Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
4 octobre 2019

Maurice Joseph Le Hoc (1880-1943).

Marie Joseph Le Hoc

Maurice Joseph Le Hoc est né le 5 mai 1880 à Trouville, dans le département du Calvados. Son père, Désiré Magloire, est alors âgé de 29 ans. À l’époque secrétaire de la mairie Touvillaise, il fut élu maire de Deauville vingt plus tard. Désiré Le Hoc occupera cette fonction jusqu’à la date de sa mort survenue en 1919. La mère, Aimée Marie Salogne, est une femme de 28 ans originaire de la Mayenne et qui n’exerce pas de profession.

Genealogie famille Le Hoc

Maurice suit une scolarité qui le mène jusqu’aux portes de l’université. Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 5. Il termine ses études avec une licence de lettres, un diplôme particulièrement élevé pour l’époque.

L’heure de la conscription approche. Soldat appelé de la classe 1900 de la subdivision de Lisieux, notre jeune normand se retrouve dispensé par l’article 23 lorsqu’il passe devant le conseil de révision. En 1901, il est ajourné pour faiblesse avant d’être reconnu « bon pour le service », dispensé licencié es lettres, l’année suivante.

Incorporé au 119e R.I. à compter du 14 novembre 1902, il est autorisé à suivre la formation de chef d’escouade. Maurice est officiellement confirmé dans ce grade le 26 mai 1903.

Le caporal Le Hoc est mis en disponibilité le 19 septembre de la même année avec, en poche, son certificat au grade de sous-officier de réserve et son certificat de bonne conduite accordé.

Toujours rattaché à son régiment, il se retire à Deauville. Maurice devient sergent de réserve le 9 mai 1904.

C’est avec ce nouveau grade de sous-officier qu’il doit se rendre à Bernay pour accomplir une période de « dispensé article 23 » entre le 16 août et le 12 septembre 1904, au 24e R.I.. Il fut affecté à la 12e compagnie du régiment durant toute cette période. Ici, Maurice travaille pour obtenir son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section dans la réserve. Les notes obtenues sont excellentes : 18 pour l’instruction militaire théorique, 17 pour l’instruction militaire pratique et 18 pour l’aptitude au commandement.

Il passe officiellement dans la réserve de l’armée active le 1er novembre 1904.

Maurice Le Hoc a été désigné par le gouvernement français pour les fonctions de sous-préfet de la ville d’Yvetot. La date de cette nomination n’a pas été retrouvée pour l’instant.

Grâce à l’obtention de son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section, il est promu sous-lieutenant de réserve par un décret présidentiel du 20 décembre 1909. Il dépend maintenant du 134e R.I., le régiment de Mâcon.

Le 25 janvier 1913, Maurice est rattaché au régiment d’infanterie de Compiègne. Le 30 juin 1913, il est placé hors cadre.

Le 30 mai 1913, un décret présidentiel, sur proposition du ministre de l’Intérieur, nomme Maurice Le Hoc sous-préfet d’Épernay. Il se rend dans la Marne pour y remplacer le sous-préfet Boivin qui vient d’être appelé à d’autres fonctions.

Sous-Prefecture d'Epernay

Lorsque le conflit contre l’Allemagne est sur le point d’éclater, le sous-préfet Le Hoc est rappelé à l’activité militaire par suite de mobilisation générale. Il a obligation de rejoindre son corps le 2 août 1914. Le sous-préfet Touzet qui exerce ses fonctions professionnelles à Issoire vient le remplacer.

Le 16 septembre 1914, le sous-lieutenant Le Hoc est muté au 297e R.I..

Son rôle au sein de ce régiment alpin reste inconnu pour toute la période où il fut affecté dans cette unité. Son nom ne figure pas dans les effectifs du début de campagne inscrits dans le J.M.O. du régiment, et encore moins dans celui du 97e R.I..  Maurice Le Hoc est probablement resté au dépôt de Chambéry.

Cette affectation au dépôt semble se confirmer, car au début du mois de février 1915, le sous-lieutenant Le Hoc est rattaché à la 15e compagnie du bataillon de marche du 17e R.I., une unité qui vient tout juste d’être créée. Son nom figure dans le tableau nominatif des cadres, consultable dans le J.M.O. du 17e R.I.. Il y est également écrit qu’il arrive du 97e R.I..

Le 11 mars 1915, ce bataillon reçoit l’ordre d’envoyer au 149e R.I. un renfort composé d’un capitaine, de 5 lieutenants et sous-lieutenants, de 13 sous-officiers, de 12 caporaux et de 300 hommes de troupe. Le sous-lieutenant Le Hoc est du nombre.

Au 149e R.I.

Maurice rejoint l’équipe des cadres du 149e R.I. le 12 mars 1915. Ce régiment d’origine vosgienne combat en Artois depuis la fin du mois de décembre 1914. Le secteur est particulièrement dangereux. Dès son arrivée, le sous-lieutenant apprend que sa nouvelle unité a subi une sévère attaque allemande le 3 mars. Il a été très difficile de contenir l’ennemi et les pertes ont été importantes.

Le lieutenant-colonel Gothié lui donne le commandement d’une section de sa 11e compagnie qui vient tout juste d’être mise sous l’autorité du lieutenant Wichard, en remplacement du lieutenant Thomas qui a été tué au cours de l’attaque allemande.

Le 9 mai 1915, deux bataillons du 149e R.I. participent à une offensive qui doit permettre la prise du fond de Buval. La majorité des effectifs de la 43e D.I. est engagée. Le sous-lieutenant Le Hoc mène sa section dans le no man’s land. Sa compagnie est vite en difficulté. Son chef de compagnie, le lieutenant Wichard, est tué. De nombreux soldats perdent la vie ou sont blessés au cours de l’action. Le fond de Buval est finalement atteint par seulement la moitié des hommes de la 11e compagnie.

L’intervention du sous-lieutenant Le Hoc au cours de l’attaque du 9 mai 1915 a été décrite par un de ses sous-officiers dans un article qui fut publié dans « la petite revue bas-normande de la guerre ».

« Nous avons évidemment eu une très lourde tâche dans notre compagnie, qui d’abord était compagnie d’attaque. Elle avait la plus longue distance à parcourir, 500 mètres en attaquant et en prenant successivement cinq lignes de tranchées. Nous eûmes à le faire, de surcroît, sous le feu le plus meurtrier et le plus décimant. Il est fort probable que si les officiers n’avaient pas marché en tête et vigoureusement, il y aurait eu, à certains moments, un peu d’hésitation chez les hommes, qui tombaient à chaque pas. Mais la compagnie fut héroïque et le lieutenant Le Hoc l’entraîna même plus loin que les objectifs assignés. En arrivant dans le fond de Buval, ç’est là que tombant sur une masse d’Allemands, l’autre lieutenant et l’adjudant furent tués. Le lieutenant le Hoc établit rapidement, avec quelques hommes, un barrage avec des sacs de terre, bouchant le boyau d’accès des Allemands et paralysant ainsi leur retour offensif. C’est là que je fus blessé. Cette poignée d’homme coucha là deux jours et deux nuits, ne perdant rien de la position, sous le feu terrible d’artillerie. Quand on a vu cela, on a tout vu !

Du reste, toute la compagnie a été citée à l’ordre de l’armée.

Plusieurs autres sous-officiers et soldats de cette compagnie engagée à Notre-Dame-de-Lorette sont actuellement en traitement dans les ambulances du littoral, à Deauville, à Trouville, à Bernières-sur-Mer, etc. »

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte du 9 mai 1915

Le 24 mai 1915, Maurice Le Hoc est nommé sous-lieutenant porte-drapeau ;  le commandement de la C.H.R. du régiment lui est également confié.

Le 13 septembre 1915, l’officier bénéficie d’une permission. Maurice se rend à Paris pour y épouser Armandine Maria Weber. Au cours de cette union, le couple reconnaît, en vue d’une légitimation, le petit Jean Maurice qui est né le 22 octobre 1914 à Deauville.

Le 20 septembre 1915, le sous-lieutenant Le Hoc est promu à titre définitif dans le grade supérieur. Il apprend rapidement qu’il va devoir quitter le régiment qui a pour devise « Résiste et mord ».

Peu avant son départ, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci dans le relevé des notes de son subordonné : « Officier intelligent et distingué, ayant eu une belle attitude au feu en mai alors qu’il commande sa section. A rempli ensuite les fonctions de porte-drapeau et de commandant de la compagnie hors rang à l’entière satisfaction du chef de corps. »

À la Légion

Le 8 octobre 1915, cet officier est mis à la disposition du commissaire résident général du Maroc, suite à une décision prise par le général commandant en chef.

Sa nouvelle affectation le conduit au 1er régiment de marche du 2e étranger.

Le lieutenant Le Hoc arrive dans sa nouvelle unité le 17 décembre 1915. Il est affecté à la section de mitrailleuses de la 11e compagnie du régiment.

Au cours du mois de juin 1916, Maurice participe à une série d’opérations qui ont lieu dans la région de Taza. Il faut tenter de soumettre les Beni-Ouaraïn qui sont placés entre El Menzel et Oued Matmata.

Le 16 juin 1916, il se bat à Aïn-Agéri. Le lendemain, il est engagé dans l’attaque des kasbah de Bizranne. Le surlendemain, c’est le combat de Cassiona puis celui de Ziberbarine, le 19 juin.

Le 25 juin 1916, il fait des reconnaissances vers El Khemis des Beni-Ouaraïn.

Le colonel Théveney  rédige la note suivante  dans le relevé des notes de Maurice : «  Le lieutenant de réserve Le Hoc, après s’être fort bien conduit sur le front, est au Maroc depuis 8 mois. Il n’a pas tardé à s’y faire fort bien juger par ses supérieurs. Intelligent, dévoué, très instruit, d’esprit militaire, il sert avec entrain. Aux colonnes, il s’est parfaitement comporté, tant comme chef de section, qu’en qualité d’agent de liaison du chef de bataillon. Comme commandant de troupe mobile, j’ai pu apprécier son sang-froid, sa vigueur, sa compréhension très nette de la situation et de son courage. A été l’objet d’une proposition de citation à l’ordre des T.M.O.. »

Le 25 novembre 1916, il ajoute « Bon officier de réserve, mais qui en dehors des colonnes semble préférer le séjour de la ville à celui du bled, ce qui ne lui enlève rien de ses qualités d’intelligence et de discipline et de zèle à s’instruire. »

En mars et avril 1917, le lieutenant Le Hoc prend part à de nouvelles opérations qui sont effectuées par les groupes mobiles de Fez et de Taza dans le secteur de Taza contre les contingents d’Abd-el-Malek.

Le 6 avril 1917, il participe à la prise du camp d’Abd-el-Malek à Taza.

Le 14 mai 1917, il intervient dans le combat de Der-Kollart puis dans celui de Tagueniet quatorze jours plus tard.

Maurice Le Hoc est remis à la disposition du ministre suivant une décision prise par le commissaire résident général commandant en chef du Maroc, décision enregistrée sous le n° 8922B à la date du 8 octobre 1917.

Promu capitaine de réserve à titre définitif le 14 octobre 1917, il rentre en France le 19 octobre 1917.

De nouveau mis à la disposition du résident général du Maroc par décision ministérielle du 19 novembre 1917, il repart pour le Maroc le jour de Noël.

Le capitaine Le Hoc est affecté au 2e bataillon de marche du Maroc le 4 janvier 1918. Il arrive à Fez cinq jours plus tard.

Le 1er avril 1918, Maurice Le Hoc prend le commandement de la compagnie blanche du 21e bataillon sénégalais.

Il fait partie des effectifs de la colonne de l’Arba-de-Tahala, dite des Ait  Mohand ou Yaya, effectifs qui partent de Fez le 3 avril 1918. Ce groupe mobile a pour mission de construire deux postes qui doivent protéger la route et la voie ferrée Fez-Taza en construction, des attaques des Beni-Ouaraïn.

La colonne est de retour le 18 mai 1918.

Le capitaine Le Hoc participe à une autre opération avec la colonne de Senhadja entre le 19 juin et le 13 juillet 1918.

Carte du Maroc

 Retour à la vie civile

Quelques jours après la signature de l’armistice, le gouvernement français construit progressivement la liste des cadres administratifs qui vont intervenir dans les trois départements de l’Alsace et de la Lorraine.

Maurice Le Hoc est envoyé à Haguenau dans la Basse-Alsace pour y exercer les fonctions d’administrateur de la direction des affaires militaires au commissariat général de la République à Strasbourg.

Démobilisé le 12 juillet 1919 par les soins du 71e R.I., il est nommé sous-préfet de cette commune, une fonction qu’il occupera durant dix ans.

L’ancien capitaine est mis hors cadre de l’armée le 20 mai 1922.

Il est rayé des cadres définitivement par décret en date du 27 novembre 1929 et par l’application  de l’article 10 de la loi du 25 janvier 1925.

En 1930, le sous-préfet d’Haguenau est nommé préfet du Tarn-et-Garonne, une charge qui doit prendre effet à compter du 15 mai 1930. Mais cette promotion reste sans suite, l’ancien officier du 149e R.I. devient chef du service central à la direction générale des services d’Alsace-Lorraine.

Maurice Joseph Le Hoc décède le 6 mai 1945 dans son domicile parisien au numéro 9 de la place Vauban. La veille, il venait de fêter son 65e anniversaire.

Les decorations du capitaine Le Hoc

Décorations obtenues :

Citation à l’ordre de la 43e Division n° 56  le 25 mai 1915 :

« Le 9 mai, a brillamment entraîné sa section sous un feu violent d’artillerie et d’infanterie. A repoussé une contre-attaque allemande dans la nuit du 9 au 10 mai malgré que l’effectif de sa section ait été réduit de moitié  »

Citation à l’ordre de la subdivision n° 30 en date du 24 août 1916 :

« A fait preuve d’une calme bravoure et d’un mépris complet du danger le 19 juin et les 3-4 juillet 1916, d’un remarquable courage en allant porter des ordres sous le feu de l’ennemi et dans des terrains difficiles, à des unités engagées en première ligne »

Citation à l’ordre de la subdivision de Fez en date du 23 juin 1917 :

« Officier d’une haute valeur. Au combat du 3 avril 1917, voyant la 11e compagnie vivement pressée par l’ennemi, s’est porté, avec ses mitrailleuses, au secours de cette unité avec une telle célérité que l’ennemi a été mis en fuite avant d’avoir atteint son but. »

Chevalier de la Légion d’honneur en date du 16 juin 1920.

Autres décorations :

Médaille coloniale agrafe Maroc.

Officier dans l’ordre marocain Ouissam Alouite.

Officier de l’instruction civique.

Chevalier du mérite agricole.

Maurice Le Hoc possède un dossier individuel de fonctionnaire de l’administration préfectorale consultable aux archives nationales enregistré sous la référence F/1bI/1091.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services provenant du site des archives départementales de la ville de Paris.

Actes d'état civil lus sur le site des archives départementales du Calvados et de la ville de Paris.

La photographie représentant le lieutenant Le Hoc provient de la collection personnelle de J. Breugnot.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. : Réf 26 N588/1

Petite revue bas normande de la guerre numéro du 16 juin 1915. Cette revue est consultable sur le site « Gallica ».

Petite revue Bas-Normande de la guerre

Historique du 2e bataillon de marche du Maroc.

Historique du 2e bataillon de marche du Maroc

Un grand merci à M. Bordes, à J. Breugnot, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Calvados et de la ville de Paris.

Commentaires
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 837 308
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.