Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

Archives
5 janvier 2018

Nettoyeurs de tranchées ou nettoyeurs de creutes pour le 149e R.I. ?

Les_nettoyeurs_de_tranch_es

 

Le sol calcaire de la région du Soissonnais a permis aux Allemands de creuser de nombreuses creutes qui peuvent s’avérer extrêmement dangereuses en cas d’offensives françaises. Ce terme de creute désigne des carrières souterraines en Picardie et, plus particulièrement, situées le long du chemin des Dames.

 

En effet, des bataillons entiers ennemis peuvent y être confinés, attendant simplement l’ordre d’intervenir en cas de besoin. Il faut donc éviter les menaces dues aux éventuelles attaques par l’arrière, qui pourraient être lancées par cet ennemi invisible.  

 

Ces troupes peuvent, à tout moment, sortir des creutes à l’improviste comme cela s’est déjà produit au cours des combats antérieurs, durant la conquête du Chemin des Dames.

 

Conscient des risques que constituent ces creutes, l’état-major en conclut qu’il est impératif de former des détachements de nettoyeurs. Ces hommes ont la charge de pénétrer à l’intérieur des creutes durant les combats, pour y neutraliser les troupes allemandes qui s’y trouvent.

 

Durant la préparation méticuleuse qui doit déboucher sur la bataille de la Malmaison,  sur le chemin des Dames, une étude approfondie est menée par l’état-major de la 38e D.I..

 

Une instruction est publiée dès la fin du mois d'août 1917. Les éléments des divisions destinées à ces opérations doivent s’entraîner sur des terrains semblables à ceux de leurs futures interventions.

 

Ces conditions sont essentielles à la bonne marche des opérations à venir. Rien ne doit les entraver sous peine de renouveler les échecs du mois d’avril.

 

Les détachements sont de deux sortes :

 

Les premiers sont composés de petites fractions faisant partie intégrante des vagues d’assauts. Ils constituent plus spécifiquement les « nettoyeurs de tranchées ».

 

Les seconds, plus importants numériquement, sont dotés de moyens puissants. Ils peuvent être composés d’un ou plusieurs bataillons. Ceux-ci sont chargés de faire soit un véritable siège, soit de pénétrer à l’intérieur pour s’emparer des grandes creutes ou des grandes carrières. Ils ont pour mission de contenir les réserves ennemies importantes qui s’y trouvent. Ce sont les bataillons de creutes.

 

Les premiers, comme les seconds détachements, ont pour mission essentielle d’assurer la sécurité matérielle et la tranquillité morale aux bataillons d’assaut qui marchent vers leur objectif.

 

Les nettoyeurs de tranchées 

 

Les nettoyeurs font partie des vagues d’assaut. Celles-ci sont constituées par de petites unités allant de l’escouade à la section.

 

Ces soldats sont équipés et outillés en fonction de leur mission ; ils nettoient les tranchées et les abris qui peuvent former des nids de résistance ennemie sur le passage des vagues.

 

Il est nécessaire que ces groupes de nettoyeurs soient prévus dans toutes les vagues, de façon à  pouvoir constituer des réserves successives qui seront appliquées sur les abris rencontrés au fur et à mesure de la progression de ces vagues.

 

Les nettoyeurs sont équipés de brownings, de couteaux de tranchées, de dix grenades asphyxiantes ou incendiaires et de deux grenades ordinaires. Ils conservent leurs fusils, de manière à pouvoir coopérer à la défense des positions conquises, ou participer à de nouvelles attaques une fois leur mission spéciale terminée.

 

Les bataillons d’attaque des creutes

 

Les bataillons chargés d’attaquer les creutes sont constitués à partir d’unités qui dépendent des divisions d’attaques. Ces unités marchent dans le sillage des bataillons d’attaques. Commandées par des chefs énergiques, elles sont investies d’une mission spéciale nettement définie dont elles ne devront être détournées sous aucun prétexte.

 

Le rôle dévolu à ces bataillons est de bloquer les creutes. Les unités d’attaque disposent de fractions de compagnies Schilt et de compagnies Z. Chaque ouverture, en particulier les cheminées d’aération, est utilisée pour y jeter des liquides enflammés, des explosifs, des engins incendiaires ou asphyxiants.

 

Les nettoyeurs du 149e R.I. 

 

Concernant la bataille de la Malmaison, la documentation trouvée jusqu’à maintenant est peu détaillée sur le sujet. Elle ne permet pas, pour l’instant, de se faire une idée exacte de la composition des troupes qui sont chargées d’effectuer ces missions au niveau de l’ I.D. 43.

 

Tout ce que nous savons de manière sûre c’est que les nettoyeurs nécessaires au 1er bataillon du 149e R.I. pour mener leur attaque sur le 1er objectif sont fournis par le 2e bataillon du régiment.

 

Un témoignage laissé par le commandant de Chomereau de Saint-André nous apprend que c’est la 5e compagnie du 149e R.I. qui a été désignée pour effectuer cette tâche.

 

5e_compagnie_du_149e_R

 

Cette unité, qui est commandée par le lieutenant Auvert, est intercalée entre les compagnies de tête et la compagnie de soutien. Un brassard distinctif est distribué à chacun des nettoyeurs.

 

Le manque de précisions dans le texte laissé par le commandant du 1er bataillon du 149e R.I., et le sens à donner au terme de « nettoyage » fait qu’il est impossible de savoir si la 5e est une compagnie destinée au nettoyage des tranchées, ou une compagnie qui fait partie intégrante d’un bataillon d’attaque de creutes.

 

Une fois la besogne accomplie, les hommes de la 5e compagnie sont rendus à leur bataillon. De nouveau sous l’autorité du commandant Schalck, cette compagnie ne semble pas avoir participé à l’attaque sur le 2e objectif.

 

Une compagnie du 158e R.I. a également été nommée pour assumer le même rôle. Pour les 1er et 31e B.C.P., c’est un petit peu plus compliqué. Il existe un groupement de chasseurs, pour chacun d’entre eux. Deux sections Schilt et deux sections Z ont été mises à la disposition du colonel Guy, commandant l’I.D. 43. Celles-ci sont affectées aux B.C.P. pour le nettoyage des creutes, ce qui ne semble pas être le cas pour les 158e R.I. et 149e R.I..

 

La photographie suivante représente les hommes affectés à la liaison de la 5e compagnie du 149e R.I..

 

Liaison_5e_compagnie_du_149e_R

 

Il n'y a pas d’information détaillée sur le bilan des opérations du 149e R.I. durant l’attaque de la Malmaison. Le rôle effectif de ces missions n’est même pas évoqué.

 

Le sujet est modestement abordé dans un témoignage laissé par le sous-lieutenant Doucher de la 9e compagnie. Voici ce qu’il écrit concernant les nettoyeurs de tranchées :

 

« L’artillerie ennemie est nourrie. Ses mitrailleuses non détruites sont en pleine action. Je fais avancer par bonds, sans obtenir que les hommes renoncent à se grouper en tas autour de moi. Nous rejoignons encore la première ligne qui se disloque de plus en plus et qui, cette fois, est accrochée par endroits. Là, je vois un « nettoyeur », accroupi au dessus d’un abri, une grenade à chaque main, bondissant avec une agilité incroyable. On dirait un chat guettant quelque rat... »

 

Sources :

 

Les archives du  S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

La quasi totalité de ce texte a été réalisée à partir d’une instruction sur les unités de nettoyeurs de tranchées et de creutes rédigée le 30 août 1917 par le général de Salins, officier qui commande la 38e D.I..

 

Les photographies représentant les soldats de la 5e compagnie ont été réalisées en juin 1917.

 

Témoignage «  149e R.I., un épisode de la victoire de chemin des Dames, 23 octobre 1917, l’attaque du 1er bataillon » par le commandant de Chomereau de Saint-André. Éditions Bourges Imprimerie Ve Tardy-Pigelet et fils.

 

Fond Douchez composé de 3 volumes. Déposé au S.H.D. de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 décembre 2017

Joseph Marie Robert Mouren (1880-1917)

Joseph_Marie_Robert_Mouren

 

Joseph Marie Robert Mouren est né à Marseille en 1880. Il voit le jour le 30 décembre, au 40 de la rue Nicolas, dans la maison parentale.

 

Joseph, son père, âgé de 35 ans, est un négociant en grain et farine. Son bureau de travail est placé à quelques pas de l’habitation familiale. Sa mère, Marie Suzanne Brunet, est une jeune femme de 21 ans qui s’occupe du foyer.

 

La fiche signalétique et des services de Robert Mouren nous indique qu’il est étudiant avec un degré d’instruction de niveau 3. Mais quel type d’enseignement a-t-il pu suivre ? La réponse à cette question reste inconnue. Malheureusement pour nous, nous n’en saurons pas davantage sur la période de sa vie située entre la fin de sa scolarité et son engagement dans l’armée.

 

Le 18 juillet 1899, cet homme se rend à la mairie de Marseille pour y signer un contrat de 4 ans avec l’armée. Robert n’a pas encore fêté ses 19 ans.

 

Deux jours plus tard, il est à Montpellier. Le jeune Mouren a franchi le portail de la caserne des Minimes pour y intégrer une des compagnies du 122e R.I.. Sa formation de soldat peut commencer.

 

Nommé caporal le 24 juillet 1899, puis sergent le 23 juillet 1900, tout semble se dérouler pour le mieux dans cette carrière militaire. Pourtant, Robert Mouren passe dans la réserve de l’armée active dès le 18 février 1903, date correspondant à la fin de ses quatre années de contrat. Qu’est-ce qui a pu motiver cette décision ? Une hypothèse parmi tant d’autres : peut-être que le sergent Mouren a tout simplement été déçu par la monotonie de la vie de caserne.

 

De retour à l’activité civile, il se retire dans la cité phocéenne, au 29 de la rue Corderie, avec son certificat de bonne conduite en main. Plus tard, il quitte le littoral méditerranéen pour venir s'installer à Bordeaux.

 

Le 16 juillet 1907, il épouse Anna Salvai, une Italienne âgée de 27 ans, originaire de Barge, une petite ville piémontaise. Robert Mouren travaille comme employé de commerce. Le couple est installé dans un petit appartement bordelais au 13 rue Lalande. Un fils, prénommé Gabriel Joseph Robert, naît le 31 juillet 1910.

 

Le 11 octobre 1912, Robert Mouren est en âge de passer dans l’armée territoriale ; il reste rattaché militairement au département des Bouches-du-Rhône.

 

C’est comme sergent du 115e R.I.T. qu’il commence la campagne contre l’Allemagne. Rappelé par ordre de mobilisation du 2 août 1914, il fait ses retrouvailles avec Marseille, ville qu’il quitte, quatre jours plus tard, revêtu de son uniforme de sous-officier de territoriale. Avec son régiment, il séjourne dans un premier temps à Nice, puis dans la région de Dijon.

 

Très éloigné du front, il n’a aucun contact direct avec l’ennemi. L’Italie ayant officiellement annoncé sa neutralité dans le conflit, les troupes désignées pour la protection de sa frontière avec la France peuvent être utilisées autrement.

 

Les terribles pertes du mois d’août et du début de septembre 1914  réclament d‘être compensées, au besoin, par les plus jeunes classes de l’armée territoriale.

 

Le 20 septembre 1914, une nouvelle affectation l’attend. Il fait partie d’un contingent de 400 soldats qui a été ponctionné dans les effectifs du 3e bataillon du 115e R.I.T.. Ce groupe doit rejoindre la fraction du dépôt du 149e R.I. qui se trouve à Langres. À cette époque de l’année, les 25e, 26e, 27e et 28e compagnies de ce régiment cantonnent à Rolampont, une petite commune haut-marnaise proche du dépôt.

 

La date de l’arrivée de Robert Mouren dans la zone des combats n’est pas connue, mais grâce à l’intitulé de sa première citation à l’ordre du régiment, nous apprenons qu’il est en première ligne lorsque les Allemands lancent leur offensive du 3 mars 1915 dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette, en Artois.

 

Le sergent Mouren est nommé adjudant le 6 juin 1915. Ces galons de sous-officier ne resteront pas très longtemps cousus à sa vareuse. En effet, il devient sous-lieutenant de réserve à titre temporaire dès le 30 juin. Robert Mouren prend aussitôt le commandement d’une section de la 9e compagnie du 149e R.I..

 

Cet officier, âgé de 34 ans, participe à tous les combats menés par le régiment, dans le secteur de l’Artois, entre le mois de mai et le mois de septembre 1915. Durant cette période tumultueuse pour les effectifs du régiment spinalien, il semble s’en être sorti sans aucune égratignure.

 

Toujours bien noté par ses supérieurs, le lieutenant-colonel Gauthié est le premier à l’évaluer. Le 6 janvier 1916, il écrit ceci : « Excellent chef de section provenant des sous-officiers de territoriale, belle attitude au feu (2 citations). Peut commander une compagnie, mais préfère rester chef de section.»

 

Le 1er avril 1916, le sous-lieutenant Mouren frôle la mort. Son régiment est engagé dans la bataille de Verdun depuis plusieurs semaines. Le 3e bataillon, sous les ordres du capitaine de Chomereau de Saint-André, est remonté en 1ère ligne, la veille, pour occuper le secteur du fort de Vaux. Très chanceux, il n’est, en fait, qu’enseveli suite à l’explosion d’un obus allemand qui est tombé à proximité.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journee_du_1er_avril_1916

 

Le 149e R.I. quitte la région de Verdun mi-avril. Un bref moment de repos l’attend à Landrecourt. Le régiment prend ensuite la direction de la Champagne pour venir s’installer dans un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles. À cette époque de la guerre, c’est une zone de combat plutôt calme, qui n’est pas sollicitée pour des offensives de grande ampleur.

 

C’est au cours de cette période d’accalmie relative que le sous-lieutenant Mouren va pouvoir aller suivre la 5e série du cours des commandants de compagnies au centre d’instruction du 21e C.A,. entre le 12 juin et le 1er juillet 1916.

 

Il bénéficie ensuite d’une permission de dix jours qui débute le 11 juillet.

 

De retour dans la zone des armées, cet officier affine ses connaissances théoriques en enchaînant une formation de fusilier-mitrailleur qui se déroule au centre d’instruction de Châlon, du 9 au 10 août 1916.

 

Il retrouve son régiment à la fin de cette brève période de cours.

 

Sous_lieutenant_Mouren__Somme_1916

 

Le sous-lieutenant Mouren participe ensuite à la bataille de la Somme. Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Soyécourt. Le 6 septembre, Robert Mouren prend spontanément la tête de sa compagnie, suite à la blessure de son capitaine qui ne peut plus en assurer le commandement pour la mener au combat.

 

Robert Mouren est nommé au grade de lieutenant à titre temporaire le 7 octobre 1916.

 

Après cette période mouvementée, il bénéficie, pour la seconde fois, d’une permission allant du 10 au 21 novembre 1916.

 

Le 15 décembre, il est blessé dans "un accident". Évacué vers l’arrière, il est en traitement à l’hôpital de Beauvais du 16 décembre 1916 au 8 janvier 1917.

 

Le 23 décembre 1916, c’est au tour du lieutenant-colonel Pineau de rédiger un petit texte sur les valeurs combattantes de cet officier : « A commandé sa compagnie pendant les attaques de septembre dans des conditions difficiles. S’est admirablement comporté en toutes circonstances, notamment le 6 septembre. A été cité pour son esprit de décision et sa belle conduite. »

 

En convalescence du 9 janvier au 3 février 1917. Son état de santé reste fragile. Il est affecté au D.D. 43 à partir du 12 février.

 

Robert Mouren est de nouveau en permission du 16 au 28 mai inclus.

 

Le journal officiel du 19 juin 1917 nous apprend qu’il est nommé à titre définitif dans ce grade suite à un décret émanant du président de la République datant du 15 juin 1917.

 

Il fait un stage de fusil R.S.C. de la VIe armée du 30 juillet au 5 août.

 

Le 22 août 1917, le lieutenant Mouren prend le commandement de la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Pour la troisième fois, il est en permission du 24 août au 4 septembre 1917. Ce fut la dernière.

 

Le 29 septembre 1917, le colonel Boigues,qui commande le 149e R.I. depuis le mois de mai, consigne ceci dans le feuillet individuel de campagne de cet officier : « Vient du C.I.D. où il s’était fait apprécier par ses qualités réelles de commandement. Énergique et très actif, paraît devoir très bien faire. »

 

Le lieutenant Mouren est toujours à la tête de la 3e compagnie lorsqu’il est tué le 23 octobre 1917, touché par un éclat d’obus qui se fixe dans le thorax.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, durant les combats de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_149e_R

 

Robert Mouren est inhumé au cimetière militaire de Condé-sur-Aisne dans une tombe qui porte le n° 312.

 

Le corps de cet officier est exhumé le 9 octobre 1923. Sous la surveillance d’un adjudicataire et de l’adjudant R. Aupy, il est transféré dans le carré D du cimetière national de Vauxbuin placé dans une nouvelle sépulture numérotée 955.

 

Sepulture_lieutenant_Mouren

 

Le grade inscrit sur la plaque qui est fixée sur sa croix est erroné. Il est écrit sergent au lieu de lieutenant.

Citations obtenues :

 

Cité à l’ordre du régiment n° 46 datant du 22/04/1915 :

 

« A fait preuve du plus beau courage en entraînant sa section pour une contre-attaque en avant des tranchées sous des feux convergents extrêmement violents d’artillerie et de mitrailleuses au combat du 3 mars devant Noulette. »

 

Cité à l’ordre de la brigade n° 7 du 22/05/1915 :

 

« A fait preuve d’un sang froid, d’une énergie et d’une bravoure au-dessus de tout éloge dans l’attaque des pentes de Notre-Dame-de-Lorette le 9 mai 1915. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 286 en date du 12/09/1916 :

 

« Son capitaine ayant été blessé grièvement au cours de l’attaque du 6 septembre 1916, a pris spontanément le commandement de sa compagnie qu’il a entraînée à l’assaut de la position ennemie, s’était fait remarquer aux attaques des 4 et 5, par son audace et sa brillante conduite. Déjà cité 3 fois. »

 

Citation à l’ordre de l’armée (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

 

« Belle figure d’officier, animé du plus grand esprit de sacrifice, ayant pris part à toutes les affaires du régiment depuis le début de la campagne, se couvrant de gloire et servant de modèle à tous. Tué à l’attaque du 23 octobre 1917, alors qu’attaquant sur le parapet de la tranchée, il se lançait en avant. 4 citations. »

 

Cet officier a été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre pothume (publication dans le J.O. du 17 octobre 1919).

 

Monument_aux_morts_de_Bordeaux

 

Le nom de Robert Mouren est gravé et peint en lettres couleur or sur le monument aux morts de Bordeaux. Ville où il vivait, avec son épouse, avant le début du conflit.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche signalétique et des services provenant du site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.

 

Actes d'état civil lus sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône et de la Gironde.

 

La photographie de la sépulture du lieutenant Mourens a été réalisée par J. Baptiste.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J. Baptiste, à A. Carrobi, à J. Huret,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes.

22 décembre 2017

Jean Baptiste Victor Christ (1888-1914).

Jean_Baptiste_Victor_Christ

Jean Baptiste Victor Christ voit le jour le 15 janvier 1888 au domicile parental, situé au n° 11 de la rue Calandre à Épinal. Il est le fils de Louis Christ qui exerce la profession de tailleur d’habits, et de Joséphine Speich, une jeune femme qui ne travaille pas. Son père est âgé de 36 ans, sa mère de 22 ans.

Enfant, Victor quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter.

Futur soldat de la classe 1908, il est inscrit sous le numéro 5 du canton de Bruyère.

Victor Christ est classé dans la 3e partie de la liste en 1909, ce qui veut dire qu’il est déjà engagé. Il est impossible de savoir depuis quand, mais, au moment où sa classe passe devant le conseil de révision, il est déjà sous les drapeaux.

Le 27 septembre 1910, le jeune homme se marie avec Marie Joséphine Hélène Clément à Chantraine, près d’Épinal.

Le registre du recensement de cette petite commune, réalisé en 1911, nous apprend que le sergent Victor Christ demeurait, avec son épouse, au numéro 130 de la maison Clément. Ce sous-officier avait, pour proches voisins, le sergent Léopold Rigolley, qui, plus tard, devient lieutenant, tout en survivant à la Grande Guerre, ainsi que le sergent Joseph Viguier, originaire de Saint-Affrique. Ces trois hommes font partie des effectifs du 149e R.I..

Comme pour la majorité des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche de Victor est une reconstruction réalisée à la suite de la destruction des originaux. Elle est donc vide de tout élément permettant de retrouver les étapes qui le conduisirent de simple engagé volontaire à sergent-major.

Grâce à une photographie, nous savons juste qu’il a servi comme sous-officier à la 1ère compagnie du 149e R.I., peu avant le départ du régiment pour la frontière. C’est bien peu !

Photographie_groupe_sous_officiers_1er_compagnie_149e_R

Avec sa compagnie, il participe aux combats du Renclos-des-Vaches et d’Abrechvillers avant d’être blessé dans le secteur de Saint-Benoit, près de Ménil-sur-Belvitte, à la fin du mois d’août 1914. Probablement laissé sur place par le régiment qui est obligé de battre en retraite, le sergent-major Christ décède peu de temps après.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_2_journee_du_26_aout_1914

Sa fiche « Mémoire des hommes » indique la date de sa mort au 17 octobre 1914. Il y a de fortes chances pour que celle-ci soit erronée : cette fiche reprend en fait la date d’inhumation du corps. Le sergent-major Christ est décédé des suites de ses blessures à une date inconnue. Son nom figure bien sur la liste des pertes du régiment lors des journées du 25 au 26 août 1914.

L’acte de décès de Jean Baptiste Victor Christ nous fait savoir qu’il a été inhumé à Saint-Benoît le 17 octobre 1914, son corps ayant été identifié par un médecin aide-major.

Inquiète de ne pas avoir de nouvelles, son épouse écrit à la Croix Rouge Internationale pour tenter de savoir si Victor ne se trouverait pas parmi les captifs dans un des très nombreux camps de prisonniers en Allemagne.

Fiche_individuelle_C

L’acte de décès de ce sous-officier a été transcrit le 4 octobre 1916 dans sa commune de résidence, un peu plus de deux ans après sa mort.

Il y a de fortes probabilités pour que le corps de ce sous-officier ait été rendu à la famille dans les années 1920.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Chantraine.

Son épouse ne s’est jamais remariée. Marie Joséphine Hélène Clément est décédée à Chantraine le 19 mai 1967.

Il n’y a pas de descendance connue pour cet homme.

Sources :

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services de Jean Baptiste Victor Christ ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à la mairie de Chantraine et aux archives départementales des Vosges. 

15 décembre 2017

Commune de Poulangy (52).

Village_de_Poulangy

Les habitants du village de Poulangy inaugurent leur monument aux morts le 23 septembre 1923. Parmi la foule rassemblée pour l’évènement, quelques membres des familles de soldats du 149e R.I. sont présents pour écouter les discours des officiels.

Les noms de Paul et Joseph Nancey, d’Albert Honiat et de Jules Champion figurent parmi les vingt-trois noms qui sont inscrits sur l’édifice.

Chacun de ces hommes possède une biographie individuelle sur le blog du 149e R.I.. Elles sont toutes rassemblées ici.

Pour en savoir plus sur Paul Marie Jules Nancey, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Paul_Marie_Jules_Nancey

Pour en savoir plus sur Marie Lucien Joseph Nancey, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Marie_Lucien_Joseph_Nancey

Pour en savoir plus sur Albert Abel Honiat, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Albert_Abel_Honiat

Pour en savoir plus sur Jules Champion, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Jules_Champion

Le monument de Poulangy a été restauré récemment.

Dans les subdivisions qui fournissaient des hommes au 149e R.I. (beaucoup dans les Vosges et en Haute-Marne), d'autres monuments doivent comporter au moins autant si ce n'est plus de noms de soldats tombés dans les rangs du régiment spinalien. Mais dans cette commune, aux noms, il a pu être ajouté des visages.

Sources :

Le site des archives départementales de la Haute-Marne a été consulté.

Les photographies des plaques émaillées des quatre soldats du 149e R.I. ont été réalisées par P. Baude.

Google Maps

Le point jaune qui se trouve sur le montage correspond à l’emplacement du monument aux morts de Poulangy. La photographie de l’édifice provient du site mémorialGenWeb.

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carrobi, à la mairie de Poulangy et aux archives départementales de la Haute-Marne.

8 décembre 2017

Léon Jean Fouillot (1891-1967).

L_on_Jean_Fouillot

Né de Léon Fouillot et de Maria Gardot, Léon Jean voit le jour le 8 décembre 1891 dans la commune haute saônoise de Montagney. Les conditions de vie de la famille sont humbles. Les parents exercent tous deux le dur métier de journalier, louant leurs services aux fermes locales qui ont besoin de main-d’œuvre au moment des travaux saisonniers. À la naissance de Léon fils, le père est âgé de 34 ans et la mère de 31 ans.

En 1906, Léon ne vit plus dans son village natal. À 15 ans, il œuvre comme domestique chez les Leclerc, une famille de pâtissiers vivant à Recologne dans le Doubs.

Plus tard, il gagnera sa vie comme garçon de café à Melun, dans la Seine-et-.Marne.

En 1912, l’heure de la conscription est proche. Léon a vingt ans et il va devoir passer devant le conseil de révision d’Audeux. De constitution robuste, il se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste de l’année 1912.

Sa feuille de route lui apprend qu’il doit se rendre dans l’est du pays pour rejoindre le 149e R.I. qui tient garnison à Épinal. Il franchit le portail de la caserne Coursy  le 8 octobre 1912.

L’armée évalue son degré d’instruction générale à un niveau 3. Il sait donc lire écrire et compter.

Des soucis de santé de cause inconnue le font aller à l’hôpital mixte d’Épinal entre le 7 et le 28 janvier 1913.

Début août 1914, la guerre contre l’Allemagne ne peut plus être évitée. Le 149e R.I., qui fait partie des troupes de couverture, est appelé à rejoindre la frontière allemande au plus vite. Difficile de dire si Léon Fouillot, bien que soldat d’active, fait partie des hommes qui ont quitté leur caserne avant même que les hostilités ne débutent ou s’il a été des premiers renforts.

A-t-il participé aux combats du Renclos-des -Vaches, d’Abreschviller et de Ménil-sur-Belvitte ?

Il est nommé caporal le 1er septembre. Le régiment part dans la Marne début septembre. La seule certitude que nous ayons c’est que Léon Fouillot a été fait prisonnier dans la journée du 26, en même temps que plusieurs de ses camarades de compagnie. Son nom est inscrit dans la liste des disparus figurant dans l’état des pertes du régiment à cette date.

Une longue captivité commence…

Peut-être que cette captivité a été illustrée par cette photo carte qui a permis cette biographie ? Le jeune homme adresse, à ses anciens employeurs avec qui il est resté en lien, l’image suivante qui le représente en tenue militaire avec ses galons de caporal passés à la craie.

Photographie_Leon_Fouilot

Le texte qui se trouve au dos du cliché est vraiment très succinct.

«  Fouillot Léon 5e compagnie n° 7537. Votre ancien serviteur, le bonjour à toute la famille »

Texte_carte_postale

Plusieurs hypothèses s’offrent à nous : cette photographie a-t-elle été prise en France avant sa capture ? Peu plausible vu le peu de temps qui sépare sa nomination de sa capture, sauf s’il est arrivé en renfort mi-septembre. Plus probablement, ce cliché a été pris en Allemagne alors qu’il était prisonnier, ce qui explique à la fois la mention de « France » dans l’adresse, un matricule qui n’apparaît nulle part dans sa fiche matricule, un numéro de compagnie qui n’est pas celui qu’il avait au 149e R.I. et un espacement des galons trop important qui n’aurait probablement pas été toléré en France. Mais pourquoi n’y a-t-il pas de cachet et d’adresse de camp de prisonniers ?

En l’absence de toute source complémentaire, difficile d’avoir des certitudes. On peut même penser qu’il y a des erreurs dans la fiche matricule.

Sa fiche signalétique et des services nous apprend qu’il a été interné à Merseburg dans un premier temps. Ce camp qui est situé près de Leipzig a été créé le 25 septembre 1914. Par la suite, Léon quitte la Saxe pour aller terminer la guerre dans l’Hesse au camp de Darmstadt.

Concernant son internement en Allemagne, sa fiche du C.I.C.R. est peu renseignée.

Fiche_Croix_Rouge_Leon_Fouillot

Rapatrié d’Allemagne le 21 janvier 1919 il est envoyé sur le D.T.I. de Besançon. Il passe ensuite au 60e R.I. le 2 avril 1919 avant de retrouver son ancien régiment le 19 avril 1919. Le 15 mai 1919, il est au 45e R.I.. Léon Fouillot est finalement mis en congé illimité de démobilisation le 20 août 1919. Cela fait presque sept ans qu’il a quitté son dernier emploi civil.

Classé affecté spécial à la compagnie P.L.M., il intègre la 2e section de chemin de fer de campagne, subdivisions complémentaires. Léon est homme d’équipe à Besançon le 1er octobre 1920.

Le 10 juin 1920, il épouse Yvonne Gaulme, une jeune femme originaire de Pouilley-les-Vignes. De cette union naîtront trois enfants.

Maintenu dans l’affectation spéciale de la compagnie Lyon-Paris-Marseille, il est signalé comme aiguilleur de 2e classe le 25 avril 1927 à Besançon-Viotte.

Léon Jean Fouillot décède le 13 octobre 1967 à Pouilley-les-Vignes, à l’âge de 76 ans.

Sources :

Fiche signalétique et des services et acte de naissance trouvés sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

Les sites du Comité International de la Croix Rouge, de « Généanet » et des archives départementales du Doubs ont été consultés sur Internet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Haute-Saône et du Doubs.

1 décembre 2017

Exécution de l’attaque de la Malmaison… 2e objectif.

Attaque_du_149e_R

Les hommes du 1er bataillon du 149e R.I. sont passés à l’offensive à 5 h 15, sous les ordres du commandant de Chomereau de Saint-André, collé par le bataillon de soutien. La première phase de l’attaque de la Malmaison touche à sa fin pour l’ensemble des éléments de la 43e D.I.. Tous les objectifs ont été atteints, excepté celui qui a été assigné aux chasseurs du 31e. En effet, ceux-ci ont rencontré des difficultés importantes face à un ennemi qui n’a pas voulu lâcher prise facilement.

Carte_1_journee_du_23_octobre_1917__1er_objectif_

Legende_carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

Le 31e B.C.P. arrêté sur le 1er objectif

Le 31e B.C.P. continue le combat pour tenter de réduire le plus rapidement possible une poche de résistance placée à la carrière de la Malmaison. Il n’y a pas le choix ;  le commandant des chasseurs doit faire intervenir l’artillerie lourde de son groupement d’appui, pour tenter de détruire les mitrailleuses allemandes qui sont placées dans le bois de la Garenne. Celles-ci empêchent les chasseurs de venir à bout des derniers obstacles. De plus, elles gênent considérablement le 1er B.C.P. dans son mouvement préparatoire de passage de ligne. Ces mitrailleuses occasionnent également des pertes sérieuses au bataillon de soutien du 158e R.I. qui est placé dans la tranchée du Hérisson.

Plusieurs chars d’assaut de l’A.S. 8 sont en approche. Un Schneider de la 3e batterie , coincé au Toty, a pu se dégager. Il se positionne à 8 heures vers 190,6. Il réduit à coups de canon une des mitrailleuses qui tirent depuis les pentes ouest du ravin de Chavignon.

Le seul char restant de la 2e batterie arrive à 7 h 25 à la cote 195,1. Il détruit une mitrailleuse qui tire de la corne sud-est du bois de Belle Croix sur le 149e R.I.. Ce Schneider brise également une contre-attaque allemande qui cherche à déboucher de la tranchée de Dennewitz.

Tranch_e_Dennewitz

L’ensemble des chars de la 4e batterie se porte vers le carrefour du Chemin des Dames et de la route de Maubeuge. Ils se préparent à accompagner la marche de l’infanterie sur son 2e objectif.

Pour en savoir plus sur les chars d’assaut de l’A.S.8, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

A

Mise en place des troupes d’attaque pour le 2e objectif

La conquête de la ligne finale du 1er objectif « ferme de la Malmaison, Bascule, boyau d’Erfurth », s’est effectuée de haute lutte en dépit d’une forte résistance allemande.

Une fois sur place, le 1er bataillon du 158e R.I. et le 1er bataillon du 149e R.I. s’installent et s’organisent sur leurs positions. Le 31e B.C.P. poursuit son attaque.

Le 1er B.C.P., le 2e bataillon du 158e R.I. et le 3e bataillon du 149e R.I., bataillons de soutien, s’apprêtent à prendre le relais pour continuer l’offensive.

Progression vers le 2e objectif

À 9 h 15, le passage des lignes s’effectue dans un ordre parfait pour le bataillon du 158e et pour celui du 149e R.I..

C’est plus compliqué pour les chasseurs. Le 1er B.C.P. ne peut toujours pas déboucher à cause des mitrailleuses du bois de Garennes qui balayent le terrain en avant de la ferme de la Malmaison. Il réussit toutefois, à partir de 9 h 22,à progresser par sa gauche le long et à l’ouest de la route de Maubeuge. Une fois le feu des mitrailleuses éteint, il reprend le dispositif prévu pour aborder, vers 10 h 00, les carrières de Montparnasse.

Pendant ce temps, le 31e B.C.P. est venu à bout de la résistance de la carrière de la Malmaison, dont les occupants sont faits prisonniers.

Les carrières Montparnasse ont subi des effondrements partiels, mais une importante garnison s’y tient encore. L’ennemi se défend dans les entrées. La résistance est réduite vers 10 h 15, par les grenadiers et les lance-flammes du détachement spécial formé pour le nettoyage et le siège éventuel de cette creute. De nombreux prisonniers tombent entre les mains du 1er B.C.P.. D’autres encore se font cueillir par le 149e R.I. qui arrive au débouché de la galerie ouest aboutissant dans le bois de Belle Croix.

Les compagnies de tête du 1er B.C.P. ont dépassé les Carrières. Aussitôt reformées, elles reprennent leur progression vers le 2e objectif. Elles parviennent, sans autre résistance que quelques tirs de mitrailleuses devant leur droite, jusqu’à 150 m des Oubliettes, où elles marquent l’arrêt prévu.

Le 2e bataillon du 158e R.I. a perdu un grand nombre de ses officiers. Il traverse le plateau sans difficulté. Le bataillon est légèrement distancé par son barrage qu’il rattrape à l’arrêt prévu, après Montparnasse. Les hommes continuent leur avancée jusqu’à l’orée du bois des Hoinets, où ils sont accueillis par de violents tirs de mitrailleuses. Ce bataillon utilise l’arrêt prévu pour monter son attaque avec tous ses moyens disponibles : mortiers Stokes, canons de 37, lance-grenades Viven Bessières, fusils mitrailleurs. Il est accompagné par deux Schneider qui ont pu le suivre.

Le 3e bataillon du 149e R.I. pénètre dans le bois de Belle Croix en enlevant des mitrailleuses à la corne sud-est. Il est appuyé par le 2e bataillon du régiment et soutenu, dans sa progression, par les chars d’assaut qui longent la lisière est. Les hommes progressent assez difficilement dans le bois. Des nids de mitrailleuses subsistent encore.

Tranchee_de_la_Loutre__bois_de_Belle_Croix

Les pertes en officiers sont importantes. Il ne reste que trois officiers supérieurs au bataillon. Celui-ci, renforcé par une compagnie du 2e bataillon du 149e R.I.,atteint la tête d’Enfer. Le 3e bataillon tombe sur des batteries ennemies qui sont encore en action. Après un dur corps à corps avec les servants, il finit par prendre possession des canons allemands.

Durant cette période, le 2e bataillon, sous les ordres du commandant Schalck, s’empare de Saxische Tunnel. Il capture un colonel et environ 500 hommes.

Conquête du 2e objectif

Le mouvement des troupes reprend à 11 h 00, en direction de l’objectif final, après un bref arrêt des éléments de gauche, à peine marqué.

À la droite de la division :

Le 1er bataillon de chasseurs rencontre une vive résistance dans le bois des Bousseux. Des éléments ennemis tiennent encore dans les emplacements de batteries. Le bataillon dépasse ce bois, où le combat continue. Il s’empare du cimetière de Chavignon et du village faisant plus de 400 prisonniers. Il prend 18 canons.

Au centre de la division :

Le 158e R.I. attaque le bois des Hoinets avec son 2e bataillon. Il s’empare de la lisière sud. Il procède méthodiquement à la réduction des nids de mitrailleuses qui sont nombreux dans le bois. Il est aidé efficacement par un char d’assaut et le détachement d’A.T.. Après de nombreuses actions de détail, le 158e R.I. atteint, vers 14 h 30, la lisière nord du bois des Hoinets. Il capture 9 canons et de nombreux prisonniers. Ce bataillon fait liaison, à droite avec les chasseurs, à gauche, avec le 149e R.I..

À la gauche de la division :

Le 149e R.I., dont la gauche est déjà en place sur l’objectif final à la tête d’Enfer, pousse sa droite dans le bois des Hoinets. Il enlève une batterie en action après un combat avec les servants des pièces, avant d’atteindre les objectifs indiqués.

Bois_des_Hoinets

Cette partie de l’attaque de la Malmaison est largement détaillée dans l’ouvrage de F. Barbe « Et le temps à nous est compté. » En voici quelques extraits :

« Pendant l’attaque :

Maintenant la clarté d’un jour blafard, on se reconnaît mutuellement. Les traits sont légèrement tirés et les visages terreux sous le casque terni. Les interpellations se croisent presque joyeusement. Beaucoup sont soulagés d’un poids énorme, allument une cigarette d’un air détaché. On veut se raccrocher à la vie pendant cette accalmie.

Pourtant, l’opération est loin d’être terminée et le champ de la mort est encore vaste…

… Il est 6 h 30, nous devons repartir à 9 heures pour le deuxième et dernier bond, pendant lequel mon bataillon passe en tête. La compagnie tout entière est égaillée dans les immenses trous d’obus de nos 400…

… Confortablement installé dans un vaste trou d’obus avec « la liaison », le lieutenant Monnoury me parle d’une voix claire : « Marquand, je vous envoie assurer la liaison avec le 109e à gauche. Tâchez de trouver le commandant du 3e bataillon qui doit se trouver à notre hauteur, vous resterez avec lui. » Avec une poignée de main, il ajoute : « Attention, il doit exister des trous entre les lignes, je compte sur vous. À bientôt. »

Albert Marquand évoque ensuite sa mission de liaison avec le 109e R.I.. Voici ce qu'il écrit sur son retour au 149e R.I.:

Albert_Marquand_la_Malmaison

...Retour de mission :

«  Seul dans le bois de Belle Croix, j’erre, depuis un quart d’heure, parmi les troncs décapités. En prenant congé du commandant du 3e bataillon du 109e R.I., j’ai minutieusement examiné le croquis. Ma compagnie doit se trouver à droite dans le ravin des Vallons…

… Je suis au poste de commandement du bataillon. Des visages connus me font l’effet d’un navire sauveur pour un naufragé. L’adjudant Fréville me serre les mains et me présente au capitaine Foucher. Celui-ci commande le bataillon depuis la mise hors de combat du capitaine Houël. C’est le 3e chef de bataillon de la journée. À la lueur d’une bougie fumeuse, je lui rends compte de ma mission…

… Morand me conte l’odyssée de la compagnie depuis mon départ, à la route de Maubeuge. Tout a bien marché jusqu’au bois, les vides étaient peu nombreux. La marche en avant dans les fourrés s’effectuait régulièrement lorsque nos 155 ont brusquement raccourci leur tir, malgré les fusées à feux. Et l’inévitable catastrophe est arrivée. Les lieutenants Monnoury et Dupuy-Gardel, l’aumônier du régiment, Ferruit, le caporal fourrier Roux, y ont laissé la vie. De loin, j’avais pressenti un malheur.

Un léger flottement s’ensuivit, puis la progression jusqu’au ravin reprit sous l’impulsion du sous-lieutenant Pourchet. Morand m’énumère la liste des blessés légers bien nombreux…

Au total, les pertes s’élèvent à 35 % de l’effectif engagé. Le cadre des officiers a particulièrement souffert. Onze sont hors de combat sur les 14 du bataillon. La compagnie de mitrailleuses est commandée par l’adjudant Marcou. Le soir même, de nouveaux officiers, venus du dépôt divisionnaire, remplacent les disparus… »

Fin de l’attaque de la Malmaison

En résumé, vers 14 h 30, tous les objectifs fixés à la 43e division sont atteints. Seuls quelques éléments ennemis tiennent encore dans le bois des Bousseux. Progressivement, ils sont réduits au silence.

Les régiments et les B.C.P. se reforment. Ils prennent leurs dispositions pour occuper l’objectif final.

Carte_2_journee_du_23_octobre_1917__2e_objectif_

Legende_carte_2_journee_du_23_octobre_1917_2e_objectif

Les reconnaissances prévues, en raison de la résistance de l’ennemi, n’ont pu avoir lieu qu’au 149e R.I.. Le détachement envoyé par ce régiment pénètre dans le bois Dherly et n’y trouve pas de résistance.

Par suite de mauvais temps, l’aviation n’a pas pu opérer durant l’attaque. Toutefois, à 17 h 00, les avions peuvent profiter d’une accalmie pour jalonner la ligne. Les pilotes confirment la conquête complète des objectifs assignés.

Il faut s'attendre à des réponses allemandes : à 18 h 30 et à 20 h 00, deux tentatives de contre-attaques sur la lisière nord de Chavignon sont repoussées. Le reste de la nuit se passe sans incident.

L’attaque de la Malmaison se termine. Dans l’ensemble, c’est un succès total du point de vue des objectifs atteints. Une petite nuance sur le prix de cette victoire : les extraits du témoignage laissé par Albert Marquand montrent tout de même qu’il y a eu des pertes importantes.

Sources

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le dessin a été réalisé par Iñaki Holgado.

« Et le temps,à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Les morceaux de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly, qui sont utilisés ici, sont datés du 26 août 1917.

La première vue aérienne, représentant la tranchée de la Loutre et le bois de Belle Croix, a été réalisée le 12 août 1917. La seconde, prise au dessus du bois des Hoinets, a été prise le 23 août 1917.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Barbe, à A. Carobbi, à I. Holgado, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

17 novembre 2017

Eugène Alexandre Coffinet (1877-1915)

Eugène Coffinet

 

L’horloge de l’église des Marêts sonne ses six coups du soir lorsqu’Eugène Alexandre Coffinet naît dans la maison de son grand-père maternel. Sa mère, Rose Eugénie Ravion, lui donne le jour le 13 mai 1877.

 

Le lendemain, son père, Denis Alexandre, quitte le hameau de la Maréchère pour se rendre à la mairie du village en compagnie du charretier Désiré Stanislas Jacob, et du scieur de long Pierre Désiré Rigault. Ces deux hommes signeront comme témoins au moment de l’enregistrement de l’acte d’état civil.

 

Denis Alexandre est âgé de 27 ans. Il travaille comme manouvrier. Rose Eugénie exerce le métier de lingère, elle a 23 ans. Le couple vit à Courchamp, une commune située à quelque 6 kilomètres des Marêts.

 

Edgar Clément, le frère cadet d’Eugène, naît le 20 octobre 1888.

 

La fiche signalétique et des services d’Eugène Coffinet nous indique un degré d’instruction générale de niveau 3. Ce niveau nous indique qu’il sait lire, écrire et compter correctement. Le jeune Coffinet commence un apprentissage dans la maçonnerie avant de pouvoir prétendre gagner sa vie.

 

Numéro 2 de tirage du canton de Villiers-Saint-Georges, Eugène Coffinet se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste. Il a été déclaré bon pour le service armé par le médecin du conseil de révision. Son petit numéro de tirage va l’obliger à passer trois ans sous les drapeaux.

 

Eugène Coffinet est appelé à l’activité militaire l'année de ses 21 ans. Le 16 novembre 1898, il rejoint le 113e R.I. dans le Loir-et-Cher. Les casernes de ce régiment sont reparties entre Blois et Romorantin. Le 1er octobre 1900, il devient sapeur.

 

Le soldat Coffinet est envoyé dans la disponibilité en septembre 1901 avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Deux mois plus tard, il passe dans la réserve de l’armée active. Délivré des obligations militaires, il peut retourner à la vie civile en toute quiétude.

 

 Il fait sa première période d’exercice au 46e R.I. de Fontainebleau entre le 15 septembre et le 16 octobre 1904.

 

Le 6 avril 1907, il se marie à Saint-Loup-de-Naud, avec une jeune femme originaire du village, Juliette Poulain.

 

Mariage_Eugene_Coffinet

 

À peine marié, Eugène Coffinet débute sa deuxième période d'exercices à partir du 19 août. Elle durera jusqu’au mois de septembre. Cette année-là, il  participe aux manœuvres d'automne.

 

Les jeunes époux vont s’installer dans le village de Voulton. Leur premier enfant, Huguette, voit le jour en 1908.

 

Fin janvier 1910, le couple s’installe à Saint-Loup-de-Naud. Eugène Coffinet est patron de son entreprise. Son fils, Gabriel, naît cette année-là.

 

Le 1er octobre 1911, il passe dans l’armée territoriale. Eugène Coffinet a fêté ses 34 ans au mois de mai.

 

Il est maintenant rattaché au 34e R.I.T., où il effectue une période d’exercice entre le 2 et le 10 mai 1913.

 

Marcel, le 3e enfant du couple, vient au monde en 1914.

 

Août 1914, le conflit contre l’Allemagne ne peut plus être évité. La France doit mobiliser ses réservistes. Comme des centaines de milliers d’hommes, Eugène Coffinet va devoir abandonner les effets civils pour de nouveau porter l’uniforme.

 

Le 4 août, il rejoint le dépôt du 46e R.I. pour intégrer le 34e R.I.T.. Le soldat Coffinet est incorporé à la 10e compagnie du régiment, une unité commandée par le capitaine Guilbert. Le régiment quitte le dépôt le 11 pour gagner Langres par voie de chemin de fer. Le régiment s’installe dans cette région.

 

Durant les mois d'août et de septembre, Eugène Coffinet reste à l'arrière où il s'occupe principalement de travaux de campagne agrémentés de périodes d’exercices militaires régulières.

 

Fin septembre 1914, un contingent de 600 soldats, apte à faire campagne, est prélevé sur les effectifs du 34e R.I.T. pour être envoyé aux dépôts du 149e R.I. et du 152e R.I.. Les volontaires et les plus jeunes classes sont désignés. Eugène Coffinet fait partie du groupe de 300 hommes qui doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. à Rolampont. Une fois sur place, il est inscrit dans les effectifs de la 25e compagnie.

 

Pourquoi un prélèvement aussi important ? Il faut tout simplement combler les pertes du régiment qui a été sérieusement éprouvé durant les mois d’août et de septembre.

 

La classe 14, seulement mobilisée depuis le 1er septembre, n’est toujours pas prête à être envoyée sur le front. De plus, une loi du 5 août 1914 autorise l'envoi de soldats de n'importe quel âge vers les régiments d'active. C'est ainsi qu'un territorial comme Eugène peut se retrouver dans une unité d'active.

 

Après quelques semaines passées au dépôt, Eugène doit rejoindre le régiment qui combat en Belgique depuis le début du mois de novembre. Le 9, il descend à la gare de Furnes avec un renfort qui doit retrouver une partie du 149e R.I. bivouaquant à la Clytte.

 

Ce soldat a laissé un carnet de récit de la guerre racontant, au jour le jour, ce qu’il a vécu durant le conflit. Ce document est précieusement conservé par la famille.

 

Grâce à ses écrits, on sait à quel point son arrivée au 149e R.I. fut brutale pour lui. Versé le 10 novembre à la 12e compagnie, après une nuit au bivouac, il monte en ligne l'après-midi. Eugène subit dès le 11 de violentes attaques allemandes. La fin des combats s'ouvre sur une nuit qu'il qualifie lui-même de dure : « orage de grêle et de pluie ». Les jours suivants sont de la même lignée. Plusieurs camarades sont blessés à côté de lui, les combats sont d'une rare intensité dans ce secteur pendant son premier roulement qui s'achève dans la nuit du 16 au 17.

 

Même s'il n'en a pas été témoin et ne les relate qu'en janvier 1915, Eugène Coffinet mentionne des fraternisations avec les Bavarois le 25 décembre 1914.

 

Le 149e R.I. quitte la Belgique à la fin du mois de décembre 1914. Il regagne la France pour aller occuper un secteur d’Artois près d’Aix-Noulette. Le soldat Coffinet subit l’attaque allemande du 3 mars 1915, une journée tragique pour les hommes du lieutenant-colonel Gothié, avec des explosions de mines suivies de durs combats défensifs.

 

Toujours sur le front d’Artois, le soldat Coffinet est blessé le 31 mars 1915. Grièvement atteint, il décède des suites de ses blessures à l’ambulance du 21e C.A. installée à Saint-en-Goyelle. Enterré dans le cimetière communal du village, il est rayé du contrôle du régiment le 1er avril 1915. Son corps est restitué à la famille dans les années 1920. Eugène Alexandre Coffinet repose dans un premier temps dans un caveau familial.

 

Sepulture_Eugene_Coffinet

 

Il est ensuite inhumé dans le carré militaire du cimetière de Saint-Loup-de-Naud.

 

Sepulture militaire d'Eugene Coffinet

 

L’acte de décès de cet homme est transcrit le 22 mai 1915 dans sa commune de résidence.

 

Eugène Coffinet a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume le 7 juin 1921.

 

« Brave soldat, courageux et dévoué, mortellement blessé le 31 mars 1915 à Notre-Dame-de-Lorette en faisant brillamment son devoir. »

 

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Decorations Eugene Coffinet

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts du village les Mârets, en dessous de celui de son frère Edgar, soldat au 46e R.I. décédé en avril 1916.

 

Sources :

 

J.M.O. du 34e R.I.T.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 781/13.

 

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services d’Eugène Alexandre Coffinet ont été consultés sur le site des archives départementales de la Seine-et-Marne.

 

Les portraits du couple Coffinet proviennent de la collection familiale.

 

Le site « Généanet » a également été consulté.

 

La lecture des extraits du  petit carnet de guerre rédigé par Eugène Coffinet qui se trouve sur le site d’Européana 14-18 a permis d’étoffer cette biographie.

 

Pour consulter les pages du carnet en ligne, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Europeana_1914_1918

 

La photographie de la tombe familiale a été réalisée par G. Coffinet.

 

Le cliché de la sépulture militaire a été réalisé D. Hass.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à G. Coffinet, à T. Cornet, à D. Hass et aux archives départementales de la Seine-et-Marne et de la Haute-Vienne. 

10 novembre 2017

Exécution de l’attaque de la Malmaison… 1er objectif.

Albert_Marquand_groupe_149e_R

Vingt-trois octobre 1917, le jour n’est pas encore levé… 4 h 00, tous les hommes de la 43e D.I. qui vont participer à l’attaque sont en place. Les trois compagnies du 1er bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant de Chomereau de Saint-André, s’apprêtent à sortir des tranchées, suivis de près par le 3e bataillon du régiment.

Emplacement des troupes

Les dernières reconnaissances viennent tout juste de se terminer.

Les chars de l’A.S. 8, rattachés à la 43e D.I., ont commencés leurs mouvements. Certaines batteries vont se retrouver très vite en difficultés.

Les éléments du génie, deux compagnies du génie de la 167e D.I. et 5 sections de la 43e D.I., quittent leurs abris du Vervins, de Volvreux et de Vauxelles pour se porter en direction de la première ligne. Elles ont pour rôle de rétablir les communications aussitôt après le départ de l’offensive.

L’ennemi, qui semble avoir prévu l’évènement, déclenche un violent tir de contre-préparation, peu après 4 h 00. Ce tir cause des pertes, notamment au 149e R.I. et au 31e B.C.P..

Conquête du 1er objectif

L’attaque commence à 5 h 15. L’obscurité est totale, la marche et l’orientation sur un terrain complètement bouleversé par les tirs d’artillerie sont particulièrement pénibles. Néanmoins, la progression entamée avec une extrême vigueur, s’effectue aussi rapidement que le permet le barrage sur lequel l’infanterie serre à bloc.

Le barrage allemand se déclenche assez tard et n’atteint que les bataillons de soutien. Il ne cause des pertes sérieuses qu’au 149e R.I..

À la droite de la division :

Le 31e B.C.P. parvient sans grandes difficultés au Hérisson et à la ferme de la Malmaison, qu’il nettoie et dépasse. Il encercle, dans la carrière de la Malmaison, un bataillon allemand, qui se défend obstinément, et dont la résistance se prolonge, appuyée par l’action des mitrailleuses placées sur les pentes est et ouest du ravin de Chavignon et aux environs de la carrière Montparnasse.

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_31e_B

Le 1er B.C.P. a suivi le mouvement et arrive à 5 h 45 au chemin des Dames.

Au centre de la Division :

Le 2e bataillon du 158e R.I., après avoir traversé le bois et la tranchée de Rumpler, est retardé dans sa progression, par des mitrailleuses échelonnées le long du boyau du Lévrier. Il les attaque et les enlève successivement. Il atteint l’objectif intermédiaire, le talus de La Bascule, à 6 h 10, ayant subi seulement un retard d’une quinzaine de minutes.

Le bataillon de soutien à suivi, traversant le barrage, il atteint, vers 6 h 20, la tranchée du Hérisson où il s’installe.

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_158e_R

À la gauche de la division :

Par vagues successives, le 1er bataillon du 149e R.I. traverse rapidement le Blocus, les Lassitudes, le Carlin et les Épreuves. La 1ère vague est à 150 m du barrage roulant. Les hommes avancent à la vitesse de 100 mètres en 2 minutes durant les 200 premiers mètres puis à la vitesse de 100 mètres en 3 minutes pour les suivants.

Une compagnie de nettoyeurs fournie par le 2e bataillon du régiment accompagne le bataillon de tête.

En arrivant sur la crête, les soldats subissent le feu de mitrailleuses placées dans la partie ouest du Hérisson, le long de la route de Maubeuge et dans les trous d’obus de l’avant.

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_149e_R

Après un dur combat, et malgré des pertes sensibles, le bataillon du commandant de Chomereau de Saint-André, appuyé par le bataillon de soutien, réduit les résistances.

À 7 h 15, il traverse, sans arrêt, la route de Maubeuge qui est son objectif intermédiaire, et atteint le premier objectif, enlevant de nouvelles mitrailleuses, placées en 195.

Laissons maintenant la parole à Albert Marquand, sergent au 3e bataillon du 149e R.I. :

Le grand jour

« 23 octobre, 4 h 00. Dans la nuit opaque nous cheminons en file indienne, en route vers les emplacements de départ. La lueur des coups de canon éclaire vaguement nos pas. Un long sifflement… Un pan de mur s’écroule avec fracas devant la ferme Colombe. Au pas de course, la route est traversée et nos hommes, blottis contre le talus, allongent la ligne de leurs formes sombres et muettes. Au dernier moment, le boyau de la Ferme est reconnu intenable et nous restons là, aplatis, attendant anxieusement l’heure fatidique 5 H 15.

Un formidable coup de massue ébranle le sol et nous fait sursauter, tandis qu’une grêle de pierre s’abat sur nos casques en pluie métallique. Une légère fumée sort d’un trou creusé sur la route devant nous. Un blessé. Deux camarades le déséquipent et le voilà parti en rampant…

… Je ne connais pas de moments plus poignants que cette attente prolongée sous la mitraille, au milieu des éclats qui stridulent aux oreilles ; où chacun, replié sur soi-même doit maîtriser ses nerfs, le cœur prêt à se « décrocher »… Les minutes sont des siècles…

La ruée

Ma montre indique 5 H 10. De bouche en bouche un ordre suit : « Baïonnette au canon ! » Péniblement, les hommes se redressent à demi. Quelques cliquetis, et, accroupis au sommet du talus, nous sommes prêts à partir dans l’inconnu.

À ce moment, le roulement de tonnerre de nos canons s’accentue et semble s’exaspérer…

… La terre projetée en maints endroits, finement pulvérisée, gêne la respiration. L’air peuplé de sifflements, de mugissements, d’éclatement paraît vibrer sous l’effort d’un archet gigantesque. C’est l’enfer déchaîné…

Une ligne d’ombres mouvantes se détache du parapet à notre droite. C’est le moment. Tous debout ; sans un mot nous nous ébranlons vers la ligne noire de la petite crête que nous devons dépasser là-bas…

… J’avance dans la cohue silencieuse des hommes, semblable à une horde de barbares déchaînés. Plus de chefs, plus d’ordres ; c’est la ruée…

À ma droite, un homme s’abat lourdement, sans un cri, la face contre terre. Un autre ploie les genoux et s’affaisse en hurlant. On avance, on avance, la tête vide, le cœur pantelant. Dans la nuit pâlissante, on marche, on glisse, on bute aux monticules, on culbute dans les trous d’obus…

J’ai dépassé les éléments de mon bataillon et me voilà presque seul. Devant moi, une silhouette élancée agite les bras, fait quelques gestes… Je reconnais le commandant de Chomereau de Saint-André, en tête du 1er bataillon…

De sourdes détonations indiquent un court combat de grenades. Quelques cris déchirants, puis, plus rien. Des balles sifflent, et l’aube naissance, chassant les dernières ombres de la nuit, voit notre arrivée à la route de Maubeuge : point limite de notre premier objectif. »

Arrêt sur le 1er objectif :

Les bataillons de première ligne commencent à s’organiser sur leurs positions respectives dès leur arrivée sur le 1er objectif. Les bataillons de soutien se préparent à passer en 1ère ligne.

Carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

Legende_carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

La première phase de l’attaque est pleinement réussie pour les bataillons des 158e et 149e R.I.. C’est un petit peu plus compliqué pour les chasseurs.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. du 170e R.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 707/15.

J.M.O. du 409e R.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/13.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps,à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Les morceaux de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly qui sont utilisés ici sont datés du 26 août 1917.

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

3 novembre 2017

Paul Antoine Julian (1896-1918).

Paul_Julian

Si la biographie de Paul Julian devait être nourrie avec les renseignements fournis par sa fiche signalétique et des services, elle ne se résumerait à pratiquement rien et elle ne figurerait pas dans ce blog.

Sa fiche ne porte même pas la mention de son affectation pendant plusieurs années au 149e R.I. ! Heureusement, la famille a conservé précieusement, de génération en génération, les courriers de cet homme, inestimables documents, pour à la fois conserver son souvenir et reconstruire l'histoire de son parcours.

Que ce texte soit un moyen de faire découvrir ce soldat du 149e R.I. et de participer à la conservation de sa mémoire.

Paul Antoine Julian voit le jour le 23 janvier 1896 dans la maison parentale. Quatrième d’une fratrie de 8 enfants, il est né dans la commune de Valréas, ville de l’enclave des papes, situé dans le département du Vaucluse. Une de ses sœurs aînées est décédée dans des conditions dramatiques. À l’âge d’un an, elle s’est noyée dans une cave après avoir fait une chute en passant par le soupirail.

Une seconde sœur de Paul, Louise, a été victime d’un grave accident, dans la petite enfance. Elle est tombée dans le feu de cheminée. Grièvement brûlée au visage,  elle est restée aveugle et défigurée. Paul l’avait pris sous sa protection. Elle portera toute sa vie un médaillon avec le portrait de son frère.

À la naissance de Paul, sa mère, Pauline Thérèse Fabre, est âgée de 31 ans. Antoine, son père, en a 35. Tout le monde dans le village l’appelle « Toinet ». D’ailleurs, tous les fils d’Antoine et de Pauline porteront le surnom de « Toinet » à l’âge adulte, ceci pour les différencier des autres Julian.

Le père travaille comme cultivateur sur la déclaration, mais derrière le vocable administratif se cache une autre activité professionnelle, liée à l’agriculture. Il était également distillateur de lavande et bouilleur de cru.

Genealogie_Paul_Julian

Paul fréquente l’école communale du village jusqu’à l’obtention de son certificat d’étude primaire le 25 juillet 1909.

En 1914, il travaille chez le tailleur Rey à Valréas.

Le 1er août 1914, le gouvernement français déclare la mobilisation générale. Toutes les jeunes classes de réservistes se préparent à rejoindre leurs dépôts d’affectation. Paul Julian n’est pas directement concerné par tous ces évènements, puisqu’il fait partie de la classe 1916. Mais il ne souhaite vraiment pas attendre l’appel de sa classe qui sera avancée au mois avril 1915. Le jeune homme se rend à la mairie de sa ville natale dès le 29 août 1914, où il signe un engagement volontaire pour la durée de la guerre.

Affecté au 52e R.I., Paul Julian rejoint la caserne Saint-Martin, dépôt du régiment de Montélimar, le 14 septembre 1914, pour être formé au métier de soldat.

Il intègre la 27e compagnie du régiment. Des marches régulières allant de 15 à 30 kilomètres l’attendent. L’exercice est pénible. Paul est déclaré meilleur tireur de sa compagnie. Il se rend ensuite au camp de Chambaran pour participer à des manœuvres avec d’autres régiments.

À la fin du mois d’octobre, il participe à de nouvelles manœuvres près de La Bâtie-Rolland où sa compagnie cantonne.

En tant qu’engagé volontaire, il accède très rapidement à la formation de caporal puisqu’il est nommé à ce grade vers le 13 novembre. C’est à partir de cette période qu’il devient mobilisable.

Un groupe de 100 hommes quitte le dépôt le 22 novembre 1914. Le caporal Julian ne fait pas partie du nombre. Il vient de recevoir l’ordre de rester à la 27e compagnie pour instruire 300 réservistes réformés qui viennent d’arriver. Certains ont 42 ans.

Quelques jours plus tard, Paul cantonne à Dieulefit. Toujours rattaché à la 27e compagnie, il en commande la 14e escouade.

Le 22 janvier 1915, il a sous sa responsabilité les hommes d’une des deux escouades de la 9e section.

Paul JULIAN 52e R

Paul, à droite sur le cliché, se fait photographier avec quelques-uns de ses camarades, quelque temps avant de quitter le dépôt du 52e R.I.. Il envoie à sa sœur Rose cette photo carte non datée.

« Chère sœur,

Avant de partir pour le front, j’ai voulu t’envoyer ma photo, j’ai pensé qu’elle te ferait plaisir. Je t’embrasse bien fort, Paul. »

Le 17 février 1915, le caporal Julian est dans la zone des armées. Il a quitté le dépôt du 52e R.I. les jours précédents. À cette date, il cantonne au  village de Camblais-Chatelain, une petite commune du Pas-de-Calais.

Une lettre adressée à sa famille, datant du 27 février, nous fait savoir qu’il a donné, pour que son courrier lui parvienne, l’adresse du secteur postal du 17e R.I où il a intégré la 13e compagnie du régiment.

Il s'agit probablement d'une affectation au 9e bataillon. Le 17e R.I., comme tous les autres, n'a que 3 bataillons qui sont répartis en 12 compagnies. Le 14 mars il est envoyé en renfort au 149e R.I. pour rejoindre les effectifs de la 8e compagnie.

Ce régiment combat dans le secteur d’Aix-Noulette, en Artois, depuis le mois de janvier.

Le 15 avril, le 149e R.I. est au repos du côté de Barafle. Paul confie à la famille que le régiment va bientôt retourner aux tranchées. Le 20 avril, il leur donne des consignes qui trahissent sa première montée en ligne le jour même.

Paul_Julian_149e_R

Cette photographie est envoyée à la famille le 30 avril 1915. La diversité des uniformes et le port par quelques hommes du « plat à tarte », officiellement porté par toutes les troupes quelques semaines seulement, sont typiques de cette époque. On voit des effets de début de guerre mélangé à des capotes modèle 1877 de couleur bleu horizon et d'autres Poiret du 1er type.

Ce cliché a peut-être été réalisé par Albert Breuvart, photographe à Sains-en-Goyelle, très peu de temps après l’arrivée du caporal Julian au 149e R.I.. Ce mélange des tenues pourrait expliquer que certains de ces soldats aient ajouté « 149 » à la craie sur leurs effets qui sont encore dépourvus des marquages réglementaires.

Une autre possibilité est à envisager, ces hommes auraient tout aussi bien pu être photographiés au cours d’une période de repos de quatre jours en 3e ligne, du côté d’Aix-Noulette. Cette ligne était qualifiée de position de soutien. La présence d’un bataillon du 149e R.I. à cet endroit indique qu’il vient de passer une période de quarante-huit heures en 1ère ligne, puis une seconde en 2e ligne.

Un petit texte rédigé à l’attention d’une de ses sœurs aînées accompagne ce cliché.

« Chère Rose,

Comme je te l’avais promis, je t’écris encore aujourd’hui et je t’envoie ma photo et celles de mes camarades. La photo n’est pas de grande valeur, mais elle nous ressemble beaucoup. J’ai pensé que cela te ferait plaisir. Nous partons encore ce soir pour les tranchées. En attendant de tes nouvelles, je t’embrasse bien fraternellement. Paul »

En mai 1915, Paul participe, avec sa compagnie, commandée par Martin Jeské, un Letton combattant pour l’armée française, à plusieurs attaques très coûteuses en vies humaines du côté du Fond-de-Buval, près de Notre-Dame-de-Lorette. Les conditions de vie du moment expliquent peut-être ce qui lui arriva peu après.

C’est en juin 1915 que le jeune homme est touché par des problèmes de santé. À cette époque, malgré la vaccination, il contracte la fièvre typhoïde.

S’en suit un parcours de soins dans divers hôpitaux de l’arrière.

Du 4 au 20 juin, Paul est évacué à Auchel, un petit village du Pas-de-Calais, pour être soigné à l’hôpital Mines de Marles.

Il est ensuite pris en charge par les médecins de l’hôpital annexe de Vayson, à Abbeville, dans la Somme, entre le 22 juin et le 15 juillet. Pour finir, le caporal Julian est envoyé au dépôt de convalescence n° 88 à Querqueville, une ville qui se trouve  à 2 kilomètres de Cherbourg, où il reste plusieurs semaines.

Le 2 août 1915, il quitte l’hôpital pour retrouver sa famille durant une poignée de journées.

Une fois guéri, il passe d'abord par le dépôt  du 149e R.I., où il intègre une compagnie de convalescents, car il n'est pas encore considéré comme étant apte à retourner au front.

Grâce à sa correspondance, on voit quel fut son parcours :

D'abord mis dans la 28e compagnie, une unité réservée aux inaptes, Paul Julian rejoint rapidement la 27e compagnie du dépôt où sont regroupés les hommes qui peuvent faire campagne. Toutefois, il ne va pas sur le front.

Avec plusieurs caporaux de la classe 14, il devient instructeur des jeunes recrues de la classe 17. Il n'a que 21 ans, mais sa connaissance du front pendant plusieurs mois, dans un de ces secteurs les plus difficiles, a certainement contribué en sa faveur pour que ses chefs fassent ce choix. Étonné de voir que des jeunes recrues sans expérience obtiennent le grade de sergent, il est tenté de rendre ses galons

Il est affecté à la 25e compagnie du dépôt d’Épinal qui accueille les classes 1917.

Fin mars 1916, Paul apprend qu’il va bientôt rejoindre le front. Le 149e R.I. a été sérieusement malmené dans le secteur de Verdun. Le 28 mars, il quitte Épinal, certainement pour aller au dépôt divisionnaire.

Le 18 avril, il est dans le train pour retrouver le 149e R.I. qui est au repos à Sommes-Vesles et à Poix.

Une fois sur place, il est affecté à la 2e compagnie du régiment. Cette compagnie a été sérieusement touchée durant l’attaque du 3 avril. L’offensive devait permettre la reprise du village de Vaux-Devant-Damloup, mais ce fût un véritable échec. Il faut maintenant reconstituer les effectifs.

Mai 1916, le 149e R.I. occupe des positions du côté de Mesnil-les-Hurlus et des buttes de Tahure. Paul Julian parle d’un secteur plutôt tranquille dans les lettres qu’il adresse aux siens.

Le 10 juin 1916, le jeune homme est à Troyes. C’est le chemin du retour au régiment après avoir passé quelques jours de permission à Valréas.

Durant une période de trois mois, le 149e R.I. alterne des périodes de premières lignes et de repos sans subir ou lancer de grosses attaques.

Il n’y a seulement qu’un évènement marquant durant ce trimestre. Un coup de main a  lieu le 9 juillet. Il est effectué par une section de grenadiers de la 3e compagnie et par deux sections de la 10e compagnie.

C’est ensuite une période d'entraînement dans la région de Châlons-sur-Marne qui attend Paul et ses camarades de régiment. Après avoir fait un bref séjour au camp de Crèvecœur, les hommes du 149e R.I. se retrouvent engagés dans la bataille de la Somme près de Soyécourt.

La 2e compagnie du 149e R.I., celle du caporal Julian, est en réserve de brigade avec le reste du 2e bataillon. Elle ne participe pas directement aux combats.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Le_chemin_creux_de_Soy_court

Après les évènements de Soyécourt, le caporal Julian quitte temporairement sa compagnie pour être affecté à la 4e compagnie du dépôt divisionnaire, non loin du front. Il n’y a aucune explication à cette situation : est-ce à la suite d’une maladie n'ayant pas conduit à son départ de la zone des armées ? A-t-il été nommé formateur ? Autres raisons ?

Impossible de savoir ce qui s’est passé avec les éléments connus de sa vie. Fin octobre 1916, le caporal Julian est de nouveau à la 2e compagnie du 149e R.I. relayant des périodes de repos et d’occupation de tranchées dans le secteur de la sucrerie d’Ablaincourt.

Ce n’est qu’à la fin du mois de novembre que le 149e R.I. quitte le secteur de la Somme.

Le régiment est ensuite mis au repos et à l’instruction intensive au camp de Villersexel. Il prend également possession de tranchées de 2e ligne dans le secteur Seppois-Largitzen.

Le caporal Julian quitte la Haute-Alsace en avril 1917 pour se rendre dans la région de Montmirail.

En mai, le 149e R.I. occupe un secteur au chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison.

En juillet 1917, il bénéficie d’une permission qui lui permet de revenir au pays quelques jours.

Juste après son retour, Paul entame un stage de grenadier qui se termine le 23 août 1917. Pendant cette période de formation, l'explosion d'une grenade manque de le tuer. À ce moment, il espère obtenir une permission fin octobre. Les circonstances vont faire que la fin de ce mois ne fut pas ce qu’il espérait.

En septembre, il participe à des exercices avec les « tanks ».

Le 23 octobre 1917, le jeune homme participe à la bataille de la Malmaison. Sa compagnie, sous les ordres du capitaine Robinet, est aux premières  loges ; elle fait partie de la première vague d’assaut.

À cette occasion, il reçoit sa première citation. Elle dresse de Paul un portrait élogieux : courage exemplaire, calme remarquable, volontaire pour des missions dangereuses.

Le 11 février 1918, Paul Julian commence un stage de mitrailleur qui durera 45 jours au C.I.D. de la 43e D.I.. Durant cette période, il est en subsistance à la 12e  compagnie du 158e R.I.. La division se trouve dans un secteur calme dans le département des Vosges.

Le caporal Julian n’a pas été muté dans une compagnie de mitrailleuses après avoir fait son stage. Les quelques éléments qui figurent sur son acte de décès ne vont pas dans ce sens. Son affectation aurait pu arriver plus tard. Il fait un stage puis retourne à son unité. Si une place de caporal dans une compagnie de mitrailleuse s’était libérée, il aurait pu changer de poste.

La première offensive allemande du 21 mars 1918 oblige le commandement français à puiser des troupes sur les fronts « passifs » pour se constituer des réserves. La 43e D.I. fait partie de ces unités. Elle est retirée du secteur vosgien pour rejoindre le département de l’Oise, prête à être engagée à tout moment.

Arcy_Sainte_Restitue

Le 27 mai 1918, Paul monte dans un des camions qui s’acheminent vers Braine, une commune qui se situe dans le département de l’Aisne. Les Allemands sont en train de renouveler leur opération du 21 mars 1918.  Ils viennent de lancer une attaque d’envergure sur le chemin des Dames. Les anciens du 149e R.I. reviennent dans un secteur qu’ils connaissent bien puisqu’ils l’ont occupé durant l’été 1917. Les véhicules déposent les hommes du régiment du lieutenant-colonel Vivier à Arcy-Sainte-Restitue. Aussitôt engagé dans la bataille, le 149e R.I., après une bonne résistance, finit par céder du terrain.

Le caporal Julian est noté comme disparu dès le 28 mai 1918.

La veille de sa disparition, il a eu le temps d’écrire cette lettre à ses parents : 

Derniere_lettre_ectite_par_Paul_Julian

« Chers parents, je suis fort étonné de ne pas recevoir de vos nouvelles, car depuis mon retour je vous ai déjà écrit. Nous quittons le cantonnement ce soir et nous embarquons en auto pour une destination inconnue. J'ai vu Autrand il y a trois jours. Il n'est pas encore allé en permission. En attendant de vos nouvelles, je vous embrasse de tout cœur. P. Julian »

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Secteur_de_la_cote_140_pres_d_Arcy_Sainte_Restitue

Au début du mois d’août, la famille tente auprès de la Croix Rouge une recherche qui aurait pu lui permettre de savoir si le caporal Julian est détenu en Allemagne (la demande est réceptionnée le 13). Quelques jours plus tard, les parents de Paul obtiennent une réponse qui met fin à l’atroce attente, mais elle ne vient pas de la Croix-Rouge.

Le 17 août 1918, le chef de bureau de comptabilité du 149e R.I. adresse une lettre manuscrite au maire de Valréas.

« J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien, avec tous les ménagements nécessaires dans la circonstance, prévenir la famille Jullian, distillateur domicilié à Valréas, que le caporal Julian Paul Antoine n° matricule 13059 de la 2e compagnie, n° 1335 au recrutement d’Avignon, classe 1916, est signalé disparu le 28 mai 1918 à Arcy-Sainte-Restitue (Aisne).

Je vous serais très obligé de présenter à la famille les condoléances de Monsieur le Ministre de la guerre et de me faire connaître la date à laquelle votre mission aura été accomplie. N° 1115 dans l’accusé de réception. »

La réponse de la Croix rouge arrive le 18 septembre suivant, sans surprise. Aucune trace de présence de Paul dans un des camps de prisonniers en Allemagne.

Fiche_Croix_Rouge__Paul_Julian

Le décès de Paul Julian est officialisé le 6 janvier 1922 par le tribunal civil de 1ère instance d’Orange qui valide la date de sa mort au 28 mai 1918.

Le caporal Julian a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre de la division n° 267  du 20 février 1918.

« Très bon caporal, d’un courage exemplaire et d’un calme remarquable.Toujours aux endroits les plus exposés. Pendant l’attaque du 23 octobre 1917, s’est offert, à plusieurs reprises, pour aller aux renseignements dans des circonstances extrêmement difficiles »

Paul Julian a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume publié dans le journal officiel du 4 janvier 1923.

« Caporal d’une bravoure réputée, tombé glorieusement, le 28 mai 1918 à Arcy-Sainte-Restitue »

Cette inscription lui donne également droit à une seconde étoile d’argent sur sa croix de guerre.

Le nom du caporal Julian figure parmi ceux qui sont inscrits sur le monument aux morts de la ville de Valréas. Il n’a pas de sépulture connue. Sa famille conserve toujours précieusement les souvenirs de cet homme qui ne s'est pas marié et n'a pas eu de descendance. Cette disparition fut un traumatisme considérable pour la famille, pendant des décennies. Le fait qu'il soit disparu, qu'aucune information n’ait pu permettre d'avoir des certitudes, fit longtemps espérer un retour.

Paul_Julian_hommage_de_la_nation

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

La fiche signalétique et des services de Paul Julian a été consultée sur internet.

Les photographies de Paul Julian qui peuvent se voir ici proviennent de la collection familiale.

Les informations concernant le parcours militaire et l’histoire de la famille du caporal Julian ont été fournies par F. Thomas.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Thomas et sa famille, A. Carrobi, à A. Vigne, aux archives départementales du Vaucluse et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 octobre 2017

La Malmaison : une vue d’ensemble avec l’artillerie spéciale numéro 8…

A

 

Préparations

 

Un groupement de chars Schneider, composé des groupes 8, 11 et 12, et un groupement de chars Saint-Chamond, comprenant les groupes 31 et 33, sont désignés pour participer à la bataille de la Malmaison. L’ensemble de ces chars est sous le commandement du lieutenant-colonel Wahl.

 

Les groupes Schneider sont composés de 12 chars de combat, répartis chacun en 4 batteries de 3 chars. Les groupes Saint-Chamond comportent 14 chars Ils sont constitués de 4 batteries inégales de 3 ou de 4 chars.

Le groupe n° 8 est affecté à la 43e D.I..

 

L’ A.S. 8 comprend 13 officiers, dont 3 stagiaires et 100 sous-officiers et hommes de troupe. Le capitaine de Blic commande le groupe, il est secondé par le capitaine Courcelle.

 

Liste des chars identifiés de l’A.S. 8.qui ont participé à la bataille de la Malmaison

 

1ère batterie  

 

Char n° 61200 : chef de char et de batterie – lieutenant Daher

 

Char 61333 : chef de char - adjudant Broussard

 

2e batterie

 

Char n° 61336 : chef de char - aspirant Aubry

 

Char n° 61339 « Corsaire » : chef de char et de batterie - lieutenant Le Poëtvin

 

Char n° 61341 : chef de char - sous-lieutenant Bugnard 

 

3e batterie

 

Char n° 61118 : chef de char et de batterie - lieutenant Bussières

 

Char n° 61342 : chef de char - adjudant Florimont

 

4e batterie  

 

Char n° 61326 : chef de char et de batterie - lieutenant  de Ravel

 

Char n° 61340 : chef de char - sous-lieutenant Delbeaux

 

Les numéros de batteries des chars suivants ne sont pas connus.

 

Char 61205 : chef de char -  sous-lieutenant Chaussat

 

Char 61115 : chef de char -  sous-lieutenant Tuva

 

Char 61075 : chef de char -  sous-lieutenant Halay

 

L’équipe de dépannage est dirigée par le sous-lieutenant de Virel.

 

Le lieutenant Clermont est en surnombre dans les effectifs.

 

Les journées qui précèdent l’attaque

 

Les 4 batteries de l’A.S. 8 commencent l’embarquement de leurs blindés, par voie ferrée, le 17 octobre en gare de Champlieu. Elles prennent la direction de Condé-sur-Aisne.

 

Le groupe débarque dans la nuit, au moulin Saint-Pierre, situé à 1800 m, à l'ouest de Vailly. C’est une voie d’A.L.G. P. qui est utilisée pour la manœuvre. Les effectifs du groupe rejoignent leurs positions de rassemblement, situées à 200 m au nord-ouest de Vailly, en bordure de la route de Jouy.

 

Une fois sur place, les chars sont dissimulés sous des arbres fruitiers avant d’être camouflés par des toiles appropriées. Le personnel, exceptée une garde, s’installe dans les caves de Vailly pour cantonner.

 

Le 19 octobre est une journée d’attente. Les officiers et sous-officiers en profitent pour effectuer des reconnaissances du secteur. Le 11e escadron à pied du 9e cuirassier est affecté à l’A.S. 8, comme troupe de couverture aux chars du capitaine de Blic. Ces troupes seront chargées d’effectuer les travaux de terrassement destinés à l’aménagement des voies d’accès vers les positions de départ et les emplacements de départ. Ces travaux ne pourront  se faire que la nuit, sous les ordres des officiers de groupe.

 

Le 20 octobre est une nouvelle journée d’attente. Dans la nuit du 19 au 20, un obus de 150, destiné à une batterie d’artillerie lourde voisine, endommage un char, qui est mis hors service pour longtemps. Celui-ci est remplacé par un char de la S.R.R.. L’identité de ces deux chars n’est pas connue.

 

Le jour J est décalé de 24 heures.

 

Un engagement dans des conditions défavorables

 

Char_Scheider_au_camp_de_Champlieu

 

Dans la nuit du 22 au 23 octobre, sous une pluie battante, les chars de l’A.S. 8 font tourner leurs moteurs avant de se mettre en route entre 22 h 00 et 23 h 00.

 

Ils quittent leurs positions de rassemblement, situées à 200 m au nord-ouest de Vailly, en bordure de la route de Jouy

 

Les hommes dits « d’élite » sont avec leurs chars. Les sections d’accompagnement qui forment l’avant-garde ont précédé les batteries pour effectuer, sur les itinéraires déjà aménagés, les réparations nécessaires dues aux tirs ennemis.

 

Malgré toutes les précautions prises, un ensemble de circonstances va complexifier la bonne marche des chars. Le mauvais temps détrempe le terrain ; les tirs de contre-préparation ennemis et le bouleversement des lignes allemandes par l’artillerie française, qui tire de façon intense depuis six jours et six nuits, accentuent les difficultés des déplacements des véhicules à chenilles.

 

Les blindés suivent la route de Vailly en direction de la ferme Vaurains.

 

Au nord de Jouy, le groupe se scinde en deux colonnes. Celle de droite, qui est constituée des 1ère et 3e batteries, s’engage sur l’itinéraire « ravin du Toty-ferme le Toty ».

 

Celle de gauche, avec les 2e et 4e batteries, prend la direction de la carrière des Obus.

 

Carte_1_A

 

À la 1ère et à la 3e batterie

 

La 1ère batterie se présente à 0 h 30 à l’embranchement Jouy-Toty, à hauteur de la gabionnade située à 200 m au sud de la ferme le Toty. Elle se trouve vite prise sous un tir violent d’obus de gros calibre allemands.

 

Le Schneider de tête tombe dans un entonnoir tout juste creusé devant lui. Peu de temps après, il est atteint par un obus qui le met hors service. Les deux autres chars de la batterie qui suivent cherchent à le doubler, mais ils sont vite bloqués sur la route qui se détériore rapidement sous les coups de l’artillerie adverse. Le marais avoisinant, impraticable, empêche toute manœuvre.

 

La section des cuirassiers et les équipages sont aussitôt mis à contribution, pour effectuer les travaux de terrassement qui vont permettre le dégagement des chars. Les hommes tentent de libérer les appareils rapidement, mais ils se retrouvent vite en difficulté. Les terrassiers improvisés ne peuvent avancer que très lentement.

 

L’ennemi envoie plusieurs rafales d’obus à gaz. Petit à petit, le ravin se remplit de gaz « moutarde ». Il faut mettre les masques pour se protéger, ce qui ajoute encore aux problèmes rencontrés. Pour couronner le tout, il est impossible d’allumer la moindre lumière. Il faut éviter de se faire repérer. En effet, la colonne est en vue de l’ennemi, à 500 m de la tranchée allemande du Blocus.

 

La 3e batterie, qui arrive à 0 h 45 à l’embranchement Jouy-Toty, est stoppée à son tour. Elle est immobilisée pour les mêmes raisons.

 

À la 2e et à la 4e batterie

 

La 2e batterie se place à 1 h 00 à l’embranchement Jouy-Toty. Elle se rend, par la route Jouy-Vaurains, à la carrière des obus qu’elle atteint à 1 h 30 pour s’installer en position d’attente sur la route.

 

La 4e batterie se présente à 1 h 15 à l’embranchement Jouy-Toty. Elle arrive à la carrière des Obus à 2 h 00. Ses chars prennent la position d’attente sur la route Jouy-Vaurains.

 

4 h 00, une heure et quart avant le début des combats.

 

Le commandant du groupe, le capitaine de Blic, se tient auprès du colonel Guy responsable de l’I.D. 43 au P.C. Caen.

 

Le travail de dépannage concernant les 1ère et 3e batteries se poursuit.

 

Le char du commandant de la 2e batterie est atteint par 2 obus qui tuent 4 hommes de l’équipage et mettent l’appareil hors d’usage.

 

Char_n__61339

 

Le personnel de la 4e batterie s’installe dans des abris à proximité de ses chars.

La bataille de la Malmaison

 

Jour J : 23 octobre 1917

 

 Première phase de l’attaque : Heure H = 5 h 15

 

Deuxième phase de l’attaque : Heure H’ = 9 h 15

 

La 43e D.I. effectue son engagement dans la bataille de La Malmaison en deux temps.

 

La première phase des combats débute à 5 h 15. La 43e D.I. a pour objectif de prendre la ferme de la Malmaison, avec son groupe de B.C.P.. Elle doit également s'emparer de la Bascule avec le 158e R.I. et enlever la cote 195.1 avec le 149e R.I.. Tous ces objectifs sont atteints en deux bonds.

 

La deuxième phase de l’attaque débute à 9 h 15. Le groupe de B.C.P. se dirige sur le Voyeu et Chavignon ouest. Le cimetière de Chavignon, la route de Chavignon - Pinon jusqu’à hauteur de l’intersection du chemin de terre ouest de 42.67 sont réservés au 158e R.I.. Le 149e R.I. se charge de la zone comprise entre cette route et le point 92.3 et les Vallons.

 

L’A.S. 8 dans le secteur de la 43e division

 

Première phase de l’attaque : Heure H = 5 h 15

 

À la 1ère et à la 3e batterie

 

Les deux batteries sont toujours immobilisées au moment où l’infanterie de la 43e D.I. quitte les tranchées.

 

À la 2e batterie

 

La 2e batterie est la seule à faire mouvement avec ses deux chars restants. Sous les ordres du lieutenant Le Poetvin, elle se met en marche, à 5 h 15. Rappelons que son char de tête a reçu deux obus lorsqu’il était sur la position de départ.

 

Cette batterie, qui travaille pour le compte du 149e R.I., longe la lisière ouest du bois du Coteau. Son char de tête franchit la ligne allemande à 5 h 40. Le responsable de la batterie est obligé de la guider à pied, à travers toute la 1ère position ennemie.

 

L’appareil de queue, commandé par le sous-lieutenant Bugnard, qui s’est arrêté momentanément dans un trou d’obus, à 300 m de sa position de départ, a reçu successivement deux obus dans le chariot arrière et le réservoir droit. Le char n’est plus disponible.

 

Carte_2_A

 

 

À la 4e batterie

 

Elle reste en réserve à la carrière des Obus.

 

Entre 6 h 00 et 9 h 15 durant la 1ère phase de l’attaque

 

À la 1ère batterie

 

Elle est toujours inutilisable.

 

Le char du lieutenant Daher est sorti de sa situation périlleuse vers 9 h 00. Vu l’heure avancée, il sera mis en réserve à la carrière des Obus.

 

À la 3e batterie

 

Premier engagement avec le 158e R.I.

 

Le char du lieutenant Bussières de la 3e batterie a réussi à se remettre en marche après s’être sorti de son mauvais pas, près de la ferme du Toty, à 6 h 30. Au prix d’un laborieux effort, il regagne le temps perdu.

 

Le scheider rejoint le 158e R.I. avant le début de la deuxième phase de l’attaque. Un autre char, celui de l’adjudant Florimont, sera dégagé un peu plus tard. Celui-ci fera le tour de la carrière des Obus, avant de suivre la trace des batteries de gauche. Ce char rejoindra son commandant de batterie au cours de la deuxième phase de l’opération.

 

Le char du lieutenant Bussières atteint vers 8 h 00 le point de stationnement qui lui a été assigné pour s’arrêter avant le déclenchement du deuxième objectif, au sud-ouest de la cote 190,6. À ce moment, il est pris à partie, ainsi que les hommes qui l’accompagnent, par une mitrailleuse en batterie, près des carrières Montparnasse. En quelques coups de canon, tirés à bout de portée par-dessus l’infanterie française, il réussit à la réduire au silence.

 

À la 2e batterie

 

Premier engagement avec le 149e R.I.

 

La 2e batterie se trouve maintenant réduite à un appareil. Le char Aubry rejoint, vers 7 h 30, le bataillon de tête du 149e R.I. qui est installé sur son objectif. Il s’arrête aux abords de la cote 195,1 pour y attendre l’heure H’.

 

Au cours de ce stationnement, l’infanterie signale au Schneider Aubry, une mitrailleuse ennemie qui est en action, à la corne sud-est du bois de la Belle-Croix.

 

Il semblerait que les Allemands préparent une contre-attaque, des allées et venues sont constatées dans la région du boyau de Dennewitz.

 

Le char s’avance à environ 150 m des objectifs désignés. Il tire une trentaine d’obus. La mitrailleuse est détruite et les fantassins du 149e R.I. peuvent voir de nombreux Allemands s’enfuyant vers le bois de la Belle-Croix. Une fois ces résultats obtenus, le char Aubry rejoint l’abri que lui offre la côte 195,1.

 

Carte_3_A

 

 

Utilisation de la batterie de réserve

 

La 4e batterie, initialement réservée, quitte, conformément au plan d’engagement, la carrière des Obus à 6 h 15. Elle atteint, à 8 h 00, le point 29-39 qui lui a été désigné comme terme de son premier bond. À ce moment, elle reçoit, du capitaine de Blic qui commande le groupe, l’ordre de s’engager à H’ au combat en prenant à son compte les missions des 2e et 3e batteries que l’on sait réduites, chacune, à un char.

 

Carte_4_A

 

 

La 4e batterie relèvera le char Bussières d’une partie des multiples missions qu’il assume.

 

Premières remarques

 

En raison de la rapidité de la progression de l’infanterie et des difficultés du terrain, les chars n’ont pu rendre aucun service.

 

Ce n’est que durant le stationnement sur le premier objectif que leur action a commencé à se faire ressentir. Deux mitrailleuses ont été réduites au silence et une contre-attaque ennemie est étouffée dans l’œuf.

 

Les chars sont maintenant dégagés de la zone chaotique où ils étaient presque paralysés, leur rôle va commencer à  grandir durant la suite des opérations.

 

Deuxième phase de l’attaque : Heure H’ = 9 h 15

 

De 9 h 15 à 11 h 30

 

Les chars disponibles se mettent en mouvement sur le front de la 43e D.I.. Ils dépassent bientôt le premier échelon d’infanterie.

 

De la droite à la gauche :

 

A la 3e batterie

 

Second engagement avec le 158e R.I.

 

Le char du lieutenant Bussières atteint la 1ère vague du 158e R.I., à hauteur du boyau de l’Incendie, où il dépasse les fantassins. Le blindé progresse, en serrant à bloc dans le barrage roulant. Il circule sur la droite du front du régiment en adressant fréquemment aux soldats le signal « passage libre ».

 

Les réactions ennemies sont très faibles jusqu’au moment où l’infanterie, arrivée à trois ou quatre cents mètres de la tranchée des Oubliettes, se retrouve plaquée au sol par de nombreux coups de feu.

 

Les Allemands tirent à la fois depuis cette tranchée et depuis les lisières de bois qui affleurent au rebord sud du plateau. Le char Bussières neutralise, en premier, la partie ouest de la tranchée en quelques coups de canon. Il se porte ensuite en direction de la batterie 39-60 qu’il trouve inoccupée avant de gagner la lisière sud du bois des Hoinets, vers 40-63. Il commence le nettoyage de cette lisière en la longeant vers l’est.

 

À 10 h 45, il est rejoint par le char de l’adjudant Florimont qui a enfin réussi à se dégager de l'embranchement Jouy-Toty.

 

Le lieutenant Bussières est prévenu, par l’officier de liaison de son groupe auprès du 158e R.I., que les chasseurs qui forment la droite de la 43e D.I. son démuni en chars, la 1ère batterie n’étant toujours pas à disposition. Il aperçoit, en outre, derrière lui, des groupes d’infanterie qui recommencent à progresser avec les chars de la 4e batterie sur le front du  158e R.I..

 

Les « as de carreau » de la 3e batterie se portent sur la lisière sud du bois de Bousseux pour ouvrir le feu sur des abris allemands qui se trouvent en 42.61 et 42.62. De nombreux prisonniers sont faits.

 

Les deux chars prennent ensuite position pour agir en cas de contre-attaque.

 

À la 4e batterie

 

Cette batterie de réserve est engagée dans la 2e partie de l’attaque. Elle quitte le point 29-39 à 9 h 15.

 

Son char de droite, qui précède le 158e R.I., pousse sans difficulté jusqu’à l’extrémité nord-est de l’éperon des Hoinets, vers 41.63.

 

Il prend à revers, sous le feu de son canon, les Allemands qui se replient dans le bois de Bousseux.

 

Le char du centre, également devant le 158e R.I., gagne facilement l’extrémité nord du plateau de Chavignon où il s’établit, en surveillance sur la vallée, vers le point 40.62.

 

Le char de gauche marche avec la droite du 149e R.I.. Il a une panne de moteur lorsqu’il arrive à hauteur du chemin qui descend aux Vallons. Il prend toutes les dispositions nécessaires pour parer une éventuelle contre-attaque.

 

À la 2e batterie

 

Second engagement avec le 149e R.I.

 

Le char Aubry, seule unité restante de cette batterie, précède les vagues d’attaques de 50 à 100 m environ, canonnant la lisière est du bois de la Belle Croix. Il attaque une petite carrière à la lisière du plateau.

 

Il fait une douzaine de prisonniers et prend une mitrailleuse qui est rapidement emportée dans le Schneider.

 

Pour éviter de rentrer dans le tir de barrage français, le char doit effectuer un nouvel arrêt à 9 h 40 sur le plateau de Chavignon.

 

Vers 11 h 00, il atteint le rebord nord du plateau de Chavignon. Il se place en observation, prêt à intervenir, au point 39.63.

 

Un dernier arrêt se fait sur le chemin du retour à 13 h 50, sur la route de Maubeuge, pour dépanner un char qui a déraillé.

 

Carte_5_A

 

 

11 h 30, l'attaque du 23 octobre 1917 se termine

 

La situation parait se stabiliser. Les avantages de l’infanterie sont définitivement acquis. Les commandants de batteries donnent le signal de repli. Le retour se fait sans incident. Tous les chars regagnent la carrière des obus, excepté un char de la 3e batterie qui s’enlise dans une poche de terrain mou.

 

Durant cette période, un des chars de la 1ère batterie, qui avait réussi à se dégager de l'embranchement Jouy-Toty à 10 h 00, attendait, en réserve, à la carrière des obus.

 

A

 

14 h 00

 

Tous les Schneider engagés sont de retour à la carrière des Obus, à l'exception du char Bussières qui est resté en panne, dans un trou d’obus, près de la lisière sud du bois de Bousseux.

 

Quelques leçons de cette journée 

 

Les Schneider du capitaine de Blic ont rencontré plusieurs difficultés durant le franchissement des 1ères positions allemandes. Les conditions météorologiques, les tirs incessants de l’artillerie durant les jours qui précèdent l’attaque, ont rendu difficile la progression des chars. L’immobilisation due aux pannes ou au terrain difficilement praticable, la destruction de plusieurs blindés par les canons ennemis ont, en partie, modifié le plan initial.

 

Seulement deux chars ont pu intervenir utilement pendant la conquête et le nettoyage du 1er objectif.

 

Durant la progression sur le 2e objectif, 5 puis 6 chars ont pu participer de manière très efficace durant les opérations.

 

En fin de combat, le 8e groupe offre la situation suivante :

 

♥♦♦♣♣ Cinq chars couronnent le rebord septentrional du plateau de Chavignon.

 

Un char se trouve face au ravin des Valllons. 

 

Un char est disponible à la carrière des Obus.

 

♥♥ Trois chars ont été détruits par l’artillerie allemande

 

  Deux chars sont enlisés dans le ravin du Toty.

 

Sources :

 

Toutes les cartes qui peuvent se voir ici ont été réalisées à partir du texte. Elles ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des différents mouvements réalisés et des multiples emplacements occupés par les chars de l’A.S. 8.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Pour en savoir plus sur le char du lieutenant le Poëtvin il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour avoir accès à l’analyse de « Tanker ».

 

Logo_Forum_pages_14_18

 

La partie du J.M.O. de l’A.S. 8, consacrée à la bataille de La Malmaison, est retranscrite sur le site suivant :

 

Chars_fran_ais

 

« Batailles et combats des chars français, l’année d’apprentissage (1917). » Lieutenant-colonel breveté J. Perré. Aux Éditions Charles Lavauzelle et cie 1937.

 

« Les chars d’assaut, leur création et leur rôle pendant la guerre 1915-1918 » Capitaine Dutil agrégé d’histoire. Aux éditions Berger-Levrault, éditeurs 1919.

 

Les deux photographies qui se trouvent sur le montage sont extraites d’une vidéo appartenant à lÉtablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense.

 

Le cliché du char n° 61339 provient de la collection Louis Lecarme. Album vert foncé épais 1914 puis 1916-1925, 3e partie.

 

Site_Louis_Lecarme_et_Genevieve_Colomb

 

La photographie représentant le tank Scheider franchissant une tranchée au camp de Champlieu vient du site de la B.D.I.C..  Cliché fonds Valois. Val 518/110 1917.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, à « Tanker », au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’ E.C.P.A.D.. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 840 684
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.