 septembre 1909.

 

Son service militaire prend fin lorsqu’il est envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1910. Six jours plus tard, il est inscrit dans la réserve du régiment.

 

De retour à la vie civile avec son certificat de bonne conduite, il retrouve sa place de chef du personnel.

 

Gaston accomplit sa 1ère période d’exercice entre le 29 août et le 20 septembre 1912 dans son ancien régiment.

 

Il est par la suite rattaché à la réserve du 46e R.I. de Fontainebleau.

 

Gaston Relu trouve un nouvel emploi. Il devient gérant du magasin de vente Plouvier, une entreprise commerciale placée au n°15bis du boulevard Saint-Denis dans le 2e arrondissement de la ville de Paris.

 

Lorsque l’ordre de mobilisation générale est décrété le 1er août 1914 et après relecture de son livret militaire, l’ancien épicier sait qu’il dispose de quatre jours pour rejoindre son régiment, le 246e R.I..

 

Nommé sergent le 14 novembre 1914, il occupe les fonctions de ce grade jusqu’au 16 décembre 1914, date de sa blessure, dans le secteur de Crouy.

 

Touché par une balle au cuir chevelu, il est évacué vers l’arrière. Le 22 décembre, le sergent Relu entre à l’hôpital auxiliaire n°77, 145 avenue Parmentier à Paris, pour en sortir le 27 janvier 1915.

 

Il est fort probable qu'il a suivi les cours de chef de section lorsqu’il  s’est retrouvé, après son séjour à l’hôpital, au dépôt de Fontainebleau à la 27e compagnie du 46e R.I..

 

C’est au cours de cette période qu’il fait une demande écrite pour être nommé officier. Gaston n’a aucune difficulté pour obtenir l’avis favorable de ses supérieurs.

 

Le 27 juin 1915 il devient sous-lieutenant à titre temporaire avec une nouvelle affectation à la clé. Il vient de recevoir l’ordre de rejoindre le 149e R.I., une unité qui combat en Artois depuis plusieurs mois. Arrivé sur le front le 22 août 1915, il est affecté à la 7e compagnie du régiment, mis sous les ordres directs du capitaine Guilleminot.

 

Le sous-lieutenant Relu participe à toutes les missions qui sont demandées à sa compagnie jusqu’au 26 septembre 1915.

 

Ce jour-là, le 149e R.I. est engagé dans une vaste offensive commencée la veille.

 

Une série d’attaques menées par toutes les unités de la 43e D.I. doit permettre la prise du bois en Hache. Le sous-lieutenant Relu est tué au cours d’une sortie de sa section dans le no man’s land.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journee du 26 au 27 septembre 1915n(2e partie)

 

Le corps de Gaston ne fut pas retrouvé après les attaques de septembre. Le 6 octobre 1915, un acte de disparition officiel est signé par le sous-lieutenant Mortemard de Boisse, l’officier responsable de l’état civil. Il n’a pas été possible de trouver les deux témoins nécessaires à la validation du décès d’un homme abattu durant un combat. Seul l’aspirant Maginot affirme l’avoir vu tomber. Mais, ayant été blessé lui-même, il lui fut impossible d’en savoir davantage.

 

Quelques semaines après la mort du sous-lieutenant, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci dans le feuillet du personnel : « Ancien sous-officier dans la réserve, a gagné ses galons sur le champ de bataille. Excellent chef de section, énergique, et dévoué. A été tué le 26 septembre 1915 devant Angres en entraînant sa section à l’assaut. »

 

Le décès du sous-lieutenant Relu est validé le 4 avril 1918, suite à une décision prise par le tribunal civil de la Seine qui le déclare officiellement « mort pour la France » à la date du 26 septembre 1915, jour de sa disparition.

Gaston Relu a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 55e division n° 34 (texte non connu).

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 121 en date du 21 octobre 1915.

 

« Officier brave, énergique et plein d’entrain. Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué en entraînant brillamment sa section à l’attaque des tranchées allemandes sous une fusillade et un bombardement des plus violents. »

 

Gaston Relu ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Monument aux morts et plaque commemorative de la commune de Forges

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative placée à l’intérieur de la petite église de Saint-Baudèle de la commune de Forges.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Registre matricule et registres de recensement lus sur le site des archives du département de la Seine-et-Marne.

 

Article de presse publié dans le journal « La Justice » du 6 février 1892.

 

Article de presse publié dans le journal «  La Liberté » du 7 février 1892.

 

Base de données des dossiers individuels de condamnés au bagne lisible sur le site des archives nationales d’outre-mer.

 

Les photographies du monument aux morts et de la plaque commémorative de l’église de Forges proviennent du site « MémorialGenWeb » »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à H. Dropsy, à M. Porcher, à S. Protois et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

1 novembre 2019

Charles Justin Damideau (1879-1915)

Charles Justin Damideau

 

Charles Justin Damideau voit le jour le 3 décembre 1879 à Trémonzey, une commune située au sud du département des Vosges, à la frontière de la Haute-Saône. Ce jour-là, sa mère, Marie Anne Catherine Royer, accouche de jumeaux, le second fut prénommé François Henri. Cette femme élève déjà trois enfants, deux garçons et une fille. Elle a également donné vie à un garçon qui n'a pas survécu à sa première année.

 

Le père, Charles Del Joseph, travaille comme manœuvre. Les parents sont tous deux âgés de 34 ans lorsque les actes de naissance sont enregistrés à la mairie de Trémonzey.

 

Le 31 janvier 1885, l’unique fille de la fratrie, Marie Berthe, décède à l’âge de 12 ans. Charles Justin et François Henri ont fêté leur 6e anniversaire quelques semaines auparavant.

 

Le frère aîné, Henri François, a plusieurs fois affaire à la justice. Celle-ci le condamne à trois reprises à des peines de prison pour des faits de violence. Le moment venu des obligations militaires, Henri François ne se présente pas devant le conseil de révision qui le déclare d’office bon pour le service armé. Envoyé au Tonkin, il y meurt à l’âge de 22 ans. Charles Justin et François Henri ont 9 ans.

 

Le second, Luc Joseph, est condamné à deux mois de prison pour filouterie d’aliments par le tribunal correctionnel de Versailles, en février 1896.

 

Charles Justin et François Henri quittent l’école communale en sachant lire, écrire et compter comme le confirment leurs fiches signalétiques et des services avec leur degré d’instruction de niveau 3. 

 

L’heure de porter l’uniforme approche pour les jumeaux en 1899. Le tirage au sort, qui définit le nombre d’années à passer sous les drapeaux, est moins favorable pour Charles. Avec sa boule n° 93, il en prend pour trois ans. Son frère est beaucoup plus « chanceux » avec son n° 38, il pourra retourner à la vie civile au bout d’une année de service actif.

 

Le 14 novembre 1900, François Henri est incorporé au 109e R.I., une unité qui possède son dépôt dans la ville de Chaumont. Deux jours plus tard, c’est au tour de Charles de se présenter devant le portail de la caserne. Il s’est rendu à Belfort pour rejoindre les effectifs du 35e R.I.. C’est probablement la première grande séparation pour les deux frères.

 

Charles Damideau a l’opportunité de suivre les cours de l’école des caporaux durant sa longue période de service. Il est nommé dans ce grade le 4 juin 1901. Le 8 décembre, il obtient l’autorisation de coudre ses sardines de sergent sur sa tenue militaire.

 

Est-ce à cette période qu’un tatoueur lui a encré un lion entouré de laurier sur l’avant-bras droit ?

 

Le 16 septembre 1903, le jeune homme est envoyé dans la disponibilité. Il repart aussitôt vivre dans son village natal. Mais l’ancien sergent ne s’adapte pas à cette nouvelle existence. Moins d’un an après avoir clôturé ses trois années de service, il se présente devant le sous-intendant militaire d’Épinal avec un formulaire de rengagement dûment rempli. Cet acte, signé pour une durée d’un an, prend effet à compter du 8 août 1904.

 

Cette fois-ci, il a la possibilité de choisir son unité d’affectation. Charles Damideau intègre une des compagnies du 4e bataillon du 149e R.I.. Il retrouve ainsi son quotidien de sous-officier qui semblait tant lui manquer. Les contrats vont se succéder.

 

Le 8 août 1904, Charles est envoyé à la 12e compagnie du régiment.

 

Un second rengagement de deux ans, prenant effet à la date anniversaire d’échéance du premier, est enregistré dès le 28 octobre 1904.

 

Le 10 novembre, Charles apprend qu’il est affecté  à la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Le sergent Damideau entre dans la catégorie des sous-officiers rengagés avec prime à partir du 12 avril 1905. En février 1907, il reçoit l’ordre de rejoindre la 4e compagnie du régiment.

 

Un troisième contrat de quatre ans est validé le 5 juin 1907.

 

Charles Damideau exerce les tâches de sergent-fourrier entre le 30 septembre 1907 et le 27 janvier 1909. Il quitte les écritures et les chiffres pour retrouver son rôle de chef d’escouades aussitôt après cette date.

 

Le 11 décembre 1910, il retrouve les fonctions de « plume et d’encrier » en étant sergent-major.

 

Un quatrième rengagement de trois ans voit le jour le 4 août 1911. Le 19 juin 1914, Charles signe de nouveau pour deux années et deux semaines.

 

Le sergent-major Damideau est promu adjudant le 1er juillet 1913.

 

Le 10 février de l’année suivante, il épouse Marie Jeanne Louise Hayotte à Trémonzey, une brodeuse âgée de 33 ans qui est originaire du Val-d’Ajol. La vie paisible du temps de paix est sur le point de s’arrêter.

 

Tremonzey

 

Les relations avec l’Allemagne s’enveniment de plus en plus. L’attentat de Sarajevo du 28 juin 1914 sert de prétexte pour déclencher un conflit armé. Le jeu des alliances entre nations conduit l’Europe au bord d’une catastrophe humaine sans précédent.

 

Le 149e R.I. qui est un régiment de couverture doit envoyer son 1er échelon vers la l’Allemagne dès le 1er août 1914. La guerre n’est pas encore déclarée officiellement. Le 2e échelon suit 3 jours plus tard. Beaucoup se préparent à gagner la frontière franco-allemande en s’imaginant que la guerre ne va pas durer trop longtemps. Chimère !

 

Après plusieurs jours de marche, le régiment spinalien engage son premier combat. Celui-ci a lieu du côté du village de Wisembach, au Renclos-des-vaches, le 9 août 1914.

 

Ce jour-là, l’adjudant Damideau encadre sa section de la 4e compagnie. Cette compagnie, qui se trouve sous les ordres du capitaine Altairac, est engagée dans l’attaque. Charles sort indemne de cette expérience du feu. 

 

Pour en savoir plus sur les événements vécus par les hommes de la 4e compagnie au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

La Chaume de Lusse

 

Le 21 août 1914, Charles Damideau est blessé d’un éclat d’obus à la tête durant les combats qui eurent lieu au nord d’Abrechviller. Touché dans la région occipitale, il souffre également de fortes contusions à la jambe gauche et au poignet gauche.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journee du 21 aout 1914

 

Évacué en dehors de la zone des armées, il est pris en charge par les médecins de l’hôpital de Moulins.

 

Le 2 septembre 1914, il apprend qu’il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire.

 

Charles quitte la préfecture de l’Allier le 26 septembre pour rejoindre le dépôt du 149e R.I. tout juste installé à Rolampont.

 

Le sous-lieutenant Damideau laisse le dépôt derrière lui le 31 octobre 1914 pour rejoindre son ancien régiment qui combat maintenant en Belgique.

 

Le 5 novembre 1914, il prend de manière provisoire le commandement de la 4e compagnie.

 

Le 2 février 1915, le lieutenant-colonel Gothié rédige à son sujet la note suivante dans le feuillet du personnel : « Ancien adjudant de compagnie énergique et très brave. A fait campagne depuis le début jusqu’à Abreschviller où il a été blessé et évacué. A rejoint le régiment en Belgique où il a commandé sa compagnie comme sous-lieutenant à titre temporaire dans des conditions difficiles. Excellent officier qui mérite d’être maintenu. »

 

Le 14 février 1915, Charles Damideau est de nouveau blessé. Cette fois-ci c’est l’éboulement d’une partie du château de Noulette, qui en est la cause.  Ce jour-là, l’artillerie allemande fait s’écrouler une partie des ruines de cet édifice qui perfore le plafond d’une des caves abritant deux sections de la 4e compagnie. Les hommes sont ensevelis. Le lieutenant-colonel Gothié envoie de suite deux équipes de travailleurs avec pelles et pioches pour les dégager. Il demande également le concours de l’artillerie pour arrêter le feu ennemi. Le sous-lieutenant Damideau a de la chance, il fait partie des premiers à revoir le jour.

 

Il est touché à la tête. Son poignet gauche est foulé. Il est victime d’une forte commotion et le diagnostic est réservé.

 

Le sergent Paul Monne évoque l’évènement dans son témoignage qui peut se lire en cliquant sur l’image suivante.

 

Sergent Paul Monne

 

« … Au château, il ne restait plus que des pans de mur, il avait été incendié au cours des premiers combats. Les sous-sols et les caves voûtées étaient restés intacts. Ils servaient d’abris aux soldats qui quittaient la 1ère ligne pour venir se reposer en 2e ligne.

 

Nous restions 48 heures en 1ère ligne et 48 heures en 2eligne. (Bois 6 et sous-sols du château) et enfin 48 heures de grand repos à Aix-Noulette, Noeux-les-Mines.

 

Je signale en passant qu’il n’y avait pas de fontaines, pas de W.C., tout se faisait dans la mare. C’est même là que les cuisiniers venaient chercher l’eau pour faire le café.

 

Les soldats français toujours imprudents sortaient de leur abri pour venir s’ébattre à l’extérieur du château, sans se préoccuper s’ils étaient vus par les Allemands qui étaient sur la crête.

 

Les observateurs allemands les ont aperçus. Aussi, le 14 février 1915, l’artillerie a bombardé violemment le château avec de gros obus.

 

Malheureusement, sous le poids des hautes murailles et les obus de gros calibre, quelques voûtes se sont effondrées et ont enseveli une partie des soldats de notre 4e compagnie.

 

Les survivants des caves épargnées ont voulu aussitôt dégager leurs camarades qui étaient sous les décombres. Douze ont été trouvés morts. »

 

Charles est envoyé à Paris pour y être soigné. Il quitte l’hôpital le 30 mars 1915, bénéficiant d’une convalescence d’un mois. Il est au dépôt du 149e R.I. le 1er mai, dépôt qu’il quitte le 24 juin pour rejoindre deux jours plus tard la ligne de front.

 

Le lieutenant-colonel Gothié lui donne le commandement de la 6e compagnie de son régiment dès son arrivée.

 

Suite à une décision prise par le général commandant en chef, le 3 septembre 1915, le sous-lieutenant Damideau est nommé lieutenant à titre temporaire. Cette promotion ne lui fut pas favorable bien longtemps.

 

Le 26 septembre 1915, le 149e R.I. poursuit une offensive commencée la veille qui doit lui permettre la prise du bois en Hache. Le lieutenant Damideau est mortellement blessé au cours d'une attaque.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante. 

 

Carte 1 journee du 26 au 27 septembre 1915n(2e partie)

 

Quelques semaines après le décès du lieutenant Damideau, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci : «  Revenu sur le front à peine guéri, a pris le commandement de la 6e compagnie qu’il a assuré avec beaucoup d’énergie et d’autorité. Blessé mortellement au combat du 26 septembre devant Angres, a été proposé pour une citation. »

 

Citation à l’ordre de la 10e armée n° 121 en date du 21 octobre 1915.

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué à la tête de sa compagnie en l’entraînant à l’attaque des tranchées allemandes après un bombardement des plus violents. Excellent commandant de compagnie, très courageux, avait déjà été blessé au cours de la campagne. »

 

Le nom de cet officier est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative posée à l’intérieur de la petite église de la commune vosgienne de Trémonzey.

 

Il n’y a pas de descendance connue pour le couple Damideau. Le frère jumeau de Charles est sorti indemne du conflit.

 

Pour connaître la généalogie du lieutenant Damideau, il suffit de cliquer une fois sur le logo suivant.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  É. Jeannel, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

18 octobre 2019

Paul Marius Pierre Viala (1895-1918).

Paul Marius Pierre Viala

Né d’Edmond Étienne et d’Adèle Félicie Abric, Paul Marius Pierre Viala voit le jour le 27 novembre 1895 dans la ville du Vigan dans le département du Gard. Il est le second d’une fratrie de trois enfants.

Encore adolescent, il doit aller gagner sa vie comme journalier. Sa fiche signalétique et des services nous dit qu’il possède un degré d’instruction de niveau 2. Ses acquisitions scolaires sont sans doute restées assez modestes.

Soldat de la classe 1915, Paul n’est pas concerné par la mobilisation générale qui a eu lieu en août 1914. Mais son contingent est appelé bien avant l’heure prévue pour le passage devant le conseil de révision. Un dispositif d’appel des classes les plus jeunes, dispositif plus « serré », a été mis en place par les instances supérieures. Il permet de fluidifier les rotations entre les hommes à former au métier des armes sur du moyen terme et les hommes qui sont capables de rejoindre la zone des armées rapidement sans totalement vider les dépôts.  

Les réserves disponibles ne doivent pas s’épuiser ! Si c’était le cas, il serait impossible de combler les pertes des unités combattantes au fur et à mesure des besoins, ce qui serait un problème majeur !

Déclaré bon pour le service armé par la médecine militaire, Paul est incorporé au 173e R.I. à compter du 21 décembre 1914. Il quitte le petit village de Sumène pour se rendre en Corse.

Quelques mois doivent suffirent pour sa formation de fantassin. Il lui faut aller vite pour acquérir les bases de la discipline de caserne, maîtriser à minima le tir au Lebel ; il doit également obtenir les forces physiques suffisantes pour effectuer les nombreuses marches longues et pénibles qu’il sera susceptible de faire lorsqu’il sera sur le terrain des combats.

Vingt et un régiments « 400 » naissent en 1915. Ils sont largement alimentés par une partie des soldats de la classe de Paul Viala.

En mars 1915, Paul quitte la ville de Bastia. Le 15 du mois, il intègre les effectifs du 415e R.I.. Il doit se rendre au camp de Carpiagne, près de Marseille.

Faute de J.M.O. pour ce régiment, il est difficile, même dans les grandes lignes, de reconstituer le parcours de Paul Viala. Nous saurons simplement qu’il a été blessé par un éclat d’obus à la plante du pied gauche le 25 septembre 1915 à Perthes-les-Hurlus, en Champagne. Il est envoyé à l’arrière pour y être soigné. Le soldat Viala change d’affectation après sa convalescence. Le 18 mars 1916, il est envoyé au 149e R.I..

Cette unité se trouve dans le secteur de Verdun à cette période de l’année. Le régiment vient de subir des pertes importantes au cours des jours précédents. Paul est envoyé à la 3e compagnie du régiment.

Il a à peine le temps de faire connaissance avec ses camarades d’escouade qu’il doit remonter en 1ère ligne. Le 1er bataillon du 149e R.I. est désigné pour tenter de reprendre aux Allemands le village de Vaux-devant-Damloup le 2 avril 1916.

Cette opération est un échec total. L’ennemi n’a pas cédé un pouce de terrain. Plusieurs soldats sont capturés au cours de l’opération. Paul Viala fait partie du nombre.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte 3 journée du 2 avril 1916

Une recherche entreprise sur le site du Comité International de la Croix Rouge a permis de retrouver plusieurs fiches au nom de Paul Viala. Celle qui est présentée ci-dessous reste la plus détaillée.

Fiche Croix Rouge de Paul Viala

Cette fiche nous indique le numéro de sa compagnie au sein du 149e R.I.. Elle nous fait également savoir qu’il est infirmier. Mais à quel moment a-t-il pu apprendre les rudiments de ce métier ? Durant ses classes ? Au cours de son passage au 415e R.I. ? La réponse à ces questions demeure pour l’instant inconnue.

Paul est, dans un premier temps, interné à Darmstadt. Il est ensuite envoyé dans le camp d’Altdamm en Poméranie en juin 1916.

Camps de prisonniers où Paul Viala a été en captivité

Durant sa captivité, il adresse la carte photo suivante à son père qui vit à Sanissac, dans le Gard.

En captivite a Altdamm

Les conditions de captivité sont très dures. Sa santé se dégrade au fil des années. Paul finit par tomber malade. Il décède le 1er avril 1918 au feld lazareth du camp. A-t-il été victime de la grippe espagnole ?

Paul est inhumé dans la nécropole de Sarrebourg au début des années vingt. Son corps, réclamé par la famille, est restitué en 1926. Il arrive à Marseille le 6 mars. Son cercueil est à Nîmes le 9 mars. Le soldat Viala est ensuite enterré dans le « carré des poilus » du cimetière communal de Sumène.

Sepulture Paul Viala

La plaque noire placée sur sa sépulture a été rajoutée dans le cadre des commémorations du centenaire. Le nom original inscrit dans le cœur était devenu presque illisible.

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume (publication dans le J.O. du 22 novembre 1921).

« Brave soldat mort pour la France le 1er avril 1918 des suites de ses glorieuses blessures. Croix de guerre avec étoile de bronze. »

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Sumène et sur les plaques commémoratives des églises de Sanissac et de Sumène.

Pour prendre connaissance de la généalogie de Paul Viala, il suffit de cliquer une fois sur le logo suivant.

Geneanet

Paul est resté célibataire et n'a pas eu de descendance.

Sources :

La fiche signalétique et des services de Paul Marius Pierre Viala a été consultée sur le site des archives départementales du Gard.

La photographie de sa sépulture à été réalisée par M. Bresson.

Un grand merci à M. Bordes, à M. Bresson, à A. Carobbi et aux archives départementales du Gard.

4 octobre 2019

Maurice Joseph Le Hoc (1880-1943).

Marie Joseph Le Hoc

Maurice Joseph Le Hoc est né le 5 mai 1880 à Trouville, dans le département du Calvados. Son père, Désiré Magloire, est alors âgé de 29 ans. À l’époque secrétaire de la mairie Touvillaise, il fut élu maire de Deauville vingt plus tard. Désiré Le Hoc occupera cette fonction jusqu’à la date de sa mort survenue en 1919. La mère, Aimée Marie Salogne, est une femme de 28 ans originaire de la Mayenne et qui n’exerce pas de profession.

Genealogie famille Le Hoc

Maurice suit une scolarité qui le mène jusqu’aux portes de l’université. Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 5. Il termine ses études avec une licence de lettres, un diplôme particulièrement élevé pour l’époque.

L’heure de la conscription approche. Soldat appelé de la classe 1900 de la subdivision de Lisieux, notre jeune normand se retrouve dispensé par l’article 23 lorsqu’il passe devant le conseil de révision. En 1901, il est ajourné pour faiblesse avant d’être reconnu « bon pour le service », dispensé licencié es lettres, l’année suivante.

Incorporé au 119e R.I. à compter du 14 novembre 1902, il est autorisé à suivre la formation de chef d’escouade. Maurice est officiellement confirmé dans ce grade le 26 mai 1903.

Le caporal Le Hoc est mis en disponibilité le 19 septembre de la même année avec, en poche, son certificat au grade de sous-officier de réserve et son certificat de bonne conduite accordé.

Toujours rattaché à son régiment, il se retire à Deauville. Maurice devient sergent de réserve le 9 mai 1904.

C’est avec ce nouveau grade de sous-officier qu’il doit se rendre à Bernay pour accomplir une période de « dispensé article 23 » entre le 16 août et le 12 septembre 1904, au 24e R.I.. Il fut affecté à la 12e compagnie du régiment durant toute cette période. Ici, Maurice travaille pour obtenir son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section dans la réserve. Les notes obtenues sont excellentes : 18 pour l’instruction militaire théorique, 17 pour l’instruction militaire pratique et 18 pour l’aptitude au commandement.

Il passe officiellement dans la réserve de l’armée active le 1er novembre 1904.

Maurice Le Hoc a été désigné par le gouvernement français pour les fonctions de sous-préfet de la ville d’Yvetot. La date de cette nomination n’a pas été retrouvée pour l’instant.

Grâce à l’obtention de son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section, il est promu sous-lieutenant de réserve par un décret présidentiel du 20 décembre 1909. Il dépend maintenant du 134e R.I., le régiment de Mâcon.

Le 25 janvier 1913, Maurice est rattaché au régiment d’infanterie de Compiègne. Le 30 juin 1913, il est placé hors cadre.

Le 30 mai 1913, un décret présidentiel, sur proposition du ministre de l’Intérieur, nomme Maurice Le Hoc sous-préfet d’Épernay. Il se rend dans la Marne pour y remplacer le sous-préfet Boivin qui vient d’être appelé à d’autres fonctions.

Sous-Prefecture d'Epernay

Lorsque le conflit contre l’Allemagne est sur le point d’éclater, le sous-préfet Le Hoc est rappelé à l’activité militaire par suite de mobilisation générale. Il a obligation de rejoindre son corps le 2 août 1914. Le sous-préfet Touzet qui exerce ses fonctions professionnelles à Issoire vient le remplacer.

Le 16 septembre 1914, le sous-lieutenant Le Hoc est muté au 297e R.I..

Son rôle au sein de ce régiment alpin reste inconnu pour toute la période où il fut affecté dans cette unité. Son nom ne figure pas dans les effectifs du début de campagne inscrits dans le J.M.O. du régiment, et encore moins dans celui du 97e R.I..  Maurice Le Hoc est probablement resté au dépôt de Chambéry.

Cette affectation au dépôt semble se confirmer, car au début du mois de février 1915, le sous-lieutenant Le Hoc est rattaché à la 15e compagnie du bataillon de marche du 17e R.I., une unité qui vient tout juste d’être créée. Son nom figure dans le tableau nominatif des cadres, consultable dans le J.M.O. du 17e R.I.. Il y est également écrit qu’il arrive du 97e R.I..

Le 11 mars 1915, ce bataillon reçoit l’ordre d’envoyer au 149e R.I. un renfort composé d’un capitaine, de 5 lieutenants et sous-lieutenants, de 13 sous-officiers, de 12 caporaux et de 300 hommes de troupe. Le sous-lieutenant Le Hoc est du nombre.

Au 149e R.I.

Maurice rejoint l’équipe des cadres du 149e R.I. le 12 mars 1915. Ce régiment d’origine vosgienne combat en Artois depuis la fin du mois de décembre 1914. Le secteur est particulièrement dangereux. Dès son arrivée, le sous-lieutenant apprend que sa nouvelle unité a subi une sévère attaque allemande le 3 mars. Il a été très difficile de contenir l’ennemi et les pertes ont été importantes.

Le lieutenant-colonel Gothié lui donne le commandement d’une section de sa 11e compagnie qui vient tout juste d’être mise sous l’autorité du lieutenant Wichard, en remplacement du lieutenant Thomas qui a été tué au cours de l’attaque allemande.

Le 9 mai 1915, deux bataillons du 149e R.I. participent à une offensive qui doit permettre la prise du fond de Buval. La majorité des effectifs de la 43e D.I. est engagée. Le sous-lieutenant Le Hoc mène sa section dans le no man’s land. Sa compagnie est vite en difficulté. Son chef de compagnie, le lieutenant Wichard, est tué. De nombreux soldats perdent la vie ou sont blessés au cours de l’action. Le fond de Buval est finalement atteint par seulement la moitié des hommes de la 11e compagnie.

L’intervention du sous-lieutenant Le Hoc au cours de l’attaque du 9 mai 1915 a été décrite par un de ses sous-officiers dans un article qui fut publié dans « la petite revue bas-normande de la guerre ».

« Nous avons évidemment eu une très lourde tâche dans notre compagnie, qui d’abord était compagnie d’attaque. Elle avait la plus longue distance à parcourir, 500 mètres en attaquant et en prenant successivement cinq lignes de tranchées. Nous eûmes à le faire, de surcroît, sous le feu le plus meurtrier et le plus décimant. Il est fort probable que si les officiers n’avaient pas marché en tête et vigoureusement, il y aurait eu, à certains moments, un peu d’hésitation chez les hommes, qui tombaient à chaque pas. Mais la compagnie fut héroïque et le lieutenant Le Hoc l’entraîna même plus loin que les objectifs assignés. En arrivant dans le fond de Buval, ç’est là que tombant sur une masse d’Allemands, l’autre lieutenant et l’adjudant furent tués. Le lieutenant le Hoc établit rapidement, avec quelques hommes, un barrage avec des sacs de terre, bouchant le boyau d’accès des Allemands et paralysant ainsi leur retour offensif. C’est là que je fus blessé. Cette poignée d’homme coucha là deux jours et deux nuits, ne perdant rien de la position, sous le feu terrible d’artillerie. Quand on a vu cela, on a tout vu !

Du reste, toute la compagnie a été citée à l’ordre de l’armée.

Plusieurs autres sous-officiers et soldats de cette compagnie engagée à Notre-Dame-de-Lorette sont actuellement en traitement dans les ambulances du littoral, à Deauville, à Trouville, à Bernières-sur-Mer, etc. »

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte du 9 mai 1915

Le 24 mai 1915, Maurice Le Hoc est nommé sous-lieutenant porte-drapeau ;  le commandement de la C.H.R. du régiment lui est également confié.

Le 13 septembre 1915, l’officier bénéficie d’une permission. Maurice se rend à Paris pour y épouser Armandine Maria Weber. Au cours de cette union, le couple reconnaît, en vue d’une légitimation, le petit Jean Maurice qui est né le 22 octobre 1914 à Deauville.

Le 20 septembre 1915, le sous-lieutenant Le Hoc est promu à titre définitif dans le grade supérieur. Il apprend rapidement qu’il va devoir quitter le régiment qui a pour devise « Résiste et mord ».

Peu avant son départ, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci dans le relevé des notes de son subordonné : « Officier intelligent et distingué, ayant eu une belle attitude au feu en mai alors qu’il commande sa section. A rempli ensuite les fonctions de porte-drapeau et de commandant de la compagnie hors rang à l’entière satisfaction du chef de corps. »

À la Légion

Le 8 octobre 1915, cet officier est mis à la disposition du commissaire résident général du Maroc, suite à une décision prise par le général commandant en chef.

Sa nouvelle affectation le conduit au 1er régiment de marche du 2e étranger.

Le lieutenant Le Hoc arrive dans sa nouvelle unité le 17 décembre 1915. Il est affecté à la section de mitrailleuses de la 11e compagnie du régiment.

Au cours du mois de juin 1916, Maurice participe à une série d’opérations qui ont lieu dans la région de Taza. Il faut tenter de soumettre les Beni-Ouaraïn qui sont placés entre El Menzel et Oued Matmata.

Le 16 juin 1916, il se bat à Aïn-Agéri. Le lendemain, il est engagé dans l’attaque des kasbah de Bizranne. Le surlendemain, c’est le combat de Cassiona puis celui de Ziberbarine, le 19 juin.

Le 25 juin 1916, il fait des reconnaissances vers El Khemis des Beni-Ouaraïn.

Le colonel Théveney  rédige la note suivante  dans le relevé des notes de Maurice : «  Le lieutenant de réserve Le Hoc, après s’être fort bien conduit sur le front, est au Maroc depuis 8 mois. Il n’a pas tardé à s’y faire fort bien juger par ses supérieurs. Intelligent, dévoué, très instruit, d’esprit militaire, il sert avec entrain. Aux colonnes, il s’est parfaitement comporté, tant comme chef de section, qu’en qualité d’agent de liaison du chef de bataillon. Comme commandant de troupe mobile, j’ai pu apprécier son sang-froid, sa vigueur, sa compréhension très nette de la situation et de son courage. A été l’objet d’une proposition de citation à l’ordre des T.M.O.. »

Le 25 novembre 1916, il ajoute « Bon officier de réserve, mais qui en dehors des colonnes semble préférer le séjour de la ville à celui du bled, ce qui ne lui enlève rien de ses qualités d’intelligence et de discipline et de zèle à s’instruire. »

En mars et avril 1917, le lieutenant Le Hoc prend part à de nouvelles opérations qui sont effectuées par les groupes mobiles de Fez et de Taza dans le secteur de Taza contre les contingents d’Abd-el-Malek.

Le 6 avril 1917, il participe à la prise du camp d’Abd-el-Malek à Taza.

Le 14 mai 1917, il intervient dans le combat de Der-Kollart puis dans celui de Tagueniet quatorze jours plus tard.

Maurice Le Hoc est remis à la disposition du ministre suivant une décision prise par le commissaire résident général commandant en chef du Maroc, décision enregistrée sous le n° 8922B à la date du 8 octobre 1917.

Promu capitaine de réserve à titre définitif le 14 octobre 1917, il rentre en France le 19 octobre 1917.

De nouveau mis à la disposition du résident général du Maroc par décision ministérielle du 19 novembre 1917, il repart pour le Maroc le jour de Noël.

Le capitaine Le Hoc est affecté au 2e bataillon de marche du Maroc le 4 janvier 1918. Il arrive à Fez cinq jours plus tard.

Le 1er avril 1918, Maurice Le Hoc prend le commandement de la compagnie blanche du 21e bataillon sénégalais.

Il fait partie des effectifs de la colonne de l’Arba-de-Tahala, dite des Ait  Mohand ou Yaya, effectifs qui partent de Fez le 3 avril 1918. Ce groupe mobile a pour mission de construire deux postes qui doivent protéger la route et la voie ferrée Fez-Taza en construction, des attaques des Beni-Ouaraïn.

La colonne est de retour le 18 mai 1918.

Le capitaine Le Hoc participe à une autre opération avec la colonne de Senhadja entre le 19 juin et le 13 juillet 1918.

Carte du Maroc

 Retour à la vie civile

Quelques jours après la signature de l’armistice, le gouvernement français construit progressivement la liste des cadres administratifs qui vont intervenir dans les trois départements de l’Alsace et de la Lorraine.

Maurice Le Hoc est envoyé à Haguenau dans la Basse-Alsace pour y exercer les fonctions d’administrateur de la direction des affaires militaires au commissariat général de la République à Strasbourg.

Démobilisé le 12 juillet 1919 par les soins du 71e R.I., il est nommé sous-préfet de cette commune, une fonction qu’il occupera durant dix ans.

L’ancien capitaine est mis hors cadre de l’armée le 20 mai 1922.

Il est rayé des cadres définitivement par décret en date du 27 novembre 1929 et par l’application  de l’article 10 de la loi du 25 janvier 1925.

En 1930, le sous-préfet d’Haguenau est nommé préfet du Tarn-et-Garonne, une charge qui doit prendre effet à compter du 15 mai 1930. Mais cette promotion reste sans suite, l’ancien officier du 149e R.I. devient chef du service central à la direction générale des services d’Alsace-Lorraine.

Maurice Joseph Le Hoc décède le 6 mai 1945 dans son domicile parisien au numéro 9 de la place Vauban. La veille, il venait de fêter son 65e anniversaire.

Les decorations du capitaine Le Hoc

Décorations obtenues :

Citation à l’ordre de la 43e Division n° 56  le 25 mai 1915 :

« Le 9 mai, a brillamment entraîné sa section sous un feu violent d’artillerie et d’infanterie. A repoussé une contre-attaque allemande dans la nuit du 9 au 10 mai malgré que l’effectif de sa section ait été réduit de moitié  »

Citation à l’ordre de la subdivision n° 30 en date du 24 août 1916 :

« A fait preuve d’une calme bravoure et d’un mépris complet du danger le 19 juin et les 3-4 juillet 1916, d’un remarquable courage en allant porter des ordres sous le feu de l’ennemi et dans des terrains difficiles, à des unités engagées en première ligne »

Citation à l’ordre de la subdivision de Fez en date du 23 juin 1917 :

« Officier d’une haute valeur. Au combat du 3 avril 1917, voyant la 11e compagnie vivement pressée par l’ennemi, s’est porté, avec ses mitrailleuses, au secours de cette unité avec une telle célérité que l’ennemi a été mis en fuite avant d’avoir atteint son but. »

Chevalier de la Légion d’honneur en date du 16 juin 1920.

Autres décorations :

Médaille coloniale agrafe Maroc.

Officier dans l’ordre marocain Ouissam Alouite.

Officier de l’instruction civique.

Chevalier du mérite agricole.

Maurice Le Hoc possède un dossier individuel de fonctionnaire de l’administration préfectorale consultable aux archives nationales enregistré sous la référence F/1bI/1091.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services provenant du site des archives départementales de la ville de Paris.

Actes d'état civil lus sur le site des archives départementales du Calvados et de la ville de Paris.

La photographie représentant le lieutenant Le Hoc provient de la collection personnelle de J. Breugnot.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. : Réf 26 N588/1

Petite revue bas normande de la guerre numéro du 16 juin 1915. Cette revue est consultable sur le site « Gallica ».

Petite revue Bas-Normande de la guerre

Historique du 2e bataillon de marche du Maroc.

Historique du 2e bataillon de marche du Maroc

Un grand merci à M. Bordes, à J. Breugnot, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Calvados et de la ville de Paris.

20 septembre 2019

Pierre Fernand Bonnet-Casson (1887-1916).

Pierre Fernand Bonnet-Casson

Natif du département de l’Isère, Pierre Fernand Bonnet-Casson voit le jour le 17 février 1887 dans la commune de Vienne.

Sa mère, Louise Rolland, est âgée de 25 ans lorsqu’elle lui donne vie. Elle exerce le métier de femme de ménage.

Son père se prénomme Marie Joseph François Fernand. Il travaille comme laveur de laine dans une entreprise de la région. C’est un homme âgé de 29 ans. Lorsqu’il se rend à la mairie pour signer le registre d’état civil, il est accompagné des deux témoins, Michel Magrand et Charles Plantier. Le premier est tonnelier, le second négociant.

Quelques années plus tard, le jeune Fernand quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter. Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il a été formé au métier de coiffeur, peut-être par son oncle maternel, Jean Rolland.

Doué pour le vélo et sportif de bon niveau, Fernand s’inscrit à plusieurs courses en tant qu’amateur.

En 1907, il termine 9e du Paris-Amiens. L’année suivante, il finit 2e du Paris-Amiens, 2e du Paris-Auxerre, et 1er du Paris-Évreux.

1908 est aussi l’année où il est appelé sous les drapeaux. Fernand Bonnet-Casson doit se rendre à Épinal pour accomplir ses devoirs militaires dans une des compagnies du 149e R.I.. Il arrive au corps le 8 octobre.

Un peu moins de deux ans plus tard, le 25 septembre 1910, le soldat Bonnet-Casson est envoyé dans la disponibilité de l’armée active avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Six jours plus tard, il passe dans la réserve de l’armée active.

Installé au numéro 4 de la rue Saint Vincent de Paul à Paris, Fernand partage à nouveau son temps entre son métier de coiffeur et ses courses de vélo. Il est devenu coureur indépendant. Toutes les épreuves auxquelles il participe sont courues dans cette catégorie.

En 1911, il termine 3e de la boucle Paris-Château-Thierry-Paris.

Cette année-là, Fernand Bonnet-Casson prend également part au tour de France des indépendants. Il doit également faire sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 22 novembre et le 14 décembre.

Le 26 décembre, il épouse Marie Thérèse Soulhac à la mairie du 10e arrondissement. À cette période de sa vie, son père habite Lyon où il travaille comme conducteur de fiacre. Sa mère n’est plus de ce monde et son frère Étienne, alors âgé de 23 ans, est sous les drapeaux comme soldat au 60e R.I. de Besançon.

En 1912, Fernand Bonnet-Casson gagne le Paris-Honfleur.

L’année suivante, il est 11e du Paris-Roubaix, 3e du Paris-Beaugency puis 1er du grand prix de Juvisy.

Le 1er mars 1914, Marie Thérèse donne naissance à une petite fille qui est prénommée Jeannine Antoinette Fernande. Le couple Bonnet-Casson vit au numéro 17 de la rue de l’Aqueduc. Cette année-là, les courses s’enchaînent pour Fernand. Il finit 2e du Paris-Gaillon, 13e du Paris-Nancy, 17e du grand prix de Touraine, 10e du Paris-Châteauroux, 3e du Paris-Roubaix, 1er du Paris-Calais et 3e du championnat national.

La saison n’est pas tout à fait terminée qu’il faut y mettre fin. Fernand ne sait pas encore que le monde est à la veille d’un grand cataclysme humain. Comme des dizaines de milliers d’hommes, il est rappelé par ordre de mobilisation générale. L’Allemagne et la France sont sur le point de se déclarer la guerre. En tant que réserviste, Fernand doit rejoindre la caserne Coursy à Épinal le 4 août 1914. Dès son arrivée au dépôt, il est affecté à la 10e compagnie. Le soldat Bonnet-Casson tombe rapidement malade.

Il est impossible de savoir ce qui lui est arrivé au sein du régiment. Son registre matricule est insuffisamment détaillé pour nous puissions être bien renseignés sur son parcours de combattant. À quelles attaques menées ou subites par le 149e R.I. a-t-il participé ? Quand est-il tombé malade ? Combien de temps est-il resté à l’arrière avant d’être obligé de retourner dans la zone des armées ? Où a-t-il été soigné ? Pour l’instant, il n’y a pas de réponses satisfaisantes à donner à toutes ces questions.

Cependant, grâce à la lecture d’un article de presse publié quelques jours après sa mort, nous pouvons tout de même obtenir quelques détails sur sa vie de soldat. L’article nous informe qu’il est tombé rapidement malade après avoir revêtu son uniforme de combattant. Fernand Bonnet Casson est ensuite devenu infirmier à l’hôpital où il fut soigné, avant d’être obligé de repartir dans la zone des armées pour y réintégrer son ancienne unité.

En mars 1916, nous le retrouvons dans le secteur de Verdun. Le 3e bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant de Witkowski, est en réserve du côté du village de Fleury-devant-Douaumont. La 10e compagnie est commandée par le capitaine Gérard. Elle est placée dans un secteur régulièrement bombardé. Le 10 mars, Fernand est mortellement blessé, il décède le lendemain.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte journee du 12 mars 1916 a1

Le soldat Bonnet-Casson est dans un premier temps enterré dans le cimetière militaire de Souville. Son lieu de sépulture actuel reste inconnu.

Le journal sportif parisien « l’auto » dirigé par Henri Desgranges lui rend hommage dans son édition du 22 mars 1916 :

« C’est un de nos plus modestes, mais un de nos meilleurs champions indépendants Fernand Bonnet que nous pleurons aujourd’hui. Son frère Étienne, glorieux mutilé de cette guerre, également très bon coureur indépendant, nous en apporta hier, la triste nouvelle. Le 11 mars dernier, mortellement frappé de plusieurs balles, il survécut quelques heures encore, le temps de confier à un camarade ses volontés in extremis pour être transmises à sa jeune femme. Né à Vienne (Isère), le brave Bonnet était âgé de 29 ans. Il débuta dans les courses cyclistes en 1907. Coiffeur de son état, il était un des fidèles de notre annuel championnat de la coiffure et c’est dans une de ces épreuves qu’il fit ses premiers pas sportifs. C’était un concurrent d’une loyauté absolue qui jouissait de l’estime de tous ses camarades. D’abord membre de feue la société athlétique de Montrouge, puis du club athlétique de la société générale, le vaillant champion était inscrit, avant la guerre, au vélo-club de Levallois. C’est sous les couleurs de ce dernier qu’il gagna, en 1913,  Paris-Calais, Paris-Honfleur et le grand prix de Juvisy.

À la mobilisation, Fernand Bonnet fut intégré à la 10e compagnie du 149e R.I. comme cycliste. Il tomba bientôt malade et fut évacué sur un hôpital du front où on le soigna pour une crise d’entérite.

Lors de sa convalescence, il vint nous rendre visite et nous fit part de son intention de solliciter son passage dans l’aviation. En attendant, il fut nommé infirmier à l’hôpital même où il avait été soigné. Mais une commission de majors le déclara de nouveau apte au service armé et Bonnet fut versé dans une formation d’infanterie sur le front. »

Décoration obtenue :

Citation à l’ordre de la brigade n° 36 du 24 mars 1916.

« Très bon soldat, a fait preuve de calme et de bravoure au combat du 10 mars 1916, a été mortellement blessé au cours de l’action. »

Son épouse, Marie Thérèse Soulhac, se remarie le 29 octobre 1932.

Sources :

La fiche signalétique et des services de Fernand Bonnet-Casson a été consultée sur le site des  archives départementales du Rhône.

Les sites « Gallica » et « mémoire des hommes » ont également été visités pour réaliser cette petite notice biographique.

Le portrait de Fernand Bonnet-Casson est extrait de la revue l'auto-vélo du 13 juillet 1914  publié sur « Gallica ».

Le palmarès de ce coureur cycliste a été trouvé sur le site suivant :

Logo du site cyclistes dans la Grande Guerre

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et aux archives départementales du Rhône.

6 septembre 2019

Louis Clovis Giray (1879-1962)

Louis_Clovis_Giray

 

Les années de jeunesse

 

Louis Clovis Giray naît le 12 décembre 1879 dans le 3e arrondissement lyonnais. Son père, Pierre Clovis, est un homme de 29 ans qui travaille comme épicier. Sa mère, Adèle Walter, est une jeune femme âgée de 22 ans. Le couple parental vit au numéro 124 de la rue Montesquieu.

 

Louis est l'aîné d’une fratrie composée de deux garçons et de deux filles.

 

Genealogie famille Giray

 

Louis Giray achève une scolarité primaire supérieure en sachant très bien lire, écrire et compter.

 

Le père décède le 13 septembre 1894. Le plus âgé de ses enfants n’a pas encore fêté ses 16 ans.

 

Jean, le frère du père, devient le subrogé-tuteur de ses neveux et nièces. Adèle Walter épouse en secondes noces François Bassons.

 

Louis Giray travaille comme confiseur avant de s’orienter vers une carrière militaire.

 

Le 19 janvier 1898, il prend la décision d’aller à la mairie de Villeurbanne pour y signer un engagement volontaire de quatre ans. Il choisit L’Afrique. Prend-il cette décision par rêverie exotique ? Par désir d’aventure ? Sa situation familiale s’est-elle complexifiée après le décès de son père au point de vouloir fuir le plus loin possible de son beau-père et de sa mère ? Il est difficile de le savoir.

 

Au 4e régiment de Zouaves

 

Après avoir traversé la Méditerranée, Louis Giray arrive au dépôt de son régiment à Tunis le 27 janvier 1898. L’histoire ne nous dit pas dans quelles casernes du 4e zouave il fut affecté durant l’intégralité de son engagement africain.

 

Le soldat Giray est nommé caporal le 16 octobre 1898 puis sergent le 16 février 1900. À partir de cette date, il occupe les fonctions de sergent fourrier. Un an plus tard, il devient responsable de deux escouades de compagnie. Cette charge ne semble pas lui convenir puisqu’il retourne à ses crayons et à ses registres de comptabilité le 23 juin 1900.

 

Durant ces quatre années chez les zouaves, Louis Giray est sanctionné à de nombreuses reprises. La 1ère année sous l’uniforme est particulièrement difficile. La discipline est un sujet délicat et les motifs à punitions ne manquent vraiment pas. Souvent consigné au quartier, parfois en salle de police, il n’est mis seulement qu’une fois aux arrêts simples, mais jamais en cellule. 

 

 

 

Le 19 janvier 1902, Louis passe dans la réserve de l’armée active. Son contrat est arrivé à échéance. Il peut maintenant regagner le continent français.

 

Au 11e B.C.A.

 

L’existence civile ne semble finalement pas lui convenir. Ce changement radical de style de vie a peut-être été trop compliqué à assumer. Louis ne parvient pas à trouver de nouvelles marques. Le 17 mars 1902, il finit par signer un contrat de deux ans avec l’armée. Cette fois-ci, il choisit le 11e B.C.A.. Sa nouvelle tenue revêtue, il reprend ses fonctions de sergent fourrier.

 

Le 1er février 1903, il passe sergent-major poursuivant ainsi ses missions purement administratives.

 

Les contrats militaires s’enchaînent. Un premier rengagement de trois ans est signé le 4 avril 1903 ; celui-ci doit prendre effet à compter du 17 mars 1904.  Un second rengagement d’un an est contracté le 1er mars 1907, à compter du 17 mars 1907.

 

Le troisième est bien plus long. À cette occasion, il en reprend pour cinq ans. Signé le 2 mars 1908, ce nouveau contrat prend effet à la fin du précédent.

 

Le fait d’avoir troqué la chéchia du zouave contre le béret du chasseur ne change rien à ses manquements à la discipline. Ses démêlés avec l’autorité militaire sont toujours aussi nombreux. Plusieurs motifs sont inscrits dans son relevé de punitions.

 

 

Le 16 décembre, c’est sa dernière punition ! Le sergent-major Giray ne sera plus jamais pris en faute durant tout le reste de son activité professionnelle.

 

Au total, il aura tout de même fait 40 jours de consigne, 12 jours de salle de police et 34 jours d’arrêt simple. Ces trois mois de punitions ne lui porteront absolument pas préjudice pour la suite de sa carrière.

 

Le 28 décembre 1908, il épouse Françoise Miguet à Echenebex, une petite commune du département de l’Ain.

 

Louis est promu adjudant le 8 avril 1911, puis adjudant de bataillon le 25 juin de l’année suivante. À partir de cette date, il est chargé du casernement. L’adjudant occupe aussi le poste de secrétaire du chef de corps.

 

Le 25 septembre 1913, Louis Giray quitte le 11e bataillon de Chasseurs alpins comme adjudant commissionné, après avoir accompli quinze années et demie de services militaires.

 

Période avant-guerre

 

Considéré comme retraité, il est rayé du contrôle du corps à l’âge de 34 ans. Ayant trouvé un emploi de régisseur au domaine de Ripaille, il se retire à Thonon, en Haute-Savoie.

 

Chateau_de_Ripaille

 

Un décret et une décision ministérielle du 14 juillet 1914 lui permettent d’être nommé au grade de sous-lieutenant de réserve. Il est rattaché au 97e R.I..

 

Début du conflit

 

Mobilisé le 2 août 1914, pour cause de guerre, Louis Giray laisse son emploi de régisseur pour rejoindre le dépôt de son régiment à Chambéry.

 

Ses fonctions exactes au sein du régiment alpin ne sont pas connues pour toute la période où il est resté dans cette unité. Son nom ne figure pas dans les effectifs du début de campagne inscrits dans le J..M.O. du 97e R.I..

 

Le sous-lieutenant Giray est ensuite affecté au bataillon de marche du 17e R.I. à la date du 2 février 1915.

 

Au 149e R.I.

 

Louis est muté au 149e R.I. le 13 mars 1915. Ce régiment est engagé dans le département du Pas-de-Calais près d’Aix-Noulette, depuis la fin du mois de décembre 1914. Les hommes du lieutenant-colonel Gothié se remettent d’une violente attaque allemande qui a eu lieu dix jours auparavant. Il a fallu contenir l’offensive ennemie coûte que coûte et les pertes furent importantes.

 

Le responsable du régiment spinalien affecte Louis au commandement d’une des sections de sa 7e compagnie, sous les ordres du capitaine Guilleminot.

 

Le sous-lieutenant Giray participe à tous les évènements dans lesquels sa section est impliquée jusqu’à sa blessure reçue le 9 mai 1915. Ce jour-là, une balle lui traverse la joue droite au cours d’une attaque qui s’est déroulée dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

carte_journee_du_9_mai_1915

 

Rapidement évacué vers l’arrière pour y subir les soins nécessaires,  il retrouve le 149e R.I. le 5 juin 1915. Cette fois-ci, il est envoyé à la 8e compagnie du régiment sous les ordres directs du capitaine Jeské. Louis Giray a tout juste une dizaine de jours pour prendre en main cette nouvelle section qu’il va devoir mener au feu durant les combats des 16, 17 et 18 juin 1915.

 

Le 25 septembre 1915, il conduit un peloton de sa compagnie, en association avec la 5e compagnie du régiment, pour répondre en urgence à une contre-attaque allemande à l’ouest du bois en Hache. Un sifflement, une détonation et Louis se retrouve grièvement blessé au visage par un éclat d’obus.

 

L’intervention des brancardiers est rapide, mais il faut du temps pour rejoindre le 1er poste de secours du régiment. Pour aller à l’arrière, c’est encore plus long. Les boyaux sont détrempés par la pluie, encombrés de blessés qui peuvent marcher et de brancardiers qui croisent en permanence les hommes qui montent en 1ère  ligne.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_journee_du_25_septembre_1915

 

Le 30 septembre 1915, le sous-lieutenant Giray est déposé à l’hôpital bénévole le Français, à Amiens.

 

De séjours hospitaliers en séjours hospitaliers

 

Il s’ensuit alors un très long parcours de soins. Le sous-lieutenant Giray apprend qu’il va devoir subir plusieurs interventions chirurgicales de réparation faciale pour sa fracture compliquée du maxillaire gauche et pour son gros détachement du visage.

 

Louis quitte l’établissement d’Amiens le 7 octobre 1915 pour rejoindre l’hôpital complémentaire n° 137  Rollin, à Paris où il arrive le lendemain. Sorti le 30 octobre de cet établissement, il entre le jour même à l’hôpital parisien de la Jonquière où il reste jusqu’au 14 janvier 1916.

 

Louis Giray est ensuite pris en charge par les médecins de l’hôpital Chaptal dans le 20e arrondissement.

 

Sorti le 8 mai, toujours en cours de traitement, il peut aller en convalescence d’un mois avant de revenir à Chaptal pour y subir une nouvelle intervention. Cette convalescence commence officiellement à partir du 15 mai. Il part en repos chez lui, à Thonon-les-Bains.

 

Le 16 juin 1916, il est de retour à l’hôpital complémentaire Chaptal pour une reconstruction de la pyramide nasale et de la branche montante du maxillaire supérieur gauche.

 

Le sous-lieutenant Giray est promu au grade de lieutenant de réserve à titre définitif, par décret du 20 juillet 1916, pour prendre rang le 14 juillet 1916 au titre du 97e R.I. ; il figure toujours sur le contrôle de l’administration centrale de ce régiment.

 

Le 7 août 1916, avec ses nouveaux galons de lieutenant, il est envoyé en convalescence pour une période d’un mois. De nouveau à l’hôpital Chaptal il n’en sort que le 21 avril 1917.

 

Le 17 mai 1917, il revient dans cette structure hospitalière pour en sortir le 26 juin 1917. Le jour même, il est évacué sur le C.R. de Clignancourt où il est proposé pour une convalescence d’un mois avec retour. Il quitte ce service le lendemain.

 

En fait, il vient de bénéficier de 45 jours de convalescence qui le mènent une fois de plus à Thonon-les-Bains. Ce repos médical est prolongé de 45 jours à dater du 17 juin 1917.

 

Le 26 juillet 1917, il entre à l’hôpital Desgenettes à Lyon pour une plaie profonde du nez. Louis part de cet établissement le 6 août 1917.  Il est de nouveau en convalescence d’un mois à Thonon-les-Bains. Le 7 septembre 1917, il est encore soigné à l’hôpital complémentaire du collège Chaptal pour un effondrement du nez.

 

Le 5 février 1918, il est toujours pris en charge à l’hôpital Chaptal, au numéro 73 de la rue de Rome à Paris. Le lieutenant Giray fait une demande écrite au ministre de la Guerre pour être affecté au 11e B.C.A., corps auquel il a appartenu durant onze ans, entre mars 1902 et septembre 1913, pour lui permettre, à sa sortie de l’hôpital, de demander un emploi de l’intérieur dans la 14e région où habite sa famille.

 

Le 8 mars, Louis obtient une réponse favorable de ses supérieurs. Il est affecté au 11e B.C.A.. Le lieutenant est proposé pour une pension de retraite de 5e classe ; une invalidité de 70 % lui est accordée par la commission de réforme de Chambéry qui s’est réunie le 20 octobre 1918.

 

Les années après-guerre

 

Le 31 juillet 1919, Louis Giray est rayé des contrôles des cadres du 11e B.C.A.. Son chef de corps, le commandant Lambert le propose, avec avis favorable, pour l’honorariat du grade de lieutenant.

 

L’ancien officier se retire à Thonon-les-Bains, au château de Ripaille.

 

Il perd son épouse en février 1919. Deux ans plus tard, il se remarie à Lausanne, avec Élise Charlotte Wulliens, une Suissesse qui est originaire de l’Isle.

 

Louis est maintenant titulaire d’une pension d’invalidité à 100 % avec le statut d’invalide de guerre 1914-1918.

 

En 1926, Louis Giray est domicilié au numéro 19 de la rue de la Rivière à Lutterbach, dans le Haut-Rhin. Il y fait sa demande de carte d’ancien combattant. L’ancien régisseur du château de Ripaille est maintenant employé aux usines Dolfuss, Mieg et Cie de Mulhouse.

 

Dans les années cinquante, il se retire au Péage-de-Roussillon, la commune où vivait son oncle Jean.

 

La_terrible_blessure_du_sous_lieutenant_Giray

 

Si son visage est terriblement marqué par sa blessure, les photographies ne montrent pas la somme des difficultés permanentes qui lui sont liées.

 

Afin de faire valoir ses droits, il fait lister huit conséquences de sa blessure, outre la défiguration : larmoiement constant à gauche, des séquelles rhinologiques, port d’une prothèse pour obturer la voûte palatine. Ce ne sont qu’une partie des conséquences laissées par l’éclat d’obus qui le marquèrent à vie.

 

La pose de sa prothèse conduisit à l’enlèvement de dents supplémentaires. On comprend la virulence de sa demande de reconnaissance de son invalidité, d’autant que ses difficultés auditives sont réelles, bien qu’invisibles (bourdonnements constants, hyperacousie, mais aussi incapacité de comprendre certaines discussions à de petites distances)

 

En mars 1955, la commission de réforme de Lyon fait une demande pour qu’il puisse obtenir un taux de 100 % + 13 % d’invalidité. Cette requête fut homologuée.

 

Louis décède le 28 février 1962 à  au Péage-de-Roussillon sans laisser de descendance.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec palme.

 

Citation  à l’ordre du corps d’armée du 26 octobre 1915 :

 

« Le 25 septembre devant Angres a entraîné brillamment son peloton au-devant d’une contre-attaque allemande. A été blessé pendant l’engagement ».

 

Chevalier de la Légion d’honneur pour prendre rang du 16 mars 1916 (journal officiel du 13 avril 1916).

 

« Officier d’une bravoure et d’un sang-froid à toute épreuve. Le 25 septembre 1915, pendant un violent bombardement, a réuni à sa section des éléments de différents corps qui se trouvaient à proximité, les a entraînés brillamment au-devant d’une contre-attaque allemande menaçante, et a contribué puissamment à la repousser. Au cours de la charge, a été grièvement blessé par un éclat d’obus. »

 

Louis Giray a été fait officier de la Légion d’Honneur le 21 mai 1952 puis commandeur de la Légion d’Honneur le 16 juin 1959.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Les recherches effectuées sur les sites des archives municipales de Lyon et des archives départementales du Rhône ont permis la reconstruction d’une partie de la généalogie du lieutenant Giray.

 

Les photographies de cet officier sont extraites de son dossier individuel qui se trouve au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le lieutenant Giray possède également un dossier individuel sur le site la Base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site_base_Leonore

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à  M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives municipales de Lyon et aux archives départementales du Rhône.

30 août 2019

Marie Louis Paul Dastouet (1888-1915)

Marie Louis Paul Dastouet

 

Natif de Périgueux, Marie Louis Paul Dastouet voit le jour le 2 juin 1888 au numéro 27 du cours Montaigne. À sa naissance, son père, Joseph François, travaille comme négociant. Il a 35 ans. Sa mère, Marguerite Nadal, n’exerce pas de profession. Elle est âgée de 24 ans.

 

Trois années plus tard, le père de Paul possède son propre établissement commercial. Il n’utilise pas ses prénoms d’état civil pour la raison sociale de son entreprise, probablement en raison du rachat d’une ancienne structure connue localement. Sa quincaillerie, au nom de Martial Dastouet, est implantée au 11 rue de Bordeaux, dans la préfecture de la Dordogne.

 

Rue de Bordeaux a Perigueux

 

Marguerite donne naissance à un second garçon en décembre 1892, mais le petit Joseph ne survit pas à son deuxième mois.

 

Genealogie famille Dastouet

 

Les parents de Paul gagnent suffisamment bien leur vie pour lui payer des études supérieures. Bon élève, l’adolescent poursuit sa scolarité au lycée de Périgueux qui va le mener jusqu’au baccalauréat.

 

Le jeune homme s’oriente ensuite vers une carrière militaire. Son degré d’instruction de niveau 5 lui permet de tenter l’examen d’entrée saint-cyrien. Admis au concours, il se rend à la mairie de Périgueux le 10 octobre 1908 pour y signer un engagement volontaire de 4 ans. Depuis 1905, les futurs officiers reçus à l’école spéciale militaire ont l’obligation de servir dans un régiment durant une année complète.

 

Par commodité, Paul Dastouet choisit le 50e R.I., le régiment de sa ville natale, en attentant d’aller faire sa formation théorique.

 

Le 1er mars 1909, il est nommé caporal. Le 18 octobre, il quitte la caserne Bugeaud pour entrer à l’école spéciale militaire. Paul fait partie des étudiants de la 93e promotion qui a été baptisée « promotion de Mauritanie ».

 

Le 5 novembre 1909, il est nommé sergent, puis aspirant le 16 mai 1910.

 

Le futur officier obtient le numéro 113 sur 210 élèves classés aux examens de sortie.

 

Le 1er octobre 1911, Paul Dastouet est envoyé comme sous-lieutenant au 149e R.I. d’Épinal. Son nouveau grade prend rang à compter du 1er octobre 1910.

 

Paul intègre l’équipe des cadres d’une des compagnies du 4e bataillon du 149e R.I., une unité rattachée au groupe de forteresse d’Épinal.

 

En avril 1912, le lieutenant-colonel Pichoud, qui commande le groupe de forteresse, écrit ceci à son sujet dans le feuillet du personnel : « Jeune officier intelligent, aimant son métier et s’acquittant de ses devoirs avec zèle. À de l’entrain et de la vigueur. Très apte à faire campagne. Promet de très bien faire »

 

Six mois plus tard, il ajoute ceci : « Continue à bien servir et à mériter les éloges de ses chefs. Promet d’être un excellent officier. »

 

Paul Dastouet est nommé lieutenant le 1er octobre 1912. Le jour même, il doit rejoindre le fort d’Arches, un ouvrage construit sur la commune de Pouxeux. Au cours de l’hiver suivant, il quitte le fort rattaché à la place fortifiée d’Épinal, pour aller suivre les cours de l’école régionale de ski de Gérardmer du 27 janvier au 12 mars 1913.

 

De retour au fort d’Arche, il apprend, un mois plus tard, que le 4e bataillon du 149e R.I. est en train de vivre ses dernières heures. En effet, les effectifs de cette unité vont être directement versés dans un régiment nouvellement créé à la date du 15 avril 1913. Il va falloir découdre le numéro 149 de son uniforme pour le remplacer par le numéro 170.

 

Le lieutenant Dastouet quitte définitivement son poste à responsabilité du fort d’Arches le 30 août 1913. Il s’installe à la caserne Contades pour y prendre le commandement d’une section de compagnie du 170e R.I.. Le 30 septembre 1913, il est muté au 149e R.I..

 

Le 1er octobre 1913, le lieutenant-colonel Pichoud note à propos de son subordonné : « Toujours de très bonne humeur, sert avec entrain. Très bon esprit militaire, énergique et vigoureux, promet d’être un excellent officier. Il sait conduire les hommes et les entraîner. Semble devoir être un officier de choix. »

 

La vie de caserne du temps de paix s’arrête brusquement à la fin du mois de juillet 1914. Le conflit contre l’Allemagne est inévitable. Le 149e R.I. qui est un régiment de couverture doit envoyer son 1er échelon, dès le 1er août, en direction de la frontière germano-française.

 

À cette période de l’année, le lieutenant Dastouet sert à la 1ère compagnie du régiment sous les ordres du capitaine Souchard. Le régiment est commandé par le lieutenant-colonel Menvielle. Après le départ du 1er échelon, Paul Dastouet reste à la caserne Courcy avec quelques officiers, pour la prise en charge des réservistes qui viennent constituer le 2e échelon du régiment.

 

Le 4 août 1914, le lieutenant Dastouet rejoint, dans le secteur de Vanémon, le 1er échelon avec le groupe de réservistes.  Le 149e R.I. est maintenant au complet, prêt à combattre.

 

Le 9 août 1914, deux bataillons du 149e R.I. subissent le baptême du feu dans le secteur de Sainte-Marie-aux-Mines, près de Wisembach. Le lieutenant Dastouet est grièvement blessé au cours de cet engagement.

 

Il est touché par une balle en séton à la base antéro-postérieure du thorax, à droite, avec perforation du cul de sac pleural et hémothorax. Cette balle lui perfore également le rebord droit du foie.

 

Pour en savoir plus sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Renclos des Vaches 2

 

Paul Dastouet est évacué pour être soigné à l’arrière. Il ne retourne au dépôt du 149e R.I. que le 20 octobre 1914.

 

Le 22 novembre 1914, le lieutenant Dastouet est envoyé dans la zone des armées pour prendre le commandement de la 5e compagnie de son ancienne unité. À cette période du conflit, le 149e R.I. combat en Belgique dans la région d’Ypres.

 

Il est nommé capitaine à titre temporaire le 30 novembre 1914. Sa carrière est rapide, il passe, en cinq ans, d’engagé volontaire en 1909 à capitaine. Il n’a que 26 ans.

 

Fin décembre, le 149e R.I. retrouve le sol français. Il vient occuper des tranchées en Artois dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Le capitaine Dastouet participe à chacune des actions qui engagent sa compagnie dans le secteur.

 

Le 2 juillet 1915, Paul Dastouet est titularisé dans son grade d’officier de manière définitive.

 

Paul bénéficie d’une permission de 6 jours qui dure du 2 au 7 août 1915.

 

Le 25 septembre 1915, la 43e D.I. est entièrement engagée dans une vaste offensive dans le secteur du bois en Hache en Artois. Le capitaine Dastouet, à la tête de ses hommes qu’il mène à la contre-attaque, est blessé. Il est atteint par une balle qui se loge à l’extrémité de sa cuisse droite. La blessure est très grave. L’évacuation sur le poste de secours central de la Malterie d’Aix-Noulette est longue et parsemée d’embûches. Les boyaux sont imbibés d’eau, encombrés par les blessés et les hommes qui montent en ligne, ce qui rend la tâche des brancardiers particulièrement pénible.

 

Sommairement soigné, Paul Dastouet est envoyé à Paris où il est pris en charge par les médecins de l’hôpital Necker dans le XVe arrondissement.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 25 septembre 1915

 

Les soignants ne purent rien faire pour le sauver. Paul décède le 13 octobre 1915 à l’âge de 27 ans. L’histoire ne dit pas s’il a pu revoir ses parents avant de mourir.

 

Quelques jours après sa mort, le lieutenant-colonel Gothié rédige ce petit texte : «  A continué à donner les plus belles preuves de son activité et de sa bravoure au feu au cours de tous les combats auxquels le 149e R.I. a pris part. 2 blessures, 3 citations. Vient d’être blessé grièvement au combat du 25 septembre devant Angres et fait chevalier de Légion d’honneur pour sa belle conduite. Est mort malheureusement des suites de sa blessure. »

 

Le capitaine Dastouet repose actuellement dans le cimetière nord de Périgueux.

 

 

En janvier 1957, une assistante sociale de Périgueux fait une demande pour obtenir les états de services de Paul Dastouet. Elle est en train de constituer un dossier pour tenter d’obtenir la gestion d’un bureau de tabac pour la mère du capitaine. Cette femme qui est âgée de 95 ans vit probablement dans des conditions extrêmement modestes.

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts des villes de Périgueux et d’Épinal. Il est également gravé sur la plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de l’église de la Cité à Périgueux.

 

Paul Dastouet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec deux palmes et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 1ère Armée en date du 12 septembre 1914 à la suite du combat du 9 août au col de Sainte-Marie en Alsace.

 

« Pour son sang- froid et sa belle conduite au feu. »

 

Citation à l’ordre n° 46 de la 43e Division en date du 16 mars 1915.

 

« A conduit brillamment sa compagnie les 3 et 4 mars pendant les combats devant Noulette. A exécuté plusieurs reconnaissances très périlleuses pendant la nuit pour déterminer l’emplacement des tranchées qu’il a fait construire à 400 mètres des lignes ennemies. »

 

Citation à l’ordre de la 10e  Armée n° 87 en date du 10 juillet 1915.

 

« Commandant de compagnie plein d’entrain et de courage. S’est signalé le 18 juin par son esprit d’à propos en prenant possession avec le minimum de pertes, d’une grande partie des tranchées et abris du fond de Buval que l’ennemi n’avait évacué que partiellement et fait 18 prisonniers. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 27 septembre 1915 ordre n° 1737 D.

 

« Le 25 septembre 1915, a été blessé grièvement en entraînant vigoureusement sa compagnie à l’assaut d’une contre-attaque allemande qui fut repoussée. Excellent officier plein de courage et d’allant, déjà blessé au début de la campagne. Titulaire de trois citations. »

 

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services de Paul Dastouet a été lue sur le site des archives départementales de la Dordogne.

 

La photographie de la sépulture du capitaine Dastouet a été réalisée par N. Demaison.

 

Le registre de recensement de l’année 1891 de la ville de Périgueux a été visionné dans son intégralité pour confirmer le prénom non conforme à l’état civil porté par le père du capitaine Dastouet sur le site des archives départementales de la Dordogne.

 

Paul Dastouet est évoqué dans un article intitulé : « le lycée de Périgueux 1914-1918 ». Pour consulter cet écrit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Lycee de Perigueux

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Ducoq, à A. Carobbi, à T. Cornet, à N. Demaison, à J. Horter, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des départements du Lot-et-Garonne et de la Dordogne. 

16 août 2019

Gaston Fertat (1885-1915)

Gaston Fertat

 

Gaston Fertat naît le 25 avril 1885 dans l'appartement parisien occupé par ses parents, au numéro 28 de la rue Letort. Son acte de naissance est enregistré à la mairie du XVIIIe arrondissement, place Jules Joffrin, trois jours plus tard.

 

L’employé Alphonse Berille et le papetier François Fraisse accompagnent son père pour témoigner de l’évènement et signer le registre d'état civil.

 

Les parents de Gaston sont tous deux originaires de la Côte d’Or. Ils sont nés et se sont mariés à Salmaise.

 

La mère, Marie Louise Drouhot est âgée de 33 ans lorsqu’elle met au monde son fils unique. Elle travaille comme couturière. Le père, Jean Baptiste Constant, a 31 ans. Il exerce la profession d’employé d'octroi.

 

 

Le registre matricule de Gaston nous indique qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3. Il quitte donc l’école communale en sachant lire écrire et compter. Son parcours de vie entre la fin de sa scolarité primaire et son arrivée à la caserne reste inconnu.

 

Le 24 octobre 1903, Gaston Fertat se rend à la mairie du XVIIIe arrondissement pour y souscrire un engagement volontaire d’une durée de trois ans. Il a fêté son 18e anniversaire en avril. Le jeune homme a donc besoin du consentement paternel pour mener à bien ce projet.

 

Gaston demande à être affecté au 29e R.I. d’Autun, dans la Saône-et-Loire. Le lendemain, il rejoint la caserne Changarnier pour y commencer sa formation militaire. Les différents documents consultés ne permettent pas de savoir s’il est resté à Autun ou s’il a été envoyé dans une des compagnies du bataillon installée à la caserne de Sercey, cette dernière étant implantée dans la commune de Le Creusot.

 

Le 27 septembre 1904, il est nommé caporal puis sergent le 23 septembre 1905.

 

Le 1er août 1906, le sous-officier Fertat occupe les fonctions de sergent fourrier.

 

Gaston Fertat ne souhaite pas renouveler son contrat à la fin de ses trois années d’engagement. Il est donc libéré de ses obligations militaires, considérées comme service actif, à la date du 22 octobre 1906.

 

Le jeune homme quitte l’uniforme avec l’obtention de son certificat de bonne conduite et de son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section.

 

Gaston reste affecté au 29e R.I. en tant que réserviste. Il est inscrit sous le numéro 13532 au répertoire du corps.

 

En 1909, il est désinscrit de son corps d’origine pour être rattaché au  153e R.I., dont le dépôt se trouve à Fontainebleau.

 

Devenu dessinateur industriel, il vit avec ses parents au numéro 160bis de la rue Vercingétorix, dans le XIVe arrondissement parisien. Le 11 avril 1910, Gaston épouse Anne Marguerite Clémence Bourrier à Malakoff, au sud de la capitale.

 

Quelque temps plus tard, le couple Fertat s’installe à Montereau-Fault-Yonne, dans la Seine-et-Marne. Gaston a obtenu un emploi de dessinateur à la faïencerie monterelaise qui est la plus ancienne du département.

 

Manufacture_de_faience_de_Montereau

 

Sa fille, Marie Louise Julia, voit le jour le 29 juillet 1911.

 

Gaston Fertat, qui fut dispensé de sa 1ère période d'exercice, est dans l’obligation de faire sa seconde période au sein du 153e R.I.. Elle se déroule du 4  au 20 décembre 1911.

 

Installé définitivement à Montereau-Fault-Yonne, le sergent de réserve Fertat est rattaché au 46e R.I. de Fontainebleau.

 

En août 1914, lorsque le tocsin de la Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Loup sonne pour annoncer la mobilisation générale, Gaston sait qu’il va devoir rejoindre le dépôt de son régiment à Fontainebleau.

 

Son statut de sergent fourrier lui permet probablement de rester au dépôt durant la première décade du mois d’août ; en effet, ce n’est que le 13 août qu’il rejoint son régiment installé dans la région Étain dans la Meuse.

 

Le 2 octobre 1914, Gaston Fertat est blessé à Vauquois. Une première balle l’atteint à la mâchoire inférieure et dans la région lombaire, une seconde balle le touche au bras droit. Son état l’oblige à faire un long séjour dans un hôpital de l’arrière.

 

De retour au dépôt après ses soins et sa convalescence, il souhaite devenir officier. Le 17 mai 1915,  il fait une demande écrite au ministre de la Guerre pour être nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée du conflit. Dans son courrier, Gaston fait valoir qu’il est détenteur du certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section.

 

Sa requête est accordée ; il est officiellement promu au grade de sous-lieutenant à titre temporaire le 27 juin.

 

Sa promotion le fait changer d’affectation. Gaston Fertat est envoyé au 149e R.I., un régiment qui combat en Artois. Le 13 juillet 1915, le nouvel officier rejoint cette unité où le lieutenant-colonel Gothié l’affecte à la 5e compagnie. À partir de cette date, le sous-lieutenant Fertat participe à toutes les opérations qui sont menées par le régiment spinalien.

 

Son passage au sein des effectifs des cadres de la 5e compagnie est assez court.

 

Le 25 septembre 1915, son régiment est engagé dans une vaste offensive qui doit permettre la prise du bois en Hache. Mortellement blessé, Gaston meurt à la tête de sa section, au cours d’une contre-attaque menée par sa compagnie, sous l’autorité du capitaine Dastouet.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante. 

 

Carte journee du 25 septembre 1915

 

Le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse, officier d’état civil du 149e R.I.,  valide le décès de Gaston Fertat le 1er octobre 1915.

 

Le sergent-major Mary Élie Adolphe Béal et le sergent fourrier Charles Paul Clément ont vu tomber leur supérieur sur le champ de bataille.

 

Le 28 octobre 1915, le lieutenant-colonel Gothié note ceci dans le feuillet du personnel de son régiment à propos du sous-lieutenant Fertat : « Ancien sergent fourrier de l’armée active, s’est montré dès son arrivée au 149e, l’officier fanatique et dévoué, plein d’entrain et d’enthousiasme qu’il était. A été tué le 25 septembre devant Angres en entraînant sa section à l’assaut. »

 

L’acte de décès de cet officier n’est transcrit à la mairie de Montereau-Fault-Yonne que le 21 mars 1916.

 

Il n’y a pas de sépulture connue pour cet officier.

 

Le sous-lieutenant Gaston Fertat a obtenu la citation suivante :

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 64 du 26 octobre 1915 :

 

« Le 25 septembre 1915, devant Angres, a été tué en se portant en tête de sa section à la rencontre d’une contre-attaque allemande qui fut repoussée. Officier très brave et très énergique. »

 

Vingt jours avant qu’elle ne fête son 8e anniversaire, sa fille, Marie Louise Julia, est adoptée par la nation le 9 juillet 1919.

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts des communes de Montereau-Fault-Yonne et de Verrey-sous-Salmaise ainsi que sur la plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de la Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Loup de Montereau-Fault-Yonne.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le site des archives départementales de la ville de Paris et le site de généalogie « Généanet » ont également été lus.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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