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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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4 septembre 2020

Henri Félix Sauvage 1884-1915)

Henri Felix Sauvage

 

Henri Felix Sauvage est né le 8 février 1887 au domicile parental, dans le 4e arrondissement de la ville de Lyon. Son père, Charles Thomas Sauvage, est âgé de 31 ans ; sa mère, Adrienne Joséphine Bruyas, a 30 ans. Les parents vivent rue du Pavillon. Ils sont tous les deux tisseurs. Plus tard, la famille Sauvage réside au n° 9 de la rue Gigodot. Henri Félix est le second d’une fratrie composée de 4 enfants.

 

Genealogie famille Sauvage

 

Henri suit une scolarité qui lui permet d'acquérir les connaissances de base dispensées par l'enseignement primaire.

 

Adolescent, il apprend le métier de cartonnier. Il exerce cette profession durant quelques années, mais elle finit par ne plus lui convenir. À peine ses 18 ans atteints, il décide de s'engager volontairement pour une durée de trois ans.

 

Le jeune homme signe son contrat avec l’armée le 20 février 1905. Il choisit le 133e régiment d'infanterie, une unité qui tient garnison à Belley.

 

Son père décède en octobre 1905. Le 20 février 1906, Henri bénéficie d’une disponibilité liée à l'article 21 de la loi du 15 juillet 1889 en qualité de "fils aîné de veuve ". Son séjour dans ce régiment n'ayant donné lieu à aucun problème particulier, Henri obtient son certificat de bonne conduite.

 

L’année suivante, la vie militaire finit par lui manquer. Le 19 août 1907, il renonce à son exemption. Dès le lendemain, il intègre le 149e régiment d'infanterie d’Épinal en qualité de soldat de 2e classe.

 

Au terme de ses trois années d'engagement, Henri passe dans la réserve active le 20 février 1908, avec un nouveau certificat de bonne conduite.

 

Revenu à la vie civile, il réside à Hersin-Coupigny, du 11 août au 6 novembre 1908, chez Camille Nicaisse, un houilleur belge. À partir de cette date, Henri retourne vivre à Lyon. Il habite au n° 24-26 de la rue du Mail dans le quartier de la Croix Rousse. Il exerce la profession de voiturier.

 

Le jeune homme est condamné à un mois d'emprisonnement avec sursis pour abus de confiance, une sentence qui a été prononcée par le tribunal correctionnel de Lyon, le 15 juillet 1911.

 

Lorsque le 1er conflit mondial du XXe siècle éclate en août 1914, Henri Sauvage à obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I.. Le 4 août, il est à la caserne Courcy.

 

Affecté à la 9e compagnie, il participe à tous les combats du régiment dans les Vosges, dans la Marne, en Belgique et en Artois.

 

Le 29 avril 1915, Henri Félix Sauvage est condamné par le conseil de guerre de la 43e D.I. à 30 jours d'emprisonnement pour ivresse publique et manifeste.

 

Le 10 juillet 1915, il comparaît de nouveau devant cette même juridiction. Cette fois-ci, le soldat Sauvage doit répondre d'infractions nettement plus graves. Il lui est reproché les faits suivants :

 

- le 14 juin 1915, entre Boyeffles et Aix-Noulette a abandonné son poste en présence de l'ennemi.

 

- le 15 juin 1915, à Aix-Noulette, a refusé d'obéir à l'ordre de son supérieur le médecin aide-major de rejoindre la compagnie pour marcher contre l'ennemi, et ce, en présence de l'ennemi.

 

- le même jour, au même lieu, a refusé d'obéir au même ordre qui lui était donné par son supérieur, le caporal Benoît, du même régiment, et ce, en présence de l'ennemi.

 

- le 16 juin 1915, au même lieu, a refusé d'obéir au même ordre que lui a donné à nouveau le médecin aide-major Cleu, et ce, en présence de l'ennemi.

 

Le conseil de guerre qui siège au Quartier Général est installé à Hersin-Coupigny. Il est présidé par le chef de bataillon Perrin du 31e B.C.P.. Les assesseurs sont le chef d'escadron Perrier qui commande les trains régimentaires de la 43e D.I., le capitaine Roudet du 4e régiment de Chasseurs à cheval, commandant le 3e demi-régiment, le lieutenant Nestre du 31e B.C.P. et l'adjudant Petit du 12e R.A.C..

 

À l'unanimité, les membres du conseil de guerre retiennent la culpabilité de ce soldat. Il est condamné à la peine de mort.

 

C'est en vertu de l'ordre d'exécution du 11 juillet qu’Henri Félix Sauvage est fusillé le lendemain à 5 h 00 à Hersin-Coupigny.

 

La base des fusillés de la Première Guerre mondiale consultable sur le site « mémoire des hommes » est peu prolixe pour nous aider à comprendre la singularité du parcours de cet homme. Elle ne comporte que deux documents :

 

- la fiche du décès survenu le 12 juillet 1915 qui comporte une date de naissance erronée. Elle indique le 8 février 1884 au lieu du 8 février 1887. Ce soldat était de la classe 1907 et non de celle de 1904 comme indiqué par la fiche de présentation de son dossier.

 

- le jugement du conseil de guerre de la 43e D.I. du 10 juillet 1915 et le procès-verbal de l'exécution du 12 juillet 1915.

 

Le dossier d'instruction est manquant.

 

Ces documents sont bien trop succincts pour déterminer les raisons pour lesquelles Henri Félix Sauvage est passé de l'engagement volontaire à la condamnation à mort.

 

Il est cependant possible de suppléer aux lacunes de son dossier en puisant dans le dossier de procédure d’un autre condamné à  mort.

 

En effet, Henri Félix Sauvage a comparu le même jour qu'un autre soldat du 149e R.I., Eugène Favier, qui fut poursuivi pour des infractions similaires.

 

Ainsi, les notes d'audience rédigées lors de la comparution d'Eugène Favier devant le conseil de guerre, notamment celles qui relatent la déposition du médecin aide-major Cleu, révèlent ceci : le 14 juin 1915, au lieu de suivre leurs unités qui se rendaient dans le secteur d'Aix-Noulette pour combattre, ces deux soldats se sont arrêtés au poste de secours d'Aix-Noulette.

 

Ils se sont présentés en état d'ivresse devant ce médecin qui leur a alors intimé l'ordre de rejoindre sans délai leur compagnie respective (la 2e pour le soldat Favier, la 9e pour le soldat Sauvage).

 

Le caporal d'ordinaire du 149e R.I., entendu également comme témoin lors du procès de Eugène Favier, a déclaré que le lendemain, le 15 au matin, il avait lui-même constaté que les deux compères étaient en train de boire dans un débit de boissons à Aix-Noulette, et qu'ils avaient refusé, malgré une sévère mise en garde, de repartir au front.

 

L'interrogatoire d’Eugène Favier confirme que le 15 au matin, ils étaient bien allés boire à Aix Noulette après s'être esquivés du poste de police du 142e Régiment d'infanterie territoriale ; ils y avaient, tous deux, dormi la nuit du 14 au 15 juin 1915.  

 

Il révèle également qu'après une nouvelle nuit passée à la Malterie, ils étaient partis ensemble, le 16 juin 1915, en direction du front. Le duo s'est séparé lorsqu’ Henri Félix Sauvage, réfugié dans abri, n'a plus voulu en sortir.

 

Eugène Favier dit avoir poursuivi son chemin, seul, avant de revenir sur ses pas pour aller se faire examiner au poste de secours d'Aix Noulette. Sa blessure fut jugée insignifiante par l'intransigeant médecin qui lui réitéra l'ordre de remonter en ligne.

 

Henri Félix Sauvage s'est vu reprocher lui aussi un refus d'obéissance commis le même jour. Le chef de poursuite mentionné dans le jugement et l’absence de déclaration de témoins ne permettent pas de savoir s'il a cherché à se faire exempter avant de faire mine de rejoindre la zone de combat ou si, comme Favier, c'est après s'être remis en route qu'il a fait demi-tour pour retourner au poste de secours.

 

Bien que lacunaires, ces renseignements sont cependant suffisants pour constater la chose suivante :  c'est une consommation excessive d'alcool dans un débit de boissons à Aix-Noulette, juste avant le retour au front de sa compagnie, qui a donné le courage à Henri Félix Sauvage, non pas de retourner au combat, mais de passer à l'acte en refusant ostensiblement d'obéir aux injonctions de rejoindre ses camarades.

 

Dans un premier temps, l'alcool l'a sans doute aidé à supporter, comme tant d'autres, les conditions de vie désastreuses dans les tranchées et probablement à surmonter sa peur de mourir sur le champ de bataille ou d'y subir une blessure mutilante. Au fil du temps, son addiction aux boissons alcoolisées a petit à petit anéanti son sens du devoir et sa volonté de combattre.

 

Progressivement, elles ont pu lui donner la hardiesse de passer à l'acte sans prendre véritablement conscience des conséquences d'un refus d'obéissance ; il n’a probablement pas réalisé que ce « défi » à l'égard d'une institution fondée sur la discipline et l'obéissance lui vaudrait une condamnation à la peine de mort.

 

On peut également concevoir que leur situation personnelle respective, celle d’Henri Sauvage, engagé volontaire à deux reprises et celle d’Eugène Favier, mobilisé malgré la tuberculose, méritait, à leurs yeux, quelques égards. L’indifférence de l’armée à leur sort, a pu faire naître en eux un sentiment de rancœur et d’aigreur qui a pu être ressassé à loisir dans l’ivresse. Ce sentiment a pu les aider à franchir le pas de la désobéissance coupable.

 

Les poursuites ont été étendues à trois refus d'obéissance aux ordres donnés par le médecin aide-major Cleu et par le caporal Benoît de la 9e compagnie.

 

Ces refus réitérés de "monter aux tranchées" caractérisent de manière rigoureuse l'abandon de poste en présence de l'ennemi et rendent ainsi incontestable, sur un plan juridique, l'application de plein droit de la peine de mort à un tel crime.

 

Le conseil de guerre de la 43e D.I. a pris soin d'entendre les témoins, dont les dépositions avaient été recueillies au cours de l'instruction. Même si on ne dispose pas du dossier d'instruction concernant Henri Félix Sauvage, il est certain que le médecin aide-major Cleu, qui a déposé devant le conseil de guerre sur les circonstances des deux refus d'obéissance d’Eugène Favier, a également été entendu sur le cas analogue de désobéissance de son acolyte, jugé le même jour, lors de la même session.

 

Il est tout aussi vraisemblable que le caporal Benoît, qui n'était pas parvenu à le convaincre de rejoindre ses camarades de combat, a été appelé à témoigner lui aussi, comme l'ont été ceux qui avaient essuyé un semblable refus de la part de Eugène Favier.

 

Pour en savoir plus sur le soldat Favier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Eugene Louis Joseph Favier

 

Nous sommes loin des pratiques de certains conseils de guerre qui consacraient peu de temps à l'examen d'un dossier et expédiaient rapidement les affaires, à l'instar de ce qu'expliquait un commissaire du gouvernement à un nouveau défenseur : " Vous comprenez c'est simple comme bonjour. Par exemple, ce soir, je vous envoie une convocation ; demain, vous voyez le dossier – dix minutes – l'après-midi, vous voyez votre client – dix minutes – et le lendemain, vous plaidez votre affaire – dix minutes. Ce n’est pas plus malin que ça. …des témoins ? Vous n'en avez pas souvent. Il y a une circulaire du grand quartier pour dire qu'on ne doit pas déranger, sauf en cas de nécessité absolue, un témoin du front… Oui, vous voyez que votre rôle est fort peu de chose. On peut même dire presque rien"- (Raymond Lefèvre et Paul Vaillant Couturier – La guerre des soldats – Ernest Flammarion Éditeur – 1919).

 

Un autre défenseur, plaidant devant un conseil de guerre différent, confirme ce fonctionnement expéditif en ces termes : "Pas très intéressants les clients. Des déserteurs en masse, des ivrognes, je vais expédier leur cause le plus vite possible"(le 15 février 1917) " Nous avons établi un record : douze affaires en une heure et demie" (le 2 mars 1917)- (André Kahn, Journal de guerre d'un juif patriote -1914/1918,  Éditions Jean Claude Simoën – 1978).

 

Nous ne disposons pas de renseignements précis sur l'exécution d’Henri Félix Sauvage, le procès-verbal ne contenant que les strictes mentions prévues par la loi. Nous savons seulement que l'ordre d'exécution a été donné le 11 juillet 1915 et que le condamné a été passé par les armes à 5 h 00 par un piquet du 149e R.I. en présence des troupes du cantonnement en armes.

 

Le corps de ce soldat repose, comme celui d’Eugène Favier, dans le carré militaire du cimetière d’Hersin-Coupigny. Sa sépulture porte le n° 153bis.

 

 

Sources :

 

Dossiers individuels des soldats Henri Félix Sauvage et d’Eugène Louis Joseph Favier qui se trouvent dans la base de données des militaires et civils qui ont été fusillés durant le 1er conflit mondial sur le site « mémoire des hommes ».

 

Le registre de recensement réalisé en 1901 de la ville de Lyon et les actes d’état civil de la famille Sauvage ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Le texte qui suit a été rédigé par J.P. Poisot auquel j’ai ajouté des informations complémentaires sur la jeunesse du soldat Sauvage et quelques précisions. Qu’il soit remercié pour son travail qui a permis de reconstruire le parcours militaire de cet homme.

 

Merci également à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historiques de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Rhône.

28 août 2020

Jean Marie Louis Archenoul (1884-1956)

Jean Archenoul

 

Originaire de la Bretagne, Jean Marie Louis Archenoul est né le 24 septembre 1884 à Lande-Chauve, un hameau dépendant de la commune de Pleine-Fougères dans le département de l’Ille-et-Vilaine.

 

Le père, Jean Marie, à 70 ans lorsque son fils voit le jour. La mère, Marie Jeanne Renault, est âgée de 38 ans. Elle a déjà donné vie à une fille en 1876. La sœur aînée de Jean se prénomme Joséphine. Les parents exercent le métier de cultivateur.

 

Le 26 septembre 1885, le père décède, deux jours après le 1er anniversaire de Jean. La mère, qui se retrouve veuve à presque 40 ans, éduque seule ses deux enfants, tout en continuant de travailler à la ferme pendant plusieurs mois.

 

Elle se remarie en 1887 avec Mathurin Beaupère, un voisin qui travaille comme laboureur. Cet homme est alors âgé de 58 ans. Sept ans plus tard, Marie Jeanne est de nouveau veuve.

 

À cette époque, Jean est âgé de 8 ans. Il fréquente l’école communale de Pleine-Fougères. L’instituteur et le curé du village remarquent vite les capacités de cet enfant pour les apprentissages scolaires.

 

Ecole des garçons de Pleine-Fougères

 

La fiche matricule de Jean indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter. Mais son niveau est bien supérieur à celui de la plupart des hommes qui possèdent ce degré 3 d’instruction. L’excellente maîtrise des trois matières que sont la lecture, l’écriture et l’arithmétique ainsi que l’ensemble de ses connaissances scolaires permettent à Jean de poursuivre des études qui le mèneront jusqu’à l’école normale de Rennes.

 

Au cours de sa formation d’enseignant, le jeune homme n’oublie pas la famille. Dès qu’il a des vacances, il retourne au pays aider sa mère et sa sœur aux travaux de la ferme.

 

Devenu instituteur public en 1903, Jean Archenoul enseigne à Sens-de-Bretagne. L’année suivante, il pratique devant le tableau de l’école communale de Betton.

 

En 1904, il obtient un diplôme de maître de gymnastique.

 

Le temps de la conscription approche. Après son recensement en décembre 1904, Jean Archenoul passe devant le conseil de révision qui le déclare « bon, service armé ». Il est appelé pour le devoir républicain, l’année de ses 21 ans. Jean Archenoul est incorporé au 47e R.I. de Saint-Malo en octobre 1905.

 

Son niveau d’études lui permet de suivre les cours de l’école des caporaux. Il est nommé dans ce grade le 21 février 1906. C’est un excellent tireur. Sa maîtrise du Lebel lui fait obtenir un rang de 1ère classe.

 

Le 18 septembre 1906, le caporal Archenoul est envoyé en disponibilité avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Jean est resté en tout et pour tout un peu plus de onze mois sous l’uniforme quand la majorité de ses camarades de classe firent deux ans. Aucun passe-droit, juste une application de sa dispense article 21 comme fils de veuve. Il existait toute une série de dispenses nécessitant une justification très codifiée, permettant de faire un service actif écourté.

 

Une fois la conscription terminée, Jean Archenoul réintègre ses fonctions d’instituteur. En 1906, il fait la classe aux élèves du village de Cancale puis à ceux de Janzé l’année suivante. Ce changement de domicile le fait automatiquement rattacher à la subdivision militaire de Rennes à partir du 8 septembre 1908.

 

C’est dans cette commune qu’il fait la connaissance de Julia Briand, une institutrice âgée de 24 ans. Il l’épouse le 1er août 1908. Une petite fille prénommée Jeanne naît de cette union en 1909.

 

L’année suivante, Jean Archenoul est de retour à Saint-Malo pour y accomplir sa 1ère période d’exercice. Il lui faut de nouveau revêtir l’uniforme pour quelques semaines. Ce retour à la vie militaire dure du 24 août au 20 septembre 1910.

 

Sa profession et les qualités montrées à cette occasion expliquent que Jean Archenoul fût ensuite nommé sergent fourrier à partir du 15 novembre suivant.

 

En novembre 1911, l’instruction publique impose une mutation à la famille Archenoul. Elle doit quitter la Bretagne pour aller s’installer dans les Vosges.

 

Jean Archenoul passe à la subdivision d’Épinal. Militairement, il dépend maintenant du 149e R.I..

 

En 1913, Jean Archenoul se présente devant un jury d’examen qui le juge digne d’obtenir le certificat d’aptitude au professorat commercial dans les écoles pratiques de commerce et d’industrie. Il devient alors professeur de français à l’école nationale professionnelle de commerce et d’industrie à Épinal.

 

Cette année-là, il doit également faire, au sein des effectifs du 149e R.I., sa 2e période d’exercice qui a lieu du 18 août au 3 septembre.

 

Le 1er conflit du XXe siècle contre l’Allemagne vient interrompre sa vie d’enseignant. Comme des milliers de Vosgiens, Jean Archenoul est rappelé à l’activité militaire par l’ordre de mobilisation générale du 2 août 1914. Ce jour là, il a obligation de se rendre à la caserne Courcy pour rejoindre, en tant que réserviste, les effectifs de la C.H.R. du 149e R.I. pour y occuper un poste administratif.

 

Le 1er septembre 1914, Jean Archenoul est nommé sergent-major. Il ne souhaitera pas aller plus haut dans la hiérarchie.

 

Jean fait l’intégralité du conflit au sein de la C.H.R. qu’il ne quitte que pour aller en permissions. Il fallait alors, avant les effusions des retrouvailles avec la famille, ôter les poux, se laver sérieusement. Ces débuts de permission étaient un moment particulièrement difficile à vivre pour sa fille.

 

 

Durant les quatre années du conflit, la partie administrative de la C.H.R. à suivi le 149e R.I. en marge des zones de combats, dans les Vosges, dans la Marne, en Belgique, en Artois, à Verdun, dans la Somme, au chemin des Dames et dans les Ardennes pour ne citer que les principales régions où le régiment vosgien a été exposé. Le sergent-major Archenoul a toujours été présent.

 

En Artois en 1915

 

Jean Archenoul est un homme cultivé ; il aime dessiner. Dès qu’il en a la possibilité, il réalise des dessins au crayon noir et aux crayons de couleur sur un petit carnet de croquis. Il commence à faire des photographies en 1915.

 

Durant ces longues années de guerre, Jean a eu la chance de ne pas être blessé et de ne pas avoir été gazé.

 

Il est mis en congé de démobilisation le 18 mars 1919 en même temps que les autres hommes de sa classe.

 

Entouré de sa femme Julia, de sa fille Jeanne et de sa belle-mère, il retrouve son poste de professeur de lettres à l’école nationale professionnelle d’Épinal.

 

Ecole nationale industrielle et commerciale des Vosges

 

Politiquement, Jean Archenoul est un homme de gauche. Il fut membre et secrétaire de la section spinalienne de la ligue des droits de l’homme et adhérent à la S.F.I.O. d’Épinal où il a également exercé les fonctions de secrétaire.

 

Il est l’un des fondateurs de l’hebdomadaire socialiste Le Travailleur Vosgien, signant ses articles sous le pseudonyme de Luc Rohanne, une anagramme construite à partir de son prénom et de son nom de famille.

 

Jean Archenoul est également vice-président du Photo-Club spinalien.

 

Il se met à la peinture de façon régulière à partir de l’année 1921.

 

En 1922, Jean Archenoul participe, aux côtés de L. Renaux, à l’organisation d’une éphémère fédération socialiste unitaire des Vosges avant de retourner à la S.F.I.O..

 

Le 10 octobre 1924, il passe dans la réserve du 158e R.I..

 

Jean Archenoul fut également candidat aux élections sénatoriales de 1927 dans les Vosges, au conseil général dans le canton d’Épinal en 1931 et, à plusieurs reprises, au conseil municipal d’Épinal.

 

Il obtient sa carte d’ancien combattant en 1932.

 

Jean Archenoul prend sa retraite en 1937. Il s’installe dans le XIVe arrondissement de la capitale, au 3 rue Poiret de Narçay, près de la porte d’Orléans.

 

Il décède le 28 juin 1956, à l’âge de 70 ans, aux Riceys ; c’est un petit village situé dans le département de l’Aube.

 

Les Riceys

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Archenoul, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Marqué par le conflit, Jean Archenoul ne parla que très peu de ses cinq années passées sous l’uniforme et toujours de manière allusive et générale. Il a laissé de nombreuses photographies, des dessins et une correspondance qui permettent  de retrouver les grandes étapes de son parcours.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de l’Ille-et-Vilaine.

 

Dossier des instituteurs nés avant 1900 consultable aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

 

Une grande partie des informations concernant Jean Archenoul ont été fournies par sa petite-fille.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J. Breugnot, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de l’Ille-et-Vilaine et de Vosges..

21 août 2020

Du 1er au 5 octobre 1915, les mouvements de relèves du 149e R.I.

Travaux a decouvert -confection d'un boyau (1915)

 

1er octobre 1915

 

Le bataillon Cochain est le seul des trois bataillons du 149e R.I. à être encore en 1ère ligne. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, il envoie plusieurs patrouilles et de nombreuses reconnaissances sur toute la ligne de front. Prenant le temps d’observer les positions ennemies, plusieurs de ces patrouilles sont repérées par l’ennemi, ce qui déclenche de nombreux coups de fusils. Ces patrouilles et ces reconnaissances ne remarquent rien de particulier.

 

Les compagnies du 1er bataillon du 413e R.I., qui ne sont pas encore familiarisées avec le secteur, s’abstiennent d’envoyer du monde dans le no man’s land.

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. est relevé dans la nuit du 1er au 2 octobre 1915 par le 3e bataillon du 413e R.I.. Les 8e, 9e 10e et 11e compagnies, sous les ordres du commandant Chevassu, partent au repos à la fosse 9 à Barlin.

 

Le 2e bataillon est installé à Sains-en-Gohelle et à la fosse 10.

 

2 octobre 1915

 

Le 1er bataillon du 149e R.I. est toujours sur ses positions.

 

Les Allemands bombardent violemment le secteur tout au long de la journée.

 

Deux sections de la compagnie de mitrailleuses de la 309e brigade, mises à la disposition de la 85e brigade depuis la veille, relèvent dans la nuit du 2 au 3 octobre, les deux sections de mitrailleuses du 149e R.I. Ces dernières sont encore placées en g8 et au boyau Coquelet. Les reconnaissances sont faites au petit matin après entente des deux responsables qui commandent ces compagnies de mitrailleuses.

 

Le lieutenant-colonel Gothié commande toujours le secteur depuis son P.C. à proximité d’e6.

 

Carte journee du 2 octobre 1915

 

Dans la nuit du 2 au 3 octobre, le 1er bataillon du 149e R.I. est relevé par le 3e bataillon du 413e R.I. qui était stationné au fossé aux loups, à la place d’armes des Corons et à la place d’armes C.D..

 

Les 1ère, 2e, 3e et 4e compagnies du commandant Cochain partent pour Coupigny et  Bracquencourt.

 

3 octobre 1915

 

Le lieutenant-colonel Gothié laisse le commandement du secteur au colonel du 413e R.I. après lui avoir donné les dernières consignes. Il quitte son P.C. à 7 h 00.

 

4 octobre 1915

 

Les dernières sections de mitrailleuses du 149e R.I. qui étaient encore en 1ère ligne quittent leurs emplacements.

 

Le régiment, très éprouvé par les combats des jours précédents, peut bénéficier de quelques jours de repos bien mérités. Les compagnies sont reconstituées.

 

5 octobre 1915

 

Le 149e R.I. occupe les villages suivants :

 

1er bataillon : Coupigny et Braquencourt

 

2e bataillon : Bouvigny- Boyeffles

 

3e bataillon : Fosse 9 de Barlin

 

Carte journee du 5 octobre 1915

 

Les survivants des attaques des jours précédents ne savent pas encore qu’ils devront retrouver leurs anciennes positions dans la nuit du 8 au 9 octobre.

 

Sources :

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. du 413e R.I..  S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 770/1.

 

J.M.O. DE LA 85e brigade.  S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N.

 

Le dessin intitulé « Artois 1915, départ pour la relève » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il est extrait du fascicule « Hippolyte Journoud, imprimerie de la maison des deux-collines, XXXII phototypies MCMXIX.

 

Les cartes réalisées l'ont été à l'aide des indications des documents trouvés. Elles sont approximatives et ont une valeur indicative.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à M. Porcher, à la famille Aupetit, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

14 août 2020

Ouest du bois en Hache, 30 septembre 1915.

Rescapes du 149e R

 

Les premiers mouvements de relève du 149e R.I. ont commencé dans la nuit du 29 au 30 septembre 1915.

 

Les 1er et 2e bataillons du régiment occupent toujours leurs positions de 1ère ligne, suite au départ du 1er bataillon. Ils ont été dans l’obligation de rectifier les emplacements de plusieurs de leurs compagnies.

 

Les 9e, 10e, 11e et 12e compagnies, sous les ordres du commandant Chevassu, se sont installées dans les places d’armes des corons et du fossé aux loups, en réserve de division.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. attend d’être remplacé par un bataillon du 413e R.I., entré la veille dans le secteur.

 

Carte journee du 30 septembre 1915

 

Dans l’après-midi, les commandants de compagnies du 413e R.I. commencent leurs mouvements de reconnaissance.

 

Les huit guides du 149e R.I. qui devront accompagner la troupe du 413e R.I. se rendent, à 19 h 00, au P.C. du lieutenant-colonel Gothié pour recevoir les ordres.

 

Un officier par compagnie relevée est dans l’obligation de rester sur place jusqu’au lendemain 5 h 00. Chaque officier a pour mission d’orienter les nouveaux occupants dans un secteur qu’ils ne connaissent pas.

 

Le 1er bataillon, les sections de mitrailleuses et les postes téléphoniques du 149e R.I. conservent leurs emplacements jusqu’à nouvel ordre.

 

Le 2e bataillon s’est installé à Sains-en-Gohelle et à la fosse 10.

 

                                         Tableau des décédés pour la journée du 30 septembre 1915

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

Le cliché représentant les cinq hommes du 149e R.I. qui ne sont pas identifiés est légendé : « Quelques survivants de l’offensive du 25 septembre et la suite ».

 

La photographie du bois en Hache a été réalisée par T. Cornet. 

 

La carte a été réalisée à l'aide des indications des documents trouvés. Elles sont approximatives et ont une valeur indicative.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

31 juillet 2020

Carnet de guerre de Joseph Barth soldat au 149e R.I. (2e partie)

La bataille de Souain

 

Joseph Barth à quitté le dépôt du 349e R.I. le 5 septembre 1914 pour rejoindre le 149e R.I. du côté de Wassy. Il s’apprête à vivre sa 1ère grande bataille au sein de ce régiment.

 

 2e partie du témoignage

 

 Souain

 

 Ce nom résonne comme un tambour pour quiconque a vécu les heures dans ce village du 12 septembre au 4 octobre.

 

 L'entrée à Souain

 

Après la retraite de la Marne, où nous suivions les Allemands pas à pas, force fut à notre division d'arrêter dans Suippes en feu, nos éclaireurs et patrouilleurs ayant rencontré l'ennemi au-delà de Suippes. Nous sommes bien déçus, car notre colonel pensait, disait-on, faire cantonner le régiment à Sommepuis, village situé à six kilomètres de Souain.

 

Nous faisons une halte de plusieurs heures en attendant la brume de la nuit. À 6 h 00, nous nous mettons en marche lentement et péniblement, car nous tenons la gauche de la route. L'artillerie et la cavalerie tiennent la droite.

 

Après bien des arrêts et des à-coups, nous arrivons au dessus de la crête, mais rien ne signale jusqu'à présent la présence de l'ennemi en force importante.

 

Nos éclaireurs et notre avant-garde s'engagent dans Souain ; la 3e compagnie, à laquelle j'appartiens, marche en tête du gros de la colonne.

 

Jusque-là rien encore à signaler, mais aussitôt le gros du régiment engagé dans le village, la fusillade commence. Force nous est de nous abriter contre les maisons, car les Allemands se sont admirablement retranchés, et, dans la nuit, nous ne pouvons pas les apercevoir.

 

Il est environ 22 h 00. Les commandants de compagnie font placer des petits postes et des sentinelles aux extrémités des rues et nous passons la nuit au pied des maisons, tant bien que mal, mais en tout cas, nous sommes maîtres de Souain puisque nous l'occupons.

 

La sortie de Souain

 

Dès l'aube, les fourriers préparent les cantonnements des compagnies. La  3e se trouve occuper une ferme presque à l'extrémité du village. Ma section est très bien logée : vastes greniers, foin et paille en abondance.

 

Nous formons les faisceaux et sac à terre sous la grange et nous en profitons pour faire un petit sommeil réparateur pendant que les cuisiniers nous préparent une poule au riz digne des plus fins gourmets.

 

À 9 h 30 la soupe est prête. Nous mangeons, cela va sans dire, d'un bon appétit, mais on commence à entendre quelques coups de fusil et quelques obus arrivent sur le village.

 

C'est le signal de l'attaque des Allemands.

 

Souain vue générale

 

Cette attaque prend immédiatement des proportions telles que nous n'avons même pas le temps de nous former en ligne de bataille et que le chef de section nous crie : « sac au dos, sauf qui peut ! ».Tous les camarades s'empressent d'obéir au commandement, mais le flot de la retraite est si grand que nous courrons coude à coude dans les rues. Heureusement, notre capitaine se tient au coin d'une rue et rallie sa compagnie du mieux qu'il peut pour nous faire passer derrière le village afin de nous éviter le plus de pertes possible.

 

Là, nous nous portons tous dans une ancienne carrière, à l'abri des balles et assez bien garantis des obus.

 

À présent, il s'agit de gagner la crête qui se trouve à trois kilomètres pour être en sûreté et pouvoir se reformer. Le capitaine donne l'ordre de passer le terrain découvert de la carrière à la route par paquets de cinq hommes et au pas de course, avec arrêt tous les trente mètres. Ceci demande un temps assez long.

 

Arrivés sur la route, il ne faut pas penser emprunter cette voie, ce serait folie, car tout ce qui se trouve sur la route est balayé par les obus. Pour ma part je prends plus à droite et dans les champs. Arrivé là, je suis exténué de fatigue. Je me place contre une haie et me couche afin d'éviter les balles des mitrailleuses qui, à ce moment, font rage, de concert avec l'artillerie.

 

À chaque pas, on voit les camarades qui tombent pour ne plus se relever. Je ne peux cependant pas demeurer éternellement là. Je me lève et monte la crête, qui forme en ce moment un vaste champ de bataille, l'arme à la bretelle. Un de mes amis, couché dans un trou d'obus m'appelle, mais je continue mon chemin jusqu'au versant de la colline. C'est un miracle que je sois arrivé indemne.

 

Là, les gradés de la première compagnie rallient tous les hommes égarés et reforment une ligne de tirailleurs. Nous allons nous placer tant bien que mal dans le bois qui se trouve à gauche de la route et à droite du 10e bataillon de chasseurs.

 

Il est environ 13 h 00 et nous restons là à recevoir les obus, tout en maintenant la retraite, jusqu'à la nuit.

 

Pendant ce temps, le régiment était descendu vers Suippes ; les cuisiniers avaient fait la soupe, des corvées étaient allées chercher du vin, les hommes étaient couchés dans la paille et quand nous sommes arrivés, quelques camarades et moi, pour rejoindre notre compagnie, ce fut une exclamation, car on nous croyait perdus et de ce fait nous n'avions rien à « nous mettre sous la dent » ; mais comme là nous sommes tous frères, nos camarades nous trouvèrent de quoi satisfaire nos appétits.

 

Cette retraite nous a coûté huit cents hommes hors de combat, mais ce n'est pas une défaite quand je dirai que nous luttions un régiment contre une division allemande.

 

Le village de Souain

 

Notre attaque

 

Après notre retraite forcée, dirais-je, il fallait penser à réoccuper le village perdu. Toute la journée le régiment est au repos sur son emplacement de la veille en avant de Suippes.

 

À 17 h 00 on commande « sac au dos » et immédiatement le régiment prend la formation de combat en ligne de section par quatre à cinquante mètres d'intervalle ; mais cette fois nous obliquons à droite.

 

Il est presque nuit quand nous arrêtons à la crête où se trouve le bois dans lequel nous nous arrêtons un bon moment. Jusqu'ici, l'ennemi ne s'est aperçu de rien. Nous arrivons sans encombre aux premières maisons du village.

 

Les Allemands, à ce moment s'aperçoivent de notre mouvement et nous croyant sûrement plus nombreux évacuent les maisons et reprennent leurs positions de l'avant-veille.

 

Aussitôt arrivés près des premières maisons, les officiers font fouiller les habitations pendant que notre compagnie se forme en ligne de bataille en avant du village. Nous essuyons quelques coups de feu, mais nous n'avons pas à tirer.

 

Pendant ce temps, les camarades occupés à fouiller les maisons découvrent dans une grange un grand nombre de nos blessés que les Allemands avaient réunis là, sans d'ailleurs leur faire aucun mal, d'après leurs dires.

 

Inutile de vous exprimer leur satisfaction quand ils ont aperçu leurs frères d'armes.

 

De ce fait, nous avons donc repris Souain, abandonné avec tant de pertes, sans même tirer un coup de fusil.

 

L'attaque allemande

 

Il va sans dire que depuis notre nouvelle entrée dans le village de Souain toutes les précautions étaient prises.

 

C'est ainsi que notre compagnie, placée environ au centre de la rue principale, prenait la garde jour et nuit à l'issue d'une rue située à droite du village.

 

Dans la nuit du 18 au 19 septembre nous prenions deux par deux la garde dans une cuisine encore debout d'une maison située à l'extrémité de ladite rue. J'avais pris de 3 h 00 à 5 h 00 et il y avait environ un quart d'heure que j'étais rentré dans notre grange quand retentit le cri : « aux armes ! »

 

Nous sautons sur nos sacs et nos fusils et en avant dans la rue. Mais il était déjà trop tard, les Allemands étaient dans la place. Ceci est la faute au brouillard qui a empêché les sentinelles de voir venir l'ennemi.

Quand nous arrivons au croisement de deux rues nous nous trouvons nez à nez avec les Allemands, si bien que l'on se battait à bras le corps dans la rue. Plusieurs camarades même, dans leur élan, ont franchi les rangs ennemis.

Le sergent de section commande demi-tour. Nous exécutons cet ordre à notre désavantage, car nous perdons beaucoup de camarades et c'est un sauve-qui-peut général. Les uns passent par les fenêtres, les autres s'enfilent dans les caves ; moi, je réussis à entrer dans la grange que nous venons de quitter.

 

Nous sommes là une poignée avec des blessés que nous pansons aussitôt.

 

Un officier se trouve parmi nous. Il juge la situation perdue pour nous et nous prie de ne pas laisser nos blessés. Il est tellement affecté de cette situation qu'il veut se faire sauter la cervelle ; nous l'en empêchons.

 

Au même moment il s'élance et demande qu'on le suive : un, deux, trois, quatre camarades passent avec lui, mais à l'instant même, le toit en feu s'effondre et nous sommes obligés de rester là : les Allemands devant nous et l'incendie derrière.

 

Les Allemands nous aperçoivent, tirent sur nous, sans heureusement toucher nos blessés. Nous leur faisons remarquer cette faute ; ils nous répondent qu'ils n'avaient rien vu, quoique nous le leur ayons crié. C'est fini pour nous, nous sommes pris. On nous désarme et on nous rassemble dans la cour d'une ferme. Nous sommes là dix-huit prisonniers. Les Allemands ne nous font aucun mal et ne nous brutalisent pas.

 

L'officier qui commande la section nous demande même si nous n'avons rien à réclamer, et cela, dans un bon français. Nous lui répondons naturellement que « non ».

 

Au même instant, cet officier reçoit une balle au menton qui lui coupe sa jugulaire et lui fait une plaie. Nous nous offrons pour le panser, il accepte et c'est un caporal prisonnier comme nous qui panse l'officier allemand. Celui-ci, d'ailleurs, remercie infiniment.

 

Mais voici que les Français tournent le village. Les Allemands sont obligés de battre en retraite. Ici s'est passé un fait inoubliable pour moi. Étant obligés de traverser la rue, pour gagner les terrains vagues, ils nous placent en travers de la rue, coude à coude, et passent derrière nous.

 

Ce trait de bravoure ne leur a d'ailleurs pas porté chance. Une fois passés nous avons été obligés de les suivre. Arrivés dans le terrain tout le monde se couche. Nous, les prisonniers, sommes placés dans un petit creux ; les Allemands nous encadrent.

 

La bataille bat son plein ; l'artillerie ennemie donne. Le premier obus qui arrive sur nous est un 77. L'officier et deux hommes qui se tenaient debout à ce moment tombent, mortellement frappés par leur propre artillerie.

 

Les lignes de tirailleurs français avancent jusqu'à soixante mètres de nous et ouvrent un feu nourri. Les Allemands qui nous entourent tombent l'un après l'autre. Ils demandent du renfort, mais en vain.

 

À 17 h 00, les Français poussent la charge dans un élan admirable. Nous sommes obligés de lever nos jambes afin de montrer nos pantalons rouges pour que nos camarades ne nous fassent pas subir le même sort qu'à nos voisins. Nous nous relevons et passons avec nos camarades et là nous constatons que sur quarante Allemands qui composaient la section, il en restait trois qui ont été faits prisonniers à leur tour. Leur joie était si grande qu'ils nous distribuèrent leurs jumelles.

 

De là nous nous rendons au poste de secours pour nous faire rééquiper.

 

La bataille continue jusqu'à 20 h 00 et l'issue de la bataille tourne à notre avantage.

 

Nous restons donc maîtres de Souain, malgré une vive attaque menée par des forces bien supérieures aux nôtres. Évidemment, nous avons perdu beaucoup de camarades, mais je crois, personnellement que les pertes allemandes ont été bien supérieures aux nôtres.

 

C'est cette journée du 19 septembre qui m'a valu d'être prisonnier et d'échanger, pendant quelques instants, du tabac avec les soldats du Kaiser.

 

Ruines de Souain

 

Une bonne capture

 

Le 22 septembre au soir, les petits postes et sentinelles sont placés comme tous les jours, car à chaque instant, soit de jour, soit de nuit, nous redoutons des attaques et comme on ne prend jamais assez de précautions…

 

J'oubliais de dire qu'après l'attaque allemande, toutes ou presque toutes les maisons étaient démolies par le bombardement, soit par les obus, soit par le feu. C'est pourquoi notre compagnie est obligée de quitter encore une fois son emplacement et se porter plus en avant dans les maisons à peu près habitables. Nous occupons à nouveau la première maison du village, grande ferme spacieuse.

 

Il y a place dans les dépendances pour toute la compagnie. Nous sommes à environ deux cents mètres des tranchées allemandes.

 

En avant de notre cantonnement se trouve une grande croix ; là se place une sentinelle double. Le petit poste est placé plus à droite dans une petite tranchée invisible.

 

Tout le monde est à son poste. Tout le monde veille, soucieux de la sécurité des camarades.

 

Vers 23 h 00, alerte causée par le petit poste. Les sentinelles ont entendu le bruit d'un cavalier qui s'avance au loin. Le chef de poste fait dissimuler ses hommes le plus possible en attendant les événements.

 

Le bruit se rapproche de plus en plus et on perçoit en même temps le roulement d'une voiture.

 

Nouvelle attente. Les hommes sont couchés, attendant le fusil en joue. À un moment donné, le chef de poste commande « feu ! ». La voiture s'arrête, le cheval étant touché, mais le cavalier qui accompagnait le convoi tourne bride et s'enfuit au grand galop.

 

Immédiatement le petit poste fait prévenir le capitaine qui arrive aussitôt. Il va reconnaître. Les hommes prennent le cheval par la bride et en avant pour la cour du cantonnement.

 

Là, on fouille la voiture et on s'aperçoit que la prise est bonne. La voiture contient 32000 marks, soit 38400 francs, plus toute la comptabilité et les archives du163e régiment d'infanterie.

 

Mais la voiture n'a pu être abandonnée seule. La nuit étant très noire on est obligé d'attendre jusqu'au petit jour pour faire des recherches.

 

Le petit jour vient, deux hommes se détachent et vont fouiller une haie qui borde le chemin à l'endroit où la voiture s'est arrêtée la veille. Là, ils aperçoivent un homme couché, face à terre.

 

Ils s'avancent et reconnaissent immédiatement un officier allemand. Ils le remuent, mais rien, il ne bouge pas ; il fait le mort, alors ils emploient les grands moyens. Le canon du fusil tourné vers la tête de l'Allemand et le commandement « debout » et l'homme se lève, comme mû par un ressort, implorant pitié et faisant signe qu'il a des enfants.

 

Les hommes l'emmènent pour le conduire au capitaine. Il passe dans notre cantonnement, très correct et très poli, car nous avons bien reçu une douzaine de saluts.

 

Devant le capitaine, il raconte que le cavalier s'est trompé de route, qu'il n'a été arrêté par aucune sentinelle allemande à l'issue du village occupé par eux, ce qui n'est pas sans l'étonner énormément.

 

La cantine personnelle qui se trouvait également dans la voiture était on ne peut mieux garnie.

 

Notre capitaine, bon enfant, invite à déjeuner son confrère ennemi. Celui-ci dévore d'une belle façon une tasse de café et plusieurs tartines de beurre. Il demande à plusieurs reprises s'il ne lui sera fait aucun mal. Mais devant l'affirmative il reprend peu à peu son assurance.

 

Quelques heures après, le butin et le prisonnier sont conduits aux bureaux de la brigade, pour de là, être dirigés sur la division.

 

Inutile de dire que la compagnie a reçu les félicitations du général et comme gratification un tonneau de vin. Mais comme le vin est rare en cet endroit, ce sera pour plus tard.

 

La prise était belle et bonne, mais comme on est toujours obligé de payer ses dettes, je vous assure que les Allemands nous ont envoyé le lendemain tout ce que leurs caissons pouvaient contenir d'obus.

 

C'était là leur revanche …

 

Carnet de François Joseph Barth

 

La vie

 

Il ne se passe pas de jour sans petits événements.

 

Cela nous distrait un peu, car nous n'entendons que le canon et les balles et cela devient monotone depuis bientôt quinze jours que nous sommes là.

 

Tout va assez bien. Le ravitaillement se fait tant bien que mal. On est obligé de changer les heures de distributions tous les jours, car les Allemands ont reconnu l'heure d'arrivée des voitures et c'est naturellement,  à chaque fois, le bombardement. Ils connaissent si bien nos heures que pendant quatre jours il nous est impossible de nous ravitailler.

 

Nous ne souffrons que d'une chose de cet empêchement, c'est le manque de pain. Quatre jours sans pain, c'est long.

 

Nous n'avons pas eu faim pour cela. Les champs étaient remplis de troupeaux de moutons qui erraient à l'aventure. Dès l'aube le boucher et quelques hommes vont saisir deux ou trois moutons et voilà pour la journée.

 

Je vous dirai que d'un jour la compagnie a dévoré, car ce n'est pas manger, une vache et deux moutons, sans compter les poules et les lapins dénichés un peu partout ; et tout cela, sans pain. Vous avouerez, comme moi, que c'était vraiment dommage de manger des gigots de mouton, réussis on ne peut mieux sans le moindre biscuit.

 

Il y a bien eu quelques débrouillards qui ont trouvé, dans un grenier, un peu de farine dans le fond d'un sac. Ils se sont amusés à faire des beignets tant que le stock de farine n'a pas été épuisé.

 

Nous avons beaucoup souffert aussi du manque de tabac. Pendant plus de dix jours, nous sommes restés sans scaferlati. Pas la moindre miette de tabac. Les uns fument des feuilles sèches, d'autres du foin ; il y en a même qui fumaient des marcs de café séchés au feu.

 

Le 5e jour, nous apprenons que nous avons enfin pu être ravitaillés. Nous touchons chacun notre demi-boule de pain ; ration normale de chaque jour. La demi-boule se trouve engloutie pour le déjeuner, accompagnée de chocolat que nous avons touché ainsi qu'une ration d'eau-de-vie.

 

De vin toujours point ; on en parle comme mémoire. Nous avons aussi touché des haricots ; quelle aubaine, ça nous changera un peu l'ordinaire. On les conservent pour le repas du soir, ils seront mieux trempés, plus tendres, par le fait succulents. Mais nous avons compté sans les événements.

 

Les cuisiniers sont installés derrière un grand mur pour cacher autant que possible la fumée à la vue de l'ennemi. Il arrive bien de temps en temps quelques obus, mais c'est insignifiant.

 

Les cuisiniers nous avertissent que nous allons bientôt manger, que les haricots sont « épatants », car on a aussi touché du lard et « ça sent bon ». On va retirer les plats ; au même instant arrive un obus sur le mur et en démolit la moitié.

 

Quel malheur, les plats sont arrosés de poussière et nous sommes obligés de savourer nos haricots à la sauce cailloux. Dire que nous aurions laissé les plats, ce n'est pas vrai. Chacun a pris sa part et s'est débrouillé comme il a pu. Ils étaient bons tout de même.

 

Quelques jours après on nous annonce qu'enfin que nous allons toucher du tabac. Quelle joie ! On fait la distribution. Un paquet de cinquante centimes de quarante grammes pour dix. Cela fait à chacun quatre grammes ou quatre petites cigarettes. Vous avouerez que réellement c'est peu pour des hommes qui n'ont pas fumé depuis dix jours.

 

Quatre jours plus tard, nouvelle distribution de tabac. Cette fois, un paquet de soldats, comme on dit, pour quatre. Cela représentait à chacun vingt-cinq grammes. Il y en a pour la journée.

 

Deux jours après, il en arrive un stock considérable. Chaque homme touche quatre paquets. C'est la fête ! On ne se soucie plus du bombardement, notre principal travail est de faire de la fumée.

 

À côté de toutes ces petites anicroches, il y a toujours la guerre. Nous avons fait des tranchées tout autour de notre maison ; les murs sont percés de trous pour pouvoir employer le plus de fusils possible en ligne.

 

Il ne se passe pas de jour et de nuit sans que nous ayons plusieurs alertes. À chaque fois, chacun prend sa place au poste de combat, car les places sont toutes désignées.

 

Il serait superflu de dire que pendant tout le temps que nous avons occupé le village de Souain, avec des attaques et des alertes à chaque instant, nous avons perdu beaucoup de camarades.

 

Nous sommes restés là dix-neuf jours deux bataillons, tenant tête à une division allemande.

 

La position était importante, il fallait, coûte que coûte, la maintenir.

 

Et c'est commandé par un capitaine plein de bravoure, de courage et de sang-froid, que tous les hommes ont rempli consciencieusement leur devoir.

 

La dernière nuit

 

Le matin du 2 octobre, un homme de la section est désigné pour aller communiquer et faire des courses à Suippes.

 

Il part avant le jour pour plus de sécurité. Dans l'après-midi, on annonce son retour, porteur d'un formidable tuyau. Il nous apprend que le bataillon va être relevé et que nous irons jouir d'un repos bien mérité de quatre jours à Suippes. C'est une joie générale. Pensez donc, quatre jours de tranquillité.

 

La journée s'est assez bien passée. La canonnade est toujours aussi vive, mais nous croyons notre maison bénie, car elle est encore épargnée.

 

Le soir arrive, les mêmes dispositions que tous les jours sont prises.

 

À 20 h 00, alerte sans importance ; bombardement assez vif. À nos postes de combat arrive un obus juste contre la tranchée que nous occupons à onze hommes ; neuf camarades sont mis hors de combat par ce même obus.

 

Le capitaine fait prévenir qu'en cas de bombardement prolongé les hommes devront se rendre dans une cave voûtée, très vaste, qui se trouve sous la maison d'habitation, où sont déjà et se tiennent en permanence les deux équipes de mitrailleurs.

 

L'alerte prend fin, il n'en est rien, les Allemands ont simplement voulu faire sortir les hommes de leurs repaires pour pouvoir mieux les toucher, et ma foi, à mon avis, ils y ont réussi.

 

À 23 h 00, nouveau bombardement, mais cette fois plus intense que jamais. À ce moment, je suis couché sous une machine à battre dans la grange. Une rafale d'obus arrive et éclate juste sur notre grange. Aussitôt on entend des cris et des lamentations ; il y a des camarades touchés. Cette fois, notre maison n'est plus bénie.

 

Impossible dans la fumée, la poussière, de se reconnaître. On est obligé de marcher à tâtons pour trouver une sortie qui nous conduise dans la cour.

 

En traversant la cour pour nous rendre à la cave les obus nous sifflent aux oreilles et passent à quelques mètres de nous. Enfin nous voilà à la cave, bien en sécurité là, car elle est bien voûtée et solidement construite. Nous restons là jusqu'à trois heures du matin. A cette heure on nous annonce que nous allons être relevés et que les sections quitteront le village à quinze minutes d'intervalle.

 

Notre section part la première. Nous prenons le même chemin que nous avons pris le jour de la terrible retraite. Tout ne va pas seul, car il y a des fils de fer à franchir, des trous à sauter, des sentinelles à reconnaître.

 

Nous arrivons quand même sans encombre de l'autre côté de la crête où nous avons ordre d'attendre les autres fractions.

 

À 5 H 00, le bataillon est rassemblé en avant de Suippes où nous faisons le café. Là, nous attendent des détachements de territoriaux et de réserves qui viennent renforcer le régiment, car nous étions entrés à Souain à effectif complet et nous le quittons à effectif restreint. Nous avons donc tenu là dix-neuf grands jours.

 

Jusqu'ici nous avions bien la conviction que nous allions prendre un peu de repos, mais trois heures après le régiment se met en marche, laissant Suippes à notre gauche.

 

Ce jour-là, nous faisons encore une marche forcée. Nous allons cantonner à La Veuve, pour de là, nous rendre au plus vite à Châlons afin de nous embarquer, car on a besoin de nous dans le Nord.

 

Fin de la 2e partie

 

Sources :

 

Carnet inédit rédigé par François Joseph Barth.

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

La photographie représentant le village de Souain R.I. provient du site « Gallica ».

 

Pour la consulter dans son format original, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

B

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à I. Holgado,  à J.P. Juliac et à sa famille. 

17 juillet 2020

Un courrier de Georges de Parseval adressé à la mère du capitaine Gérard

Lettre du capitaine de Parseval

 

Le capitaine de Parseval était un proche du capitaine Gérard. Le solide lien fraternel qui les unissait s’est probablement renforcé lorsqu’ils se sont croisés à plusieurs reprises à l’E.M. du 149e R.I..

 

Notons que chacun de ces deux hommes a exercé les fonctions de capitaine adjoint au chef de corps : Gabriel Gérard entre le 2 septembre et le 5 novembre 1916 et Georges de Parseval entre le 6 novembre 1916 et le 1er février 1918. À cette date, Georges est sur le point de quitter le 149e R.I.. Sa place, laissée vacante, est de nouveau occupée par le capitaine Gérard.

 

 

Georges de Parseval suit les cours du centre d’état-major de Melun lorsqu’il apprend la mort de son ami qui était soigné à l’hôpital auxiliaire n° 21 de Meaux. Gabriel Gérard n‘a pas survécu à sa blessure reçue le 29 mai 1918. Ce jour-là, un éclat d’obus est venu se figer dans la partie inférieure de sa colonne vertébrale.

 

Tout juste remis d’une mauvaise grippe, Georges est dans l’incapacité de se rendre à Paris pour assister aux obsèques de son camarade. Il rédige la lettre suivante à la mère de Gabriel Gérard quelques jours après avoir appris le décès de son ami.

 

« Melun, 1er juillet 1918

 

Madame,

 

J’aurais voulu vous dire de suite toute la peine que je prends au terrible malheur qui vous a frappé et tout le chagrin que m’a causé la nouvelle de la perte de mon meilleur camarade : mais j’étais tenu au lit par la grippe et n’ai pu le faire comme je l’aurais voulu.

 

Je viens donc aujourd’hui vous assurer de ma respectueuse et douloureuse sympathie. Le cher disparu était pour moi un second frère et c’est vous dire le vide que ce départ me laisse.

 

J’ai été heureux d’apprendre que la croix de la Légion d’honneur lui avait été remise depuis quelques jours : cela a dû être une grande joie pour lui, il l’avait tellement méritée.

 

J’ai bien regretté de ne pouvoir me rendre à Paris mercredi pour le conduire à sa dernière demeure : cela m’a été impossible : j’ai du moins été de cœur et par la prière.

 

Recevez, je vous prie, Madame, et veuillez partager avec votre famille mes hommages les plus respectueusement douloureux.

 

De Parseval »

 

Cette lettre, tout comme les nombreuses autres qui ont été rédigées par des officiers du 149e R.I. après la mort du capitaine Gérard, furent conservées par madame Gérard jusqu’à son dernier souffle dans une modeste boîte en bois qui a traversé le temps.

 

Pour en savoir plus sur le capitaine Gérard, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

 

Capitaine Gabriel Gerard

 

Pour en savoir plus sur le capitaine Georges de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

 

Georges Joseph Roger de Parseval

 

Source :

 

Collection personnelle.

 

Chateau de l'Abbaye

 

La photographie qui représente les capitaines de Parseval et Gérard dans le montage a probablement été réalisée au lieu-dit "Château de l'abbaye" dans un méandre de la Marne à Chézy-sur-Marne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et à la famille de Parseval.

10 juillet 2020

Georges Joseph Roger de Parseval (1893-1968)

Georges Joseph Roger de Parseval

 

Années de jeunesse

 

Originaire du département du Loiret, Roger Georges Joseph de Parseval voit le jour le 13 avril 1893 à Orléans. Il est le fils aîné de Paul Édouard et de Léonie Marie Virginie Escallier. À sa naissance, son père a 31 ans. Il exerce les fonctions de lieutenant au 46e R.I.. Sa mère est âgée de 30 ans.

 

Les Parseval donnent vie à 5 autres enfants. Georges fête ses neuf ans l’année où son plus jeune frère vient au monde.

 

Genealogie famille de Parseval

 

La fiche signalétique et des services de cet homme, consultable sur le site des archives départementales des Vosges, indique un degré d’instruction de niveau 5.

 

Georges a poursuivi ses études jusqu’au baccalauréat es lettres dont il a obtenu les 2 parties. C’est un jeune homme qui maîtrise bien la langue allemande.

 

Première formation sous l’uniforme

 

À l’âge de vingt ans, il est reçu à l’École spéciale militaire par décision ministérielle du 23 septembre1913. Pour prétendre suivre les cours, Georges doit absolument sceller un contrat avec « la grande muette ». Le 28 octobre 1913, il se rend à la mairie d’Épinal pour y signer un engagement volontaire d’une durée de 8 ans. Sa décision est maintenant définitive, il suivra les traces paternelles.

 

Les premiers enseignements lui sont donnés à partir du 6 novembre 1913. Il fait partie des élèves de la 98e promotion saint-cyrienne dite promotion de la « Croix du drapeau ». Tout comme ses camarades, il va lui falloir travailler dur. À ce moment-là, tous ces futurs officiers sont bien loin de s’imaginer qu’ils ne pourront pas aller au bout de leurs études.

 

Les évènements internationaux qui imposent à la France la mobilisation générale en août 1914 brisent net la formation de cette promotion.

 

Au 149e R.I..

 

Affecté au 149e R.I. le 3 août 1914, Georges de Parseval est nommé sous-lieutenant le 6 août. Il reste au dépôt de Langres jusqu’au 14 août, ce qui lui laisse un peu de temps pour se préparer à ses nouvelles fonctions. Le manque d’expérience doit se faire ressentir. Donner des ordres à des hommes beaucoup plus âgés que soi en début de carrière ne doit pas être aisé.

 

Ce jour-là, le sous-lieutenant de Parseval part avec un renfort composé de 531 hommes en direction du régiment qui est en Alsace. Tous ces soldats doivent venir combler les pertes subies au cours du baptême du feu qui a eu lieu, cinq jours auparavant, du côté de Wisembach, à proximité de la frontière.

 

Le 16 août, Georges arrive avec un 1er renfort de 260 combattants à Saint-Blaise-la-Roche. L’église du village s’apprête à sonner les onze coups du matin.

 

Le colonel Jean Louis Menvielle affecte aussitôt Georges comme chef de section à la 1ère compagnie, sous les ordres du lieutenant Pierre Grüneissen depuis le 10 août.

 

Au cours des jours suivants, Georges va devoir effectuer de longues et pénibles marches en attendant les évènements d’Abreschviller.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 21 aout 1914

 

Le 25 août 1914, Georges est blessé dans le secteur de Thiaville. Aux alentours de 7 h 00, sa section est en train d’exécuter une contre-offensive par bonds de tirailleurs, pour protéger le gros du régiment qui bat en retraite.

 

Georges est atteint d’une balle qui pénètre à hauteur de l’oreille gauche. Cette balle est ressortie par le côté droit du menton avant de venir traverser le coude droit et finir sa course vers le sol. Ces deux blessures en séton le font évacuer vers l’arrière pour plusieurs mois.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 25 aout 1914

 

Ses soins durent jusqu'en décembre 1914. Le 20, le sous-lieutenant de Parseval rejoint temporairement le dépôt du 149e R.I. qu'il quitte dès le 5 janvier 1915 ; il va retrouver le régiment qui combat maintenant dans un secteur sensible du Pas-de-Calais, du côté de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Le 23 avril 1915, il est touché par un éclat d’obus à la tête. Heureusement pour lui, cette blessure n’est pas très grave, il peut conserver ses fonctions.

 

Nommé lieutenant le 5 mai, Georges de Parseval est de nouveau blessé le 9 mai. Cette fois-ci, un éclat d’obus lui inflige une plaie en séton à la face externe de la cuisse droite alors qu’il entraîne sa section à l’attaque.

 

Il est amené au poste de secours. La blessure est sérieuse, le jeune officier va devoir être évacué vers l’arrière pour la seconde fois depuis son arrivée au régiment spinalien. Le 8 juin 1915, il est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre du C.A. pour l’action qu’il a menée à Aix-Noulette.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 9 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 24 juillet 1915, Georges de Parseval quitte le dépôt des convalescents de Rennes. Le 24 août, c’est le retour au dépôt du 149e R.I.. Un nouveau départ pour le front n’est pas envisagé. Il lui faut d‘abord effectuer un stage au centre d’instruction des mitrailleurs à Chaumont où il doit se rendre quatre jours plus tard.

 

Ses compétences et ses bons résultats lui offrent la possibilité de devenir instructeur aussitôt après la fin des cours. Le lieutenant de Parseval retrouve le dépôt du 149e R.I. le 23 octobre 1915.

 

Le 3 décembre, il prend le commandement d’une compagnie du 9e bataillon du 149e R.I., un poste qu’il conserve durant plusieurs mois.

 

Le 24 septembre 1916, il part en renfort, envoyé à la 14e compagnie du dépôt divisionnaire de la 43e D.I..

 

Le 1er octobre, c’est le retour en 1ère ligne. Georges de Parseval est, dans un premier temps, versé à la 3e compagnie du régiment avant de rejoindre la 1ère compagnie à partir du 13 octobre.

 

Le 149e R.I. combat dans un secteur mouvementé de la Somme depuis le début du mois de septembre 1916. Le lieutenant obtient sa seconde citation à l’ordre du C.A. le 6 novembre 1916.

 

Le même jour, il passe à l’état-major du régiment pour y exercer les fonctions de capitaine adjoint au chef de corps. Le grade de capitaine lui est attribué à titre définitif le 3 décembre 1916.

 

Vingt jours après, le lieutenant-colonel Pineau écrit ceci dans le feuillet du personnel de son subordonné :

 

« Jeune commandant de compagnie très allant, plein d’énergie, a fait preuve de très belles qualités militaires pendant la période des attaques. Adjoint au chef de corps, montre une assez grande aptitude à ces fonctions. Fera certainement très bien dès qu’il aura l’habitude de la paperasse. »

 

Le cliché suivant montre le lieutenant-colonel Pineau en présence de Georges de Parseval qui porte le fanion du régiment.

 

Fanion du 149e R

 

Paul Francis Pineau quitte le 149e R.I. le 13 mai 1917. Il vient tout juste de passer le commandement au lieutenant-colonel Boigues. Ce jour-là, il fait ses adieux à l’état-major du régiment devant l’entrée du château Belleau ; le capitaine de Parseval est présent.

 

Devant le chateau Belleau

 

En juin 1917, Georges est photographié dans le Soissonnais au P.C. de la sablière du bois Marcon avec deux de ses camarades non identifiés.

 

Au P

 

Le 29 septembre 1917, c’est au tour du colonel Boigues de l’évaluer. Voici ce qu’il note : « Très intelligent, très bien élevé, ayant de grandes qualités de jugement et de méthode, la capitaine de Parseval est un adjoint précieux pour un chef de corps. Son esprit de décision, sa grande autorité et son zèle le classent comme officier parmi les meilleurs. A tout ce qu’il faut pour un très brillant avenir .»

 

Le 23 octobre 1917, l’attaque dite de la Malmaison est lancée. Le capitaine de Parseval occupe toujours sa charge de capitaine adjoint. Il gagne sa 3e citation à l’ordre du C.A. au cours de ces évènements.

 

Georges de Parseval quitte le 149e R.I. à la mi-février 1918.

 

Avant l’armistice

 

Durant les six semaines qui suivent, il assiste aux cours du centre d’état-major de Senlis. Le capitaine de Parseval y montre beaucoup d’application sans être payé en retour.

 

Le 1er avril, il entre au C.I.D. 43 après une interruption de son stage au C.E.M. de Senlis. Le capitaine est ensuite détaché à l’E.M. de l’I.D. 43 en attendant de se présenter au C.E.M. de Melun à partir du 27 mai 1918. À sa sortie de l’école d’état-major, il retrouve son poste à l’E.M. de l’I.D. 43 qui se trouve être en pleine bataille. Cette division est en train d’attaquer la puissante position Hunding en Champagne. Georges apprend la mort de son frère Alexandre, un tout jeune capitaine âgé de 22 ans qui servait au 149e R.I.. Georges et Alexandre se sont longtemps côtoyés dans cette unité.

 

Pour en savoir plus sur le capitaine Alexandre de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Alexandre de Parseval

 

Les années après guerre

 

Le 5 janvier 1919, le capitaine de Parseval est nommé adjoint à l’administrateur supérieur de Wiesbaden. Il se trouve de nouveau sous les ordres du lieutenant-colonel Pineau.

 

Le 31 mai, Georges retourne à l’école spéciale militaire. Le lieutenant-colonel qui commande le groupe rédige le petit texte suivant dans son feuillet individuel de campagne : « Nature ouverte et sympathique. Intelligence vive, bien équilibrée et bien orientée. Possède une bonne instruction générale et une instruction militaire. A travaillé avec intérêt et régularité. Vigoureux, tenue et éducation absolument irréprochables. A obtenu la mention bien. »

 

Le 9 octobre 1919, il rejoint son ancien régiment du temps de guerre pour y prendre le commandement d’une compagnie durant deux mois. Le 9 décembre, il quitte le 149e R.I. pour aller à l’E.M. de la 13e D.I., division sœur de la 43e D.I. qui forme, avec elle, le 21e C.A..

 

Georges de Parseval est mis à la disposition du général commandant en chef des armées d’Orient, suite à une décision ministérielle prise le 19 février 1920.

 

Le 18 mars, peu de temps avant de s’embarquer pour la Turquie, il épouse Louise Élodie Gaze à Sablon, une petite commune iséroise.

 

Le 26 mars 1920, Georges est employé au 2e bureau de l’état-major du corps d’occupation de Constantinople, affecté pour ordre au 45e R.I.. En mai 1920, il est désigné pour occuper un poste à l’état-major particulier d’infanterie avant d’être muté à l’état-major du C.O.C. le 1er octobre 1920.

 

Constantinople

 

Le capitaine de Parseval est rapatrié le 9 septembre 1921. Bénéficiant d’une permission de 114 jours, il se rend d’abord à Paris avant d’aller à Sablon.

 

Une décision ministérielle en date du 9 janvier 1922 l’affecte au 172e R.I., une unité qui prend part à l’occupation de la Rhénanie ; il y est affecté jusqu’à la dissolution du régiment qui a lieu au mois d’avril 1923.

 

De retour en France, Georges est muté au 25e B.C.A.. Il fait un stage à l’école normale de gymnastique et d’escrime de Joinville du 16 avril et le 28 juillet 1923 avant de retourner au 25e B.C.A..

 

25e B

 

L’activité sportive intense qu’il subit au cours de ce stage réveille probablement les vieilles blessures de guerre. Georges est proposé pour l’obtention d’une pension temporaire de 15 %; la raison en est un reliquat d’une plaie en séton au coude droit et un reliquat d’une transfixion du plancher buccal par balle. Cette décision est prise par la commission de réforme de Nice en date du 15 octobre 1924.

 

Le 29 août 1925, il traverse la méditerranée à destination du Maroc. Le 2 septembre, il est à Casablanca pour y occuper un poste à l’E.M. de la 6e brigade. Sa présence sur le sol africain est brève. Le 21 novembre 1925, il est de retour sur l’hexagone pour rejoindre le dépôt du 25e B.C.A. à Menton.

 

Le capitaine de Parseval prend ensuite le commandement des postes d’hiver et des écoles de ski du 15e C.A., à partir du 16 décembre 1925. Le 9 mars 1926, victime d’un accident de montagne, il se fait une fracture du péroné gauche doublée d’une entorse tibio-tarsienne. Guéri après plus de 4 mois de soins et de convalescence, il est envoyé au 31e B.C.P. à compter du  23 juillet 1926. Le 10 août, il occupe les fonctions d’adjoint au chef de corps, un poste qu’il maîtrise bien.

 

Vers de plus hautes fonctions

 

Poussé par ses supérieurs, il est reçu à l’École de guerre. Georges de Parseval doit d’abord effectuer toute une série de stages avant de pouvoir suivre la formation théorique.

 

Il va à l’école d’application d’artillerie du 13 au 31 mars 1928, au centre de transmission de Versailles du 1er au 15 avril 1928, au 506e régiment de chars de combat du 15 au 30 avril 1928, dans l’aviation du 1er au 31 mai 1928, au 4e régiment d’artillerie divisionnaire du 15 juin 1928 au 15 août 1928 et pour finir au 11e régiment de dragons du 16 août 1928 au 30 septembre 1928.

 

Le 28 septembre 1928, la commission spéciale de Colmar le propose pour une pension permanente de 15 % pour ses séquelles de blessure de guerre .

 

Les cours de l’École supérieure de guerre durent du 1er novembre 1928 au 31 octobre 1930. Georges obtient son brevet d’état-major.

 

Diplôme en poche, il est mis à la disposition du commandant supérieur des troupes du Levant.

 

Le 14 novembre 1930, Georges de Parseval est affecté à l’état-major des troupes du Levant en tant que stagiaire, puis à l’état-major du commandement des troupes du territoire de Damas, du Djebel-Druze et du Hauran.

 

Du 15 octobre 1931 au 15 décembre 1931, le capitaine de Parseval accomplit un stage au 39e R.A.R. à Rayak, une petite ville libanaise située à 62 km de Beyrouth, en vue d’obtenir son brevet d’observateur en avion.

 

Rayak

 

Le 15 janvier 1932, il est nommé chef d’état-major du commandement des troupes des territoires de l’Euphrate. Le 29 octobre 1932, il est cité à l’ordre de la division du Levant.

 

Il quitte les troupes du Levant pour convenance personnelle avant la fin de son temps de séjour. Le 22 février 1933, le capitaine de Parseval est muté à l’état-major de la 16e région militaire de Montpellier après avoir profité de son congé de fin de campagne.

 

Promu au grade de chef de bataillon le 14 décembre 1933, il est envoyé au 99e régiment d’infanterie alpine à Modane à partir du 25 mai 1934. Georges de Parseval est mis à la tête du 4e bataillon de ce régiment pour y effectuer son premier temps de troupe en tant que commandant. Suite à une réorganisation, ce bataillon est renommé 71e bataillon alpin de forteresse à partir du 16 octobre 1935.

 

Son temps de commandement s’achève le 9 août 1936. Le chef de bataillon de Parseval est ensuite affecté à l’état-major du gouvernement militaire de Lyon et de la 14e région militaire où il est fait officier de la Légion d’honneur le 13 décembre 1938.

 

Le 27 août 1939, il passe à l’état-major du 1er corps d’armée avec lequel il fait la campagne de France à partir du 2 septembre 1939. Le 1er juillet 1940, il est cité à l’ordre de la division.

 

Le 7 juillet, Georges occupe un poste à l’état-major de la 17e région militaire à Toulouse. Le 16 octobre, il passe à l’état-major du général commandant supérieur des troupes du Maroc.

 

Promu au grade de lieutenant-colonel le 25 mars 1941, il est envoyé au 8e régiment de tirailleurs marocains le 30 août. Le 25 février 1942, il est affecté au 4e régiment de tirailleurs marocains.

 

Le 18 janvier 1943, Georges de Parseval reçoit le commandement du 3e régiment de tirailleurs marocains, un régiment qui vient tout juste d’être reconstitué à partir de compagnies des 2e, 4e et 6e régiments de tirailleurs marocains.

 

Il est promu au grade de colonel le 25 septembre 1943. Le 12 novembre 1943, il est nommé chef d’état-major de la division de Casablanca.

 

Le colonel de Parseval est admis à la retraite le 16 mars 1946. Il est nommé général de brigade dans la section de réserve le 1er juillet 1946.

 

Le 6 février 1950, il est fait commandeur de la Légion d’honneur.

 

Son épouse Louise Élodie Gaze décède en 1963. Il se remarie la même année avec Sidonie Rose Marie Mazières.

 

Roger Georges Joseph de Parseval décède le 29 juillet 1968 à l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne de Toulon.

 

Les decorations du général Georges de Parseval

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 3 étoiles de vermeil.

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 48 du 8 juin 1915 :

 

« Officier plein d’allant, a entraîné sa section à l’attaque des tranchées allemandes au cours du combat de Lorette le 9 mai. Blessé au cours de cette opération (2e blessure). »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 119 du 6 novembre 1916 :

 

« Jeune commandant de compagnie plein d’allant et de bravoure, déjà blessé 3 fois. Du 16 au 21 octobre 1916, a grandement contribué à la mainmise sur un point d’appui et à l’établissement de notre première ligne au contact de l’ennemi. En a assuré, par son énergie l’organisation et la conservation. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 175 du 8 novembre 1917 :

 

« A assuré avec un zèle et un dévouement de tous les instants, aux côtés du chef de corps, l’organisation de l’attaque du 25 octobre 1917, dont il a contribué à achever le plein succès par son intelligente initiative. »

 

Citations obtenues après le 1er conflit mondial :

 

Cité à l’ordre de la division sans attribution de la croix de guerre. (O.G. n° 200/A du 29 octobre 1932 du général commandant supérieur des troupes du Levant).

 

« A, au cours d’une période d’opérations difficiles, témoigné de jour comme de nuit, d’une inlassable activité et d’une compétence éclairée dans la préparation de la mise en route des renforts. »

 

Croix de guerre 1939-1940 avec une étoile de vermeil.

 

Citation à l’ordre du C.A. n° 65 en date du 1er juillet 1940 :

 

« Chef du 4e bureau du C.A. depuis le début de la campagne, y a fait preuve des plus belles qualités militaires, par son activité inlassable, son esprit d’organisation et sa constante initiative devant les évènements imprévus, est parvenu au prix des plus grandes difficultés dans les moments de crise, à dominer la situation et à assurer le fonctionnement de tous les services du C.A.. S’est particulièrement distingué au cours des opérations de la VIIe Armée du 5 au 24 juin 1940 en réglant avec maîtrise le transport d’éléments avancés au cours d’un repli de près de 400 kilomètres. » (Citation non homologuée).

 

Chevalier de la Légion d’honneur  (J.O. du 3 mars 1921) :

 

« Brillant officier qui a fait toute la guerre au front et qui s’est toujours fait remarquer par son allant, sa bravoure sa ténacité et son énergie (3 blessures, 3 citations). »

 

Officier de la Légion d’honneur le 13 décembre 1938.

 

Commandeur de la Légion d’honneur le 6 février 1950 (J.O. du 17 février 1950).

 

Autres décorations :

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille de la paix du Maroc

 

Médaille commémorative Syrie-Cilicie

 

Grand officier du Ouissam alaouite chérifien (Dahir du 27 août 1950)

 

Roger de Parseval n’a pas eu de descendance.

 

Pour visualiser la généalogie de cet officier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Les Parseval et leurs alliances - genealogie et souvenirs de famille

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Les portraits du général de Parseval sont extraits de ce dossier.

 

La carte du Liban et la photographie du terrain d’aviation de Rayak ont été trouvées sur le site Wikipédia.

 

Les cartes de Constantinople et de la région de Nice proviennent du site « Gallica » propriété de la B.N.F..

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, à la famille de Parseval, aux archives départementales des Vosges, du Loiret, de l’Indre, de l’Oise, de l’Yonne et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

3 juillet 2020

Ouest du bois en Hache, 29 septembre 1915

Journee du 29 septembre 1915

 

Le secteur occupé par le 149e R.I. est particulièrement animé durant toute la nuit du 28 au 29 septembre 1915. Les hommes du lieutenant-colonel Gothié sont à la tâche.

 

Ceux qui ont survécu aux attaques des jours précédents manient activement pelles et pioches pour renforcer les positions.

 

Le responsable du régiment fait un compte-rendu complet de tous ces travaux.

 

Pour le 2e bataillon du 149e R.I. : réfection de la parallèle de départ démolie par le bombardement entre les sapes 3 et 4bis. Amélioration de la nouvelle parallèle (ancienne 1ère ligne allemande) en g11 et g12 et de son prolongement de g11 vers le nord. Amélioration des communications avec l’arrière (sape 4 prolongée de g11 à la parallèle de départ). Une section du génie fait la liaison de g12 vers g15.

 

Pour le 1er bataillon du 149e R.I. : approfondissement et élargissement du boyau de la sape 5. Approfondissement de l’ancienne tranchée allemande entre la sape 4 bis et 5. Une section du génie approfondit et aménage en tranchée de tir vers Angres, du boyau reliant la sape 4 à l’ancienne ligne ennemie.

 

Pour le 3e bataillon du 149e R.I. : sape poussée de g15 vers g16 – poste d’écoute vers g8. Prolongement vers g11 de la tranchée conquise. Curage dans la parallèle intermédiaire entre la sape 5 et la sape 6. Réfection de la parallèle et amélioration de la parallèle intermédiaire entre sape 4 bis et sape 5. Réfection et relèvement en partie de la tranchée de départ au sud de la sape 5. »

 

De manière générale, toutes les compagnies du régiment font le curage des boyaux dans les zones qui leur sont imparties.

 

Carte 1 journee du 29 septembre 1915

 

Comme la veille, de nombreuses reconnaissances sortent dans le no man’s land. Il faut veiller au grain. L’ennemi pourrait lancer une contre-attaque à tout moment.

 

Les patrouilles envoyées sur tout le front ont reconnu l’occupation solide par les Allemands de la ligne e18, e21, g10, g7, g2, g1. Il en est de même pour la tranchée qui est située à 50 m à l’ouest de ces deux derniers points en avant du bois en Hache.

 

Une patrouille partie de g19 en direction de g1 s’est heurtée à une nouvelle tranchée ennemie occupée. Les Allemands ont poussé de ce côté une petite fraction d’infanterie. Il y a des défenses accessoires partout. Les hommes de la 3e compagnie établissent un fortin en g19.

 

Il n’y a pas de changements majeurs concernant le positionnement des compagnies du 149e R.I. au matin du 29 septembre 1915.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. couvre un secteur de la parallèle de départ compris entre e12, e7, et f11. La 7e compagnie est près de g12.

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. est fortement organisé dans les deux tranchées conquises g19, g15, g12, g11 et dans la parallèle f11, f12 et f13. La veille, les compagnies du 3e bataillon ont été renforcées par la 2e compagnie en g12 vers g11 et par la 3e compagnie en g8 vers k31 qui est en liaison avec le 17e R.I..

 

Le 10e B.C.P. occupe toujours le quadrilatère e20, e26, e12, e17 et plus au nord. 

 

La remise en ordre et la reconstitution des unités malmenées se poursuivent durant toute la journée.

 

Un renfort de 520 hommes, sous les ordres des sous-lieutenants Salin et Guérin, arrive à 10 h 00. Tous ces soldats viennent du dépôt ou du bataillon de marche. Furent-ils intégrés tout de suite dans les unités combattantes ou, plus probablement, attendirent-ils à l'arrière le repos des troupes de première ligne ?

 

Si les attaques d’infanterie ont stoppé, il n’en est pas de même pour les tirs d’artillerie.

 

Les Allemands déclenchent un violent bombardement sur les tranchées, sapes et parallèle à partir de 12 h 45 avec des obus de gros calibre.

 

L’artillerie française riposte à partir de 12 h 45.

 

Le bombardement ennemi se poursuit durant tout l’après-midi.

 

Carte 2 journee du 29 septembre 1915

 

En fin d’après-midi, les unités de 1ère ligne complètent l’organisation défensive.

 

Toutes les dispositions sont prises pour stopper net les éventuelles contre-attaques de nuit. La 7e compagnie est la seule unité du régiment à avoir changé de position.

 

Les troupes, épuisées par 5 jours de combat sous la pluie, n’ont que de rares abris pour se protéger des intempéries.

 

Le lieutenant-colonel Gothié établit l’état des pertes de la journée du 29 septembre 1915 le lendemain. Il s'additionne aux bilans des jours précédents.

 

 

Le 149e R.I. sait qu’il va bientôt être relevé, remplacé par le 413e R.I.. Le 3e bataillon sera le premier à quitter la 1ère ligne.

 

 Tableau des tués pour la journée du 29 septembre 1915

 

Sources :

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

La photographie aérienne du bois en Hache qui se trouve sur le montage fait partie de la collection de l’association « collectif Artois ».

 

Concernant les deux cartes, une nouvelle fois il n’a pas été possible de faire un travail de grande précision. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à D. Gothié, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

26 juin 2020

Marius Joseph Voisin (1895-1915)

Marius Joseph Voisin

 

Marius Joseph Voisin naît le 23 juin 1895 au domicile de ses parents situé au numéro 7 de la rue du Lycée, dans le canton sud de la ville de Clermont-Ferrand.

 

Son père, Jean Pierre Victor, est un contremaître âgé de 25 ans. Il exerce ses fonctions professionnelles aux ateliers des chemins de fer de la compagnie P.L.M..

 

Sa mère, Anna Antoinette Gros, est une femme originaire de Thiers. Elle a 20 ans lorsqu’elle donne vie à son second fils.

 

La famille Voisin s'installe ensuite à Oullins dans le département du Rhône. Cette ville est bien connue du père. Il y est né et il y a vécu une bonne partie de sa jeunesse.

 

L’arrivée d’un nouvel enfant agrandit la famille en 1903. 

 

 

La fiche signalétique et des services de Marius Voisin indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter. Contrairement à la plupart des adolescents de sa génération qui rejoignent rapidement le monde du travail après l’école obligatoire, Marius a la possibilité de faire une formation plus poussée.

 

Son niveau scolaire est suffisamment important pour qu’il puisse intégrer l’École des arts et métiers de Lille. Une fois sa formation terminée, Marius est engagé comme dessinateur industriel aux ateliers des wagons du réseau P.L.M. de Villeneuve-Triage.

 

Les Voisin sont venus s’établir à Villeneuve-Saint-Georges depuis peu. La date exacte de leur aménagement dans le département de la Seine-et-Oise n’est pas connue, mais cette famille a certainement subi les affres de la grande crue de la Seine qui a eu lieu à la fin du mois de janvier 1910. En 1911, les parents de Marius sont installés dans l’avenue Choisy avec leur plus jeune fils, Louis. Le père travaille comme sous-chef d’atelier pour le réseau P.L.M. de Villeneuve-Triage.

 

Villeneuve-Triage

 

Le 1er août 1914, la France ordonne la mobilisation générale. La guerre contre l’Allemagne est proche. Marius tout juste âgé de 19 ans, n'est pas concerné par les évènements. 

 

Les premiers mois des hostilités sont particulièrement funestes pour l’armée française. Il est demandé à la classe 1914 et à la classe 1915 de se présenter devant le conseil de révision bien avant l’heure de la conscription du temps de paix.

 

Inscrit sous le numéro 375 de la liste du canton de Boissy-Saint-Léger, Marius Voisin est déclaré « bon pour le service armé » par le médecin du conseil de révision.

 

Il sait qu’il va bientôt devoir délaisser sa planche à dessin pour accomplir ses obligations républicaines. Sa feuille de route lui ordonne de quitter Villeneuve-Triage pour aller faire ses classes au 170e R.I., une toute jeune unité créée en 1913.

 

Ce nouveau régiment rassemble les 4e bataillons des 21e, 44e, 60e et 149e R.I. déjà installés dans les plus vieux bâtiments militaires de la cité spinalienne. 

 

Le 20 décembre 1914, Marius arrive à la caserne Contades avec une centaine de recrues de la classe 15 et une poignée d’ajournés de la classe 13 et 14 ; ceux-ci proviennent du 5e corps de la Seine-et-Oise de la région de Versailles.

 

Contrairement à la classe 1914, la formation militaire que Marius reçoit est assez rapide. Elle est plus complète que celle qui a été donnée aux classes précédentes. Après 4 mois passés au dépôt, Marius Voisin est affecté au 149e R.I. le 1er mai 1915.

 

Il quitte la ville d’Épinal pour se rendre au cantonnement du 9e bataillon de ce régiment. Marius est affecté à la 36e compagnie. Cette compagnie est chargée de l’instruction au front des jeunes recrues. Elle fournit des renforts à chaque fois que c’est nécessaire. Le 9e bataillon peut aussi être utilisé pour effectuer des travaux en 2e et en 1ère ligne.

 

Le 23 juillet 1915, Marius Voisin est nommé caporal. La date de son affectation dans une unité combattante du 149e R.I. est inconnue. Si elle a existé, elle est probablement très proche de celle de son décès.

 

En effet, sa fiche individuelle sur le site de mémoire des hommes et la présence de son identité dans le contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. (contrôle des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires) indiquent une appartenance à  la 36e compagnie du 149e R.I..

 

Le nom du caporal Voisin est également inscrit dans les effectifs de la 6e compagnie du 149e R.I. dans l’état nominatif des militaires blessés au combat devant Souchez à la date du 12 septembre 1915. Le caporal Voisin accomplissait-il des travaux pour la 6e compagnie tout en étant resté rattaché à la 36e compagnie du 9e bataillon le jour de sa blessure ? C’est une possibilité.

 

La 6e compagnie est en 1ère ligne depuis le 8 septembre 1915. Elle est sous les ordres du lieutenant Damideau.

 

Quatre jours plus tard, les artilleurs allemands pilonnent le secteur. Marius est grièvement blessé par un éclat d’obus reçu à la tête. Il est rapidement évacué vers l’arrière. Les soignants ne peuvent rien faire pour lui. La plaie est bien trop grave pour qu’il puisse être sauvé. Le caporal Voisin décède le lendemain à l’hôpital auxiliaire n° 52 de Nœux-les Mines, à l'âge de 20 ans.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 12 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

A ceux du 149e R

 

Marius Voisin fut, dans un premier temps, enterré dans le carré militaire du cimetière de Nœux-les Mines. Actuellement, il n’y a plus de sépulture individuelle qui porte son nom dans ce lieu. Son corps a probablement été restitué à la famille dans les années 1920.

 

Le nom de ce caporal a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Villeneuve-Saint-Georges et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Georges. Il est également gravé sur la plaque de l’École nationale supérieure des arts et métiers.

 

Monument aux morts de la commune de Villeneuve-Saint-Georges

 

Ses parents ont fait imprimer un mémento avec son portrait après sa mort.

 

Pour en savoir plus sur ce type de document, il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

Site Arnaud Carobbi

 

Joseph Marius Voisin ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

Fiche signalétique et des services de Marius Joseph Voisin visualisée sur le site des archives départementales des Yvelines.

 

Livre d’or des élèves et des anciens des écoles nationales d’arts et métiers morts pour la France 1914-1918. Imprimerie de Montligeon. La Chapelle-Monttligeon. Orne.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

Site « MémorialGenWeb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au S.H.D. de Vincennes, aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges et aux archives départementales des Yvelines.  

19 juin 2020

Marie Émile Adrien Marcel Roze (1890-1915)

Marcel Roze

 

Marie Émile Adrien Marcel Roze voit le jour le 30 décembre 1890 au domicile de ses parents. La famille habite la commune vosgienne de Bains-les-Bains, une petite ville thermale, nichée dans la vallée du Bagnerot, connue pour ses sources chaudes.

 

Sa mère, Irma Marie Grandgury est âgée de 27 ans. Elle n’exerce pas d'activité professionnelle. Marcel est son 2e enfant. Elle a déjà eu une fille mort-née en 1889. Son père, Auguste, travaille comme boulanger. Il est également âgé de 27 ans. 

 

Irma donne la vie à un second garçon en 1892. Ces parents le prénomment Marie René Maurice. 

 

 

Marcel et Maurice grandissent à Bains-les-Bains au rythme des leçons reçues à l’école communale du village. L’histoire ne nous dit pas s’ils furent de bons élèves.

 

Leurs fiches signalétiques et des services indiquent un degré d’instruction de niveau 3. Les hussards noirs de la république leur ont donné les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul. 

 

Une nouvelle tranche de vie commence pour Marcel. Il doit maintenant choisir sa voie professionnelle.

 

Commune de Bains-les-Bains

 

Contrairement à son frère cadet, son nom ne figure pas dans le registre de recensement de l’année 1906 de Bains-les-Bains. À seize ans, il ne semble plus vivre chez ses parents. Sa fiche matricule indique simplement, qu'avant de partir au régiment, il a pratiqué le métier de voiturier. 

 

Comme pour la plupart des fiches signalétiques et des services du bureau de recrutement d’Épinal, il n’y a rien d’inscrit sur la sienne en dehors des informations concernant son état civil, son signalement et la décision prise par le conseil de révision. Cette fiche n’offre pas la possibilité de reconstruire un itinéraire militaire détaillé.

 

Elle nous informe juste qu’il a été déclaré « bon pour le service armé » dès son premier passage devant le conseil de révision ; ce dernier s’est réuni à la mairie de Bains-les-Bains en 1911.

 

Le régiment dans lequel Marcel Roze a effectué ses obligations républicaines reste donc inconnu.

 

Il a probablement été libéré en octobre 1913, puis affecté à un régiment proche de son domicile, comme tous les réservistes.

 

Il nous est impossible d’identifier la ville où il doit se rendre, le jour de la déclaration de guerre contre l’Allemagne, en août 1914.

 

Est-il allé directement à la caserne Courcy pour intégrer une des compagnies du 149e R.I. dès les premiers jours du conflit ? A-t-il été blessé en servant dans une autre unité avant d’être affecté dans ce régiment ? Aucuns documents ne permet de donner de réponses à ces deux questions.

 

Les informations en notre possession permettent uniquement de confirmer ceci : Marcel Roze servait comme caporal dans une des sections de mitrailleuses du 1er bataillon du régiment spinalien lorsqu’il trouve la mort dans la nuit du 6 au 7 septembre 1915.

 

Marcel a été tué par un obus français, tombé en plein sur la sape 9, au moment où il effectuait des travaux de nuit pour consolider sa position. Deux de ses hommes, les soldats Lucien Batailland et Jean-François Dupriez ont également été tués.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 6 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Secteur approximatif occupe par le 1er bataillon du 149e R

 

Le second choc psychologique subi par la mère de Marcel, veuve depuis plusieurs années, qui a déjà perdu son fils cadet, décédé à Saint-Pol-en-Ternoise au début du mois de juillet 1915, fut certainement terrible lorsqu’elle apprend la mort de son aîné. 

 

L’analyse des documents officiels retrouvés ne permet pas d’aller plus loin dans l’écriture de cette biographie. L’histoire de cet homme, mort à l’âge de 24 ans, restera probablement encore longtemps pleine d’inconnues.

 

Heureusement, un mémento ayant survécu au  temps nous offre la possibilité de mettre un visage sur ce soldat de la Grande Guerre. Nous pouvons y voir un Marcel arborant une belle moustache patiemment entretenue au fer à friser, posant à côté de son frère cadet.

 

Monument aux morts de Bains-les-Bains

 

Il n’y a pas de sépulture connue pour le caporal Roze. Il repose peut-être dans un des ossuaires de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Marcel et Maurice ne se sont pas mariés. Irma n'a pas eu la joie de devenir grand-mère.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services du caporal Roze a été consultée sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et aux archives départementales des Vosges. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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