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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 décembre 2017

Joseph Marie Robert Mouren (1880-1917)

Joseph_Marie_Robert_Mouren

 

Joseph Marie Robert Mouren est né à Marseille en 1880. Il voit le jour le 30 décembre, au 40 de la rue Nicolas, dans la maison parentale.

 

Joseph, son père, âgé de 35 ans, est un négociant en grain et farine. Son bureau de travail est placé à quelques pas de l’habitation familiale. Sa mère, Marie Suzanne Brunet, est une jeune femme de 21 ans qui s’occupe du foyer.

 

La fiche signalétique et des services de Robert Mouren nous indique qu’il est étudiant avec un degré d’instruction de niveau 3. Mais quel type d’enseignement a-t-il pu suivre ? La réponse à cette question reste inconnue. Malheureusement pour nous, nous n’en saurons pas davantage sur la période de sa vie située entre la fin de sa scolarité et son engagement dans l’armée.

 

Le 18 juillet 1899, cet homme se rend à la mairie de Marseille pour y signer un contrat de 4 ans avec l’armée. Robert n’a pas encore fêté ses 19 ans.

 

Deux jours plus tard, il est à Montpellier. Le jeune Mouren a franchi le portail de la caserne des Minimes pour y intégrer une des compagnies du 122e R.I.. Sa formation de soldat peut commencer.

 

Nommé caporal le 24 juillet 1899, puis sergent le 23 juillet 1900, tout semble se dérouler pour le mieux dans cette carrière militaire. Pourtant, Robert Mouren passe dans la réserve de l’armée active dès le 18 février 1903, date correspondant à la fin de ses quatre années de contrat. Qu’est-ce qui a pu motiver cette décision ? Une hypothèse parmi tant d’autres : peut-être que le sergent Mouren a tout simplement été déçu par la monotonie de la vie de caserne.

 

De retour à l’activité civile, il se retire dans la cité phocéenne, au 29 de la rue Corderie, avec son certificat de bonne conduite en main. Plus tard, il quitte le littoral méditerranéen pour venir s'installer à Bordeaux.

 

Le 16 juillet 1907, il épouse Anna Salvai, une Italienne âgée de 27 ans, originaire de Barge, une petite ville piémontaise. Robert Mouren travaille comme employé de commerce. Le couple est installé dans un petit appartement bordelais au 13 rue Lalande. Un fils, prénommé Gabriel Joseph Robert, naît le 31 juillet 1910.

 

Le 11 octobre 1912, Robert Mouren est en âge de passer dans l’armée territoriale ; il reste rattaché militairement au département des Bouches-du-Rhône.

 

C’est comme sergent du 115e R.I.T. qu’il commence la campagne contre l’Allemagne. Rappelé par ordre de mobilisation du 2 août 1914, il fait ses retrouvailles avec Marseille, ville qu’il quitte, quatre jours plus tard, revêtu de son uniforme de sous-officier de territoriale. Avec son régiment, il séjourne dans un premier temps à Nice, puis dans la région de Dijon.

 

Très éloigné du front, il n’a aucun contact direct avec l’ennemi. L’Italie ayant officiellement annoncé sa neutralité dans le conflit, les troupes désignées pour la protection de sa frontière avec la France peuvent être utilisées autrement.

 

Les terribles pertes du mois d’août et du début de septembre 1914  réclament d‘être compensées, au besoin, par les plus jeunes classes de l’armée territoriale.

 

Le 20 septembre 1914, une nouvelle affectation l’attend. Il fait partie d’un contingent de 400 soldats qui a été ponctionné dans les effectifs du 3e bataillon du 115e R.I.T.. Ce groupe doit rejoindre la fraction du dépôt du 149e R.I. qui se trouve à Langres. À cette époque de l’année, les 25e, 26e, 27e et 28e compagnies de ce régiment cantonnent à Rolampont, une petite commune haut-marnaise proche du dépôt.

 

La date de l’arrivée de Robert Mouren dans la zone des combats n’est pas connue, mais grâce à l’intitulé de sa première citation à l’ordre du régiment, nous apprenons qu’il est en première ligne lorsque les Allemands lancent leur offensive du 3 mars 1915 dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette, en Artois.

 

Le sergent Mouren est nommé adjudant le 6 juin 1915. Ces galons de sous-officier ne resteront pas très longtemps cousus à sa vareuse. En effet, il devient sous-lieutenant de réserve à titre temporaire dès le 30 juin. Robert Mouren prend aussitôt le commandement d’une section de la 9e compagnie du 149e R.I..

 

Cet officier, âgé de 34 ans, participe à tous les combats menés par le régiment, dans le secteur de l’Artois, entre le mois de mai et le mois de septembre 1915. Durant cette période tumultueuse pour les effectifs du régiment spinalien, il semble s’en être sorti sans aucune égratignure.

 

Toujours bien noté par ses supérieurs, le lieutenant-colonel Gauthié est le premier à l’évaluer. Le 6 janvier 1916, il écrit ceci : « Excellent chef de section provenant des sous-officiers de territoriale, belle attitude au feu (2 citations). Peut commander une compagnie, mais préfère rester chef de section.»

 

Le 1er avril 1916, le sous-lieutenant Mouren frôle la mort. Son régiment est engagé dans la bataille de Verdun depuis plusieurs semaines. Le 3e bataillon, sous les ordres du capitaine de Chomereau de Saint-André, est remonté en 1ère ligne, la veille, pour occuper le secteur du fort de Vaux. Très chanceux, il n’est, en fait, qu’enseveli suite à l’explosion d’un obus allemand qui est tombé à proximité.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journee_du_1er_avril_1916

 

Le 149e R.I. quitte la région de Verdun mi-avril. Un bref moment de repos l’attend à Landrecourt. Le régiment prend ensuite la direction de la Champagne pour venir s’installer dans un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles. À cette époque de la guerre, c’est une zone de combat plutôt calme, qui n’est pas sollicitée pour des offensives de grande ampleur.

 

C’est au cours de cette période d’accalmie relative que le sous-lieutenant Mouren va pouvoir aller suivre la 5e série du cours des commandants de compagnies au centre d’instruction du 21e C.A,. entre le 12 juin et le 1er juillet 1916.

 

Il bénéficie ensuite d’une permission de dix jours qui débute le 11 juillet.

 

De retour dans la zone des armées, cet officier affine ses connaissances théoriques en enchaînant une formation de fusilier-mitrailleur qui se déroule au centre d’instruction de Châlon, du 9 au 10 août 1916.

 

Il retrouve son régiment à la fin de cette brève période de cours.

 

Sous_lieutenant_Mouren__Somme_1916

 

Le sous-lieutenant Mouren participe ensuite à la bataille de la Somme. Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Soyécourt. Le 6 septembre, Robert Mouren prend spontanément la tête de sa compagnie, suite à la blessure de son capitaine qui ne peut plus en assurer le commandement pour la mener au combat.

 

Robert Mouren est nommé au grade de lieutenant à titre temporaire le 7 octobre 1916.

 

Après cette période mouvementée, il bénéficie, pour la seconde fois, d’une permission allant du 10 au 21 novembre 1916.

 

Le 15 décembre, il est blessé dans "un accident". Évacué vers l’arrière, il est en traitement à l’hôpital de Beauvais du 16 décembre 1916 au 8 janvier 1917.

 

Le 23 décembre 1916, c’est au tour du lieutenant-colonel Pineau de rédiger un petit texte sur les valeurs combattantes de cet officier : « A commandé sa compagnie pendant les attaques de septembre dans des conditions difficiles. S’est admirablement comporté en toutes circonstances, notamment le 6 septembre. A été cité pour son esprit de décision et sa belle conduite. »

 

En convalescence du 9 janvier au 3 février 1917. Son état de santé reste fragile. Il est affecté au D.D. 43 à partir du 12 février.

 

Robert Mouren est de nouveau en permission du 16 au 28 mai inclus.

 

Le journal officiel du 19 juin 1917 nous apprend qu’il est nommé à titre définitif dans ce grade suite à un décret émanant du président de la République datant du 15 juin 1917.

 

Il fait un stage de fusil R.S.C. de la VIe armée du 30 juillet au 5 août.

 

Le 22 août 1917, le lieutenant Mouren prend le commandement de la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Pour la troisième fois, il est en permission du 24 août au 4 septembre 1917. Ce fut la dernière.

 

Le 29 septembre 1917, le colonel Boigues,qui commande le 149e R.I. depuis le mois de mai, consigne ceci dans le feuillet individuel de campagne de cet officier : « Vient du C.I.D. où il s’était fait apprécier par ses qualités réelles de commandement. Énergique et très actif, paraît devoir très bien faire. »

 

Le lieutenant Mouren est toujours à la tête de la 3e compagnie lorsqu’il est tué le 23 octobre 1917, touché par un éclat d’obus qui se fixe dans le thorax.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, durant les combats de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_149e_R

 

Robert Mouren est inhumé au cimetière militaire de Condé-sur-Aisne dans une tombe qui porte le n° 312.

 

Le corps de cet officier est exhumé le 9 octobre 1923. Sous la surveillance d’un adjudicataire et de l’adjudant R. Aupy, il est transféré dans le carré D du cimetière national de Vauxbuin placé dans une nouvelle sépulture numérotée 955.

 

Sepulture_lieutenant_Mouren

 

Le grade inscrit sur la plaque qui est fixée sur sa croix est erroné. Il est écrit sergent au lieu de lieutenant.

Citations obtenues :

 

Cité à l’ordre du régiment n° 46 datant du 22/04/1915 :

 

« A fait preuve du plus beau courage en entraînant sa section pour une contre-attaque en avant des tranchées sous des feux convergents extrêmement violents d’artillerie et de mitrailleuses au combat du 3 mars devant Noulette. »

 

Cité à l’ordre de la brigade n° 7 du 22/05/1915 :

 

« A fait preuve d’un sang froid, d’une énergie et d’une bravoure au-dessus de tout éloge dans l’attaque des pentes de Notre-Dame-de-Lorette le 9 mai 1915. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 286 en date du 12/09/1916 :

 

« Son capitaine ayant été blessé grièvement au cours de l’attaque du 6 septembre 1916, a pris spontanément le commandement de sa compagnie qu’il a entraînée à l’assaut de la position ennemie, s’était fait remarquer aux attaques des 4 et 5, par son audace et sa brillante conduite. Déjà cité 3 fois. »

 

Citation à l’ordre de l’armée (publication dans le J.O. du 17 janvier 1918) :

 

« Belle figure d’officier, animé du plus grand esprit de sacrifice, ayant pris part à toutes les affaires du régiment depuis le début de la campagne, se couvrant de gloire et servant de modèle à tous. Tué à l’attaque du 23 octobre 1917, alors qu’attaquant sur le parapet de la tranchée, il se lançait en avant. 4 citations. »

 

Cet officier a été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre pothume (publication dans le J.O. du 17 octobre 1919).

 

Monument_aux_morts_de_Bordeaux

 

Le nom de Robert Mouren est gravé et peint en lettres couleur or sur le monument aux morts de Bordeaux. Ville où il vivait, avec son épouse, avant le début du conflit.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche signalétique et des services provenant du site des archives départementales des Bouches-du-Rhône.

 

Actes d'état civil lus sur le site des archives départementales des Bouches-du-Rhône et de la Gironde.

 

La photographie de la sépulture du lieutenant Mourens a été réalisée par J. Baptiste.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J. Baptiste, à A. Carrobi, à J. Huret,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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