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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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9 septembre 2013

9 mars 1916.

                  Village_de_Vaux_devant_Damloup

Les Allemands utilisent en permanence la même méthode de combat depuis plusieurs jours. Celle-ci consiste à déstabiliser une partie du front français pendant la journée avec des attaques répétées. Si celles-ci ne réussissent pas, ils profitent de la nuit et de la fatigue des troupes françaises qui sont en 1ère ligne pour enlever, avec des troupes fraîches, les points convoités. Cette méthode leur a déjà réussi, mais les hommes de la 13e et de la 120e D.I. vont, une fois de plus, résister devant les nouveaux assauts de l’ennemi. 

Situation au sud et au sud-est du fort de Douaumont

                  Carte_journ_e_du_9_mars_1916_

                                       Legende_carte_journee_du_9_mars_1916__1_       

 

Dans la nuit du 8 au 9 mars 1916, l’artillerie allemande poursuit son tir avec un bombardement ralenti, mais continu. Il n’y a aucune tentative d’action de l’infanterie. 

À 4 h 00, les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. qui sont sous l’autorité du commandant Magagnosc reçoivent l’ordre de se porter dans la direction du village de Vaux-devant-Damloup.  Elles profitent de la nuit et d’une accalmie temporaire de l’artillerie ennemie pour dévaler les pentes du ravin des Fontaines. Celles-ci atteignent leur objectif vers 6 h 30. Le bombardement retrouve toute sa violence au petit matin. 

                  Ravin_des_Fontaines_2

                                      Legende_dessin

Le commandant Magagnosc évoque la situation dans un rapport rédigé à l’attention du lieutenant-colonel Lecoanet, l’officier commandant le 21e R.I.. 

« J’ai trouvé quatre compagnies du 408e R.I. installées à peu près vers le centre du village, à une centaine de mètres des Allemands. Ces derniers paraissent solidement installés dans le milieu du village avec des mitrailleuses.

En outre, des fractions ennemies dont la force n’a pas pu être évaluée exactement, s’avancent à l’est de Vaux.

Des groupes ennemis assez nombreux ont été vus se dirigeant sur les pentes nord-est du fort de Vaux. Je me suis mis en relation avec le lieutenant-colonel Dervos du 409e R.I. qui est l’officier supérieur le plus élevé en grade dans Vaux.

Mes deux compagnies sont en première ligne concurremment avec des éléments du 408e R.I..

Il y aurait intérêt de déclencher d’urgence un tir d’artillerie sur la route à l’est du fort de Vaux, sur les pentes nord et nord-est du fort de Vaux. J’ai signalé la chose au lieutenant-colonel Dervos, mais il n’y a pas de liaison téléphonique.

Au moment où j’écris, notre artillerie tire à l’est du village, mais son tir est trop court, les obus tombent à environ 100 m de la première ligne.

La liaison n’a pas pu être encore établie avec la compagnie du 38e R.I. que le lieutenant-colonel Dervos me dit occuper à la hauteur du fort de Vaux. Les pentes nord de Vaux sont tenues par les éléments du 149e R.I. et du 38e .R.I.. » 

 L’infanterie allemande attaque de nouveau à partir de 12 h 00. Cette attaque est menée avec le même acharnement et la même violence que celle de la veille devant le bois de la Caillette. Sur la droite, l’effort ennemi vise surtout les abords immédiats du fort de Vaux. Ce secteur est défendu par les troupes encore disponibles de la 120e D.I.. 

Des éléments du 158e R.I. commencent à arriver pour relever les hommes du 409e R.I. qui sont toujours en première ligne. La veille, le 409e R.I. a dû faire face à une terrible attaque allemande, ses pertes sont très importantes. 

Situation à l’ouest du fort de Douaumont

                                 Carte_Verdun_journee_du_9_mars_1916__2_

                                      Legende_carte_journee_du_9_mars_1916__2_

 

La 25e Brigade est attaquée en fin de matinée, en même temps que la 77e Brigade, après une préparation d’artillerie intense.

La 77e Brigade fait savoir à 15 h 20 qu’elle a conservé ses positions et mis, à sa droite, deux compagnies du 153e R.I. pour soutenir le 21e B.C.P..

Le 21e B.C.P. a été partiellement rejeté sur les tranchées de doublement situées entre le Calvaire et la corne est du bois Albain-Nawé. Sa situation est mal définie.

Le 20e B.C.P. a résisté et, bien qu’ayant subi, du fait du bombardement,de sérieuses pertes, il a reçu l’ordre d’employer ses soutiens pour reprendre contact avec le 21e B.C.P., et l’aider à se reporter en avant.

Le 17e R.I. est très fortement pris à partie par les minenwerfer du fort et par l’artillerie lourde. Violemment attaqué, il a dû engager ses dernières disponibilités pour repousser l’ennemi. Ce régiment, qui a subi des pertes importantes, est en liaison étroite avec le 109e R.I..

Le général commandant la 25e Brigade, de concert avec le colonel commandant la 77e Brigade, prépare la contre-attaque de son extrême gauche. Il ne peut, dans ce but, disposer que d’une partie du 3e bataillon du 149e R.I., qui constitue sa dernière réserve. 

Situation en fin de journée 

Pas de changement sur les positions de la 25e brigade. Le 2e bataillon du 149e R.I., qui est toujours à la disposition de la 26e Brigade, se trouve en deuxième ligne derrière le 109e R.I..

 Il n’y a pas de changement, non plus pour le 1er bataillon du 149e R.I. qui a engagé deux de ses compagnies. Celles-ci assurent toujours la liaison entre la droite du 21e R.I. et la gauche de la 120e D.I.. Les deux autres compagnies de ce bataillon sont en réserve vers le P.C. Deligny.

Le 3e B.C.P. n’a toujours pas pu franchir la crête à l’est de Souville, il reste disponible sur les pentes au sud du P.C. Deligny.

Le 10e B.C.P. est en réserve de division sur les pentes sud du fort de Souville. Dans la soirée, les 1ère et 2e compagnies de ce bataillon rejoignent le village de Fleury-devant-Douaumont. 

Pour mémoire…

En mars 1916, la 77e Brigade est constituée avec les 146e et 153e R.I., la 25e Brigade avec le 17e R.I. et les 20e et 21e B.C.P. et la 26e Brigade avec les 21e et 109e R.I.. 

Sources :

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 38e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 616/4.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 153e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 697/20.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/2.

J.M.O. du 409e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/7. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le dessin provient d’une photographie d’une table d’orientation se trouvant dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup, réalisée en 2012. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des 13e et 120e D.I., provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 9 mars 1916.

Pour en savoir plus : 

Bois_FuminPour mieux connaitre le secteur du bois Fumin, il suffit de cliquer une fois sur l’image de gauche pour accéder directement sur le blog de Patrick.

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

« 1914-1918 les soldats de Thury dans la boue des tranchées, des Bourguignons dans la Première Guerre mondiale ». Volume 2 écrit par Gilles Vauclair et par Didier Callabre. Imprimer sur les presses numériques de Dicolorgroupe  à Ahuy en octobre 2004.

« Le 408e R.I. au fort de Vaux, février mars 1916 » de Romain Darchy. Carnet inédit déposé à la bibliothèque du Mémorial de Verdun. 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à F. Hensel, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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