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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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8 novembre 2019

Gaston Eugène Émile Relu (1886-1915)

Gaston Eugene Emile Relu

 

Originaire de la Seine-et-Marne, Gaston Eugène Émile Relu naît le 1er juillet 1886 aux Courreaux, un hameau administrativement rattaché à la mairie de Forges.

 

Son père, Eugène Alexandre, travaille comme jardinier. Sa mère, Adèle Eulalie Marteaux, sans profession, a déjà donné vie à un garçon qui n’a pas survécu. Il décéde chez sa nourrice à l’âge de un mois.

 

Les parents sont tous deux âgés de 26 ans à la naissance de Gaston. Une petite sœur, prénommée Blanche Eugénie voit le jour le 30 août 1887.

 

 

Un drame familial marque à tout jamais Blanche et Gaston. Le 11 novembre 1891, sous l’emprise de l’alcool, le père abat leur mère d’un coup de fusil. Les enfants sont respectivement âgés de 4 et 5 ans.

 

Eugène Alexandre craignait que son épouse ne le dénonce comme incendiaire dans le cadre d’un sinistre allumé par ses soins en décembre 1890. En effet, il avait mis le feu à un édifice lui appartenant pour escroquer son assurance, la compagnie l’Aigle.

 

Cet homme violent et très gros buveur était craint de beaucoup au village. Tout au long de son procès, il n’a pas exprimé un seul regret concernant l’acte qu’il a commis. Après délibération, le jury, réuni à la cour d’assises de Melun, lui refuse toutes circonstances atténuantes.

 

Le 5 février 1892, le verdict tombe, il est condamné à mort. Le père de Gaston échappe de peu à « la veuve » de Deibler.

 

Eugène Alexandre Relu obtient la grâce présidentielle signée par Sadi Carnot le 26 mars. Il voit ainsi sa peine initiale commuée en celle de travaux forcés à perpétuité.

 

Ce changement de condamnation l’oblige à quitter la centrale de Melun pour rejoindre la Charente-Inférieure.

 

Le 28 avril 1892, Eugène Alexandre Relu est écroué au dépôt de Saint-Martin-de-Ré, dans l’attente de son départ pour la Guyane.

 

Le 8 octobre, il embarque sur le « ville de Saint-Nazaire », un paquebot spécialement affrété par l’état et qui a pour mission de transporter les forçats de l’autre côté de l’Atlantique. Eugène Alexandre Relu décède au bagne le 4 avril 1906.

 

La petite Blanche fut un temps recueillie par ses grands-parents paternels. Dans l’état actuel des recherches, Il est impossible de savoir ce qu’il est advenu des enfants Relu après l’assassinat de leur mère.

 

Nous retrouvons Gaston quelques années plus tard.

 

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 ; ce qui veut dire qu’il a appris à lire, à écrire et à compter. Cette fiche nous indique également qu’il a travaillé comme épicier à Asnières.

 

Très rapidement il occupe un poste de chef du personnel dans une maison d’alimentation qui emploie une quarantaine de salariés.

 

L’année de ses vingt ans, Gaston doit penser à ses obligations militaires. Soldat de la classe 1906 de la subdivision de Fontainebleau, il se voit ajourné par le conseil de révision. Il devra se représenter devant les instances militaires dans un an. Cette fois-ci il est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Le 6 octobre 1907, il est incorporé au 4e R.I., une unité qui est en garnison à Auxerre.

 

Ayant l’habitude de diriger une équipe, le soldat Relu est proposé pour suivre les cours de l’école des caporaux à la caserne Vauban. Cette formation lui permet d’être nommé dans ce grade le 26 septembre 1909.

 

Son service militaire prend fin lorsqu’il est envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1910. Six jours plus tard, il est inscrit dans la réserve du régiment.

 

De retour à la vie civile avec son certificat de bonne conduite, il retrouve sa place de chef du personnel.

 

Gaston accomplit sa 1ère période d’exercice entre le 29 août et le 20 septembre 1912 dans son ancien régiment.

 

Il est par la suite rattaché à la réserve du 46e R.I. de Fontainebleau.

 

Gaston Relu trouve un nouvel emploi. Il devient gérant du magasin de vente Plouvier, une entreprise commerciale placée au n°15bis du boulevard Saint-Denis dans le 2e arrondissement de la ville de Paris.

 

Lorsque l’ordre de mobilisation générale est décrété le 1er août 1914 et après relecture de son livret militaire, l’ancien épicier sait qu’il dispose de quatre jours pour rejoindre son régiment, le 246e R.I..

 

Nommé sergent le 14 novembre 1914, il occupe les fonctions de ce grade jusqu’au 16 décembre 1914, date de sa blessure, dans le secteur de Crouy.

 

Touché par une balle au cuir chevelu, il est évacué vers l’arrière. Le 22 décembre, le sergent Relu entre à l’hôpital auxiliaire n°77, 145 avenue Parmentier à Paris, pour en sortir le 27 janvier 1915.

 

Il est fort probable qu'il a suivi les cours de chef de section lorsqu’il  s’est retrouvé, après son séjour à l’hôpital, au dépôt de Fontainebleau à la 27e compagnie du 46e R.I..

 

C’est au cours de cette période qu’il fait une demande écrite pour être nommé officier. Gaston n’a aucune difficulté pour obtenir l’avis favorable de ses supérieurs.

 

Le 27 juin 1915 il devient sous-lieutenant à titre temporaire avec une nouvelle affectation à la clé. Il vient de recevoir l’ordre de rejoindre le 149e R.I., une unité qui combat en Artois depuis plusieurs mois. Arrivé sur le front le 22 août 1915, il est affecté à la 7e compagnie du régiment, mis sous les ordres directs du capitaine Guilleminot.

 

Le sous-lieutenant Relu participe à toutes les missions qui sont demandées à sa compagnie jusqu’au 26 septembre 1915.

 

Ce jour-là, le 149e R.I. est engagé dans une vaste offensive commencée la veille.

 

Une série d’attaques menées par toutes les unités de la 43e D.I. doit permettre la prise du bois en Hache. Le sous-lieutenant Relu est tué au cours d’une sortie de sa section dans le no man’s land.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journee du 26 au 27 septembre 1915n(2e partie)

 

Le corps de Gaston ne fut pas retrouvé après les attaques de septembre. Le 6 octobre 1915, un acte de disparition officiel est signé par le sous-lieutenant Mortemard de Boisse, l’officier responsable de l’état civil. Il n’a pas été possible de trouver les deux témoins nécessaires à la validation du décès d’un homme abattu durant un combat. Seul l’aspirant Maginot affirme l’avoir vu tomber. Mais, ayant été blessé lui-même, il lui fut impossible d’en savoir davantage.

 

Quelques semaines après la mort du sous-lieutenant, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci dans le feuillet du personnel : « Ancien sous-officier dans la réserve, a gagné ses galons sur le champ de bataille. Excellent chef de section, énergique, et dévoué. A été tué le 26 septembre 1915 devant Angres en entraînant sa section à l’assaut. »

 

Le décès du sous-lieutenant Relu est validé le 4 avril 1918, suite à une décision prise par le tribunal civil de la Seine qui le déclare officiellement « mort pour la France » à la date du 26 septembre 1915, jour de sa disparition.

Gaston Relu a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 55e division n° 34 (texte non connu).

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 121 en date du 21 octobre 1915.

 

« Officier brave, énergique et plein d’entrain. Le 26 septembre 1915, devant Angres, a été tué en entraînant brillamment sa section à l’attaque des tranchées allemandes sous une fusillade et un bombardement des plus violents. »

 

Gaston Relu ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Monument aux morts et plaque commemorative de la commune de Forges

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative placée à l’intérieur de la petite église de Saint-Baudèle de la commune de Forges.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Registre matricule et registres de recensement lus sur le site des archives du département de la Seine-et-Marne.

 

Article de presse publié dans le journal « La Justice » du 6 février 1892.

 

Article de presse publié dans le journal «  La Liberté » du 7 février 1892.

 

Base de données des dossiers individuels de condamnés au bagne lisible sur le site des archives nationales d’outre-mer.

 

Les photographies du monument aux morts et de la plaque commémorative de l’église de Forges proviennent du site « MémorialGenWeb » »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à H. Dropsy, à M. Porcher, à S. Protois et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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