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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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28 juillet 2017

Albert Abel Honiat (1892-1915).

Albert_Abel_Honiat

Louis Honiat, polisseur de profession, est âgé de 28 ans lorsqu’il se rend à la mairie de Nogent-en-Bassigny le dimanche 7 février 1892, pour venir y déclarer la naissance de son fils Albert Abel, né la veille, dans son domicile. La mère, Anne Félicie Sauvage est une femme âgée de 24 ans qui n’exerce pas de profession.

Comme l’indique sa fiche signalétique et des services avec son degré d'instruction de niveau 3, Albert Honiat a certainement obtenu son certificat d'étude. Après sa scolarité, il se fait embaucher à la coutellerie de Nogent-en-Bassigny.

Plusieurs années d’apprentissage lui seront probablement nécessaires avant de pouvoir prétendre au titre de coutelier, profession inscrite dans l’état civil de sa fiche matricule.

L’année de ses vingt ans, il doit se présenter devant le conseil de révision de Nogent-en-Bassigny, comme tous les jeunes gens de sa commune qui sont à un an de leur majorité.

Albert est inscrit sous le n° 34. Fragilisé par des problèmes pulmonaires, à tel point qu'il doit être examiné chez lui, ne pouvant se rendre au conseil de révision. il est classé dans la 5e partie de la liste en 1913.

Un an plus tard, il passe de nouveau devant le conseil de révision qui, cette fois-ci, l’inscrit dans la 2e partie de la liste.

Albert Honiat se retrouve classé dans le service auxiliaire avec le diagnostic médical suivant : développement musculaire insuffisant avec palpitations.

Le 30 octobre 1914, la commission spéciale de réforme de Langres le déclare « bon pour le service armé ».

Le soldat Honiat doit rejoindre, à compter du 8 novembre 1914, une unité combattante. Il se présente à l’entrée de la caserne du 149e R.I. quatre jours plus tard. Après une brève formation qui l’initie au maniement des armes et à la rude discipline militaire, il rejoint le front le 9 mars 1915. Son régiment combat depuis plusieurs semaines dans un secteur particulièrement exposé, du côté d’Aix-Noulette, un petit village situé dans le Pas-de-Calais. Albert Honiat intègre la 2e compagnie.

Il n’aura pas la « chance » de devenir un soldat aguerri, d’être un « ancien » aux multiples brisques cousues sur sa vareuse. Le 11 mai 1915, sa compagnie perd beaucoup d’hommes. Albert Honiat fait partie des soldats qui seront tués à cette date.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

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Les soldats Louis Vittel et Émile Michel sont les deux témoins qui confirment son décès. Le corps de cet homme n’a pas été retrouvé. Il y a de fortes probabilités pour qu’il repose actuellement dans un des ossuaires de la plus grande nécropole de France, à Notre-Dame-de-Lorette.

Albert Honiat a été décoré de la Médaille militaire et de la croix de guerre avec étoile de bronze à titre posthume.

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la ville de Poulangy.

Ce jeune homme ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

 La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance de ce soldat ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

L’acte de décès d’Albert Abel Hoinat m’a été envoyé par la mairie de Poulangy.

Le site « GénéaNetWeb » a également été consulté.

La photographie de la plaque émaillée figurant sur le montage a été réalisée par P. Baude.

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Haute-Marne et la mairie de Poulangy.  

21 juillet 2017

Livre d’or de l'institution Sainte-Marie de Besançon.

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 Deux noms d’officiers du 149e R.I. apparaissent dans le livre d’or de l'institution Sainte-Marie, établissement qui est implanté sur les terres franc-comtoises de Besançon.

Louis Claude François Marie Lurion de L’Égouthail : né à Salins dans le Jura. À l’institution de 1896 à 1903. Lieutenant au 149e R.I., chevalier de la Légion d’Honneur, décoré de la croix de guerre. Tué à la Chipotte, dans les Vosges, en août 1914.

Citation à l’ordre de l’armée :

« A été tué au combat le 26 août en se portant en avant de sa section afin d’observer les mouvements de l’ennemi. Avait fait preuve depuis le commencement de la campagne de brillantes qualités d’énergie et d’entrain »

 Pour en savoir plus sur le lieutenant de Lurion de l’Égouthail, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

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Michel Mouriaux : Né à Moscou. À l’institution de 1902 à 1906. Sous-lieutenant au 149e R.I.. Chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la croix de guerre. Tué, le 16 juin 1915, à Notre-Dame-de-Lorette.

Citation :

« Le 16 juin, à l’attaque d’une sape allemande dans le fond de Buval, a entraîné très courageusement ses hommes aux cris de : « En avant, c’est pour la France ! »

Tombé glorieusement au cours de cette action.

Pour en savoir plus sur le sous-lieutenant Michel Mouriaux, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

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Référence bibliographique :

Livre d’or « À nos morts » Institutions Sainte-Marie et Saint-Jean.

Un grand merci à M. Bordes et à P. Baude.

14 juillet 2017

Paul Constant Delagrange (1890-1914).

Paul_Constant_Delagrange

Natif du département de la Haute-Saône, Paul Constant Delagrange naît le 24 juillet 1890 dans la commune de Breuches, où ses parents se sont mariés le 7 octobre 1889.

Son père, qui se prénomme Joseph, travaille comme fileur de coton dans une entreprise locale, la filature « Bezançon ». À la naissance de son fils, il a 33 ans. Sa mère, Joséphine Lecomte, est âgée de 26 ans et n’exerce pas de profession.

Deux instituteurs du village accompagnent Joseph à la maison commune, pour venir apposer leurs signatures de témoins sur l’acte de naissance de Paul Constant. Les trois hommes sont reçus par le maire Émile Parisot.

Le père de Paul, qui est devenu contremaître de filature, décède le 21 juillet 1901 à l'âge de 43 ans. Accident ? Maladie ? Les circonstances de sa mort ne sont pas connues.

Le jeune Delagrange quitte l’école communale après avoir obtenu son certificat d’études. Il sait lire, écrire et compter.

La fiche signalétique et des services de cet homme nous indique qu’il travaille à Paris. Il est à noter qu’une première profession avait été inscrite sur cette fiche avant d’être rayée. Le métier de valet de chambre a été barré pour être remplacé par celui d’ajusteur-mécanicien. À quel moment Paul Constant a-t-il quitté Breuches ?

Nous n’avons aucune indication qui nous permette de fixer une date, même approximative, de son arrivée dans la capitale.

Toutefois, après avoir consulté le registre de recensement de Breuches réalisé en 1906, nous apprenons que son nom figure toujours parmi les habitants de la commune. Il vit avec sa mère qui s’est remariée avec un certain Paul Delagrange,  cafetier du village, qui demeure dans la rue de la Filature.

Devançant l’appel sous les drapeaux, il se rend à la mairie du 16e arrondissement, avenue Martin, le 15 mars 1910, pour venir y signer un engagement volontaire d’une durée de trois ans. Aucun document ne permet de connaître les motivations qui ont poussé cet homme à faire ce choix.

En tant qu’engagé volontaire, il choisit d’être affecté au 149e R.I.. Il se rend gare de l’est pour aller à Épinal où il rejoint son corps le 18 mars.

Nommé caporal le 11 janvier 1911, puis sergent le 26 septembre 1912, il signe à nouveau, le 23 novembre 1912, un contrat d’une durée d’un an à compter du 15 mars 1913, puis, le 2 février 1914, un autre de deux ans à compter du 16 mars 1914. Le conflit contre l’Allemagne n’est pas loin…

Une photographie de groupe le montre en présence de sous-officiers de la 1ère compagnie du 149e R.I., commandée par capitaine Lescure en 1914. Elle valide son affectation dans cette unité, pour une partie de sa courte carrière militaire.

Pour en savoir plus sur ce cliché, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Photographie_groupe_sous_officiers_1er_compagnie_149e_R

Il devient sergent-major, mais ce grade n’est pas notifié sur sa fiche matricule.

De nouvelles questions se posent à propos de ce sous-officier !

A quel moment a-t-il été nommé dans ce grade ? Avant ou après l’ouverture des hostilités contre l’Allemagne ? Était-il à la 1ère où dans une autre compagnie lorsque son régiment a quitté Épinal le 1er août ?

Tout ce dont nous sommes sûrs, c’est que Paul Delagrange survit au premier mois de la guerre, mais pas au second et qu’il est à la 9e compagnie au moment de son décès.

Le sergent-major Delagrange est conduit à l’hôpital militaire de Châlons-sur-Marne, après avoir été blessé le 19 septembre dans le secteur du petit village marnais de Souain, qui se trouve près de Suippe. Le sergent-major Delagrange décède le 25 septembre 1914.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Section_du_149e_R

Paul Constant Delagrange a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 9 août 1921) :

« Sous-officier brave et dévoué. Mort pour la France, le 25 septembre 1914, des suites de ses blessures reçues en se portant courageusement à l’attaque du village de Souain. »

Cette citation lui donne également droit à la Croix de guerre avec étoile d’argent.

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Breuches-lès-Luxeuil.

Le sergent-major Delagrange repose actuellement dans le carré militaire du cimetière communal de Châlons-en-Champagne. Sa sépulture porte le n° 3965.

Sepulture_Paul_Constant_Delagrange

Paul Constant Delagrange ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

La fiche signalétique et des services de Paul Constant Delagrange a été consultée sur le site des  archives départementales de la Haute-Saône.

Les sites « Gallica » et « mémoire des hommes » ont été visités pour construire cette petite notice biographique.

La photographie de la sépulture du sergent-major Delagrange a été réalisée par N. Galichet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à N. Galichet, aux archives départementales de la Haute-Saône et à la mairie de Breuches-lès-Luxeuil. 

7 juillet 2017

Un groupe de sous-officiers du 149e R.I. photographié en 1914.

 Photographie_groupe_sous_officiers_1er_compagnie_149e_R

Ce cliché représente un  groupe de sous-officiers du 149e R.I.. Il a été effectué par un professionnel de la photographie qui travaille au 31 rue Rualménil, à Épinal. Il pourrait s'agir de P. Millet qui a officier à cette adresse et qui a été très actif après-guerre. Le jour exact et le lieu précis où cette prise de vue à été réalisée ne sont pas connus. Nous savons simplement qu’elle date de 1914.

Ces hommes font tous partie des effectifs de la 1ère compagnie qui se trouve, à cette période d’avant-guerre, sous l’autorité du capitaine Lescure.

Tous les noms des militaires qui figurent sur cette photographie sont inscrits à l’encre noire au dos de celle-ci. L’écriture, qui a bien traversé le temps, reste parfaitement lisible. Elle permet d’identifier chacune de ces personnes sans aucune difficulté.

Silhouettes_sous_officiers_1_re_compagnie_149e_R

1 : sergent Thiébaux

2 : sergent Luthringer

3 : sergent Gaston Louis Thiriat

4 : sergent Vernazza

5 : sergent Ambolet

6 : sergent Delagrange

7 : sergent-fourrier André

8 : sergent-major Christ

9 : Adjudant Brayet

10 : Sergent Macheras

11 : Sergent Appert

Plusieurs de ces sous-officiers ne survivront pas à la guerre. L’adjudant Brayet, le sergent-major Christ et le sergent Delagrange se feront tuer dès le début du conflit.

Le sergent Luthringer, devenu adjudant,et le sergent Thiriat passé sous-lieutenant, trouveront la mort en Artois en 1915.

Pour en savoir plus sur Joseph Brayet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Joseph_Brayet

Pour en savoir plus sur Jean-Baptiste Victor Christ, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Jean_Baptiste_Victor_Christ

Pour en savoir plus sur Émile Alfred Luthringer, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Emile Alfred Luthringer

 Pour en savoir plus sur Paul Constant Delagrange, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Paul_Constant_Delagrange

Pour en savoir plus sur Gaston Thiriat, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Sous_lieutenant_Thiriat

Le sergent Ambollet sera réformé pour cause de blessure grave.

Les sous-officiers André, Thiébaux et Vernazza seront affectés au 349e R.I.. Ils deviendront tous officiers.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

30 juin 2017

Louis Marie Adolphe Jardelle (1890-1914).

Louis_Marie_Adolphe_Jardelle

Louis Marie Adolphe Jardelle est un parisien qui est né le 20 juillet 1890. Il voit le jour dans le petit appartement de ses parents, situé au n° 9 du cours de Vincennes, dans le 20e arrondissement. Le père, Louis Barthélémy, est âgé de 29 ans. La mère, Marie Françoise Clarisse Roger, est âgée de 30 ans.

Nous ne savons rien de la vie de cet homme avant son passage sous les drapeaux, excepté le fait que sa famille a quitté Paris. C’est à Dommarien, une petite commune de la Haute-Marne, que les Jardelle ont choisi de venir s’installer.

La fiche signalétique et des services de Louis nous apprend qu’il travaille comme cultivateur et que son degré d’instruction est de niveau 3. Cet ancien habitant de la capitale sait lire, écrire et compter.

Inscrit sous le numéro 29 du canton de Prauthoy, il se présente en bonne condition physique devant le conseil de révision. C’est donc sans surprise qu’il se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste en 1911, année de ses 21 ans.

Incorporé au 149e R.I. à compter du 7 octobre 1911, il intègre, à cette date, la caserne Courcy qui se trouve à Épinal.

Le 26 septembre 1912, le soldat Jardelle est reconnu musicien. 

Le jeune soldat est maintenu sous les drapeaux au-delà de ses deux ans. Au lieu d'être libéré en octobre, la classe 1911 le fut en novembre.

Lorsqu’il passe dans la réserve active le 8 novembre 1913, le certificat de bonne conduite lui est accordé.

Quand il quitte la caserne, Louis Jardelle ne s’imagine pas un seul instant qu’il sera dans l’obligation de porter à nouveau sa tenue militaire moins d’un an plus tard, pour aller défendre son pays.

De retour à la vie civile, il retrouve sa famille et certainement son ancienne profession de cultivateur.

Lorsque le conflit contre l’Allemagne éclate, Louis est rappelé à l’activité par ordre individuel. Cet ordre lui impose de rejoindre son régiment le 1er août 1914. Lorsqu’il intègre à nouveau la caserne Courcy, celle-ci est en pleine effervescence. Les sous-officiers prennent en charge le flux des  réservistes qui arrivent en grand nombre.

Le 1er échelon du régiment est déjà en route pour la frontière lorsque Louis Jardelle reçoit son équipement.

Inscrit dans les effectifs de la 3e compagnie du 149e R.I., c’est sous les ordres du sous-lieutenant de réserve Toussaint qu’il rejoint le 1er échelon, trois jours plus tard à Vanémont.

Les réservistes du 2e échelon de la 3e compagnie se mettent sous les ordres du capitaine Islert.

Le soldat Jardelle participe à tous les combats du mois d’août 1914 dans lesquels sa compagnie est engagée. Il se bat au Renclos des Vaches près de Wisembach, au nord Abrechviller et dans la région de Ménil-sur-Belvitte. Il sort de ses engagements sans « aucune égratignure. »

Fin août, son régiment quitte la région des Vosges pour aller combattre dans le département de la Marne. C’est au cours d’un des combats qui se sont déroulés dans le secteur de Souain que Louis Jardelle trouve la mort. Plusieurs soldats de sa compagnie seront blessés.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

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Louis Marie Adolphe Jardelle repose actuellement dans la nécropole nationale mixte de « la Crouée » de Souain-Perthe-les-Hurlus. Sa sépulture porte le n° 2522.

Sepulture_Louis_Jardelle

Le nom de cet homme est marqué sur l’une des pages du J.O. du 4 septembre 1920. Il a été décoré de la Médaille militaire, à titre posthume, avec la citation suivante :

« Soldat courageux et dévoué, tombé glorieusement aux champs d’honneur au combat de Souain, le 29 septembre 1914. »

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Le patronyme Jardelle est gravé deux fois sur le monument aux morts de la commune de Dommarien, une fois pour lui, une fois pour son frère. Une plaque commémorative, qui se trouve à l’intérieur de l’église du village, porte également son nom.

Monument_aux_morts_de_la_commune_de_Dommarien

Louis Marie Adolphe Jardelle ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

Le portrait de Louis Marie Adolphe Jardelle, les photographies du monument aux morts et de la plaque commémorative de l’église de Dommarien proviennent du site « MémorialGenWeb ».

Sa fiche signalétique et des services a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

La photographie de la sépulture Louis Marie Adolphe Jardelle a été réalisée par E. Gambart.

Un grand merci à M. Bordes, à E. Gambart, à A. Carobbi, à G. Chaillaud, à R. Paintendre,  au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département de la Haute-Marne.

21 juin 2017

21 juin 1917. Un drame au P.C. Constantine.

21_juin_1917

Le 21 juin 1917 est une journée de relève pour les 3 bataillons du 149e R.I.. Le 1er bataillon qui était à l’arrière vient remplacer le 3e bataillon placé en soutien à l’ouest de Jouy. Les compagnies du 3e bataillon doivent monter en 1ère ligne pour se substituer à celles du 2e  bataillon qui vont pouvoir partir au repos.

Cette date est marquée par un terrible événement qui va se dérouler au P.C. Constantine, poste de commandement du bataillon de soutien.

Ce lieu est occupé par la liaison du 3e bataillon du 149e R.I.. Le jeu des relèves est loin d’être terminé. Le commandant Desanti, responsable du bataillon, est en permission. Durant son absence, c’est le capitaine adjudant-major Houel qui assure le commandement des 9e, 10e et 11e compagnies du régiment. Il est, avec le sous-lieutenant Bloch et les hommes de la liaison du bataillon, à l’intérieur du P.C.. Le secteur est bombardé plusieurs fois par les Allemands. En fin d'après-midi, vers 17 h 00, un obus de 210, à fusée retard qui traverse un point faible du P.C, éclate à l’intérieur. Plusieurs victimes sont à déplorer.

PC_Constantine

Cet épisode tragique est évoqué dans un témoignage rédigé par le sous-lieutenant Doulcier. Voici ce qu’il écrit :

21 Juin 1917.

« Le P.C. de bataillon Constantine qui se trouve près de l’éperon à l’ouest de Jouy est un ancien P.C. allemand, très profond. Il est formidablement protégé par des revêtements et des murs de gros chênes fixés entre eux, par des crampons de fer. Ayant reçu sa protection pour le sud, il offre un côté faible au nord, c’est-à-dire en direction de la nouvelle ligne de l’ennemi. Ce dernier, qui a des vues dominantes, a constaté que nous utilisions ce P.C.. Les Allemands lancent un premier obus de 380, dont la plaque de culot, retrouvée entière, permet d’identifier le calibre. Il tombe à quelques dizaines de mètres, créant un entonnoir énorme.

Un deuxième obus ne réussit pas mieux. Mais un 210 à fusée retard traverse le point faible. Il éclate à l’intérieur. La liaison, avec son adjudant, ses sergents, caporaux et hommes a 17 tués et 6 blessés. Le capitaine adjudant-major Houel et le sous-lieutenant Bloch sont les seuls à s’en sortir indemnes. Le commandant était en permission. »

Le soldat Hippolyte Journoud fait partie des victimes.

Jean Jourgon, un ami de ce jeune soldat artiste peintre, décrit, dans une longue lettre adressée aux parents de ce dernier, les circonstances du drame. La cérémonie religieuse célébrée par l'aumônier du régiment, Stanislas Galloudec, est également évoquée.

27 juin 1917

Monsieur et Madame,

Je vous demande sincèrement pardon si je ne vous ai pas directement appris la terrible catastrophe qui vient de semer la douleur dans vos cœurs de parents.

Dans mon cœur d’ami de ce cher Polyte, j’ai trouvé trop cruelle une lettre. C'est pourquoi j’ai prié la famille Mignot d’aller vous avertir plus doucement que moi j’aurai fait. Maintenant, mon devoir m’ordonne de ne rien vous cacher et je vais vous donner tous les détails des tragiques évènements de ces derniers jours.

Quand mon ami Polyte est revenu de permission, mon bataillon était au repos à Ciry-Salsogne. Nous y sommes restés six jours, puis nous sommes remontés en 2e ligne. Polyte montait aussi tenir un poste téléphonique et il se trouvait justement avec moi, au poste de commandement du 2e bataillon. Pendant les jours que nous avons passés en réserve, nous étions ensemble, et le temps ne nous paraissait pas trop long. Comme toujours, Polyte, dans ses moments de loisirs, dessinait et moi je gravais une douille d’obus dont il m’avait fait le dessin.

Puis mon bataillon est monté en 1ère ligne et j’ai quitté Polyte qui était resté avec le 3e bataillon qui nous relevait de 2e ligne. Pendant tous les jours qui ont suivi cette relève, les Allemands ont été très nerveux. Ils bombardaient violemment et ils attaquaient. Le 21, le bombardement redoubla de violence, particulièrement sur le point où se trouvait le P.C. du 3e bataillon. Ils tapaient avec du 150, mais nous, qui connaissions le P.C., nous n’étions pas inquiets, car nous savions l’abri très solide.

 Enfin, le bombardement cessa et quand les communications furent rétablies, avec stupeur, nous apprîmes qu’un obus de 150, à fusée retard, avait traversé l’épaisseur de terre de l’abri et était venu percuter à l’intérieur où se trouvait rassemblée toute la liaison du 3e bataillon, soit une vingtaine d’hommes.

Tous avaient été tués par l’engin meurtrier. Mais moi, dans ma confiance, je ne pensais pas que mon ami était du nombre et par un coup de téléphone, j’apprenais l’affreuse nouvelle. J’étais assommé et je tremblais comme une feuille.

Quand je me suis ressaisi, immédiatement j’ai demandé, comme nous étions relevés le soir, à partir tout de suite, pour rendre les derniers devoirs à mon troisième et regretté ami qui, comme Jean Meyrieux et Jean Mignot, était mort à son poste.

Quand j’arrivais au P.C., tout était bouleversé et des brancardiers commençaient à dégager les cadavres avec l’espoir qu’il y en avait peut-être encore des vivants, mais hélas, ils étaient tous morts. Tout de suite, je reconnus notre pauvre Polyte, je me suis agenouillé. J’ai pleuré comme un enfant sur ce cher ami que la mort arrachait à l’affection de ses amis, à l’amour de ses parents, et, sur son front, en votre nom, Monsieur et Madame, j’ai déposé un pieux baiser. Ensuite, j’ai examiné le corps de mon pauvre ami pour constater de quelle façon, il avait été tué.

Sur son corps, je n’ai vu que deux blessures. Un petit éclat à la cuisse et un autre au pied. C’était tout, et ce n’est pas ces deux blessures qui ont entraîné la mort. Mon ami avait été tué par la commotion et il n’avait pas souffert du tout. Sa figure était très calme et il semblait dormir. Je lui ai enlevé ses papiers, mais je n’ai pas pu retrouver ses carnets de dessins qu’il emportait toujours avec lui.

Je n’ai trouvé que son portefeuille contenant 35 francs en billets et divers papiers et photographies, son porte-monnaie qui contenait 2 francs 90, une petite glace, un crayon, une gomme, son calot et son mouchoir. C’était tout. Là-dessus, les brancardiers ont descendu les corps au village de Jouy. Moi, je suis descendu à Ciry-Salsogne avec la certitude que le corps de mon ami serait ramené et inhumé dans ce dernier village, car chez les téléphonistes, c’est un principe, un devoir, d’enterrer les morts dans le village où nous allons au repos.

Je ne me trompais pas. Le 23 au matin, les corps arrivaient à Ciry où ils étaient exposés dans l’église.

L’enterrement devait avoir lieu à 15 h 00. En attendant, je me suis occupé des affaires que Polyte aurait pu avoir laissées à l’arrière, mais, dans son sac, il n’y avait rien. L’officier qui s’occupe des décès m’a prié de lui remettre les papiers que j’avais recueillis, car il nous est défendu, à nous, d’envoyer les successions des soldats morts au champ d’honneur. Je lui ai donc remis le tout que vous recevrez par l’intermédiaire du ministère de la guerre.

À 14 h 30, j’ai été voir une dernière fois mon ami. J’ai assisté à la mise en bière et, avant de le quitter, je l’ai encore embrassé pour vous. Puis notre aumônier a célébré l’office religieux auquel assistaient un grand nombre de poilus, le colonel et de nombreux officiers. Pendant la messe, j’ai encore pleuré, car je pensais à vous, à votre douleur. Je pensais aussi à ma pauvre petite fille.

L’office a duré trois quarts d'heure et le cortège s’est formé. L’ancienne compagnie, la 6e de Polyte, rendait les honneurs à tous ses pauvres malheureux.

Le cercueil de Polyte était couvert de fleurs, car ce regretté camarade n’avait que des amis. Les téléphonistes et les officiers ont déposé une couronne de perles et, au cimetière, le colonel a fait un petit discours sur la mort de tous ces braves. Jusqu’au dernier moment, je suis resté. Maintenant, mon pauvre ami repose en paix, au cimetière de Ciry-Salsogne. Quand la bière a été recouverte, moi et quelques copains, nous avons planté un rosier dont je vous envoie quelques fleurs en même temps qu’un livre qui restait dans son sac.

Je vous demande, Monsieur et Madame, encore bien pardon de la peine que je vous cause. Mais, soyez assuré que ma douleur très grande s’associe à la vôtre et à celle de Mademoiselle votre fille. Ayez du courage dans le malheur qui vous frappe. Prions Dieu pour ce pauvre Polyte qui est tombé en brave. Recevez, Monsieur, Madame et Mademoiselle, les témoignages de ma grande douleur et une chaleureuse poignée de main. »

Pour en savoir plus sur Hippolyte Journoud, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Hippolyte_Journoud_1

La liste des pertes qui se trouve à la fin de l’historique du 149e R.I. et le site «Mémorialgenweb » ont permis de retrouver une partie des hommes qui ont été tués ce jour-là. Les noms qui apparaissent en bleu foncé sont ceux des soldats qui ne sont pas sûrs de figurer à 100 % parmi les victimes de cet évènement (date de décès plus tardive).

Tableau_des_tues_pour_la_journee_du_21_juin_1917

Plusieurs d’entre eux reposent dans la nécropole nationale de Vauxbuin.

Sepultures_Vauxbuin_

Le capitaine adjudant-major Houël et le sous-lieutenant Bloch ont été cités à l’ordre de la division quelques semaines après cet évènement.

Citation du capitaine adjudant-major Houël à l’ordre de la 43e D.I. n° 229 en date du 3 juillet 1917 :

« Officier très courageux et très énergique, a montré beaucoup de courage et de dévouement, en assurant, malgré un bombardement violent, le sauvetage de sa liaison ensevelie dans les abris.»

Citation du sous-lieutenant Bloch à l’ordre de la 43e D.I. n° 229 en date du 3 juillet 1917 :

« À peine dégagé d’un abri effondré par éclatement d’un obus de gros calibre tuant 16 hommes et en blessant 5 grièvement, à montré le plus bel exemple d’énergie et de mépris du danger en donnant les premiers soins aux blessés et en aidant à leur transport sous un intense bombardement. Officier grenadier, au front depuis le début de la campagne, blessé une fois, déjà 3 fois cité. »

Il est à noter que le nombre des pertes indiquées dans cette citation n’est pas tout à fait identique à celui qui est donné dans le témoignage du sous-lieutenant Doulcier.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/7.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Témoignage du lieutenant Paul Douchez en trois volumes, déposé par le fils de cet officier, aux archives du Service Historique de la Défense de Vincennes en 1983.  Fonds Douchez ref : 1K 338.

« Un talent foudroyé », Hippolyte Journoud peintre lyonnais, tué au chemin des dames. Ouvrage écrit par Henry Destour. 2014.

Serge et « Pouldhu », intervenants du forum « Pages 14-18 » ont permis de localiser le P.C. Constantine sur le terrain.

La photographie qui se trouve sur le 1er montage, réalisée par Serge, montre le lieu où se trouvait l’ancien P.C. Constantine obstrué par un arbre, d’après le positionnement donné par le J.M.O. de la 43e D.I.. 

Le portrait du soldat Hippolyte Journoud provient de la collection de la famille Aupetit.

Le portrait du sergent Augustin Honorat m’a été envoyé par A. Orrière.

site « Mémorialgenweb »

Un grand merci à la famille Aupetit, à M. Bordes, à A. Carobbi, à H. Destour, à A. Orrière, à M. Porcher et à Serge et « Pouldhu », du forum « Pages 14-18 ».

 

16 juin 2017

Henri Pierre Adolphe Marcel Putz (1874-1959)

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Les années de jeunesse

 

Henri Pierre Adolphe Marcel Putz est né le 31 janvier 1874 dans le 6e arrondissement parisien. Son père, Jean Baptiste Henri, 50 ans, est un Messin, officier de carrière.

 

Il a opté pour la nationalité française en 1872. Ce chef d'escadron d’artillerie breveté est attaché au 2e bureau de l’état-major général du ministre de la Guerre. Jean Baptiste Henri Putz deviendra plus tard général de brigade. Sa mère, Marie Madeleine Adeline Gougeon, est âgée de 36 ans. Henri Pierre Adolphe Marcel est le plus jeune d’une fratrie composée de quatre enfants. Il a deux frères et une sœur. Les trois garçons feront une carrière dans l’armée.

 

Soldat de la classe 1894, n° 15 de tirage du canton de Fontainebleau, Henri Pierre Adolphe Marcel Putz est dispensé des obligations militaires. Un de ses frères se trouve sous les drapeaux au moment où il passe devant le conseil de révision. Il bénéficie de l’article 21 de la loi de 1889. Le jeune homme est déclaré « bon absent » le 1er avril 1895.

 

Périodes de formation

 

Henri Pierre Adolphe Marcel Putz a obtenu son baccalauréat ès lettres et ès sciences. Reçu au concours d’entrée de Saint-Cyr, l’année de ses 21 ans, il entre à l’école spéciale militaire le 31 octobre 1895.

 

Henri Pierre Adolphe Marcel  Putz fait partie des élèves de la promotion de Tananarive. Il en sort le 1er octobre 1897 avec les galons de sous-lieutenant et le numéro 285 sur 539 jeunes diplômés classés. Il est affecté au 36e régiment d’infanterie de Caen. Deux ans plus tard, il est promu lieutenant. 

 

Le 24 septembre 1902, il épouse, dans la commune de Yenne, Marguerite Sabine Goybet,une savoyarde âgée de 23 ans. De cette union naîtront onze enfants.

 

En 1904, il suit les cours de l’école de tir du camp du Ruchard.

 

Désireux de gravir les échelons de la hiérarchie militaire, le lieutenant Putz tente et réussit le concours d’entrée de l’école supérieure de guerre.

 

En 1907, il fait un premier stage dans la cavalerie puis un second dans l’artillerie. Ces deux stages ont une durée de trois mois chacun. Les lieux d’affectation ne sont pas connus.

 

Henri Pierre Adolphe Marcel Putz débute les cours théoriques de l’école supérieure de guerre le 1er novembre 1907. Le 10 septembre 1908, il est classé au 65e régiment d’infanterie. Il termine sa formation le 1er novembre 1909 avec le brevet d’état-major en poche. Il est classé 68e avec la mention « bien ».

 

Le lieutenant Putz a droit à un congé de trois mois, avec solde de présence, après cette formation. Il se retire à Paris et Fontainebleau durant cette période. Il doit maintenant faire ses preuves avec la pratique.

Cet officier est détaché comme stagiaire à l’état-major du 7e corps d’armée de Besançon pour une durée de 2 ans. Il est promu capitaine et classé au 66e R.I. le 8 novembre 1910. Henri Pierre Adolphe Marcel Putz est ensuite maintenu en stage puis mis hors cadre à l’état-major du 7e corps d’armée, le 27 mars 1911.

 

Durant ces deux années, il effectue de nouveau un stage d’un mois dans l’artillerie en 1910, puis un autre dans la cavalerie de même durée en 1911. Les lieux et les dates exactes de ces stages ne sont pas connus.

 

Expériences dans le monde aérien

 

Attiré par le « monde des airs », il effectue un stage de trois semaines aux sapeurs aérostiers du 24 avril au 13 mai 1911.

 

En octobre 1911, il est affecté à la 12e compagnie du 149e régiment d’infanterie à Épinal. Il y reste jusqu'au 28 janvier 1914. Cela ne l'empêche pas de poursuivre son apprentissage de l'aéronautique.

 

Le capitaine Putz passe, avec succès, son brevet d’aéronaute le 2 avril 1912. Celui-ci porte le n° 149. Il fait ensuite un stage d’instruction d’observateur à bord du dirigeable « capitaine Ferber » du 26 juin au 10 juillet 1912.

 

Dirigeable_Capitaine_Ferber_

 

Envoyé au service d’observation aérienne d’Épinal, comme observateur en ballon, Henri Pierre Adolphe Marcel Putz, doit attendre l’arrivée du ballon « Conté » pour obtenir un poste dans le domaine de ses compétences. Jusqu’à ce que ce ballon rejoigne Épinal, il travaille comme observateur en avion.

 

Le 7 février 1913, il accomplit une reconnaissance d’une durée de 15 minutes avec le lieutenant Lucien Battini. Le 5 avril, il renouvelle l’expérience avec ce pilote. Cette fois-ci, le vol dure 20 minutes. Il s’effectue à une hauteur maximum de 500 mètres. Six jours plus tard, il est le passager du maréchal des logis Quennehen, avec qui, il va effectuer le même type de déplacement aérien. Le 15 avril, il monte une dernière fois dans l’aéroplane du lieutenant Battini, toujours dans les mêmes conditions.

 

Les_aviateurs_Quennehen_et_Battini

 

Le 13 janvier 1914, il rejoint l’état-major du 21e corps d’armée qui vient tout juste d’être créé. Henri Pierre Adolphe Marcel Putz fait encore deux stages d’observateur en ballon dirigeable à Toul avant le déclenchement de la 1ère Guerre mondiale.

 

Les années de guerre

 

Le capitaine Putz est toujours détaché comme observateur de dirigeable, au centre d’observation aérienne d’Épinal, lorsque le conflit contre l’Allemagne éclate.

 

Le 11 août 1914, il est mis à la disposition de l’état-major du 21e C.A. Le dirigeable « Conté » vient d’être déclaré « hors de service ».

 

Henri Pierre Adolphe Marcel Putz prend la direction du 2e bureau du 21e C.A..

 

Le fait de bien connaître la langue et le fonctionnement de l’armée allemande lui permet de diriger les services des interprètes qui lui sont attachés. Il commande les agents qui sont mis à sa disposition. Cet officier s’occupe également de l’interrogatoire des prisonniers, une tâche qu’il mêne avec tact et perspicacité. 

 

Bien noté par ses supérieurs, le colonel de Boissoudy, chef d’état-major du 21e C.A., rédige le texte suivant en février 1915 : « C’est un travailleur acharné, un peu lent, intelligent, instruit, connaissant bien ses règlements et les détails des services. Homme calme et réfléchi, c’est un précieux auxiliaire pour son chef de section dont la tâche était particulièrement lourde. C’est un bon cavalier.»

 

Le 21e C.A. est engagé à Verdun en mars 1916, dans la Somme de septembre à décembre 1916 puis dans l’Aisne à partir de mai 1917. Durant cette période, le capitaine Putz fait toujours partie de l’état-major de ce C.A..

 

Le 30 juillet 1917, il est mis à la disposition de l’infanterie. De nouveau au 149e R.I.,  il reçoit, le 13 août, le commandement du 3e bataillon du régiment. Il est promu chef de bataillon à titre temporaire le 29 septembre.

 

Le 23 octobre 1917, le commandant Putz est blessé à l’épaule droite par un éclat d’obus, à la sortie de son P.C.. Il s’apprêtait à quitter la parallèle de départ pour conduire ses hommes à la bataille de la Malmaison.

 

Évacué vers l’arrière, il est soigné dans un hôpital parisien. Une fois guéri, il reprend du service. Le commandant Putz ne retournera jamais en première ligne, à la tête d’un bataillon de régiment d’infanterie. À partir de la fin de l’année 1917, il est affecté à plusieurs postes dans divers états-majors, cela jusqu’à la fin du conflit.

 

Le 6 décembre 1917, Le commandant Putz est à l’état-major du 2e corps d’armée colonial, où il est nommé chef de bataillon à titre définitif le 19 avril 1918. Le 5 juillet, il est muté à l’état-major du 36e corps d’armée.

 

Placé en réserve de personnel à l’état-major de la VIIIe armée le 18 juillet, puis à celle de l’état-major du 32e C.A. à partir du 26 août, il reçoit une affectation pour l’état-major du 17e corps d’armée pour occuper le poste de chef du 1er bureau à compter du 16 septembre. Il ne reste dans cette fonction qu’une petite dizaine de jours.

 

Le 4 octobre 1918, il passe à l’état-major du commandement supérieur du nord, pour prendre la tête du 3e bureau.

 

De l’armistice à la fin de carrière

 

Une décision ministérielle du 31 janvier 1919 l’affecte à l’état-major de la 12e région. Cette affectation est  annulée. Il reçoit l’ordre de rejoindre le 21e corps d’armée pour diriger le bureau de la chancellerie de l’état-major. Le commandant Putz quitte l’état-major du gouvernement militaire de Metz le 6 février 1919.

 

Début 1922, il retrouve un régiment qu’il a bien connu avant et pendant le conflit. Cet officier est réaffecté au 149e R.I. le 1er janvier 1922. Il prend, dans un premier temps, le commandement du 1er bataillon, puis celui du 3e bataillon à compté du 1er avril 1922.

 

Il accomplit ensuite un stage au centre d’études de montagne à Grenoble entre le 27 juillet au 21 août 1922.

 

En 1923, le commandant Putz rejoint l’état-major du groupe fortifié de Savoie qui devient en 1925, toujours à Chambéry, le secteur fortifié de Savoie. Il y est nommé chef d‘état-major puis promu lieutenant-colonel le 26 mars 1928. Atteint par la limite d’âge de son grade, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite le 31 janvier 1932, il passe dans la réserve dont il est définitivement rayé des cadres le 14 janvier 1937 à l’issue de la période légale.

 

Le lieutenant-colonel Putz décède le 22 novembre 1959 à Chambéry à l’âge de 85 ans.

 

Décorations obtenues :

 

Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 3 mai 1916. (J.O. du 4 mai 1916) « Capitaine breveté à l’état-major d’un C.A.. Très bon officier ayant un sentiment élevé du devoir. A rendu de grands services depuis la guerre. A exécuté, en particulier, pendant les premiers jours de la mobilisation, au-dessus des lignes allemandes, des reconnaissances aériennes hardies, au cours desquelles il a recueilli des renseignements précieux. A déjà reçu la croix de guerre. »

 

Officier de la Légion d’honneur le 25 décembre 1929.

 

Croix de guerre avec une étoile de Vermeil et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. en date du 12 août 1915 :

 

« Affecté pendant les premiers jours de la mobilisation au service d’explorations aériennes, a envoyé des indications très précieuses. Devenu ensuite chef du 2e bureau de l’état-major du corps d’armée, a montré une activité inlassable dans la recherche des renseignements et dans la lutte contre l’espionnage. »

 

Citation à l’ordre n° 264 de la 43e D.I. en date du 14 novembre 1917 :

 

« Officier supérieur très méritant. A été, le 23 octobre 1917, blessé à l’entrée de son P.C. au moment où il préparait, avec son bataillon, à marcher à l’assaut des positions ennemies. »

 

Autres décorations :

 

Médaille commémorative de la Grande Guerre, médaille interalliée de la Victoire.

 

Sources :

 

J.M.O. du 21e C.A.. S.H.D. de Vincennes  Réf : 26 N 195/1, 2 et 3

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes  Réf : 26 N 344/7

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la défense de Vincennes.

 

Le commandant Putz possède un dossier individuel  sur le site de la base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

 

Site_base_Leonore

 

Le portrait du commandant Putz provient d’une partie de photographie qui se trouve dans le témoignage du lieutenant Paul Douchez en trois volumes. Ce témoignage a été déposé par le fils de cet officier, aux archives du Service Historique de la Défense de Vincennes en 1983. Fond Douchez ref : 1K 338.

 

Les informations concernant la généalogie d’Henry Pierre Adolphe Marcel Putz ont été trouvées sur le site « Généanet ».

 

Les portraits du lieutenant Battini et maréchal des logis Quennehen sont extraits de cartes postales.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à A. Carobbi,  à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 juin 2017

La Malmaison, octobre 1917, les officiers du 3e bataillon du 149e R.I..

Photographie_des_officiers_du_3e_bataillon_du_149e_R

Cette photographie de groupe provient d’un témoignage laissé par le sous-lieutenant Douchez. Les écrits de cet officier, qui a fait une partie de la guerre au 149e R.I., ont été déposés par son père, au Service Historique de la Défense de Vincennes, en 1983.

Peu de temps avant que le régiment ne rejoigne le front pour être engagé dans la bataille de la Malmaison, le colonel Boigues, responsable de cette unité, donne l’ordre à un photographe militaire de réaliser quelques clichés. Voici celui qui représente les officiers du 3e bataillon de son régiment.

Pour cette occasion, tous ces hommes ont été réunis dans le parc de la Demoiselle de Maucroix, avant de quitter la commune d’Ancienville.

Les officiers représentés ici sont tous identifiés.

Silhouettes_officiers_du_3e_bataillon_du_149e_R

1 : Sous-lieutenant Lemoine : 11e compagnie

2 : Docteur Ruffin : P.E.M.

3 : Sous-lieutenant Pourchet : 10e compagnie

4 : Sous-lieutenant Gauthey : 11e compagnie

5 : Sous-lieutenant Douchez : 9e compagnie

6 : Lieutenant Claudin : 9e compagnie

7 : Sous-lieutenant Dupuy-Gardel : 10e compagnie

8 : Sous-lieutenant Achard : 3e C.M.

9 : Sous-lieutenant Berteville : 9e compagnie

10 : Sous-lieutenant Reigneau : 3e C.M.

11 : Médecin auxiliaire Bernère : P.E.M.

12 : Capitaine Prenez : 3e C.M.

13 : Capitaine adjudant-major Houël : P.E.M.

14 : Commandant Putz : P.E.M.

15 : Capitaine Fouché : 11e compagnie

16 : Lieutenant Monnoury : 10e compagnie

Les pertes en officiers seront très importantes pour ce bataillon.

Le capitaine adjudant-major Houël, le lieutenant Monnoury et les sous-lieutenants Berteville, Dupuy-Gardel et Reigneau, trouveront la mort durant la bataille de la Malmaison.

Le commandant Putz, le capitaine Prenez, le lieutenant Claudin, ainsi que les sous-lieutenants Achard, Douchez et Gauthey, seront blessés, peu avant le début ou pendant l’attaque.

Mis à part les médecins, seuls le capitaine Fouché, et le sous-lieutenant Pourchet s’en sortiront indemnes. Le lieutenant Lemoine, peut-être le plus « chanceux » des hommes qui se trouvent sur le cliché, est en permission le premier jour de la bataille de la Malmaison.

Sources :

Fonds Douchez composé de 3 volumes. Déposé au Service Historique de la Défense de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 juin 2017

La Malmaison : introduction.

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L’échec massif de l’offensive du printemps 1917 débouche sur une crise morale sévère dans la zone des armées et à l’intérieur du pays. Il va falloir plusieurs mois pour que le soldat français retrouve l’indispensable confiance en ses chefs pour continuer le conflit.

Les officiers supérieurs reçoivent l’ordre d’être plus attentifs aux besoins du troupier. Ils devront également, après la bataille, instaurer des temps de repos beaucoup plus réguliers dans des cantonnements aménagés en conséquence.

Les roulements de permissions seront mieux organisés et les récompenses plus largement distribuées.

Suite aux évènements particulièrement meurtriers des mois d’avril et de mai 1917, l’état-major français réfléchit à des modèles d’attaques plus économes en vies humaines.

Il est absolument impératif de remporter un succès tactique digne de ce nom. Celui-ci doit à la fois raffermir le dévouement des hommes et redonner l’espoir du pays dans la force de son armée. Il faut effacer les terribles souvenirs de l’offensive Nivelle.   

L’action de grande envergure est abandonnée. Elle cède la place à des techniques de combats qui auront pour objectif la conquête du terrain dans un espace et dans une période limités.

La Malmaison

C’est le secteur de la Malmaison qui est choisi. Cet endroit reste hautement symbolique puisqu’il se trouve à proximité du chemin des Dames, lieu où l’ennemi a réussi à briser toutes les attaques françaises lancées en avril et en mai 1917.

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La division du 149e R.I. fait partie des unités qui vont être engagées dans cette attaque.

Cette offensive française,qui doit se déclencher à la fin du mois d’octobre 1917, commence à se mettre en place plusieurs semaines à l’avance.

Un dispositif de tirs d’artillerie sans précédent doit débuter quatre jours avant le début de l’attaque. Les chars seront sollicités pour soutenir l’infanterie, les photographies aériennes seront analysées de manière approfondie par tous. Rien ne doit être laissé au hasard !

Chaque régiment d’infanterie, chaque bataillon de chasseurs se préparent minutieusement en étudiant le parcours qui lui est assigné. Chacun sait exactement ce qu’il doit faire. L’improvisation n’est pas au rendez-vous !

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Le morceau de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly est daté du 26 août 1917. Ce bout de carte délimite la zone dans laquelle la 43e D.I. va être engagée le 23 octobre 1917.

La photographie de groupe représentant des soldats du 149e R.I. fait partie de la collection personnelle de R. Mioque. Albert Marquand se trouve au centre du cliché.

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

26 mai 2017

Henri Antoine Chatron (1893-1914).

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Le 5 juillet 1893, Henri Antoine Chatron voit le jour dans le château de Brezeneau, propriété de la famille Ribes, où ses parents travaillent. À sa naissance, son père Augustin Xavier, âgé de 40 ans, exerce la profession de maître domestique. Sa mère, Anastasie Rose Julie Riou, est employée comme femme de ménage. Elle est âgée de 33 ans.

Le menuisier Louis Treuille et le charron Joseph Augustin Damon accompagnent le père à la mairie de Quintenas pour aller signer l’acte officiel d’état civil.

Inscrit sous le numéro 28 du canton de Satillieu, Henri Antoine est enregistré dans la 1ère partie de la liste en 1913.

Le jeune homme qui exerce le métier de garçon d’hôtel laisse son tablier de travail à la fin du mois de novembre 1913, pour rejoindre la gare la plus proche de son domicile. Il prend un train qui va l’amener à Épinal. Plusieurs changements seront nécessaires avant son arrivée à destination. Incorporé au 149e R.I., il doit se présenter au poste de garde de l’entrée de la caserne Courcy, le 27 novembre 1913.  

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, il porte toujours l’uniforme. Le soldat Chatron fait partie des effectifs de la 3e compagnie du régiment qui se trouve sous les ordres du capitaine Islert, au moment où son régiment doit rejoindre la frontière.

Après les combats du premier mois de guerre, le 149e R.I. est envoyé en Champagne dans le secteur de Souain, un village situé au nord de Suippe où il est très vite engagé. Henri Antoine Chatron ne survivra pas aux combats qui se sont déroulés durant la journée du 19 septembre 1914.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_postale_Souain__1_

L’acte de décès de ce soldat a été transcrit le 19 septembre 1916 dans sa commune de naissance, deux ans, jour pour jour, après sa mort.

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Quintenas et sur l’une des deux plaques commémoratives qui sont fixées à l’intérieur de l’église du village.

Monument_aux_morts_de_Quintenas

Je n’ai pas réussi à trouver de fiche sur le site du Comité International de la Croix Rouge ni sur celui de Gallica pour les décorations à propos de cet homme.

Il n’y a pas de sépulture individuelle connue pour ce soldat.

Henri Antoine Chatron ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services d’Henri Antoine Chatron ont été consultés sur le site des archives départementales de l’Ardèche.

Le portrait de ce soldat et le cliché du monument aux morts de la commune de Quintenas ont été trouvés sur le site « familles de Quintenas ».

Site_Famille_de_Quintenas

Figaro n° 256 du 13 septembre 1909 vu sur le site « Gallica ».

Le site « Généanet » a également été consulté.

Un grand merci à M. Bordes, à S. David, à B. Guirronnet, à A. Carrobi et aux archives départementales de l’Ardèche.

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