Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

Archives
10 mai 2019

Paul Francis Marie Pineau (1874-1948).

Paul Francis Marie Pineau

Jeunesse

Les parents de Paul Francis Marie Pineau, François et Cézarine Caroline Goince se marient le 29 janvier 1873 à Sainte-Suzanne, une petite commune située dans le département de la Sarthe. Le père exerce le métier de ferblantier, il a 26 ans à la naissance de son fils. La mère, qui n’exerce pas de profession, a 29 ans lorsqu’elle donne vie à Paul le 13 janvier 1874 dans la maison familiale de Sablé-sur-Sarthe.

Après avoir suivi sa scolarité primaire obligatoire, Paul a la chance de pouvoir entreprendre des études supérieures. Il devient élève au lycée de Laval, un établissement qu’il quitte en 1890 après l’obtention de son baccalauréat ès lettres et ès sciences.

Souhaitant faire une carrière d’officier, le jeune homme doit préparer le concours d’entrée de l’école spéciale militaire.

Formations militaires

Reçu au concours saint-cyrien à la 30ème place sur 480 élèves, Paul Pineau se rend à la mairie du Mans le 27 octobre 1893 pour y signer un engagement volontaire d’une durée de trois ans. Trois jours plus tard, il commence sa formation en intégrant les effectifs de la promotion « Jeanne d’Arc ».

Nommé caporal le 25 août 1894, sergent le 3 novembre de la même année, il sort de l’école le 1er octobre 1895 avec le numéro 105 sur 465 élèves classés.

C’est comme sous-lieutenant qu’il est affecté au 129e R.I., une unité qui a ses casernes au Havre. Dans un premier temps, il est chargé de l’instruction des jeunes soldats. Paul prend ensuite le commandement d’un peloton de sa compagnie.

129e R

Durant cette période, le sous-lieutenant Pineau rend les meilleurs services dans chacun des emplois qui lui furent confiés, tout particulièrement dans l’aide qu’il apporta à son commandant de compagnie lors de la création du 4e bataillon du régiment. Très bien noté par son colonel, il est promu lieutenant le 31 octobre 1897. Son supérieur lui confie l’instruction des élèves caporaux.

Début 1898, il fait une demande pour intégrer la section des levés de précision de son régiment. Cette requête lui est accordée. Durant toute l’année, il prend part à tous les travaux de cette unité. Une fois de plus, il est très bien noté.

« Officier intelligent et actif, a des dispositions pour le service de topographie. Opère vite, avec soin, dessine très bien. A mérité la mention très bien »

Cette note est transmise par dépêche ministérielle du 7 décembre 1898 au service géographique de l’état-major de l’armée ; ce dernier le mandate pour effectuer une mission sur le continent africain.

Le lieutenant Pineau est envoyé en Tunisie du 28 décembre 1898 au 9 juin 1899 pour travailler sur la carte de ce pays.

Il réintègre le 129e R.I. au mois d’août. Restant très imprégné par son expérience maghrébine, il met beaucoup moins d’ardeur à effectuer ses tâches d’officier de section.

De retour au service géographe de l’armée, rue de Grenelle à Paris, il est envoyé en Algérie du 16 décembre 1899 au 14 juin 1900. Paul Pineau revient au Havre pour une courte période avant de repartir pour un second séjour en Algérie du 28 novembre 1900 au 7 juin 1901. Le 16 mars 1901, il est affecté au 109e R.I. de garnison à Chaumont, une unité qu’il rejoint dès sa rentrée sur l’hexagone.

Paul Pineau est noté comme étant un officier intelligent, zélé, sérieux, bien élevé, avec un caractère ouvert et énergique tout en étant animé du meilleur esprit, ce qui lui permet de remplir tous ses devoirs militaires avec entrain.

Le 26 juin 1901, il épouse une jeune femme âgée de 19 ans du nom de Suzanne Aglaé Marie Boland à Paris. L’oncle de Suzanne, Pierre Guignabaudet, est commandant dans le régiment de Paul. Après le mariage, le couple séjourne plusieurs années à Chaumont-sur-Marne au 12 rue Hautefeuille. Le 25 mai 1902, Suzanne Pineau met au monde une petite fille, Odette Marie, qui meurt le lendemain.

En 1903, le lieutenant Pineau suit les cours de l’école de tir de la Valbonne. À la fin de sa formation, le commandant de l’école lui donne l’appréciation suivante : « Intelligent et laborieux, très bon instructeur, apprécie assez bien les distances, très bon tireur. »

Cette année-là, il reçoit une médaille de 2e classe de la société de topographie de France qui le remercie pour son travail de cartographie effectué en Afrique.

Le 14 octobre 1904 naît un garçon que le couple Pineau prénomme Christian. Paul souhaite retourner au 4e corps, mais cette demande lui est refusée. Il s’inscrit comme candidat à l’école de guerre, mais renonce à se présenter au concours pour cette année.

Le lieutenant Pineau travaille énormément pour être admissible à l’école de guerre durant le 1er trimestre de l’année 1905, mais il échoue à l’examen d’entrée à sa 1ère tentative

Il réussit le concours l’année suivante. Négligeant ses fonctions d’officier de compagnie, il n’est pas bien noté par son capitaine et son chef de bataillon qui lui reprochent « une certaine confiance abusive dans ses propres lumières. »

Carrière d’officier supérieur

Paul Pineau fait un stage au 12e régiment de hussards avant d’entrer à l’école supérieure de guerre le 23 octobre 1906 avec le numéro 30.

Le 8 décembre 1906, la famille Pineau s’agrandit. Une petite fille voit le jour à Paris.

Le lieutenant Pineau dépend administrativement du 4e R.I. à partir du 24 novembre 1906 puis du 144e R.I. à compter du 24 juillet 1907. Promu capitaine le 24 septembre 1908, il est rattaché au 22e B.C.P..

Cet officier quitte l’école de guerre le 21 octobre 1908 avec son brevet d’état-major en poche. La mention « très bien » y est inscrite. Paul Pineau fait partie des vingt premiers élèves de la promotion 32.

Il obtient du ministre de la guerre un congé de trois mois, avec salaire de présence, qui lui permet d’effectuer un long voyage en Italie. Rattaché au 98e R.I., c’est cette unité qui lui verse sa solde durant cette période.

À son retour d’Italie, le capitaine Pineau est placé comme stagiaire au 4e bureau de l’état-major du 3e C.A. du 20 janvier au 20 avril 1909. Il effectue ensuite, au sein du 22e R.A.C. au camp de Chalons, son 2e stage pratique obligatoire prévu dans sa formation de cadre supérieur (un stage dans la cavalerie, un second dans l’artillerie).

Affecté à la section de chancellerie durant le 2e semestre de l’année 1910, Paul est en train d’acquérir une pratique du service d’état-major qui va le rendre apte à toute mission.

Le capitaine Pineau continue de se montrer du point de vue tactique un officier très complet. Il accomplit un dernier stage au 6e dragons durant les manœuvres d’automne.

Sa formation pratique d’officier supérieur s’achève à la fin du mois de septembre 1910. Muté au 119e R.I., il prend le commandement d’une des compagnies du régiment.

Les relations entre Suzanne et Paul se détériorent. Elles se dégradent tellement que le couple finit par se séparer. Suzanne rencontre l’écrivain Jean Giraudoux ; elle aura avec lui une longue histoire amoureuse et un enfant né en 1919, avant de l’épouser après son divorce avec Paul. Ce divorce est prononcé par un jugement du tribunal civil de la Seine le 20 mai 1920.

En 1911, Paul Pineau prend part aux manœuvres de cadres de la 6e D.I..

En 1912 le colonel du 119e R.I. écrit ceci à son sujet : « Le capitaine Pineau instruit très bien ses recrues. Il exerce une heureuse influence sur le régiment par ses connaissances étendues et le dévouement avec lesquels il aide les lieutenants qui étudient. Il y a là une démonstration évidente des exercices que peuvent rendre dans un régiment les officiers brevetés. »

Affecté à l’état-major de l’armée par décision ministérielle du 23 mars 1914, le capitaine Pineau est rayé des contrôles du 119e R.I. le 9 août 1914.

1er conflit mondial

Paul Pineau est au service des chemins de fer des armées au début de la mobilisation générale ; cet évènement à la fin du mois de juillet 1914 est annonciateur du premier grand fléau du 20e siècle. Dès les premiers mois du conflit, Paul fait une demande écrite pour rejoindre une unité combattante.

Nommé commandant à titre temporaire le 15 novembre 1914, il prend la tête du 2e bataillon du 28e R.I..

Le commandant Pineau s’occupe successivement d’un secteur de bataillon à la Neuville puis d’un secteur de deux bataillons à Berry-au-Bac. Il se distingue dans ces deux lieux par son esprit d’organisation, son entrain et son activité, en communiquant toute son ardeur à ses subordonnés ; ces derniers concourent, avec lui, à faire du village de Berry-au-Bac et des tranchées avoisinantes un secteur modèle.

Paul Pineau passe le Noël 1914 à Berry-au-Bac, son bataillon tient des tranchées creusées dans le village même avec le soutien de territoriaux du 78e R.I.T.. Il rédige un courrier à Henri Bordeaux, célèbre écrivain qui a rendu visite au 28e R.I. en décembre 1914.

Pour lire cette petite correspondance, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_du_28e_R

Paul montre un esprit très ingénieux qui ne laisse rien au hasard dans les affaires du 20 au 23 janvier 1915. Cet officier connaît parfaitement son personnel qu’il emploie à bon escient en lui communiquant sa flamme et sa ténacité.

Le commandant Pineau est proposé pour une citation à l’ordre de la Ve armée à la suite de l’affaire du 23 qu’il a su mener à bien.

Le 5 mai 1915, il est confirmé à titre définitif dans ses fonctions de commandant.

Cette titularisation lui permet de prendre le commandement du 3e B.C.P. dix jours plus tard. 

Avec ses chasseurs, il fait preuve, dans les combats très durs des mois de mai et de juin, de beaucoup de perspicacité, d’une très bonne aptitude au commandement et d’un grand courage personnel.

Le 11 juin 1915, son abri est écrasé sous des obus de 210. Il sort indemne de la situation avec une contusion grave du ménisque interne du genou droit. Il n’est pas évacué vers l’arrière.

Le 22 juin 1915, il est cité à l’ordre de la Xe armée.

D’un bataillon complètement détruit, recomposé à partir de renforts venus de plusieurs dépôts, il parvient à faire un corps très homogène. Paul Pineau conduit ses hommes de manière brillante dans l’offensive de septembre 1915. Il est décrit par le général Guillemot, responsable de la 85ème brigade, comme étant un chef de corps de 1ère valeur ayant une très haute conception de tous ses devoirs. De plus, cet homme est considéré comme étant un instructeur remarquable et un administrateur averti ayant un fort ascendant sur ses subordonnés.

Le commandant Pineau réorganise une nouvelle fois son bataillon, après les lourdes pertes subies dans les attaques de septembre, pour en faire un corps de troupe des plus solides et des plus brillants.

Il quitte le 3e B.C.P. le 2 février 1916 pour rejoindre le 3e bureau de l’état-major de la 2e armée.

À la tête du 149e R.I.

Chateau_de_Deniecourt_18_octobre_1916

Nommé lieutenant-colonel à titre temporaire, Paul Pineau reçoit le commandement du 149e R.I. le 10 septembre 1916. Ce régiment a été durement éprouvé au cours des combats qui eurent lieu les jours précédents dans le secteur de Soyécourt dans la Somme. Le 149e R.I. vient de perdre son chef de corps. Le lieutenant-colonel Gothié a été blessé avant d’être capturé par l’ennemi.

Le lieutenant-colonel Pineau, à la tête du régiment spinalien, prend part à la bataille de la Somme jusqu’en décembre 1916.

Poste_de_commandement_du_lieutenant_colonel_Pineau_en_octobre_1916

Le 21 décembre 1916, le général Guillemot note ceci dans le feuillet du personnel de son subordonné :

« Affecté au commandement du 149e R.I., au cours des opérations de septembre dans des circonstances particulièrement délicates, le lieutenant-colonel Pineau a su donner immédiatement la mesure des brillantes qualités de chef de corps dont il avait déjà fait preuve à la tête du 3e B.C.P. au cours des offensives en Artois. Appelé récemment à engager son régiment (novembre 1916) dans un secteur où il venait d’effectuer une relève en fin de combat, a eu l’heureuse initiative de réaliser des approches qui lui ont donné la possession de position ennemie et de s’y maintenir malgré de violentes contre-attaques précédées de jets de flammes. Chef de corps qui joint à une exceptionnelle valeur morale les plus précieuses qualités de commandement. Le lieutenant-colonel Pineau mérite au plus haut degré d’être titularisé dans le grade de lieutenant-colonel. »

À partir du 26 décembre 1916, le 149e R.I. se repose et s’instruit mi-partie au camp de Villersexel, mi-partie en deuxième ligne du secteur Seppois-Largitzen en Haute-Alsace.

Le_lieutenant_colonel_Pineau_devant_la_frontiere_alsacienne_en_fevrier_1917

Le 25 janvier 1917, le lieutenant-colonel Pineau est cité à l’ordre du 21e C.A..

Le_lieutenant_colonel_Pineau_devant_le_chateau_Belleau_le_13_mai_1917

Le 14 avril 1917, le 149e R.I. débarque à Montmirail.

Un mois plus tard, le lieutenant-colonel Pineau quitte le 149e R.I. en donnant son commandement au lieutenant-colonel Boigues. Il laisse à regret un régiment en parfait état sous tous les rapports : discipline, état moral, ordre, tenue, instruction.

L’après 149e R.I.

Il prend ses nouvelles fonctions comme sous-chef d’état-major au 10e C.A. après son départ du 149e R.I..

Le 1er octobre 1917, Paul Pineau est nommé lieutenant-colonel à titre définitif avant d’être désigné pour servir à la direction de l’arrière du grand quartier général.

Le 20 octobre, il est au service des chemins de fer occupant un poste de commissaire régulateur.

Le 5 mars 1918, il est détaché à l’armée américaine, avec la même charge professionnelle, sur la ligne de communication sud aux armées durant plus de sept mois.

Le 26 octobre le lieutenant-colonel Pineau devient chef du 3e bureau à l’état-major de l’armée française en Belgique. Durant quinze jours il assume les fonctions de sous-chef d’état-major de la 6e armée. C’est à ce poste qu’il apprend que l’armistice vient d’être prononcé.

Après l’armistice

Le lieutenant-colonel Pineau travaille à l’état-major de l’armée, aux armées, du 12 novembre au 10 décembre 1918 avant de devenir l’administrateur supérieur du district de Wiesbaden dans Hesse.

 Cet officier est remis à la disposition de son arme le 15 octobre 1919, à la suite d’une réduction d’effectif dans l’administration des territoires rhénans. Il est affecté pour ordre au 103e R.I..

Une semaine plus tard, Paul Pineau est sous l’autorité directe du ministre de la reconstitution industrielle. Affecté à la direction du service à Bruxelles, il est chargé de préparer l’organisation de la restitution des œuvres d’art et du mobilier artistique en accord avec le traité de Paix de Versailles

Il est ensuite détaché comme secrétaire général à la direction du service du charbon, une fonction qu’il occupe jusqu’en avril 1920.

Le lieutenant-colonel Pineau est mis en congé sans solde le 7 avril 1920 pour une durée d’un an. Ce congé est prolongé durant trois années.

Le 20 octobre 1921, il épouse, à la mairie du VIème arrondissement de Paris, Élisabeth Marie Machenschein, une femme âgée de 37 ans.

Le 15 novembre 1923, Paul Pineau est promu au grade de colonel de réserve. Ce jour-là, il est admis à la retraite et rayé des contrôles de l’armée active avant d’être affecté au gouvernement militaire de Paris.

Remis à la disposition de son arme par décision ministérielle 263-6/11 du 29 janvier 1930, il est adressé aux services militaires du territoire de la région de Paris par décision ministérielle du 10 février 1930.

Le colonel Pineau est rayé des cadres à partir du 14 janvier 1938. Il en a définitivement terminé avec sa carrière militaire.

Paul Pineau décède le 28 février 1948, chez lui, au 3 square Raynouard dans le XVIe de Paris.

Les_d_corations_du_lieutenant_colonel_Pineau

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec 3 palmes et une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre de la Ve armée du 5 février 1915 :

« Chargé de défendre un secteur délicat, l’a organisé avec une méthode remarquable et a préparé avec une grande habileté une contre-attaque qui a été couronnée de succès malgré un bombardement très violent. »

Citation à l’ordre de la Xe armée du 22 juin 1915 :

« A su par son ascendant personnel obtenir des débris de son bataillon dont il venait de prendre le commandement, un admirable effort, pour conquérir des tranchées énergiquement défendues et pour s’y maintenir malgré un violent bombardement et de nombreuses contre-attaques. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. du 25 janvier 1917 :

« A pris dans des circonstances difficiles le commandement d’un régiment déjà éprouvé par la lutte et qui, sous sa vivifiante impulsion s’est de nouveau porté brillamment le 17 septembre 1916 à l’assaut des positions adverses. A pressenti les intentions du commandement et, sans attendre l’ordre, a talonné l’ennemi. A ainsi conquis une tranchée de près de 900 mètres, en a assuré l’organisation et y a maintenu ses unités jusqu’à la relève. »

Citation à l’ordre de la Xe armée du 20 février 1919 :

« Appelé à engager son régiment, le 149e R.I. dans un secteur où il venait d’effectuer une relève en fin de combat, a eu l’heureuse initiative de réaliser des approches qui lui ont donné la possession de positions importantes (14 octobre 1916) constituant une nouvelle parallèle de départ et permettant d’éviter de nombreuses pertes dans l’occupation du secteur. A pu, grâce à cette avance, enlever brillamment la position ennemie (7 novembre 1916) et s’y maintenir malgré de nombreuses contre-attaques précédées de jets de flammes. »

Chevalier de la Légion d’honneur le 16 juin 1915.

Officier de la Légion d’honneur arrêté du 13 août 1920 prenant rang à partir du 16 juin 1920.

Autres décorations :

Officier de l’instruction publique

Officier de l’ordre du Nicham Iftikar de Tunisie

Chevalier de l’ordre du mérite agricole

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

Médaille interalliée de la victoire

Médaille japonaise : Officier de l’ordre du soleil levant

Médaille belge : Officier de l’ordre de Léopold

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de la Sarthe.

Cahier Jean Giraudoux n° 31. Éditions Grasset & Fasquelle 2003.

Pour consulter la généalogie de Paul Pineau il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Le colonel Pineau possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant.

Site_base_Leonore

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à A. Carobbi, à M. Porcher, à B. Sonneck et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

3 mai 2019

Ouest du bois en Hache, du 10 au 13 septembre 1915.

A_ceux_du_149e_R

Du 10 au 11 septembre 1915

Le 2e bataillon du 149e R.I. est toujours positionné en 1ère ligne. Les 1ère et 2e compagnies du régiment sont au fossé aux loups, la 3e à la tranchée des Saules et la 4e à la tranchée en V. Le 3e bataillon occupe des emplacements de 3e ligne.

Le secteur ennemi est plutôt calme, aucun mouvement de troupe n’est à signaler.

Une canonnade peu intense a lieu entre 12 h 00 et 16 h 00 sur la partie gauche du sous-secteur, du côté d’e5 et de f8. L’artillerie allemande reprend ses tirs de 21 h 00 à 22 h 00 sur e7 et f11. 

Deux torpilles tombent dans le voisinage de m2 et de la sape 9.

Dans la nuit du 10 au 11 septembre, le sous-lieutenant Didier, de la 6e compagnie, reçoit l’ordre d’aller fouiller le terrain en avant des lignes françaises. Cet officier doit chercher des éléments nouveaux concernant la disparition du sous-lieutenant Bozonnat. Il regagne la tranchée sans rien avoir trouvé.

Deux mitrailleuses ennemies semblent avoir été positionnées dans la tranchée o5 m5, à son intersection avec la parallèle circulaire contournant o5. Une observation fine à la jumelle a révélé 2 embrasures aux créneaux, mais aucune pièce n’a été distinguée pour l’instant.

De nombreux obus ennemis sont tombés sur toute cette zone de front entre 8 h 00 et 11 h 00.  

Les Allemands tentent de placer des réseaux de fil de fer devant leurs tranchées, en avant de la sape 7. Des feux de salve français partis de cet endroit les obligent à stopper net leur labeur.

Plusieurs patrouilles sont envoyées en avant des sapes 3, 4, 5, 6, 6’, 7, 8 et 9.

Le corps du sergent Landsmann est retrouvé dans un trou d’obus. Cet homme faisait partie des trois grenadiers portés disparus depuis la nuit du 9 au 10 septembre.

Les Français continuent d’améliorer leur secteur en aménageant les banquettes de tir et d’abris de leurs tranchées. Les travaux se poursuivent concernant la parallèle entre f11 et e7 et son point de jonction avec la parallèle intermédiaire. La sape 7’ est enfin terminée. Il faut également renforcer les défenses accessoires entre f11 et e7 et la limite nord du sous-secteur.

                                    Tableau des tués pour la journée du 10 septembre 1915

                                 Tableau des blessés pour la journée du 10 septembre  1915

Du 11 au 12 septembre 1915

Bois_en_Hache_juin_2017

Il n’y a aucune manifestation du côté de l’ennemi. La nuit est plutôt tranquille, il n’y a que quelques coups de feu. 

Une canonnade intermittente et peu intense a lieu sur tout le front du sous-secteur principalement entre 14 h 00 et 16 h 00.

Les patrouilles françaises poussées en avant des sapes 8 et 8’ et 4 entendent les Allemands qui travaillent dans le labyrinthe en face de la sape 8. La situation est identique en face de f12, f11 et e7.

Tableaux des pertes du 149e R.I. du 11 septembre 1915

                                     Tableau des tués pour la journée du 11 septembre 1915

                                   Tableau des blessés pour la journée du 11 septembre 1915

Le 12, les tirs d’artillerie reprennent de minuit à 0 h 30 et de 8 h 00 à 10 h 00.

Plusieurs patrouilles sont envoyées en avant des sapes 4, 5, 6, 6’, 7,7’, 8, 8’ et 9.

                                    Tableau des tués pour la journée du 12 septembre 1915

                                  Tableau des blessés pour la journée du 12 septembre 1915

13 septembre 1915

Les compagnies du 3e B.C.P. viennent remplacer celles du 2e bataillon du 149e R.I..

Le bataillon Schalck est envoyé en réserve de division à la fosse 10 avec les 3e et 4e compagnies du 1er bataillon du régiment, s’éloignant ainsi de la 1ère ligne.

Bully_Grenay_fosse_n_10

Il ne reste, dans le sous-secteur de la ligne de front, que la 1ère et la 2e compagnie du régiment installées au fossé aux loups. Le 3e bataillon conserve ses emplacements.

La compagnie de mitrailleuses de brigade est maintenue sur sa position.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées

J.M.O. du 3e B.C.P. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

La vue "panoramique" du bois en Hache a été prise en juin 2017 par T. Cornet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, au dessinateur Marko,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

26 avril 2019

Henri Émile Jeannin (1895-1915)

Henri__mile_Jeannin

 

Originaire du petit village haut-marnais de Cirfontaines-en-Azois, Henri Émile Jeannin voit le jour le 17 mai 1895 au domicile familial. Il est le 3e enfant d’une fratrie composée de 8 frères et sœurs.

 

Sa mère, Marie Anastasie Legoux, est âgée de 26 ans. Elle travaille comme vigneronne dans une exploitation locale.

 

Son père, qui exerce la même profession, se prénomme Théophile René. Il a 34 ans.

 

Les rentrées d’argent apportées au foyer par le labeur parental ne sont pas suffisantes pour nourrir l’ensemble de cette grande famille. Très tôt, Henri est obligé d’aller travailler. Sa vie d’enfant et d’adolescent ne fut certainement pas facile tous les jours.

 

Genealogie_famille_Jeannin

 

La fiche signalétique et des services d’Henri Émile Jeannin nous fait savoir qu’il possède un degré d’instruction de niveau 0.

 

Henri n‘a donc pas suffisamment fréquenté l’école communale pour avoir appris à lire, écrire et compter.

 

Plus tard, le jeune homme s’installe dans la commune d’Orges. Les années de jeunesse s’écoulent jusqu’à l’arrivée d’un nouveau conflit armé contre l’Allemagne qui débute en août 1914.

 

Celui de 1870 est maintenant vieux de plus de quarante ans, mais il est encore très présent dans les esprits. Les premiers mois de guerre sont particulièrement meurtriers. Pour cette raison, la classe d’Henri Jeannin est vite appelée par la République, et cela, bien avant la date échéance d’incorporation du temps de paix.

 

La classe 1914 doit au plus tôt être formée au maniement du Lebel. Il va falloir aussi endurer les longues marches qui vont en grande partie conditionner la résistance physique des futurs combattants.

 

Robuste et en bonne santé, Henri est vite reconnu « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui vient de se réunir à Châteauvillain.

 

Il est obligé d’abandonner son activité professionnelle de domestique de culture qu’il pratique depuis plusieurs années. Henri Jeannin rejoint le dépôt du 149e R.I. qui est installé à Rolampont, une commune située à 42 km de son lieu d’habitation.

 

Les aléas de la guerre ont entraîné le dépôt de ce régiment à se retirer de la ville d’Épinal dès le début du conflit, pour aller prendre place dans cette petite commune de Rolampont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Commencée le 19 décembre 1914, la formation militaire d’Henri est achevée à la fin du mois de juillet 1915. Il est temps pour lui de rejoindre la zone des armées.

 

Le 28 juillet 1915, Henri intègre une section de la 6e compagnie qui se trouve sous l’autorité du lieutenant Damineau. À partir de cet instant, il est impossible de détailler son quotidien.

 

Le 9 septembre 1915, sa compagnie est en 1ère ligne à l’ouest du bois en Hache à proximité d’Aix-Noulette. À 16 h 00, Henri Jeannin est abattu d’une balle au cours d’une attaque menée par un peloton allemand.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journees_des_9_et_10_septembre_1915

 

Quatre jours plus tard, le caporal-fourrier Gabriel Chaussin et le soldat Pierre Belleu, deux hommes qui l’ont vu tomber, signent son acte de décès en présence de l'officier d’état civil du régiment, le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse.

 

La mairie d’Orges reçoit la transcription de cet acte le 1er novembre 1915.

 

Le corps du soldat Jeannin est restitué à la famille dans les années 1920. À l’heure présente, il repose toujours dans le petit cimetière communal d’Orges, partageant sa sépulture avec son frère Jules.

 

Sepulture_Henri_Jeannin

 

La Médaille militaire lui a été remise à titre posthume (Publication dans le J.O. du 16 décembre 1920).

 

« Soldat dévoué, courageux. A toujours été d’un entrain admirable. Mortellement frappé le 9 septembre 1915 à Aix-Noulette. »

 

Cette décoration lui donne également droit au port de la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Pour honorer ses « morts pour la France », la paroisse d’Orges se démena pour trouver les financements nécessaires à la création d’un vitrail. Lorsque nous rentrons à l’intérieur de ce lieu de culte, il est impossible de ne pas remarquer l’espace imposant tout spécialement créé à leur intention. Plusieurs plaques commémoratives avec portraits ont été fixées sur un des murs de l’église. Parmi elles, figure celle d’Henry Jeannin.

 

Eglise_d_Orges

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune d’Orges.

 

Henri Émile Jeannin ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de ce soldat a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Toutes les photographies ont été réalisées par J.N. Deprez.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à V. le Calvez, aux archives départementales de la Haute-Marne et à la mairie d’Orges. 

19 avril 2019

Du 31 octobre au 6 décembre 1917, revues et permissions pour les hommes du 149e R.I..

Apres_la_bataille_de_la_Malmaison

Le 149e R.I. s’apprête à se retirer du secteur proche de la Malmaison. Le colonel Boigues vient de recevoir l’ordre d’aller faire cantonner ses hommes à l’ouest de Montmirail. Le 1er bataillon quitte Billy-sur-Aisne le 31 octobre.

Les 2e et 3e bataillons du régiment rejoignent les lieux de repos le lendemain. Ils laissent Condé-sur-Aisne et Chantereine derrière eux.

Les noms des communes qui accueillent les compagnies du régiment spinalien n’ont pas été retrouvés. Elles se sont vraisemblablement installées à Viels-Maisons et dans sa proximité.

Une importante revue d’honneur demandée par le chef de la VIe armée, le général Maistre, se déroule à Soissons le 31 octobre 1917. Des délégations de chaque unité du  21e C.A. y sont conviées. À 14 h 00, chacune d’entre elles prend place boulevard Jeanne d’Arc.

Ce jour-là, les « trophées » pris à l’ennemi durant l’attaque de la Malmaison furent exposés devant l’abbaye de Saint-Jean-des-Vignes à « la cité du vase ».

Les_trophees_de_la_6e_armee_devant_l_eglise_Saint_Jean_des_Vignes_a_Soissons

Sous le regard bienveillant de Georges Clemenceau, le général Maistre félicite le colonel Boigues pour l’action menée par son régiment durant la bataille de la Malmaison.

Georges_Clemenceau_et_le_g_n_ral_Maistre_passent_en_revue_le_149e_R

Dans la petite commune de Viels-Maisons, le commandant en chef des armées françaises, Philippe Pétain, passe en revue les officiers disponibles de la 43e D.I. et les délégations d’hommes de troupe de tous les corps de la division. La photographie suivante le représente devant la délégation du 149e R.I..

La_revue_du_149e_R

Les hommes bénéficient de plusieurs jours de repos avant de reprendre l’instruction. Les plus chanceux pourront rendre visite à leurs familles. Les taux de permissions sont de l’ordre 50 % à 60 % et durent 12 jours.

Le 10 novembre, le général commandant en chef Pétain remet aux drapeaux du 12e R.A.C. du 158e et 149e R.I. la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre.

Le 13 novembre le 149e R.I. régiment reçoit officiellement sa seconde citation à l’ordre de l’armée.

« Régiment d’avant-garde, ayant un long passé de gloire. Sous les ordres du colonel Boigues, s’est distingué une fois de plus le 23 octobre 1917, en s’emparant dans un élan irrésistible, de positions puissamment organisées sur plus de trois kilomètres de profondeur. Malgré de lourdes pertes en officiers a mené le combat jusqu’au bout avec la même ardeur, la même cohésion, brisant toutes les résistances et atteignant tous les objectifs assignés. A fait 700 prisonniers et capturé 19 canons dont 10 lourds, 54 mitrailleuses et une grande quantité de matériel. »  

Durant la dernière décade du mois de novembre, les hommes ont eu droit à plusieurs séances cinématographiques. Les films de Charlie Chaplin et d’Éric Campbell, de Roscoe Arbuckle et de Max Linder furent probablement au programme.

Jusqu’au 6 décembre 1915, la vie s’écoule, calme et monotone, dans les petits villages où sont cantonnés les bataillons du 149e R.I..

Sources :

J.M.O. du 21e C.A. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 195/4.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf 26 N 815/4.

Historique du 149e R.I. (version luxe) Épinal, Imprimeries Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Les photographies représentant le général Pétain  et le général  Maistre proviennent du fonds Rémy qui se trouve aux archives départementales des Vosges. Le fonds Rémy est conservé sous la cote 141 J. La 1ere épreuve est référencée sous le numéro 58, la seconde, sous le numéro 57.

La photographie montrant les trophées pris aux Allemands, durant la bataille de la Malmaison, appartient à T. de Chomereau.

Ces trois clichés furent également publiés dans la version « luxe » de l’historique du 149e R.I..

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et les archives départementales des Vosges.  

12 avril 2019

Joseph Jean Lafont (1882-1915)

Joseph Jean Lafont

 

Joseph Jean Lafont est né le 11 décembre 1882 à Saint-Laurent-des-Arbres, dans le département du Gard. Il est le fils de Siméon Anselme et de Mathilde Valérie Drivet.

 

Contrairement aux registres d’état civil qui ne sont toujours pas en ligne, la fiche signalétique et des services de Joseph Lafond est heureusement accessible sur le site des archives départementales du Gard. Elle nous apprend  que Joseph possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il exerce le métier de boucher à Pujaut.

 

Cette fiche nous informe également que son père vit dans la même petite localité occitane et que sa mère est décédée.

 

En l’état actuel des sources disponibles, il est donc difficile de pouvoir reconstruire de manière plus détaillée l’histoire familiale de cet homme.

 

L’année de ses vingt ans, le conseil de révision le classe dans la 1ère partie de la liste de recrutement du canton de Villeneuve-lès-Avignon.

 

Ce jeune gardois intègre les effectifs d’une compagnie du 3e R.I., le 16 novembre 1903. Ce jour-là, il reçoit le numéro 5983 au répertoire du corps. Sa formation de fantassin commence aussitôt après le passage chez le coiffeur, la réception du paquetage et l’installation dans le dortoir. Joseph sait qu’il va devoir passer trois ans de son existence à la caserne, mais ce n’est pas tout à fait ce qui va se produire.

 

Le 13 février 1906, la commission spéciale de réforme de Digne lui diagnostique une « adénite cervicale volumineuse ». Réformé n° 2, il est autorisé à retourner chez lui avant d’avoir terminé ses obligations militaires. De fait, cette exemption médicale forcée le dispense des futures périodes d’exercices obligatoires.

 

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, Joseph peut encore rester au village. Mais il ne conservera pas cette « faveur » bien longtemps !

 

En effet, le 11 décembre 1914, il passe devant le conseil de révision pour la seconde fois de sa vie. Cette fois-ci, ses problèmes de santé ne sont pas jugés suffisamment invalidants pour qu’il puisse prétendre à la réforme définitive. Joseph Lafont est inévitablement classé « bon pour le service armé ».

 

Contraint de revêtir une nouvelle fois l’uniforme, il rejoint la ville de Lyon le 25 février 1915. Cette fois-ci, Joseph intègre le 99e R.I.. Il n’a droit qu’à une petite vingtaine de jours pour se reconditionner à la vie de soldat.

 

Joseph Lafont est ensuite envoyé dans la zone des armées, probablement pour achever son instruction dans un bataillon de marche.

 

Le 9 juin 1915, le soldat Lafont rallie les effectifs du 158e R.I., une unité qui détient également son dépôt dans la « capitale des Gaules ».

 

Il n’y reste que très peu de temps. Le 21 juin 1915, notre homme est versé à la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Il ne portera le numéro de ce corps que durant quelques semaines.

 

Joseph Lafont trouve la mort le 9 septembre 1915 en Artois, au sud-ouest d’Angres. Son nom est inscrit dans l’état des pertes du régiment du 149e R.I..

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Les chefs de bataillons du 149e R

 

Les caporaux Fernand Bar et Octave Desrues signent l’acte de décès de Joseph Lafont. Ce document est transcrit à la mairie de Pujaut le 18 février 1916.

 

Le soldat Lafont repose actuellement dans le cimetière militaire franco-britannique d’Aix-Noulette. Sa sépulture individuelle, placée au rang 25, porte le numéro 434.

 

 

La Médaille militaire lui a été décernée à titre posthume (Publication dans le J.O. du 07/06/1921).

 

« Soldat dévoué et courageux. Tué à son poste le 9 septembre 1915, à Souchez, en faisant vaillamment son devoir »

 

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Le nom de Joseph Jean Laffont est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Pujaut.

 

L’absence des registres d’état civil du département du Gard sur internet n’a pas permis la reconstruction de la généalogie de la famille Lafont, même de façon partielle. Joseph a-t-il été marié ? A-t-il eu une descendance ? Il est actuellement impossible de répondre à ces questions.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Joseph Jean Lafont a été consultée sur le site des archives départementales du Gard.

 

La photographie de la sépulture a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet et aux archives départementales du Gard. 

4 avril 2019

Ouest du bois en Hache, du 9 au 10 septembre 1915.

Les_chefs_de_bataillons_du_149e_R

Le 2e bataillon du 149e R.I. est en 1ère ligne depuis le 8 septembre. Ses 1er et 3e bataillons sont positionnés en 2e ligne. Six compagnies sont en réserve de secteur, les deux autres en soutien du bataillon Schalck.

Une section de mitrailleuses possède encore une de ses pièces à la sape 9. La seconde pièce s’est installée à la sape 8’. La seconde section est toujours dans la tranchée Dulys, en attente de son nouvel emplacement en construction dans le boyau Coquelet. Une troisième section de mitrailleuses est en place à proximité de la sape 6’.

Carte_1_journees_des_9_et_10_septembre_1915

Legende carte 1 journees des 9 et 10 septembre 1915

Dans la matinée du 9, plusieurs torpilles tombent en avant de la sape 4.

La sape 7’ est toujours en construction.

Une canonnade assez intense a lieu, à partir de midi, à gauche du sous-secteur nord entre f8 et e6. Elle dure pendant quatre heures.

La soirée s’annonce mouvementée, particulièrement dans la zone occupée par la 6e compagnie du bataillon Schalck.

Cette compagnie est commandée par le lieutenant Damineau. Elle utilise la ligne F12-f11-e7 et la sape 4. Elle a sa liaison assurée à droite avec la 5e compagnie du 149e R.I., et, à gauche, avec la 4e compagnie du 10e B.C.P..

À 21 h 00, un peloton allemand en provenance de e12, attaque la sape 3 où travaillent des hommes du 10e B.C.P. ainsi que le poste d’écoute occupé par un caporal et 6 grenadiers de la 6e compagnie du 149e R.I.. L’ennemi parvient à s’emparer d’une partie de la sape 3 et du poste d’écoute.

Carte_2_Attaque_allemande_du_10_septembre_1915

Legende_carte_2_attaque_allemande_du_10_septembre_1915

Une contre-attaque est effectuée par des fractions des 4e et 5e compagnies du 10e B.C.P.. Les Allemands sont obligés d’évacuer leurs emplacements fraîchement conquis, ils regagnent leur ligne.

Disparition du sous-lieutenant Bozonnat.

Durant l’attaque allemande, la section commandée par le sous-lieutenant Bozonnat reçoit l’ordre de venir renforcer la ligne f11-e7 et de s’y installer.

Une fois sur place, le sous-lieutenant Bozonnat donne des instructions de détail à ses gradés et soldats pour les travaux à exécuter et sur la conduite à tenir en cas de nouvelle attaque.

À 22 h 45, le lieutenant Damineau, qui commande la 6e compagnie, vient s’assurer que toutes les fractions de son unité se trouvent bien à leur place. Il constate que le sous-lieutenant Bozonnat et ses hommes sont bien à l’endroit indiqué. Le lieutenant Damineau demande un compte-rendu verbal à son subordonné sur l’installation de sa section.

À 23 h 00, le sous-lieutenant Didier de la 6e compagnie, installé au poste d’écoute de la sape 3, reçoit la visite du sous-lieutenant Bozonnat qui, sans rien dire à personne, vient de quitter sa section.

Les deux hommes échangent quelques mots avant de se séparer. À partir de cet instant, le sous-lieutenant Bozonnat n’est plus reparu à la compagnie.

Une enquête est effectuée à la compagnie. Il en résulte que le sous-lieutenant Bozonnat était indisposé à 22 h 45. L’aspirant Benoît s’en étant rendu compte lui en a fait la remarque. L’officier lui répondit : « Ce n’est pas grand-chose. »

Un peu plus tard, l’aspirant Benoît s’inquiète de l’absence de son chef de section. Il avertit aussitôt son commandant de sa compagnie.

Les hommes de la section Bozonnat sont interrogés. Ils ne purent fournir aucun renseignement.

Durant les heures suivantes, le sous-lieutenant Didier, le sergent Besançon et quelques hommes fouillèrent tous les abris, sapes, tranchées et parallèles du secteur. Les recherches se poursuivirent le lendemain, en vain.

En fait, personne ne sait encore que le sous-lieutenant Bozonnat a tout bonnement été fait prisonnier.

Au cours de la nuit, plusieurs patrouilles ont été envoyées dans le secteur du 2e bataillon en avant des sapes 4, 5, 6, 6’, 7, 8 et 9.

Les Allemands ont placé des réseaux de barbelés, des solutions de continuité existent encore pour les Français. Une patrouille a remarqué des rouleaux tout neufs au-devant de leur tranchée.

Un petit poste avancé, en face de la sape 8, semble être pourvu d’une mitrailleuse blindée. Les balles produisent un son métallique.

                                      Tableau des tués pour la journée du 9 septembre 1915

                        Tableau des blessés et des disparus pour la journée du 9 septembre 1915

Le 10 septembre, les artilleurs tirent de manière intermittente sur tout le front à partir de 7 h 00. La canonnade stoppe à 11 h 00.

Lieutenant-colonel Gothie et le bois en Hache

Dans la matinée du 10 septembre, le lieutenant-colonel Gothié rédige, pour sa hiérarchie, un compte-rendu sur les évènements de la nuit du 9 au 10. 

« La 6e compagnie occupait la sape 4, la parallèle f12, f11 e7 et le point où la parallèle intermédiaire rejoint la sape 3 de la manière suivante :

Une section dans la parallèle f12-f11, une escouade à la sape 4 surveillant particulièrement le flanc nord. Enfin une ligne de postes d’écoute sans la liaison, en construction. Ces postes d’écoute étaient au nombre de 3. Le 1er au nord de f11, le second à e7 et enfin le 3e au sommet du talus e12 en liaison avec les chasseurs de la sape 3.

À 21 h 00, tous ces emplacements étaient occupés. Le poste d’écoute extrême se trouvait en liaison avec les chasseurs à pied.

Vers 21 h 05, un coup de sifflet retentit en avant du poste d’écoute et de la sape 3. Les travailleurs des 3e et 9e compagnies arrivaient à ce moment-là, au chemin creux de notre ancienne première ligne. Les hommes du poste d’écoute virent alors une ligne de tirailleurs ennemis s’approcher. Ils lancèrent immédiatement des grenades sur les assaillants se dirigeant vers le poste. Les Allemands continuèrent leur offensive. Les hommes du poste furent obligés d’évacuer leur emplacement. Ils durent rejoindre un groupe de chasseurs à pied travaillant à proximité, dans la sape 3 pour contribuer à sa défense.

La ligne de tirailleurs ennemis fut arrêtée par les nombreux coups de feu des défenseurs et les mitrailleuses des chasseurs à pied occupant la sape 3. Les Allemands durent se replier un instant après, devant la contre-attaque du 10e B.C.P. déclenchée aussitôt.

Le poste d’écoute extrême du 149e R.I. s’était replié vers les chasseurs avec lesquels il se trouvait plus directement en relation ; ainsi, il n’a pas pu prévenir aussitôt le commandant de la 6e compagnie du 149e R.I.. C’est ce qui explique pourquoi la contre-attaque est venue immédiatement du 10e B.C.P.. Le poste d’écoute a été réoccupé aussitôt par la 6e compagnie du 149e R.I. dès que le commandant de compagnie en fut informé.

Une entente complète était établie dès 22 h 00 entre le 149e R.I. et le 10e B.C.P. pour les mesures de précaution.

Le commandant Schalck dispose alors des compagnies de travailleurs à proximité. (3e compagnie plus une section de la 9e)

Cette situation au nord du sous-secteur du centre restera précaire tant que la liaison en tranchée profonde avec le sous-secteur nord ne sera pas terminée. 

Une mitrailleuse française sera poussée ce soir à l’extrémité nord de la parallèle construite pour protéger plus efficacement «les travailleurs».

Muté au 31e B.C.P., le capitaine Pretet laisse le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. au commandant Chevassu.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

J.M.O. du 3e B.C.P. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fond de carte du secteur de Lorette construit par V. le Calvez.

La photographie du bois en Hache a été réalisée par T. Cornet.

Il n’a pas été possible de faire un travail de précision pour la carte qui donne les positions des compagnies du 2e bataillon du 149e R.I.. L’échelle du calque utilisé pour sa réalisation est différente de la carte réalisée par V. Le Calvez. Cette carte ne doit avoir qu’une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à D. Gothié,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

29 mars 2019

Albert Constant Noirot (1881-1922).

Albert Constant Noirot

Né de Louis Cyrille et de Jeanne Adélaïde Zoé Courbet, Albert Constant Noirot voit le jour le 8 décembre 1891, dans la commune de Port-Lesney. Il est le dernier d’une fratrie de 6 enfants. Deux d’entre eux n’ont pas survécu à leur première semaine de vie.

genealogie famille Noirot

Les parents ont toujours travaillé comme cultivateurs dans la région jurassienne.

Léon Clovis, le seul frère d’Albert, est interné à l’hospice de Saint-Ylie. En 1910, le conseil de révision le dispense de toutes obligations militaires pour « idiotie ». Il en est de même en 1914 au moment où tous les exemptés furent dans l’obligation de repasser devant la médecine militaire.

Albert Noirot quitte l’école communale de Port-Lesney en sachant lire, écrire et compter.

En 1901, il entre dans sa 20e année. Sans profession, il habite toujours chez son  père et sa mère qui sont respectivement âgés de 61 et 60 ans, dans la grande rue du Port. 

Le père meurt le 7 octobre 1902. Le 14 novembre, Albert se rend à Épinal pour effectuer ses obligations militaires.

C’est au 149e R.I. qu’il apprend le métier de soldat, après avoir bénéficié de l’article 22 durant un an pour soutien de famille.

Son passage au sein du régiment ne dure que 10 mois. Le jeune homme passe dans la disponibilité de l’armée active le 19 septembre 1903, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite ; il retrouve la vie civile dans sa commune d’origine.

En 1906, Albert, qui s’est lancé dans le négoce de tissus, vit seul avec sa mère. Celle-ci décède le 15 juillet de l’année suivante.

Il accomplit sa 1ère période d’exercice au 152e R.I. du 22 août au 18 septembre 1909.

En 1911, Albert demeure toujours à Port-Lesney. Ce négociant a réussi à créer une petite société qui lui a permis d’embaucher deux salariés, Charles Maréchal et André Mourlevat, deux hommes qui sont logés chez lui et qui travaillent à la fois comme domestiques et comme commis voyageurs.

Albert Noirot retrouve képi et pantalons garance pour effectuer sa 2e période d’exercice du 24 août au 9 septembre 1912,  toujours au 152e R.I..

Ses affaires professionnelles périclitent petit à petit jusqu’à ne plus rien lui rapporter. Les dettes s’accumulent. Le tribunal de commerce de Salins le déclare en état de faillite le 1er mai 1914.

Trois mois plus tard, la guerre contre l’Allemagne est inéluctable. Le 3 août 1914, Albert est rappelé à l'activité militaire comme des centaines de milliers de réservistes.

Albert Noirot rejoint le dépôt du 349e R.I. d’Épinal avant d’être inscrit dans les effectifs du 149e R.I..

La date de son arrivée dans la zone des armées n’est pas connue. Il nous est donc impossible de valider sa présence dans les tout premiers combats du 149e R.I. en août 1914.

C’est au cours de l’attaque éclair, lancée par les Allemands le 3 mars 1915, qu’il est fait prisonnier dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette en même temps qu’un grand nombre de ses camarades de la 2e compagnie.

Une recherche effectuée sur le site du Comité International de la Croix Rouge permet de retrouver sa trace en Allemagne. Les deux références qui figurent sur sa fiche nous font savoir qu’il a été interné aux camps de Cellelager Hannover et d’Hamelm.

Fiche C

Sa fiche signalétique et des services nous apprend également qu’il a été à Soltau.

Tous ces camps sont situés à Hanovre ou à proximité de cette ville.

Les camps de prisonniers français en Allemagne où a été interné Alfred Constant Noirot

Rapatrié d’Allemagne le 19 janvier 1919, Albert est envoyé sur le D.T.I. de Dunkerque. Il est mis en congé illimité de démobilisation le 6 mars 1919 au dépôt du 28e R.I. à Courbevoie. Il se retire ensuite chez son beau-frère, à Colombes, au 4 rue des Lilas.

Ce changement de résidence entraîne son rattachement au dépôt du 44e R.I. pour être affecté dans les réserves du 147e R.I.T..

Ne parvenant pas à trouver sa place dans la région de Colombes, il retourne vivre à Port-Lesney.

Albert Noirot décède le 30 janvier 1922 à Salins à l’âge de 41 ans. Il ne s’est jamais marié.

Sources :

Les fiches signalétiques et des services des frères Noirot,  les actes de naissance, de mariage et de décès de la famille Noirot ont été trouvés sur les sites des archives départementales du Jura et des Hauts-de-Seine.

Les sites du Comité International de la Croix Rouge et de « Généanet » ont été consultés.

Le morceau de carte des camps de prisonniers français en Allemagne a été pris sur le site « Gallica ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi  et aux archives départementales du Jura et des Hauts-de-Seine. 

22 mars 2019

Ouest du bois en Hache, 8 septembre 1915.

Le cuistot du 149e R

C’est au tour du 2e bataillon du 149e R.I. d’aller occuper les positions de 1ère ligne.

Les compagnies du commandant Schalck viennent remplacer celles du 1er bataillon, en place depuis la nuit du 4 au 5 septembre.

La 6e compagnie du 149e R.I. se met en liaison avec le 10e B.C.P.au nord de e7.

Au sud, la 7e compagnie est en lien avec le 109e R.I. du côté de l’abri 25, vers o5.

Carte 1 journee du 8 septembre 1915

Legende de carte 1 journee du 8 septembre 1915

Deux compagnies du régiment sont en soutien. Les six autres constituent la réserve de secteur.

Aucun mouvement de troupe n’est constaté en face. Cependant, l’ennemi est au travail. Des bruits d’outils réguliers sont entendus dans ses tranchées et dans ses boyaux.

Du côté français, on perçoit des bruits souterrains répétés venant du même endroit. L’ennemi semble construire une sape sur la gauche du poste d’écoute de la sape 6.

La canonnade est peu intense durant la journée. Dans la soirée, des tirs d’artillerie continus s’effectuent entre 20 h 00 et 3 h 00 sur e6 et f8. Quelques grenades sont également envoyées à l’aide de fusils.

Trois mortiers de 58 sont déposés à l’entrée du boyau f7-h11. Ils attendent d’être mis en batterie.

Une section de mitrailleuses est installée à la sape 9. Une nouvelle position est en préparation à la sape 8’ pour y mettre une de ses pièces dont l’emplacement a été bousculé par le tir de l’artillerie française. Une seconde section de mitrailleuses est implantée dans la tranchée Dulys. Ici, cette section ne sert pas à grand-chose. Son emménagement dans le boyau Coquelet est à envisager. Une troisième section de mitrailleuses a pris place à proximité de la sape 6’.

Au cours de la journée, il y a eu deux blessés à la compagnie de mitrailleuses.

                                         Liste des blessés pour la journée du 8 septembre 1915

Plusieurs patrouilles sortent la nuit en avant des sapes 4, 5, 6, 6’, 7 et 8.

Le caporal David de la 6e compagnie rédige le compte-rendu suivant :

« Parti en patrouille du point f11 à 2 h 00, je me suis rendu à 50 m en avant de ma tranchée. Ayant observé pendant un moment je suis rentré par la parallèle à 3 h 00. Je n’ai pu observer aucun renseignement sur l’ennemi. »

Le caporal Cauteret, également de la 6e compagnie, fait son petit rapport écrit après sa sortie : « Parti avec deux hommes de f12 à minuit, je me suis dirigé à trente mètres en avant. Je me suis arrêté et je n’ai rien entendu. Je me suis ensuite dirigé vers la gauche, face à f11. Là, je n’ai rien vu et rien entendu. J’ai continué à observer pendant une demi-heure environ. Je me suis ensuite dirigé parallèlement à la tranchée amorcée vers la sape 3. Là encore, je n’ai rien entendu. Je suis rentré par la sape 4 à 1 h 40. »

Une patrouille ennemie s’est approchée de la sape 8. Elle rebrousse vite chemin devant les tirs nourris des hommes qui occupent le secteur.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées

J.M.O. du 3e B.C.P. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Le dessin intitulé « Artois 1915, départ pour la relève » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il est extrait du fascicule « Hippolyte Journoud, imprimerie de la maison des deux-collines, XXXII phototypies MCMXIX.

Fond de carte réalisé par V. le Calvez.

Concernant la carte, il n’a pas été possible de faire un travail de précision. L’échelle du calque utilisé pour sa réalisation est différente de la carte réalisée par V. Le Calvez. Cette carte ne doit avoir qu’une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à la famille Aupetit, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

15 mars 2019

Marcel Georges Gillot (1895-1915).

Marcel_Georges_Gillot

Marcel Georges Gillot est né à Varennes-sur-Amance dans le département de la Haute-Marne. Sa mère, Reine Marie Michaux a 23 ans. Elle lui donne vie le 11 novembre 1895 dans la demeure des grands-parents maternels. Le père, Jean Charles Nicolas, travaille comme cultivateur. Il est âgé de trente-deux ans.

La famille est installée dans le village natal paternel de Montlandon, situé à quelques13 km de Langres.

Marcel est l'aîné d’une fratrie de trois enfants ; son frère cadet se prénomme Maurice Étienne, sa petite sœur Charlotte Madeleine.

Il partage son temps entre l’école communale du village et le travail aux champs. Très jeune, il abandonne sa scolarité pour aller exercer le métier de cultivateur, comme tous ses ancêtres qui pratiquent cette profession depuis de nombreuses générations.

Montlandon

Sa fiche signalétique et des services nous informe qu’il possède un degré d’instruction de niveau 2. Marcel a une maîtrise imparfaite de la lecture, de l’écriture et du calcul.

Le 1er août 1914, le gouvernement français ordonne la mobilisation générale. Toutes les classes de réservistes qui sont en âge de porter l’uniforme doivent rejoindre leurs dépôts d’affectation.

Marcel Gillot n’est pas touché par ces évènements, puisqu’il fait partie de la classe 14 qui ne fut mobilisée qu’au début du mois de septembre. Il n’est toutefois pas incorporé avec les hommes de sa classe, bien qu’ayant été classé « service armé » lors de son passage au conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Neuilly-l'Évêque.

Faut-il y voir une erreur dans la fiche matricule ou une autre raison à son incorporation avec la classe suivante, 1915, en décembre 1914 ? (Maladie ? Sursis lié à sa profession ?). Toutefois, il porte l’uniforme lors du conseil de révision de la classe 1915.

Incorporé à compter du 19 décembre, Marcel Gillot quitte le village où il a passé sa jeunesse et tracé ses premiers sillons d’homme de la terre. Il prend ses quartiers dans une des casernes situées à Épinal, au dépôt du 170e R.I..

Caserne Contades 2

Sa formation est accélérée. Dans les hauts lieux militaires, il est maintenant estimé que quelques mois suffisent pour intégrer les rudiments du métier de soldat. En cette fin d’année 1914, la France a besoin d’hommes pour remplacer les pertes des premiers mois du conflit.  Nous sommes bien loin des trois années de vie passées sous les drapeaux, années imposées par la loi votée en 1913 sous le gouvernement Barthou.

Le 29 mars 1915, le soldat Gillot est inscrit dans les effectifs de la 27e compagnie du dépôt du 170e R.I.. Ce jour-là, le jeune fantassin prend le temps d’écrire à la famille.

« J’ai vu Paul Jannel. Il est venu me voir samedi soir. Hier, j’ai été à la messe avec trois copains de la Haute-Marne, un de Langres, un de Voisey et un de Bourbonne. On a rapporté chacun une petite branche de buis. Après la messe, on a dîné tous les quatre en ville. Nous y retournerons encore dimanche, le jour de Pâques. Nous avons tous touché chacun une paire de souliers neufs, une chemise et un caleçon et nous allons encore toucher des effets cette semaine-ci. Vous ne m’enverrez rien du tout, je n’ai besoin de rien. Ce matin, j’ai été à la visite. J’ai un abcès au pied au bas de la cheville. J’ai été reconnu trois jours exempt d’exercices et si cela ne va pas mieux, j’y retournerai jeudi.

J’ai reçu avant-hier une lettre de Paris. Ils ont reçu ma photographie. Ils partent en vacances pour quinze jours à Château-Chinon.

Quand vous écrirez, vous me direz où le cordonnier et Pierre Laurent vont en garnison.

 Je suis en bonne santé et j’espère qu’il en est de même pour vous. G. Marcel. »

Une fois ses apprentissages militaires achevés, Marcel Gillot est affecté dans un autre régiment.

Le 1er mai 1915, il quitte la caserne Contades, traverse la Moselle, pour aller s’installer à la caserne Courcy, qui héberge le 149e R.I...

Quinze jours plus tard, Marcel quitte le dépôt pour rejoindre la zone des armées. Son régiment combat dans le Pas-de-Calais depuis la fin décembre 1914. Cette unité, sous les ordres du lieutenant-colonel Gothié, est au repos lorsque ce dernier est rejoint par le renfort venu d’Épinal. Le 149e R.I. vient de passer plusieurs jours en 1ère ligne du côté de Noulette. Les pertes ont été sévères. Il faut maintenant reconstituer les compagnies avec les hommes fraîchement arrivés du dépôt. Le soldat Gillot est affecté à la 9e.

Le 26 mai 1915, Marcel envoie sa première correspondance à sa famille depuis son arrivée dans le secteur du front.

« Cher parents,

Deux mots pour vous dire que je suis en bonne santé. Nous sommes toujours au repos pour le moment. L’autre jour, j’ai vu Edmond Cornaire à Bully-Grenay. J’ai reçu le mandat-carte de 5 francs de Varennes. Depuis que je suis parti d’Épinal, je n’ai encore reçu qu’une lettre. Celle que vous m’avez envoyée avec le mandat. Quand vous écrirez, vous me direz si vous recevez les lettres et vous direz ce que vous faites. Je ne vois pas grand-chose à vous dire pour le moment. Je termine en vous envoyant bien le bonjour. G. Marcel. »

Le 4 juin 1915, il rédige un nouveau courrier à ses parents.

« Chers parents,

Je vous ai écrit hier ainsi qu’à Paris et chez mon oncle. Je vous écris seulement deux mots pour vous dire que j’ai reçu votre lettre recommandée du 1/06. Je vous remercie beaucoup. J’ai reçu les 5 francs de Varennes et le mandat de chez mon oncle, je ne l’ai pas encore reçu. C’est encore le meilleur d’envoyer en lettre recommandée.

Il y en a un de Varenne qui est à notre compagnie, le sergent Lanne. Je suis en bonne santé et j’espère qu’il en est de même pour vous. G. Marcel »

Trois jours plus tard, le soldat Gillot écrit de nouveau aux siens.

« Chers parents,

Je vous écris ces quelques lignes pour vous dire que je suis en bonne santé et j’espère que ma lettre vous trouve de même. J’ai reçu votre lettre du 2 juin hier soir, mais le mandat-carte de 1 franc que vous m’envoyez, je ne l’ai pas encore reçu. J’ai bien reçu la lettre recommandée de 10 francs. Du reste, je vous l’ai dit. J’ai reçu le mandat-carte de 10 francs de mon oncle hier soir ainsi qu’une carte de Paul Jannel. Il me dit qu’il a été versé aux chasseurs à pied. Il est au 1er bataillon.

Hier dimanche, il y a eu une messe militaire dite en plein air dans un château, par l’aumônier du 149. Il est de Neuilly-l’Évêque. J’y ai été et le soir, il y a eu un concert.

Nous sommes toujours au repos. Nous faisons quatre heures d’exercice par jour. Deux heures le matin, deux heures le soir. Bonjour à tous. G. Marcel. »

La famille Gillot

Le 9 juin 1915, il leur adresse une quatrième lettre.

« Chers parents,

 Deux mots pour vous dire que je suis en bonne santé. J’ai reçu votre mandat de 10 francs, hier soir. Je vous remercie beaucoup. Nous sommes toujours au repos et je crois que nous allons y rester encore quinze jours. Nous faisons de l’exercice. Hier soir, je suis allé à la gare, voir des canons qui sont arrivés. C’est des grosses pièces de sièges, des 270 courts.C’est des sacrés morceaux, il faut 30 chevaux pour traîner une pièce. Je ne vois plus rien à vous dire pour le moment. Bien le bonjour. G. Marcel. »

Les quinze jours de repos supplémentaires espérés par Marcel n’ont pas eu lieu. Dans la nuit du 14 au 15 juin, les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. remontent en 1ère ligne pour relever le 281e R.I. en vue d’une nouvelle attaque. Celle-ci débute le 16 juin 1915.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

16 juin 1916

Le jeune homme de 19 ans ne répond pas à l’appel après l’engagement de sa compagnie dans cet assaut. Personne ne sait ce qu’il est advenu de lui. Il n’y a pas eu de témoins pour constater son décès. Son nom est inscrit dans la liste des disparus de l’état nominatif des pertes du 149e R.I...

Ne recevant plus de correspondance, la famille manifeste son inquiétude. Le 7 juillet, le père expédie une lettre au régiment de son fils.

« Ne recevant plus de nouvelles de Gillot Marcel, soldat au 149e R.I., 3e bataillon, 9e compagnie de la classe 1915, depuis le 10 juin, et étant très inquiet, je viens vous prier d’avoir l’amabilité de me faire donner des renseignements à son sujet.

Veuillez agréer, Monsieur, avec tous mes remerciements, l’expression de mes sentiments les meilleurs. »

Adolphe Gillot, bibliothécaire à la faculté de pharmacie de Paris, l’oncle évoqué dans les courriers de Marcel, écrit à son frère Charles.

« Cher frère,

La mairie de Bourg-la-Reine m’a communiqué ce matin, les renseignements suivants : Marcel Gillot n’a pas encore été signalé comme disparu à son corps jusqu’à présent. Par conséquent, il ne faut pas encore désespérer. Il peut se faire qu’il soit dans une ambulance sur le front, où que ses lettres soient interceptées pendant un certain temps, pour raison militaire.

En tout cas, j’écris en même temps qu’à vous, au bureau des militaires, pour demander à ce que des recherches soient faites sur le front, dans sa compagnie. J’ai prescrit de t’adresser directement les résultats, ce qui demandera bien au moins une huitaine de jours en plus.

Je vais en vacances mardi prochain à Château-Chinon. Si vous avez des nouvelles, quelles qu’elles soient, vous nous les enverrez.

D’autre part, j’avais prié le vaguemestre de sa compagnie de vous transmettre toutes les lettres adressées à Marcel, y compris les miennes, en cas de disparition.

Si vous en recevez adressées par moi, vous les garderez, sans m’en parler et vous les décachetterez.

A-t-on des nouvelles de Paul Jannel ? Étant versé dans les chasseurs, il a dû être mêlé activement à la bataille.

Il faut toujours espérer jusque plus ample information, tant que vous n’aurez pas été avisé officiellement par la mairie du décès de Marcel. Nous vous souhaitons que vous et nous, receviez bientôt une lettre de lui nous annonçant qu’il est toujours de ce monde, blessé ou non.

En attendant, nous prenons une grande part à vos légitimes angoisses et nous vous embrassons bien affectueusement. »

Le courrier envoyé par le père au 149e R.I. est renvoyé à la famille. La réponse donnée par les militaires, directement inscrite sur la lettre, laisse quelques espoirs.

« Blessé aux combats du 16 juin 1915, évacué sur une ambulance de l’arrière. Depuis cette date, aucun nouveau renseignement n’est parvenu à la compagnie. »

correspondance famille Gillot

Les mois passent, toujours aucune nouvelle de Marcel.

La famille est plongée dans le désarroi. Elle adresse plusieurs courriers aux différentes instances qui seraient susceptibles de pouvoir l’aider. 

Le palais royal de Madrid, l’agence de prisonniers de guerre « les nouvelles du soldat » installée à Paris, le Comité International de la Croix Rouge, l’office provisoire pour les prisonniers à Rome sont sollicités.

Les reponses des differents organismes sollicites par la famille Guillot

L’agence des prisonniers de guerre parisienne l’encourage à écrire à l'aumônier du 149e R.I..  L’abbé Galloudec répond à la mère :

« Madame, Voici ce qu’il résulte de mon enquête sur votre fils Marcel Georges Gillot. Il a été blessé le 16 juin 1915. Au régiment, on n’en sait pas davantage. C’est tout ce que l’enquête a pu me fournir comme renseignement et je regrette infiniment de ne pas pouvoir y apporter plus de précision, d’autant plus que je sais très bien votre déception. Dans tous les cas, je pense que s’il y avait eu un dénouement fatal, vous auriez été avertie depuis longtemps. Avec mes regrets de ne pouvoir faire mieux. Veuillez agréer Madame, tous mes respects. »

Le décès de Marcel Gillot est officialisé le 13 mars 1921 par le tribunal de Langres qui valide la date de sa mort au 16 juin 1915. Le jugement est transmis à la mairie de Montlandon le 27 mai 1921.

Acte de deces Marcel Georges Gillot

Le soldat Gillot a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (publication dans le J.O. du 11 août 1922) :

« Brave soldat, tombé glorieusement pour la France le 16 juin 1915 à Aix-Noulette»

Cette décoration lui donne également droit à la Croix de Guerre avec étoile de bronze.

Medaille militaire et croix de guerre de Marcel Georges Gillot

Pour prendre connaissance de la généalogie de ce jeune homme, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Le nom de Marcel Gillot, ainsi que celui de son cousin Paul Jannel, sont gravés sur le monument aux morts de la petite commune de Montlandon.

Il n’y a pas de sépulture connue pour Marcel. La famille conserve toujours les quelques lettres qu’il a rédigées ainsi que tous les documents le concernant. Cet homme ne s'est pas marié et n'a pas eu de descendance. Sa disparition fut une terrible perte pour la famille. Sa mère n’a jamais voulu croire à sa mort. Elle  a toujours dit qu’il était devenu amnésique.

Sources :

La fiche signalétique et des services de Marcel Georges Gillot a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

Les photographies de la famille Gillot, la correspondance de Marcel et l'ensemble des documents utilisés ici proviennent de la collection familiale.

Les informations concernant le parcours militaire et l’histoire de la famille du soldat Gillot ont été fournies par R. Gillot.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à R. Gillot et sa famille, aux archives départementales de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

8 mars 2019

Début septembre 1915, retour en 1ère ligne.

Les_joueurs_d_echecs

Le 149e R.I. est au repos depuis le 22 août 1915. Avant cette période, il se trouvait dans la zone des combats du côté d’Aix-Noulette en Artois.

Le 2e bataillon est installé à Hestrus, les deux autres bataillons sont à Eps.

Le 1er bataillon est sous l’autorité du capitaine Cochain, le 2e est commandé par le commandant Schalk et le 3e est sous les ordres du capitaine Pretet.

L’entraînement est de rigueur. Marches, prises d’armes, école de bataillon, exercices de tir, lancement de grenades, sont le lot quotidien du régiment qui « résiste et mord ».

Les hommes du lieutenant-colonel Gothié profitent de leurs derniers instants de relative tranquillité avant de reprendre le chemin qui doit, à nouveau, les mener en 1ère ligne, dans un secteur qu’ils ne connaissent que trop bien.

Le tableau suivant nous donne une reconstitution partielle de l’encadrement du 149e R.I. pour cette période de l’année. 

Encadrement du 149e R

2 septembre 1915

Le régiment quitte ses cantonnements. Il fait mouvement sur Houdain et Diéval pour y passer la prochaine nuit.

Lieux_de_cantonnements_des_3_bataillons_du_149e_R

3 septembre 1915

Les bataillons Cochain, Schalck et Pretet reprennent la route. Le soir, ils cantonnent dans les corons de la fosse 10 et à Hersin. La marche fut très pénible, elle s’est effectuée sous une pluie battante.

Lieux_de_cantonnements_du_149e_R

4 septembre 1915

Dans la nuit du 4 au 5, le 1er bataillon du 149e R.I. relève en 1ère ligne le 3e B.C.P. à l’ouest du bois en Hache.

Une nouvelle dénomination des boyaux qui rejoignent ce secteur a été réalisée la veille.

Le capitaine qui commande le génie dans cette zone a dû, en urgence, faire établir des écriteaux portant les noms des boyaux accompagnés d’une flèche pour ceux qui comportent un sens. Ces écriteaux ont été réalisés en assez grand nombre pour rendre impossible toute erreur de direction.

Boyaux_montants_et_descendants_pour_quitter_et_gagner_la_1_re_ligne_dans_le_secteur_occup__par_le_149e_R

Legende_de_carte_3

Il est évident qu’en cas d’attaque ennemie, tout boyau peut être utilisé comme boyau montant.

Le 3e bataillon du 149e R.I. relève le 1er bataillon du 158e R.I.. Il constitue la réserve mise à la disposition du général commandant l’infanterie de secteur. Ce bataillon s’installe dans la zone « des abris des carrières, des abris du ravin, du bois 6 et du fond de Buval ».

Le 2e bataillon du 149e R.I. prend position au fossé aux loups, à la rue Zéfé et à la tranchée des Saules.

5 septembre 1915

Le secteur nord est couvert par 4 compagnies du 10e B.C.P., un escadron de spahis et les 2 sections de mitrailleuses de la 85e brigade.

Le secteur sud est pris en charge par le 109e R.I..

Durant la journée, trois compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. occupent la 1ère ligne entre e6 et l’abri 25. Deux demi-compagnies sont en soutien entre f7et h11. La nuit, l'effectif complet du bataillon se retrouve en 1ère ligne.

Secteur_approximatif_occupe_par_le_1er_bataillon_du_149e_R

Legende_de_carte_4

Les hommes améliorent les parapets et les banquettes de tir. Les abris sont rénovés. La sape 5 est élargie.

La météo est mauvaise. Les boyaux sont détrempés par la pluie.

Suite à la détérioration des fils téléphoniques, les communications sont interrompues à plusieurs reprises. Cette situation entraîne une dégradation dans les mouvements de relèves. La rectification de la position des fils supprime radicalement les problèmes rencontrés.

Deux hommes sont blessés au bras par éclat d’obus en allant à la relève en f6.

Une patrouille composée d’un caporal et de deux soldats est envoyée en avant de la sape 8.

Des coups de feu et des bombardements intermittents ont lieu durant la nuit.

6 septembre 1915

Le secteur occupé par les Allemands est plutôt calme.

La charge de travail est importante. La tranchée de 1ère ligne doit être aménagée en tranchée de tir. Ce chantier ne sera pas terminé à la fin de la journée. Une sape volante dite sape 7bis est en cours de construction. Il faut également améliorer et approfondir la sape 7.

Sape_VII_

Les chasseurs du 10e B.C.P. et les fantassins du 149e R.I. creusent conjointement pour réaliser une parallèle qui doit relier la sape 3 au point f 11.

Le 10e B.C.P. part de la sape 3 jusqu’en e7, le149e R.I. de f11 jusqu’en e7.

Le travail est pénible. Le 10e B.C.P. pose deux réseaux Brun entre la sape 3 et e7. La liaison entre le bataillon de chasseurs et le 149e R.I. se fait au point de jonction entre la parallèle intermédiaire et la sape 3 prolongée.

Nouvelle_parallele_realisee_le_6_septembre_1915

Legende_de_carte_5

À 21 h 00, le poste d’écoute en e7 est attaqué par une forte patrouille de grenadiers. Celle-ci est repoussée par des éléments du 10e B.C.P.. Durant cette action, la fusillade est assez vive et la canonnade intense sur f11, f8 et e6.

Un obus français tombe sur la sape 9. Il détruit une mitrailleuse, tuant deux servants et blessant plusieurs hommes.

Plusieurs patrouilles du bataillon Cochain partent en observation.

À la 1ère compagnie : deux patrouilles et un poste de sentinelles protègent, entre les deux lignes, le travail qui se déroule en sape volante de 7bis. Elles n’ont pas recueilli de renseignements.

À la 2e compagnie : une patrouille d’officiers franchit le parapet entre 22 h 30 et 1 h 00. Elle constate la réparation des défenses ennemies.

À la 3e compagnie : trois patrouilles ont été envoyées successivement à 21 h 00, à 22 h 15 et à minuit. Elles ont remarqué le travail effectué par les Allemands qui ont reconstitué leur réseau de fil de fer entre g10 et g17.

À la 4e compagnie : cinq patrouilles rentrent bredouilles en information.

                                       Tableau des tués pour la journée du 6 septembre 1915

                                    Tableau des blessés pour la journée du 6 septembre 1915

7 septembre 1915

Les Allemands renforcent et réparent leurs défenses accessoires. Depuis quelques jours des rumeurs commencent à circuler concernant une vaste offensive française.

Le 2e bataillon du 149e R.I. s’apprête à relever le 1er bataillon en première ligne.

Tout semble s’être bien passé, mais le 149e R.I. à tout de même perdu 6 hommes au cours des travaux qui eurent lieu dans la nuit. Trois d’entre eux ont été tués les autres sont blessés.

                                     Tableau des tués pour la journée du 7 septembre 1915

                                   Tableau des blessés pour la journée du 7 septembre 1915

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fond de carte du secteur de Noulette construit par V. le Calvez.

Dessin réalisé par I. Holgado.

La scène représentée est purement imaginaire. Le 74e R.I. étant assez éloigné du 149e R.I. durant cette période du conflit, la rencontre hypothétique entre ces deux hommes n’aurait pu avoir lieu qu’au cours d’un éventuel retour de permission ou de convalescence. Il faut y voir un clin d'œil à S. Agosto, autre passionné qui fait des recherches remarquables sur le 74e R.I..

Pour en savoir plus sur le 74e R.I., il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante. 

Blog Stephan Agosto

Le tableau représentant l'encadrement du régiment au début du mois septembre 1915 a été réalisé par mes soins. Il reste très incomplet en l’absence de J.M.O. et de sources détaillées.

Concernant les cartes, il n’a pas été possible de faire un travail de grande précision. Les échelles des calques utilisées pour leurs réalisations sont différentes de la carte dessinée par V. Le Calvez. Ceci explique les dissemblances importantes concernant les tracés des tranchées et des boyaux. Ces cartes n’ont qu’une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à I. Holgado, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 840 684
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.