Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
22 avril 2016

Albert de Longeaux (1865-1930).

Albert_de_Longeaux_1

Les années d’enfance et de  jeunesse

Marie Étienne Albert Xavier de Longeaux voit le jour le 2 décembre 1865 à Charleville, dans les Ardennes. Son père, qui est garde général des forêts, se prénomme Angélique Charles Henri Marie. Il a 27 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Marie Marguerite Hélène de Lescale est une femme qui est âgée de 25 ans.

Le parcours scolaire d’Albert ne nous est pas connu, mais il a certainement obtenu son baccalauréat, clé d’accès qui lui a permis de tenter et de réussir le concours d’entrée de l’école spéciale de Saint-Cyr.

C’est comme simple élève qu’il commence sa formation d’officier le 28 octobre 1885. Les études vont être difficiles. Deux ans plus tard, il termine avec le n° 368, ce qui le place dans les tout derniers de la promotion de l’Annam.

Albert_de_Longeaux_promotion_d_Annam

Albert de Longeaux : 3e compagnie de la promotion de l’Annam (1885-1887)

Le 1er octobre 1887, l’homme entre comme sous-lieutenant élève à l’école d’application de cavalerie de Saumur. Là aussi, les résultats ne seront pas exceptionnels. Le futur officier occupe la 75e place sur 78 étudiants. Il obtient tout de même la note générale « assez bien ».

Une expérience africaine

Muté au 6e régiment de chasseurs, le sous-lieutenant de Longeaux prend ses quartiers dans un escadron du régiment qui est cantonné à Saint-Mihiel, une ville du nord-est de la France. Il restera dans cette unité pendant quatre années.

Le 18 juin 1891, il épouse Marie Louise Magdeleine Voisin, une jeune femme qui est domiciliée à Reims. C’est une fille de général habituée à la vie militaire. De cette union naîtra le futur sous-lieutenant Jean de Longeaux qui verra le jour dans leur petit appartement sammiellois.

Le 1er juillet 1891, Albert de Longeaux est nommé lieutenant de 2e classe. L’année suivante, il est affecté au 13e régiment de dragons, il va falloir se rapprocher de la région parisienne. C’est la première mutation de sa carrière et il y en aura bien d’autres !  Le lieutenant de Longeaux quitte le 6e régiment de chasseurs à la fin du mois de décembre 1892 pour  venir s’installer dans la nouvelle caserne,construite dans le quartier Pajol de la ville de Melun.

L’officier est nommé lieutenant de 1ère classe, le 26 février 1894.

Tenté par l’aventure africaine, il fait une demande écrite à ses supérieurs qui y répondent de manière favorable. Une décision ministérielle du 1er octobre 1898 l’oblige à se mettre à la disposition du département des colonies ; pour raison administrative, il est mis hors cadre. L’officier trésorier du 6e régiment de chasseurs ne s’occupe plus de lui faire verser sa solde.

Albert de Longeaux quitte la France au début du mois d’août 1898 pour venir prendre ses nouvelles fonctions sur les terres soudanaises. Cet officier rejoint l’escadron des gardes-frontières du Sahel. Le lieutenant de Longeaux occupe, dans un premier temps, un poste à responsabilité sur le territoire du Néré-Nampala. Il quitte cette position retirée du monde en août 1899, pour être ensuite détaché à la région de Tombouctou. C’est au cours de cette période qu’il est incorporé dans la colonne de novembre 1899 qui sera amenée à combattre les Arabes Bérabiches.

En février 1900, Albert de Longeaux est nommé adjoint au commandant du cercle de Sakolo. Il quitte cet emploi en avril 1900 pour revenir dans la région du Néré-Nampala, un secteur qu’il connaît bien. Il y reste jusqu’au 6 juin 1900.

De cette expérience africaine, il revient avec plusieurs décorations.

Un officier de cavalerie mal noté

De retour en France, le lieutenant de Longeaux va connaître une carrière classique, probablement ralentie par les appréciations de ses supérieurs.

Il intègre à nouveau un régiment de dragons. Cette fois-ci, ce sera sur un cheval du 18e dragons qu’il devra poser sa selle. Le 3 décembre 1900, il est installé dans la ville de Lure.

Le 16 mars 1901, il obtient ses galons de capitaine en 2e. Cette promotion ne le fait pas pour autant changer d’affectation. Il va lui falloir attendre le 10 janvier 1905 pour être muté au 9e régiment de dragons.

Le 23 mars 1910, c’est le retour au 18e dragons. Il prend le commandement du 2e escadron du régiment.

18e_dragons_Lure

On sait qu’Albert de Longeaux est assez mal noté par ses supérieurs tout au long de son séjour dans ce régiment. En 1910, le colonel écrit dans son feuillet individuel de campagne : « Bien qu’il soit animé de la meilleure des volontés, cet officier n’a malheureusement rien produit de bon pendant le semestre. »

En 1912, il est carrément écrit que c’est un officier sans avenir !

En 1913, les appréciations ne sont guère plus encourageantes : « Très ancien capitaine, manque de feu sacré et agit beaucoup par routine. Caractère foncièrement honnête et loyal. Monte très vigoureusement à cheval, mais ne semble pas fait pour la fonction de major »

Cette évaluation ne l’empêchera pas pour autant d’être nommé major le 23 septembre 1913.  

Surtout, il est très difficile de savoir  s’il était un officier aussi peu méritant que ce qui transparaît dans les appréciations ou s’il s’agissait plutôt d’un problème de personne. L’affaire des fiches n’est pas si lointaine. Il serait intéressant de connaître l’avis renvoyé à la préfecture concernant sa loyauté vis-à-vis de la République, sa pratique de la religion. Cela pourrait expliquer le changement majeur dans ses appréciations entre l’avant-guerre et le début du conflit. En effet, tout cela va diamétralement changer avec l’entrée en guerre.

D’affectation en affectation

1914, c’est un tout autre officier qui se révèle dès le début de la campagne.

Albert de Longeaux débute le conflit contre l’Allemagne au sein du 18e dragon, mais il n’est pas envoyé au front au début de la guerre.  En fait, cet homme est resté au dépôt du régiment comme chef d’escadron en surnombre. Ce qui veut dire qu’il se retrouve sans commandement. Ce n’est que le 29 août 1914 qu’il rejoint le régiment qui est positionné dans les Vosges. Les premières missions qui lui sont confiées vont être purement d’ordre intérieur (Commandement de l’état-major et des convois, surveillance du personnel). Trois mois plus tard, il est muté au 11e régiment de dragons. C’est à partir de cet instant que les choses vont complètement changer pour lui.

Le lieutenant-colonel Vieillard est content du travail de son subordonné. Il écrit : « Le commandant de Longeaux à fait d’excellents débuts au 11e dragons à la tête de son demi-régiment. C’est un homme qui a de l’autorité, du calme et une grande valeur morale. Il a prouvé, au service des tranchées, son mépris complet du danger. »

C’est au cours de l’hiver 1915, que le major de Longeaux fait une demande pour  aller faire un stage dans un régiment d’infanterie. Ce sera au 149e R.I. qu’il sera affecté ! Concours de circonstances ? Fait du hasard ? Demande personnelle ?

Cette affectation n’a probablement rien à avoir avec le hasard. Son fils fut tué en août 1914 dans les rangs du 149e R.I. !

Pour en savoir plus sur le fils du commandant de Longeaux, il suffit de cliquer une  fois sur l’image suivante.

Jean_de_Longeaux

Il lui faut maintenant abandonner « sa selle de cavalier  pour venir chausser les godillots du fantassin »...

Albert de Longeaux doit rejoindre sa nouvelle affectation au cours du mois de décembre 1915. Le 149e R.I. s’apprête à quitter le front de l’Artois, une région où il a été particulièrement malmené durant toute l’année 1915. Albert de Longeaux donnera, là encore, entière satisfaction au responsable du régiment.

Le lieutenant-colonel Abbat note l’appréciation suivante dans son feuillet individuel de campagne : «  Stagiaire au 149e R.I. depuis plus de trois mois. Monsieur le commandant de Longeaux a beaucoup travaillé et appris. Il peut être, sans aucun inconvénient, mis à la tête d’un bataillon, auquel il communiquera son sentiment élevé du devoir. Officier vigoureux, plein de santé, de zèle et de dévouement sur lequel on peut absolument compter. »

Le 9 mars 1916, le commandant de Longeaux est blessé par une balle reçue dans le genou droit, au cours d’une attaque qui a lieu dans le village de Vaux-devant-Damloup près de Verdun. Rapidement évacué vers l’arrière, il est soigné dans un l’hôpital de Chalon-sur-Saône.

Après sa convalescence, il passe ensuite au 95e R.I.T. le 29 juillet 1916. Il rejoint sa nouvelle unité le 3 août pour être mis à la tête d’un des bataillons du régiment. Cette expérience sera de courte durée.

Quelques mois plus tard, le commandant de Longeaux reçoit l’ordre de réintégrer son arme d’origine.

Le 31 août 1916, il assure le commandement du 3e groupe du 8e régiment de chasseurs.

Le 25 janvier 1917, Albert de Longeaux est muté au 1er régiment de Hussards pour commander le 2e groupe.  Il passe à l'état-major de cette unité le 8 avril 1917.

Cet officier est remis à la disposition du ministre en vue de son emploi à l’intérieur (proposé pour être admis à la retraite). Il est maintenu au service dans le cadre des officiers de complément, suite à une décision prise par le général commandant en chef du 10 décembre 1918 et par une application de la décision ministérielle du 5 janvier 1919.

Le commandant de Longeaux est rayé des contrôles de l’armée active par décision présidentielle du 8 mars 1919. Cette décision prend effet le 15.

Il est ensuite nommé chef d’escadron de réserve des services spéciaux du territoire de la 11e Région à partir du  24 novembre 1920.

Le petit sous-lieutenant « mal classé » de Saint-Cyr, représenté comme étant peu doué et sans avenir par ses supérieurs de l’époque, va terminer sa carrière de soldat avec le grade de lieutenant-colonel de réserve.

Albert de Longeaux décède le 16 décembre 1930 à Nantes.

Cet officier a obtenu les décorations suivantes :

Chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1907.

Officier de la Légion d’honneur à compter du 1er avril 1917

« Officier supérieur très distingué, au front depuis le début de la campagne, s’est fait remarquer en toutes circonstances par son allant, sa bravoure, son énergie. Une blessure, a déjà été cité.

Croix de guerre avec deux étoiles d’argent et une étoile de bronze

Une citation à l’ordre de la 124e D.I. n° 12 en date du 7 septembre 1915 :

« De juillet au 28 août a exercé le commandement d’une zone de tranchées, s’est consacré avec un zèle infatigable à la préparation minutieuse d’une ouverture de parallèle qui s’est effectuée les 24, 25 et 26, malgré l’action énergique d’un ennemi très rapproché. Par son sentiment du devoir, son mépris du danger et son dévouement absolu, a donné le plus bel exemple qui puisse être proposé. »

Une citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 114 en date du 25 mars 1916 :

« S’est fait remarquer en maintes circonstances par son courage et son mépris du danger. Blessé le 9 mars 1916 d’une balle au genou, a continué, malgré sa blessure, à s’occuper de la direction des premiers éléments de combats »

Une citation à l’ordre du régiment n° 202 en date du 23 décembre 1918.

« Officier supérieur d’un moral très élevé au cœur chaud qui, pendant deux ans,n’a cessé de donner à tous l’exemple le plus complet du dévouement à la patrie. D’un courage admirable, n’hésitant jamais pour entraîner ses hommes, soit dans les tranchées de Régneville, soit, tout dernièrement encore, dans les reconnaissances lancées sur Voharies, à affronter le feu de l’ennemi »

Les autres décorations :

Albert de Longeaux a obtenu le 25 octobre 1896, une médaille d’honneur en argent de 2e classe de la part du ministre de l’Intérieur. Cet officier a sauvé un dragon qui était sur le point de se noyer dans la Seine.

Médaille coloniale avec agrafe « Soudan » en 1898.

Chevalier de l’ordre de l’Étoile noire le 30 juin 1899.

Officier de l’ordre de l’Étoile noire le 21 avril 1902.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la 3e compagnie de promotion de l’Annam provient de la collection personnelle du général D. de Longeaux.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au général D. de Longeaux, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

Commentaires
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 840 839
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.