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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 août 2016

Marcel Daufresne de la Chevalerie (1893-1916).

Marcel_Daufresne_de_la_Chevalerie

Marcel Daufresne de la Chevalerie voit le jour le 2 janvier 1893 dans la ville italienne de Naples. Son père se prénomme Auguste, sa mère Julia Ruchitti. C’est tout ce qui est connu pour l’instant de son histoire familiale et de sa jeunesse.

Nous savons simplement que les parents de Marcel vivent à Marseille peu de temps avant que le jeune homme ne signe un engagement volontaire, le 5 septembre 1914, pour la durée de la guerre.

Marcel possède certainement un très bon niveau d’équitation ; il débute sa carrière de soldat dans un régiment de cavalerie. Le futur cavalier doit rejoindre la ville de Vouziers pour intégrer le dépôt du 3e régiment de cuirassier. Marcel Daufresne de la Chevalerie est envoyé sur le front entre le 9 et 10 septembre sans véritable formation.

Le 12 janvier 1915, il est blessé. La nature et le lieu de sa blessure ne sont pas connus, mais celle-ci ne semble pas être très grave.

Marcel conquiert tous ses grades sur le champ de bataille. Il est nommé brigadier le 18 janvier 1915 puis maréchal de logis le 9 février 1915. Une semaine plus tard, le général commandant en chef signe sa promotion au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.

Cet avancement dans le rang des officiers l’oblige à changer d’affectation. Marcel rejoint un régiment d’infanterie qui se trouve en Artois, pour y prendre le commandement d’une section de la 1ère compagnie du 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 avril 1915.

Le 10 mai 1915, il est de nouveau blessé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, la blessure est plus sérieuse, un éclat de bombe lui fait une plaie à l’épaule droite qui nécessite une évacuation vers l’arrière.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 10 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

journee_du_10_mai_1915

Pas tout à fait remis sur pieds, le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie demande à repartir dans son régiment. Le 18 juillet 1915, il est versé dans une compagnie du 9e bataillon d'instruction de la 43e D.I.. Sa blessure n’est toujours pas cicatrisée. Le jeune homme ne consent à prendre le repos nécessaire à son rétablissement que sur les fermes injonctions de son chef de bataillon. Il lui faut maintenant prendre son mal en patience en attendant de pouvoir reprendre à nouveau la tête d’une section du 149e R.I..

Le colonel Gauthié, responsable du régiment, note l’observation suivante dans son feuillet individuel :

 « Homme vigoureux, intelligent, débrouillard. Son éducation militaire reste très incomplète, il connaît peu l’infanterie, a donc besoin de perfectionner son instruction technique. Blessé en mai, revenu non guéri, plein de bonne volonté et d’entrain, mais peu militaire. Il paraît modifier peu à peu son attitude dans le sens qui lui est conseillé et fera plus tard un excellent officier.

Il vient d’être puni par le général commandant le 21e C.A. pour une intervention maladroite dans la discipline d’un corps voisin. »

En effet, le 15 décembre 1915 le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie écope de 4 jours d’arrêts simples pour avoir, au cours d’une ronde dans un cantonnement, outrepassé sa mission en s’engageant dans une discussion qui a dégénéré en altercation avec un commandant de compagnie d’un corps étranger au sien.

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun. Le 9 mars 1916, la section qui est sous les ordres du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie se fait tout particulièrement remarquer dans une l’attaque lancée sur le village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 9 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Ravin_des_Fontaines_2

Quelques semaines plus tard, il faut de nouveau attaquer. Cette fois-ci la chance ne sera pas au rendez-vous. L’action d’éclat du 9 mars n’est pas renouvelée. Marcel Daufresne de la Chevalerie disparaît au cours de l'attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le même secteur. Il a 23 ans.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Journee_du_2_avril_1916

Le 17 avril 1916, le commandant Magagnosc qui commande le 1er bataillon du 149e R.I. dit de lui :

« Très intelligent, plein d’initiative, d’une bravoure à toute épreuve, s’est particulièrement fait remarquer devant Verdun, notamment aux combats de Vaux-devant-Damloup les 9 et 10 mars 1916 et le 2 avril 1916. Disparu à cette dernière affaire. Sa section a été citée à l’ordre de l’armée pour sa vaillante conduite devant Vaux, le 9 mars 1916. »

Une enquête est menée pour tenter de connaître les circonstances exactes de la disparition du sous-lieutenant.

Un inspecteur du commissariat du quartier du 7e district de la ville de Paris rédige le courrier suivant à l’attention du procureur de la République.

« Madame Daufresne, 10 rue du faubourg Montmartre, mère adoptive du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, consultée, a déclaré qu’elle ne pouvait révéler aucune circonstance de nature à faire douter de la réalité de cette mort, ou, au contraire, à la confirmer.

Elle ajoute que des soldats du 149e R.I., prisonniers en Allemagne, lui ont fait connaître que le sous-lieutenant avait été mortellement blessé aux abords d’une ferme, près de l’étang de Vaux, mais qu’ils ne l’avaient pas vu inhumé.

D’autre part, la Croix Rouge lui a fait parvenir les mêmes renseignements, mais sans affirmer qu’il était décédé et qu’il n’était pas connu dans les camps de prisonniers en Allemagne. (au moins, sous son véritable état civil)

Le défunt était célibataire. La dame, veuve Merlin, 11 rue Debaq, à Calais, institutrice à l’école rue Delaroche et qui était la maîtresse du sous-lieutenant fournirait peut-être des renseignements utiles au sujet de cette affaire. »

Le jugement de décès de Marcel Daufresne de la Chevalerie est rendu le 4 mai 1917 par le tribunal de la Seine. Il est transcrit à la mairie du 9e arrondissement de Paris le 11 juin.

Décorations obtenues :

Cité à l’ordre du 3e régiment de cuirassiers en décembre 1914.

Citation à l'ordre de l'armée :

« Officier très jeune, dont la bravoure était légendaire au régiment, A toujours été un entraîneur d'hommes hors pair. Est tombé bravement pour la France, le 2 avril 1916 à Vaux-devant-Damloup. »

Marcel Daufresne de la Chevalerie à été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.

La section qu'il commandait à Verdun est citée à l’ordre de la 2e armée n° 83 du 3 avril 1916.

(Première section de la 1ère compagnie du 149e R.I.)

«  Brillamment enlevée par son chef de section (sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, est entrée le 9 mars 1916 dans un village occupé par les Allemands ; a chassé ces derniers des maisons qu’ils occupaient et à coopéré efficacement au rétablissement de la situation dans cette partie du secteur.

Par son attitude ultérieure, a interdit à l’ennemi toute progression. Est allée chercher sous le feu, et a rapporté dans nos lignes 52 caisses de grenades abandonnées en terrain découvert. A perdu le 1/5e  de son effectif. »

Le nom du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie est gravé sur le monument aux morts du 9e arrondissement de Paris.

Pas de sépulture connue. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre 1914-1918. Paris 1921.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

19 août 2016

Michel Louis Laurent (1886-1916).

Sous_lieutenant_Laurent

Michel Louis Laurent voit le jour le 6 février 1886. Le lendemain, la sage femme, qui a aidé à l’accouchement, présente l’enfant à la mairie de Nantes pour y faire enregistrer son acte de naissance. Le père Henri Auguste, un négociant âgé de 45 ans, est éloigné du domicile familial durant cette période. Sa mère, Berthe Marie Mahaud, est une rentière âgée de 33 ans.

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision classe Michel Laurent dans la 1ère partie de la liste de l’année 1907. Il est bon pour le service armé en attente de sa convocation et de son affectation.

Le 7 octobre 1907, le futur soldat arrive au 116e R.I., un régiment qui occupe la caserne de La Bourdonnaye et la caserne des trente dans la ville de Vannes.

Le soldat Laurent prend du galon très rapidement. Il est nommé caporal le 19 mars 1908, puis sergent le 21 novembre 1908. À peine 8 mois pour devenir sergent ! Ce qui n’est pas si courant. En toute logique, le certificat de bonne conduite lui est accordé lorsqu’il quitte le régiment à la fin de son service militaire. Michel Laurent est envoyé en disponibilité le 25 septembre 1909.

L’histoire de la jeunesse de Michel n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il a vécu à La Roche-sur-Yon et qu’il a exercé le métier de linotypiste après son retour à la vie civile. Le 23 septembre 1911, il abandonne son clavier alphanumérique pour conduire sa future épouse à la mairie et à l’église de La Roche-sur-Yon. Il se marie avec Joséphine Henriette Constance Abellard, une libraire âgée de 27 ans originaire du Maine-et-Loire.

Le couple déménage à Poitiers. Ce changement de domicile le fait passer dans la subdivision de Poitiers le 19 décembre 1911. Désormais, il est affecté au régiment le plus proche de sa résidence, le 125e R.I..

C’est comme sergent de réserve qu’il commence la campagne contre l’Allemagne en août 1914. Rappelé à l’activité le 1er août 1914 au 325e R.I., il part avec le 125e R.I.. Michel Laurent est blessé le 8 février 1915 par une balle en séton à la partie postérieure du cou. Sa compagnie se trouve alors en Belgique, du côté de Zonnebeke. Il est évacué vers l’arrière.

Sa blessure est assez sérieuse. En septembre 1915, il est au dépôt du 125e R.I. à la 30e compagnie.

Le sergent Laurent a toujours été très bien noté par ses supérieurs. Le 28 du mois, il rédige une demande pour tenter d’obtenir le grade de sous-lieutenant. Son courrier est directement envoyé au ministère de la guerre.

« J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir accepter la présente demande formulée en vue de l’obtention du grade de sous-lieutenant (prescription de la circulaire ministérielle du 15 septembre 1915). Je suis marié depuis le 23 septembre 1911, et je n’ai pas d’enfant. Ma femme n’occupe pas un emploi de l’état, elle habite Poitiers. »

Cette requête est acceptée. Le sergent Laurent, alors âgé de 29 ans, est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, par décision ministérielle en date du 20 octobre 1915. Cette promotion publiée au journal officiel l’oblige à changer de régiment. Il quitte Poitiers pour se rendre à Épinal où il doit se présenter au dépôt du 149e R.I. le 7 novembre 1915. Dès le lendemain, il part avec un renfort qui rejoint le régiment à Aix-Noulette en Artois. Une fois sur place, le sous-lieutenant Laurent est affecté au commandement d’une section de la 2e compagnie du régiment.

Quelques mois après son arrivée, il disparaît au cours d’une attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup. Cette attaque est un véritable échec. Dans la confusion, personne ne sait ce qu’il est advenu du sous-lieutenant Laurent. A-t-il a été tué ? A-t-il été fait prisonnier ? Personne n’est capable de donner une réponse.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_1_journ_e_du_2_avril_1916

Une enquête approfondie est lancée auprès de plusieurs soldats de la 2e compagnie du 149e R.I. qui ont été faits prisonniers après l’attaque du 2 avril 1916. Plusieurs demandes d’informations sont envoyées dans les camps de prisonniers où se trouvent certains de ces hommes.

Le capitaine Toussaint, l’adjudant Woinetin, les sergents Lazarus et Lemoine, les soldats Génin et Durand confirment le décès du Michel Laurent. L’ensemble de leurs déclarations a été recueilli par le Comité International de la Croix Rouge ou par des courriers directement adressés à la veuve du sous-lieutenant.

Ce sont les soldats Charles Genin et J. Durand qui donnent le plus de détails sur les circonstances de la mort du sous-lieutenant Laurent.

Le premier écrit ceci :

«  La compagnie venait de prendre une tranchée allemande. En arrivant dans la tranchée, je vis le sous-lieutenant étendu sur le dos, frappé d’une balle dans la poitrine du côté droit. Il mourut à peu près une heure après. On le recouvrit d’une toile de tente et la tranchée fur reprise par les Allemands »

Le second qui faisait partie de la 2e section de la 2e compagnie note ceci.

« Je connais le sous-lieutenant Michel Laurent qui a été tué au cours du combat du 2 avril 1916 d’une balle dans la poitrine, à 500 m environ du village de Vaux, près de la ligne de chemin de fer. Le sous-lieutenant doit être enterré dans la tranchée à cet endroit. »

Il existe une fiche au nom du sous-lieutenant Michel Laurent sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Fiche_C

Le jugement déclaratif du décès est prononcé le 3 avril 1917 par le tribunal civil de 1ère instance de Poitiers.

Le commandant Magagnosc, responsable du 1er bataillon du 149e R.I., écrit dans le dernier relevé des notes de Michel Laurent :

« Officier très distingué, très brave, plein d’entrain au feu, qui s’est particulièrement distingué aux combats devant Verdun du 8 mars au 2 avril 1916. Disparu le 2 avril 1916 au moment où il entraînait vigoureusement sa section à l’attaque des tranchées allemandes au nord de Vaux. »

Cité à l’ordre de la brigade n° 39 en date du 26 mars 1916 :

«  Excellent officier à tous points de vue, s’est fait tout spécialement remarquer du 8 au 16 mars 1916 par l’exemple de son courage et de son sang froid. Ayant perdu plus de la moitié des hommes de sa section, est parvenu par son énergie et son attitude à relever le moral du faible effectif qui lui restait »

Le sous-lieutenant Michel Laurent repose actuellement dans le cimetière national français de Douaumont. Sa sépulture porte le n° 128.

Sepulture_sous_lieutenant_Laurent

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Michel Louis Laurent a été réalisée par A. Cesarini.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et au Comité International de la Croix Rouge.

12 août 2016

Léon Paul Guérin (1877-1916).

Leon_Paul_Guerin

Léon Paul Guérin est né le 15 janvier 1877, dans la demeure parentale située dans le faubourg Montbernage de la ville de Poitiers. À sa naissance, son père, Louis, est un journalier qui est âgé de 46 ans. Sa mère, Modeste Beillard, est une femme âgée de 38 ans qui n’exerce pas de profession.

Léon Paul est confronté à un drame terrible alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Son père décède deux jours avant que Léon Paul n’ait fêté ses huit ans. La vie qui ne lui fait pas de cadeau devient très vite compliquée. Les petits salaires ramenés par le chef de famille qui permettaient de faire vivre les siens ne sont plus là ! L’histoire ne le dit pas, mais nous pouvons aisément imaginer que Léon Paul a dû, très vite, se mettre en quête d’un travail pour subvenir à ses besoins. Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir qu’il a exercé le métier de domestique.

Le 28 janvier 1898, Léon Paul Guérin a tout juste 21 ans. Il se rend à la mairie de Poitiers, pour contracter un engagement volontaire de quatre ans avec l’armée.

Le futur soldat n’a pas à aller bien loin pour revêtir son uniforme flambant neuf. Il lui suffit de traverser quelques rues pour se rendre à la caserne du 125e R.I. qui se trouve dans sa ville natale. Les apprentissages de la vie de fantassin peuvent commencer.

Léon Paul peut coudre ses galons rouges de caporal à partir du 17 septembre 1898.

En février 1899, le jeune sous-officier part de Rosny en détachement,pour se rendre en Algérie. Le caporal Guérin embarque à Marseille dans la soirée du 18 février. Le lendemain, son navire accoste à Philippeville après une traversée sans histoire. Le 20 février, il est à Sétif. Il y reste plusieurs mois.

Le 6 août 1899, son séjour militaire algérien touche à sa fin, Léon Paul Guérin quitte Sétif après la soupe du matin. Il se rend pour la seconde fois à Philippeville. Le 7 août, il traverse la mer Méditerranée. Le lendemain, les clous de ses godillots martèlent le débarcadère du port de la cité phocéenne. Le caporal Guérin doit se rendre au mont Valérien le 10 août 1899.

Toujours au 125e R.I., il est nommé dans le grade supérieur le 20 septembre 1899.

Durant les années suivantes, le sergent Guérin va apposer sa signature plusieurs fois sur une multitude de petits contrats qui s'étalent sur des périodes allant d’une à trois années.

 Le 8 juillet 1901, il valide un contrat d’un an qui prend effet vingt jours plus tard. Le suivant, qui devient applicable à partir du 28 janvier 1902, est ratifié le 15 février 1902. Le sergent Guérin signe un nouveau contrat le 26 mars 1904 qui rentre en vigueur le 26 janvier 1905.

Le jeune sous-officier exerce les fonctions de sergent-fourrier dans une des compagnies du régiment, entre le 11 juin et le 1er septembre 1904, avant d’être nommé sergent-major.

Réengagé pour une durée de trois ans le 28 septembre 1906 à compter du 28 janvier 1907, puis pour deux ans, le 12 janvier 1910 à compter du 28 janvier 1910, il devient adjudant le 12 décembre 1911.

Léon Paul Guérin est commissionné à compter du 28 janvier 1912, suite à une décision prise par le général commandant la 34e brigade en date du 25 janvier 1912.

1912, 1913, la vie de caserne suit son cours au rythme des manœuvres et des nouvelles classes à prendre en charge jusqu’au moment fatidique où le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914.

Il ne quitte pas seulement cette caserne à laquelle il vient de consacrer 15 ans de sa vie. En effet, le 17 avril 1903, il a épousé à Poitiers, Amadis Éléonore Eulalie Girault, une employée de commerce alors âgée de 24 ans, native de la petite commune de Vouneuil-sous-Biard. Pour cela, Il avait dû obtenir l’autorisation du conseil d’administration du 125e R.I., une étape obligatoire pour les militaires à cette époque. Il laisse également son fils, Maurice Léon, né le 1er janvier 1905.

L’adjudant Guérin est blessé le 20 août 1914 à Nomény. Une balle s’est logée dans un de ses mollets. Le 10 novembre 1914, il est de nouveau blessé. Sa compagnie combat dans le secteur de Saint-Julien. Cette fois-ci, c’est une balle qui lui fait une plaie entre les deux épaules.

Le 17 mars 1915, il quitte le statut de sous-officier. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Cette promotion l’oblige à quitter son régiment. Il rejoint le 140e R.I. le jour même. Le 28 septembre 1915, il est muté au 149e R.I.. Cette unité vient de subir de lourdes pertes en Artois dans les jours précédents. Il faut reconstituer le régiment en hommes et en officiers.

C’est à la tête de la 1ère compagnie que le sous-lieutenant Guérin trouve la mort le 2 avril 1916. Sa compagnie est engagée dans une attaque qui doit permettre la reprise du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_3_journ_e_du_2_avril_1916

Il est, dans un premier temps, considéré comme disparu. Une enquête est menée auprès de plusieurs soldats de la 1ère compagnie du 149e R.I. qui ont été envoyés en captivité en Allemagne. Ces recherches sont menées par l’intermédiaire de la Croix Rouge, par l’union des femmes de France et par le bureau de renseignements sur les prisonniers de guerre du ministère de la guerre.

Plusieurs hommes se souviennent…

Les soldats Marc Cagnon et Marcel Vermande qui sont prisonniers à Münster font savoir que le sous-lieutenant Guérin est présumé tué. D’autres témoignages seront moins précis.

C’est le sergent fourrier André Devineau, en captivité à Heisberg, qui fournit les renseignements les plus détaillés.

« En ma qualité de fourrier de la compagnie, j’ai suivi le sous-lieutenant Guérin partout, nous nous sommes arrêtés dans un trou d’obus, en arrière de la 1ère section, où nous avons passé la journée. Le soir, vers 5 h 00, au moment où la contre-attaque des Allemands se déclenchait, il a voulu fuir, mais il ne fît qu’une dizaine de pas environ. Je le vis tomber, la tête en avant, dans un trou d’obus. Son casque fut projeté 5 à 6 mètres en avant, ce qui me fait croire que l’infortuné sous-lieutenant a été touché à la tête par une balle de mitrailleuse. Il ne fît plus aucun mouvement. Je n’ai pu aller le voir de près et ne puis dire s’il avait été tué sur le coup. »

Le 17 avril 1916, Léon Paul Guérin est confirmé à titre définitif dans ses fonctions de sous-lieutenant.

Quelques mois plus tard, le journal officiel du 20 décembre 1917 valide sa nomination dans le grade de lieutenant.

Plusieurs témoins ont bien vu le sous-lieutenant Guérin tomber. Le sergent fourrier André Devineau narre, avec précision, les circonstances de l’évènement. Mais aucun d’entre eux n’a pu véritablement constater le décès de l’officier. De ce fait, son statut va rester celui de disparu. Son épouse, ayant entendu parler d’une blessure suivie d’une capture, fait des démarches pour tenter de savoir s’il n’est pas décédé en captivité.

Le 17 février 1919, elle écrit la lettre suivante au ministère de la guerre :

Monsieur,

J’ai appris qu’il s’était formé un bureau chargé de la recherche des disparus et qu’il se tenait en relations constantes avec la commission française envoyée en Allemagne, il y a environ un mois, pour procéder à l’identification civile des prisonniers décédés durant leur captivité.

Je n’ai pu obtenir de nouvelles officielles concernant le sort de mon mari, le sous-lieutenant Guérin Léon Paul du 149e R.I. disparu depuis le 2 avril 1916 à Vaux.

Une note émanant des nouvelles de soldats, mentionne qu’il été blessé et prisonnier. Je vous adresse un duplicata de cette note en vous priant de vouloir bien attirer la bienveillante attention de la commission qui siège à Berlin, à seule fin que de nouvelles recherches soient poursuivies dans les hôpitaux, camps de prisonniers, centres neurologiques qui me permettent de savoir ce qu’il est devenu de mon malheureux mari.

Je vous prie d’agréer Monsieur, avec tous mes remerciements, l’assurance de ma haute considération.

E. Guérin, 2 rue du Souci, Poitiers, Vienne.

Ce n’est que le 17 juillet 1919 que le tribunal de Poitiers officialise le décès du sous-lieutenant Léon Paul Guérin.

Le lieu de sépulture de cet officier n’est pas connu.

Le nom de Léon Paul Guérin ne semble pas figurer sur les monuments aux morts de la ville de Poitiers et des communes de Biard et de Vouneuil-sous-Biard.

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec palme et étoile d’argent.

Citation à l’ordre de l’armée publiée dans le J.O. du 21 janvier 1915 :

« S’est fait remarquer par son entrain, son sang froid et sa bravoure. Deux blessures très graves »

 Citation à l’ordre de la division n° 46 du 20 juin 1915 :

« Blessé très grièvement en entraînant sa section. N’a quitté le champ de bataille qu’à la nuit tombante. »

Médaille militaire  par décret du 30 décembre 1914.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Vienne.

La photographie de l’étang de Vaux a été réalisée en 2012.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Vienne.

5 août 2016

Louis Nicolier (1894-1916).

Louis Nicolier

Louis Nicolier est né le 4 mai 1894 au numéro 19 de la rue Part Dieu, à Lyon. Son père, qui exerce la profession de chauffeur, se prénomme Jean Louis. Sa mère, Marie Philiberte Joulier, travaille comme ménagère.

Le niveau de vie peu élevé de ses parents n’empêche pas le jeune Louis de faire des études supérieures. Peut-être a-t-il été boursier ? Le jeune homme part étudier la chimie à l’école française de tannerie lyonnaise, après avoir obtenu son baccalauréat. Louis fait partie de la promotion 1911.

Trois ans plus tard, la déclaration de  guerre contre l’Allemagne vient mettre fin à sa vie d’étudiant.  A-t-il obtenu son diplôme d'ingénieur ? Les éléments biographiques trouvés jusqu’à maintenant ne permettent pas  de le certifier. Mais le fait qu’il ait été incorporé plus de deux mois après les autres de sa classe le laisse imaginer.

Inscrit sous le numéro 311 du 7e arrondissement de Lyon, il est classé dans la 1ère partie de la liste en 1914. Il est donc en excellente santé pour devenir soldat.

Louis est incorporé le 5 novembre 1914. Le futur combattant apprend qu’il doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. qui se trouve à Épinal,et qu’il va devoir prendre le train pour se rendre dans la cité spinalienne. Il arrive au régiment deux jours plus tard. Après avoir fait une rapide formation, le soldat Nicolier s’apprête à rejoindre le régiment qui se trouve en Artois.

Dès le 13 janvier 1915, Louis Nicolier devient soldat de 1ère classe avant d’être nommé caporal le 22 février 1915. Son parcours au sein du 149e R.I. au front est plus difficile à établir : quand y arrive-t-il en renfort ? On sait juste qu’il se trouve à la 10e compagnie du régiment lorsqu’il est blessé le 31 mai 1915 à Aix-Noulette. La gravité de sa blessure n’est pas connue, ainsi que la durée de son éloignement du front, tout comme la date de son retour au régiment. Seule certitude, une photographie le montrant bras en écharpe, nous apprend que c’est le bras droit qui a été touché.

Le caporal Nicolier occupe les fonctions d’agent de liaison à la 2e compagnie,lorsque le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Verdun en mars 1916. Cette fonction, qui est déjà en soi particulièrement dangereuse, est encore plus difficile dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup régulièrement bombardé par les Allemands. Envoyé en mission, sa compagnie n’a plus aucune nouvelle de lui entre le 1er et le 2 avril 1916.

Dans un premier temps, le caporal Nicolier est considéré comme disparu. Il existe une fiche attestant les recherches effectuées par la famille auprès du C.I.C.R..

Louis_Nicolier_fiche_C

La réponse négative de l’organisme le 16 janvier 1917 dut éteindre un dernier espoir : Il n’était pas prisonnier.

Ce n’est que le 30 juin 1921 que son décès est officiellement prononcé, à la suite d’un jugement rendu sur requête de la chambre du conseil du tribunal civil de Lyon.

Le caporal Nicolier a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume.

« Soldat courageux et dévoué. Tombé glorieusement pour la France le 2 avril 1916 à Vaux. Croix de guerre avec étoile de bronze. »

Louis Nicolier est décédé à l’âge de 22 ans ; il est resté célibataire.

Compte tenu des circonstances de sa disparition et le contexte des évènements dans ce secteur de la bataille de Verdun, il repose certainement anonymement dans la crypte consacrée à ce secteur dans l’ossuaire de Douaumont.

Sources :

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Rhône.

Fiche lue sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Livre d’or « association des anciens élèves de l’école de chimie industrielle de Lyon et de l’école française de tannerie ».

Journal officiel de la République française du 1er août 1922 lu sur le site « Gallica ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 juillet 2016

Marcel Jules Bousquainaud (1893-1958).

Marcel_Jules_Bousquainaud

Né de Frédéric Bousquainaud et de Marie Joséphine Vérot, Marcel Jules voit le jour le 13 juin 1893 dans le petit village ardéchois du Pouzin. Les conditions de vie restent modestes, même s’il y a deux salaires pour faire subsister la famille. À sa naissance, son père, qui est un homme âgé de 43 ans, exerce le métier de mineur. Sa mère pratique le métier de ménagère. Elle a 42 ans.

La fiche signalétique et des services de Marcel Jules Bousquainaud nous indique que son degré d’instruction est de niveau 2. Il sait donc lire et écrire lorsqu’il se lève une dernière fois du banc de l’école. Mais le niveau 2 mentionne une maîtrise insuffisante. Nous pouvons facilement imaginer qu’il faisait beaucoup de fautes et qu’il écrivait un grand nombre de mots en phonétique.

Le jeune homme quitte son métier de cimentier  à l’appel de sa classe. Il fait partie de ces hommes qui sont affectés dans un régiment de l’est de la France, loin de son Ardèche natale. Marcel Jules Bousquainaud doit se rendre à Épinal par voie de chemin de fer pour intégrer le 149e R.I. à compter du 26 novembre 1913, il arrive au régiment le lendemain.

Le soldat Bousquainaud  vient tout juste d’entamer son neuvième mois de service militaire, lorsque le conflit contre l’Allemagne éclate au début du mois d’août 1914. Il est bien loin d’avoir soldé son compte de trois années obligatoires de service militaire.

Cet homme fait partie d’une escouade de la 7e compagnie du 149e R.I. au moment où il faut quitter la caserne Courcy pour rejoindre la frontière. Cette unité se trouve sous le commandement du capitaine Coussaud de Massignac.

Marcel Jules Bousquainaud est blessé le 25 août 1914 durant les combats qui se déroulent dans le secteur de Ménil-sur-Belvitte. Laissé sur le terrain, il est fait prisonnier et soigné par les médecins allemands avant d’être envoyé dans un camp de l’autre côté de la frontière. Une très longue captivité commence pour lui…

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il a été interné à Muntsinger, mais ce nom reste introuvable sur une carte de l’époque. Une indication trouvée au dos du cliché représentant Marcel Jules Bousquainaud est très aidante. Celle-ci nous fait savoir que le photographe qui a réalisé ce portrait, Adolph Flohr, vit à Oehringen. Un camp de prisonniers français se trouve bien à proximité de cette ville allemande avec une orthographe approchante. Il s’agit du camp de Münsingen.

Concernant son internement en Allemagne, les fiches du C.I.C.R. nous donnent de bien meilleures indications.

Fiche_C

Marcel Jules Bousquainaud a été successivement dans les camps suivants :

14/10/1914 : Ludwigsburg (C.I.C.R. P1183)

25/11/1914 : Ludwigsburg( C.I.C.R. P4834)

28/12/1914 : Hohenesperg (C.I.C.R. R555)

30/01/1915 : Hohenesperg (C.I.C.R. P14324)

24/06/1916 : Heilbronn (C.I.C.R. P41272)

 01/1917 : Münsingen, venant de Hohenesperg (C.I.C.R. P51804)

Rapatrié d’Allemagne le 6 décembre 1918, il passe ensuite au 61e R.I. à partir du 7 janvier 1919, pour être  mis en congé illimité de démobilisation le 31 août 1919.

Revenu à la vie civile et marié, il ne retourne pas à son métier de cimentier. Marcel Jules Bousquainaud devient cafetier, loin de l’Ardèche. Il vit successivement  à Fumey dans les Ardennes, puis en Savoie à Aix-les-Bains et à Saint-Michel de Maurienne. Il se retire finalement dans la commune de Tarascon où il dut être chef de chantier.

La descendance de Marcel Jules Bousquainaud n’est pas connue.

Le 20 octobre 1937, il est affecté à la 17e section d’infanterie de mitrailleuses.

De nouveau mobilisé pour le deuxième conflit mondial, le soldat Bousquainaud est renvoyé dans ses foyers le 28 décembre 1939, placé dans la position « sans affectation ».

Marcel Jules Bousquainaud décède le 21 octobre 1958  à Beaumont-sur-Oise.

Sources :

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance de Marcel Jules Bousquainaud ont été consultés sur le site des archives départementales de l’Ardèche.

Les fiches du Comité International de la Croix Rouge ont été consultées sur Internet.

Le texte suivant a permis l’identification de  Marcel Jules Bousquainaud.

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Un grand merci à M. Bordes., à J.C Auriol, à A. Carobbi et aux archives départementales de l’Ardèche.

8 juillet 2016

Joseph Émile Bihr (1892-1954).

Joseph_Bihr

Joseph Émile Bihr est né dans le canton de Delle, dans la petite commune de Réchesy, le 31 janvier 1892. Son père, qui exerce la profession de maçon, porte le prénom de François, sa mère  se nomme Madeleine Fleury.

Engagé volontaire, le jeune Joseph signe avec l’armée un contrat d’une durée de 4 ans qui prend effet à partir du 23 septembre 1911. Il abandonne son métier d’agriculteur. C’est au 13e régiment de dragons qu’il débute sa carrière militaire. Nommé brigadier en avril 1914 puis maréchal des logis en février 1915, Joseph Bihr est promu sous-lieutenant à titre temporaire avant d’être affecté au 21e B.C.P. en mai 1915. Devenu officier sans être passé par les écoles de formation, il va devoir travailler énormément pour se mettre à la hauteur de ses fonctions de chef de section.

Joseph Bihr rejoint la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. au mois de juillet 1916. À cette période de l’année, le régiment est dans un secteur relativement calme en Champagne, mais cela ne va pas durer bien longtemps. Cet officier va participer aux attaques qui vont se dérouler dans le département de la Somme, lorsque son régiment se retrouve engagé dans le secteur de Soyécourt en septembre 1916. Le sous-lieutenant Bihr se montre très brillant et très efficace au cours de ces combats. Ses supérieurs ne se sont pas trompés sur ses qualités de meneur d'hommes lorsqu’il a été proposé dans le grade d’officier.

En 1917, Joseph Bihr se retrouve instructeur grenadier au C.I.D. de la 43e D.I. ; il est sous les ordres du chef de bataillon Dufor.

Toujours très bien noté, cet officier est nommé lieutenant à titre temporaire en mai 1918.

Le 10 juin 1918, ses chefs lui donnent le commandement de la 3e compagnie du 149e R.I..

Pendant une pause, au cours des évènements tragiques que Joseph est en train de traverser, se glisse un de ses évènements de la vie qui nous est encore plus mal connu que les faits militaires. À l'occasion d'une permission, à la fin du mois de septembre 1918, Joseph accompagne Marthe Demange à la mairie puis devant l’autel de l’église du village de Joncherey. Marthe est une jeune bonnetière âgée de 24 ans. Elle est née dans le même village que Joseph. Est-elle une amie d’enfance ? Est-ce que Joseph et Marthe ont eu l’occasion de se rencontrer à Réchesy avant le début du conflit ? Se sont-ils tout simplement rapprochés en découvrant mutuellement qu’ils sont originaires du même village ? Est-elle une correspondante depuis le début de la guerre ? La réponse à ces questions n’est pas connue, tout comme la descendance de ce couple de jeunes mariés qui doivent se quitter, laissant Joseph retourner à sa dangeureuse mission.

Joseph Bihr reprend la tête de sa compagnie jusqu’au moment où il est  blessé au mollet et au pied droit par un éclat d’obus le 3 octobre 1918.  Nous sommes au beau milieu des combats qui ont lieu dans le secteur d’Orfeuil dans les Ardennes. Son pied est complètement délabré. Les chirurgiens sont dans l’obligation de l’amputer d’une partie de sa jambe. Il ne retournera jamais dans son régiment. Cette situation met fin à sa carrière militaire en février 1920. Le centre spécial de réforme de Lyon lui accorde une pension définitive d’invalidité de 3e classe.

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 287 du 12 septembre 1915.

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 208 du 5 juin 1918.

« Chef de section d’une haute valeur morale et d’un courage de lion. Sous des feux de mitrailleuses extrêmement violents a entraîné sa section à l’assaut avec une énergie et une bravoure incomparable et a infligé à l’ennemi des pertes considérables. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 219 du 21 août 1918.

« Officier de tout premier ordre, d’un courage, d’un sang froid et d’un cran incomparables. A dirigé lui-même plusieurs coups de main à la tête de sa compagnie, montrant à ses hommes,presque tous jeunes soldats, un mépris du danger et un exemple de bravoure superbe. Au cours des combats des 15 et 16 juillet 1918, est parti sous un bombardement d’une très grande violence sur les lignes les plus avancées, plaçant tous ses hommes à leur poste de combat et maintenant par son énergie l’intégrité de sa fonction. Un de ses officiers étant tombé grièvement blessé, est allé le rechercher, seul, et a réussi à le ramener sur ses épaules. Type magnifique du soldat de métier. »

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1551 du 24 décembre 1918.

« Officier d’élite d’un courage et d’un calme extraordinaires. A été grièvement blessé le 3 octobre 1918 alors qu’il entraînait sa compagnie sous des feux violents de mitrailleuses à l’attaque des positions ennemies. »

Joseph Bihr est fait chevalier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920.

Il décède le 7 mai 1954 à Bonny-sur-Loire dans le Loiret.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie représentant le lieutenant Joseph Bihr provient de la collection personnelle de N. Bauer.

Le lieutenant Bihr possède un dossier dans la base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

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Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

24 juin 2016

Gabriel René Boudène (1895- 1930).

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Né au « hasard des garnisons »,Gabriel René Boudène voit le jour le 29 novembre 1895 dans la ville normande d’Alençon. À sa naissance, ses parents vivent dans une petite maison située au numéro 23 de la rue de l’Adoration. Son père, Gustave, est un lieutenant de cavalerie âgé de 27 ans qui exerce ses fonctions d’officier au 14e régiment de Hussards, dans le quartier Valazé. Sa mère est une jeune femme de 23 ans qui se nomme Emma Rodolphine Vérani-Masin. De cette union naîtra un autre enfant qui sera prénommé Marie Gustave Henri.

La carrière militaire de Gustave Boudène a certainement amené la famille à multiplier les changements d’adresse au gré des mutations paternelles, mais celles-ci ne nous sont pas connues. Il en est de même pour le parcours scolaire de René.

Le jeune Boudène est déclaré « bon pour le service ». Comme le reste de la classe 1915,  il  est incorporé par anticipation le 16 décembre 1914. René se rend à Aix-en-Provence où il  intègre une compagnie d’instruction du 55e R.I., le temps d’être formé aux bases du métier de fantassin. À la fin du mois de juillet 1915, il peut coudre ses galons rouges de caporal, premier grade de la hiérarchie militaire, sur son uniforme. Cet homme est maintenant fin prêt pour être envoyé dans la zone des combats. Il est sur le point de rejoindre le 149e R.I., un régiment qui se trouve en Artois à cette période de l’année. Une fois sur place, il devient responsable d’une escouade de la 7e compagnie du régiment.

Très rapidement, le caporal Boudène est nommé au grade supérieur. Nous sommes le 9 octobre 1915 lorsqu’il lui est signifié qu’il peut maintenant prendre le commandement d’une demi-section. Quelque temps après le passage du 149e R.I. à Verdun, le sergent Boudène apprend qu’il est promu sous-lieutenant à titre temporaire à compter du 5 mai 1916. Son régiment est revenu très carencé en officiers, après les évènements qui se sont déroulés dans la Meuse. Malgré ce changement de statut, il peut rester à la 7e compagnie du régiment.

Ayant bénéficié d’une promotion sur le terrain, cet officier doit maintenant penser à la formation. René Boudène va effectuer plusieurs stages dans des domaines militaires divers et variés. Il commence par suivre la 5e série des cours de chef de section au centre d’instruction du 21e C.A. du 12 juin au 1er juillet 1916.

De retour au 149e R.I., il participe, avec sa compagnie, aux violents combats qui se déroulent dans le secteur de Soyécourt dans le département de la Somme. Le 5 septembre 1916, il est blessé à la cuisse droite par un éclat d’obus. Les soins et la convalescence vont durer plusieurs semaines…

Pour en savoir plus sur les combats qui se sont déroulés dans le secteur de Soyécourt, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_journee_du_5_septembre_1916

De retour dans la zone des armées, le sous- lieutenant Boudène rejoint le corps le 15 janvier 1917 pour être, cette fois-ci, affecté à la 1ère compagnie du 149e R.I..

Les cours théoriques reprennent… René Boudène se rend, dans un premier temps, à l’école de signalisation de Noidans-lès-Vesoul entre le 28 janvier et le 11 février 1917. Il se déplace ensuite au dépôt de la 43e D.I. pour y suivre un enseignement de fusilier-mitrailleur entre le 21 février et le 1er mars 1917, avant d’enchaîner sur une formation de mitrailleur entre le 12 et le 26 mars 1917.

Le sous-lieutenant Boudène effectue un dernier stage à l’escadrille S.M. 106 du 12 au 16 septembre 1917, avant de réintégrer son régiment.

Cet officier est de nouveau blessé le 23 octobre 1917. À peine sorti de la tranchée, il a le poignet gauche brisé. Malgré la douleur, il poursuit l’attaque avec les hommes de sa section. Son régiment est en train de gagner une nouvelle citation à l’ordre de l’armée dans le secteur de la Malmaison.

Bien noté par ses supérieurs, le colonel Boigues écrit ceci à son sujet :

« Très bon chef de section, plein de zèle et de dévouement, actif et très courageux. A de l’intelligence et du jugement, une très belle tenue. Paraît tout à fait digne d’être titularisé.

A fait œuvre d’une belle initiative et du plus brillant courage à la bataille du 23 octobre 1917. »

Le 11 novembre 1917, il est nommé à titre définitif dans son grade de sous-lieutenant.

À peine rétabli, il retrouve son régiment avec le grade de lieutenant pour intégrer  la 2e compagnie le 5 janvier 1918.

Touché par la maladie, René Boudène est évacué vers l’arrière le 24 février 1918 pour subir un traitement médical à l’hôpital de Golbey-Épinal. Guéri, il peut rallier sa compagnie le 6 avril 1918.

Une troisième blessure reçue le 29 mai 1918, au cours d’une attaque dans le secteur de Cuiry-House, le fait évacuer sur l’hôpital complémentaire n° 26 d’Orléans.

Hopital_militaire_temporaire_26_Orleans

Cette blessure est bien plus grave que les précédentes. Une balle de mitrailleuse qui a entraîné une plaie perforante à l’abdomen met sa vie en danger. Les médecins sont pessimistes. En cas de réussite de l’intervention chirurgicale, les soins prodigués s’annonceront interminables et douloureux.

Pour en savoir plus sur les combats qui se sont déroulés dans le secteur de Cuiry-House, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

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C’est au tour du lieutenant-colonel Vivier de rédiger le relevé de notes qui est inscrit dans le feuillet individuel de campagne du lieutenant Boudène. Voici ce qu’il écrit en septembre 1918 :

« Chef de section excellent, d’une bravoure superbe, d’un caractère énergique, d’un jugement rapide et sûr. Il possède une excellente éducation et une solide instruction, cela fera de lui un officier de carrière de premier ordre. A été grièvement blessé le 29 mai 1918 au combat de Cuiry-House. »

Après une très longue période de repos, René Boudène peut de nouveau rejoindre son régiment le 11 novembre 1919. La France est en train de fêter la première année de l’armistice.

Le lieutenant Boudène est affecté au service des liaisons. Il souffre terriblement des conséquences de sa dernière blessure. Malgré cette situation, il doit accompagner le régiment dans tous ses déplacements, notamment lorsque celui-ci se trouve dans l’armée du Rhin, ce qu’il fait en dépensant beaucoup d’énergie.

René Boudène est de nouveau hospitalisé le 21 novembre 1920. Cet officier doit se résoudre à subir une nouvelle intervention chirurgicale qui doit avoir lieu à l’hôpital complémentaire n° 36 de Nice.

Quelques semaines plus tard, la commission spéciale de réforme de Nice met fin à sa carrière de soldat dans sa séance du 21 janvier 1921. Sur sa demande, il est mis à la retraite avec une invalidité de 90 %. Le lieutenant Boudène est rayé des cadres en mai 1921.

Il épouse en secondes noces, Germaine Petitjean en 1929, à Nice, après un premier mariage avec Anne de Hulewiez en 1921. La descendance de cet ancien officier du 149e R.I., n'est pas connue.

En 1924, René Boudène est directeur de la société de fabrique de Bicyclette L.B.P. qui est implantée au 168 chemin de Neuilly à Neuilly-sur-Seine.

La date et le lieu de son décès ne sont pas encore identifiés. La date du 30 juin 1930 est pourtant bien inscrite dans son dossier qui est consultable sur la base Léonore, mais celle-ci ne semble pas être tout à fait exacte. En effet, le décès de René Boudène est évoqué dans un petit article qui a été publié dans le mensuel numéro 68 de la revue « les échos des anciens combattants » du mois de mai 1930. Les membres de l’association « la Moselle » des anciens des 149e R.I. et 349e R.I. qui l’on bien connu se sont proposés pour aller se recueillir sur sa sépulture qui se trouve dans le cimetière communal de la ville d’Asnières.

Le lieutenant Boudène a été décoré de la croix de guerre avec deux palmes et une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre n° 286 du 21e C.A. du 12 septembre 1916 :

« Officier très actif et très courageux. A été blessé le 5 septembre 1916 en se portant en avant à la tête de sa section sous un tir de barrage ennemi très violent.»

Citation à l’ordre n° 587 de la VI e l’armée du 10 juin 1918 :

« Officier de tout premier ordre. A entraîné dans un élan magnifique et à trois reprises différentes sa section à l’assaut d’une position ennemie en dépit d’un feu de mitrailleuses d’une violence inouïe. Fit l’admiration de tous ses hommes et de ses chefs. A été grièvement blessé au cours de la conquête de son objectif.»

René Boudène est fait chevalier de la Légion d’honneur le 5 novembre 1917 par le général commandant en chef. Il peut également fixer une deuxième palme à sa croix de guerre en même temps qu’il reçoit cette décoration. 

« Officier d’une bravoure au dessus de tout éloge. Le 23 octobre 1917, ayant eu le poignet gauche brisé en sortant de la parallèle de départ, a néanmoins continué à se porter en avant, prenant le commandement de la compagnie dont le chef venait d’être mis hors de combat, et l’entraînant avec un élan superbe jusqu’à ses objectifs en dépit d’un feu violent de mitrailleuses. Il n’a quitté le champ de bataille que lorsque sa troupe fut installée et complètement organisée sur le terrain conquis. Une blessure antérieure, une citation. »

Il est promu dans le grade d’officier de la Légion d’honneur le 12 avril 1924.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du lieutenant Boudène est extrait du tableau d’honneur de la guerre 14-18, publié par la revue « illustration ».

La photographie représentant le lieutenant Boudène sur une luge provient de la collection personnelle de N. Bauer.

Le lieutenant Boudène possède un dossier dans la base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et inscrire son nom dans la colonne appropriée.

Site_base_Leonore

La revue « les échos des anciens combattants » est consultable en cliquant une fois sur l’image suivante.

Gallica

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 juin 2016

Clément Henri Bonnaud (1880-1916).

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Les années de jeunesse

Clément Henri Bonnaud voit le jour le 7 juillet 1880 dans le petit hameau charentais de Chez-Bois. François, son père qui est un cultivateur âgé de 30 ans, doit, ce jour là, quitter le champ quelques heures pour aller à la mairie de Salles-de-Villefagnan où il doit déclarer la naissance de l’enfant. Sa mère, Françoise Goumain, est une jeune femme âgée de 23 ans qui n’exerce pas de profession.

Clément Henri obtient son certificat d’études primaires et son brevet d'études primaires sans qu'il soit possible de dire s'il entra ensuite au lycée.

Il va tout d’abord travailler comme employé de commerce, mais cette profession ne semble pas vraiment lui convenir. Alors qu’il n’est pas encore tout à fait l’heure de penser à la conscription, il décide de tout abandonner. Le 15 mars 1899, le jeune homme se rend à la mairie d’Angoulême pour venir y signer un engagement volontaire d’une durée de 4 ans. Il n’a pas encore 19 ans. Le motif qui le pousse à faire ce choix ne nous est pas connu. Monotonie de son quotidien, déception amoureuse, profession peu rémunératrice, à chacun de s’imaginer ce qui aurait pu le pousser à prendre cette décision ! Quelle qu'elle fut, il trouva les arguments auprès de sa famille pour avoir l'autorisation de le faire.

Le jeune homme s’apprête à faire son premier grand voyage. Il se prépare à quitter sa Charente natale pour s’établir dans une caserne vendéenne. Il gagne, par voie ferrée, La Roche-sur-Yon pour intégrer la 1ère compagnie du 93e R.I.. Son instruction commence le 16 mars 1899, celle-ci durera six mois.

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Nommé caporal le 23 septembre 1899, puis sergent le 2 juillet 1900, Clément Henri Bonnaud est amené à exercer les fonctions de sergent fourrier dans sa compagnie à partir du mois de septembre 1900. Le 16 octobre 1901, il réintègre un poste de sergent à la 1ère compagnie du 93e R.I..

Le 1er février 1902, il est de nouveau sergent fourrier, mais cette fois-ci, ce sera pour travailler à la S.H.R. du régiment.

Une carrière dans la Légion étrangère

Son contrat avec l’armée arrive à échéance ; il a obligation de le renouveler pour poursuivre sa carrière sous l’uniforme. Le 9 mars 1903, il signe de nouveau pour trois années consécutives.

Cette fois-ci, ce sera pour vivre une toute autre expérience. Les portes de l’Afrique ne sont pas loin ! Le jeune sous-officier choisit le 2e Régiment étranger, une unité de la Légion qui est installée en Algérie. Une fois la Méditerranée traversée, il doit se rendre à Saïda, surnommée la ville des sources, pour découvrir sa nouvelle compagnie d’affectation.

Caserne_2e_R_giment_Etranger

Le sergent Bonnaud cantonne dans la région d’Oran entre le 27 mars et le 15 mai 1903. Le 11 avril, il occupe une place de sergent fourrier, une charge qu’il connaît maintenant parfaitement bien, à la 22e compagnie.

Envoyé dans les régions sahariennes entre le 16 mai et le 21 juin 1903, il est affecté à la colonne de Béchar dès le lendemain.

Clément Henri Bonnaud s’installe avec son unité dans la province de Figuig qui est située à l'extrême sud-est du pays, au sud de la région de l’Oriental, du 4 juillet au 9 novembre 1903.

Du 10 novembre 1903 au 21 octobre 1904, il est de retour dans la région d’Oran. Durant cette période, le sous-officier  est  de nouveau sergent fourrier. Cette fois ci, il est chargé de l’intendance de la 6e compagnie à partir du 1er août 1904.

Le 1er octobre 1904, il peut coudre ses galons de sergent-major sur les manches de sa vareuse,

Clément Henri Bonnaud devient responsable des registres de la comptabilité et de l’administration de la 5e compagnie montée, qui se trouve sous les ordres du capitaine Morel. Du 22 octobre 1904 au 15 octobre 1905, il est, de nouveau, en mission dans les régions sahariennes.

Le 26 septembre 1905, il signe un troisième contrat avec l’armée. Celui-ci prend effet à compter du 15 mars 1906. Le légionnaire vient de se réengager pour quatre ans.

Le sergent-major Bonnaud est de retour dans la région d’Oran à partir du 16 octobre 1905.

Au cours du mois de mars l’année 1907, il reçoit une médaille d’argent de l’alliance française.

Le 15 avril 1907, il est en partance pour Marseille. Le sergent-major Bonnaud vient d’être désigné pour faire partie de la relève qui doit se rendre au Tonkin par voie de mer. Après une longue traversée, le sous-officier arrive à destination le 27 mai 1907 pour servir au 5e bataillon du régiment.

C’est dans cette lointaine colonie qu'il est nommé adjudant le 13 août 1908, cela, après avoir été proposé au tableau d’avancement durant plusieurs années.

Le 1er janvier 1911, il est transféré à la 17e compagnie du 2e Régiment étranger. Promu sous-lieutenant huit jours plus tard pour être aussitôt affecté à la 9e compagnie du régiment, il est muté à la 19e compagnie du régiment à la fin du mois de février 1911.

 Fraîchement nommé dans son grade, il doit rejoindre Cao-Bang, pour exercer les fonctions de comptable sous les ordres directs du capitaine Morin.

Juin 1911, c’est le retour en France. Il embarque sur le paquebot vapeur « Nera » qui doit quitter Haiphong le 3 juin 1911, à destination du port de la cité phocéenne.

Nera

Rapatrié du Tonkin où il est resté 4 années, Clément Henri Bonnaud a le droit à plusieurs semaines de repos. Un congé de fin de campagne d’une durée de trois mois lui est accordé. Il profite de ce long temps de vacances pour retourner en Charente où il va pouvoir prendre du temps avec les siens.

De retour en Afrique, nous le retrouvons dans les régions sahariennes au début du mois de novembre 1911. Le 7 janvier 1912, le lieutenant Bonnaud change de garnison. Il a reçu l’ordre de quitter Beni Ormif pour se rendre dans la ville de Mascara.

Il s’occupe de nouveau de comptabilité lorsqu’il retrouve la caserne de Saïda. Ses supérieurs le désignent pour prendre en charge l’armement et l’habillement du régiment.

Clément Henri Bonnaud est nommé lieutenant le 9 janvier 1913. Il est  muté au 1er régiment de marche dans la 1ère quinzaine d’avril 1913. Destiné à intervenir dans le cadre de la campagne du Maroc, ce régiment  avait été formé en 1907 à partir d’éléments du 2e Régiment étranger.

Le lieutenant Bonnaud  prend part en avril et mai 1913 à la colonne Henrys. Il est ensuite désigné d’office pour assurer les fonctions d’officier de détails. Bien que remplissant très bien cette mission, il préfère de loin être sur le terrain. Il demande à reprendre du service actif. Ce choix est accordé. Clément Henri Bonneau prend un poste d’officier dans une compagnie qu’il commande avec autorité durant l’absence de son capitaine. C’est lui qui organise le caravansérail d’Ain-Hamman.

Il participe à plusieurs opérations militaires dans le Maroc occidental entre le 24 mars 1913 et le 1er août 1914.

Le 18 avril 1913, c’est l’affaire d’Auras. Le 14 septembre 1913 il est à Meknès. Le 18 juillet 1914, le lieutenant Bonnaud participe au combat de Mahajibat. Le 25 juillet c’est le combat de Sidi Amdal puis celui du col de Ziar le 4 août 1914. Les 5 et 6 août il participe au combat de Khénifra.

En mai 1915, Clément Henri Bonneau est à la compagnie montée du 2e Régiment étranger.

Cet officier arrive en France le 10 décembre 1915.

Au 149e R.I.

Le lieutenant Bonnaud rejoint le front la veille de Noël de l’année 1915, pour prendre le commandement de la 10e compagnie du 149e R.I.. A cette période de l’année, le régiment s’apprête à quitter l’Artois, une région où il est resté durant 13 mois.

Clément Henri Bonnaud est promu au grade de capitaine à titre temporaire, suite à une décision prise par le général commandant en chef le 5 février 1916 ; celle-ci est ratifiée le 10 février 1916.

Son passage au 149e R.I. sera de très courte durée. En effet, le capitaine Bonnaud est  tué quelques semaines après son arrivée au régiment. Le 30 mars 1916, la commune de Dugny est attaquée par l’aviation allemande. Les bombes qui sont tombées sur le village font plusieurs victimes, Clément Henri Bonnaud fait partie du nombre.

La dernière mission effectuée par le capitaine Bonnaud est décrite dans un témoignage laissé par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint- André.

« 29 mars 1916

… Un message me prescrit de rallier d’urgence Dugny pour y prendre,par intérim, le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. qui monte en secteur le 31 mars au fort de Vaux… Je connais déjà à fond les officiers, le 3e bataillon ayant eu l’occasion de travailler avec moi et ils me connaissent.

Je pars en reconnaissance, en voiture, avec mes quatre commandants de compagnie. Il fait un froid très vif. Nous sommes frigorifiés lorsque nous débarquons au Cabaret, où les projectiles tombent assez nombreux. Nous passons d’abord par le fort de Tavannes puis nous redescendons du tunnel par une profonde tranchée neuve… Nous allons par la sortie sud du tunnel et la Lauffée. Nous atteignons la batterie de Damloup, pour arriver pendant une accalmie de marmitage, dans un abri de bombardement à 400 m sud-est du fort de Vaux, qui sert de P.C. et d’abri pour un peloton…

Le dispositif est presque linéaire. Devant le fort, une tranchée d’un mètre de profondeur qui est sans cesse marmitée. Pas de téléphone, il est continuellement coupé. Pas d’optique possible à cause du terrain. Pour avoir l’appui de l’artillerie, il faut envoyer un coureur au fort, qui, lui, peut communiquer. Pas d’eau, une seule source connue et marmitée Ces agréables constatations faites, la reconnaissance, très sommaire, est terminée. Retour par le fort de Tavannes à Dugny, sans accroc. À 16 h 00, je suis à Belrupt, où le détachement me rejoint. Je laisse à Dugny un de mes capitaines, tué par bombe d’avion au moment où nous arrivions. »

L’intégralité de ce texte  peut se lire en cliquant une fois sur l’image suivante.

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Le capitaine Bonnaud  repose actuellement  dans une sépulture individuelle qui se trouve dans le cimetière national français de Dugny-sur-Meuse. Sa tombe porte le numéro 1218 A.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 10 avril 1915).

Croix de guerre avec une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre de 21e C.A. n° 84 du 29 mars 1916 :

« Chargé de tenir des tranchées soumises à un bombardement intense d’artillerie de gros calibre, à su accomplir sa mission avec une volonté de fer, luttant pendant 12 heures sans arrêt, pour réparer sous le feu, ses tranchées bouleversées, déterrer ses hommes ensevelis etterrer constamment, prêt à recevoir un assaut qui paraissait imminent. Légèrement blessé à l’épaule, ayant les pieds gelés, a refusé, malgré ses souffrances, de se faire évacuer. »

Médaille coloniale avec agrafes « Sahara, Algérie et Maroc ».

Clément Henri Bonnaud a également été décoré de l’ordre honorifique du Ouissam Alaouite avec le grade d’officier. Cette décoration est considérée comme étant l’équivalent de la Légion d’honneur française, pour avoir rendu des services éminents au Royaume du Maroc.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de sa sépulture a été réalisée par F. Radet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  M. Porcher, à F. Radet et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

22 avril 2016

Albert de Longeaux (1865-1930).

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Les années d’enfance et de  jeunesse

Marie Étienne Albert Xavier de Longeaux voit le jour le 2 décembre 1865 à Charleville, dans les Ardennes. Son père, qui est garde général des forêts, se prénomme Angélique Charles Henri Marie. Il a 27 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Marie Marguerite Hélène de Lescale est une femme qui est âgée de 25 ans.

Le parcours scolaire d’Albert ne nous est pas connu, mais il a certainement obtenu son baccalauréat, clé d’accès qui lui a permis de tenter et de réussir le concours d’entrée de l’école spéciale de Saint-Cyr.

C’est comme simple élève qu’il commence sa formation d’officier le 28 octobre 1885. Les études vont être difficiles. Deux ans plus tard, il termine avec le n° 368, ce qui le place dans les tout derniers de la promotion de l’Annam.

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Albert de Longeaux : 3e compagnie de la promotion de l’Annam (1885-1887)

Le 1er octobre 1887, l’homme entre comme sous-lieutenant élève à l’école d’application de cavalerie de Saumur. Là aussi, les résultats ne seront pas exceptionnels. Le futur officier occupe la 75e place sur 78 étudiants. Il obtient tout de même la note générale « assez bien ».

Une expérience africaine

Muté au 6e régiment de chasseurs, le sous-lieutenant de Longeaux prend ses quartiers dans un escadron du régiment qui est cantonné à Saint-Mihiel, une ville du nord-est de la France. Il restera dans cette unité pendant quatre années.

Le 18 juin 1891, il épouse Marie Louise Magdeleine Voisin, une jeune femme qui est domiciliée à Reims. C’est une fille de général habituée à la vie militaire. De cette union naîtra le futur sous-lieutenant Jean de Longeaux qui verra le jour dans leur petit appartement sammiellois.

Le 1er juillet 1891, Albert de Longeaux est nommé lieutenant de 2e classe. L’année suivante, il est affecté au 13e régiment de dragons, il va falloir se rapprocher de la région parisienne. C’est la première mutation de sa carrière et il y en aura bien d’autres !  Le lieutenant de Longeaux quitte le 6e régiment de chasseurs à la fin du mois de décembre 1892 pour  venir s’installer dans la nouvelle caserne,construite dans le quartier Pajol de la ville de Melun.

L’officier est nommé lieutenant de 1ère classe, le 26 février 1894.

Tenté par l’aventure africaine, il fait une demande écrite à ses supérieurs qui y répondent de manière favorable. Une décision ministérielle du 1er octobre 1898 l’oblige à se mettre à la disposition du département des colonies ; pour raison administrative, il est mis hors cadre. L’officier trésorier du 6e régiment de chasseurs ne s’occupe plus de lui faire verser sa solde.

Albert de Longeaux quitte la France au début du mois d’août 1898 pour venir prendre ses nouvelles fonctions sur les terres soudanaises. Cet officier rejoint l’escadron des gardes-frontières du Sahel. Le lieutenant de Longeaux occupe, dans un premier temps, un poste à responsabilité sur le territoire du Néré-Nampala. Il quitte cette position retirée du monde en août 1899, pour être ensuite détaché à la région de Tombouctou. C’est au cours de cette période qu’il est incorporé dans la colonne de novembre 1899 qui sera amenée à combattre les Arabes Bérabiches.

En février 1900, Albert de Longeaux est nommé adjoint au commandant du cercle de Sakolo. Il quitte cet emploi en avril 1900 pour revenir dans la région du Néré-Nampala, un secteur qu’il connaît bien. Il y reste jusqu’au 6 juin 1900.

De cette expérience africaine, il revient avec plusieurs décorations.

Un officier de cavalerie mal noté

De retour en France, le lieutenant de Longeaux va connaître une carrière classique, probablement ralentie par les appréciations de ses supérieurs.

Il intègre à nouveau un régiment de dragons. Cette fois-ci, ce sera sur un cheval du 18e dragons qu’il devra poser sa selle. Le 3 décembre 1900, il est installé dans la ville de Lure.

Le 16 mars 1901, il obtient ses galons de capitaine en 2e. Cette promotion ne le fait pas pour autant changer d’affectation. Il va lui falloir attendre le 10 janvier 1905 pour être muté au 9e régiment de dragons.

Le 23 mars 1910, c’est le retour au 18e dragons. Il prend le commandement du 2e escadron du régiment.

18e_dragons_Lure

On sait qu’Albert de Longeaux est assez mal noté par ses supérieurs tout au long de son séjour dans ce régiment. En 1910, le colonel écrit dans son feuillet individuel de campagne : « Bien qu’il soit animé de la meilleure des volontés, cet officier n’a malheureusement rien produit de bon pendant le semestre. »

En 1912, il est carrément écrit que c’est un officier sans avenir !

En 1913, les appréciations ne sont guère plus encourageantes : « Très ancien capitaine, manque de feu sacré et agit beaucoup par routine. Caractère foncièrement honnête et loyal. Monte très vigoureusement à cheval, mais ne semble pas fait pour la fonction de major »

Cette évaluation ne l’empêchera pas pour autant d’être nommé major le 23 septembre 1913.  

Surtout, il est très difficile de savoir  s’il était un officier aussi peu méritant que ce qui transparaît dans les appréciations ou s’il s’agissait plutôt d’un problème de personne. L’affaire des fiches n’est pas si lointaine. Il serait intéressant de connaître l’avis renvoyé à la préfecture concernant sa loyauté vis-à-vis de la République, sa pratique de la religion. Cela pourrait expliquer le changement majeur dans ses appréciations entre l’avant-guerre et le début du conflit. En effet, tout cela va diamétralement changer avec l’entrée en guerre.

D’affectation en affectation

1914, c’est un tout autre officier qui se révèle dès le début de la campagne.

Albert de Longeaux débute le conflit contre l’Allemagne au sein du 18e dragon, mais il n’est pas envoyé au front au début de la guerre.  En fait, cet homme est resté au dépôt du régiment comme chef d’escadron en surnombre. Ce qui veut dire qu’il se retrouve sans commandement. Ce n’est que le 29 août 1914 qu’il rejoint le régiment qui est positionné dans les Vosges. Les premières missions qui lui sont confiées vont être purement d’ordre intérieur (Commandement de l’état-major et des convois, surveillance du personnel). Trois mois plus tard, il est muté au 11e régiment de dragons. C’est à partir de cet instant que les choses vont complètement changer pour lui.

Le lieutenant-colonel Vieillard est content du travail de son subordonné. Il écrit : « Le commandant de Longeaux à fait d’excellents débuts au 11e dragons à la tête de son demi-régiment. C’est un homme qui a de l’autorité, du calme et une grande valeur morale. Il a prouvé, au service des tranchées, son mépris complet du danger. »

C’est au cours de l’hiver 1915, que le major de Longeaux fait une demande pour  aller faire un stage dans un régiment d’infanterie. Ce sera au 149e R.I. qu’il sera affecté ! Concours de circonstances ? Fait du hasard ? Demande personnelle ?

Cette affectation n’a probablement rien à avoir avec le hasard. Son fils fut tué en août 1914 dans les rangs du 149e R.I. !

Pour en savoir plus sur le fils du commandant de Longeaux, il suffit de cliquer une  fois sur l’image suivante.

Jean_de_Longeaux

Il lui faut maintenant abandonner « sa selle de cavalier  pour venir chausser les godillots du fantassin »...

Albert de Longeaux doit rejoindre sa nouvelle affectation au cours du mois de décembre 1915. Le 149e R.I. s’apprête à quitter le front de l’Artois, une région où il a été particulièrement malmené durant toute l’année 1915. Albert de Longeaux donnera, là encore, entière satisfaction au responsable du régiment.

Le lieutenant-colonel Abbat note l’appréciation suivante dans son feuillet individuel de campagne : «  Stagiaire au 149e R.I. depuis plus de trois mois. Monsieur le commandant de Longeaux a beaucoup travaillé et appris. Il peut être, sans aucun inconvénient, mis à la tête d’un bataillon, auquel il communiquera son sentiment élevé du devoir. Officier vigoureux, plein de santé, de zèle et de dévouement sur lequel on peut absolument compter. »

Le 9 mars 1916, le commandant de Longeaux est blessé par une balle reçue dans le genou droit, au cours d’une attaque qui a lieu dans le village de Vaux-devant-Damloup près de Verdun. Rapidement évacué vers l’arrière, il est soigné dans un l’hôpital de Chalon-sur-Saône.

Après sa convalescence, il passe ensuite au 95e R.I.T. le 29 juillet 1916. Il rejoint sa nouvelle unité le 3 août pour être mis à la tête d’un des bataillons du régiment. Cette expérience sera de courte durée.

Quelques mois plus tard, le commandant de Longeaux reçoit l’ordre de réintégrer son arme d’origine.

Le 31 août 1916, il assure le commandement du 3e groupe du 8e régiment de chasseurs.

Le 25 janvier 1917, Albert de Longeaux est muté au 1er régiment de Hussards pour commander le 2e groupe.  Il passe à l'état-major de cette unité le 8 avril 1917.

Cet officier est remis à la disposition du ministre en vue de son emploi à l’intérieur (proposé pour être admis à la retraite). Il est maintenu au service dans le cadre des officiers de complément, suite à une décision prise par le général commandant en chef du 10 décembre 1918 et par une application de la décision ministérielle du 5 janvier 1919.

Le commandant de Longeaux est rayé des contrôles de l’armée active par décision présidentielle du 8 mars 1919. Cette décision prend effet le 15.

Il est ensuite nommé chef d’escadron de réserve des services spéciaux du territoire de la 11e Région à partir du  24 novembre 1920.

Le petit sous-lieutenant « mal classé » de Saint-Cyr, représenté comme étant peu doué et sans avenir par ses supérieurs de l’époque, va terminer sa carrière de soldat avec le grade de lieutenant-colonel de réserve.

Albert de Longeaux décède le 16 décembre 1930 à Nantes.

Cet officier a obtenu les décorations suivantes :

Chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1907.

Officier de la Légion d’honneur à compter du 1er avril 1917

« Officier supérieur très distingué, au front depuis le début de la campagne, s’est fait remarquer en toutes circonstances par son allant, sa bravoure, son énergie. Une blessure, a déjà été cité.

Croix de guerre avec deux étoiles d’argent et une étoile de bronze

Une citation à l’ordre de la 124e D.I. n° 12 en date du 7 septembre 1915 :

« De juillet au 28 août a exercé le commandement d’une zone de tranchées, s’est consacré avec un zèle infatigable à la préparation minutieuse d’une ouverture de parallèle qui s’est effectuée les 24, 25 et 26, malgré l’action énergique d’un ennemi très rapproché. Par son sentiment du devoir, son mépris du danger et son dévouement absolu, a donné le plus bel exemple qui puisse être proposé. »

Une citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 114 en date du 25 mars 1916 :

« S’est fait remarquer en maintes circonstances par son courage et son mépris du danger. Blessé le 9 mars 1916 d’une balle au genou, a continué, malgré sa blessure, à s’occuper de la direction des premiers éléments de combats »

Une citation à l’ordre du régiment n° 202 en date du 23 décembre 1918.

« Officier supérieur d’un moral très élevé au cœur chaud qui, pendant deux ans,n’a cessé de donner à tous l’exemple le plus complet du dévouement à la patrie. D’un courage admirable, n’hésitant jamais pour entraîner ses hommes, soit dans les tranchées de Régneville, soit, tout dernièrement encore, dans les reconnaissances lancées sur Voharies, à affronter le feu de l’ennemi »

Les autres décorations :

Albert de Longeaux a obtenu le 25 octobre 1896, une médaille d’honneur en argent de 2e classe de la part du ministre de l’Intérieur. Cet officier a sauvé un dragon qui était sur le point de se noyer dans la Seine.

Médaille coloniale avec agrafe « Soudan » en 1898.

Chevalier de l’ordre de l’Étoile noire le 30 juin 1899.

Officier de l’ordre de l’Étoile noire le 21 avril 1902.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la 3e compagnie de promotion de l’Annam provient de la collection personnelle du général D. de Longeaux.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au général D. de Longeaux, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

15 avril 2016

Paul Henri Durafour (1889-1916).

Paul DURAFOUR

Paul Henri Durafour voit le jour le 5 avril 1889 dans le petit village de Lélex situé dans le département de l’Ain. Son père se prénomme François Léonard. Il a 44 ans à la naissance de son fils. Facteur, c’est un homme qui est bien connu de tous dans la commune. Sa mère, Marie Suzanne Mallet, est une femme qui exerce le métier de cultivatrice. Elle est âgée de 41 ans.

Devenu adulte, Paul Henri est resté célibataire. Il pratique la profession de lapidaire. Il passe ses journées de travail à tailler des petites pierres fines et précieuses pour révéler leurs éclats et leurs couleurs tout en éliminant leurs défauts.

Ce jeune Lélerand est inscrit sous le numéro 10 du canton de Gex pour la conscription de 1910, année de ses 21 ans. Il est classé dans la 2e partie de la liste lors de son passage devant le conseil de révision. En raison d’une « musculature insuffisante », il se retrouve affecté au service auxiliaire et non au service armé.

Dispensé des exercices difficiles, il ne sera pas véritablement formé à la vie de fantassin. Il sera désigné pour effectuer une fonction administrative ou de service durant son service actif.

Paul Henri Durafour doit rejoindre la ville de Besançon pour accomplir ses devoirs de soldat au 60e R.I. au début du mois d’octobre 1910. Il arrive au régiment le 5 du mois.

Un peu moins de deux ans plus tard, c’est le retour au pays. Il est envoyé en disponibilité avec son certificat de bonne conduite en poche le 27 septembre 1912, puis versé dans la réserve de l’armée active trois jours plus tard.

Lorsque le conflit contre l’Allemagne commence en été 1914, Paul Henri Durafour est bien évidemment rappelé à l’activité militaire. Toujours soldat au service auxiliaire, il n’est pas envoyé dans une unité qui doit partir dans la zone des armées. Appartenant à la 24e section d’infirmiers militaires, il doit rejoindre un poste à l’hôpital de Gray.

Après les hécatombes dans les troupes d’août 1914, l’armée française a besoin d’hommes. La décision est prise de réexaminer la santé de tous les hommes du service auxiliaire… Le 10 novembre 1914, la commission de réforme spéciale de Gray doit statuer sur le sort du soldat Durafour. Comme beaucoup de ses camarades, il se retrouve classé dans le service armé. Paul Henri Durafour va devoir intégrer une unité combattante. 

Le soldat Durafour passe au 149e R.I. le 3 août 1915. Ce régiment combat en Artois, près d’Aix-Noulette, depuis la fin du mois de décembre 1914. Il restera dans ce secteur jusqu’en janvier 1916.

À cette période, le nom de Paul Henri Durafour figure sur la liste du registre des effectifs de la 2e compagnie du 149e R.I.. Au cours de l’hiver 1916, le régiment est engagé dans la bataille de Verdun. Le soldat Durafour ne va pas survivre à cette épreuve. Les circonstances et la date de son décès vont rester un peu floues durant plusieurs années.

En consultant la fiche personnelle de ce soldat sur le site « mémoire des hommes », nous pouvons remarquer une rature et un changement de date concernant sa mort. Celle-ci a été enregistrée une première fois au 23 mars 1916 puis remplacée par celle du 9 mars.

Qu'est-ce qui a pu justifier un tel changement ? L’écart entre les deux dates est tout de même de 19 jours !

Le 5 octobre 1921, cinq ans après sa disparition, le tribunal de Gex valide officiellement son décès à la date du 9 mars.

Comment faire la part des choses pour essayer de comprendre ce qui s’est réellement passé, à défaut de pouvoir consulter son dossier de jugement qui se trouve aux archives départementales de l’Ain ?

La première date figurant sur sa fiche M.D.H. pourrait bien être celle de sa disparition ; moment où le soldat Durafour aurait pu quitter la ligne de front pour tenter de rejoindre le poste de secours après avoir été blessé. L’autre date pourrait correspondre à celle de la découverte de son cadavre reconnu grâce à la lecture de sa plaque d’identité, ou d’un papier comportant une indication sur son identité.

Mais tout ceci ne reste bien évidemment qu’une hypothèse puisqu’il m’est impossible de la vérifier pour l’instant. Seule la lecture du dossier de jugement pourrait nous apporter un éclaircissement.

Le soldat Durafour est actuellement inhumé dans le cimetière national français meusien de Belleray. Sa sépulture porte le numéro 380.

Paul Henri Durafour

Son frère aîné, Sylvain Camille a également été tué dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup. Il servait au 158e R.I., régiment frère de division du 149e R.I., lorsqu’il trouve la mort le 2 avril 1916. Avait-il vu son frère pendant la période qui précède leurs arrivées à Verdun ? A-t-il été informé de la disparition de son frère ? Vu les contacts qui existaient entre les unités proches, c’est hélas fort probable !

Le nom et les prénoms de ces deux hommes ont été gravés sur la plaque commémorative qui est fixée sur le mur de la mairie de Lélex.

Sources :

Le portrait de Paul Henri Durafour provient du site « MémorialGenWeb ».

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de l’Ain, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes » et du site « MémorialGenWeb ».

La photographie de la sépulture de Paul Henri Durafour à été réalisée par F. Radet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à F. Radet, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département de l’Ain. 

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