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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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10 septembre 2021

Ligori Jean Louis Albinet (1894-1918)

Ligori Albinet

 

Issu d’une famille ancienne aveyronnaise, Ligori Jean Louis Albinet voit le jour le 10 avril 1894, au domicile de ses parents, au  Gargaros, un lieu-dit rattaché à la commune de Centrès.

 

Son père, Louis, 38 ans, exerce le métier de cultivateur. Sa mère, Émilie Vaysse, âgée de 37 ans, éduque trois filles. Le couple a perdu un fils décédé à l’âge de deux mois. Trois garçons naîtront après Ligori.

 

En 1911, la famille Albinet est installée au lieu-dit la Roque. Le père est patron de son exploitation agricole, Ligori travaille avec lui. 

 

La fiche signalétique et des services de ce jeune aveyronnais nous apprend qu’il est étudiant et que son niveau d’instruction est de niveau 2.

 

L’année de ses vingt ans, Ligori Albinet passe devant le conseil de révision réuni à la mairie de Naucelle. En bonne condition physique, il est déclaré « bon pour le service armé ». Ligori est loin de s’imaginer que sa classe sera incorporée par anticipation quelques mois plus tard pour cause de guerre.

 

Un conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. Il met fin à plus de quarante années de paix. Les consignes données par l’ordre de mobilisation générale ne le concernent pas.

 

Ligori Albinet est incorporé à compter du 8 septembre 1914. Le lendemain, il intègre une des compagnies de dépôt du 58e R.I., à Avignon, pour commencer sa formation militaire.

 

Le 17 juin 1915, il est affecté au 149e R.I..

 

Hormis ces deux informations, il est difficile de dire quoi que ce soit sur le parcours de ce soldat au vu des renseignements fournis par sa fiche matricule. De nombreuses interrogations resteront donc sans réponse.

 

A-t-il été versé dans une compagnie active du 58e R.I. ? Si oui, à quel moment ? Où a-t-il subi le baptême du feu ? A-t-il été blessé ? Est-il tombé malade ? Est-il retourné au dépôt du 58e R.I. avant d’être muté au 149e R.I. ? Quels sont les combats auxquels il a vraiment participé lorsqu’il servait au 149e R.I. ? Était-il présent sur le front d’Artois en septembre 1915 ? A-t-il combattu à Verdun et dans la Somme en 1916 ? A-t-il pris part à la bataille de la Malmaison en 1917, aux combats de mai et de juillet 1918 ? A-t-il bénéficié de plusieurs permissions ? Il est impossible de répondre à cette longue liste de questions sans informations complémentaires.

 

Pour couronner le tout, il n’y a pas la moindre trace de citation sur sa fiche matricule. Si cela avait été le cas, celle-ci nous aurait probablement donné quelques détails sur son vécu de combattant.

 

La seule chose dont nous sommes sûrs, c’est que cet homme a été tué au cours d’une attaque qui s’est déroulée le 3 octobre 1918. Ligori Albinet a été inhumé à gauche de la grande route d’Orfeuil, à 1500 m du village.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

Son décès est enregistré à la date du 18 octobre 1918 sur sa fiche signalétique et des services, ce qui est une erreur.

 

Ligori Albinet est mort à l’âge de 24 ans. Le 28 décembre 1921, le tribunal civil de Rodez valide la date de son décès au 3 octobre 1918. Cet acte a été transcrit à la mairie de Centrès le 11 janvier 1922.

 

Cette officialisation tardive indique que cet homme fut considéré comme disparu. C'est la procédure, puisque personne n’a pu témoigner de sa mort. Son corps a été retrouvé après la guerre.

 

Le numéro de sa compagnie n’apparaît pas sur son acte de décès.

 

Le soldat Albinet repose actuellement dans la Nécropole nationale d’Orfeuil. Sa sépulture porte le n° 503.

 

 

Ligori Albinet a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 décembre 1919). 

 

« Soldat brave et courageux, tombé au champ d’honneur le 3 octobre 1918 à Orfeuil. »

 

Cette décoration lui permet d’obtenir la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Le soldat Albinet a son nom gravé sur le monument aux morts du village aveyronnais de Tayac.

 

Monument aux morts de Centres-Tayac

 

Ligori Albinet fait partie de ces nombreux soldats du 149e R.I. pour qui il est pratiquement impossible de reconstruire le parcours de guerre. Les fiches matricules d’un bon nombre de ces hommes restent insuffisamment nourries pour nous permettre de rentrer dans les détails.

 

La généalogie de la famille Albinet est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Ligori ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du soldat Albinet, les registres d’état civil et de recensement de la commune de Centrès ont été consultés sur le site des archives départementales de l’Aveyron.

 

Le portrait de Ligori Albinet est extrait du « Livre d’or » de l’Aveyron publié sous les auspices du conseil général et sous la direction du comité aveyronnais de renseignement aux familles, par Émile Vigarié, président du comité, juge de paix de Rodez ».

 

La photographie sa sépulture a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Un grand merci à M. Bordes, à N. Vernhes, à A. Carrobi, à J.F. Pierron, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de l’Aveyron et à la mairie de Centrès. 

3 septembre 2021

Maurice Édouard Armand Pruvost (1895-1918)

Maurice Edouard Armand Pruvost

 

Maurice Édouard Armand Pruvost naît le 21 décembre 1895 au domicile de ses parents, rue des Fontaines, à Forges-Les-Eaux, dans le département de la Seine-Inférieure.

 

Son père, Édouard Armand Joseph, est clerc d’huissier,  il a 25 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Aminthe Féré, est âgée de 30 ans. Elle exerce le métier de commerçante. Le couple, qui s’est marié l’année précédente, n’aura pas d’autre enfant.

 

Les témoins, Léon Simon, huissier, et Louis François Auguste Marois, principal clerc d’huissier, accompagnent le père à la mairie ; ils y signent le registre d’état civil en présence du maire Antoine Désiré Gosset.

 

 

En 1901, Édouard Armand Joseph ne pratique plus le métier de clerc d’huissier. Il est devenu commerçant, travaillant probablement avec son épouse. La famille s’est installée dans la grande rue du village. Cinq ans plus tard, les Pruvost vivent rue des Eaux Minérales.

 

Forges-les-Eaux

 

Maurice perd son père peu de temps avant son 12e anniversaire. Sa mère ne se remariera pas. Elle vivra seule avec son fils jusqu’au départ de celui-ci pour le régiment.

 

La fiche signalétique et des services du jeune Pruvost mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Ses connaissances scolaires sont largement suffisantes pour qu’il puisse assumer les fonctions de clerc d’huissier, ancienne profession exercée par son père. Maurice peut ainsi ramener un salaire à la maison.

 

Le 1er août 1914, la France mobilise ses réservistes. Une guerre mondiale est sur le point d’être déclenchée. Maurice Pruvost, futur soldat de la classe 1915, n’est pas concerné par cet évènement. Il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui s’est réuni en septembre 1914 à la mairie du village.

 

Maurice reçoit sa feuille de route juste avant la mobilisation de sa classe qui se fait par anticipation.

 

Il est incorporé à compter du 18 décembre 1914 au 28e R.I.. Maurice Pruvost intègre une des compagnies du dépôt d’Évreux le jour même. Son instruction militaire est brève en comparaison de la formation donnée aux conscrits du temps de paix. Il faut vite envoyer de nouvelles troupes sur le front. La demande est forte. Les pertes des premiers mois du conflit sont énormes.

 

Une lecture trop rapide du registre matricule du soldat Pruvost laisserait supposer un envoi au 28e R.I. actif après sa période de formation au dépôt. Ce ne fut pas le cas.

 

En effet, sa première citation à l’ordre de la division nous apprend que le soldat Pruvost servait à la 53e D.I. en octobre 1915 lorsqu’il a été décoré de la Croix de guerre en février 1916. Le 28e R.I. ne fait pas partie des effectifs de cette division. Par contre, le 228e R.I. qui est le régiment de réserve du 28e R.I., est intégré à cette unité. Maurice a probablement été envoyé avec un renfort dans ce régiment de réserve lorsque celui-ci a eu besoin de reconstituer ses effectifs.

 

Le 4 juillet 1916, le 228e R.I. attaque le village d’Estrée, dans la Somme. Le soldat Pruvost est blessé par éclats d’obus au bras et au côté gauche. Il est évacué vers l’arrière.

 

Une fois soigné, il réintègre la zone des armées dans une unité non mentionnée sur sa fiche matricule. Une citation à l’ordre de la brigade indique simplement sa présence en première ligne en juillet 1917.

 

Le 7 novembre 1917, Maurice est affecté à la 5e compagnie du 149e R.I. juste après l’offensive de la Malmaison. Il est nommé caporal le 19 novembre 1917.

 

Le caporal Pruvost participe à la bataille d’Arcy-Sainte-Restitue à la fin du mois de mai 1918.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur le cliché ci-dessous.

 

Arcy-Sainte-Restitue 1

 

Le 15 août 1918, il coud ses galons de sergent sur son uniforme bleu horizon.

 

Maurice Pruvost participe à la bataille de Champagne et d’Argonne qui débute à la fin du mois de septembre. Le 3 octobre 1918, au cours d’une attaque, il est tué à l’ouest du village d’Orfeuil, à proximité de la voie ferrée. Son corps n'a été retrouvé sur le champ de bataille que le 19 octobre suivant.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

Le sous-lieutenant Paul Louis Lemoine et le soldat Auguste Vallée confirment sa mort auprès de l’officier d’état civil du régiment, le lieutenant Auguste Fourneret. L’acte de décès de ce sous-officier est transcrit à la mairie de Forges-les-Eaux le 17 juillet 1919.

 

Son corps a été rendu à sa mère dans les années 1920. Il repose actuellement dans le cimetière de Forges-les-Eaux.

 

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 3 étoiles de bronze et 3 étoiles d’argent

 

Citation à l’ordre de la 53e division en date du 23 février 1916 :

 

« Caporal très courageux au combat du 7 octobre 1915, a assuré, sous un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses, la liaison entre le bataillon et la compagnie. »

 

Citation à l’ordre de la brigade en date du 28 juillet 1917 :

 

« S’est dépensé sans compter du 14 au 28 juillet 1917 pour assurer le ravitaillement en munition des premières lignes, avec un absolu mépris du danger, sous les plus violents bombardements, à la tête de ses hommes. »

 

Citation à l’ordre du régiment en date du 29 mai 1918 :

 

« Excellent gradé, n’a cessé de se distinguer au cours des combats des 28 et 29 mai 1918. »

 

Citation à l’ordre de la 43e division en date du 5 août 1918 :

 

« Caporal très dévoué et d’une bravoure remarquable. A assuré la liaison d’une façon parfaite, dans des circonstances délicates, malgré un bombardement particulièrement violent. »

 

Citation n° 385 à l’ordre de la 43e division en date du 26 octobre 1918 :

 

« Jeune sergent, a fait preuve d’une bravoure remarquable pendant toutes les attaques du 26 septembre au 4 octobre 1918. Est tombé mortellement frappé à la tête de ses hommes. »

 

Le sergent Pruvost a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume avec le même énoncé que sa dernière citation à l’ordre de la division (J.O. du 1er août 1922).

 

Monument aux morts de Forges-les-Eaux

 

Maurice Pruvost a son nom gravé sur le monument aux morts de Forges-les-Eaux. Il est également inscrit sur la plaque commémorative 1914-1918 qui se trouve à l’intérieur de l’église de cette commune.

 

Maurice ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Le registre matricule du sergent Pruvost, les registres d’état civil et de recensement de la commune de Forges-les-Eaux ont été consultés sur le site des archives de la Seine-Maritime.

 

Le portrait de ce sous-officier, les photographies de sa sépulture et du monument aux morts de la ville de Forges-les-Eaux ont été trouvés sur le site « Héros de Forges-les-Eaux». Pour les visionner, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Un grand merci à M. Bordes, à L. Bonnafoux, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Seine-Maritime et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

27 août 2021

Simon Vivier (1879-1918)

Simon Vivier

 

Originaire du Puy-de-Dôme, Simon Vivier voit le jour le 18 mai 1879, aux Gabots, un lieu-dit dépendant de la commune de Saint-Quintin-sur-Sioule.

 

Son père, Jacques, est un travailleur de la terre. Il a 30 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Antoinette Lesbre, est âgée de 19 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Les témoins, Gervais Vérillon et Annet Thomas, accompagnent Jacques à la mairie du village pour officialiser l’arrivée du nouveau-né. Les trois cultivateurs signent le registre d’état civil en présence de l’adjoint au maire François Glomond.

 

Une sœur naît en 1883.

 

 

La fiche signalétique et des services de Simon Vivier indique un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise la lecture, l’écriture et l’arithmétique.

 

Devenu cultivateur à la fin de sa scolarité obligatoire, l’adolescent travaille dans l’exploitation agricole tenue par son père.

 

Simon Vivier est un homme robuste. Il ne montre pas de signe particulier de faiblesse lorsqu’il se présente devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie du canton de Merat. Il est automatiquement classé dans la 1ère partie de la liste par la médecine militaire.

 

Le futur conscrit est incorporé au 92e R.I. de Clermont-Ferrand. Simon doit se présenter à la caserne le 15 novembre 1900.

 

À l'instruction, ses supérieurs observent ses bonnes capacités militaires. Son capitaine le fait inscrire au peloton des élèves caporaux. Simon Vivier accède à ce grade le 6 octobre 1901. Il est nommé sergent le 23 mai 1903.

 

Simon Vivier est envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 19 septembre 1903. Le temps de la conscription est maintenant terminé. Il vient de passer près de trois ans sous l’uniforme. Le jeune homme peut rentrer au pays avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Dès son retour, il retrouve sa vie de paysan à la ferme paternelle. 

 

Entre le 9 mars et le 8 avril 1906, Simon Vivier doit à nouveau endosser sa tenue de sous-officier pour accomplir sa première période d’exercice à la caserne d’Anterroche ; celle-ci abrite le 105e R.I.. Il n’est fait aucune mention de sa deuxième période d’exercice sur sa fiche matricule.

 

Le 12 janvier 1907, il épouse Angèle Thomas, une jeune femme âgée de 17 ans. Le couple aura deux enfants, Yvonne, née en 1908 et Roger, né en 1911.

 

Jacques, Antoinette, Simon, Angèle, Yvonne et Roger vivent sous le même toit jusqu’à l’arrivée de la 1ère guerre mondiale.

 

Le 1er août 1914, la France rappelle ses réservistes. Un nouveau conflit contre l’Allemagne ne peut plus être évité.

 

Simon Vivier se prépare à abandonner les travaux agricoles. Un coup d’œil sur le livret militaire pour s’apercevoir qu’il a encore quelques jours devant lui. Il doit être au dépôt du 105e R.I., à Clermont-Ferrand, pour le 10 août.

 

Le sergent Vivier est nommé adjudant le 15 septembre 1914. Trois jours plus tard, ce changement de grade entraîne son affectation au 138e R.I., à Magnac-Laval. Des signes de faiblesse apparaissent.

 

Le 27 novembre 1914, la commission spéciale de Magnac-Laval constate une hernie inguinale au côté droit.

 

Ce problème de santé empêche un envoi rapide au front, mais il reste insuffisant pour un motif de réforme. Le colonel commandant la subdivision de Magnac-Laval le fait classer dans le service auxiliaire à partir du 2 janvier 1915. l'adjudant Vivier reste donc au dépôt, à disposition de l’armée.

 

Les informations inscrites sur sa fiche matricule empêchent d’affirmer une présence au front entre son arrivée à la caserne et son passage dans le service auxiliaire.

 

Cette situation dure jusqu’au début du mois de mars 1916. Le 5, la commission spéciale de Magnac-Laval le reconnaît de nouveau « bon pour le service armé ».

 

À partir de cette date, sa fiche signalétique et des services indique plusieurs changements d’affectations sans donner plus de précision.

 

Le 21 septembre 1916, il est au 165e R.I.. C’est dans cette unité qu’il apprend  le décès de sa fille Yvonne. Le 29 décembre 1917, Simon Vivier est muté au 9e R.I..

 

Le 24 mars 1918, l’adjudant Vivier est affecté au 149e R.I.. Une fois de plus, les éléments fournis par sa fiche matricule ne permettent pas de confirmer sa présence au sein du régiment actif durant les offensives allemandes de mai et de juillet 1918. La date exacte de sa prise de commandement d’une des sections de la 7e compagnie reste donc inconnue.

 

Il participe à la bataille de Champagne et d’Argonne qui débute à la fin du mois de septembre. Le 3 octobre 1918, au cours d’une attaque, il est mortellement blessé dans le secteur du village d’Orfeuil. Le sous-officier Vivier meurt à l’âge de 39 ans. Son acte de décès est transcrit à la mairie de Saint-Quintin-sur-Sioule le 10 avril 1919.

 

Il laisse une veuve et un orphelin qui devient pupille de la nation le 22 octobre 1919.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

L’adjudant Vivier a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 11 août 1922) :

 

«Énergique et brave sous-officier, tombé glorieusement pour la France, le 3 octobre 1918, en accomplissant tout son devoir devant d’Orfeuil. »

 

Cette citation lui donne également droit à la Croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Il n’existe pas de sépulture individuelle militaire qui porte son identité.

 

Le nom de ce sous-officier est inscrit sur deux tombes différentes dans le cimetière de Saint-Quintin-sur-Sioule. La première est une sépulture familiale. La seconde ressemble à un lieu de mémoire.

 

Sépultures cimetière communal de Saint-Quintin-sur-Sioule

 

Sources :

 

Le registre matricule de l’adjudant Vivier, les registres d’états civils et de recensement ont été consultés sur le site des archives de l’Isère et du Vaucluse.

 

Le portrait de Simon Vivier et les photographies de sépultures ont été trouvés sur le site « Généanet ».

 

La généalogie de la famille Vivier a été reconstituée à partir de plusieurs arbres consultés sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, aux archives départementales de l’Isère et du Vaucluse et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

20 août 2021

3 octobre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

3 octobre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

Le 149e R.I. a relevé le 21e R.I. au bois la Croix dans la soirée du 2 octobre.

 

C’est un régiment épuisé par ses efforts lors des 26, 27 et 28 septembre qui doit reprendre le combat.

 

La 43e D.I. doit absolument faire tomber le village d’Orfeuil. L’aumônier Henry, toujours aux premières loges, quitte le P.S. de la voie ferré pour se rendre au P.C. du colonel Vivier. Informé de la situation du régiment, il décide de rejoindre les lieux des combats en accompagnant les brancardiers.

 

Témoignage de l’abbé Henry : poste de secours de la voie ferrée - P.C. du bois des Ronces

 

Messe à 7 h 00.

 

Le colonel s'est déplacé. Il est maintenant au bois des Ronces sur le promontoire qui suit le vallon de "Brunnen Grund". Le docteur Rouquier propose d'aller le rejoindre aussitôt après déjeuner. Le plus tôt possible sera le mieux, car nous sommes ici beaucoup trop à l'arrière.

 

Mandé au G.B.D., je me hâte de faire cette course. Le G.B.D. est avec tous les T.C., dans les bois de la Fouine et prolongement de la tranchée de Gratreuil.

 

Mal renseigné, j'ai cherché trop loin. Cela m'a permis de jeter un coup d'œil sur ce coin des cimetières boches, du bois de La Fouine. En quelques jours, quels changements ! On se croirait ici à l'arrière, pas un coin inoccupé. Quelle smala ! Enfin, je trouve M. Fourneret, M. Husson et compagnie et enfin M. Erny et tout le train du G.B.D.. À la tranchée de Gratreuil, le 21e relevé par nous, repose. Vu l'abbé Massot.

 

M. Rouquier parti en excursion ne rentre pas et l’heure s'avance et les événements là-bas se précipitent et nous ne sommes pas à notre place ! Qu'il me tarde de le voir revenir !

 

En attendant, je note en hâte les événements de la matinée :

 

5 h 30. Forte canonnade boche. Aussitôt, réplique générale de notre part. La gauche, dont le retard constant depuis huit jours a été la source de nos principales difficultés et de nos pertes, semble vouloir se mettre à l'alignement. C'est du moins ce que je crois pouvoir conclure des dires d'un blessé du 17e R.I. qui, à 6 h 30 ce matin, est venu échouer au P.S. du 21e.

 

Deux bataillons américains ont été adjoints à la 170e division qui est à notre gauche. Ils sont arrivés cette nuit et doivent attaquer sur la ferme de Médéah. C'est cette attaque qui a dû être déclenchée ce matin.

 

10 h 00. Vu le capitaine bourgeois du 21e qui me donne quelques explications supplémentaires. L'attaque s'est déclenchée sur tout notre front.

 

Le 149 a relevé cette nuit le 21e au bois la Croix. Le 149 a commencé son attaque ce matin en liaison avec la 170e à gauche et les chasseurs à droite.

 

Orientation de l'attaque : du sud-est au nord-ouest. Objectif du 149 : le Pylône.

 

C'est aux chasseurs que revient l'honneur de prendre Orfeuil. Le capitaine Bourgeois n'est pas très rassurant. J'ai peur, d'après ce qu'il dit, que notre commandement parte sur des données fausses.

 

On table sur des rapports d'avions. Mais qu'est-ce que cela vaut ? D'après les rapports d'avions, il n'y aurait à Orfeuil que la valeur de deux compagnies et demie. Et puis derrière, plus rien, ni personne ! Les troupes qui sont là seraient de qualité médiocre…

 

Ah ! Pardon ! Là, je vous arrête ! Les troupes boches qui défendent Orfeuil sont au contraire excellentes. Ces Boches se font tuer sur place plutôt que de reculer. Si tous les renseignements fournis par les avions sont comme celui-là, c'est du fameux !

 

11 h 30. Je laisse M. Rouquier se reposer de sa course matinale, et sans plus attendre, je vais tâcher de rejoindre le P.C. du colonel.

 

La Pince. La Chèvre. L'artillerie est déjà en batterie par ici. En chemin je trouve plusieurs tanks amochés dont quelques-uns ont brûlé.

 

Grande route de Somme Py à Aure.

 

Au bord de la route, les G.B.D. 170 et 43 ont établi leurs postes avancés et leurs autos. Les blessés ne manquent pas. Là, j'apprends que la lutte a été acharnée ce matin. Le 1er bataillon a été fort éprouvé ainsi que le 2e. Bihr, Vincent, Pradel sont blessés. Bihr par éclat d'obus au pied.

 

Des canons boches tiraient à bout portant, débouchant à zéro. Vincent a été blessé traîtreusement par un Boche faisant partie d'un groupe qui s'était rendu. Une balle lui a cassé le bras. Ils étaient une vingtaine de Boches. Inutile de dire que le châtiment ne s'est pas fait attendre. Le groupe a été aussitôt abattu, à l'exception d'un Feldwebel gardé pour le service de renseignements. Décidément, ces Boches veulent pousser à bout nos soldats !

 

Quant à Pradel, sa blessure, paraît-il, est légère. La lutte devant Orfeuil a pris le caractère d'un véritable drame. On s'est battu à la gare du Tacot. La 5a fait de vrais prodiges, mais il a été impossible d'aller plus loin ; les chasseurs n'ont pu arriver au rendez-vous.

 

Je n'ai que des renseignements fragmentaires, incomplets ; je les recueille en cours de route. Le peu que j'en apprends me permet de juger que la lutte a dû être terrible ! Les trois officiers blessés venaient de partir en auto, quand je suis arrivé. Que je regrette de n'avoir pu leur serrer la main.

 

Nos avions, comble de guigne, nous ont bombardés. Dans les fluctuations de la bataille, la ligne est si mal définie, si instable, si mouvante que tout le monde s'y trompe, avions, canons et même états-majors.

 

Un rayon dans ce tableau noir et sombre. À notre gauche, les Américains ont fait du bon travail. Ils ont pris la ferme de Médéah et capturé un grand nombre de Boches. Tuyau d'agents de liaison qui ont vu les groupes de Boches prendre par centaines le chemin de l'arrière. Bien entendu, il y a eu de la casse chez les Américains.

 

"Brunnen Grund". Vallon étroit, resserré. C'est ici, dans les abris boches, que le 2e bataillon a son P.S.. Ici passent tous les blessés. Il continue d'en arriver dont quelques-uns sont mourants. Il ressort des rapports des blessés que nous ne sommes pas à Orfeuil.

 

Malgré leur héroïsme, nos troupes n'ont pu enlever le morceau ; elles restent accrochées aux pentes, mais leur situation est difficile, le terrain étant balayé par les mitrailleuses boches et battu par leur artillerie. Si l'on s'obstine à rester là, tous y passeront sans profit. À la nuit, on fera bien de revenir au bois La Croix.

 

Dans ce vallon, tout près d'ici, un grand hangar. C'était la demeure du ballon dit d’Orfeuil. La lisière du bois, en face du poste, 7 ou 8 chevaux tués. Chevaux boches, dit M. Rouquier, preuve que quelques-uns de nos obus ont porté.

 

Bois des Ronces

 

15 h 00. M. Rouquier se rend au P.C. du colonel qui est à 500 m d'ici, de l'autre côté du vallon, sur l’éperon du bois des Ronces. Je l'accompagne. Là, tout le monde est absorbé par son travail ; les fronts sont soucieux, ce n'est pas le moment de poser des questions.

 

 « Saintot est blessé, peut être tué ! » C'est Michet qui m'annonce ce nouveau coup. Et en route ! Il faut que j'aille voir ce qu'il en est. Justement, une équipe du 1er bataillon repart, dont Chaudron. Elle va nous servir de guide.

 

Saintot blessé ! Mon Dieu ! Pourvu qu’il ne soit que blessé et pas mortellement. Je m'en vais aussi vite que possible à la suite des brancardiers, incapable de plus penser à autre chose, le cœur complètement à la dérive. Oh ! Que le trajet me paraît long ! « Fuchs Grund », puis Fond d'Aure et enfin cet interminable plateau de la tranchée d’Aure ! Il me semble que nous n'arriverons jamais, les balles sifflent sur le plateau dénudé, venant de la gauche.

 

Et puis que se passe-t-il au juste ? Voici toute l'artillerie déchaînée. Un peu partout dans le voisinage, les obus tombent ; M. Rouquier ne suit plus. Tant pis ; coûte que coûte il faut arriver !

 

Enfin le voilà traversé ce plateau de la tranchée d'Aure. Ah ! je comprends que le 21e ait eu de la peine à enlever un tel morceau !

 

Encore un vallon ! Puis un nouvel éperon qui sur la carte porte pour mention unique V12. C'est ici, à l'entrée d'un trou au fond duquel j'aperçois une descente d'abris où le commandant Fontaine a son P.C. J'aperçois Bonnefous.

 

V12 et bois la Croix

 

« Et Saintot ? » Un geste désolé de Bonnefous m'enlève toute espérance. « Il est certainement tué, d'après ce qu'on dit. Impossible d'y aller avant la nuit. Je sais à peu près où il est et sitôt que ce sera possible j'enverrai une équipe le chercher ».

 

Pauvre Saintot ! Pauvre ami ! Il fallait celui-là encore. Mon Dieu, je ne suis pas meilleur que mes frères ; pourquoi suis-je ici puisque tous disparaissent ? "Fiat Voluntas tua" (Que ta volonté soit faite).

 

16 h 00. Attaque générale. De notre P.C., on voit parfaitement le bois La Croix qui part du pied de la vallée un jusqu’à la hauteur d’Orfeuil, découpant sur tout ce versant un rectangle parfait avec à droite et à gauche, le terrain dénudé. Nos hommes sont dans le bois La Croix.

 

C’est de là qu’ils doivent partir en direction du Pylône sur la gauche. Toutes les tentatives qu’ils font sont immédiatement remarquées par l’ennemi et accueillies par un feu d’enfer. Ils vont quand même, les braves petits ! Avancer sous les balles, du moment qu’ils en ont reçu l’ordre, ils le feront.

 

Maintenir leur avance, déloger l’ennemi, ils ne le peuvent qu’à condition que leur mouvement soit suivi, appuyé à droite et à gauche. Anxieusement, nos yeux scrutent la crête à droite ; nous ne voyons pas déboucher les chasseurs. À gauche, c’est le 170 qui opère. Hélas ! Non seulement il n’avance pas, mais il semble reculer.

 

Ce qui rend la situation délicate c'est que le 170 avait un gros effort à faire pour se porter à la hauteur du 149. Le voilà maintenant qui recule non pas à la hauteur de notre première ligne, pas même à la hauteur du P.C. du commandant où nous sommes, mais sur la crête qui est en arrière de nous, sur la tranchée d'Aure ! Cela devient inquiétant.

 

Ordre de surveiller attentivement ce qui se passe derrière nous ; ordre de s'équiper et de se tenir prêt à se déplacer s'il est nécessaire ! Minute tragique ! L'ennemi est en face, l'ennemi est sur notre flanc, l'ennemi, d'un instant à l'autre, peut-être derrière nous ! Heureusement, la panique semble s'arrêter !

 

Le 170 se ressaisit. On voit tous les soldats qui retraitaient en désordre à travers bois, repartir de l'avant. En de telles circonstances, on juge les hommes.

 

J'admire sans réserve les officiers de notre 3e bataillon. Pas une minute d'affolement. Le capitaine Prenez se multiplie ; il a l'œil, il regarde et surveille partout à l'avant, à l'arrière, partout où il y a du danger ; il voit tout, pas un mouvement intéressant ne lui échappe.

 

Le commandant Fontaine reste calme, il ne s'émeut pas, il garde même le sourire ; un coup de téléphone, il écoute à l'appareil ; à mon regard anxieux et malgré moi interrogateur, il répond par une exclamation comique : « Devinez ce qu'on me demande d'urgence en ce moment ? Le matricule exact d'un type !… Message de priorité… c'est à mourir de rire ! » Ça, en effet, ça dépasse tout !

 

À notre gauche, placée je ne sais où, il y a une mitrailleuse boche qui nous observe et qui nous empoisonne littéralement. Dès que quelques têtes se lèvent - et les têtes ne peuvent pas être cinq minutes sans se lever –, dès qu'un type se met à circuler – et il faut bien qu'on circule – la satanée mitrailleuse se met à balayer le plateau. Comment diable peuvent-ils nous voir à travers les arbres ?

 

Le capitaine Prenez qui n'est pas pour rien un ancien mitrailleur a fait couvrir notre flanc par les mitrailleuses du lieutenant Signé. Il estime qu'il n'y a qu'un moyen de faire taire les mitrailleuses boches, c'est de mettre en face d'elles un nombre égal et, si possible, supérieur de mitrailleuses françaises. « Il faut, dit-il, marcher derrière un rideau de feu ! Le feu ! Le feu ! Il n'y a que ça ! »

 

16 h 45. Nos canons se taisent. Que se passe-t-il en face de nous ? À la lisière du bois La Croix, on voit des types qui descendent… d'autres remontent. Le commandant Fontaine se trouve fort embarrassé pour téléphoner les résultats de l'attaque. Il semble bien qu'elle n'ait pas donnée grand-chose. Et d'ailleurs, que peut faire le 149, déjà en pointe trop avancée ? Ce n'est pas de lui que dépend le succès de la manœuvre, mais de ses voisins qui restent en arrière.

 

Les chasseurs ne semblent pas être arrivés à Orfeuil, puisque d’Orfeuil, on tire toujours sur nous. Quant au 170, à notre gauche, il a commencé par faire mouvement en arrière ; puis il est revenu à son point de départ et s'est arrêté ! « Le 170 ne décolle pas ! C'est malheureux ! », c'est le capitaine Prenez qui s'exprime ainsi ! Au-delà du bois La Croix on voit monter au ciel un gros nuage de fumée. Qu'est-ce qui brûle ainsi ? Un tank ? Une maison d'Orfeuil ? D'ici on ne peut se rendre compte.

 

17 h 00. Tout se calme. Les mitrailleuses seules de temps en temps égrènent leurs balles. La nuit vient. On commence à faire le bilan de cette journée. Elle est franchement mauvaise. Les objectifs n'ont pas été atteints. Orfeuil est toujours aux mains des Boches. Et pourtant on s'est battu, et bien battu !

 

Nos pertes sont nombreuses, douloureuses ; le 1er et le 2e bataillon sont hors de combat. Il n'y a plus que le 3e qui puisse encore faire figure, et quelle triste figure ! Allons ! Pauvre régiment martyr ! Encore une fois, tu boiras le calice jusqu'à la lie ! Jusqu'au bout, jusqu'au dernier, tu marcheras !

 

La nuit vient. Une grande tristesse descend avec les ténèbres sur les âmes et sur les choses ! J'ai eu ce soir l'impression de revivre les plus mauvaises journées de 1915, journées maudites, ou le « matériel humain » était compté pour rien ! Où l'on gaspillait à tort et à travers des existences précieuses !

 

Retour au P.C. du colonel, par vallons et coteaux boisés, en pleines ténèbres ! En compagnie d'un blessé du 170 que je mène à son P.C. au « Brunnen Grund ».

 

De là, je reviens au bois des Ronces ; non sans m'être quelque peu égaré à travers bois.

 

Au P.C., la fatigue accable les corps, la tristesse clôt les lèvres. Le lourd silence des mauvais soirs de mauvaise bataille pèse sur toutes choses comme une chape de plomb.

 

Au P.S., établi à 50 m de là, j'ai trouvé un coin pour m'étendre sur une toile de tente.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Les morceaux de carte sont extraits du J.M.O. du 3e B.C.P. : Réf 26 N 816/5.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot et au S.H.D. de Vincennes.

13 août 2021

Alfred Louis Hommage (1895-1918)

Alfred Louis Hommage

 

Originaire du département du Vaucluse, Alfred Louis Hommage voit le jour le 27 février 1895 dans la maison parentale, au Pontet, à Avignon.

 

Son père, Henri François Marius, travaille comme employé de commerce. Il a 29 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Anaïs Joséphine Allot, est âgée de 24 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle se consacre entièrement à l’éducation d’un premier garçon, à l’entretien du domicile familial et aux tâches quotidiennes.

 

Le contremaître Paul gaillard et l’employé Siméon Valette accompagnent le père à la mairie d’Avignon pour signer l’acte de naissance d’Alfred en tant que témoins. Les trois hommes sont reçus par l’adjoint délégué du maire Joseph Jacob.

 

Henri François Marius et Anaïs Joséphine auront encore deux enfants.

 

Le degré d’instruction d’Alfred Hommage ne figure pas sur son registre matricule. Cette fiche nous indique simplement qu’il exerçait le métier de mécanicien juste avant d’accomplir ses obligations militaires.

 

En 1914, le jeune Hommage se présente devant le conseil de révision d’Avignon-nord qui le déclare « bon pour le service armé ». La guerre est proche. Le gouvernement français décrète la mobilisation générale le 1er août 1914. La classe d’Alfred est appelée par anticipation.

 

Il est incorporé au 16e R.I. le 17 décembre 1914. Le lendemain, il se présente à la caserne d’Estaing implantée à Clermont-Ferrand.

 

Très rapidement, le soldat Hommage montre des signes de faiblesse qui ne sont pas dus à sa taille de 1,53 m. Il est atteint de bacillose pulmonaire et la commission spéciale de Montbrison, lors de sa séance du 11 mars 1915, lui accorde le statut de réformé n° 2. Alfred peut rentrer chez lui. Il se retire à l’Oseraie sur le canton de Bedarrides.

 

C’est à la suite de la loi du 17 août 1915 qu’il repasse devant la commission de réforme d’Avignon le 10 septembre 1915. Alfred Hommage est considéré comme étant de nouveau apte aux obligations militaires. Le 27 septembre 1915, il doit rejoindre le dépôt du 40e R.I. à Nîmes.

 

Le 18 mars 1916, le soldat Hommage est incorporé au 149e R.I.. Ce régiment vient de subir des pertes importantes dans le secteur de Verdun.

 

La fiche matricule de cet homme ne mentionne pas la date de son arrivée au sein du régiment actif. Seule une citation confirme sa présence en première ligne le 7 novembre 1916. Alfred est agent de liaison.

 

Un album photographique ayant appartenu à un officier non identifié de la 5e compagnie du 149e R.I. montre le soldat Hommage à deux reprises. Son nom, mentionné en légende, est accompagné du sobriquet « Petitou » au regard de sa petite taille.

 

Album du 149e R

 

Cet album laisse supposer une participation à la bataille de la Malmaison du  23 octobre 1917.

 

Alfred Louis Hommage et les camarades

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Bataille de la Malmaison

 

Le 149e R.I. s’oppose ensuite à deux offensives allemandes, une première fois à la fin mai 1918, une seconde fois le 15 juillet 1918. Si sa participation à ces évènements n’est pas prouvée, elle reste tout à fait probable.

 

Début octobre 1918, Alfred Hommage assiste à la bataille de Champagne et d’Argonne. Il trouve la mort sur le champ de bataille le 3 octobre 1918, vraisemblablement comme agent de liaison. Il était âgé de 23 ans. La famille habitant au Pontet (Croisière) a été avisée le 18 décembre 1918.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 3 octobre 1918

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre de la division n° 176 en date du 21 novembre 1916 :

 

« Excellent agent de liaison, le 7 novembre 1916, pendant l’attaque, pendant l’organisation de la position conquise, a transmis les ordres sous les plus violents feux de barrage et de mitrailleuses et n’a pas hésité à retourner à plusieurs reprises vers un point où trois de ses camarades s’étaient fait tuer, l’un après l’autre. »

 

Alfred Louis Hommage a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 7 juin 1921) :

 

«Très brave soldat, a toujours fait l’admiration de tous par son courage et son sang-froid. Est tombé au champ d’honneur, le 3 octobre 1918, en se portant à l’attaque d’Orfeuil. »

 

Cette citation lui donne également droit à la Croix de guerre avec étoile de vermeil.

 

 

Le soldat Hommage repose actuellement dans la nécropole nationale d’Orfeuil installée dans la commune de Semide. Sa tombe porte le n° 443.

 

 

Alfred ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

La généalogie de la famille Hommage peut se consulter sur le site « Généanet ». Il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour y avoir accès.

 

log geneanet

 

Le 31 janvier 1922, le tribunal d’Avignon officialise le décès d’Alfred Hommage. L’acte de jugement fut transcrit à la mairie d’Avignon le 7 février 1922. Cette reconnaissance tardive laisse supposer que la découverte de son corps a eu lieu bien après les hostilités.

 

Les « morts pour la France » d’Avignon n’ont pas été inscrits sur le monument aux morts. Ils sont gravés sur deux plaques commémoratives installées dans le péristyle de la mairie d’Avignon.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services d’Alfred Hommage a été consultée sur le site des  archives départementales du Vaucluse.

 

Les sites « Gallica » et « mémoire des hommes » ont été visités pour construire cette petite notice biographique.

 

La photographie sa sépulture a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Album photographique ayant appartenu à un officier du 149e R.I. (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, M. Bricard, à A. Carrobi, à J.F. Pierron, aux archives départementales du Vaucluse et à la mairie d’Avignon.

6 août 2021

Paul Alexandre Charles Saintot (1896-1918)

Paul Alexandre Charles Saintot

 

Paul Alexandre Charles Saintot voit le jour le 2 juin 1896 au domicile de ses parents, situé 12 rue de Châteauvillain, à Chaumont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Arthur Auguste, est alors âgé de 32 ans. Il travaille comme sous-chef d’équipe aux chemins de fer de l’Est. Sa mère, Marie Virginie Eugénie Déséveaux, a 33 ans lorsqu’elle lui donne vie. Paul est son sixième enfant.

 

Le couple Saintot s’est marié en 1889. Arthur Auguste, veuf de Julie Rosalie Gehin, était déjà père d’un garçon. Marie Virginie Eugénie travaillait comme cuisinière pour élever une fille, née hors mariage, qui sera reconnue par son époux en 1891.

 

Genealogie famille Saintot

 

Bon élève, Paul obtient son certificat d’études primaires sans difficulté. Il a la possibilité de poursuivre sa scolarité jusqu’à l’obtention du brevet de l’enseignement primaire. Peu d’élèves arrivent à ce niveau.

 

Une fois ses études terminées, le jeune Saintot signe un contrat avec la compagnie des chemins de fer de l’Est. Tout comme son père, il est employé à la gare de Chaumont.

 

Paul Saintot est âgé de 18 ans lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. La guerre ne le concerne pas directement.

 

Son frère aîné est soldat à la 7e compagnie du 149e R.I.. Blessé dans le secteur de Souain le 14 septembre 1914, il est évacué vers l’arrière. Sa blessure est grave. Les médecins sont dans l’incapacité de le sauver. Henri Saintot décède à l’hôpital de Châlons-sur-Marne trois jours plus tard.

 

Le conflit, qui devait être court selon certains, s’est enlisé dans une guerre de tranchées de longue durée. Les mois passent. La classe 1916 finit par être convoquée par anticipation devant le conseil de révision. Paul Saintot est reconnu « bon pour le service armé ».

 

Sa feuille de route lui ordonne d’être à Épinal pour le 12 avril 1915. Il intègre la 27e compagnie du 170e R.I. à la caserne Contades.

 

Le jeune homme est remarqué pour ses compétences militaires, et son degré d’instruction de niveau 4 lui permet d’accéder aux grades supérieurs très rapidement. Paul Saintot est nommé caporal le 10 décembre 1915, puis sergent le 20 décembre, et ensuite aspirant le 1er janvier 1916. Sa formation au dépôt du 170e R.I. est presque terminée.

 

Le 26 février 1916, l’aspirant Saintot est affecté à la 33e compagnie du 9e bataillon du 149e R.I.. Il n’est pas encore l’heure de rejoindre le régiment actif.

 

Le 27 septembre 1916, Paul Saintot intègre la 12e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire de la 43e D.I..

 

Il arrive à la 5e compagnie du régiment actif le 10 novembre. Le 149e R.I. est engagé dans la Somme depuis la fin du mois d’août 1916.

 

Le 22 décembre, Paul Saintot est envoyé à la C.H.R. de son régiment. Le 10 mai 1917, il est muté à la 3e compagnie du 149e R.I.. Le 5 juillet, il passe à la subsistance de la C.H.R..

 

Au regard des informations fournies par sa fiche matricule et par son dossier individuel qui se trouve au S.H.D. de Vincennes, on ne peut pas affirmer sa présence à la bataille de la Malmaison en octobre 1917.

 

L’aspirant Saintot poursuit sa formation théorique en assistant au cours des pionniers entre le 23 décembre 1917 et le 13 janvier 1918.

 

Le 9 avril 1918, Paul Saintot est nommé sous-lieutenant à titre temporaire à compter du 31 mars 1918. Suite à cette nomination, il prend le commandement d’une des sections de la 2e compagnie du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Robinet.

 

Paul Saintot obtient sa 1ère citation à l’ordre de l’armée pour son attitude au feu au cours de l’offensive allemande du 15 juillet. Il a le droit d’ajouter une palme à sa croix de guerre obtenue en décembre 1917.

 

Fin septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans la bataille Champagne et d’Argonne. Le sous-lieutenant Saintot, qui est en permission, ne participe pas à ces combats.

 

Le 3 octobre, il est de retour au régiment. Il reprend le commandement de sa section juste à temps pour participer à une attaque dans le secteur d’Orfeuil.

 

Le jeune officier est tué par un obus, dans une tranchée de 1ère ligne au sud-ouest de ce village ; il est touché par plusieurs éclats à la tête et à la poitrine. Il était âgé de 22 ans. Ses parents viennent de perdre leur deuxième fils. Il n’y aura pas de descendance agnatique.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 2 journee du 3 octobre 1918

 

L’aumônier Henry évoque les derniers instants de ce jeune officier dans un de ses carnets.

 

« Le corps de Saintot est là. Les brancardiers ont pu le retrouver et le rapporter. Cela n’a pas été sans peine. Saintot était avec trois ou quatre autres dans un bout de tranchée hâtivement creusée. À côté de lui, dans un autre élément de tranchée qu'on n'avait pas encore eu de temps de faire communiquer se tenait le capitaine Robinet. Un obus malheureux tomba juste sur le groupe Saintot, les blessant ou tuant tous, et les enterrant en même temps. Il fallut littéralement les déterrer pour les avoir. Saintot était sous les camarades, tellement recouvert de terre que son casque seul dépassait. Quant à Robinet, il ne dut la vie qu'au barrage de 50 cm qui le séparait de Saintot, barrage que, heureusement, on n'avait pas eu le temps d'abattre. Pendant qu'une dernière fois, je contemple le corps de ce jeune ami, qui depuis quelques mois m'était devenu très cher, mêlant mes larmes et mes prières, un blessé à côté m’appelle que je ne reconnais pas d'abord ; c'est Rémy de Chaumont. »

 

Le corps du sous-lieutenant est ramené vers l’arrière pour être inhumé dans le cimetière militaire de Somme-Suippe.

 

Le caporal fourrier Alcide Marre et le soldat Gaston Magne confirment la mort du sous-lieutenant Saintot auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I. Le lieutenant Auguste Fourneret peut valider le décès administrativement.

 

Après les combats, le lieutenant-colonel Vivier rédige cette petite note dans le feuillet de campagne du sous-lieutenant Saintot : « Chef de section de premier ordre, possédant les plus belles qualités militaires. Promu sous-lieutenant à titre temporaire le 31 mars 1918, tué le 3 octobre 1918. »

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle pour cet officier. Son corps a été rendu à la famille dans les années 1920.

 

Décoration obtenue :

 

Croix de guerre avec deux palmes et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 décembre 1917 :

 

« Excellent sous-officier, a fait preuve, une fois de plus, de courage et de sang froid dans la reconnaissance et la constitution d’un dépôt de matériel poussé avec le bataillon d’attaque »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1357 en date du 25 avril 1918 :

 

« Officier d’élite modèle de bravoure et d’abnégation, s’est acquitté brillamment de plusieurs missions périlleuses pour lesquelles il était volontaire. S’est signalé, une fois de plus, au cours des combats des 15 et 16 juillet 1918, à la bataille de Champagne, méprisant le danger et se dépensant sans compter pour encourager ses jeunes soldats ».

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 1551 en date du 24 décembre 1918 :

 

« Officier d’élite qui n’a cessé de faire preuve du plus beau courage et de s’exposer sans souci du danger. Le 3 octobre 1918, a entraîné brillamment sa section à l’attaque des positions allemandes progressant malgré le feu intense de l’ennemi. Tombé glorieusement au cours de l’action. A été cité. »

 

Monument aux morts et plaque commemorative basilique de Chaumont

 

Paul Saintot a son nom gravé sur le monument aux morts de la ville de Chaumont, juste au dessus de celui de son frère. Il est également inscrit sur le tableau commémoratif 1914-1918 de la basilique Saint Jean-Baptiste et sur la plaque de la mairie de Chaumont.

 

Paul Saintot  est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du sous-lieutenant Saintot et les registres d’état civil de la ville de Chaumont ont été visionnés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Les photographies du monument aux morts de Chaumont et de la plaque commémorative de la basilique Saint Jean-Baptiste ont été réalisées par J.N. Deprez.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Marne.

30 juillet 2021

3 octobre 1918

Les telephonistes

 

Les unités de la 43e D.I. ont relevé les régiments et les bataillons de chasseurs de la 13e D.I. dans la soirée du 2 octobre. Elles doivent reprendre à leur compte les combats dans le secteur d’Orfeuil dans la matinée du 3. Ce sont des troupes harassées par les premières attaques de la bataille de Champagne et d’Argonne qui s’apprêtent à reprendre l’offensive.

 

Hormis le retour de quelques permissionnaires, aucun renfort n’a été prévu pour compenser les pertes subies au 149e R.I. entre le 26 et le 29 septembre 1918.

 

Le commandant Froment a repris le commandement du 2e bataillon du 149e R.I.. Le capitaine Chauffenne, qui dirigeait le bataillon durant son absence, retrouve sa place de second.

 

Le capitaine Pougny est à la tête du 1er bataillon du régiment en remplacement du commandant Hassler.

 

Carte 1 journee 3 octobre 1918

 

Dans la nuit du 2 au 3 octobre, le 149e R.I. occupe la position du  21e R.I. dans le sous-secteur de droite du 21e C.A.. Les chasseurs de la 43e division remplacent les chasseurs de la 13e D.I. au centre et le 158e R.I. se substitue au 109e R.I. dans le sous-secteur de gauche.

 

Le plan d’attaque de la journée du 3 octobre est construit sur le même modèle que celui qui a été élaboré pour la période de septembre. Les vagues de bataillons devront se succéder au fur et à mesure de l’avancée.

 

Les carnets de l’aumônier Henry nous indiquent que c’est le 2e bataillon du 149e R.I. qui est le premier des bataillons à être engagé. Il est soutenu par les restes du 1er bataillon. Le 3e bataillon du régiment est positionné plus en arrière.

 

Orfeuil depuis le bois la Croix

 

La première attaque de la 43e D.I. est prévue pour 5 h 50. Elle se déclenche à l’heure prévue dans les sous-secteurs du 158e R.I. et du 149e R.I. Les chasseurs qui se trouvent au centre prennent un peu de retard en raison de l’arrivée tardive des chars d’assaut du 16e B.C.L..

 

Deux sections de l’A.S. 346 et une section de l’A.S. 348 combattent avec le 158e R.I.. Trois sections de l’A.S. 347 soutiennent les chasseurs. Il n’y a pas de sections de chars disponibles pour le 149e R.I.. À ce stade des combats, l'A.S. 345 est pratiquement consommée.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. franchit le parapet. À sa gauche, le 1er bataillon du 170e R.I.. À sa droite, les chasseurs de la 43e D.I..

 

Le 158e R.I. tombe presque aussitôt sous le feu des mitrailleuses ennemies placées dans le bois du Pou, à L8 et à L9. Sa progression est difficile.

 

Dans un premier temps, l’attaque est une réussite. À 7 h 15, les chasseurs sont devant Orfeuil. Le 149e R.I. occupe la route et la voie de Decauville à l’ouest du village.

 

Malheureusement, les hommes du lieutenant-colonel Vivier ne furent pas soutenus par le 1er bataillon du 170e R.I.. Ce bataillon est resté bloqué plus en arrière. Un violent tir de flanc provenant des mitrailleuses allemandes cause des pertes sérieuses au bataillon de tête.

 

Les mitrailleuses adverses du bois du Pou stoppent la progression du 158e R.I..

 

Vers 10 h 00, le 149e R.I. est violemment contre-attaqué par le nord et par l’ouest. Il n’a pas d’autre choix que de se replier jusqu’au bois la Croix.

 

Le 31e B.C.P. est à son tour contre-attaqué vers 11 h 00. Il doit également faire demi-tour.

 

À midi, la ligne de front est ramenée à quelques centaines de mètres au sud de la crête d’Orfeuil.

 

Le village d’Orfeuil est situé sur une crête protégée par le talus d’un chemin de fer. Les chars ne sont pas parvenus à la franchir. Les Allemands y ont tellement accumulé d’obstacles que le village est devenu une véritable forteresse. Une grande quantité de chars est détruite. Bon nombre d’entre eux tombent en panne.

 

L’État-major de la 43e D.I. est obligé de préparer une nouvelle attaque en début d’après-midi.

 

Les troupes de la 43e D.I. attaquent pour la seconde fois de la journée, à 16 h 00, après une préparation d’artillerie d’1/4 heure. Les unités avancées parviennent à la ligne de crête sans réussir à assurer la position.

 

Carte 2 journee du 3 octobre 1918

 

Les pertes au 149e R.I. ont été importantes. Elles sont principalement dues aux tirs flanqués des mitrailleuses allemandes. Le fichier des « morts pour la France » du site « mémoire des hommes » a enregistré 69 tués pour cette journée.

 

Les deux attaques menées par le 149e R.I. entraînèrent un flux important de blessés. Le G.B.D. 43  évacue 130 hommes du régiment vers l’arrière.

 

                                               Tableau des tués pour la journée du 3 octobre 1918

 

Sources :

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I. réf : 26 N 344/8.

 

J.M.O. de la 13e D.I. réf : 26 N 292/17.

 

J.M.O. du 1er B.C.P. : réf : 26 N 815/6.

 

Carnets inédits de l’aumônier Henry

 

Le dessin est une création d’I. Holgado.

 

La photographie a été réalisée par J.L. Arnoul.

 

Les informations concernant le 16e B.C.L. ont été fournies par .M. Souquet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J.L. Arnould, à A Carrobi, à I. Holgado, à M. Porcher, à M. Souquet, à J.L. Poisot et au S.H.D. de Vincennes.

23 juillet 2021

Extraits des carnets de l’aumônier Henry (période allant du 25 septembre au 28 octobre 1918)

Les ecrits de l'abbé Henry durant la bataille de Champagne et d'Argonne

 

Afin d’en faciliter la lecture, cet article centralise les publications des extraits des carnets de l’aumônier Henry concernant la période allant du 25 septembre au 16 octobre 1918.

 

L’abbé Henry fut l’aumônier titulaire du G.B.D. de la 43e D.I. avant de devenir l’aumônier du 149e R.I. en février 1918.

 

Bien que pouvant se tenir à distance en raison de ses fonctions, l'abbé Henry parcourut le front et la zone des combats afin d'officier durant la bataille de Champagne et d’Argonne. Il fut donc témoin des attaques menés par le 149e R.I.. Il en revint avec un témoignage exceptionnel et une élogieuse citation.

 

Cité à l’ordre n° 232 du 21e C.A. en date du 4 novembre 1918 :

 

« Aumônier d’un dévouement et d’un zèle au-dessus de tout éloge. Exerce les devoirs de son ministère dans les circonstances les plus critiques du combat avec un courage particulier, un calme et un sang-froid admirables. Pendant les rudes combats du 26 septembre au 5 octobre 1918, a forcé l’admiration de tous, chefs et soldats, en se portant jusqu’aux premières lignes, malgré les bombardements les plus violents, pour prodiguer ses soins et réconforter les blessés et les mourants. »

 

                                                              Journée du 25 septembre 1918

 

25 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                                     

                                                               Journée du 26 septembre 1918

 

26 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                                       

                                                             Journée du 27 septembre 1918

 

27 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                                   

                                                           Journée du 28 septembre 1918

 

28 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                         

                                                         Journée du 29 septembre 1918

 

29 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                       

                                                          Journée du 30 septembre 1918

 

30 septembre 1918 l'abbe Henri temoigne

                                         

                                                           Journée du 1er octobre 1918

 

1er octobre 1918

                                                     

                                                             Journée du 2 octobre 1918

 

2 octobre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                       

                                                             Journée du 3 octobre 1918

 

3 octobre 1918 l'abbe Henry temoigne

                                                     

                                                              Journée du 4 octobre 1918

 

4 octobre 1918 l'abbé Henry temoigne

                                     

                                                             Journée du 5 octobre 1918

 

5 octobre 1918, l'abbé Henry temoigne

 

Journées du 6 au 16 octobre 1918 

 

Du 6 au 16 octobre 1918, l'abbe Henry temoigne

 

Journées du 17 au 24 octobre 1918

 

Du 17 au 24 octobre 1918, l'abbe Henry temoigne

                                                           

                                                                Journée du 25 octobre 1918

 

25 octobre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

Journées des 26, 27 et 28 octobre 1918

 

Journees des 26, 27 et 28 octobre 1918, abbe Henry temoigne

 

Un grand merci à M. Bordes, A. Carobbi et à J.L. Poisot.

16 juillet 2021

Albert Auguste Beaudron (1893-1917)

Albert Auguste Beaudron

 

Albert Auguste Beaudron naît le 27 octobre 1893 à Plessis-Trévise, un hameau rattaché à la commune de Chennevières-sur-Marne dans l’ancien département de la Seine-et-Oise. Ses parents se sont mariés à Villiers-sur-Marne, l’année précédente. Ils travaillaient comme domestiques lorsqu’ils se sont rencontrés.

 

Le père, Auguste Louis, originaire de la Sarthe, est âgé de 30 ans à la naissance de son fils. Il est devenu journalier. La mère, Marie Rigaudie, native de la Dordogne, a 22 ans.

 

Auguste Louis et Marie semblent avoir gagné leur vie dans des lieux différents avant de venir s’installer définitivement à Villiers-sur-Marne. Il a été impossible de retrouver leurs traces, ni d’identifier une éventuelle fratrie pour Albert ; ils n’apparaissent pas dans les registres de recensement des communes de Chennevières-sur-Marne, de Villiers-sur-Marne et des communes avoisinantes entre 1892 et 1921.

 

 

Albert quitte l’école communale en sachant lire écrire et compter. L’adolescent devient employé de commerce.

 

L’année de ses vingt ans, il doit se présenter devant le conseil de révision qui s’est réuni à Boissy-Saint-Léger. En parfaite santé, il est déclaré apte aux obligations militaires. Albert se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1913.

 

En ouvrant sa feuille de route apportée par le facteur, il apprend qu’il doit être à Épinal pour le 27 novembre. Albert Beaudron se présente devant la grille de la caserne du 149e R.I. le lendemain.

 

Repéré pour ses aptitudes militaires, son capitaine de compagnie l’autorise à suivre la formation des élèves caporaux.  Albert est nommé dans ce grade le 21 juin 1914.

 

Le caporal Beaudron porte toujours l’uniforme lorsque les hostilités contre l’Allemagne débutent en août 1914.  

 

À première vue, la carrière de combattant d’Alfred Beaudron semble difficile à reconstruire. Les informations fournies dans la rubrique « détails des services et mutations diverses » de sa fiche matricule ne sont pas détaillées. Il est simplement indiqué qu’il a été nommé sergent à la date du 1er octobre 1914.

 

Heureusement, ses citations vont nous permettre d’en apprendre un peu plus sur le parcours de cet homme durant le conflit 1914-1918. En premier lieu, sa dernière citation valide sa présence au front à partir du baptême du feu du 149e R.I. qui a lieu le 9 août 1914.

 

Les recherches entreprises dans les différentes listes des blessés du 149e R.I. nous indiquent que le sergent Beaudron n’a pas été soigné à proximité du front ni évacué vers l’arrière entre le 9 août 1914 et le mois de mars 1916.

 

Ses deux premières citations confirment sa présence à Verdun en avril 1916 et dans la Somme en septembre 1916.

 

Le sergent Beaudron a été photographié le 10 avril 1917 en présence des sous-officiers de la 10e compagnie. Ce cliché figure à la page 179 de l’ouvrage de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté». Son nom et son grade sont indiqués dans la légende qui se trouve à droite de l’image.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

À la fin du mois de mai 1917, le 149e R.I. est envoyé dans un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison, à proximité du chemin des Dames.

 

Le sergent Beaudron est tué au cours d’un bombardement, dans une tranchée de 1ère ligne, près de la ferme du Toty, le 7 juin 1917. Il avait 23 ans. Plusieurs éclats d’obus lui ont perforé les reins.

 

Ravin ouest Toty

 

Les brancardiers de la 43e D.I. sont chargés de l’inhumer. Le sergent Marcel Morand et le soldat Jean Baptiste Cunin confirment la mort du sergent Beaudron auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I. qui valide son décès de façon administrative.

 

Même s’il reste encore des zones d’ombre dans le parcours de combattant du sergent Beaudron, nous pouvons quasiment dire qu’il a toujours été présent au sein du 149e R.I. entre le premier engagement du 149e R.I. en août 1914 et la date de sa mort survenue en juin 1917.

 

Deux interrogations subsistent. A-t-il toujours été à la 10e compagnie ? A-t-il effectué des séjours à l’arrière pour suivre d’éventuelles formations (ce qui lui aurait permis d’éviter plusieurs combats) ? Il est impossible de donner des réponses satisfaisantes à ces questions au regard des informations trouvées.

 

Ses parents font rapatrier son corps après la guerre. Le registre de recensement de Villiers-sur-Marne de l’année 1921 nous apprend que le père travaille toujours comme journalier et que la mère exerce le métier de femme de ménage. Ils sont respectivement âgés de 59 et 51 ans. Albert fut enterré dans le carré militaire du cimetière communal de cette ville. Il y repose toujours actuellement.

 

 

Le sergent Beaudron a obtenu les citations suivantes au cours du conflit :

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 39 en date du 29 mars 1916.

« Très bon sous-officier, courageux et brave. Les 14 et 15 mars 1916, a très bien organisé la tranchée de doublement de front occupée par la compagnie, sous un bombardement violent et n’a cessé durant toute l’action de donner le plus bel exemple d’entrain et de courage  »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n°286 en date du 12 septembre 1916.

 

« Sous-officier d’une énergie et d’un entrain remarquable, les 4 et 5 septembre 1916, faisant fonction de chef de section, a conduit sa troupe avec beaucoup de sang froid et de bravoure. Le 5 septembre, a conduit avec une vigueur rare, une reconnaissance destinée à nous assurer la position d’une maison détruite, située entre les lignes. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 156 du 25 juin 1917.

 

« Au front depuis le début de la campagne, a été tué glorieusement à son poste de combat alors que, par son sang froid, il se maintenait dans une tranchée de 1ère ligne, soumise à un violent bombardement. »

 

Albert a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 décembre 1919).

 

« Vaillant gradé, au front depuis le début de la campagne. A été tué glorieusement le 7 juin 1917, à son poste de combat, alors que, par son sang-froid, il maintenait ses hommes dans la tranchée de 1ère ligne, soumise à un violent bombardement. A été cité »

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de Villiers-sur-Marne.

 

Decorations Albert Beaudron

 

Albert Beaudron ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche matricule du sergent Beaudron, les registres d’état civil et les registres de recensements ont été consultés sur le site des archives du Val-de-Marne.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Le cliché de la sépulture du sergent Beaudron a été réalisée par J.M. Lasaygues. Vous pouvez consulter le blog sur lequel il intervient en cliquant une fois sur l’image suivante.

 

Amicale des anciens de la Légion Etrangère de Paris

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à O. Gaget, J.M Lasaygues, aux archives de la ville de Paris, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges. 

9 juillet 2021

2 octobre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

2 octobre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

L’aumônier Henry est toujours en fonction au poste de secours de la voie ferrée.

 

Le climat est rude. Tout en subissant les bombardements, les hommes souffrent des conditions météorologiques. Les premiers morts sont retirés du champ de bataille.

 

Le 21e R.I. s’apprête à lancer une nouvelle attaque en direction du village d’Orfeuil. Derrière, le 149e R.I. se tient prêt à intervenir en cas de contre-attaque allemande.

 

Le lieutenant-colonel Vivier reçoit ses ordres. Son régiment doit relever le 21e R.I. au début de la nuit.

 

Témoignage de l’abbé Henry : poste de secours de la voie ferrée.

 

Messe à 7 heures.

 

Gelée blanche ; le froid est piquant. Pauvres petits gars qui n'ont pour s'en garer que leur toile de tente. Nous avons commencé hier à ramasser les morts.

 

Un caporal et des hommes du G.B.D. sont en liaison avec nous. Les morts sont enterrés à Soury-Lavergne, où le G.B.D. établit un cimetière.

 

Devant notre P.S., il y avait deux Français (de la 2e), trois Boches, dont un sous-lieutenant bavarois du 1er ; ils ont été emportés. Le caporal Régnier a été rapporté également. On fouille le bois de la Chèvre, la tranchée de Nassau ; funèbre besogne, mais œuvre de miséricorde.

 

Tranchee de Nassau et bois de la chevre

 

À la tranchée de Gratreuil, un obus est tombé à l'entrée d'un abri ; c'était un obus à gaz. Dix hommes de la 1ère, ypérités, ont dû être évacués.

 

Ce matin vu Bonnefous, Robinet, Saintot qui arrivent de permission juste pour prendre sa part au concert. Saintot n'est pas bien vaillant ; il a dû garder le lit pendant sa permission et n'est pas solide ; et puis, la mort de Lepaux l'impressionne, comme nous tous.

 

Le 21e R.I. dont c'est le quatrième jour de ligne va encore tenter le coup avant de céder la place. De la plate-forme de la tranchée d'Aure, il va s'élancer à l'attaque d'Orfeuil et tenter de prendre sa revanche. Le 149e se tiendra prêt à l'appuyer en cas de contre-attaque. Heure H = 11 heures 50 avec préparation d'artillerie de 30 minutes !

 

12 heures 30. Les Boches ripostent avec des obus qui cherchent les batteries dans le voisinage de la Pince, de la Voie ferrée. Heureusement, ça tombe à côté.

 

Pourtant, voici quatre blessés, ce sont justement quatre Boches improvisés brancardiers. Ils ne trouvent pas cela de leur goût, non plus que ceux que je vois en ce moment, employés à porter des rouleaux de fils téléphoniques. On n'est pas tendre pour les Boches à la 13e D.I. ! « Français, Camarades ! » essaie de dire l'un. La riposte est véhémente : « Camarades ! Jamais ! Jamais ! Français plus jamais camarades avec des cochons comme vous ! ».

 

Visite du principal Provendier. Il renchérit encore sur son personnel. Il y va de la voix, du geste et même de la canne avec les prisonniers. Je trouve que Monsieur le principal y va un peu fort ! Le combattant, son premier geste de colère passé, est moins dur que le non-combattant ; celui-ci est facilement impitoyable. Je ne puis m'empêcher de penser que ces Messieurs n'ont jamais été prisonniers ; peut-être appliqueraient-ils avec moins de rigueur le « Vae victis » (malheur aux vaincus).

 

On signale une chute d'avion à l'horizon.

 

L'attaque du 21e R.I. progresse, malgré des difficultés inouïes. Les Boches opposent une résistance désespérée. Les blessés arrivent nombreux… le baromètre est au noir !

 

Quelques prisonniers ! Ils appartiennent au 406e et au 409e régiments. Ces régiments font partie de la 203e division. Amenés en camions, ils ont hier immédiatement contre-attaqué la 13e division et obtenu sur elle un premier avantage. À leur tour, ils reculent, mais non sans défendre le terrain avec une opiniâtreté farouche.

 

14 h 00. Ordre du colonel. Nuit tombante, le 149e relèvera le 21e R.I. !

 

17 h 30. Les Boches essaient de reprendre le terrain perdu. Demandes réitérées de barrage. Si tout ce qu'on envoie tombe chez les Boches, il ne leur sera guère possible de nous déloger.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Le morceau de carte  est extrait du J.M.O. du 3e B.C.P. : Réf 26 N 816/5.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot et au S.H.D. de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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