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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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23 avril 2021

Verdun 1916, Martial Crémieux témoigne…

Verdun Martial Crémieux

 

Dans le cadre d’un vaste projet d’écriture concernant un imposant volume de plus de 500 pages dédié aux batailles de Verdun, Martial Crémieux prend la plume pour évoquer ce qu’il a vécu durant son séjour dans la Meuse. Comme des centaines d’anciens combattants qui se sont attelés à la même tâche, il adresse le tout à Jacques Péricard, auteur du livre qui sera publié pour la première fois en 1933.

 

Jacques Péricard utilisera une partie du témoignage rédigé par Martial Crémieux. Ce passage se trouve à la page 353 de l’ouvrage.

 

Le soldat Crémieux est affecté au 149e R.I. le 31 décembre 1915. Il rejoint les rangs de la 1ère compagnie. Deux mois plus tard, il est à Verdun.

 

Son écrit est très précis. Il raconte des scènes de bombardement dignes de l’apocalypse. La mort rôde partout. La souffrance et la peur accompagnent chaque homme dans son quotidien. Lorsque c’est possible, l’entraide est de rigueur pour tenter de sauver la vie des camarades au péril de la sienne.

 

Martial Crémieux évoque la fin de son chef de section. Le sous-lieutenant Gaston Brosse meurt dans des conditions horribles malgré les risques pris par plusieurs de ses hommes pour l’emmener au poste de secours.

 

L’original de ce témoignage se trouve actuellement aux archives départementales de la Somme. Nicolas Bernard a fait don du fonds Péricard en 2018.

 

Bois des Hospices à l’entrée de la route qui descend du Faubourg Pavé 

 

Ce que j'ai vu le 7 mars au bois des Hospices. Le 1er bataillon du 149e R.I. se trouve en réserve à 17 h 00. Le bois est garni d’arbres de fortes dimensions. Le capitaine nous dit : « Creusez-vous des trous individuels, nous ignorons le temps que nous resterons ici ». Les obus tombent principalement vers la route. Défense de se déséquiper, simplement poser le sac à terre. Les uns mangent, les autres travaillent ou fument.

 

Le tir de l’artillerie boche change. Les obus commencent à tomber dans le secteur du bataillon. À chaque instant, on entend de grands fracas. Ce sont des arbres de grandes dimensions qui s’abattent et qui écrasent des escouades entières. On se précipite pour sauver les camarades ensevelis sous les branches.

 

La nuit est venue, ce ne sont que des appels au secours. Les arbres tombent sans arrêt. Coïncidence terrible, l’artillerie boche redouble son tir. Elle cherche la route pour empêcher le ravitaillement. Le fracas est infernal. Les blessés écrasés par les arbres sont nombreux. Mon trou est fini de creuser et je finis la nuit, côte à côte avec un camarade. Le lendemain après-midi, vers 17 h 00, nous quittons ce secteur.

 

La compagnie longe le bois des Hospices en colonne d’escouade par deux. Tout le long du chemin, nous rencontrons des petits bouts de tranchées. Vers 17 h 30, nous commençons à recevoir des obus toxiques. Nous ralentissons notre marche. Tout le monde a son mouchoir ou son masque sur la bouche.

 

Le lieutenant nous fait arrêter dans des petits bouts de tranchées. L’air devient irrespirable. À ce moment, une rafale de 210 (des percutants) éclate en plein dans la section. Le lieutenant s’abat, criblé d’éclats sur tout le corps. En compagnie de camarades, nous le mettons dans une toile de tente. Pendant que nous le transportons en courant au poste de secours, il a des soubresauts terribles.

 

Nous regagnons notre compagnie où nous attend un spectacle horrible. Un camarade est décapité. D’autres sont tués ou grièvement blessés. La section est durement éprouvée. Les obus tombent partout.

 

On nous donne l’ordre de traverser la route (côté gauche) pour prendre notre secteur (droite du tunnel de Tavannes). Je choisis un trou face à la route où un camarade me rejoint. Il fait presque nuit. Les autres sections se mettent dans des trous par trois ou quatre.

 

J’enlève mon sac. Par-dessus, je mets ma peau de mouton et de la terre et je m’allonge de tout mon long, ainsi que mon camarade. Au même instant, quatre 210 éclatent pour la deuxième fois en moins de vingt minutes, en plein dans la section. Un éclair, un feu brûlant, je suis happé par une déflagration formidable. Je retombe lourdement dans mon trou où une avalanche de branches et de terre s’abat sur moi. Je ne suis pas blessé, ni mon camarade, mais j’ai mal dans les reins. J’étouffe, je crie, on vient à mon secours, on nous délivre. La section est presque anéantie.

 

Devant mon trou individuel, l’emplacement des quatre obus éclatés. Mon sac et ma peau de mouton sont comme une passoire. Six camarades devant moi sont décapités. Un autre tient son œil pendant dans la main. Les autres, grièvement blessés, crient au secours.

 

Nous courons de l’un à l’autre pour les aider et chercher les brancardiers. Le sergent rassemble les rescapés et nous dit de descendre plus bas dans le bois.

 

En compagnie de mon camarade, je trouve un trou recouvert de branchage qui forme cagna. Nous nous installons pour terminer la nuit. Mais auparavant, nous voulons approfondir notre trou, pour mieux nous préserver des éclats possibles. Aux alentours, il y a des camarades. Nous leur demandons de nous prêter une pelle-bêche. Personne ne répond. Nous allons vers eux. Ils dorment sûrement. Nous les secouons, toujours rien. Je touche leurs mains, elles sont glacées. Ce sont des cadavres assis. Les uns tiennent la pipe à la bouche, les autres, un morceau de pain. Ils sont une dizaine.

 

Je regagne mon trou en compagnie de mon camarade sans dire un mot.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 7 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte du 7 mars 1916

 

Pour en savoir plus sur la journée du 8 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Attaque du village de Vaux 1er avril 1916

 

Le 31 mars 1916, le 1er bataillon du 149e R.I. se trouve dans le fort de Souville où nous passons la nuit.

 

Bombardement effroyable par l’artillerie lourde. Des blocs de béton du fort sont projetés en l’air.

 

Le 1er avril 1916, vers 7 h 00, nous quittons le fort pour prendre le secteur du ravin de la Caillette. Nous longeons un boyau éventré. Le soleil brille, pas un coup de canon pendant notre marche. Au bout d’une demi-heure de marche, nous arrivons à destination. Tout le bataillon prend position dans le ravin, à flanc de coteau.

 

La matinée se passe sans coup de canon. L’après-midi, de nombreux avions boches volent dans tous les sens. Le capitaine fait passer l’ordre de se cacher sous les arbres et de ne pas bouger et l’après-midi se passe sans casse. Vers 17 h 00, les cuistots viennent apporter la soupe et les lettres. Le capitaine nous apprend que nous attaquerons le village de Vaux, le lendemain matin, au petit jour. Tout le monde est silencieux et la nuit se passe calme, auprès des arbres, que nous n’avons pas quittés depuis le matin.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 1er avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Journee du 1er avril 1916

 

Le 2 avril, à 5 h 00, le bataillon part. Nous serrons à bloc les autres compagnies. À l’entrée du village, face aux étangs de Vaux, se trouve le cabaret rouge. On nous donne le jus et la gnôle et l’on commence par nous donner le matériel. Un rouleau de barbelé pour deux hommes, une pelle et une pioche de parc. Nous sommes chargés comme des ânes. Le capitaine crie : «  En avant, baïonnette au canon. Nous nous élançons dans le village. Les boches sont surpris, on les voit fuir sur la crête. Notre bataillon attaque le village. Le 1er B.C.P. attaque les tranchées qui se trouvent sur la crête. Les mitrailleuses boches crachent dur. Ils nous lancent des grenades à plus de 60 m de distance. Je suis en nage. Je laisse tomber dans un trou mon rouleau de barbelé. Le village est en ruine. Le terrain couvert de trou d’obus. Nous faisons des bonds très courts, mais très vite.

 

Les chasseurs que nous voyons escalader la crête progressent lentement. Quelle heure est-t-il ? Je n’en sais rien ! Notre progression ralentit.

 

Des dizaines de mitrailleuses tirent sans arrêt. Les boches ont l’avantage, se trouvant sur une crête et nous dans un ravin. Nous devons nous trouver au milieu du village. À ce moment, j’ai l’impression que l’attaque échoue.

 

Nous rampons sur le ventre. Les balles continuent à nous suivre pas à pas. Nos casques servent de cible aux boches. Je le recouvre de boue. De mon trou où je suis, je lève la tête. Je ne vois plus personne. Je prends une cartouche, enlève ma baïonnette qui brille terriblement au soleil et je commence à tirer sur les boches qui sont sur le parapet. Les heures s’écoulent, nous sommes toujours au même endroit.

 

L’après-midi arrive. L’artillerie boche bombarde l’entrée du village pour empêcher les renforts de monter. Je change de place, les éclats arrivant jusqu’à moi.

 

Je tombe dans un trou où il y a quatre camarades, dont un caporal. Un des camarades est grièvement blessé au bras. J’aperçois un trou énorme au bras gauche, à la hauteur du biceps. Personne ne s’occupe de lui. Je coupe la manche de sa capote et de sa vareuse et lui fais un pansement. Le sang coule toujours à flot. Ayant peur qu’il meure d’épuisement, je lui fais un garrot avec deux fusils et je serre fortement avec son pansement pour arrêter l’hémorragie. Il reste étendu, attendant la nuit dans ce trou, parmi nous. Il est là depuis 8 h 00.

 

Vers 15 h 00, les boches contre-attaquent en masse. Nos mitrailleuses qui se trouvent à 100 m derrière nous entrent en action. De notre trou, nous tirons dans le tas. Je remets ma baïonnette au canon.

 

La moitié au moins de mon bataillon a été tuée ou blessée.

 

Nous sommes allongés de toute notre longueur dans un trou rempli de vase. Les boches arrivent au pas de gymnastique sur nous. Nous ne bougeons plus. Ils passent… Ils nous ont cru morts. Les derniers boches passés, je lève la tête. Je vois un grand gaillard qui se déséquipe avec rapidité et qui me crie « camarade franzouse prisonnière » ce qui signifie qu’il se rend à nous. Je lui fais signe de se coucher parmi nous. Il obéit. J’attends que les boches regagnent leurs tranchées amies ; ils ne remontent pas tous. Quelques-uns restent en sentinelles en bas de la crête. Notre boche prisonnier a peur d’être repris par les siens. Il veut partir. À ses risques et périls, je le laisse aller dans nos lignes. Nous le suivons des yeux. Nos mitrailleuses se sont tues, mais les leurs tirent toujours.

 

Nous attendons la nuit avec impatience, car maintenant, nous avons deux blessés parmi nous.

 

Enfin, nous voyons arriver, en rampant, un sergent d’une autre compagnie. Il rassemble dans un trou d’obus tous les rescapés. Nous sommes une dizaine. Nous commençons immédiatement à creuser un bout de tranchée.

 

Deux hommes se mettent en sentinelle pour nous couvrir. Le mot de passe est « Y’à bon ». La nuit se passe assez calme. On entend de nombreux blessés crier : « Au secours les brancardiers». Nous ne pouvons nous déranger car il faut travailler dur. Je suis rompu de fatigue. J’aperçois des ombres qui rampent, ce sont les brancardiers boches qui ramassent les blessés. Nous ne tirons pas. Des fusées s’élèvent. J’aperçois de nombreux cadavres. Notre tranchée s’avance.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 2  avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Vers 23 h 00, on vient nous chercher pour nous conduire à l’entrée du village où nous passerons toute la journée du lendemain, dans une tranchée à peine creusée. Les rescapés des autres compagnies sont là. La matinée et l’après-midi, nous recommençons à subir le bombardement. Vers 16 h 00,  nous sommes relevés définitivement pour descendre à Verdun.

 

Martial Crémieux

 

253 rue Saint-Denis Paris 2e arrondissement

 

Pour en savoir plus sur le sous-lieutenant Gaston Brosse il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Sous-lieutenant Gaston Brosse

 

Sources :

 

Témoignage inédit rédigé par Martial Crémieux. Archives départementales de la Somme. Fonds Péricard. Cote 179 J 78.

 

Archives departementales de la Somme

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier, à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski et aux archives départementales de la Somme.

16 avril 2021

29 septembre 1918

Journee du 29 septembre 1918

 

Le 149e R.I. est en 1ère ligne depuis le 26 septembre 1918. La fatigue est présente. Heureusement, la relève est proche. Dans la nuit du 28 au 29, un mouvement de rotation s’exécute entre les unités de la 43e D.I. et celles de la 13e D.I.. Les hommes du lieutenant-colonel Vivier sont relayés par ceux du 21e R.I..

 

L’opération se déroule en deux temps. Les 1er et 3e bataillons du 21e R.I. remplacent les 1er et 2e bataillons du 149e R.I.. Le bataillon Fontaine demeure sur sa position.

 

Carte 1 journee du 29 septembre 1918

 

Les 1er et 2e bataillons du 149e R.I. font mouvement arrière pour aller occuper la tranchée de Postdam.

 

À la fin de la nuit, les 9e, 10e et 11e compagnies du 149e R.I. sont dépassées par le bataillon restant du 21e R.I.. Elles partent s’installer dans la tranchée de Grateuil.

 

Le temps du véritable repos n’est pas encore d’actualité. Le régiment spinalien reste sur le qui-vive, prêt à intervenir en fonction de la réaction allemande.

 

Tranchee de Grateuil et tranchee de Postdam

 

Les bataillons du lieutenant-colonel Vivier ne restent pas très longtemps sur leurs nouvelles positions.

 

Ils ont ordre de prendre un dispositif de marche d’approche, ce qui veut dire qu’ils devront progresser derrière le régiment qui vient de les relayer.

 

Le 149e R.I. et les autres éléments de la 43e D.I. se tiennent également prêts à assurer la couverture des flancs de la 13e D.I.. En cas de nécessité, ils pourraient être retirés du secteur, en totalité ou en partie, en fonction des ordres donnés par le général commandant d’armée.

 

Le 2e bataillon du 21e R.I., soutenu par les chars, est aux prises avec l’ennemi. Les combats font rages.

 

                                           Tableau des tués pour la journée du 29 septembre 1918

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 334/14.

 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/8.

 

Historique du 21e R.I. Langres, Imprimerie moderne. 1920.

 

« Tactique appliquée d’infanterie » article écrit par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

La 1ère carte a été réalisée à partir des lectures des documents consultés. Elle n’a donc qu’une valeur indicative.

 

Le morceau de carte utilisé est extrait de l’article « Tactique appliquée d’infanterie » rédigé par Ulysse Fontaine.

 

Le J.M.O. du 21e R.I. ne figure pas sur le site « mémoire des hommes » pour cette période.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy et au S.H.D. de Vincennes.

9 avril 2021

28 septembre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

28 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

Le 149e R.I. en est à son troisième jour d’attaque. L’abbé Henry, toujours au plus près des combats,  évoque l’intervention des chars qui sont utilisés pour la 1ère fois dans l’offensive.

 

Ceux-ci sont vivement critiqués. Leur trop grande visibilité attire les tirs de l’artillerie allemande. Aux dires de certains, tout est prétexte pour justifier un abandon des combats et repartir vers l’arrière. Le lieutenant Lemoine donne son avis sur le sujet.

 

Les Allemands se battent avec fureur. Un grand nombre d’entre eux préfèrent mourir sur place plutôt que de se rendre. Les combats aériens sont nombreux. L’aviation française semble être maîtresse du ciel.

 

Témoignage de l’abbé Henry : du poste de secours de Gratreuil au poste de commandement du 149e R.I.

 

P.S. Gratreuil. P.S. Chemin de fer.

 

Pas de messe.

 

La nuit a été à peu près calme. En silence, chacun prend ses dispositions pour une nouvelle attaque. Il s’agit pour nous d’enlever la tranchée de Nassau, d’où le 1er bataillon a été rejeté par la contre-attaque du 9e grenadiers.

 

Cette fois, c’est le 3e bataillon qui à nouveau va mener la bataille. De la tranchée de Gratreuil, j’assiste aux marches d’approche des tanks qui, cette fois, doivent donner. Ils ont commencé leur mouvement à 5 h 00, c’est-à-dire au jour.

 

Premier sujet d’étonnement pour moi, profane, ils avancent sans essayer de se couvrir par les nuages de fumée artificielle qui ont donné de si bons résultats lors de l’attaque du premier jour.

 

Autre sujet d’étonnement, il est entendu que je n’y connais rien, mais je me demande comment ces véhicules vont échapper au bombardement. Il semble inévitable qu’ils soient repérés et, sitôt repérés, qu’ils soient amochés. Sur la grande piste qui longe le bois de la Chèvre, j’en vois trois qui avancent péniblement à travers un barrage impressionnant d’obus. Puis bientôt je les vois s’arrêter, s’immobiliser ; ils sont sûrement touchés dans leurs œuvres vives et mis hors de combat.

 

Tranchee de Grateuil

 

À Somme Py, la bataille fait rage ; on veut enlever le morceau ; il le faut si on veut pouvoir faire avancer la 43e. Dans le courant de la matinée, il semble bien que nous ayons fait des progrès et que le village est à nous. Nous obus tombent au-delà et le tacata des mitrailleuses s’est éloigné.

 

Par les blessés, on commence à avoir des nouvelles de l’attaque. Les nôtres ont souffert du marmitage boche attiré surtout par les tanks dans le bois de la Chèvre et les environs. On signale des morts à la 10e compagnie, le caporal Regnier (des Loges) est étendu au coin du bois. Encore un ami, un compatriote qui disparaît. Nous étions ensemble en permission il y a un mois !

 

Bois de la Chèvre

 

Le bataillon d’attaque s’est porté en avant ; il aurait atteint, dit-on, les premiers éléments de la tranchée de Nassau qui est au-delà du bois de la Chèvre. Mais là ils se sont heurtés à un tel feu de mitrailleuses qu’ils n’ont pu se maintenir et ont dû reculer, non sans pertes. Un blessé en parle avec effroi : « Ce n’est pas le moment de se coucher, leurs balles rasent la terre. Autant qui se couchent, autant de fauchés, en plein dans le citron ! ». Je ne comprends pas d’abord ce qu’il veut dire, mais son geste précise sa pensée, les malheureux sont frappés à la tête ! « Il y en a », ajoute-t-il. Je sais qu’il faut mettre au point ces propos de blessés, néanmoins, il est permis de conclure que là-bas la situation n’est pas brillante.

 

« Et les tanks ? », C’est la question qui vient naturellement sur toutes les lèvres. Les réponses sont diverses. Quelques chars sans doute ont bien marché. Le plus grand n’a pas rendu les services qu’à tort ou à raison on en attendait. Au moment critique, quand leur intervention semblait devoir décider du succès, ils déclarèrent froidement qu’ils n’avaient plus de munitions ou bien qu’ils n’avaient plus d’essence ! Et ils sont repartis à l’arrière, abandonnant sans plus les pauvres fantassins à leur malheureux sort. C’est, il faut en convenir, une désillusion générale.

 

Deux blessés des tanks. Leur char a reçu un obus dans le capot. L’un a un bras blessé, l’autre a la figure criblée de petites parcelles de métal détachées sans doute par l’explosion. L’un et l’autre entendent difficilement. Leur char est l’un des trois abandonnés sur la piste en bordure du bois de la Chèvre, les deux autres ont une chenille coupée. Ils semblent avoir une grande crainte des énormes fusils anti tanks que nous avons trouvé un peu partout. Il faut croire que c’est la première fois qu’ils en expérimentent l’efficacité, car leur capitaine avant-hier semblait les ignorer.

 

Deux avions tombent en feu dans le lointain. Français, Boches ? Hélas ! Nous apprendrons plus tard que ce sont deux Français entrés en collision.

 

Au P.C. du colonel

 

 La bataille se ralentit dans la matinée sur notre front ; elle s’éloigne sur la gauche. Les Boches ne tirent plus à gauche ; preuve manifeste que nous avons avancé et que notre avance les a obligés à reculer leurs batteries ; cela donne à nouveau quelques heures de répit. Cela suffit pour faire perdre à tous les notions premières de la plus élémentaire prudence. Tout à l’heure, il tombait des obus, tout le monde se taisait. Et maintenant tout le monde est dehors ; tout le monde prend l’air sans souci d’être vu. Je condamne absolument cette manière de faire et je fais comme tout le monde.

 

Dans la tranchée de Gratreuil, le 21e R.I. a pris la place du 3e bataillon du 149, le major Ruffin se prépare à descendre la voie ferrée ; je passe de 10 h 00 à 12 h 30 au P.C. du colonel.

 

Là, j’apprends que notre progression continue ; on avance péniblement, mais on avance tout de même. Tant et si bien que le colonel va déplacer son P.C. et s’installer à la Pince. Le docteur Rouquier s’installe, lui, sur le chemin de fer avec le docteur Ruffin. Je les suivrai dans ce nouveau P.S. où, paraît-il, il y a place pour tous.

 

Fonck, le célèbre aviateur, est signalé dans le secteur. Il a abattu hier, paraît-il, six avions boches. La bataille de l’air va de pair avec la bataille de terre. Nos avions ont bombardé les positions boches avec une profusion de projectiles vraiment inédites pour moi. J’ai vu tomber en flammes un avion boche à la suite d’un combat rapide. J’ai admiré sans réserve le travail des avions des deux divisions, ils ont été superbes d’audace, de sang-froid et d’endurance.

 

L’avion boche abattu est tombé en flammes ; le pilote a eu le temps de sauter de l’appareil avec un parachute. Le parachute a-t-il mal fonctionné ? Il descendait bien vite. Nous avons su, depuis, que le Boche s’était tué en atterrissant.

 

12 h 30. Le colonel quitte la tranchée de Gratreuil pour s’installer à la Pince. Sa suite s’en va par petits groupes. Partout on ne voit que gens qui circulent, qui vont, viennent. Que de monde ! Que de monde dehors !

 

P.S. voie ferrée

 

C’est à 150 m d’ici. Vu en chemin le cadavre d’un sergent, Aubry. C’est un Haut-Marnais. Il est de Fresnoy.

 

Très bien le P.S. de la voie ferrée. J’y trouve M. Rouquier et M. Ruffin. C’était, paraît-il, un P.C. d’artillerie boche et en même temps P.S. d’artillerie. Ici logeaient le colonel d’artillerie et le médecin-chef du régiment (4 galons), ainsi qu’en font foi les nombreux papiers abandonnés par ces MM.

 

M. Rouquier s’est hâté de recueillir les plus intéressants pour les envoyer à l’Armée. Il y a, en particulier, un dossier médical très précieux avec renseignements sur les effets de nos gaz, sur des épidémies de typhus dont on n’avait pas eu connaissance. Il y a aussi, paraît-il, des richesses au point de vue appareils téléphoniques.

 

Quelques blessés, dont deux du 31e B.C.P.. La tranchée de Nassau serait prise et même dépassée. On essaie d’avancer dans les bois ; mais on se heurte à des mitrailleuses innombrables. Il y en a des nids partout. L’impression générale est qu’on ne peut avancer que si les tanks s’en mêlent vraiment !

 

Impression de l’avant ; a-t-on la même impression à l’arrière ? Croit-on encore à la légende du boche qui fiche le camp en pagaille ? Il est des erreurs et des partis pris qui coûtent cher. Quoiqu’il en soit de la progression de la bataille sur laquelle les renseignements de blessés sont bien contradictoires, il est un fait qu’il faut constater ; les Boches reculent peut-être, se font tuer, mais ne se rendent pas.

 

On ne voit plus passer de prisonniers. C’est la lutte à mort. Il est vrai que s’ils ont tué les nôtres prisonniers, il ne peut plus être question de faire quartier ; c’est la mort sans phrases pour quiconque est pris. Et nous sommes des gens civilisés ! Et voilà comment le Boche comprend et fait la guerre et nous oblige à la faire ! où est donc notre supériorité sur les sauvages !

 

On se demande ce qu’a donné l’attaque des Américains à droite de l’Argonne. Pas de nouvelles ; pas de journaux !

 

15 h 30. L’artillerie des deux côtés se réveille. Les obus boches commencent à tomber un peu partout. La circulation va redevenir dangereuse. De notre côté, nos canons donnent fortement.

 

16 h 30. Le lieutenant Lemoine arrive au P.S., blessé légèrement à la figure, mais fatigué, brisé, épuisé, dans un état tel que le docteur Rouquier n’hésite pas à l’évacuer. Il en est navré le pauvre lieutenant, il songe à ses hommes qu’il a laissés dans une situation terrible ; il songe à ceux qu’il a perdus déjà ; son cœur s’émeut, il le laisse déborder et vraiment, je ne sais rien de plus pénible à entendre. Ah la guerre, la voilà ! C’est ici qu’il faut la voir pour en sentir toute l’horreur et aussi toute la beauté.

 

Son impression sur les tanks, loin d’être bonne : « Quand le moment pour eux est venu d’agir, ils ont mille prétextes pour ne pas avancer. Ces messieurs ne peuvent pas avancer parce qu’il y a des fusils anti tanks, parce qu’ils ne doivent marcher que derrière l’infanterie, parce qu’ils n’ont plus d’essence, parce qu’ils n’ont plus d’obus… ! Ils tournent sur place, ils avancent, reculent, à croire qu’ils ne cherchent qu’un prétexte pour se sauver. Ils ont commencé par tirer à tort et à travers, par gaspiller leurs munitions et quand il a fallu marcher, plus rien, ni plus personne ! Plus de munitions ! Je crois bien ; ils ne cherchent que cela pour pouvoir s’en aller ! » – Impressions de combattant fatigué, déçu et qui doivent être mises au point, impressions qui seraient injustes si on généralisait.

 

17 h 00. Il pleut. Le docteur Rouquier désire visiter ses P.S. avancés, celui de Bernère en particulier, à la tranchée de Nassau. Je l’accompagne. Il pleut doublement de la vraie pluie et des obus ! N’importe, nous avançons à travers le bled. Par-ci, par-là, quelques cadavres, français et boches, sont mêlés.

 

P.C. du colonel.

 

Ici il faut s’arrêter. Il pleut trop fort ! Un métro se trouve à point pour nous garantir de l’eau, mais non des obus qui commencent à tomber très fort. Je ne m’en étonne plus ! Des tanks débouchent du bois de la Chèvre se dirigeant vers l'arrière. Décidément, il ne fait pas bon évoluer dans leur sillage. Le temps passe, la nuit vient ; je crois qu'il faut renoncer à aller plus loin. Tout ce que nous pourrons faire ce soir sera de nous arrêter un instant au P.C. du colonel. Installation loin d'être parfaite, mais qu'on est bien heureux de trouver à cet endroit. Tout le monde est fatigué ; c'est le 3e jour de combat. Que doivent dire, en quel état doivent être les pauvres poilus qui sont en ligne ?

 

Bonne nouvelle ! On annonce la relève. La 13e division passe enfin en avant. La 43e aura, je crois, fait largement sa part.

 

Vu le sergent fourrier Aubry de la 10e qui me confirme la mort du caporal Régnier.

 

Après un instant de repos au P.C., nous revenons sans aller plus loin au P.S. où nous sommes plus au large pour nous installer.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Les deux morceaux de cartes utilisés sont extraits de l’article « Tactique appliquée d’infanterie » rédigé par Ulysse Fontaine et publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à J.L. Poisot. 

26 mars 2021

28 septembre 1918

28 septembre 1918

 

Le 149e R.I. combat dans le secteur de Somme-Py-Tahure depuis le 26 septembre 1918. Le 1er jour d’attaque, les bataillons du régiment ont progressé avec facilité. L’ennemi opposa très peu de résistance. La situation se complique le second jour. Les Allemands réussissent à freiner l’avancée des Français en envoyant sur le terrain des troupes fraîches plus aguerries.

 

Dans la soirée du 27, le 1er bataillon et deux compagnies du 2e bataillon prennent position en bordure du chemin de Manre. Face à eux, des éléments de la 3e division de la garde prussienne se tiennent prêts à en découdre.

 

Carte 1 journee du 28 septembre 1918

 

Le lieutenant-colonel Vivier réceptionne l’ordre d’attaque de la 43e D.I. pour la journée du 28 à 1 h 30. Les instructions du responsable du régiment parviennent au commandant Fontaine à 3 h 00. Son bataillon devra dépasser les 1er et 2e bataillons pour s’emparer de la tranchée de Nassau, du fond et de la bretelle d’Aure.

 

L’obscurité et l’intervalle de temps restreint entre l’heure de réception de l’ordre d’attaque de la 43e D.I. et le déclenchement de l’offensive qui doit débuter à 5 h 40 sont des éléments qui empêchent toute reconnaissance préalable du terrain.

 

À l’heure prévue, le bataillon Fontaine se porte à l’attaque de la tranchée de Nassau. Deux de ses compagnies sont en 1ère ligne, une en soutien. Une section de mitrailleuses accompagne chaque compagnie.

 

 

Les hommes avancent sous un violent bombardement ennemi qui riposte à la très courte préparation de l’artillerie française.

 

L’attaque est appuyée par les chars Renault F.T. et Schneider de la 307e compagnie du 3e B.C.L..

 

Malgré les tirs violents des mitrailleuses ennemies, le 3e bataillon progresse assez rapidement.

 

Le bataillon Fontaine s’empare de la tranchée de Nassau après une lutte acharnée.

 

Les éléments du 170e R.I. à droite et les chasseurs à gauche ne suivent pas le rythme. Rapidement, ils sont en retrait.

 

Malgré cette position en flèche, le 3e bataillon du 149e R.I. continue sa poussée vers l’avant. La situation pourrait vite devenir dangereuse.

 

La compagnie de droite du bataillon Fontaine atteint le bois V 90. La compagnie de gauche s’avance vers le Brunnenem-Grund.

 

Cette compagnie fait face à un groupe ennemi d’environ 150 soldats qui manifeste l’intention de se rendre. Mais ces Allemands finissent par livrer combat sous l’impulsion d’un officier. Un corps à corps acharné a lieu sur la position.

 

L’officier allemand est tué. Plusieurs de ses hommes sont rapidement mis hors de combat. L’ennemi résiste à plusieurs tentatives d’enfoncement et de débordement de la part des Français. Les compagnies du commandant Fontaine essayent de faire tomber la résistance avec l’aide des chars, mais les blindés éprouvent de sérieuses difficultés en tentant de pénétrer dans le bois de l’Araignée. La lutte est âpre. L’ennemi a utilisé la forêt pour masquer un grand nombre de fusils et de canons antichars.

 

À 11 h 00, la situation est la suivante pour le 3e bataillon : une de ses compagnies a pris place devant le Brunne Grund, une autre se trouve plus à droite à la même hauteur. La dernière est en soutien à 200 m en arrière.

 

Une nouvelle attaque a lieu dans l’après-midi. Elle est appuyée par l’artillerie lourde, par l’artillerie de campagne et par les chars de combat.

 

Le poste de commandement du lieutenant-colonel Vivier est venu s’installer à 2470.

 

À 15 h 30, le bataillon de tête du 149e R.I. se porte en avant, soutenu par les chars. Il subit un feu très violent de mitrailleuses qui l’empêche de progresser.

 

Les 1er et 2e bataillons suivent. Ils serrent à 500 m environ de distance, prêts à intervenir.

 

Les chars sont inefficaces. Les bataillons voisins de droite et de gauche ne progressent pas. L’attaque est un échec.

 

Les bataillons finissent par reprendre leurs emplacements dans la tranchée de Nassau.

 

Le soir arrive. Les deux compagnies de 1ère ligne s’établissent en avant-postes de fin de combat sur leurs positions. Les mitrailleuses ennemies crépitent, invisibles sous les bois. Les deux compagnies gardent un contact étroit en envoyant régulièrement des patrouilles.

 

La nuit est agitée. Officiers et hommes de troupe font bonne garde.

 

Le bataillon Fontaine est toujours positionné en flèche. Sa compagnie de soutien prend un dispositif de couverture de flancs, dispositif plus prononcé sur la gauche.

 

Dans la nuit, une patrouille ennemie aborde nos éléments avancés. Vite repérée, elle s’enfuit en laissant un prisonnier.

 

Malgré la pluie incessante, la boue et les grandes fatigues occasionnées par ces trois jours de luttes, les hommes redoublent de vigilance pendant toute la nuit. Il ne faut pas lâcher un pouce de ce terrain si chèrement conquis.

 

À 23 h 00, le lieutenant-colonel Vivier réceptionne un ordre de la 43e D.I. qui lui indique que son régiment va bientôt se faire dépasser par le 21e R.I.. Ses hommes vont pouvoir souffler.

 

                                            Tableau des tués pour la journée du 28 septembre 1918

 

Sources :

 

Historique du 501e Régiment d’Artillerie d’Assaut consulté sur le site « chars-français. Net ».

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 334/14.

 

« Tactique appliquée d’infanterie » article écrit par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

« Exemple d’emploi des chars dans la guerre 1914-1918 (volume III) - offensive de la IVe armée en Champagne - 26 septembre 1918 ». Centre d’études des chars de combat. Éditions Versailles. 1922.

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Concernant les deux cartes réalisées, elles ont toutes été créées à partir de plusieurs plans. Aucune échelle n’est indiquée sur ces plans. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

 

Le morceau de carte en noir et blanc est extrait de l’article « Tactique appliquée d’infanterie » rédigé par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, I. Holgado, à J. Huret, à M. Souquet et  au S.H.D. de Vincennes.

19 mars 2021

Les adjudants-chefs et les adjudants du 149e R.I. de 1911 au baptême du feu

Les adjudants du 149e R

 

Il est souvent difficile de distinguer sur une photographie en noir et blanc un sous-lieutenant d'un adjudant. L'adjudant fut le grade le plus élevé parmi les sous-officiers jusqu'à la création de celui d’adjudant-chef en 1912. Le sous-lieutenant est le premier grade des officiers. Les différences d’uniformes entre ces deux fonctions d’encadrement ne sont pas toujours évidentes à discerner.

 

Retrouver les adjudants sur les photographies du 149e R.I. d’avant-guerre

 

S'ils sont compliqués à reconnaître sur des images, il est toutefois possible d'en retrouver la trace dans les albums régimentaires d'avant-guerre et de suivre le parcours de certains à partir de la mobilisation. C’est l’album régimentaire du 149e R.I. de l’année 1911 qui va nous servir de base pour cette recherche.

 

En dehors des officiers supérieurs qui sont tout en haut de la pyramide hiérarchique, il n’est pas rare de voir des hommes bien plus âgés que d’autres sur les photographies qui figurent dans cet album. Certains ont même les bacchantes un peu grisonnantes ! Nous sommes en présence des  adjudants.

 

Les adjudants du 149e R

 

Les douze portraits représentés sur les deux montages précédents sont extraits de la photographie de groupe des sous-officiers de cet album.

 

Photographie des sous-officiers du 149e R

 

En dehors de la silhouette caractéristique du sous-chef de musique Drouot, il n’a pas toujours été simple de retrouver la compagnie d’appartenance pour plusieurs de ces sous-officiers, d’autant plus que certains d’entre eux sont des adjudants de bataillon.

 

Les liens « portraits/compagnies » ont également été compliqués à faire en raison du flou lié à un agrandissement important, d’un changement de posture, d’une modification dans la tenue vestimentaire, ou encore d’une tête tournée, tantôt à droite, tantôt à gauche.

 

Les adjudants du 149e R

 

Les portraits suivants proviennent tous des clichés des compagnies du 149e R.I. réalisés la même année. Ces visages complètent en grande partie le nombre d’adjudants qui se trouvaient au sein du régiment moins de trois ans avant le début des hostilités contre l’Allemagne en août 1914.

 

Les adjudants du 149e R

 

Mis à part les nominations au grade d’adjudant-chef (grade qui fut créé en 1912), l’avancement de quelques sergents rengagés à la fonction d’adjudants et la fin d’un contrat non renouvelé pour certains, il y a fort à parier qu’il n’y a pas eu beaucoup de changement dans l’équipe des adjudants depuis leur passage devant l’objectif en 1911 jusqu'à l’orée du conflit. Ce ne fut pas le cas pour les officiers.

 

Les mutations à ce niveau de grade étaient fort rares, voire inexistantes. Ces hommes devaient connaître tous les rouages de la caserne pour mener à bien leur tâche. Ce qui était chose facile lorsqu’ils avaient fait la presque totalité de leur carrière dans le même régiment.

 

Les adjudants s’occupaient essentiellement de l’administratif, du matériel et de la surveillance des hommes. Malgré le nombre d’années conséquent à porter l’uniforme, ces « vieux » soldats n’eurent jamais la possibilité d’être promus officiers. Leur niveau scolaire ne leur permettait pas de tenter le concours d’entrée de l’école de Saint-Maixent.

 

Si ces sous-officiers s’étaient à nouveau fait photographier dans le but de figurer dans les albums des années 1912 et 1913, à quelques exceptions près, la configuration du cliché aurait été à peu près identique à celle de l’année 1911.

 

Les tableaux suivants indiquent les noms de quelques sous-officiers rattachés à leurs compagnies, juste avant l’ordre de mobilisation générale en août 1914.

 

 

La place des adjudants-chefs et des adjudants dans l'encadrement en 1914

Les effectifs du régiment à la mobilisation

 

Les compagnies ont un effectif de temps de paix lorsque le 149e R.I. reçoit l’ordre de se diriger vers la frontière le 1er août 1914. Ce jour-là, ce 1er échelon composé de soldats de la classe 1911, 1912 et 1913 quitte la caserne Courcy. Le 149e R.I. fait partie des troupes de couverture. Trois sous-lieutenants de réserve sont arrivés à temps pour être incorporés à l’équipe des cadres. À cette date, un grand nombre de sections reste toujours sous l’autorité des sous-officiers. 

 

 

Les effectifs sur pied de mobilisation

 

Les réservistes commencent à affluer au dépôt d’Épinal pour être équipés. Ces hommes, qui constituent le 2e échelon, rejoignent le 1er échelon le 4 août à Vanémont. Celui-ci est encadré par une quinzaine d’officiers. 

 

 

Les effectifs de guerre

 

Le régiment est maintenant au complet. Les officiers réservistes et ceux qui étaient restés au dépôt prennent le commandement d’une section. Ils se substituent ainsi aux sous-officiers qui passent maintenant sous leurs ordres. Trois Saint-Cyriens et deux Saint-Maixantais, arrivés dans la soirée, viennent compléter l’équipe des cadres.

 

Treize sections, voire quatorze, sont toujours sous l’autorité de sous-officiers. Elles le resteront jusqu’au 1er engagement du régiment qui aura lieu au Renclos des vaches, près de Wisembach, le 9 août 1914.

 

 

Il y a de fortes probabilités pour que les noms inscrits dans les cases grises soient bien ceux des sous-officiers qui ont commandé une section à la veille du baptême du feu reçu le 9 août 1914, mais ce n’est pas une certitude. Les fiches matricules et les citations obtenues par ces hommes, qui ont été pour la plupart retrouvées, ne sont pas assez précises pour l’affirmer complètement.

 

Destin de quelques adjudants

 

Adjudant Jean Cerclier

 

Une lettre rédigée le 13 août 1915 par le sous-lieutenant Louis Joseph Demangeon nous éclaire un peu plus sur le devenir de certains d’entre eux.

 

Cette correspondance est adressée à son camarade de régiment, l’adjudant Cerclier. Ce sous-officier d’active est en captivité depuis bientôt un an. Il  n’a pas eu de nouvelles du régiment depuis qu’il a été fait prisonnier.

 

Épinal, 13 août 1915

 

Mon cher Jean,

 

Je viens de rencontrer ta belle sœur qui m’a fait part de ton désir et je m’empresse de le satisfaire.

 

Je savais que tu avais été changé de camp et ne connaissant pas ta nouvelle adresse, je ne pouvais correspondre avec toi.

 

Je suis revenu au dépôt depuis un mois et je m’attends tous les jours à retourner au front. J’ai été blessé deux fois déjà, mais il n’y paraît plus guère.

 

De l’ancienne 6e, Populus seul est mort, on a retrouvé son cadavre à Ménil. Le fils est au régiment de réserve avec Rigolley. Galliot blessé en octobre au pied gauche, revenu au dépôt en juillet, est de nouveau hospitalisé à Montpellier. J’ai revu « le Pott », il est dans un régiment de territoriaux. Il est devenu très vieux et comme toi, ne savait plus rien du régiment.

 

Les vieux ne sont plus guère en vie. Brayet disparu, Hardy, Poirine, Veuchey, Dodin aussi. Guillaume amputé du bras droit est réformé. Damideau, Georgy, Prenez, Chauffenne sont sous-lieutenants et toujours là. Christ tué, Delhotal, Fix, prisonniers, Marchand encore à l’hôpital ainsi que Sibille.

 

Guenot, aspirant, toujours là et toujours le même. Doridant aspirant, Pelletier sous-lieutenant, Maire au dépôt. Richard et Kolb, sous-lieutenants.

 

Dudillieu tué, ainsi que Pasquier, Rémy et Léandri. Romaire, Marey, Thomas, Bruley sont toujours au régiment de réserve. Chapuis, de ta compagnie, est sous-lieutenant. Ferrand est sous-lieutenant et Lebeau adjudant-chef. Le vieil adjudant-chef Noël, blessé le 18 août, est décoré de la Légion d’honneur et présent ici, mais incapable de faire campagne.

 

Rouganne, officier d’approvisionnement. Baranger, Bienfait, tués tous les deux.

 

Ledrappier au dépôt momentanément et Motel au 170e R.I., sous-lieutenants tous les deux. Prétet, Gérardin, Guilleminot n’ont encore pas été touchés et sont les seuls qui restent du début sans une blessure. Schalk, chef de bataillon ainsi que Roman et Reithinger. Des quantités de jeunes sous-officiers ont été promues sous-lieutenants. Je ne les connais pas tous, tellement cela change vite.

 

Ici, tout est calme et la vie aussi régulière qu’avant la guerre.

 

Fourneret, que j’oubliais, est au front pour remplacer l’officier payeur.

 

Je pense que ta blessure est complètement guérie et que tu es en bonne santé, que tu ne t’ennuies pas trop à attendre ta délivrance, garde l’espérance de nous revoir, comme nous avons l’espoir de vaincre.

 

Dans cette espérance, mon cher vieux camarade, encore une fois patience et courage.

 

Je t’embrasse fraternellement,

 

Je joins à cette lettre ma binette.

 

La consultation des listes des pertes du 149e R.I., pour les premiers mois du conflit, a permis de retrouver quelques prénoms d'hommes nommés dans cette correspondance. Beaucoup n’ont pas pu être identifiés complètement. Leurs fiches signalétiques et des services sont restées introuvables. Plusieurs portaient les galons de sergent-major en août 1914.

 

Il est bien évident qu’il était irréaliste d’associer une identité à chaque visage pour chaque adjudant-chef et pour chaque adjudant figurant sur l’album régimentaire de l’année 1911 simplement à partir de cette lettre.

 

En combinant toutes les sources possibles (lettre du sous-lieutenant Demengeon, registres matricules, citations publiées dans les J.O., dossiers individuels du S.H.D. de Vincennes, fiches des prisonniers du C.I.C.R., J.M.O. du 149e R.I. et album régimentaire de l'année 1911), cette association n'a pu se faire que pour 9 d'entre eux.

 

Les adjudants-chefs et les adjudants connus à la veille de la mobilisation générale

 

N’oublions pas les « vieux de la vieille » du 149e R.I. qui sont directement passés au 349e R.I. lorsque celui-ci s’est constitué le jour de la mobilisation générale.

 

Voici ceux qui ont été mentionnés dans le courrier du sous-lieutenant Demengeon pour qui l’identité complète a été retrouvée.

 

 

L’identification de l’auteur de la lettre a été rendue possible en comparant la signature avec celle qui se trouve sur son acte de mariage.

 

L’espoir du sous-lieutenant Demangeon de revoir son camarade après la guerre est resté vain. Cet officier est mort des suites de ses blessures le 6 septembre 1916, à Soyécourt.

 

Pour en savoir plus sur le sous-lieutenant Demangeon, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Louis Joseph Demengeon

 

Les adjudants-chefs et les adjudants payèrent un lourd tribut durant tout le conflit. Un gros pourcentage des hommes évoqués ici n’est pas rentré au pays.

 

Beaucoup sont devenus officiers avant de trouver la mort. Quelques-uns sont allés jusqu’au grade de capitaine. En raison des pertes en cadres (il y a eu plus d’une centaine de tués pour le 149e R.I.), la guerre fut l’occasion d’une accélération inouïe de l’avancement pour les sous-officiers de carrière, ce qui aurait été inenvisageable avant août 1914.

 

Sources :

 

« Distinguer et soumettre, une histoire sociale de l’armée française (1872-1914) de Mathieu Marly » Éditions Presses Universitaires de Rennes. 2019

 

Album régimentaire du 149R.I. de l’année 1911

 

Lettre du sous-lieutenant Demengeon. Fonds Cerclier (collection personnelle)

 

Copie de l’acte de mariage du sous-lieutenant Demengeon envoyée par la mairie du Tholy

 

Registres matricules trouvés sur différents sites des archives départementales. 

 

Site du Comité International de la Croix Rouge

 

Jounal officiel lu sur "Gallica"

 

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8

 

Dossiers individuels de sous-officiers devenus officiers consultés au S.H.D. de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carrobi, à J. Huret, à M. Lozano, à M. Porcher, à la mairie du Tholy et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

19 mars 2021

Paul Louis Émile Courtois (1897-1958)

Paul Louis Emile Courtois

 

Paul Louis Émile Courtois voit le jour le 9 avril 1897 à Varogne, une petite commune peuplée de moins de 200 habitants, située au nord-est de Vesoul, dans le département de la Haute-Saône. En 1894, son père, Émile Étienne, a épousé en secondes noces Marie Françoise Richard, la mère de Paul. Il est âgé de 36 ans à la naissance de son fils.

 

Sa première femme, Marie Augustine Lépagney, avec qui il a eu 6 enfants, est décédée l’année précédant l’arrivée de Paul. Seules deux filles ont survécu.

 

Marie Françoise Richard est âgée de 27 ans lorsqu’elle donne la vie à Paul. C’est son 3e accouchement. Elle a déjà perdu deux enfants morts-nés.

 

Les Courtois travaillent comme cultivateurs.

 

Marie Françoise meurt en couches en 1902 après avoir eu un garçon, né en 1898 et une fille née en 1900. Son dernier né ne survit pas à la naissance. Paul vient tout juste de fêter son cinquième anniversaire. Le père se retrouve seul avec une adolescente de 16 ans, une fille de 11 ans et trois enfants en bas âge.

 

Varogne

 

Émile Étienne se remarie une troisième fois, en 1904, avec Joséphine Émilie Aline Bretagne. Le couple aura une quinzaine d’enfants. L’année suivante, la famille Courtois déménage pour aller s’installer à la section des Rêpes, qui était, à ce moment-là, une zone agricole de la commune de Vesoul.

 

Paul Courtois quitte l’école communale en sachant correctement lire, écrire et compter, pour aller travailler aux champs.

 

Il a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est affiché dans toutes les communes de France. Paul est bien trop jeune pour être concerné par ces évènements. Il sait qu’il a encore de longs mois devant lui avant d’être appelé sous les drapeaux. Peut-être même échappera-t-il à la guerre. Certains pensent sincèrement que les hostilités seront terminées en quelques semaines. La suite des évènements ne leur donnera pas raison. Le conflit finit par s’enliser dans une guerre de tranchées interminable.

 

La classe 1917, à laquelle Paul est rattaché, fut appelée bien avant l’heure de la conscription du temps de paix. Dès 1915, il doit se présenter devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Vesoul. Paul étant en bonne forme physique, ce conseil le déclare bon pour les obligations militaires.

 

Peu de temps après, le futur soldat reçoit sa feuille de route qui lui ordonne de gagner Épinal. Il doit être au dépôt du 149e R.I. pour le 8 janvier 1916. Affecté à la 25e compagnie, sa formation militaire commence immédiatement.

 

Le 19 juillet, son chef d’escouade, le caporal Joly, le consigne au quartier pour une durée de deux jours. Le capitaine Delmaz transforme cette sanction en 4 jours d’arrêt de rigueur. Celle-ci est encore majorée par le chef de bataillon qui la fait passer à 8 jours. Le motif de la punition infligée est le suivant : « Au cours de l’inspection des hommes de son escouade, ce caporal, sous-pesant un sac, fit, à son détenteur, observer que le chargement était incomplet. Le soldat Courtois, présent, répondit,  faisant un geste obscène : "Sous-pèse voir celui-là". » 

 

Pour une jeune recrue, l'insolence de la réplique est énorme ! Elle dénote un caractère bien trempé.

 

Cet écart n'en fit pas un mauvais soldat : il n'y eut plus de punitions au dépôt et Paul se révéla être un excellent tireur.

 

À la mi-septembre, Paul quitte la caserne Courcy pour rejoindre le bataillon de marche du régiment qui cantonne à Fleury, dans le département de l’Oise. Il n’est pas encore tout à fait prêt pour être envoyé sur la ligne de front. Le soldat Courtois doit poursuivre son entraînement pour s’endurcir. Il doit devenir plus résistant à la marche en se déplaçant vite, sous n’importe quelle condition météorologique.

 

Le 20 novembre 1916, il est envoyé à Saint-Soupplets, en Seine-et-Marne, pour suivre une formation de signaleur-téléphoniste. Les cours dureront un mois. 

 

Paul poursuit ensuite ses apprentissages militaires au 1er groupe du bataillon d’instruction qui est installé à Rouvres.

 

Il obtient sa première permission à la fin du mois de janvier 1917. Traînant un peu trop pour revenir au bataillon, sa lenteur lui vaut 8 jours d’arrêt de rigueur.

 

Son lieutenant de compagnie lui a inscrit le motif suivant : « Titulaire d’une permission de détente de 7 jours pour Pusy-et-Épenoux (Haute-Saône), a mis 7 jours pour rejoindre la compagnie, alors qu’un de ses camarades, pour faire le même trajet, n’a mis que 4 jours. » Le chef de bataillon fait passer la punition à 15 jours. Sa formation militaire est sur le point de s’achever.

 

 

Le 16 février, le soldat Courtois part avec un renfort en direction du dépôt de la 43e D.I. qui est à Méziré, dans le département du Haut-Rhin. Ce dépôt divisionnaire change plusieurs fois d’emplacement avant que Paul ne soit envoyé dans la zone des combats.

 

Le 25 juillet 1917, il quitte la 4e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire pour rejoindre le régiment actif.

 

Depuis plusieurs semaines, le 149e R.I. occupe un secteur du Chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison, où il alterne périodes de repos et passages en première ligne, sans participer à de véritables combats.

 

Paul a probablement été versé à la 2e compagnie de mitrailleuses. Le jeune homme qui tient un petit carnet depuis son arrivée à la caserne Courcy, note, à la date du 9 août 1918 qu’il laisse derrière lui la 2e C.M. pour être affecté dans une autre compagnie du régiment.

 

Ce petit carnet ne contient que des dates et des lieux. Très rarement, l’auteur y mentionne un détail important de sa vie de soldat. Ce petit carnet reste tout de même un document d’un grand intérêt. Il ne faut pas oublier que le J.M.O. du 149e R.I. n’existe plus à partir de la date du 29 août 1914. Cette absence rend donc impossible le suivi à la loupe du régiment jusqu’à la fin du conflit. Grâce à des carnets tels que celui de Paul Courtois, il est tout à fait réaliste de pouvoir reconstruire de longues séquences de déplacements du régiment durant les quatre années de guerre.

 

Le soldat Courtois participe à la bataille de la Malmaison qui a lieu le 23 octobre 1917. Pour lui, c’est le baptême du feu. Il sort indemne de cette première expérience du combat.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 149e R.I. est envoyé en cantonnement de repos, dans la région ouest de Montmirail, après les combats de la Malmaison. Il s’installe ensuite près de Montbéliard, avant de repartir dans les Vosges, occuper un secteur autour du Violu. Le 15 janvier 1918, Paul obtient une permission de 15 jours. Il est de retour à la compagnie le 6 février. 

 

En avril, le 149e R.I. s’établit au nord-ouest de la forêt de Compiègne.

 

Fin mai 1918, le régiment spinalien est envoyé en hâte dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue au sud-est de Soissons. Les Allemands viennent de faire une percée. Il faut vite stopper leur progression. Paul Courtois est blessé le 29.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

La plupart du temps, il est quasiment impossible de retracer le parcours de soins d’un soldat blessé à partir des seules informations fournies par la fiche matricule.

 

Cette fois-ci, ce n’est pas le cas. La lecture du carnet de Paul permet une reconstitution complète de son itinéraire à partir de sa blessure jusqu’au moment où il se retrouve confortablement installé dans un lit d’hôpital.

 

Touché par une balle reçue dans la région sous nasale, la plaie nécessite une évacuation vers l’arrière, mais Paul n’a pas le droit à une ambulance. Il doit se rendre à pied jusqu’au dépôt des éclopés qui se trouve à la Ferté-Milon. Une longue marche de plusieurs kilomètres l’attend.

 

Les 30 et 31 mai 1918, il est à la gare régulatrice du Bourget.

 

Paray-le-Monial

 

Le 1er juin, Paul occupe un des 350 lits de l’hôpital principal n° 34 du service santé militaire ; cet hôpital est installé à l’intérieur de l’école Saint-Hugue à Paray-le-Monial.

 

Le 28 juin, Paul se rend à Pusey. Le jeune homme vient de bénéficier d’une permission de 17 jours. La famille Courtois est installée dans cette commune depuis 1917. Elle y loue ferme et terre pour mener son train de culture et élever, vaches, cochons, et basse-cour.  

 

Complètement rétabli, Paul Courtois gagne la gare régulatrice du Bourget depuis Pusey.

 

Début août, il est au camp de la Noblette. Le 9, Paul est muté à la 6e compagnie du 149e R.I.. Cette compagnie a été sérieusement éprouvée par une attaque au gaz le 30 juillet. Il faut reconstituer une partie de ses effectifs.

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est de nouveau engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Paul Courtois, devenu voltigeur, sert toujours à la 6e. Cette compagnie est sous les ordres du capitaine Kolb.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 11 novembre 1918, Paul Courtois entend la sonnerie du clairon qui annonce l’armistice, à Remaucourt dans les Ardennes.

 

Il est mis en congé illimité de démobilisation le 1er octobre 1919 depuis le dépôt du 35e R.I., à Belfort. Paul se retire quelque temps à Pusey avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Il se fait embaucher à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (future Alsthom), véritable aimant pour la main-d'œuvre de la région. Le livre n° 6 des entrées et des sorties du personnel de l’entreprise du 1er août 1914 au 10 décembre 1920 nous apprend que Paul Courtois s’est fait engager comme manœuvre, le 29 septembre 1920, à l'âge de 23 ans.

 

Paul s’installe à la cité du Salbert n°4 à Belfort. Il est affecté pour la mobilisation au 60e R.I.. Le 1er avril 1923, il dépend militairement du 146e R.I..

 

Paul Courtois épouse Marthe Marie Rosine Dravigney, à Chalonvillars, le 25 octobre 1923. Le couple vit dans cette commune jusqu’en avril 1928. Paul travaille toujours à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques. Formé à l’intérieur de l’entreprise, il finira par devenir fraiseur-outilleur.

 

Marthe et son époux déménagent à Belfort pour emménager au n° 62 faubourg de Lyon, avec leurs deux filles, Paulette et Andrée.

 

Le 9 octobre 1935, la famille Courtois s’installe au n° 18 faubourg de Lyon.

 

Paul décède le 7 avril 1958 à Belfort, deux jours avant de fêter son 61e anniversaire. 

 

Décoration Paul Courtois

 

Paul Courtois a été décoré de la croix de guerre avec la citation suivante :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 66 en date du 5 décembre 1918.

 

« Brave soldat qui a toujours eu une conduite parfaite en toutes circonstances et n’a cessé de faire son devoir pendant le long temps de service qu’il a accompli au front ».

 

La généalogie de Paul Louis Émile Courtois est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Carnet de route et de cantonnements rédigé par Paul Louis Émile Courtois.

 

Les photographies, les documents et le carnet qui ont servi de support à la rédaction de cette biographie proviennent tous de la collection Gerber, famille descendante de Paul Louis Émile Courtois.

 

La fiche signalétique et des services du soldat Courtois a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un grand merci à M. Bordes, à M. A. Mercerat, à  A. Carobbi, à J.L. Gerber, aux archives départementales de la Haute-Saône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

12 mars 2021

27 septembre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

27 septembre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

Tout comme pour la journée précédente, l’aumônier Henry évoque longuement ce qu’il a vécu durant le 27 septembre 1918. Cette fois-ci, il nous apprend que l’ennemi oppose une sévère résistance au 149e R.I.. Le 1er bataillon du régiment mêne toujours l'attaque. Face à lui, il a maintenant des éléments de la 3e division de la garde prussienne fraîchement arrivés dans le secteur.

 

La bataille est rude, l’ennemi est plus mordant, plus solide que les troupes affrontées la veille. Il finit par lancer une contre-attaque qui stoppe net l’avance du bataillon Hassler.

 

Dans son témoignage, l’abbé Henry évoque également l’épisode irrespectueux des droits de la Haye signalé par le commandant Fontaine, dans son article « Tactique appliquée d’infanterie » ; cet épisode concerne l’exécution de prisonniers du 149e R.I. par les Allemands.

 

Témoignage de l’abbé Henry : de la Tranchée de Postdam à la tranchée de Gratreuil

 

Pas de messe.

 

Ordre au 3e bataillon de se porter en avant. Je reste bientôt seul à la tranchée de Postdam avec la capitaine Bourgeois du 21e. La pluie commence à tomber. J’attends que le temps s’éclaircisse pour me porter en avant, moi aussi, dans la direction de la tranchée de Gratreuil.

 

On se bat en avant ; je voudrais savoir ce qui se passe. Les tanks semblent vouloir aller de l’avant ; ils passent à proximité de la tranchée, toujours accompagnés par le 21e R.I. dont un bataillon doit faire une escorte.

 

Des prisonniers ! Il en passe une soixantaine. Ils sont de la 3e division de la garde.

 

Tranchee de Posdam

 

Peu à peu, la solitude se fait au P.C. Postdam. On voit de-ci, de-là des isolés, des égarés à la recherche de leur compagnie. Ils ont de bonnes raisons ; ils ont accompagné des prisonniers, ils se sont perdus au retour…N’approfondissons pas !

 

Vers la tranchée de Gratreuil

 

9 h 00 : Il n’y a qu’à traverser la route et à s’en aller droit sur la rangée d’arbres qui est en face.

 

À gauche, Somme-Py est toujours aux mains des Boches qui ont l’air de se défendre là avec la dernière énergie. Les obus tombent un peu partout, les balles de mitrailleuses balaient la plaine.

 

Bois de la Fouine

 

Il est désert en ce moment. Pourtant, M. Richard y a son P.S.. M. Rouquier a dû s’y transporter également. Je ne les trouve pas et à vrai dire, je ne m’attarde pas bien longuement à les chercher. Un grand cimetière boche ; je passe rapidement. En face de moi, déployés en tirailleurs, couchés à même sur le sol, à peine masqués à gauche par une plantation de sapins, j’aperçois des nôtres.

 

De la tranchee de Posdam à la tranche de Grateuil

 

D’un trou, on m’appelle, c’est le lieutenant Ferry avec sa liaison. Je descends avec eux. Le lieutenant m’explique : les 1er et 2e bataillons sont en avant, le 3e a fait placer la 10e et la 11e Cie dans la tranchée de Gratreuil. La 9e est disposée en flanc-garde et surveille du côté de Somme-Py. Nous continuons en effet à être très en pointe et la situation pourrait devenir tragique si jamais les Boches étaient en mesure de contre-attaquer.

 

Je reste une heure avec la 9e, assez pour me rendre compte que les Boches ne sont pas loin à gauche ; car ils ont là une mitrailleuse qui tape sans arrêt et nous empoisonne.

 

Tranchée de Gratreuil - P.S. de M. Ruffin

 

L’installation n’est pas mauvaise ; les abris sont bons, quoique mal orientés ; on ne peut se garer efficacement d’un marmitage même soigné. Tout à l’heure, une cinquantaine de prisonniers sont passés, capturés sans doute par les chasseurs.

 

Au P.S. de M. Ruffin arrivent tous les blessés du 2e bataillon et du 1er. Je suis donc bien à ma place ici pour les voir au passage. Il en vient quelques-uns de 10 h 00 à 15 h 00. Faut-il prendre au sérieux les renseignements qu’ils donnent ? C’est plutôt vague.

 

M. Beloux a installé son P.S. sous la voie de chemin de fer qui est à 100 mètres devant nous. Il paraît qu’il y a là de bons abris. Décidément, les Boches en avaient partout. Sur le bord de la tranchée de Gratreuil, quatre pièces de 77 ont été abandonnées par les Boches qui n’ont pas eu le temps de les enlever.

 

C’est une bonne prise ; quel malheur que le coup de filet n’ait pas été plus fructueux ! Et dire qu’il aurait pu l’être ! Que Somme-Py lui-même semble avoir été abandonné un instant par les Boches dans la journée d’hier ! Ils n’ont pas été longs à y revenir et combien en force !

 

Le 1er bataillon est aux prises avec la tranchée de Nassau qui est à deux bons kilomètres en avant. Il y a, paraît-il, grande résistance.

 

15 h 00 : l’artillerie boche redouble d’intensité. Quelque chose se prépare. Le Boche n’est point du tout prêt à filer, il réagit et même violemment. Les obus doivent chercher notre artillerie qui elle aussi est obligée de se déplacer, d’avancer sans cesse. Et puis, il faut ravitailler les pièces ; cela doit offrir une grande difficulté.

 

Le colonel est blessé, mais légèrement. Voila la nouvelle apportée au P.S.. Le colonel à 15 h 00 se déplaçait pour s’établir tranchée de Gratreuil. On a vu des obus tomber dans son voisinage ; on l’a vu courir au P.S. de M. Rouquier. Mais non ! la nouvelle est inexacte, le colonel n’est pas blessé, il a reçu simplement une pierre sur la chaussure.

 

Que se passe-t-il en avant ? Le combat semble redoubler de violence. Voici des nouvelles ; elles sont mauvaises, très mauvaises. Le 1er bataillon a été cette fois vraiment contre-attaqué par la 3e division de la garde prussienne que j’ai signalée à tort dès hier. C’est aujourd’hui seulement qu’elle entre en scène.

 

La 1ère et la 2e compagnie, en flèche avancée, ont été enveloppées par les Boches. Le lieutenant Cazain de la 2e a été tué ou pris. On dit que les Boches furieux d’avoir été battus ont massacré leurs prisonniers. J’aime mieux croire que c’est faux.

 

La nouvelle de ce petit désastre produit une fâcheuse impression. Il semble que ce malheur aurait pu être évité et qu’on s’est trop pressé de nous pousser en avant, sous prétexte qu’il n’y a personne en face. Ce qui est vrai un moment cesse de l’être le moment suivant. Le sous-lieutenant Cazain, disparu, tué peut-être, c’est une très grosse perte. Voilà Robinet avec ses deux lieutenants tués ! Heureusement pour Saintot qu’il est en permission.

 

Je m’attendais à voir affluer les blessés de l’attaque. Il en vient peu ; donc les Boches ont réussi leur coup ; ils nous ont fait reculer et nos blessés sont restés entre leurs mains. Il n’y a pas à en douter, voilà le 1er bataillon bien abîmé. David, me dit-on, est malade à évacuer, sinon évacué.

 

Hélas ! Cela ne va plus ! Les heures dures commencent. Inutile de songer à la relève ; elle n’aura lieu que quand le régiment sera tout entier par terre !

 

Rocmort est rentré de permission et a rejoint son P.S. sous la voie ferrée. Tant mieux ! Je pourrai m’occuper plus spécialement du 3e bataillon.

 

La soirée s’achève tristement. Le médecin-major Ruffin me donne l’hospitalité pour la nuit. Le colonel n’est guère qu’à 300 mètres, mais la tranchée est pleine de boue.

 

Ce matin, j’ai salué au passage le corps de ce pauvre Lepaux rapporté à l’arrière et qui sera enterré à Somme-Suippe.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Les deux morceaux de cartes utilisés sont extraits de l’article « Tactique appliquée d’infanterie » rédigé par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, et à J.L. Poisot.

26 février 2021

Jean Marius Montagnon (1894-1917)

Jean Marius Montagnon

 

Le 4 avril 1894, Jean Marius Montagnon voit le jour dans le 3e arrondissement lyonnais, au 27 de la rue de Marseille.

 

Sa mère, Agathe Marie Neyton, est âgée de 21 ans. Elle exerce la profession de femme de ménage. Son père, Rémy, natif du département de l’Ain, est épicier. Il a 28 ans.

 

Une sœur naît le 28 avril 1900. Le couple Matignon n’aura pas d’autres enfants.

 

 

La fiche matricule de Marius mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale.

 

La profession indiquée sur cette fiche laisse supposer que Marius a travaillé dans la même épicerie que son père avant de faire ses obligations militaires. Cependant, le terme « employé de commerce » reste bien trop vague pour que cette hypothèse puisse être véritablement confirmée.

 

La guerre contre l’Allemagne est inéluctable en août 1914. Pour Marius, ce n’est pas encore tout à fait l’heure de revêtir l’uniforme. Il n’est pas concerné par l’ordre de mobilisation générale puisque c’est l’année de sa conscription.

 

Le jeune homme sait simplement qu’il va bientôt devoir se rendre dans une caserne de l’Hexagone pour être initié au métier des armes. Il a été déclaré « bon pour le service armé » par la médecine militaire du conseil de révision ; ce conseil s’est réuni à la mairie du 7e arrondissement lyonnais quelques mois avant le début du conflit.

 

La classe 1914 est appelée par anticipation. Deux mois avant la date prévue, Marius Montagnon est dans l’obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I..

 

Dès le 4 août 1914, ce dépôt, initialement implanté à Épinal, a dû déménager à Jorquenay, un petit village haut-marnais situé au nord de Langres. La caserne Courcy n’était pas assez spacieuse pour accueillir l’ensemble des réservistes du 149e, du 349e R.I. et du 43e R.I.T..

 

Marius gagne Jorquenay le 7 septembre. Une fois de plus, les cantonnements occupés sont trop exigus pour accueillir les nouveaux arrivants de la classe 14. Il faut prévoir un second déplacement du dépôt. Celui-ci a lieu le 21 septembre. Les jeunes conscrits s’installent à Rolampont, une commune située au nord-ouest de Jorquenay.

 

Les conditions de vie sont rudes, il faut aller vite dans les apprentissages militaires. Les hommes seront envoyés sur la ligne de front avec une base minimum de connaissances.

 

Marius a probablement suivi le peloton des élèves caporaux pendant son instruction, ce qui expliquerait ses promotions rapides. Il passe de soldat de 2e classe à sergent en à peine plus de deux mois. Il devient soldat de 1ère classe en mai 1915, caporal en  juin puis sergent en juillet.

 

La date éventuelle de son passage au 9e bataillon n’est pas connue, pas plus que celle où il a été versé dans une des compagnies du régiment actif qui se trouve en Artois, dans le secteur Aix-Noulette.

 

Fin septembre 1915, le sergent Montagnon participe à une attaque qui doit déboucher sur la prise du bois en Hache, au sud d’Angres. Il est blessé au cours d’un des engagements qui a lieu durant la journée du 26. Les brancardiers parviennent à le transporter jusqu’au poste de secours. C’est l’évacuation vers l’arrière.

 

Pour en apprendre davantage sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 26 septembre 1915

 

Le sergent Montagnon est de retour au dépôt du 149e R.I. le 30 novembre 1915. Le jour de Noël, il passe à la 25e compagnie. Le 14 janvier 1916, il est affecté à la 26e compagnie. Six jours plus tard, le sous-officier est envoyé avec un renfort au régiment actif. Marius est à Verdun en mars et avril 1916, puis dans la Somme en septembre où son régiment participe à la reprise des villages de Soyécourt et de Déniécourt.

 

Le 27 septembre 1916, il rejoint le dépôt de la 43e D.I.. Le motif et la durée de son séjour au dépôt divisionnaire ne sont pas indiqués sur sa fiche matricule.

 

Une photographie réalisée le 10 avril 1917 confirme la présence de Marius au sein de l’équipe des sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

L’identification de cet homme a été rendue possible grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Un tirage identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun des sous-officiers sont inscrits à la droite de la photographie.

 

Quelques semaines plus tard, la 10e compagnie est en 1ère ligne du côté d’Aizy-Jouy. La zone est dangereuse. Elle est régulièrement bombardée.

 

Le 21 juin 1917, le sergent Montagnon est grièvement blessé par un obus de 88. Il est impossible de le maintenir en vie, les lésions sont trop importantes.  Il meurt au poste de secours à l’âge de 23 ans. Les circonstances de son décès sont évoquées dans une des lettres rédigées par le sergent Marquand ; ces lettres figurent dans le livre de Francis Barbes.

 

« … Je vous ai écrit que j’étais à un poste d’observation. Nous étions 2 sergents et nous nous relevions toutes les 6 heures. Il était 3 heures, je venais de quitter le poste pour aller roupiller lorsque 10 minutes après, un obus de 88 arrive dans le créneau et blesse grièvement l’autre sergent qui, par bonheur, était seul. J’ai bondi avec un homme pour le retirer des décombres. Il avait le bras gauche arraché, touché dans les reins et une jambe fracassée. On l’a traîné comme on a pu jusqu’à un abri où je lui ai fait un garrot en attendant les brancardiers. Mais il est mort au poste de secours. Que ceux qui ont déchaîné la guerre assistent à de tels spectacles !!! »

 

Un autre fait marquant a eu lieu au cours de cette journée au 149e R.I.. Un obus a explosé à l’intérieur du P.C. Constantine, faisant plusieurs victimes à la liaison du 3e bataillon du régiment.

 

Pour en apprendre davantage sur cet évènement, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

PC Constantine

 

Marius Montagnon a été inhumé par les soins du groupe de brancardiers de la 43e D.I..

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle à son nom. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 20.

 

Le sergent Montagnon a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment en date du 17 octobre 1915 :

 

« Le 27 septembre 1915, devant Angres, aux cours de travaux périlleux qu’il dirigeait pour l’établissement d’une sape en avant d’une position nouvellement conquise, a été blessé. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 5 en date du 28 juin 1917 :

 

« Sous-officier de liaison ayant fait preuve en maintes circonstances d’un mépris absolu du danger. Déjà cité une fois à l’ordre. Tombé glorieusement à son poste de combat le 22 juin 1917. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume avec le même énoncé que sa citation à l’ordre de la division (publication dans le J.O. du 8 novembre 1920).

 

L’acte de décès de ce sous-officier fut transcrit à la mairie du 7e arrondissement de la ville de Lyon le 24 mars 1918.

 

Marius ne s'est pas marié et n'a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Montagnon, les actes d’états civils concernant sa famille, les registres de recensements des années 1896, 1906 et 1911 de la ville de Lyon ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

L’acte de décès du sergent Montagnon officialise sa mort au 21 juin 1917 contrairement à sa fiche « mémoire des hommes » et à son registre matricule qui la datent au jour suivant.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

19 février 2021

Joseph Marie Pierre Guillaume Léauté (1890-1918)

Joseph Marie Pierre Guillaume léauté

 

Originaire du département de la Côte-du-Nord, Joseph Marie Pierre Guillaume Léauté naît le 7 décembre 1890 à Uzel, une petite commune située au sud de Saint-Brieuc.

 

Sa mère, Marie Joseph Jeanne Marie Moisan, est âgée de 20 ans. Son père, Joseph Mathurin Marie, a 32 ans lorsque son fils voit le jour. Il exerce la profession de commerçant.

 

Joseph est l’unique enfant du couple Léauté.

 

La fiche matricule de ce jeune breton indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter, mais ses acquisitions scolaires sont bien plus élevées que celles de la plupart des hommes qui possèdent le même niveau de connaissance.

 

Joseph a fréquenté l’école marianiste Saint-Charles de Saint-Brieuc entre 1900 et 1903. Instruit et enthousiaste pour tout ce qui concerne la Bretagne, il suit, avec grand intérêt, les séances de diverses associations bretonnes, particulièrement celles qui se déroulent à l’Association Régionaliste Bretonne où son père a longtemps présidé la section économique.

 

Le chef de famille est devenu fabricant de toile. Patron de son entreprise de textile, il propose un poste à son fils qui accepte de travailler avec lui. L’avenir professionnel semble assuré. Les années passent, il est maintenant l’heure de penser aux obligations militaires.

 

En parfaite santé, Joseph est inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1911 par le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie d’Uzel.

 

Le jeune homme effectuera son temps de conscription à la 10e section des secrétaires d'état-major et de recrutement à Rennes. Il échappe ainsi aux longues marches et au maniement du Lebel qui sont le lot quotidien du fantassin.

 

Le soldat Léauté passe dans la réserve de l’armée active le 1er octobre 1913.

 

L’administration militaire n’a plus de secret pour lui. L’article 33 de la loi du 21 mars 1905 le maintient encore quelque temps au régiment. Joseph n’est renvoyé dans ses foyers que le 8 novembre.

 

De retour à Uzel, son certificat de bonne conduire en poche, il retrouve sa place au sein de l’entreprise paternelle. Cette période sera de courte durée. L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent. La paix est menacée. L’ordre de mobilisation générale est décrété le 2 août 1914. Le monde est à l’aube d’un conflit sans précédent.

 

Joseph doit rendosser son uniforme au plus tôt. Il ne s’y attendait probablement pas. Il a ordre de réintégrer la 10section de secrétaires d'état-major et de recrutement le 3 août 1914. Le soldat Léauté sait qu’il a de la chance, en comparaison avec bien d’autres !

 

Secrétaire d'état-major veut tout simplement dire qu'il a été affecté soit à une direction des étapes et des services, soit à un corps d’armée, soit à une division, mais nous n'en saurons pas davantage, sa fiche matricule reste muette sur le sujet.

 

Une question tout de même ! Pourquoi a-t-il occupé ces fonctions si longtemps alors que ce type de poste aurait normalement dû le faire tomber sous le coup de la loi Dalbiez dès la fin de l'année 1915 ? Ce qui aurait entraîné son affectation dans une unité combattante.

 

Joseph est donc resté très en retrait de la ligne de front jusqu’à ce qu’un avis signé par le général Guérin, datant du 3 mars 1917, le fasse affecter au 123e R.I..

 

Que s’est-il passé pour lui à partir de cet instant ? A-t-il été dirigé sur le dépôt du régiment à La Rochelle ? A-t-il été envoyé directement au 9e bataillon, dans la zone des armées, à proximité de son ancienne unité d'affectation ? A-t-il exercé un temps de nouvelles fonctions administratives ou non ? Mystère !

 

Le 25 octobre 1917, Joseph Léauté est muté au 149e R.I.. À cette période du conflit, ce régiment termine une période d’engagements dans le secteur de La Malmaison, à proximité du chemin des Dames.

 

La date d’arrivée de Joseph dans la zone des combats reste ignorée, mais, cette fois-ci, nous savons avec certitude qu’il n’est plus derrière un bureau. Une de ses citations nous apprend qu’il est devenu agent de liaison.

 

Fin mai 1918, le 149e R.I. est envoyé d’urgence en camions dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands ont déclenché une attaque qui risque de percer le front français. Il faut à tout prix les stopper.

 

Le 29 mai, Joseph assure la liaison. Il court sous de violents tirs de mitrailleuses pour acheminer les ordres.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte Restitue 2

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Joseph Léauté sert à la 3e compagnie sous l’autorité du lieutenant Bihr.

 

Ce jour-là, il est touché par une balle reçue à l’abdomen. Celle-ci reste fixée du côté des reins. Il est près de 16 h 00. Pris en charge par les brancardiers, il est transbahuté à travers un long dédale de tranchées. Les souffrances sont terribles. Le caporal Léauté arrive à l’hôpital de Bussy-le-Château à 21 h 00. Le médecin qui l’examine constate qu’il n’y a plus rien à faire. Aucun espoir de le sauver, la blessure est mortelle. L’infirmier-prêtre breton Le Bras, ancien vicaire à Saint-Saglien, lui donne l’absolution.

 

Joseph décède le lendemain à 5 h 30.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 26 septembre 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Joseph Léauté a porté le double galon rouge de caporal, mais la date de sa nomination dans ce grade n’est pas inscrite sur sa fiche matricule.

 

La page qui lui rend hommage dans le livre d’or « aux anciens élèves de l’école Saint-Charles morts pour la France » évoque deux citations à l’ordre du corps d’armée.

 

Sa fiche matricule lui attribue une citation unique à l’ordre du régiment.

 

Cité à l’ordre du régiment n° 34 en date du 21 juin 1918 (fiche matricule à l’ordre du régiment - livre d’or à l’ordre du C.A.).

 

« Agent de liaison très dévoué, s’est toujours acquitté des missions qui lui étaient confiées, particulièrement le 29 mai 1918 où, sous un violent feu de mitrailleuses, il a assuré une liaison parfaite au plus grand mépris du danger. »

 

Citation à l’ordre du C.A. (livre d’or).

 

« Mort pour la France, le 27 septembre 1918, des suites de ses glorieuses blessures reçues en se portant à l’assaut des positions ennemies. S’était déjà fait remarquer par sa belle conduite au feu. »

 

Il n’a pas été retrouvé trace d’une décoration de la Médaille militaire dans les J.O. qui sont consacrés à cette distinction.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de sa commune de naissance.

 

Le caporal Léauté ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Il n’existe pas de sépulture militaire à son nom. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 20.

 

Sources :

 

La fiche matricule de Joseph Léauté et les registres de recensement de la commune d’Uzel pour les années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont été consultés sur  le site des archives départementales des Côtes-d'Armor.

 

Livre d’Or « aux anciens élèves de l’école Saint-Charles morts pour la France »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Julien, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Côtes-d’Armor.

12 février 2021

Charles Joseph Beauvalot (1885-1958)

Charles Joseph Beauvalot

 

Anne Marie Célestine Grey met au monde Charles Joseph le 20 mars 1885. Deux jours plus tard, son époux, François, se rend à la mairie de Selongey pour faire enregistrer l’enfant sur le registre d’état civil. Il est accompagné des témoins Jean Baptiste Bernard Veillot, clerc de notaire, et Jean Ernest Bony-Lécuret, propriétaire rentier. Anne Marie Célestine, qui a déjà donné la vie à deux filles et un garçon, est âgée de 28 ans. François a 35 ans. Il travaille comme charpentier.

 

Charles perd son père à l’âge de trois ans. La mère élève ses enfants seule. Elle ne se remariera pas.

 

Selongey

 

Charles Joseph Beauvalot effectue sa scolarité primaire à l’école de Selongey.

 

Sa fiche signalétique et de services indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il possède de bonnes bases en écriture, en lecture et en calcul. Cette fiche nous apprend également qu’il a exercé le métier de boulanger durant une partie sa jeunesse. Cette profession, barrée par la suite, a été remplacée par celle de représentant.

 

En 1906, Charles est classé dans la 1ère partie de la liste par le conseil de révision. Incorporé au 27e R.I. de Dijon, il intègre la caserne Vaillant le 7 octobre 1906.

 

Caserne Vaillant 27e R

 

Charles Beauvalot passe dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1908, sans avoir fait la formation de chef d’escouade. Il ne sera donc pas caporal. L’ancien conscrit termine ses obligations militaires avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Durant les années suivantes, le jeune homme ne parvient pas à se fixer bien longtemps dans une ville. La vie lui impose un changement régulier de domicile, une situation probablement liée à sa profession. En effet, le métier de représentant exige d’incessants déplacements. Plusieurs questions se posent. A-t-il eu plusieurs employeurs ? Avait-il un caractère plutôt « bohème » ? Quelques difficultés financières ? Pour l’instant, les raisons qui pourraient être évoquées pour tenter d’expliquer cette mobilité ne sont pas connues.

 

En octobre 1909, Henry Beauvalot vit à Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne. En décembre 1910, il réside à Châteaurenard, dans le département du Loiret où il séjourne seulement quelques semaines. Henry habite ensuite au 35 rue Ernest Renan à Issy dans le département de la Seine.

 

De retour à la caserne Vaillant pour effectuer sa 1ère période d’exercice, il réendosse l’uniforme de fantassin entre le 20 août et le 13 septembre 1911.

 

Il change encore de lieu de résidence en février 1912 pour aller s’installer au 30 avenue de Paris à La-Plaine-Saint-Denis.

 

Ce déménagement entraîne son rattachement à une nouvelle unité militaire pour tout ce qui concerne « l’impôt de sang ». Le 15 avril 1913, l’ancien soldat du 27e R.I. est enregistré sur les registres du 149e R.I.. Il devra se rendre à Épinal et non plus à Dijon pour effectuer sa 2e période d’exercice ; celle-ci a lieu du 14 au 30 mai 1913.

 

L’année suivante, les relations diplomatiques avec l’Allemagne s’enveniment à tel point que l’ordre de mobilisation générale est prononcé au cours de l’été 1914. 

 

Charles jette un rapide coup d’œil sur son livret militaire. Il faut se remettre en mémoire la date où il doit rejoindre le dépôt de son régiment d’affectation lorsqu’une telle situation se présente. Il ne dispose que de quelques heures. Charles doit impérativement être à Épinal le 3 août 1914.

 

Caserne Courcy

 

La fiche matricule de Charles Beauvalot ne donne pas de détails sur son parcours de combattant, mais l’on peut quasiment affirmer qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par le 149e R.I. entre le 9 août 1914 et  la date de sa première blessure.

 

Le soldat Beauvalot est nommé caporal le 24 mai 1915. Il est évacué malade à l’ambulance n° 8 du 21e C.A. du 16 juin au 5 juillet 1915. À cette période du conflit, il est chef d’escouade à la 10e compagnie. Le fait d’être alité durant quelques jours ne l’empêche pas d’être promu sergent dès le 23 juillet.

 

Le sous-officier Beauvalot participe ensuite aux attaques de septembre 1915. Sa compagnie est sous les ordres du capitaine Canaux.

 

En mars et avril 1916, le 149e régiment est engagé dans le secteur de Verdun. La 10e compagnie est maintenant sous l’autorité du capitaine Gérard. Charles y gagne sa croix de guerre en obtenant une citation à l’ordre de la brigade. En septembre, il combat dans la Somme. Cette fois-ci, il obtient une palme qu’il peut porter avec fierté sur sa récente décoration acquise à Verdun.

 

Contrairement à bon nombre de ses camarades sous-officiers, le sergent Beauvalot traverse ces trois dernières épreuves sans aucune égratignure, ce qui est assez rare pour être souligné.

 

Le 10 avril 1917, les sous-officiers de la 10e compagnie profitent d’une période d’accalmie pour se faire « tirer le portrait », loin de la zone des combats.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Il a été possible d’associer un visage au nom du sergent Beauvalot grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Une photographie identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun de ces sous-officiers sont inscrits à la droite du cliché.

 

Le régiment, qui a pour devise « Résiste et mord », occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. Le 149e R.I. ne sera pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre 1917.

 

La bataille de la Malmaison commence le 23. La 10e compagnie est envoyée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon dans la 2e phase de l’opération, après avoir été soutien d’offensive durant la 1ère phase.

 

Le sergent Beauvalot est touché par un éclat d’obus qui le blesse dans la région lombaire. Évacué vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital n° 3 de Provins. Charles quitte cet établissement le 22 décembre.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

1er objectif secteur d'attaque du 149e R

 

Le sergent Beauvalot est nommé adjudant trois jours après la bataille de la Malmaison. Il obtient également une nouvelle citation à l’ordre de l’armée pour ses actions d’éclat au cours de l’offensive du 23 octobre.

 

Après une convalescence, une permission et un passage obligé au dépôt du 149e R.I., Charles est de retour dans la zone des armées le 25 janvier 1918. En l’état des informations qui ont été retrouvées, il est impossible de dire s’il a réintégré les rangs de la 10e ou s’il a été affecté à une autre compagnie du régiment.

 

Fin mai 1918, la 43e D.I. est envoyée en urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Il faut à tout prix contenir une virulente offensive allemande. 

 

Le 28 mai, l’adjudant conduit sa section au feu. Il est de nouveau blessé. Une balle lui  traverse le bras gauche dans le sens longitudinal. Cette blessure en séton est très sérieuse. Une nouvelle prise en charge médicale s’impose. Charles est évacué par train sanitaire à l’hôpital n° 50 de Vichy où il reste du 29 mai au 30 mai. Le 1er juillet il occupe un lit  à l’hôpital n° 12 de Vichy.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry-House

 

S'il est renvoyé au front, la date de son retour n’est pas connue. En effet, le texte qui accompagne l’attribution de la Médaille militaire qu’il a obtenue en 1919, atteste un retour au front en octobre 1918. La citation confirme que l’adjudant Beauvalot a été blessé pour la troisième fois, au cours de la bataille de la Hunting Stellung, le 27 octobre 1918. Mais dans le même temps, sa fiche matricule ne porte aucune mention de cette blessure ni même d'un retour au front ; en effet, cette fiche le place à "l'intérieur" suite à sa blessure de guerre, jusqu'à sa démobilisation, et après avoir été hospitalisé à l’hôpital n° 12 de Vichy jusqu’au 27 octobre 1918. Une troisième source manque pour clarifier ce qui pourrait être une erreur au niveau de la citation ou un oubli sur la fiche matricule.

 

Le Dépôt démobilisateur du 1er Zouave l’envoie en congé illimité le 1er avril 1919. Charles se retire à Plaine Saint-Denis, au 22 avenue de Paris. Le 13 juillet 1921, il demeure 60 rue Philippe de Girard, dans le 18e arrondissement de Paris.

 

La commission de réforme du 3e bureau de la Seine du 2 juillet 1926 le maintient au service armé avec une pension temporaire de 10 % ; cette pension se justifie par une perte de substance musculaire au niveau de faisceau antérieur du deltoïde droit et pour une cicatrice, légèrement adhérente, au niveau d’un cal de fracture du radius gauche au 1/3 moyen ; s’ajoute à cela un séton superficiel du dos.

 

Le 1er avril 1927, l’ancien adjudant est classé « sans affectation ».

 

Le 26 octobre 1928,  Charles Beauvalot occupe un logement au 15 avenue Sadi-Carnot à Crépy-en-Valois.

 

La commission de réforme du 4e bureau de la Seine, qui s’est réunie le 26 décembre 1928, lui accorde une pension temporaire pour un taux d’invalidité de 10 % concernant une main gauche "bote" ; ceci est dû à sa fracture du radius par balle, ce qui a engendré un raccourcissement de cet os de 1, 2 cm et une cicatrice de 8 cm à la région deltoïdienne. Ce faible taux d’invalidité le maintient au service armé.

 

Le 27 juillet 1929, Charles vit au Vert Galant, avenue de la Gare, dans la ville de Villepinte.

 

Sa pension temporaire de 10 % est transformée en pension définitive par la commission de réforme du 4e bureau de la Seine du 11 juin 1930.

 

Le 31 octobre 1930, Charles Beauvalot épouse Marie Eugénie Lombard à Crépy-en-Valois. Il a 45 ans.

 

Le sergent Beauvalot  a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 39 du 26 mars 1916 :

 

« Excellent sous-officier dévoué et énergique. Au cours des combats du 10 au 15 mars 1916, n’a cessé un seul instant de donner le plus bel exemple de calme, de courage et d’entrain. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 106 du 15 septembre 1916 : 

 

« Sous-officier d’une énergie et d’une bravoure admirable. Le 9 septembre 1916, a su entraîner ses hommes à l’attaque d’un poste ennemi sous un bombardement violent avec un allant et une autorité remarquable. A ensuite déployé la plus fructueuse activité dans l’organisation de la tranchée conquise. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 175 du 8 novembre 1917 :

 

« Gradé d’une énergie allant jusqu’à la témérité, a entraîné très brillamment sa section à l’assaut des lignes ennemies, blessé très grièvement au cours des opérations, n’a quitté son commandement qu’après avoir donné tous les renseignements nécessaires à l’attaque. »  

 

La citation suivante ne figure pas sur sa fiche matricule.

 

Citation à l’ordre du corps d’armée (publication dans le J.O. du 14 juillet 1918) :

 

« Très belle conduite au feu. S’est dépensé sans compter dans les situations  les plus difficiles dans les durs combats de …, donnant à ses hommes le plus bel exemple de dévouement. A été blessé au cours de l’action. »

 

Médaille militaire (publication J.O. du 8 avril 1919. Cette décoration prend rang à compter du 25 décembre 1918).

 

« Excellent sous-officier, a déjà fait preuve en maintes circonstances, s’est distingué une fois de plus le 25 octobre 1918 par la maîtrise de son calme, le courage avec lesquels il a conduit sa section sous les feux nourris de mitrailleuses ennemies, donnant à tous le plus bel exemple de mépris absolu du danger. A été blessé le 27 octobre. Deux blessures antérieures. Quatre citations. »

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant Beauvalot donne une autre version concernant l’attribution de cette décoration. Elle indique qu’il a été décoré de la Médaille militaire suite à la décision ministérielle 12885K en date du 8 août 1918. 

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de l’ancien sous-officier du 149e R.I., il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

log geneanet

 

Charles Joseph Beauvalot est décédé le 2 décembre 1958 à l’âge de 73 ans.

 

Sa descendance n’est pas connue.

 

Sources :

 

La fiche matricule de l’adjudant Beauvalot, les registres d’états civils et de recensement de la commune de Selongey ont été consultés sur le site des archives départementales de la Côte-d’Or.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à J. Buttet, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Côte-d’Or et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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