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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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17 juin 2016

31 mars 1916.

Fort_de_Tavanne

La veille, les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. ont reçu l’ordre de remonter dans la zone des combats.

Une relève difficile

Ce qui avait été couché sur le papier par les officiers supérieurs de la division n’a pas pu être suivi à la lettre, en raison des nombreux encombrements qui ont lieu dans les tranchées. Les mouvements de troupes, les corvées, les relèves, tout pose problème. Pour compliquer le tout, l’artillerie allemande reste très entreprenante dans le secteur.

Les horaires dans les permutations d’unités de la 77e et de la 43e Division n’ont pas été respectés, mais dans la matinée, tout finit par rentrer à peu près dans l’ordre.

Les éléments de la 43e D.I. remontés en 1ère ligne en même temps que les deux bataillons du 149e R.I., occupent maintenant leurs nouvelles positions. 

Carte_1_journee_du_31_mars_1916

Legende_carte_1_journee_du_31_mars_1916

Le 3e bataillon du capitaine Gaston de Chomereau a relevé le 1er bataillon du 159e R.I. et le 1er bataillon du commandant Magagnosc est venu s’installer dans le fort de Tavanne en réserve de sous-secteur.

Comme l’atteste un rapport rédigé par le lieutenant-colonel Abbat, le chef du 149e R.I. l’organisation du secteur a été compliquée à mettre en œuvre. Voici ce qu’il écrit au général commandant la 85e brigade :

« J’ai l’honneur de vous rendre compte que les relèves de cette nuit ont subi d’importants retards du fait de l’encombrement :

1) dans les boyaux d’accès à la partie ouest du tunnel.

2) sous le tunnel même. Cette voie est empruntée dans les deux sens alors que le passage n’est praticable que pour les hommes qui sont en file indienne.

J’ai l’honneur de vous demander :

1) des moyens d’éclairage sous le tunnel pour guider la circulation. Il semble qu’on pourrait trouver à la citadelle de Verdun des lampes à acétylène ou à pétrole qu’il serait facile d’espacer sous le tunnel et qui permettraient une surveillance plus active.

2) il faudrait interdire le passage sous le tunnel dans un sens à déterminer soit vers l’est, soit vers l’ouest. Faute de cette précaution, il y aura, la nuit surtout, des embouteillages inévitables.

Des commandants de compagnie se sont plaints à moi de ce que, sur la route, des accidents ont failli être causés par les ravitaillements d’artillerie, qui une fois déchargés, rentrent à Verdun au grand trot.

Il y aurait lieu, semble-t-il, de donner des ordres pour que le retour de ces ravitaillements s’opère au pas comme à l’aller.

Je vous demanderais aussi de bien vouloir pourvoir le tunnel de tonnelets pour le ravitaillement en eau. Ces tonnelets pourraient être ravitaillés chaque nuit par les tonneaux d’eau de bataillon venant sur la route de Souville, à hauteur du boyau qui descend au tunnel.

J’ai l’honneur de vous rendre compte que personnellement, je suis tombé, hier soir, sur un caillou en gagnant le tunnel. Je me suis contusionné assez fortement la jambe droite. Je n’ai rien de cassé, mais je ne pourrai aujourd’hui, et peut-être demain, marcher longtemps. »

Pour en savoir plus sur le lieutenant-colonel Abbat, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Emile_ABBAT_1

Il est inutile de dire que les tranchées sont en très mauvais état dans le secteur des premières lignes. Elles sont pour la plupart dépourvues de défenses accessoires.

L’artillerie allemande qui est restée active toute la matinée se prépare à amplifier la cadence de ses coups de canons.

Attaque allemande

À partir de 15 h 00, les artilleurs ennemis augmentent progressivement leurs tirs sur le secteur du fort de Vaux et du fort de Souville.

La puissance de feu maximale est atteinte aux alentours de 15 h 30, juste au moment où doit se déclencher leur première attaque d’infanterie.

Ce sont la partie gauche de la 85e brigade et la partie droite de la 86e brigade qui sont particulièrement visées. Les mouvements de relève avec la 77e division viennent tout juste de se terminer et la 43e D.I. va devoir s’apprêter à encaisser le  choc de plusieurs attaques allemandes.

À l’est de l’étang de Vaux, les Allemands s’emparent de la tranchée de 1ère ligne et de la tranchée de doublement orientée nord-sud, au nord-ouest du village de Vaux-devant-Damloup. Elle cause des pertes importantes au 1er B.C.P..

Carte_2_journee_du_31_mars_1916

Legende_carte_2_journee_du_31_mars_1916

Un bataillon du 158e R.I. se trouve au centre de l’attaque allemande, aucune nouvelle précise n’a pu être obtenue jusqu’à présent, les patrouilles ou agents de liaison qui ont été envoyés sur les lieux ne sont pas reparus. On peut craindre que les 3 compagnies de ce bataillon qui tenaient la première ligne, aient péri sous le bombardement ou aient été faites en partie prisonnières.

Plusieurs attaques allemandes sont également en train de se dérouler à l’ouest du fort de Vaux dans le secteur du 10e B.C.P..

Ayant été informé du danger dès le début des événements, le capitaine de Chomereau de Saint-André, responsable du 3e bataillon du 149e R.I. rédige un petit message à son supérieur.

« Le capitaine de Chomereau au commandant sous-secteur sud,

Le commandant Randier me fait prévenir que les Allemands se rassemblent dans le fond de Vaux dans l’intention d’attaquer. Tout le monde est à son poste et j’attends l’attaque.

16 h 15, 31 mars 1916, le capitaine de Chomereau commandant le 3e bataillon »

Finalement, ses hommes ne seront pas concernés par ces combats.

Le système de liaisons reste très précaire. En effet, toutes les lignes téléphoniques ont été coupées dans l’après-midi du 31 mars. Malgré le travail constant de l’équipe divisionnaire pour essayer de les remettre en activité, elles ne sont toujours pas réparées dans la nuit du 31 mars au 1er avril.

Les Allemands bombardent le secteur occupé par le 1er bataillon du 149e avec des obus lacrymogènes de gros calibre toute la journée. Les émanations de gaz empêchent les hommes d’exécuter correctement les tâches à effectuer. Les travaux de réfection du boyau allant de l’entrée du tunnel au fort de Tavannes sont interrompus. Les hommes doivent se mettre à l’abri.

Carte_3_journee_du_31_mars_1916

Legende_carte_3_journee_du_31_mars_1916

Le 2e bataillon du 149e R.I., sous l’autorité du commandant Schalk, est toujours en réserve de division. Il est installé dans la caserne d’Anthouard avec 4 compagnies du 3e B.C.P..

Carte_4_journee_du_31_mars_1916

Dans la soirée, le 1er bataillon du 149e R.I. est mis en alerte. À tout moment, il doit se tenir prêt à faire mouvement pour se mettre à la disposition du colonel Rondeau, l’officier qui commande la 86e brigade.

Les compagnies du commandant Magagnosc s’apprêtent à vivre des moments difficiles dans les heures à venir.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. de la 88e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 521/4.

J.M.O. de la 139e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 533/3.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 44e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 827/14.

J.M.O. du 75e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 661/5.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11.

J.M.O. du 226e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/1.

J.M.O. du 269e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 733/9.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

La photographie qui peut se voir sur le montage provient de la collection personnelle de N. Bauer.

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 43e, 70et 77e D.I. provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7.

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte indiquant le secteur approximatif où se sont déroulées les attaques allemandes du 31 mars 1916 provient du J.M.O. de la 88e brigade S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 521/4.

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées uniquement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources.

La marge d’erreur qui indique les positions des régiments des 43e, 70e et 77e D.I. et l’orientation des attaques allemandes risque d’être assez importante. Toutes ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des évènements qui se sont déroulés durant la journée du 31 mars 1916.

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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