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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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20 octobre 2023

Du 23 au 31 janvier 1915

 

Le 22 janvier 1915, le 149e R.I. quitte la position proche du bois de Berthonval que ses trois bataillons ont occupée par alternance. Il doit venir s’installer dans un nouveau secteur près du bois de Bouvigny, au nord-ouest du village d’Ablain-Saint-Nazaire.

 

Du 23 au 26 janvier 1915

 

Le 158e R.I. et le 149e R.I. ont reçu l’ordre de venir remplacer des éléments de la 13e D.I. dans la zone comprise entre la lisière nord du bois de Bouvigny et le chemin de terre allant d’Aix-Noulette à Angres.

 

Le 23 au matin, deux bataillons du 149e R.I. et un bataillon du 158e R.I. s’établissent à Mazingarde.

 

Les mouvements de relèves débutent le lendemain. Dans la soirée du 24, les deux bataillons du 149e R.I. prennent place dans le sous-secteur de Noulette, occupé par le 109e R.I. Le 2e bataillon du 158e R.I. vient à Aix-Noulette.

 

Le 25, deux bataillons du 158e R.I. relèvent le 17e B.C.P. dans le sous-secteur d’Aix-Noulette. Le 3e bataillon du 149e R.I. cantonne à la fosse 10 de Béthume.

 

Carte soiree du 26 janvier 1915

 

27 et 28 janvier 1915

Le secteur de la 85e brigade est divisé en deux sous-secteurs séparés par le chemin de terre allant de Noulette à Souchez. Le sous-secteur de gauche est contrôlé par le 158e R.I., celui de droite par le 158e R.I..

 

Chaque sous-secteur est géré de la manière suivante : un bataillon occupe les tranchées, un bataillon est en réserve, un bataillon est au repos. Celui du 149e R.I. est à la fosse 10 en réserve de brigade, celui du 158e R.I. est à Nœux-les-Mines, en réserve de division.

 

Six compagnies du 25e R.I.T. sont mises à la disposition du secteur. Quatre sont cantonnées à Aix-Noulette, 2 aux corons d’Aix-Noulette. De manière générale, elles sont employées aux travaux en tant qu’auxiliaires pour la 1ère ligne et comme exécutantes et occupantes pour la 2e ligne.

 

La compagnie 21/1 du Génie est chargée de l’exécution des travaux particuliers.

 

Bois 6

 

La relève des bataillons se fait par roulement de 24 heures, entre les tranchées et les lignes de soutiens et entre la  1ère ligne et les réserve ; ainsi, chacun d’entre eux peut bénéficier de trois jours de repos.

 

Tableau des releves du 27 au 31 janvier 1915

 

L’activité ennemie est grande au centre de la ligne du 149e R.I.. Trois sapes qui s’avancent vers la ligne de crête sont en cours de réalisation. Côté français, des mesures sont rapidement prises pour arrêter ces travaux. Les hommes entament des têtes de sape pour les contre-battre. Des mitrailleuses sous abris sont placées en face et un emplacement pour mortier de 15 est aménagé.

 

La C.H.R. du 149e R.I. et le petit dépôt de la 85e brigade quittent Mazingarde pour Marqueffles et la fosse 10 le 28, après la soupe du matin.

 

Dans son ouvrage rédigé sous le pseudonyme de Henri René « Jours de gloire et de misère », le commandant Laure évoque l’arrivée du 3e bataillon du 149e R.I. dans le secteur de Noulette .

 

« À Noulette, où nous entrons en secteur à la fin de janvier, ce n’est guère plus brillant. Sur la partie de notre front, nos tranchées sont en contre-pente, sur les flancs de Lorette ou de la petite crête de Buval. Le fleuve de boue y descend comme un déversoir. Devant nos fils de fer gisent encore des cadavres de la malheureuse attaque du 17 décembre, au milieu d’un cloaque où les plus héroïques ne peuvent avancer. Dès que nous cherchons à faire sortir des hommes pour tenter d’accomplir un pieux devoir d’ensevelissement, ils sont fusillés à bout portant. Quelle cruelle vision ! Plus bas, le bois des Boches est un marécage sur toute son étendue. On y patauge dans l’eau, c’est glacial et pénétrant. Il faut la santé de fer que nous avons acquise dans nos épreuves pour n’y risquer que la fatale gelure et n’y contracter aucune de ces maladies dont les courants d’air ou l’humidité nous faisaient redouter l’emprise avant la guerre. Luttes incessantes contre l’envahissement des eaux.

 

Les gabions, les claies, les fascines, les sacs à terre sont impuissants à dresser contre elles des remparts. Les travaux d’aménagement les plus soigneusement conduits n’aboutissent qu’à de nouvelles cataractes.»

 

29 janvier 1915

 

Les différentes têtes de sape progressent à l’encontre les unes des autres. Le travail n’étant plus possible, le lieutenant-colonel Gothié demande l’autorisation d’attaquer.

 

L’attaque a lieu à 21 h 00 sur les deux têtes de sapes allemandes de droite. Elle ne réussit que sur celle située plus à droite. Cette sape est aussitôt reliée à la tranchée par un boyau. Les pertes sont faibles.

 

La position est organisée pour être maintenue et stopper les tirs offensifs de l’ennemi.

 

À 21 h 45, aux abords du bois des Boches, une fusillade a lieu durant un quart d’heure. Le secteur devient calme après 22 h 00.

 

30 janvier 1915

 

Les Allemands bombardent sapes et tranchées durant toute la journée et durant toute la nuit. Vers 23 h 30 une des sapes s’éboule. Les deux occupants (grenadiers)  sont blessés. L’ennemi profite de la situation pour se porter en avant. Il parvient à créer un nouveau barrage à une trentaine de mètres de la tranchée française. Prise en enfilade, la sape devient intenable.

 

Plusieurs actions individuelles sont tentées pour une avancée. Elles restent infructueuses jusqu’à ce qu’un soldat parvienne, en rampant au moyen d’un bouclier, à créer un nouveau barrage à environ 13 mètres de la tranchée française.

 

31 janvier 1915

 

Carte 1 journee du 31 janvier 1915

 

Les Allemands travaillent à la construction d’une nouvelle tranchée derrière leur barrage. À 17 h 00, les Français attaquent une 3e fois pour tenter de reprendre la sape avec le concours de l’artillerie. Ils réussissent à s’introduire dans le bout de tranchée allemande. Un barrage est aussitôt installé, une trentaine de mètres plus loin, dans la direction de la tranchée ennemie.

 

Quelques instants plus tard, la fusillade devient plus intense et le bombardement s’intensifie.

 

Le caporal commandant le P.D. est blessé à l’heure de la relève. C’est à ce moment que les Allemands choisissent de contre-attaquer. Ils réussissent à réoccuper le point où la sape franchit la crête. Leurs tirs d’enfilades obligent le P.M. à se protéger. Il doit rétablir l’ancien barrage qui existait avant l’attaque.

 

Les blessés et les tués sont assez nombreux.

 

La situation reste mauvaise. Les bombardements se poursuivent durant les jours suivants.

 

                                 Tableau des tués pour la période allant du 23 au 31 janvier 1915

 

                    Tableau des blessés et des disparus pour la période allant du 23 au 31 janvier 1915

 

               Tableau des décédés dans les ambulances et dans les hôpitaux (du 23 au 31 janvier 1915)

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le cliché, réalisé en janvier 1915, représente l’adjudant Thietry et les sous-officiers Fischel, Demontrond et Toutu.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

« Jours de gloire et de misère… » de Henri René (pseudonyme du commandant Laure). Éditions Perrin et Cie-Libraires-Éditeurs. 1917.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Lozano, à M. Porcher, à la famille descendant du commandant Laure et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

13 octobre 2023

Joseph Antoine Boffocher (1891-1918)

Joseph Antoine Boffocher

 

Joseph Antoine Boffocher voit le jour le 9 juin 1891 à Collage, un petit village administrativement affilié à la commune de Marsac, dans le département du Puy- de-Dôme.

 

Son père, Antoine, âgé de 31 ans, est cultivateur dans une exploitation familiale dirigée par le grand-père paternel. Sa mère, Léonie Élisa Boffocher, 27 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle est cependant régulièrement sollicitée pour effectuer certaines tâches quotidiennes à la ferme. Joseph est son deuxième enfant. Il n’y aura pas d’autre naissance dans cette famille.

 

 

La fiche matricule de Joseph Boffocher mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait compter, lire et écrire lorsqu’il quitte définitivement l’école communale.

 

En 1911, Joseph travaille avec son père. L’année suivante, il comparait devant le conseil de révision, réuni à la mairie d’Ambert, qui le déclare apte aux obligations militaires.

 

Le 10 octobre 1912, Joseph Boffocher rejoint les rangs de la 11e compagnie du 149e R.I., une unité cantonnée à Épinal.

 

En août 1914, la France entre en conflit avec l’Allemagne. Joseph Boffocher est toujours « sous les drapeaux ». Il appartient à la fameuse classe 1911 qui devait être libérée en septembre 1914.

 

Compte tenu de la situation en Europe il n’est plus question pour lui et ses camarades de chambrée, de retourner à la vie civile. Le 149e R.I., unité de réserve des troupes de couverture, quitte son dépôt quelques heures avant l'ordre de mobilisation générale, pour se diriger vers la frontière.

 

Le 9 août, le 149e R.I. subit le baptême du feu au Renclos des vaches près de Wisembach.

 

La 11e compagnie, seule unité du 3e bataillon du régiment à être engagée, entre dans la lutte avec les 1er et 2e bataillons. Joseph Boffocher sort indemne de cette épreuve.

 

Le 21 août, il participe aux combats près d’Abrechvillers. Fin août 1914, sa compagnie est de nouveau en première ligne. Les troupes allemandes attaquent dans le secteur de Bazien près de Ménil-sur-Belvitte. Cette fois-ci, le soldat Boffocher a un peu moins de chance, il est fait prisonnier. Joseph Boffocher est loin de se douter qu’une longue période de captivité l’attend.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Carte 5 journee du 25 aout 1914

 

Une fiche individuelle portant son nom peut se consulter sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

 

 

Cette fiche référence cinq cotes, ce qui permet de reconstruire, dans les grandes lignes, son parcours de captif.

 

Joseph Boffocher est initialement interné au camp de Lechfeld. Début janvier 1915, il tombe malade. Le jeune homme est soigné au Lazaret de Munchenb. Le 17 juin 1916, il est envoyé au camp de Dilligen. Le 10 janvier 1918, le soldat Boffocher est interné à Pucheim, puis à Landsberg à compter du 8 février.

 

Carte des camps de prisonniers en Allemagne

 

Fragilisé par plus de quatre années de captivité et gravement malade, il décède d’une pneumonie le 28 novembre 1918 au lazaret de Steingaden, en Haute-Bavière ; il a 27 ans.

 

Son corps est restitué à la famille en 1926. Une cérémonie religieuse a lieu le 26 mai dans l’église de Marsac. Joseph Boffocher est ensuite inhumé dans le cimetière communal.

 

Aucune citation, aucune décoration n’ont pu être retrouvées pour cet ancien soldat du 149e R.I..

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de Marsac-en-Livradois et sur la plaque commémorative située à l’intérieur de l’église du village.

 

Joseph Antoine Boffocher est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Joseph Antoine Boffocher, les registres d’état civil et les registres de recensement de la commune de Marsac des années, 1896, 1901, 1906 et 1911 ont a été consultés sur le site des archives départementales du Puy-de-Dôme.

 

La carte indiquant les camps de prisonniers français en Allemagne a été réalisée par Robert Broisseau en 2006. Elle provient du site « Stenay 14-18 » :

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Vallé et aux archives départementales du Doubs.

6 octobre 2023

Janvier 1915 – En Artois dans la boue

Janvier 1915 - en Artois dans la boue

 

Janvier 1915 : le 149e R.I. cantonne à Villers-Brûlin et à Béthonsart. Ses bataillons effectuent à tour de rôle des passages en 1ère ligne à proximité du bois de Berthonval. 

 

Si les attaques ne sont pas à l’ordre du jour, les hommes subissent un adversaire tout aussi redoutable : la boue d’Artois.

 

Le commandant Laure, sous le pseudonyme de Henri René, raconte cette période de sa vie dans son livre « Jours de Gloire, jours de misère… »  Il évoque un quotidien particulièrement dur dans un secteur où il ne fait pas bon se trouver.

 

« Les opérations vivantes, c'est-à-dire celles où l’on meurt en pleine action, sont closes pour un temps. Une phase nouvelle de la guerre se déroule et durera peut-être des mois, peut-être des années.

 

Nos misères se caractérisent maintenant par le supplice de la boue : beaucoup de nos hommes sont à jamais infirmes d’y avoir eu les pieds gelés ; beaucoup d’autres y ont été étouffés, enlisés. Beaucoup d’autres y ont enduré un tel martyre qu’ils ont préféré franchir le parapet de la tranchée ou du boyau et qu’ils ont été tués en terrain découvert pour ne pas se laisser ensevelir vivants.

 

Nous en faisons le premier apprentissage à notre retour de Belgique, au bois de Berthonval.

 

C’est une mer d’immondices et de terres fondues. On y accède par d’interminables boyaux, qui vont s’y jeter après avoir drainé toutes les argiles de la cuvette entre Mont-Saint-Éloi et le bois. Quelles funèbres processions !

 

Chaque pas nous fait enfoncer jusqu’aux genoux dans le cloaque visqueux, sous le fardeau du sac et de l’outil. On avance avec une lenteur désespérante, en s’appuyant des coudes aux parois. On transpire à grosses gouttes, on se sent épuisé au bout de cent mètres, on s’arrête, on décroche son sac, on le dépose à ses pieds pour s’y asseoir… et, masse pesante sur un fond fuyant, on descend insensiblement, empâtés jusqu’au ventre. Et l’on décrit ainsi pendant deux heures, trois heures, quelquefois quatre, des milliers et des milliers d’angles droits qui se succèdent impitoyablement deux fois à gauche, deux fois à droite.

 

Plus loin, il faut cheminer en terrain découvert, au point le plus bas de la cuvette, là où les terres n’ont même pas assez de consistances pour se laisser entasser en murailles. Elles glissent les unes sur les autres et, de chaque côté de la piste où les rejette la pelle du territorial, elles redescendent pesamment sur la trame où ce travail de Pénélope les retrouve après les en avoir détachées.

 

Sur les itinéraires en ligne droite, on s’en tire assez bien, chaque homme bénéficiant du travail de son prédécesseur. Il n’en va pas de même aux tournants ! Là, en vertu de la vitesse acquise, il arrive qu’on ne perçoive pas assez vite le sens de la nouvelle direction, parce qu’on n’y voit goutte et que l’on déambule comme une brute. Alors, on se jette dans l’amoncellement vaseux, on y grelotte en jurant et, pour peu que le sommeil ait accentué le déplacement d’équilibre qu’on en éprouve, on y chute misérablement.

 

Quelque officier, en bon père, a prévu l’accident. Il s’est arrêté au point critique pour éclairer le tableau du blême faisceau de sa lampe électrique. Confus, on peut, grâce à lui, se relever et ramasser dans la vase son képi et son arme, mais non sans subir l’apostrophe moqueuse des voisins qui bénéficient de l’éclair fugitif et évitent l’accident.

 

Plus loin encore, l’affaire se corse et il n’y a d’autre chance de lumière que dans la « fusée boche ». Or, elle comporte par ailleurs deux inconvénients de toute première gravité : l’un, c’est que, l’eut-on bravé de haut, elle éblouit et prépare immanquablement le faux pas ; l’autre, c’est que, sous la lueur, on préfère s’aplatir contre le sol et pour cause…

 

Les boyaux sont ici absolument impraticables, les travaux d’entretien ne pouvant pas s’exécuter avec le minimum de garanties exigibles. On circule normalement en pleins champs.

 

Il faut franchir par des passerelles branlantes ces fleuves de boue que l’on ne peut utiliser : combien, qui dorment à moitié, posent le pied dans le vide et sont précipités ! Alors, ce sont d’indescriptibles séances de repêchage. On s’appelle, on crie, malgré les ordres les plus sévères. On se sert des fusils comme de perches de sauvetage. On forme un groupe désordonné que la fusée trahit bientôt et au milieu duquel les obus ou les balles viennent gicler avec un bruit de mort.

 

L’arrivée dans la tranchée est un soulagement, du moins quelques-uns le croient en y descendant. Ils s’installent, n’ayant plus aucune illusion quant au confortable de leur habitat et décidés cependant, à y vivre le mieux possible pendant les deux, trois ou quatre jours que durera leur service de garde.

 

Ils sont maintenant couverts d’argile jaunâtre, des pieds à la tête, et leur visage lui-même est zébré de traces sordides qu’y apportent leurs mains à chaque geste.

 

Aucun abri souterrain ne peut leur donner asile, tout est inondé et envahi.

 

Philosophiquement, ils s’accroupissent sur leurs talons, les coudes aux genoux, le menton dans les mains et ne cherchent plus à se défendre contre le déluge où ils sont noyés. Leurs méninges sont vides et incapables d'aucun autre effort que le strict minimum correspondant au service de veille ; guetter au créneau quand leur tour vient, allumer les fusées que l’humidité n’a pas rendues inutilisables, jeter par-dessus bord un « hérisson » grossièrement confectionné dans la journée avec du fil de fer et six piquets de bois, écoper sans conviction, réguler les terres quidescendent en cascade, rentrer les jambes par un retrait du corps, et non sans grommeler, lorsque passe une ronde d’officier, baisser la tête au niveau des épaules si la trajectoire sifflante d’un obus vient raser de trop  près le parapet.

 

Telle est la vie des nuits de Berthonval, si c’en est une…

 

Heureux si les trois jours se sont passés sans catastrophe, si de nombreux hommes n’ont pas été évacués avec l’horrible souffrance de la gelure qui tuméfie et gangrène les pieds, ou si des retardataires ayant perdu le contact de leurs unités n’ont pas été ensevelis dans la vase avant que nul n’ait pu s’en apercevoir pour leur porter secours. »

 

Sources :

 

« Jours de gloire, jours de misère… », livre de Henri René. Éditions Perrin et Cie. 1917.

 

Le portrait du commandant Laure provient de la collection personnelle de F. Amélineau.

 

La photographie prise devant le bois de Berthonval a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes,  à F. Amélineau, à A. Carobbi, à T. Cornet et à la famille descendant du commandant Laure.

29 septembre 2023

Charles Horace Robert Lemailloux (1891-1915)

Charles Horace Robert Lemailloux

 

Charles Horace Robert Lemailloux voit le jour le 10 décembre 1891 à Saint-Denis, dans le département de la Seine. Son père, Nicolas Charles Julien, 27 ans, est comptable. Sa mère, Alexandrine Dégardin, 25 ans, ancienne gantière, n’exerce plus d’activité professionnelle.

 

Les parents de Charles se sont mariés en 1885. Ils ont déjà eu trois enfants. En 1898, la famille s’agrandit à nouveau avec l’arrivée d’une petite fille. À cette époque, les Lemailloux exercent le métier de peaussier.

 

Charles perd son père à l’âge de 9 ans. Après la mort de son mari, Alexandrine Dégardin se retrouve seule avec ses quatre enfants à charge. Elle doit vite trouver un emploi mieux rémunéré. Elle revient à son métier d’origine.

 

En 1905, la mère de Charles est à nouveau enceinte. L’année suivante, elle épouse Victor Ernest Lugand, un veuf de 47 ans qui reconnaît l’enfant.

 

Genealogie famille Lemailloux

 

Charles quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter à la fin de sa période de scolarité obligatoire.

 

Devenu coureur cycliste, il participe au Tour de France des indépendants en 1911 (il a été impossible de retrouver d’autres informations sportives dans la presse locale pour tenter de reconstruire sa carrière de cycliste).      

 

Déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision réuni à la mairie de Saint-Denis, Charles Lemailloux est incorporé au 149e R.I., un régiment stationné à Épinal à partir du 9 octobre 1912.

 

Excellent soldat, il est rapidement repéré par sa hiérarchie. Ses supérieurs lui offrent la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux. Le soldat Lemailloux est nommé à ce grade le 11 novembre 1913.

 

Le 11 avril 1914, le jeune homme est promu sergent. Fin juillet 1914, le traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, est en passe d’être rompu. Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 

Le 149e R.I. revient précipitamment des manœuvres organisées au Valdahon. Il doit se tenir prêt à rejoindre ses emplacements définis par le plan XVII (plan de mobilisation et de concentration des troupes françaises).

 

Le 3 août, le 149e R.I. entre officiellement en campagne. L’Allemagne vient de déclarer la guerre à la France.

 

Charles Lemailloux participe à toutes les batailles que son régiment a menées au cours des quatre premiers mois du conflit. Il s’est battu au col de Sainte-Marie, à Abreschviller, à Ménil, Thiaville et Saint-Benoît, à Souain, à Notre-Dame-de-Lorette et enfin en Belgique.

 

Sa vaillance au feu et les pertes considérables en sous-officiers lui permettent d’accéder au grade d’adjudant à partir du 5 décembre 1914. Le colonel Boyer, chef de corps du 149e R.I., lui confie le commandement d’une section de la 3e compagnie.

 

Le régiment spinalien quitte la Belgique deux jours après cette nomination. De retour en France et après avoir effectué une période d’instruction, le bataillon de ce soldat se relaye avec le reste du régiment, pour occuper la ligne de front située au nord du bois de Berthonval. Le 15 janvier 1915, l’adjudant Lemailloux reçoit une balle dans la tête. Sa mort est instantanée.

 

 Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Le bois de Berthonval

 

Décorations :

 

Sa fiche matricule mentionne une citation qui n’indique pas son ordre :

 

« Au cours d’un combat de nuit livré par sa compagnie, dans des conditions particulièrement difficiles dans un sous-bois touffu et obscur, alors que des fractions voisines venaient d’être repoussées par une contre-attaque ennemie, a assuré la progression offensive de sa dernière section et sa liaison avec les unités continuant à gagner du terrain en avant. »

 

Citation à l’ordre de l’armée à titre posthume (publication dans le J.O du 8 mars 1915).

 

« Sous-officier d’élite qui, en toutes circonstances, dans les cinq mois de campagne, a toujours montré les plus brillantes qualités et le plus bel entrain. Tué d’une balle au front dans les tranchées de 1 ère ligne, le 15 janvier 1915. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume (publication dans le J.O. du 29 octobre 1920).

 

L’adjudant Lemailloux repose actuellement dans le carré militaire des corps restitués n° 2, dans le cimetière communal de Saint-Denis.

 

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant Lemailloux a été consultée sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Le portrait de Charles Lemailloux est extrait de la revue « illustration » de 1915-1919. Il a également été publié dans le journal hebdomadaire « Pages de gloire » n° 39 du dimanche 29 août 1915.

 

La photographie de sa sépulture provient du site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porchet, à T. Vallé et aux archives de la ville de Paris.

22 septembre 2023

Les décisions prises par le lieutenant-colonel Gothié en janvier 1915 (2e partie)

Les décisions prises par le lieutenant-colonel Gothié en janvier 1915 (2e partie)

 

Les 10 et 12 janvier 1915, le lieutenant-colonel Gothié donne de nouvelles consignes à son régiment. Publiées sous forme de bulletin, elles combinent les ordres du jour, les récompenses et les punitions.

 

Le chef de corps recadre également sa musique et sa clique, redéfinit la subsistance de la C.H.R., clarifie l’organisation du service médical et met en garde ceux qui pratiquent le braconnage.

 

On constate que le commandement du régiment continue de chercher à remettre de la rigueur et de l'ordre dans ses unités ; celles-ci avaient pris des habitudes et une autonomie éloignées des règlements de service.

 

Décisions prises le 10 janvier 1915

 

Demandes d’effets : Les demandes d’effets de toute nature fournies par les compagnies à la date du 1er janvier ont été transmises au commandement, sauf pour les sacs de couchage dont le nombre a été réduit en raison des moyens de transport limités. En principe, chaque homme aura sur le sac soit une toile de tente, soit un sac de couchage imperméable.

 

           Les commandants de compagnie adresseront le 12 janvier un état numérique indiquant :

 

          - le nombre d’hommes pourvus d’une toile de tente.

 

          - le nombre d’hommes possédant un sac de couchage.

 

          - le nombre d’hommes n’ayant aucun de ces effets.

 

Exécution des punitions : Le lieutenant-colonel décide que les punitions seront subies au régiment conformément aux règles ci-après, particulièrement au cantonnement.

 

Consigne : Les caporaux et les soldats punis de consigne ne pourront sortir du cantonnement de leur unité (escouade ou section) sauf pour le service.

 

Salle de police et prison : Les hommes punis de salle de police ou de prison assureront le service de garde aux issues de la manière suivante :

 

        - hommes punis de salle de police pendant la journée

 

        - hommes punis de prison pendant la nuit

 

Le nombre de ces hommes viendra en déduction du service de garde commandé normalement. En dehors de ce service, les punis de salle de police et de prison seront consignés dans leur cantonnement.

Punitions :

 

7e compagnie - Herz : Quatre jours de prison par ordre du lieutenant-colonel : « ivresse ».

 

1ère compagnie – n° matricule 9772 – Meunier Victor : 4 jours de consigne, ordre du sergent Petitgenet : « Malgré les ordres donnés, n’a pas graissé ses chaussures pour la revue de 15 h 30. »

 

1ère compagnie – n° matricule 9778 – Meillerey Jean : même punition, même ordre, même motif. (ces deux hommes font partie de la réserve du régiment). Punitions changées en 4 jours de salle de police, ordre du lieutenant-colonel commandant le régiment.

 

Vivres de réserve : En raison du mauvais temps persistant et pour éviter que les vivres de réserve ne se détériorent, ces vivres seront consommés et remplacés périodiquement les 1er et 15 de chaque mois, à l’exception de la viande de conserve. L’officier d’approvisionnement en tiendra compte dans ses commandes ultérieures.

 

Mitrailleurs : En vue de combler les vacances éventuelles dans les équipes de mitrailleurs titulaires ou suppléants, les compagnies remettront le 12 janvier une liste des hommes ne faisant pas partie de ces équipes et ayant reçu antérieurement l’instruction des mitrailleurs.

 

Subsistance :

 

1) Les compagnies feront les prélèvements nécessaires sur la réserve de régiment pour ramener leur effectif à 220 hommes. Les prélèvements faits, chaque compagnie établira,en double expédition, la liste des hommes restant à la réserve de régiment en indiquant le numéro matricule, grade, solde et haute paye auxquelles ces militaires ont droit. Ces états devront parvenir au bureau du colonel le 12 janvier avant 10 h 00.

 

2) À dater du 12 janvier, les gradés et hommes faisant partie de la réserve de régiment seront pris en subsistance régulière par la C.H.R.. Toute demande de mutation devra être soumise à l’approbation du colonel.

 

3) À la même date, les militaires des compagnies détachés dans les différents services du corps (signaleurs, mitrailleurs, mitrailleurs suppléants, etc.) et ceux détachés à l’E.M. de la 85e brigade seront également pris en subsistance régulière par la C.H.R.. En conséquence, les chefs de service fourniront au bureau du colonel, pour le 12 janvier avant 10 h 00, la liste des hommes appartenant aux différentes catégories dont il s’agit.

 

Ordre de l’Armée n° 39 :

 

Le général commandant la 10e Armée cite à l’ordre de l’Armée le lieutenant Marey du 149e R.I. :

 

« Le 8 novembre 1914, a été tué à la tête de sa compagnie qu’il entraînait à l’attaque d’une tranchée ennemie. »

 

Le lieutenant de territoriale Cauvin du 149e  R.I. :

 

« Au combat du 5 novembre, devant Wytschaete, pendant un assaut donné par sa compagnie, pour reprendre une tranchée sous de violentes rafales d’artillerie et sous un tir d’écharpe de mitrailleuses, a réussi à entraîner sa section en avant, malgré les pertes qui lui étaient infligées dès le point de départ et après avoir eu le bras cassé par un projectile, a continué à marcher de l’avant jusqu’à ce que ses forces l’aient abandonné. »

 

Ordre du régiment n° 1 :

 

Cassation du sergent Michel

 

À la suite de la plainte adressée le 7 janvier 1915 par le commandant de la 11e compagnie et conformément à l’avis exprimé par le chef de bataillon, le lieutenant-colonel commandant le régiment casse de son grade et remet soldat de 2e classe le sergent Michel Aimé de ladite compagnie, pour son  manque de dignité et le mauvais exemple qu’il donne à ses hommes en s’enivrant périodiquement.

 

Le soldat Michel sera affecté à la 7e compagnie à la date du 9 janvier.

 

Décisions prises le 12 janvier 1915

 

Affectations : le chef de bataillon Bichat de l’E.M. de la 43e D.I., passé au 149e R.I., prend le commandement du 1er bataillon le 12 janvier.

 

À la même date, le capitaine Crépet reprend le commandement de la 2e compagnie.

 

Mutations :

 

5e compagnie : Treyer. 2e classe,  n° matricule 5479, cordonnier, passe à la 3e compagnie.

 

8e compagnie : Dumoulin. 2e classe, tailleur, passe à la 12e compagnie.

 

10e compagnie : Chausson. 2e classe, cordonnier, passe à la 12e compagnie.

 

 Mutations à la date du 13 janvier.

 

Service médical du régiment : Le colonel rappelle qu’en principe le service médical de chaque bataillon doit être assuré par le personnel qui lui est normalement affecté (médecins, infirmiers et brancardiers) sous la direction effective des chefs de bataillon et sous la direction technique du médecin-chef de service. Ce dernier assure le service médical des éléments communs du corps (C.H.R., réserve de régiment, etc. Les malades ou blessés proposés pour l’évacuation seront vus, en principe, par le médecin-chef de service qui seul a qualité pour signer les bulletins d’évacuation.

 

Musique : Il est bien entendu que les musiciens ne sont à la disposition du médecin-chef de service qu’en cas d’engagement de tout le régiment. En dehors de ce cas spécial, il ne sera fait appel aux musiciens, pour le service de brancardiers, qu’à titre tout à fait exceptionnel et sur demande adressée au chef de corps. Lorsqu’il sera fait appel aux musiciens pour le service de brancardiers, leurs instruments seront confiés régulièrement au commandant du T.C. et repris régulièrement une fois le service de brancardiers terminé.

 

Dépôts de munitions : Il est rappelé aux chefs de bataillon qu’il est interdit de constituer sans autorisation des petits dépôts de munitions dans les secteurs. Lorsque cette mesure sera reconnue nécessaire, ces petits dépôts seront évacués au départ de l’unité qui les aura constitués sous sa responsabilité.

 

Les armes des blessés doivent être recueillies avec soin et versées à l’artillerie si leur utilisation au corps n’est pas immédiate.

 

Bougies : Le commissaire régulateur fait connaître qu’il n’est pas possible, en ce moment, de donner satisfaction aux demandes de bougies qui lui sont adressées. Il a été pris note des commandes déjà faites et satisfaction sera donnée ultérieurement, proportionnellement aux disponibilités.

 

Emploi du téléphone : Le général en chef rappelle que toutes les communications téléphoniques doivent toujours être faites sous la forme de messages téléphonés portant la date et l’heure de transmission.

 

Lignes téléphoniques : Il a été rendu compte que des coupures sur certaines lignes téléphoniques ont été opérées pour la confection de collets de braconnage. 

 

Le général commandant la 10e Armée rappelle à ce sujet que tout homme pris en flagrant délit de braconnage est passible de conseil de guerre. Il est rappelé à ce sujet, aux sentinelles et au service de surveillance,que tout civil circulant pendant la nuit, hors des villages,doit être arrêté, exception faite pour les mineurs se rendant à leur travail et munis d’une autorisation régulière. Les sentinelles ne doivent pas hésiter à faire usage de leurs armes contre ceux qui n’obéiraient pas à leurs appels.

 

Tambours et clairons : Les chefs de bataillon rendront compte du nombre de tambours et de clairons munis d’instruments existant dans les unités sous leurs ordres. Les tambours, clairons ou élèves seront réunis chaque jour, aux heures des exercices près du cantonnement de Villers-Brûlin, pour reprendre leur instruction spéciale sous la direction du sergent tambour-major (le matin de 8 h 00 à 10 h 00 et l’après-midi de 13 h 00 à 15 h 00). Des procès-verbaux de perte seront établis pour les instruments ayant disparu par cas de force majeure.

 

Pionniers détachés à la compagnie 10/1 du Génie : Le courrier destiné aux pionniers détachés à la compagnie 10/1 du Génie sera déposé entre les mains du comptable restant au cantonnement pour être remis périodiquement à l’agent de liaison du Génie. Ces comptables remettront également, contre reçu, au même agent de liaison, le prêt et le tabac destinés aux pionniers détachés. 

 

Papiers des prisonniers : Il est rappelé également que les prisonniers faits sur le front doivent être démunis de tous les papiers en leur possession (lettres, carnets de route, etc.) Ces documents doivent être transmis à l’autorité supérieure en même temps que les prisonniers.

 

Carabines : Les commandants de compagnie verseront à la C.H.R. les carabines qui sont entre les mains des hommes ne devant pas en être pourvus. Ils recevront des fusils en échange.

 

Seuls les militaires ci-après, doivent être armés de la carabine :

 

Mitrailleurs (sauf le télémétreur armé du révolver) : carabine de gendarmerie.

 

Cyclistes du colonel et des chefs de bataillon et éclaireurs montés : carabine de cavalerie.

 

Conducteurs de chevaux de bât porteurs de munitions : mousqueton.

 

Abris pour chevaux : Chaque fois qu’un nouveau cantonnement sera occupé, les chefs de bataillon devront faire construire des abris de fortune pour les chevaux qui ne trouveraient pas de place à l'intérieur des cantonnements.

 

 Sources :

 

Le portrait du lieutenant-colonel Gothié et les bulletins concernant ses décisions proviennent de la collection personnelle de son petit-fils D. Gothié.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, et à D. Gothié. 

15 septembre 2023

Jules Constant Rose (1886-1914)

Jules Constant Rose

 

Jules Constant Rose est né le 10 décembre 1886, à Thaon-les-Vosges, dans le département des Vosges.

 

Son père, Hippolyte Nicolas, 38 ans, est ouvrier d’usine. Sa mère, Marie Angélique Mangeolle, 42 ans, travaille comme couturière.

 

Jules est le dernier-né d’une fratrie composée de 2 filles et de 5 garçons.

 

Genealogie famille Rose

 

La fiche matricule de Jules Rose indique un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie que son niveau scolaire est considéré comme moyen.

 

Futur conscrit de la classe 1907, le jeune homme est inscrit sous le n° 130 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision réuni à la mairie de Châtel. En bonne condition physique, il est logiquement déclaré « bon pour le service armé ».

 

Une petite note avec portrait trouvée dans un livre d’or indique qu’il a travaillé pendant 14 ans comme ouvrier à la blanchisserie et teinturerie de Thaon-les-Vosges.

 

Le 2 avril 1910, Jules Constant Rose épouse Jenny Eugénie Vincent dans sa ville natale. La descendance de ce couple n’a pas été retrouvée.

 

Il a été impossible de reconstituer la carrière de conscrit et de mobilisé de ce Vosgien, faute d’informations inscrites sur sa fiche matricule.

 

Tout ce que nous pouvons dire, c’est que le réserviste Rose a d’abord fait son service actif au 149e R.I. avant d'être rappelé à l’activité militaire quelque temps après l’ordre de mobilisation générale publié en août 1914.

 

Son numéro de compagnie et la date de son arrivée dans la zone des armées n’ont pas pu être identifiés.

 

En septembre 1914, le soldat Rose est grièvement blessé au cours des combats qui se sont déroulés dans et autour du village de Souain. Le 15, il est pris en charge à l’ambulance 6/21 installée à Suippes.

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Souain

 

Le lendemain, il est évacué par voie de chemin de fer à l’hôpital de la Marine de Rochefort, en Charente-Maritime. Les soins attentifs nécessaires au grand blessé sont peut-être arrivés trop tard. Le long voyage en train sanitaire entre Suippes et Rochefort n’a probablement pas aidé les médecins à réussir à le sauver. Le soldat Rose succombe à ses blessures le 19 septembre 1914.

 

Le corps de ce soldat n’a pas été réclamé par la famille dans les années 1920. Jules Rose repose actuellement dans le carré A du cimetière de la Marine de Rochefort. Sa sépulture porte le n° 136.

 

 

Le soldat Rose a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 11 août 1922).

 

« Brave soldat, mort pour la France, le 19 septembre 1914, des suites de glorieuses blessures reçues près de Souain. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Decorations du soldat Rose

 

Le nom de ce soldat est gravé sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Sources :

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du soldat Rose ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. »  Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris-Strasbourg.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1914 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires, détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

La généalogie de la famille Rose a été reconstituée à partir de plusieurs arbres trouvés sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et aux archives départementales des Vosges.

8 septembre 2023

Les décisions prises par le lieutenant-colonel Gothié en janvier 1915 (1ère partie)

Decisions du lieutenant-colonel Gothie (1ere partie)

 

Le lieutenant-colonel Gothié prend officiellement le commandement du 149e R.I. le 7 janvier 1915. Pointilleux sur les questions de gestion, de discipline et de contrôle, il souhaite remettre un peu d’ordre dans son nouveau régiment. Il fait connaître chacune de ses directives par voie écrite,sous forme de bulletins.

 

Il faut rappeler que ces "décisions", très rarement conservées, étaient très fréquentes dans les corps. Celles qui sont proposées ici illustrent les mesures prises par le lieutenant-colonel Gothié dès son arrivée au sein du régiment. Elles ont été associées aux différents ordres du jour, au rappel du règlement et aux punitions. Elles confirment sa vision rigoureuse du règlement militaire.

 

Un de ses subordonnés, le commandant Laure, fait une petite remarque sur son supérieur dans une lettre adressée à son épouse : «  quant au colonel, il n’est que très moyennement sympathique : exigeant, paperassier et trouvant tout mal ce qui a été fait avant lui. Ces longues périodes peu actives sont funestes en ce qu’elles conduisent à des exigences de détails ou d’instruction dont nous étions déshabitués. »

 

Décisions prises le 7 janvier 1915

 

Prise en solde : Les gradés faisant partie du détachement de renforcement arrivé le 5 janvier, sous le commandement du commandant Magagnosc, doivent être pris en solde à compter de ce jour.

 

Matériel : Fait remise à chaque compagnie d’une boussole directrice et d’un rapporteur en cuivre.

 

Mutation : 9e compagnie : le sergent Joannnès permute d’emploi avec le sergent-fourrier Bernheim à la date du 8 janvier 1915.

 

Emploi des cartouches D.A.M. : Il résulte de renseignements parvenus que certains corps de troupe emploient les cartouches D.A.M.  dans les fusils. Ces munitions n’étant confectionnées que dans une proportion déterminée, il importe de ne les utiliser que dans les mitrailleuses. Les compagnies armées sont priées de prendre des mesures en conséquence.

 

Usage de la betterave : Il  est de nouveau recommandé aux corps de troupe de faire usage, à défaut de foin, pour la nourriture des chevaux, de la betterave à sucre (valant de 12 à 15 francs les 1000 kg) à condition de couper les betteraves et de ne pas dépasser 3 à 4 kg par cheval et par jour. Cet aliment qui a une grande valeur nutritive pouvant produire sur certains chevaux de légers troubles digestifs. Il conviendra d’observer les résultats donnés par cette alimentation et de n’atteindre la ration de 4 kg que progressivement.

 

Le général commandant la 10e armée a décidé d’une prime de … par fusil et de 0,25 par baïonnette serait allouée aux hommes pour les armes recueillies en avant des tranchées de 1ère ligne française. Afin de régulariser les versements à effectuer en exécution des prescriptions, il y aura lieu d’adresser simultanément au général de la division : 1°) un état numérique des armes recueillies sur cette partie du front, certifié par le chef de corps (il est inutile d’y mettre un état nominatif des hommes ayant rapporté les armes). 2°) Un récépissé de versement de ces armes au parc d’artillerie, établi et signé par un officier comptable et non par un sous-officier. C’est sur le vu de ces deux pièces que les primes seront versées à l’avenir.

 

Observations des consignes du service du contrôle des voies de communication : Il arrive parfois que des militaires transportés par voitures automobiles militaires, arrêtés par le service de contrôle établi sur les voies de communication, grillent ces postes malgré les signaux d’arrêt, sous prétexte de l’urgence de la mission ou se livrent à des observations ou à des remarques désobligeantes à l’égard des sentinelles chargées de faire exécuter les consignes. Le personnel de contrôle établira un compte-rendu lorsque de tels faits se produiront. On indiquera, dans ce compte-rendu, le numéro des voitures qui auront refusé de s’arrêter, ou en cas d’arrêt, les noms, grades et numéro de l’armée des militaires transportés dans les voitures d’où seraient prononcées des paroles désobligeantes à l’égard des sentinelles (et cela, quel que soit le grade des passagers). Le compte-rendu sera adressé sous pli confidentiel au commandant de l’armée. D’autre part, en vue de ne pas entraver la circulation en automobile, les différents postes de sentinelles devront avoir des instructions très précises pour que l’exécution de la consigne se passe avec toute la diligence et la rapidité possible.

 

Soldbuch : Un extrait du « Soldbuch » de chaque prisonnier capturé doit être établi par le corps qui a fait la capture et certifié par lui. Cet extrait est destiné à accompagner le prisonnier jusqu’à sa destination définitive, alors que le « Soldbuch » doit être joint aux interrogatoires envoyés à l’état-major de l’armée (2e bureau).

 

Rapport à fournir après chaque combat : À la suite de tout combat, le rapport réglementaire doit être établi sans retard par le corps engagé et transmis immédiatement au général commandant le C.A., in extenso avec les observations, les avis et les demandes des différentes autorités hiérarchiques, en particulier, aucune demande de récompenses ne sera prise en considération tant que le rapport sur le combat ne sera pas parvenu.

 

Commandement du régiment : À la date du 7 janvier, le colonel Boyer quitte le régiment pour prendre le commandement de la 73e brigade.

 

Par décision du général en chef du 3 janvier, le lieutenant-colonel Gothié, chef d’état-major de la 13e D.I., est affecté au 149e R.I.. Cet officier supérieur prend le commandement du régiment le 7 janvier 1915.

 

Prise de commandement : En prenant le commandement du régiment, le lieutenant-colonel tient à exprimer à tous, officiers, sous-officiers et soldats, sa satisfaction la plus complète, d’avoir sous ses ordres, un beau régiment comme le 149e, qui s’est distingué, depuis le commencement de la campagne, au col de Sainte-Marie, à Abreschviller, à Mesnil-sur-Belvitte, à Souain, à Notre-Dame-de-Lorette, à Kemmel et à Hollebeke. Il demande à chacun de lui témoigner la même confiance affectueuse qu’à ses prédécesseurs, confiance réciproque si nécessaire en campagne. Il compte sur le dévouement de tous pour mener à bien la belle tâche commencée et conduire jusqu’au bout le drapeau du 149e à la victoire. 

 

Décisions prises le 9 janvier 1915

 

Conférence : Les commandants de bataillon se joindront au colonel pour assister à une conférence sur les quatre premiers mois de guerre, conférence qui aura lieu demain 10 à L’ E.M. de la 77e D.I. à Acq. Rendez-vous à cheval au cantonnement de Villers-Brulin à 7 h 30.

 

Propositions : Les commandants de bataillon adresseront pour le 12 janvier leurs propositions en vue des nominations à faire pour combler les vacances de sous-officiers et de caporaux existant actuellement au régiment.

 

Commission des réquisitions : Le commandant du 3e bataillon fera connaître ce qu’est devenue la jument « Mika » ayant appartenu au capitaine Cadeau, blessé et disparu le 25 août dernier au combat de Ménil-Bazien. La dite monture qui appartient en propre à cet officier, doit être réquisitionnée régulièrement si elle a été affectée à un officier monté du corps. L’estimation en sera faite aussitôt que possible par une commission composée du commandant Laure, président, de l’officier d’approvisionnement et du vétérinaire auxiliaire.

 

Absence illégale : Le capitaine commandant la 3e compagnie fera connaître aujourd’hui même au colonel les raisons pour lesquelles l’absence illégale du soldat territorial Roux n’a pas été signalée le 2 janvier au chef de corps en vue des recherches à faire effectuer. La retranscription d’une absence sur les situations administratives qui ne sont que des pièces comptables ne saurait tenir lieu du compte-rendu indiquant les circonstances dans lesquelles s’est produite cette absence illégale. Ce compte-rendu qui aurait dû être adressé le 2 janvier sera établi sans retard.

 

Comptabilité : L’attention des chefs de bataillon et commandants de compagnie est attirée sur la nécessité d’avoir une comptabilité bien tenue. Les livrets matricules tout particulièrement doivent être constamment tenus à jour par l’inscription des nominations, mutations, citations, décorations, punitions, etc… Un compte-rendu des chefs de bataillon sera adressé à ce sujet le 20 janvier. Le colonel prescrit que lorsque les compagnies seront en 1ère ligne, un comptable (fourrier ou sergent-major) de chaque unité sera détaché à la réserve du régiment (ou T.C.) pour y travailler à la comptabilité de sa compagnie et assurer une liaison entre les services (bureau du colonel,  officier de détails, officier d’approvisionnement) et son commandant de compagnie. Les comptables vivront avec la réserve de régiment.

 

Mutations : Les hommes ci-après passent à la C.H.R. à la date du 10 janvier, comme conducteurs de chevaux de bât de mitrailleuses : 1ère compagnie Joly Georges – 2e compagnie Podo - 2e compagnie Clerc Georges Louis, 11e compagnie Huck Georges.

 

Punitions : 12e compagnie – numéro matricule 6606 – Bénaben, caporal, 8 jours de prison, ordre du capitaine Gruneïssen commandant la compagnie : «  A quitté les rangs sous un prétexte futile au 5 km, le jour où sa compagnie se rendait aux tranchées et n’est reparu que le surlendemain, quelques heures avant la relève, ayant ainsi manqué à toute la période d’occupation des tranchées. » En prison jusqu’à décision à intervenir, ordres du lieutenant-colonel commandant le régiment. Une plainte en conseil de guerre pour abandon de poste sera établie contre le caporal Bénaben par son commandant de compagnie. 

 

7e compagnie : Hertz – 4 jours de consigne – ordre du sergent Barthélémy, chef du poste de police. « Étant détenu pour ivresse, a brisé la lanterne du poste. » Punition portée à 4 jours de prison, ordre du lieutenant-colonel commandant le régiment (cette punition a été rayée sur le bulletin).

 

Chevaux de bât de mitrailleuses : Le lieutenant-colonel autorise provisoirement et pendant la période de stationnement, l’officier d’approvisionnement à employer comme chevaux de trait, 6 chevaux de bât de mitrailleuses à raison de deux par section.

 

Chargement des voitures : Les commandants de compagnie vérifieront le chargement de leurs voitures à vivres et à bagages et feront disparaître le matériel non réglementaire qui y serait chargé. Il est rappelé que ces voitures ne doivent pas porter plus de 900 kg de bagages. Les chefs de bataillon s’assureront de l’exécution des prescriptions ci-dessus. Tout objet dont le chargement n’est pas autorisé serait déchargé en cours de contrôle.

 

Service postal : Afin d’accélérer la distribution des lettres, les mesures suivantes sont prises à partir du 9 janvier : les chefs de bataillon désigneront un homme par compagnie pour aider le vaguemestre à faire le tri de la correspondance journalière de façon que la distribution doit en être faite le matin avant 9 h 00. Le planton actuellement à la disposition de chaque vaguemestre sera compris dans les hommes à désigner.

 

Cartouches : Les hommes au cantonnement ne devront pas avoir en leur possession plus de 120 cartouches réglementaires. Des distributions supplémentaires, pour porter ce nombre à 200 seront faites chaque fois qu’ils prendront le service de 1ère ligne ou en prévision d’un combat.

 

Blanchissage du linge : En principe, les hommes sont responsables de la propreté de leur linge personnel.  Chaque fois que le régiment sera au cantonnement, les commandants de compagnie organiseront autant que possible le lavage du linge par fractions constituées (escouade, demi-section, section). L’officier d’approvisionnement prendra ses dispositions pour distribuer régulièrement le savon et autres ingrédients nécessaires. Tous les ustensiles pourront être mis à leur disposition par les habitants (lessiveuses, chaudrons, ustensiles quelconques) permettant d’obtenir de l’eau bouillante, seront utilisés dans ce but.

 

Sources :

 

Le portrait du lieutenant-colonel Gothié et les bulletins concernant ses décisions proviennent de la collection personnelle de son petit-fils D. Gothié.

 

Deux guerres en un siècle : la Grande Guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Éditions de Sauvebonne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à D. Gothié et à la famille du commandant Laure.

1 septembre 2023

Pierre Louis Antoine Genevoix (1884-1915)

Pierre Louis Antoine Genevoix

 

Jeunesse

 

Pierre Louis Antoine Genevoix est né le 21 mars 1884, à Blanzy, dans la Saône-et-Loire. Son père, Philibert, âgé de 27 ans, est charcutier. Sa mère, Fany Jonnier, 22 ans, n’exerce aucune activité professionnelle. Le couple Genevoix donne de nouveau la vie à deux enfants, François et Mariette, respectivement nés en 1885 et 1889.

 

Genealogie famille Genevoix

 

La fiche signalétique et des services de Pierre Genevoix mentionne un degré d’instruction de niveau 5, ce qui signifie qu’il est titulaire du baccalauréat.

 

Au 27e R.I..

 

Après avoir terminé ses études à Lyon, Pierre Genevoix choisit de s’engager dans l’infanterie. Le 29 septembre 1905, il signe un contrat de trois ans à la mairie du Creusot. Il a 21 ans. Le 1er octobre, il se présente à la caserne Vaillant, à Dijon, pour être incorporé dans une des compagnies du 27e R.I..

 

Caserne Vaillant - Dijon (27e R

 

Son statut d’engagé volontaire lui permet de suivre la formation des élèves caporaux. Pierre Genevoix est nommé dans ce grade le 1er mars 1906. Il est promu sergent le 21 juillet 1907. Le 13 février 1908, il occupe les fonctions de sergent fourrier.

 

Le 23 avril 1908, Pierre Genevoix, ne souhaitant pas interrompre sa carrière militaire à la fin de son contrat, signe à nouveau pour une durée de 2 ans. Ce nouvel engagement prendra effet à partir du 29 septembre 1908, date butoir du précédent contrat.

 

Le 19 juin 1908, il quitte son poste de comptable au sein de sa compagnie pour reprendre ses fonctions de chef d’escouades.

 

Le 21 septembre 1910, le sergent Genevoix appose sa signature sur un troisième contrat d’une durée de dix-huit mois.

 

Son haut niveau d’étude et sa bonne tenue militaire au cours des cinq années passées sous l’uniforme ont été très appréciés de ses supérieurs. Ses chefs l’autorisent à suivre les cours dispensés par l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent (décision ministérielle prise le 10 octobre 1910). Le 13, le sergent Genevoix rejoint son lieu de formation avec le grade d’aspirant.

 

Le 11 février 1911, Pierre Genevoix est placé hors cadre par décision ministérielle. À partir de ce jour, le sous-officier Genevoix n’est plus rattaché au 27e R.I.. Trois jours plus tard, il dépend administrativement de l’école de Saint-Maixent.

 

Le 18 mai 1911, l’aspirant Genevoix fait une chute au cours d’une séance de gymnastique, exécutée conformément aux prescriptions du tableau de service. Il se plaint d’une vive douleur à la jambe droite. Le lieutenant instructeur Béjard rédige un rapport détaillé.

 

Pierre Genevoix quitte la promotion du Maroc avec le n° 75 obtenu à la fin de sa formation.

 

Au 149e R.I.

 

Promu sous-lieutenant le 1er octobre 1911, Pierre Genevoix est affecté au 149e R.I., un régiment frontalier qui tient garnison à Épinal. Le colonel Clause lui confie le commandement d’une section de la 4e compagnie.

 

Album régimentaire - année 1911 - 4e compagnie

 

Le colonel Menvielle, chef de corps du 149e R.I. depuis le mois de mars 1912, évalue son subordonné de la manière suivante :

 

« Jeune officier sérieux, réfléchi, vigoureux, intelligent, a rempli tous ses devoirs d’officier de peloton d’une façon élogieuse. A grandement secondé son commandant de compagnie à l’instruction des recrues »

 

L’année 1913 débute mal pour le sous-lieutenant Genevoix. Il est soigné à l’hôpital mixte d’Épinal du 28 janvier 1913 au 13 mars 1913. Maladie ? Accident ? Séquelles de sa blessure à Saint-Maixent ? Les raisons de ce long séjour à L’hôpital ne sont pas connues.

 

Le 10 avril 1913, le colonel Menvielle rédige une nouvelle note : « Officier intelligent et consciencieux. S’est occupé avec zèle de l’instruction des recrues. Discipliné, ayant une belle tenue, promet de devenir un très bon officier. Fréquente la salle d’armes par goût, tire très bien à l’épée. »

 

Pierre Genevoix est de nouveau hospitalisé du 13 juillet au 9 août 1913.

 

Le 25 septembre, son chef de corps écrit : « Toujours très bien intentionné ; a eu une indisponibilité assez longue au printemps, mais paraît bien rétabli. A fait les manœuvres d’automne avec vigueur et entrain. Donne toute satisfaction à son capitaine. Continue à cultiver l’escrime à l’épée de combat. Officier sympathique pouvant très bien réussir. »

 

Le 1er octobre 1913, Pierre Genevoix est promu au grade de lieutenant.

 

Les deux clichés suivants représentent la section, probablement au complet, sous les ordres de l’officier Genevoix. Ils ont été réalisés après le 1er octobre 1913, date de sa nomination au grade de lieutenant.

 

4e compagnie du 149e R

4e compagnie du 149e R

 

Pierre Genevoix se marie le 14 janvier 1914, à Épinal, avec Lucie Marguerite Rohmer. Le couple n’aura pas de descendance.

 

Période de guerre 1914-1915

 

Fin juillet 1914, on craint un nouveau conflit contre l’Allemagne. Le 149e R.I. qui manœuvrait au Valdahon  rentre précipitamment à la caserne Courcy. En cas de guerre, et avant même son début, il doit rejoindre ses emplacements définis par le plan XVII (plan de mobilisation et de concentration des troupes françaises).

 

Les régiments frontaliers ont pour mission de contenir l’ennemi durant toute la période de mobilisation de l’armée française.

 

Le 3 août, le 149e R.I. entre officiellement en campagne. L’Allemagne vient de déclarer la guerre à la France.

 

Le 9 août, jour où le régiment vit son baptême du feu, la 4e compagnie du 149e R.I. se bat au Renclos des Vaches, à proximité de Wisembach. La première expérience de combat du lieutenant Genevoix se termine par une blessure au pied. Il a eu beaucoup de chance.

 

Pour en savoir plus sur le vécu de la 4e compagnie du 149e R.I. au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante pour avoir accès au témoignage du sergent Paul Monne.

 

Carte journee du 9 aout 1914

 

Pierre Genevoix est évacué vers l’arrière (le lieu de son hospitalisation n’a pas été retrouvé). Le 27 septembre 1914, tout juste sorti de convalescence, il retourne au 149e R.I..

 

Le 1er octobre, le chef de corps, le colonel Boyer, lui confie le commandement de la 2e compagnie. Le 149e R.I., combat ensuite en Artois, puis en Belgique.

 

Le 30 novembre 1914, le lieutenant Genevoix est  nommé capitaine à titre temporaire. Début décembre 1914, son régiment revient en Artois.

 

Le capitaine Genevoix, reconnu comme officier de grande bravoure, a une grande influence sur ses hommes.

 

Le 3 janvier, sa compagnie occupe une tranchée de 1ère ligne au nord du bois de Berthonval. Pierre Genevoix, concentré sur sa mission, est tué pendant l’exécution des travaux de défense.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Bois de Berthonval

 

Le capitaine Genevoix est d’abord inhumé dans le cimetière communal de Béthonsart.

 

 Quelques jours plus tard, le commandant Laure évoque ses funérailles dans une lettre à son épouse.

 

« Nous avons éprouvé une perte émouvante, celle du capitaine Genevoix : après qu’on ait réussi à ramener son corps, nous lui avons fait de tristes obsèques, avec messe et absoute de deux prêtres – infirmiers dont les pantalons rouges passaient sous les soutanes trop courtes ; je crois que nous avons tous pleuré et cependant nous sommes tous maintenant des durs à cuire. Le petit discours funèbre du colonel Boyer a été en même temps l’occasion de ses adieux au régiment, car il nous quitte pour aller commander une brigade… »

 

Sepulture du capitaine Genevoix

 

Le corps du capitaine Genevoix est ramené à Nancy le 16 février 1922. Son épouse qui ne s’est jamais remariée est enterrée avec lui dans une concession du  cimetière de Préville depuis 1961.

 

Decorations du capitaine Genevoix

 

Décorations obtenues à titre posthume :

 

Croix de guerre avec une palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 37 en date du 20 janvier 1915 (J.O. du 19 février 1917) :

 

«Blessé, à rejoint son corps à peine guéri. Est tombé glorieusement, blessé à mort, au moment où il s’assurait de l’exécution des travaux de défense dont était chargée sa compagnie. »

 

Pierre Genevoix a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 4 mai 1916 (J.O. du 25 janvier 1922).

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts de Blanzy et d’Épinal et sur l’anneau de mémoire de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Les actes d’état civil de la famille Genevoix et la fiche signalétique et des services du capitaine Genevoix ont été consultés sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

 

Deux guerres en un siècle : la Grande Guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Éditions de Sauvebonne.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à G. Genevoix, à M. Porcher, à Y. Thomas, à la famille descendant du commandant Laure, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Saône-et-Loire. 

25 août 2023

Du 1er au 22 Janvier 1915

Les officiers superieurs du 149e R

 

Les derniers combats menés en Belgique remontent à plusieurs semaines.

 

Après sa période de marche et d’instruction, le 149e R.I. est de nouveau opérationnel pour repartir en 1ère ligne.

 

Le régiment cantonne à Villers-Brûlin et à Bethonsart depuis le 31 décembre.

1er janvier 1915

 

La 85e brigade, sous les ordres du général commandant le 33e C.A., est placée sous l’autorité du général responsable de la 77e D.I.. Dans la soirée, un bataillon du 149e R.I. relève le 14e B.C.P. dans le secteur nord-ouest du bois de Berthonval, entre le point F et le point K.

 

Le trajet reliant Béthonsart à Mont-Saint-Éloi est particulièrement long pour une montée en 1ère ligne. Les hommes arrivent épuisés dans la zone des combats.

2 janvier 1915

 

Des équipes de pionniers sont formées par le Génie à Écoivres. Un officier de la compagnie 10/1 vient dans les cantonnements pour instruire les fantassins sur le lancement des grenades.

 

3 janvier 1915

 

Le capitaine Genevoix, commandant la 2e compagnie, est tué pendant l’exécution des travaux de défense réalisés par ses hommes.

 

Dans la soirée, deux bataillons du 149e R.I. occupent le secteur allant du point C au point K, au nord du bois de Berthonval.

 

Positions approximatives occupées par 2 bataillons du 149e R

Legende de carte journee du 3 janvier 1915

 

Du 4 au 6 janvier 1915

Le commandement du secteur est exercé par le responsable de la 85e brigade, le colonel Guillemot. Une attaque est en cours de préparation dans la zone occupée par ses régiments. Une reconnaissance de la ligne allemande est exécutée.

 

Le 5 janvier, deux bataillons du 158e  R.I. viennent relever les deux bataillons du 149e R.I. en 1ère ligne. Ce sont eux qui devront mener l’attaque.

 

Du 7 au 9 janvier 1915

 

Le mauvais temps stoppe tous les préparatifs d’offensive. Les boyaux de communications sont rendus impraticables par la boue. De nombreuses vies humaines ont sans aucun doute été préservées grâce à ces intempéries.

 

Les mouvements de rotation des relèves sont devenus si difficiles qu’à partir du 9 au soir, elles ne s’effectuent plus que par un bataillon. Les bataillons des 158e R.I. et du 149e R.I. se relèvent mutuellement dans la partie droite du secteur.

 

De retour de convalescence, le commandant Magagnosc prend le commandement du 2e bataillon du 149e R.I..

 

Le bois de Berthonval

 

Le capitaine Laure relate un mouvement de relève effectué par ses compagnies, dans une de ses lettres rédigée le 8 janvier :

 

« Le bataillon se met en route pour aller en relever un autre. Il marche d’abord assez tranquillement sur la route jusqu’à 21 h 00. Quand il atteint la proximité de la zone dangereuse, il prend ses dispositions préparatoires : distribution des outils, des cartouches, des vivres (les cuisiniers restant au dernier gîte possible pour le fonctionnement de leurs fourneaux improvisés). Quand les balles commencent à siffler, le bataillon entre en file indienne dans un boyau, c'est-à-dire, une sorte de tranchée en zigzag de 2 m de profondeur et 1 à 1,5 m de largeur où il chemine à couvert. On a maintenant creusé, derrière les lignes ; des kilomètres de ces boyaux, œuvre de géants qui est généralement confiée aux territoriaux ; mais à cause des pluies, ces labyrinthes deviennent impraticables. On s’y enfonce jusqu’aux genoux et on n’avance qu’à une lenteur de tortue.

 

À 3 ou 400 m de la première ligne, on trouve des guides envoyés par le bataillon à relever : sur la ligne, les sections partantes se collent contre le parapet arrière, laissant la place du parapet avant aux sections montantes. Les chefs de section se passent les consignes. Les anciens tâchent de faire apercevoir aux nouveaux la crête des tranchées ennemies…

 

… Les capitaines circulent, s’assurent que chacun est à son poste et, devant cet horizon mystérieux que l’obscurité ne permet pas de scruter, ils font commencer la veillée des armes. En principe, la nuit, il ne devrait pas y avoir de dormeurs, mais il y en a toujours, que les officiers et les gradés sont obligés de secouer, parfois un peu rudement.

 

La règle est de ne pas tirer, pour ne pas s’exciter à une consommation de munitions hors de proportion avec les résultats à en attendre ; en fait, surtout avec les jeunes soldats, on tiraille tout le temps sur des ombres qu’on croit voir ramper, sur les étoiles, sur la lune, s’il y en a une au ciel, jusqu’au moment où l’ennemi se met à riposter, et alors, la fusillade crépite furieusement pendant quelques minutes, se tait, puis reprend de plus belle…

 

Quand le jour arrive, les fusils se taisent, mais les gros canons s’y mettent : boum, boum ! marmites de ci, marmites de là… Les artilleries se cherchent sans toujours se trouver et quelques-uns de leurs projectiles tombent sur les malheureux fantassins qui, sauf les guetteurs, commencent à s’assoupir.

 

Le chef de bataillon se met en branle pour visiter son secteur, patauge dans la boue, enjambe des cadavres et d’infâmes détritus, risque un regard par-dessus le parapet ou à travers un « créneau » : « Attention mon commandant, ça siffle par ici… » « Oui, mais il faut bien voir puisqu’on est venu pour ça ».

 

Si le secteur est muni d’un matériel semi-professionnel, on profite d’un « périscope » pour cette nécessaire inspection : « Qu’est-ce c’est donc que cette ligne de silhouettes noires là tout près ? »

 

« Mon commandant, ce sont les cadavres des chasseurs qui ont attaqué il y a quelques jours… On a essayé d’aller les chercher cette nuit, en rampant, mais sans succès, car ils sont comme entortillés dans les barbelés… Ils sont si proches des Allemands qu’on en a vu aller les fouiller… » Quel lugubre spectacle…»

 

Le 8, le colonel Boyer, nommé au commandement d’une brigade, est remplacé par le lieutenant-colonel Gothié à la tête du 149e R.I..

 

Du 10 au 22 janvier 1915

 

L’instruction active reprend dans tous les cantonnements. Des équipes de sections de mitrailleuses récemment créées, complètement inexpérimentées, sont formées au maniement de leur nouvelle arme. L’instruction du tir se réalise dans un champ de tir de circonstance construit près de Villers-Brulin. Les mouvements de relèves se poursuivent.

 

Le 15 janvier, l'adjudant Lemailloux est tué d'une balle dans la tête dans le secteur des 1ère lignes.

 

Ce jour-là, le capitaine Laure écrit ceci :

 

« Le terrain est dans un état si épouvantable que les difficultés de la relève et de l’occupation sont considérables. On ne peut plus utiliser les boyaux, car plusieurs hommes s’y sont enlisés et quelques-uns ont été étouffés dans la vase ! Il faut s’avancer la nuit à terrain découvert et franchir les boyaux qui deviennent un obstacle plutôt qu’une aide, par des ponts de planches branlantes. Comme on n’y voit rien, les pieds se posent plus souvent à côté que dessus et on chute… Il y a peu de combats, car l’ennemi est aussi abruti que nous par le mauvais temps. Les pertes sont minimes. »

 

Le commandant Bichat remplace le capitaine Crépet à la tête du 1er bataillon du 149e R.I.. Le capitaine Crepet reprend le commandement de la 2e compagnie du régiment.

 

Le 22 janvier, le 149e R.I. reçoit l’ordre de quitter ses positions. Il doit venir s’installer dans un nouveau secteur près du bois de Bouvigny, au nord-ouest d’Ablain-Saint-Nazaire.

 

                                 Tableau des tués pour la période allant du 1er au 22 janvier 1915

 

                   Tableau des blessés et des disparus pour la période allant du 1er au 22 janvier 1915

 

              Tableau des décédés dans les ambulances et dans les hôpitaux (du 1er au 22 janvier 1915)

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

La carte  provient du J.M.O. du 33e C.A..

 

J.M.O. du 33e C.A.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 214/1.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Deux guerres en un siècle : la grande guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Editions de Sauvebonne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Porcher, à Y. Thomas, à la famille descendant du commandant Laure et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

18 août 2023

Gaston François Honoré Fleutiaux ( 1897-1918)

Gaston François Honoré Fleutiaux

 

Gaston François Honoré Fleutiaux est né le 26 mars 1897, à Bourguignon-lès-la-Charité, dans la Haute-Saône.

 

Son père, Jean Jules, 30 ans, est instituteur. Sa mère, Marie Renaud, âgée de 26 ans, n’exerce aucune activité professionnelle. Gaston est le deuxième et avant- dernier enfant du couple.

 

Jean Jules Fleutiaux obtient un poste d’enseignant à Neuvelle-lès-la-Charité. Gaston apprend à écrire, lire et compter dans la classe de son père. Après avoir obtenu son certificat d’études, il poursuit ses études à Vesoul. Gaston entre au lycée Gérôme en octobre 1909. Il découvre l’internat à l’âge de 12 ans.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui ne correspond pas exactement à ses acquisitions scolaires, puisqu’il a obtenu son premier baccalauréat.

 

Gaston Fleutiaux a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé dans toutes les communes de France.

 

Trop jeune pour se sentir concerné par cet évènement qui débouche sur la Première Guerre mondiale, il s’imagine probablement avoir le temps nécessaire pour aller au bout de sa scolarité et se présenter à la 2e partie de son baccalauréat ; cela ne sera malheureusement pas le cas. La classe 1917, à laquelle il est rattaché, est appelée par anticipation dès 1915.

 

En parfaite condition physique, le jeune homme est déclaré apte aux obligations militaires par le conseil de révision réuni à la mairie de Scey-sur-Saône ; cette déclaration met fin à ses études.

 

Gaston Fleutiaux rêve de devenir aviateur, mais son père s’oppose fermement à cette option. Il n’est pas du tout question de combat aérien ! Aux yeux de ses proches, c’est vraiment trop risqué ! Il doit abandonner ce projet. Sa famille souhaiterait le voir intégrer un régiment d’artillerie, une arme beaucoup moins exposée que les autres.

 

Gaston reste déterminé : s’il ne peut pas rejoindre l’aviation, il n’ira pas dans l’artillerie, mais dans l’infanterie. De toute façon, l’armée décidera pour lui.

 

Sa feuille de route répond à ses attentes ; le 8 janvier 1916, le conscrit Fleutiaux doit se présenter à la caserne Courcy, dépôt du 149e R.I. installé à Épinal.

 

Son niveau scolaire lui permet de suivre la formation des caporaux. Nommé dans ce grade le 15 août 1916, il est promu sergent dès le mois suivant. Gaston Fleutiaux est ensuite envoyé au centre d’instruction de Saint-Maixent en tant qu’élève aspirant. Une fois sa formation terminée, il est promu au grade d’aspirant le 15 octobre 1916.

 

La date exacte à laquelle il a rejoint le régiment actif n’est pas connue. Une citation à l’ordre du 21e C.A. qui lui donne droit au port de la croix de guerre,  nous apprend qu’il a participé à la bataille de la Malmaison comme responsable d’un des canons de 37 mm du 149e R.I..

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Les officiers du 149e R

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe un secteur vosgien du côté de la Cude et du Violu. Gaston Fleutiaux est maintenant à la tête d’une section de la 10e compagnie.

 

Le 24 mars 1918, ses hommes sont pris sous un violent feu d’artillerie allemand. Grièvement blessé par plusieurs éclats d’obus, l’aspirant Fleutiaux est rapidement évacué sur l’ambulance 7/21 installée à la Croix-aux-Mines. Les soignants ne peuvent rien pour lui. Il meurt sur la table d’opération.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Bois de Brehaingoutte

 

Son acte de décès est transcrit à la mairie de Neuvelle-lès-la-Charité le 2 septembre 1918.

 

1ere sepulture de l'aspirant Fleutiaux

 

L’aspirant Fleutiaux a été décoré de la croix de guerre avec une palme et une étoile de vermeil :

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 176 en date du 10 décembre 1917 :

 

« Jeune aspirant, a fait preuve de sérieuses qualités de commandement au cours du combat du 23 octobre 1917, a donné un bel exemple de courage et de sang froid aux servants de la pièce de 37 qu’il commandait, suivant constamment le bataillon auquel il était attaché, et atteint le dernier objectif où il a pris position. »

 

Citation à l’ordre général  n° 77 de la 7e armée en date du 3 avril 1918 :

 

« Jeune aspirant très brave et plein d’entrain, sa section étant prise sous un violent bombardement qui faisait prévenir une attaque allemande, n’a cessé de se multiplier aux points les plus dangereux pour assurer la surveillance, a été grièvement blessé à son poste de combat. »

 

L’aspirant Fleutiaux a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 29 octobre 1920).

 

Les decorations de l'aspirant Fleutiaux

 

Le nom de ce sous-officier est gravé sur le monument aux morts de la commune de Neuvelle-lès-la-Charité. Il est également inscrit sur la plaque commémorative honorant « les morts pour la France » du lycée Gérôme de Vesoul.

 

La généalogie de la famille Fleutiaux peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Gaston François Honoré Fleutiaux est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Il repose actuellement dans le cimetière communal de Grandvelle-et-le-Perrenot.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un exemplaire d’une plaquette biographique concernant l’aspirant Fleutiaux, réalisée par Marie Jeanne Burthey, est conservé aux archives départementales de la Haute-Saône (10 Num26-7). Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Archives departementales de la Haute-Saone

 

Un grand merci à M. Bordes, M.J. Burthey, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Saône. 

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