Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
23 septembre 2013

10 mars 1916.

Village_Vaux_devant_Damloup_1

La situation reste critique dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup et du fort de Vaux. Les Allemands se préparent à lancer une nouvelle attaque sur les positions occupées par la 303e Brigade et par les éléments des unités qui lui sont rattachées. 

Depuis plusieurs jours, des groupements momentanés sont improvisés régulièrement un peu partout sur ce front de 3000 m pour faire face aux Allemands. Toutes ces fractions concentrées sur leur mission respective résistent vigoureusement.  Elles ont, jusqu’à maintenant,  réussi à stopper toutes les attaques ennemies. 

Carte_1_journee_du_10_mars_1916

Legende_carte_1_journee_du_10_mars_1916

Dans le secteur de la 303e brigade

Les troupes de la 43e D.I. commencent à remplacer celles de la 120e D.I. Dans la nuit, le 1er  bataillon du 158e R.I. relève des éléments du 409e R.I.. Des groupements ennemis sont signalés par ce bataillon sur les pentes nord du fort de Vaux à 8 h 25. Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. confirment cette situation. D’importants groupements ennemis progressent également dans la région de Dieppe-la Plume. Ceux-ci marchent dans la direction de Vaux-devant-Damloup et du fort de Vaux. L’artillerie française est sollicitée pour contrarier les projets allemands et les troupes sont informées de la situation.

 L’ensemble de ces renseignements tend à confirmer que l’ennemi se prépare à exécuter une attaque dans la journée dans le secteur du fort de Vaux. Le général Naulin, responsable de la 303e Brigade, fait immédiatement diriger deux compagnies du 3e B.C.P., pour étayer sa droite, un secteur où il ne dispose plus de réserve. Il faut absolument soutenir les hommes du 408e R.I. qui sont complètement exténués. La plupart des compagnies de ce régiment sont maintenant réduites à 60 ou 80 fusils. En faisant cela, le commandant de la 303e Brigade ne dispose plus que de 4 compagnies du 3e B.C.P. pour constituer sa réserve de brigade. Ces deux compagnies du 3e B.C.P. seront amenées à faire demi-tour. Les tirs de l’artillerie allemande sont tellement violents qu’il est impossible de passer.

 L’attaque ennemie débute en fin d’après-midi. Comme prévu, c’est le fort de Vaux qui est une nouvelle fois visé. Cette attaque est menée par 3 bataillons allemands. Ceux-ci se glissent par petits paquets aux pieds des pentes et se rassemblent dans un angle mort. Ils se retrouvent ainsi à l’abri des feux de l’infanterie et de l’artillerie françaises.

Leur dispositif d’attaque comprend trois vagues d’assaut disposées en tirailleurs, qui sont appuyées par de nombreuses petites colonnes largement espacées. Dès le début de l’engagement, cette formation est prise sous le feu des mitrailleuses françaises. Elle subit de lourdes pertes lorsqu’elle gravit les pentes qui mènent au fort. Seuls, quelques éléments représentant l’équivalent de 3 ou 4 compagnies atteignent les réseaux de fil de fer français. L’attaque allemande se brise sur ce réseau, une défense accessoire pourtant bien malmenée par l’artillerie ennemie. Il assure toujours sa fonction de protection, interdisant le passage vers le fort. 

Aux environs de 18 h 00, deux compagnies du 3e B.C.P. reçoivent l’ordre de rejoindre le fort de Vaux. 

L’offensive enrayée, les Français doivent rester vigilants et empêcher l’ennemi de progresser sur ce terrain bouleversé qui se trouve autour du fort de Vaux. Les questions liées au ravitaillement et à l’évacuation des blessés deviennent une priorité absolue. 

Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. sont toujours en place dans le village de Vaux-devant-Damloup. Le commandant de Chomereau de Saint André décrit le chaos qui règne dans le secteur : 

« … Les alertes sont perpétuelles, des tentatives sont faites pour se reprendre réciproquement des maisons. Les combats à la grenade sont fréquents. Nous en avons heureusement trouvé et rapporté des caisses abandonnées. L’évacuation nocturne des blessés se fait péniblement. Absence de nouvelles. Un sergent à cran parvient à atteindre le fort de Vaux pour s’assurer que les Allemands n’y sont pas. Les vivres de réserve, emportées pour plusieurs jours,s’épuisent. Les morts sont enterrés sur place. Il neige.

Le commandant Magagnosc est rappelé d’urgence par le colonel, il me passe le commandement des deux compagnies. » 

Le 31e B.C.P. rejoint le fort de Tavannes. Il doit relever le 408e R.I. dans la soirée 10 mars 1916. 

La relève du 408e R.I. se termine à 20 h 00. Trois compagnies du 158e R.I. occupent maintenant le village de Vaux-devant-Damloup, une autre compagnie de ce régiment prend position à la redoute de la batterie de Damloup. Deux compagnies du 31e B.C.P. se placent dans les tranchées qui se trouvent sur les pentes sud-est du fort de Vaux. Les autres compagnies du bataillon viennent s’installer en réserve sur les pentes sud du fort de Vaux et au fond du ravin de Damloup. 

Dans le secteur de la 26e brigade

 Il n’y a pas de changement dans le positionnement des troupes. Occupés à attaquer le secteur voisin, les Allemands sont peu actifs face à la 26e brigade. Cependant, l’artillerie allemande arrose copieusement de ses obus le village de Fleury-devant-Douaumont et ses environs. Le bombardement est d’une extrême violence. Quelques torpilles tombent sur les éléments du 17e R.I..

Le 75e R.I. commence à relever le 17e R.I. dans la nuit du 10 au 11 mars.

 Dans le secteur de la 25e brigade

Après une matinée relativement calme, le bombardement recommence avec violence sur la voie ferrée et sur les ravins du sud. La crête et les pentes du fort de Souville et de la batterie de l’Hôpital  sont arrosées d’obus de gros calibres et d’obus spéciaux. À 17 h 30, une première attaque allemande a lieu sur le bataillon de droite du 21e R.I qui est pris de front. Les feux de mousqueteries et de mitrailleuses suffisent à repousser l’assaillant. À 18 h 00, le 109e R.I. est attaqué à son tour, mais sans plus de succès. À 23 h 00, les Allemands lancent une nouvelle offensive devant le 21e R.I. qui ne donnera aucun résultat.

Carte_2_journee_du_10_mars_1916

Legende_carte_2_journee_du_10_mars_1916

Situation en fin de journée

 Les positions françaises dans le secteur anciennement occupé par la 303e brigade restent les mêmes. La ligne de front doit cependant être consolidée avec d’importants travaux qui vont se poursuivre toute la nuit. L’attaque allemande de cette journée est un véritable échec. Les pertes ennemies sont considérables. Les relèves françaises se poursuivent.

 Il n’y a pas de changement pour le 1er bataillon du 149e R.I.. Les 1ère et 4e compagnies restent engagées dans le village de Vaux-devant-Damloup. Les 2e et 3e compagnies du bataillon sont en réserve au sud de la batterie de l’Hôpital.

Le 2e bataillon du 149e R.I. n’est pas intervenu durant les attaques allemandes menées contre la 25e brigade. Il reçoit l’ordre de quitter ses emplacements de 2e ligne qu’il occupe depuis maintenant deux jours. Il doit être relevé par le  2e bataillon du 75e R.I.. Le commandant Schalck et ses hommes se préparent à rejoindre leurs nouvelles positions. Le général Martin de Bouillon demande au général Baucheron de Boissoudy de bien vouloir lui faire savoir où et quand il souhaite pouvoir disposer de ce bataillon.

 Il n’y a pas de changement pour le 3e bataillon du 149e R.I.. Mais nous avons vu ce qui pouvait se cacher en réalité derrière ces mots « absence de changement ». Les unités ne bougent pas, mais les hommes souffrent, la tension est permanente, proportionnelle à la pression mise par les Allemands dans ce secteur. Morts enterrés sur place, le froid, les problèmes aigus liés au ravitaillement, difficultés qui vont se poursuivre le lendemain.

 Sources : 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/1.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25. 

Historique du 75e R.I. pendant la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault. Nancy-Parie-Strazbourg. 

Témoignage inédit du général Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des 13e, 43e et 120e D.I., provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 10 mars 1916.

Pour en savoir plus : 

 Bois_FuminPour mieux connaitre le secteur du bois Fumin, il suffit de cliquer une fois sur l’image de gauche pour accéder directement sur le blog de Patrick.

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928. 

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934. 

« 1914-1918 les soldats de Thury dans la boue des tranchées, des Bourguignons dans la Première Guerre mondiale ». Volume 2 écrit par Gilles Vauclair et par Didier Callabre. Imprimésur les presses numériques de Dicolorgroupe  à Ahuy en octobre 2004. 

« Le 408e R.I. au fort de Vaux, février mars 1916 » de Romain Darchy . Carnet inédit déposé à la bibliothèque du Mémorial de Verdun. 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

Commentaires
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 836 411
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.