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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 décembre 2014

Hippolyte Journoud (1894-1917).

Hippolyte_Journoud_1

Un très grand merci à la famille descendante d’Hippolyte Journoud et à Henry Destour sans qui cette notice biographique n’aurait pas pu voir le jour.

Enfance et adolescence

Hippolyte Jean Antoine Journoud voit le jour à Lyon, le 13 août 1894, dans un appartement situé au n° 6 de la rue d’Aguesseau. Il est le fils de Jean Claude Journoud et de Clémentine Perette Albert. À sa naissance, son père, âgé de 34 ans, est comptable indépendant. Sa mère, âgée de 26 ans, est ménagère. De l’union de Jean Claude et de Clémentine naît, en 1898, une petite fille qu’ils prénomment Germaine ; elle prononcera ses vœux de religieuse en 1932 et rejoindra la communauté de l’Oeuvre du Prado.

Dès son plus jeune âge, Hippolyte se passionne pour la représentation graphique. Il se met à lire avec avidité tous les livres d’images qui lui tombent entre les mains et commence très tôt à s’exercer au dessin. Ses parents, remarquant l’intérêt qu’il porte pour le 3e art, décident de l’inscrire en classe préparatoire à l’École nationale des Beaux-arts de Lyon où il entre en 1908. Il y a pour maîtres Castex-Dégrange et Auguste Morisot. Il suit également les cours du peintre Tony Tollet à l’école municipale de dessin du « Petit collège ».

Tout au long de sa formation, le jeune élève fait un excellent travail et reçoit, chaque année, de nouvelles récompenses. En 1912, il obtient une bourse de voyage qui lui est attribuée par la chambre de commerce de la ville de Lyon. Cette somme allouée lui offre l’opportunité de découvrir, pour la première fois de son existence, la Provence d’où il va ramener une multitude de dessins. Sa scolarité se termine en 1913.

Jeunesse

Une fois ses études terminées, le jeune Hippolyte décide de venir s’installer à Paris pour rejoindre son ami Raoul Servant, son « inséparable frère » qui partage la même passion pour la peinture. Ils logent tous les deux dans une toute petite pièce qui leur sert à la fois d’atelier et de lieu de vie. Au cours de cette période, le jeune artiste exerce ses talents en réalisant plusieurs œuvres ; « Le marché des fleurs », « Les deux sœurs », « Notre Dame-de-Paris », « Le port au sable du quai Malaquais » et « Romantisme » qui restera son dernier tableau réalisé avant le déclenchement du conflit.

Il est l’heure pour Hippolyte d’abandonner les pinceaux et de les remplacer par le lebel.

Groupe_149e_R

Au 149e R.I.

La fiche signalétique et des services d’Hippolyte nous donne quelques précieuses informations sur son parcours de soldat. Entre autres, celle-ci nous fait savoir que le futur fantassin de 2e classe Journoud est affecté au 149e R.I. et qu’il doit arriver au corps le 8 septembre 1914.

Le temps de son instruction, de septembre 1914 à son départ au front, il est à la 25e compagnie du dépôt du 149e R.I. La photographie de groupe visible ci-dessus a été prise à Jorquenay pendant cette période, soit à l’occasion d’un exercice (ce qui est peu probable, vu l’absence de toutes traces de salissure sur les uniformes), soit après l’équipement au lieu de cantonnement (d’où la présence d’une jeune fille ou d’une femme).

En novembre 1914, dans une lettre rédigée à l’intention d’un de ses cousins, il annonce son départ imminent pour le front. Pour lui, la guerre va commencer en Belgique.

Début 1915, son régiment quitte la région d’Ypres pour venir s’installer en Artois, dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Hippolyte Journoud, soldat de la 5e compagnie du régiment, est blessé, tout comme son chef de compagnie, le lieutenant Paul Isler et 32 de ses compagnons d’infortune, le 10 mai 1915. Quelques éclats d’obus sont venus se loger dans son cuir chevelu. Cette blessure le fait évacuer vers l’arrière. Après avoir subi les premiers soins, il est envoyé en convalescence pour une courte période, près de Villedieu, une petite commune normande.

Un bref moment de repos à Épinal en mai juin 1915 lui permet de réaliser quelques croquis. La Moselle, les jardins, l’église Saint-Maurice lui fournissent l’occasion de sortir plusieurs fois les fusains… Puis, c’est le retour au front.

Au cours de l’hiver 1915, de graves problèmes de gelures aux mains le font à nouveau quitter la zone des combats. Hippolyte Journoud est soigné dans un premier temps à Ohlain, puis à Berk-Plage. Depuis ce lieu, il envoie à sa famille le petit courrier suivant :

« Je vais pouvoir me reposer tout à mon aise. Je n’en pouvais plus. Cette boue, la pluie, les fatigues m’avaient anéanti… »

Cette courte phrase en dit vraiment long sur l’état moral du jeune homme… Celui-ci quitte l’hôpital fin mars 1916 alors que ses camarades de régiment subissent l’enfer meusien dans le secteur du fort de Vaux…

Hippolyte rejoint le 149e R.I., après une brève convalescence qui lui permet de revoir la famille, les amis et certains de ses anciens professeurs.

Hippolyte_Journoud_posant_devant_son_dernier_tableau

Avril 1917, le 149e R.I. se trouve dans le secteur de Villersexel. L’artiste est sollicité par le lieutenant-colonel Paul Francis Pineau qui lui demande de réaliser un rideau de scène pour le théâtre de son régiment. Tout heureux de retrouver sa palette et ses pinceaux, c’est un véritable moment de bonheur pour le jeune peintre de pouvoir à nouveau s’adonner à son art.

Theatre_du_149e_R

Le soldat Journoud se trouve à la C.H.R. lorsqu’il décède le 21 juin 1917 par suite de plaie due à des éclats d’obus reçus dans la région des reins. Ce jour-là, il exerce ses fonctions de télégraphiste dans un petit poste avancé qui se trouve dans le secteur de Jouy, une commune située dans le département de l’Aisne. Plusieurs de ses camarades trouvent la mort en même temps que lui.

Les sergents Henri Edmond Arfeuille et Raoul Guillaume Florent Arnal, tous deux du 149e R.I. confirment sont décès.

Hippolyte partage le même terrible destin que son ami le peintre Raoul Servant, tué en septembre 1915, en Champagne.

Le jeune homme est, dans un premier temps, enterré dans le cimetière de Ciry-Salsogne sous une croix de bois qui porte le n° 29. Il repose actuellement dans le caveau familial du petit cimetière de Saint-Genis-Terrenoire, devenu Genilac en 1973.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Lyon, parc de la Tête d’or, et sur celui de Saint-Genis.

Citation à  l’ordre du régiment n° 53 en date du 27 juin 1917 :

« Soldat courageux et dévoué, tombé glorieusement à son poste de combat le 21 juin 1917. Mort pour la France »

La Médaille militaire lui est attribuée à titre posthume.

Hippolyte_Journoud_2

Tout au long du conflit, Hippolyte Journoud va réaliser de nombreux dessins. Ses croquis montrent des paysages, des destructions dues à la guerre, des scènes de vie quotidienne dans les tranchées qui laissent percevoir une grande sensibilité chez le jeune homme. Ses œuvres ont été exposées à Lyon, en 1919, à la Galerie des deux collines. Toujours en 1919, un certain nombre ont pu être rassemblées dans un ouvrage édité à l’initiative de son père et tiré à un nombre réduit d’exemplaires.

La_manille

Sources :

La fiche signalétique et des services d’Hippolyte Journoud a été consultée sur le site des archives départementales de la ville de Lyon.

L’acte de naissance d’Hippolyte Journoud a été trouvé sur le site des archives municipales de Lyon.

Ouvrage :

« Hippolyte Journoud » Imprimerie de la maison des deux collines. XXXII phototypies 1919.

Les deux dessins « Artois 1915 le départ pour la relève » et « Manille » proviennent de cet ouvrage.

Articles de revues :

Article de journal de Lyon « le salut public » Samedi 22 février 1919.

Hippolyte Journoud, peintre méconnu. Article de  A. Pouilloux, in « Aujourd’hui Genilac » n°31, avril 1993.

Genilac : Bulletin d’informations n° 91. Février 2014.

Le peintre lyonnais Hippolyte Journoud (1894-1917) un jeune talent victime de la Grande Guerre. Article de Jean Burdy.  Mémoire des pays du Gier.  A.R.R.H., numéro 23. Année 2012.

Un grand merci à M. Bordes, à la famille Aupetit, à A. Carobbi et à H. Destour.

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