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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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6 août 2021

Paul Alexandre Charles Saintot (1896-1918)

Paul Alexandre Charles Saintot

 

Paul Alexandre Charles Saintot voit le jour le 2 juin 1896 au domicile de ses parents, situé 12 rue de Châteauvillain, à Chaumont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Arthur Auguste, est alors âgé de 32 ans. Il travaille comme sous-chef d’équipe aux chemins de fer de l’Est. Sa mère, Marie Virginie Eugénie Déséveaux, a 33 ans lorsqu’elle lui donne vie. Paul est son sixième enfant.

 

Le couple Saintot s’est marié en 1889. Arthur Auguste, veuf de Julie Rosalie Gehin, était déjà père d’un garçon. Marie Virginie Eugénie travaillait comme cuisinière pour élever une fille, née hors mariage, qui sera reconnue par son époux en 1891.

 

Genealogie famille Saintot

 

Bon élève, Paul obtient son certificat d’études primaires sans difficulté. Il a la possibilité de poursuivre sa scolarité jusqu’à l’obtention du brevet de l’enseignement primaire. Peu d’élèves arrivent à ce niveau.

 

Une fois ses études terminées, le jeune Saintot signe un contrat avec la compagnie des chemins de fer de l’Est. Tout comme son père, il est employé à la gare de Chaumont.

 

Paul Saintot est âgé de 18 ans lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. La guerre ne le concerne pas directement.

 

Son frère aîné est soldat à la 7e compagnie du 149e R.I.. Blessé dans le secteur de Souain le 14 septembre 1914, il est évacué vers l’arrière. Sa blessure est grave. Les médecins sont dans l’incapacité de le sauver. Henri Saintot décède à l’hôpital de Châlons-sur-Marne trois jours plus tard.

 

Le conflit, qui devait être court selon certains, s’est enlisé dans une guerre de tranchées de longue durée. Les mois passent. La classe 1916 finit par être convoquée par anticipation devant le conseil de révision. Paul Saintot est reconnu « bon pour le service armé ».

 

Sa feuille de route lui ordonne d’être à Épinal pour le 12 avril 1915. Il intègre la 27e compagnie du 170e R.I. à la caserne Contades.

 

Le jeune homme est remarqué pour ses compétences militaires, et son degré d’instruction de niveau 4 lui permet d’accéder aux grades supérieurs très rapidement. Paul Saintot est nommé caporal le 10 décembre 1915, puis sergent le 20 décembre, et ensuite aspirant le 1er janvier 1916. Sa formation au dépôt du 170e R.I. est presque terminée.

 

Le 26 février 1916, l’aspirant Saintot est affecté à la 33e compagnie du 9e bataillon du 149e R.I.. Il n’est pas encore l’heure de rejoindre le régiment actif.

 

Le 27 septembre 1916, Paul Saintot intègre la 12e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire de la 43e D.I..

 

Il arrive à la 5e compagnie du régiment actif le 10 novembre. Le 149e R.I. est engagé dans la Somme depuis la fin du mois d’août 1916.

 

Le 22 décembre, Paul Saintot est envoyé à la C.H.R. de son régiment. Le 10 mai 1917, il est muté à la 3e compagnie du 149e R.I.. Le 5 juillet, il passe à la subsistance de la C.H.R..

 

Au regard des informations fournies par sa fiche matricule et par son dossier individuel qui se trouve au S.H.D. de Vincennes, on ne peut pas affirmer sa présence à la bataille de la Malmaison en octobre 1917.

 

L’aspirant Saintot poursuit sa formation théorique en assistant au cours des pionniers entre le 23 décembre 1917 et le 13 janvier 1918.

 

Le 9 avril 1918, Paul Saintot est nommé sous-lieutenant à titre temporaire à compter du 31 mars 1918. Suite à cette nomination, il prend le commandement d’une des sections de la 2e compagnie du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Robinet.

 

Paul Saintot obtient sa 1ère citation à l’ordre de l’armée pour son attitude au feu au cours de l’offensive allemande du 15 juillet. Il a le droit d’ajouter une palme à sa croix de guerre obtenue en décembre 1917.

 

Fin septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans la bataille Champagne et d’Argonne. Le sous-lieutenant Saintot, qui est en permission, ne participe pas à ces combats.

 

Le 3 octobre, il est de retour au régiment. Il reprend le commandement de sa section juste à temps pour participer à une attaque dans le secteur d’Orfeuil.

 

Le jeune officier est tué par un obus, dans une tranchée de 1ère ligne au sud-ouest de ce village ; il est touché par plusieurs éclats à la tête et à la poitrine. Il était âgé de 22 ans. Ses parents viennent de perdre leur deuxième fils. Il n’y aura pas de descendance agnatique.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 2 journee du 3 octobre 1918

 

L’aumônier Henry évoque les derniers instants de ce jeune officier dans un de ses carnets.

 

« Le corps de Saintot est là. Les brancardiers ont pu le retrouver et le rapporter. Cela n’a pas été sans peine. Saintot était avec trois ou quatre autres dans un bout de tranchée hâtivement creusée. À côté de lui, dans un autre élément de tranchée qu'on n'avait pas encore eu de temps de faire communiquer se tenait le capitaine Robinet. Un obus malheureux tomba juste sur le groupe Saintot, les blessant ou tuant tous, et les enterrant en même temps. Il fallut littéralement les déterrer pour les avoir. Saintot était sous les camarades, tellement recouvert de terre que son casque seul dépassait. Quant à Robinet, il ne dut la vie qu'au barrage de 50 cm qui le séparait de Saintot, barrage que, heureusement, on n'avait pas eu le temps d'abattre. Pendant qu'une dernière fois, je contemple le corps de ce jeune ami, qui depuis quelques mois m'était devenu très cher, mêlant mes larmes et mes prières, un blessé à côté m’appelle que je ne reconnais pas d'abord ; c'est Rémy de Chaumont. »

 

Le corps du sous-lieutenant est ramené vers l’arrière pour être inhumé dans le cimetière militaire de Somme-Suippe.

 

Le caporal fourrier Alcide Marre et le soldat Gaston Magne confirment la mort du sous-lieutenant Saintot auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I. Le lieutenant Auguste Fourneret peut valider le décès administrativement.

 

Après les combats, le lieutenant-colonel Vivier rédige cette petite note dans le feuillet de campagne du sous-lieutenant Saintot : « Chef de section de premier ordre, possédant les plus belles qualités militaires. Promu sous-lieutenant à titre temporaire le 31 mars 1918, tué le 3 octobre 1918. »

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle pour cet officier. Son corps a été rendu à la famille dans les années 1920.

 

Décoration obtenue :

 

Croix de guerre avec deux palmes et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 décembre 1917 :

 

« Excellent sous-officier, a fait preuve, une fois de plus, de courage et de sang froid dans la reconnaissance et la constitution d’un dépôt de matériel poussé avec le bataillon d’attaque »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1357 en date du 25 avril 1918 :

 

« Officier d’élite modèle de bravoure et d’abnégation, s’est acquitté brillamment de plusieurs missions périlleuses pour lesquelles il était volontaire. S’est signalé, une fois de plus, au cours des combats des 15 et 16 juillet 1918, à la bataille de Champagne, méprisant le danger et se dépensant sans compter pour encourager ses jeunes soldats ».

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 1551 en date du 24 décembre 1918 :

 

« Officier d’élite qui n’a cessé de faire preuve du plus beau courage et de s’exposer sans souci du danger. Le 3 octobre 1918, a entraîné brillamment sa section à l’attaque des positions allemandes progressant malgré le feu intense de l’ennemi. Tombé glorieusement au cours de l’action. A été cité. »

 

Monument aux morts et plaque commemorative basilique de Chaumont

 

Paul Saintot a son nom gravé sur le monument aux morts de la ville de Chaumont, juste au dessus de celui de son frère. Il est également inscrit sur le tableau commémoratif 1914-1918 de la basilique Saint Jean-Baptiste et sur la plaque de la mairie de Chaumont.

 

Paul Saintot  est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du sous-lieutenant Saintot et les registres d’état civil de la ville de Chaumont ont été visionnés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Les photographies du monument aux morts de Chaumont et de la plaque commémorative de la basilique Saint Jean-Baptiste ont été réalisées par J.N. Deprez.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Marne.

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