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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 juin 2016

Gabriel René Boudène (1895- 1930).

Gabriel_Ren__Boud_ne

Né au « hasard des garnisons »,Gabriel René Boudène voit le jour le 29 novembre 1895 dans la ville normande d’Alençon. À sa naissance, ses parents vivent dans une petite maison située au numéro 23 de la rue de l’Adoration. Son père, Gustave, est un lieutenant de cavalerie âgé de 27 ans qui exerce ses fonctions d’officier au 14e régiment de Hussards, dans le quartier Valazé. Sa mère est une jeune femme de 23 ans qui se nomme Emma Rodolphine Vérani-Masin. De cette union naîtra un autre enfant qui sera prénommé Marie Gustave Henri.

La carrière militaire de Gustave Boudène a certainement amené la famille à multiplier les changements d’adresse au gré des mutations paternelles, mais celles-ci ne nous sont pas connues. Il en est de même pour le parcours scolaire de René.

Le jeune Boudène est déclaré « bon pour le service ». Comme le reste de la classe 1915,  il  est incorporé par anticipation le 16 décembre 1914. René se rend à Aix-en-Provence où il  intègre une compagnie d’instruction du 55e R.I., le temps d’être formé aux bases du métier de fantassin. À la fin du mois de juillet 1915, il peut coudre ses galons rouges de caporal, premier grade de la hiérarchie militaire, sur son uniforme. Cet homme est maintenant fin prêt pour être envoyé dans la zone des combats. Il est sur le point de rejoindre le 149e R.I., un régiment qui se trouve en Artois à cette période de l’année. Une fois sur place, il devient responsable d’une escouade de la 7e compagnie du régiment.

Très rapidement, le caporal Boudène est nommé au grade supérieur. Nous sommes le 9 octobre 1915 lorsqu’il lui est signifié qu’il peut maintenant prendre le commandement d’une demi-section. Quelque temps après le passage du 149e R.I. à Verdun, le sergent Boudène apprend qu’il est promu sous-lieutenant à titre temporaire à compter du 5 mai 1916. Son régiment est revenu très carencé en officiers, après les évènements qui se sont déroulés dans la Meuse. Malgré ce changement de statut, il peut rester à la 7e compagnie du régiment.

Ayant bénéficié d’une promotion sur le terrain, cet officier doit maintenant penser à la formation. René Boudène va effectuer plusieurs stages dans des domaines militaires divers et variés. Il commence par suivre la 5e série des cours de chef de section au centre d’instruction du 21e C.A. du 12 juin au 1er juillet 1916.

De retour au 149e R.I., il participe, avec sa compagnie, aux violents combats qui se déroulent dans le secteur de Soyécourt dans le département de la Somme. Le 5 septembre 1916, il est blessé à la cuisse droite par un éclat d’obus. Les soins et la convalescence vont durer plusieurs semaines…

Pour en savoir plus sur les combats qui se sont déroulés dans le secteur de Soyécourt, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_journee_du_5_septembre_1916

De retour dans la zone des armées, le sous- lieutenant Boudène rejoint le corps le 15 janvier 1917 pour être, cette fois-ci, affecté à la 1ère compagnie du 149e R.I..

Les cours théoriques reprennent… René Boudène se rend, dans un premier temps, à l’école de signalisation de Noidans-lès-Vesoul entre le 28 janvier et le 11 février 1917. Il se déplace ensuite au dépôt de la 43e D.I. pour y suivre un enseignement de fusilier-mitrailleur entre le 21 février et le 1er mars 1917, avant d’enchaîner sur une formation de mitrailleur entre le 12 et le 26 mars 1917.

Le sous-lieutenant Boudène effectue un dernier stage à l’escadrille S.M. 106 du 12 au 16 septembre 1917, avant de réintégrer son régiment.

Cet officier est de nouveau blessé le 23 octobre 1917. À peine sorti de la tranchée, il a le poignet gauche brisé. Malgré la douleur, il poursuit l’attaque avec les hommes de sa section. Son régiment est en train de gagner une nouvelle citation à l’ordre de l’armée dans le secteur de la Malmaison.

Bien noté par ses supérieurs, le colonel Boigues écrit ceci à son sujet :

« Très bon chef de section, plein de zèle et de dévouement, actif et très courageux. A de l’intelligence et du jugement, une très belle tenue. Paraît tout à fait digne d’être titularisé.

A fait œuvre d’une belle initiative et du plus brillant courage à la bataille du 23 octobre 1917. »

Le 11 novembre 1917, il est nommé à titre définitif dans son grade de sous-lieutenant.

À peine rétabli, il retrouve son régiment avec le grade de lieutenant pour intégrer  la 2e compagnie le 5 janvier 1918.

Touché par la maladie, René Boudène est évacué vers l’arrière le 24 février 1918 pour subir un traitement médical à l’hôpital de Golbey-Épinal. Guéri, il peut rallier sa compagnie le 6 avril 1918.

Une troisième blessure reçue le 29 mai 1918, au cours d’une attaque dans le secteur de Cuiry-House, le fait évacuer sur l’hôpital complémentaire n° 26 d’Orléans.

Hopital_militaire_temporaire_26_Orleans

Cette blessure est bien plus grave que les précédentes. Une balle de mitrailleuse qui a entraîné une plaie perforante à l’abdomen met sa vie en danger. Les médecins sont pessimistes. En cas de réussite de l’intervention chirurgicale, les soins prodigués s’annonceront interminables et douloureux.

Pour en savoir plus sur les combats qui se sont déroulés dans le secteur de Cuiry-House, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Arcy_Sainte_Restitue

C’est au tour du lieutenant-colonel Vivier de rédiger le relevé de notes qui est inscrit dans le feuillet individuel de campagne du lieutenant Boudène. Voici ce qu’il écrit en septembre 1918 :

« Chef de section excellent, d’une bravoure superbe, d’un caractère énergique, d’un jugement rapide et sûr. Il possède une excellente éducation et une solide instruction, cela fera de lui un officier de carrière de premier ordre. A été grièvement blessé le 29 mai 1918 au combat de Cuiry-House. »

Après une très longue période de repos, René Boudène peut de nouveau rejoindre son régiment le 11 novembre 1919. La France est en train de fêter la première année de l’armistice.

Le lieutenant Boudène est affecté au service des liaisons. Il souffre terriblement des conséquences de sa dernière blessure. Malgré cette situation, il doit accompagner le régiment dans tous ses déplacements, notamment lorsque celui-ci se trouve dans l’armée du Rhin, ce qu’il fait en dépensant beaucoup d’énergie.

René Boudène est de nouveau hospitalisé le 21 novembre 1920. Cet officier doit se résoudre à subir une nouvelle intervention chirurgicale qui doit avoir lieu à l’hôpital complémentaire n° 36 de Nice.

Quelques semaines plus tard, la commission spéciale de réforme de Nice met fin à sa carrière de soldat dans sa séance du 21 janvier 1921. Sur sa demande, il est mis à la retraite avec une invalidité de 90 %. Le lieutenant Boudène est rayé des cadres en mai 1921.

Il épouse en secondes noces, Germaine Petitjean en 1929, à Nice, après un premier mariage avec Anne de Hulewiez en 1921. La descendance de cet ancien officier du 149e R.I., n'est pas connue.

En 1924, René Boudène est directeur de la société de fabrique de Bicyclette L.B.P. qui est implantée au 168 chemin de Neuilly à Neuilly-sur-Seine.

La date et le lieu de son décès ne sont pas encore identifiés. La date du 30 juin 1930 est pourtant bien inscrite dans son dossier qui est consultable sur la base Léonore, mais celle-ci ne semble pas être tout à fait exacte. En effet, le décès de René Boudène est évoqué dans un petit article qui a été publié dans le mensuel numéro 68 de la revue « les échos des anciens combattants » du mois de mai 1930. Les membres de l’association « la Moselle » des anciens des 149e R.I. et 349e R.I. qui l’on bien connu se sont proposés pour aller se recueillir sur sa sépulture qui se trouve dans le cimetière communal de la ville d’Asnières.

Le lieutenant Boudène a été décoré de la croix de guerre avec deux palmes et une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre n° 286 du 21e C.A. du 12 septembre 1916 :

« Officier très actif et très courageux. A été blessé le 5 septembre 1916 en se portant en avant à la tête de sa section sous un tir de barrage ennemi très violent.»

Citation à l’ordre n° 587 de la VI e l’armée du 10 juin 1918 :

« Officier de tout premier ordre. A entraîné dans un élan magnifique et à trois reprises différentes sa section à l’assaut d’une position ennemie en dépit d’un feu de mitrailleuses d’une violence inouïe. Fit l’admiration de tous ses hommes et de ses chefs. A été grièvement blessé au cours de la conquête de son objectif.»

René Boudène est fait chevalier de la Légion d’honneur le 5 novembre 1917 par le général commandant en chef. Il peut également fixer une deuxième palme à sa croix de guerre en même temps qu’il reçoit cette décoration. 

« Officier d’une bravoure au dessus de tout éloge. Le 23 octobre 1917, ayant eu le poignet gauche brisé en sortant de la parallèle de départ, a néanmoins continué à se porter en avant, prenant le commandement de la compagnie dont le chef venait d’être mis hors de combat, et l’entraînant avec un élan superbe jusqu’à ses objectifs en dépit d’un feu violent de mitrailleuses. Il n’a quitté le champ de bataille que lorsque sa troupe fut installée et complètement organisée sur le terrain conquis. Une blessure antérieure, une citation. »

Il est promu dans le grade d’officier de la Légion d’honneur le 12 avril 1924.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du lieutenant Boudène est extrait du tableau d’honneur de la guerre 14-18, publié par la revue « illustration ».

La photographie représentant le lieutenant Boudène sur une luge provient de la collection personnelle de N. Bauer.

Le lieutenant Boudène possède un dossier dans la base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et inscrire son nom dans la colonne appropriée.

Site_base_Leonore

La revue « les échos des anciens combattants » est consultable en cliquant une fois sur l’image suivante.

Gallica

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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