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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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10 juin 2016

Clément Henri Bonnaud (1880-1916).

Clement_Henri_Bonnaud

Les années de jeunesse

Clément Henri Bonnaud voit le jour le 7 juillet 1880 dans le petit hameau charentais de Chez-Bois. François, son père qui est un cultivateur âgé de 30 ans, doit, ce jour là, quitter le champ quelques heures pour aller à la mairie de Salles-de-Villefagnan où il doit déclarer la naissance de l’enfant. Sa mère, Françoise Goumain, est une jeune femme âgée de 23 ans qui n’exerce pas de profession.

Clément Henri obtient son certificat d’études primaires et son brevet d'études primaires sans qu'il soit possible de dire s'il entra ensuite au lycée.

Il va tout d’abord travailler comme employé de commerce, mais cette profession ne semble pas vraiment lui convenir. Alors qu’il n’est pas encore tout à fait l’heure de penser à la conscription, il décide de tout abandonner. Le 15 mars 1899, le jeune homme se rend à la mairie d’Angoulême pour venir y signer un engagement volontaire d’une durée de 4 ans. Il n’a pas encore 19 ans. Le motif qui le pousse à faire ce choix ne nous est pas connu. Monotonie de son quotidien, déception amoureuse, profession peu rémunératrice, à chacun de s’imaginer ce qui aurait pu le pousser à prendre cette décision ! Quelle qu'elle fut, il trouva les arguments auprès de sa famille pour avoir l'autorisation de le faire.

Le jeune homme s’apprête à faire son premier grand voyage. Il se prépare à quitter sa Charente natale pour s’établir dans une caserne vendéenne. Il gagne, par voie ferrée, La Roche-sur-Yon pour intégrer la 1ère compagnie du 93e R.I.. Son instruction commence le 16 mars 1899, celle-ci durera six mois.

Caserne_93e_R

Nommé caporal le 23 septembre 1899, puis sergent le 2 juillet 1900, Clément Henri Bonnaud est amené à exercer les fonctions de sergent fourrier dans sa compagnie à partir du mois de septembre 1900. Le 16 octobre 1901, il réintègre un poste de sergent à la 1ère compagnie du 93e R.I..

Le 1er février 1902, il est de nouveau sergent fourrier, mais cette fois-ci, ce sera pour travailler à la S.H.R. du régiment.

Une carrière dans la Légion étrangère

Son contrat avec l’armée arrive à échéance ; il a obligation de le renouveler pour poursuivre sa carrière sous l’uniforme. Le 9 mars 1903, il signe de nouveau pour trois années consécutives.

Cette fois-ci, ce sera pour vivre une toute autre expérience. Les portes de l’Afrique ne sont pas loin ! Le jeune sous-officier choisit le 2e Régiment étranger, une unité de la Légion qui est installée en Algérie. Une fois la Méditerranée traversée, il doit se rendre à Saïda, surnommée la ville des sources, pour découvrir sa nouvelle compagnie d’affectation.

Caserne_2e_R_giment_Etranger

Le sergent Bonnaud cantonne dans la région d’Oran entre le 27 mars et le 15 mai 1903. Le 11 avril, il occupe une place de sergent fourrier, une charge qu’il connaît maintenant parfaitement bien, à la 22e compagnie.

Envoyé dans les régions sahariennes entre le 16 mai et le 21 juin 1903, il est affecté à la colonne de Béchar dès le lendemain.

Clément Henri Bonnaud s’installe avec son unité dans la province de Figuig qui est située à l'extrême sud-est du pays, au sud de la région de l’Oriental, du 4 juillet au 9 novembre 1903.

Du 10 novembre 1903 au 21 octobre 1904, il est de retour dans la région d’Oran. Durant cette période, le sous-officier  est  de nouveau sergent fourrier. Cette fois ci, il est chargé de l’intendance de la 6e compagnie à partir du 1er août 1904.

Le 1er octobre 1904, il peut coudre ses galons de sergent-major sur les manches de sa vareuse,

Clément Henri Bonnaud devient responsable des registres de la comptabilité et de l’administration de la 5e compagnie montée, qui se trouve sous les ordres du capitaine Morel. Du 22 octobre 1904 au 15 octobre 1905, il est, de nouveau, en mission dans les régions sahariennes.

Le 26 septembre 1905, il signe un troisième contrat avec l’armée. Celui-ci prend effet à compter du 15 mars 1906. Le légionnaire vient de se réengager pour quatre ans.

Le sergent-major Bonnaud est de retour dans la région d’Oran à partir du 16 octobre 1905.

Au cours du mois de mars l’année 1907, il reçoit une médaille d’argent de l’alliance française.

Le 15 avril 1907, il est en partance pour Marseille. Le sergent-major Bonnaud vient d’être désigné pour faire partie de la relève qui doit se rendre au Tonkin par voie de mer. Après une longue traversée, le sous-officier arrive à destination le 27 mai 1907 pour servir au 5e bataillon du régiment.

C’est dans cette lointaine colonie qu'il est nommé adjudant le 13 août 1908, cela, après avoir été proposé au tableau d’avancement durant plusieurs années.

Le 1er janvier 1911, il est transféré à la 17e compagnie du 2e Régiment étranger. Promu sous-lieutenant huit jours plus tard pour être aussitôt affecté à la 9e compagnie du régiment, il est muté à la 19e compagnie du régiment à la fin du mois de février 1911.

 Fraîchement nommé dans son grade, il doit rejoindre Cao-Bang, pour exercer les fonctions de comptable sous les ordres directs du capitaine Morin.

Juin 1911, c’est le retour en France. Il embarque sur le paquebot vapeur « Nera » qui doit quitter Haiphong le 3 juin 1911, à destination du port de la cité phocéenne.

Nera

Rapatrié du Tonkin où il est resté 4 années, Clément Henri Bonnaud a le droit à plusieurs semaines de repos. Un congé de fin de campagne d’une durée de trois mois lui est accordé. Il profite de ce long temps de vacances pour retourner en Charente où il va pouvoir prendre du temps avec les siens.

De retour en Afrique, nous le retrouvons dans les régions sahariennes au début du mois de novembre 1911. Le 7 janvier 1912, le lieutenant Bonnaud change de garnison. Il a reçu l’ordre de quitter Beni Ormif pour se rendre dans la ville de Mascara.

Il s’occupe de nouveau de comptabilité lorsqu’il retrouve la caserne de Saïda. Ses supérieurs le désignent pour prendre en charge l’armement et l’habillement du régiment.

Clément Henri Bonnaud est nommé lieutenant le 9 janvier 1913. Il est  muté au 1er régiment de marche dans la 1ère quinzaine d’avril 1913. Destiné à intervenir dans le cadre de la campagne du Maroc, ce régiment  avait été formé en 1907 à partir d’éléments du 2e Régiment étranger.

Le lieutenant Bonnaud  prend part en avril et mai 1913 à la colonne Henrys. Il est ensuite désigné d’office pour assurer les fonctions d’officier de détails. Bien que remplissant très bien cette mission, il préfère de loin être sur le terrain. Il demande à reprendre du service actif. Ce choix est accordé. Clément Henri Bonneau prend un poste d’officier dans une compagnie qu’il commande avec autorité durant l’absence de son capitaine. C’est lui qui organise le caravansérail d’Ain-Hamman.

Il participe à plusieurs opérations militaires dans le Maroc occidental entre le 24 mars 1913 et le 1er août 1914.

Le 18 avril 1913, c’est l’affaire d’Auras. Le 14 septembre 1913 il est à Meknès. Le 18 juillet 1914, le lieutenant Bonnaud participe au combat de Mahajibat. Le 25 juillet c’est le combat de Sidi Amdal puis celui du col de Ziar le 4 août 1914. Les 5 et 6 août il participe au combat de Khénifra.

En mai 1915, Clément Henri Bonneau est à la compagnie montée du 2e Régiment étranger.

Cet officier arrive en France le 10 décembre 1915.

Au 149e R.I.

Le lieutenant Bonnaud rejoint le front la veille de Noël de l’année 1915, pour prendre le commandement de la 10e compagnie du 149e R.I.. A cette période de l’année, le régiment s’apprête à quitter l’Artois, une région où il est resté durant 13 mois.

Clément Henri Bonnaud est promu au grade de capitaine à titre temporaire, suite à une décision prise par le général commandant en chef le 5 février 1916 ; celle-ci est ratifiée le 10 février 1916.

Son passage au 149e R.I. sera de très courte durée. En effet, le capitaine Bonnaud est  tué quelques semaines après son arrivée au régiment. Le 30 mars 1916, la commune de Dugny est attaquée par l’aviation allemande. Les bombes qui sont tombées sur le village font plusieurs victimes, Clément Henri Bonnaud fait partie du nombre.

La dernière mission effectuée par le capitaine Bonnaud est décrite dans un témoignage laissé par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint- André.

« 29 mars 1916

… Un message me prescrit de rallier d’urgence Dugny pour y prendre,par intérim, le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. qui monte en secteur le 31 mars au fort de Vaux… Je connais déjà à fond les officiers, le 3e bataillon ayant eu l’occasion de travailler avec moi et ils me connaissent.

Je pars en reconnaissance, en voiture, avec mes quatre commandants de compagnie. Il fait un froid très vif. Nous sommes frigorifiés lorsque nous débarquons au Cabaret, où les projectiles tombent assez nombreux. Nous passons d’abord par le fort de Tavannes puis nous redescendons du tunnel par une profonde tranchée neuve… Nous allons par la sortie sud du tunnel et la Lauffée. Nous atteignons la batterie de Damloup, pour arriver pendant une accalmie de marmitage, dans un abri de bombardement à 400 m sud-est du fort de Vaux, qui sert de P.C. et d’abri pour un peloton…

Le dispositif est presque linéaire. Devant le fort, une tranchée d’un mètre de profondeur qui est sans cesse marmitée. Pas de téléphone, il est continuellement coupé. Pas d’optique possible à cause du terrain. Pour avoir l’appui de l’artillerie, il faut envoyer un coureur au fort, qui, lui, peut communiquer. Pas d’eau, une seule source connue et marmitée Ces agréables constatations faites, la reconnaissance, très sommaire, est terminée. Retour par le fort de Tavannes à Dugny, sans accroc. À 16 h 00, je suis à Belrupt, où le détachement me rejoint. Je laisse à Dugny un de mes capitaines, tué par bombe d’avion au moment où nous arrivions. »

L’intégralité de ce texte  peut se lire en cliquant une fois sur l’image suivante.

Gaston_de_Chomereau_de_Saint_Andre_22

Le capitaine Bonnaud  repose actuellement  dans une sépulture individuelle qui se trouve dans le cimetière national français de Dugny-sur-Meuse. Sa tombe porte le numéro 1218 A.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 10 avril 1915).

Croix de guerre avec une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre de 21e C.A. n° 84 du 29 mars 1916 :

« Chargé de tenir des tranchées soumises à un bombardement intense d’artillerie de gros calibre, à su accomplir sa mission avec une volonté de fer, luttant pendant 12 heures sans arrêt, pour réparer sous le feu, ses tranchées bouleversées, déterrer ses hommes ensevelis etterrer constamment, prêt à recevoir un assaut qui paraissait imminent. Légèrement blessé à l’épaule, ayant les pieds gelés, a refusé, malgré ses souffrances, de se faire évacuer. »

Médaille coloniale avec agrafes « Sahara, Algérie et Maroc ».

Clément Henri Bonnaud a également été décoré de l’ordre honorifique du Ouissam Alaouite avec le grade d’officier. Cette décoration est considérée comme étant l’équivalent de la Légion d’honneur française, pour avoir rendu des services éminents au Royaume du Maroc.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de sa sépulture a été réalisée par F. Radet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  M. Porcher, à F. Radet et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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