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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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11 août 2023

Du 7 au 31 décembre 1914

Les officiers superieurs du 149e R

 

Le 149e R.I. quitte la Belgique le 7 décembre 1914 après y avoir combattu durant plusieurs semaines. Le colonel Boyer commande le régiment. Dans la nuit du 7 au 8, le régiment spinalien cantonne dans la région nord d’Hazebrouck.

 

La nuit suivante, il reçoit l’ordre de se porter dans la région d’Aire-sur-la-Lys. Une partie du 149e R.I. s’installe dans cette ville, l’autre cantonne à Lambres.

 

Plusieurs éléments ont rendu cette marche particulièrement difficile : l’obscurité de la première partie de la nuit, le mauvais temps, le brouillard épais, le froid, l’humidité, le manque d’entraînement des hommes dus aux longs séjours dans les tranchées, ainsi que l’arrivée récente des jeunes recrues en provenance du dépôt et celle des territoriaux venus du midi pour renforcer le régiment.

 

9 décembre 1914

 

Dans la nuit du 9 au 10, les trois bataillons du 149e R.I., respectivement commandés par les capitaines Prétet, Crépet et Laure, font partie d’une colonne composée des éléments de leur brigade, de 2 groupes d’artillerie de la 43e D.I., de la compagnie G.D. et de l’escadron de cavalerie divisionnaire.

 

Sous les ordres du colonel commandant la 85e brigade, cette colonne quitte Lambres à 23 h 00. Elle prend la direction de Pernes, Marest et Bours. La marche est beaucoup moins pénible que celles des jours précédents.

 

10 et 11 décembre 1914

 

Les bataillons du 149e R.I. s’installent dans leurs nouveaux cantonnements.

 

Le capitaine Laure évoque cette période dans une de ses lettres adressées à son épouse :

 

« Nous travaillons sur les routes comme en temps de paix (de nuit toutefois pour nous soustraire aux investigations de l’aviation) et au cantonnement, nous trouvons des lits pour nous et de bonnes granges pour les hommes tout comme en manœuvre. La popote nous offre d’excellents repas, tant et si bien que nous nous refaisons complètement ; gros et gras, le teint frais… Nous nous offrons même quelques séances de bridge.

 

Nous ne cédons pas d’ailleurs aux illusions. Nous avons acquis une certaine expérience du danger d’être « en réserve ». Si on nous a ramenés sur le théâtre de nos opérations d’octobre, ce n’est pas pour que nous nous croisions les bras et, un de ces quatre matins, nous recevrons l’ordre de rentrer dans la fournaise. »

 

Carte 1 - decembre 1914

 

Le responsable de la 85e brigade reçoit l’ordre de constituer un peloton d’élèves-chefs de section. Il faut choisir un sergent et deux caporaux par compagnie.

 

12 décembre 1914

 

Un capitaine du 149e R.I., un adjudant instructeur par régiment et un sous-officier comptable sont désignés pour constituer l’équipe d’encadrement du peloton des élèves-chefs de section.

 

13 décembre 1914

 

Le peloton des élèves-chefs de section cantonne à Pernes. Les premiers cours sont donnés à partir de ce jour. Un programme de missions a été établi pour que chaque futur chef de section apprenne l’essentiel de ce qu’il doit savoir avant le 25 décembre.

 

Les derniers renforts arrivés sont répartis dans les compagnies. Les sous-officiers du 149e R.I. encadrent l’instruction des jeunes soldats. Le matériel du régiment est vérifié.

 

14 et 15 décembre 1914

 

Les uniformes ont beaucoup souffert depuis le début de la campagne. Pour les plus anciens, il faut les nettoyer avant de les réparer. Il faut également revoir l’ensemble de l’équipement, sac à dos, brêlage, cartouchières, tout est à vérifier. Chaque paire de chaussures est contrôlée puis changée en cas de nécessité.

 

Le capitaine Laure raconte ces évènements dans une de ses correspondances : « L’arrivée des recrues et le retour de nombreux blessés nous ont recomplétés, mais avec peu d’homogénéité. Les âges s’échelonnent de 18 à 45 ans. Les uniformes ont tous des nuances de l’arc-en-ciel. Les pantalons rouges disparaissent peu à peu et sont remplacés tant bien que mal par tout ce qu’on trouve en bleu, marron, gris et kaki, en drap, en velours ou en grosse toile.

 

On commence à voir apparaître de nouveaux uniformes en drap gris-bleu et ça complète notre arlequinade. Le suivi des vivres marche bien malgré nos innombrables déplacements. »

 

16 décembre 1914

 

La 85e brigade reçoit l’ordre de se préparer à faire mouvement.

 

17 décembre 1914

 

La brigade doit être présente sur ses nouveaux emplacements avant midi. Le 149e R.I. installe son état-major et deux de ses bataillons à Rebreuve. Un bataillon vient cantonner à Hermin. La brigade devient réserve de la 10e armée. Le régiment exécute un exercice d’alerte dans la soirée.

 

Carte 2 - decembre 1914

 

18 décembre 1914

 

Il pleut toute la journée. Les compagnies du 149e R.I. restent dans leurs cantonnements.

 

19 décembre 1914

 

Un nouvel exercice d’alerte a lieu dans l’après-midi. La troupe reçoit deux jours de vivres de réserve par homme. Il faut de nouveau s’attendre à faire mouvement.

 

20 décembre 1914

 

Sur ordre de l’armée, le 149e R.I. rejoint Hersin-Coupigny avant midi.

 

Du 21 au 30 décembre 1914

 

Les bataillons du 149e R.I. restent en réserve de la 10e armée. Le peloton des élèves-chefs de section poursuit son instruction.

 

31 décembre 1914

 

La 85e brigade est mise à la disposition du 33e C.A.. L’E.M. du 149e R.I. et un de ses bataillons s’installent à Villers-Brûlin. Les deux autres bataillons du régiment cantonnent à Bethonsart.

 

Carte 3 - decembre 1914

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

J.M.O. du 14e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 820/9

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Deux guerres en un siècle : la Grande Guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Éditions de Sauvebonne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, à Y. Thomas, à la famille descendant du commandant Laure et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

4 août 2023

Octobre-novembre-décembre 1916, témoignage du musicien-brancardier Louis Cretin

Du cote de la sucrerie de deniecourt

 

De retour dans la Somme, les brancardiers du 149e R.I. subissent régulièrement les bombardements et la boue lorsqu’ils évacuent les blessés vers l’arrière. Les conditions de vie sont extrêmement pénibles du côté de la sucrerie de Deniécourt et du bois Bauer. Le 7 novembre, une équipe de brancardiers paie le prix fort dans l’exercice de ses fonctions. Très marqué par l’évènement, Louis Cretin évoque cet épisode douloureux dans son témoignage.

 

« Le 12 octobre, les camions viennent nous reprendre. De nouveau, nous reprenons la route pour les tranchées en vue d’une nouvelle attaque. Cantonnés à Demuin le 13, nous y faisons concert le 14.

 

Le 15, nous sommes à Harbonnières, où la musique demeure. Notre effectif étant presque doublé, nos équipes se relèvent toutes les 48 heures.

 

L’attaque n’est pas pour tout de suite. Il faut d’abord aménager le secteur et le mauvais temps sévit. Il pleut sans discontinuer. Seule l’artillerie pilonne, sans trêve, les lignes allemandes.

 

Le 7 novembre, l’ordre d’attaque est donné. Par un temps épouvantable, nos troupes obtinrent un notable succès, bien que la résistance boche fût sérieuse.

 

Gênés par la boue qui enlisait nos hommes dans les tranchées et dans les boyaux, le service de brancardier, les corvées de soupe et de ravitaillement sont obligés de passer à découvert. Les pertes furent lourdes.

 

La sucrerie d’Ablaincourt et Deniécourt connut des combats héroïques. Les hommes étaient transformés en paquet de glaise.

 

C’est dans ce secteur que l’on connut vraiment le supplice de la boue. Des poilus, pris dans cette pâte comme dans de la colle forte, disparurent, foulés aux pieds par les relèves. C’est ainsi que l’on retrouva une de nos équipes, touchée par un obus, entièrement enlisée, grâce au brancard qui dépassait. Les hommes et les blessés avaient cessé de vivre. Ils eurent, du moins, une sépulture décente.

 

                                   Tableau des tués de la C.H.R. pour la journée du 7 novembre 1916

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journée du 7 novembre 1916

 

Englués dans les tranchées, dès que l’on était inactifs, on avait la sensation, que suspendu dans le vide, quelqu’un nous tirait par les pieds. Chaque capote, c’était du plomb ! Un scaphandrier, au fond de la mer, doit être mieux que nous étions.

 

Le 16 novembre, « les blocs de boue » furent relevés. Voyage en camions, repas à Morlaines. Le trajet fut mouvementé. Notre voiture faillit verser dans le fossé. Le conducteur, épuisé, dormait à son volant.

 

Le 18, nous reprenons l’instrument et les concerts. Le 1er bataillon est à Verlaines, le 2e à Guignecourt et le 3e à Fontaine Saint-Julien.

 

Le 15 décembre, le régiment remonte en secteur ; seulement, à cette époque, ma permission de détente m’est accordée. »

 

Sources :

 

Témoignage inédit du musicien brancardier Louis Cretin (autorisation de publication donnée en 2013 par D. Browarski).

 

Le dessin présenté ici a été réalisé par I. Hogado.

 

Un grand merci à  M. Bordes, à D. Browarski, à A. Carobbi,  à T. Cornet et à I. Holgado.

28 juillet 2023

Du 18 novembre au 14 décembre 1916

Du cote de Beauvais - novembre - decembre 1916

 

18 novembre 1916

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. est le dernier bataillon du régiment à être dans la zone des combats ; il est relevé par le 1er bataillon du 17e R.I. dans la nuit du 17 au 18.

 

Le général Guillemot, commandant la 85e brigade, passe le commandement du secteur au colonel Schmitt, responsable de la 26e brigade.

 

Dans l’après-midi, le 3e bataillon du 149e R.I. embarque dans des camions à Harbonnières et se dirige vers Beauvais.

 

De manière générale, le transport du 149e R.I. s’est déroulé dans des conditions extrêmement difficiles.

 

19 novembre 1916

 

L’ensemble du 149e R.I. est déployé dans ses nouveaux cantonnements. Les lieux de repos sont convenables. Tout le monde a de l’eau potable et suffisamment de paille pour se reposer.

 

L’E.M., la liaison, les pionniers, et le T.C. du régiment sont installés à Tilloy.

 

La C.H.R., la musique, les téléphonistes et les servants du canon de 37 occupent Morlaine.

 

Le 1er bataillon est à Vellennes, le 2e bataillon à Guignecourt et Bonlier et le 3e bataillon à Fontaine-Saint-Lucien et Orcer.

 

Positions des bataillons du 149e R

 

Des renforts sont attendus pour venir combler les pertes des semaines précédentes.

 

Du 20 novembre au 14 décembre 1916

 

La 43e D.I. est rattachée au 10e C.A. pour tout ce qui concerne l’administration et le discipline.

 

Les hommes ont repris l’instruction individuelle, l’instruction des spécialités et le travail en petites unités.

 

Après la longue et difficile période dans la Somme, les permissions arrivent. Le nombre des permissionnaires est porté à 25 % pendant toute la durée du repos et à 40 % pour une série.

 

Le 8 décembre, la 43e D.I. est remise à la disposition du 21e C.A..

 

Le 11 décembre, la 85e brigade reçoit l’ordre de se tenir prête à repartir dans la zone des combats.

 

Le 14 décembre, à 7 h 30, le 3e B.C.P. et le  2e bataillon du 149e R.I. embarquent dans les camions pour être dirigés vers Harbonnières.

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

21 juillet 2023

Henri Maxime Joseph Collin (1894-1916)

Henri Maxime Joseph Collin

 

Henri Maxime Joseph Collin est né le 29 août 1894, dans le quartier de Chalon de la petite commune de Saint-Bardoux, dans le département de la Drôme. Son père, Pierre, 35 ans, est cultivateur.

 

Sa mère, Marie Antoinette Pipat, 30 ans, une ancienne femme de ménage, n’exerce plus aucune activité professionnelle. Albert, l’aîné de la fratrie, né à Saint-Donat-sur-l’Herbasse, est âgé de 11 ans.

 

En 1906, les Collin sont installés à Marsaz. La date exacte de leur arrivée dans ce village n’est pas connue. Tout ce que nous savons, c’est que la famille vit dans le quartier Tavasse et que le père travaille comme agriculteur sur les terres de la famille Chanal. 

 

À cette époque, Henri fréquente probablement encore l’école publique du village.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie que son niveau scolaire est assez moyen. Henri a acquis les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul. Il a peut-être été obligé de quitter l’école à plusieurs reprises pour participer aux travaux agricoles.

 

En 1911, Pierre Collin travaille toujours la terre. Ses deux fils, Albert, revenu du service militaire effectué au 13e régiment de chasseurs à cheval en septembre 1909 et Henri, âgé de 17 ans, sont tous les deux employés comme ouvriers agricoles.

 

L’année de ses 20 ans, Henri Collin passe devant le conseil de révision, réuni à la mairie de Saint-Donat. En bonne condition physique, le jeune homme est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Fin juillet 1914, une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Début août, la France affiche l’ordre de mobilisation générale dans chacune de ses communes. La classe 14 n’est pas encore « sous les drapeaux ». Elle peut toujours bénéficier de la vie civile durant quelques semaines. Cette classe est appelée par anticipation, deux mois avant la date prévue.

 

Le conscrit Collin, affecté au 22e R.I., arrive au corps le 5 septembre. Les casernes de cette unité se situent à Bourgoin et à Sathonay-Camp. Il est impossible de dire dans lequel de ces deux bâtiments militaires il a réalisé sa formation de soldat. Son passage au dépôt du 22e R.I., s'il dure de septembre 1914 à septembre 1915, est inhabituellement long. Pourtant, l'extrait de son livret matricule inséré dans sa fiche matricule ne laisse aucun doute sur le fait qu'il resta là un an : il a donc su s'y rendre indispensable.

 

Suite à une décision prise par le gouverneur militaire de Lyon le 22 septembre 1915, Henri Collin est affecté au 158e R.I., une unité qui combat en Artois depuis plusieurs mois.

 

Le 28, le régiment, durement éprouvé par les attaques des jours précédents, reçoit deux détachements de renforts : le premier du dépôt de Lyon (probablement celui où se trouve le soldat Collin) et le second du 9e bataillon du 149e R.I.. Henri Collin est affecté à la 7e compagnie du régiment.

 

Le 29 janvier 1916, il rejoint la 1ère compagnie de mitrailleuses du 158e R.I. (cette compagnie ne dépend pas du 1er bataillon du régiment. Elle reçoit ses ordres directement du responsable de la 86e brigade).

 

Cette brigade, sur le point de quitter le front d’Artois, se prépare à rejoindre le camp de Riquier, dans la Somme, avant d’être envoyée sur le front de Verdun.

 

Le 24 avril 1916, Henri Collin est affecté à la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. (compagnie de mitrailleuses de la 85e brigade). Les sections de cette compagnie sont encadrées par les sous-lieutenants Durupt et Piéfroid sous l’autorité du capitaine Mougel.

 

La 85e brigade bénéficie d’un temps de repos à Landrecourt après son passage dans la Meuse. Début mai 1916, elle occupe des tranchées dans une zone peu exposée, près des buttes de Tahure et de Mesnil, en Champagne.

 

La 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Prenez, participe, avec le 3e bataillon du régiment, à la prise du village de Soyécourt au début du mois de septembre 1916. Ses sections sont commandées par les sous-lieutenants Durupt et Achard.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante. 

 

Photo aerienne Soyecourt

 

L’absence de J.M.O. du 149e R.I. et la lecture du J.M.O. de la 85e brigade ne permettent pas de retrouver les déplacements et les positions occupées par la 3e compagnie de mitrailleuses du régiment spinalien durant le mois de novembre 1916.

 

Une petite phrase présente dans le témoignage d’un mitrailleur du 149e R.I. comble en partie ces lacunes.

 

«… La 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. qui se trouve à la tranchée Couverte est relevée, le 12 novembre 1916, par la 3e compagnie de mitrailleuses du régiment.»

 

Le 17 novembre 1916, jour de relève pour cette compagnie, Henri Collin est mortellement blessé par plusieurs éclats d’obus. Il décède sur le lieu même où il a été touché à l’âge de 22 ans.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante. 

 

Carte journee du 17 novembre 1916

 

Le soldat Collin est inhumé sur place par ses camarades à environ 400 mètres au sud de la sucrerie de Génermont.

 

Les soldats Victor Martin et Paul Mauroux sont les deux témoins qui permettent au lieutenant Auguste Fourneret, l’officier d’état civil du régiment, d’enregistrer le décès de cet homme. L’acte est transcrit à la mairie de Marsaz le 9 août 1917.

 

Henri Collin a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 6 octobre 1920).

 

« Soldat courageux, tombé glorieusement à son poste de combat, le 17 novembre 1916, en avant de Soyécourt. »

 

La croix de guerre avec une étoile de bronze accompagne cette décoration.

 

Decorations Henri Collin

 

Son nom est inscrit sur une plaque commémorative fixée sur un des murs du cimetière de Marsaz et sur le monument aux morts du village.

 

Henri Collin ne s’est pas marié de son vivant. Sa compagne, Berthe Marie Louise Bert, qui l'épousera par procuration en 1920, a donné naissance à une petite fille née en avril 1916 ; celle-ci acquiert ainsi le statut de pupille de la nation.

 

La généalogie de la famille Collin peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Il n’y a pas  de sépulture connue pour cet homme. Un hommage lui a été rendu  par son petit-fils, Jacques Tardi, dans une case de bande dessinée.

 

Du côté des morts

 

Sources :

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N /816/3

 

J.M.O. de la 85e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12

 

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/15

 

Les archives départementales de la Drôme ont été consultées pour retrouver l’acte de naissance et la fiche signalétique et des services du soldat Collin. Les registres de recensements des communes de Saint-Bardoux et de Marsaz des années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont également été lus.

 

Site « GénéaNetWeb »

 

Site « Mémoire des Hommes »

 

Acte de décès envoyé par la mairie de Marsaz.

 

Les dessins de Jacques Tardi sont extraits des ouvrages « Putain de guerre ! 1914-1915-1916 » et « Putain de guerre ! 1917-1918 ». Ces deux albums ont été réalisés en collaboration avec Verney. Éditions Casterman. 2008.

 

Témoignage de Paul Portier, mitrailleur du 149e R.I., inédit, collection personnelle.

 

L’extrait du plan localisant la tranchée Couverte vient du J.M.O. du 3e B.C.P..S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N /816/3 page 165.

 

Notons que le nom de famille d’Henri Collin s’écrit avec un seul l sur son acte de naissance et sur les registres de recensements.

 

Une erreur figure sur la fiche M.D.H. du soldat Collin. Celle-ci localise la sucrerie de Génermont  dans l’Aisne alors qu’elle se trouve dans le département de la Somme.

 

L’extrait du plan, qui indique le secteur dans lequel se trouve la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.  au moment du décès du soldat Collin, provient du J.M.O. du 3e B.C.P.. Il reste à confirmer si le boyau Couvert et la tranchée Couverte (devenue tranchée Poncelet) sont bien le même lieu.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J. Tardi, à T. Vallé au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Drôme et à la mairie de Marsaz.  

14 juillet 2023

16 et 17 novembre 1916

Bois de Deniecourt - 16 novembre 1916

 

16 novembre 1916

 

Les compagnies du 10e B.C.P. et du 149e R.I. placées en 1ère ligne sont sur le point d’être relevées par le 17e R.I..

 

Des officiers de ce régiment sont accompagnés des guides des unités à remplacer ; ils effectuent les reconnaissances du secteur en prévision des mouvements de troupes prévus pour la nuit suivante.

 

Plusieurs patrouilles allemandes ont été signalées dans le secteur du bois Bauer. Elles se retirent à l’approche des Français. Les mitrailleuses tirent à plusieurs reprises sur les points repérés.

Vers 8 h 00, les deux artilleries reprennent leurs activités sur tout le secteur.

 

À 8 h 30, un avion français, engagé dans un combat avec plusieurs adversaires, est abattu au sud-ouest d’Ablaincourt.

 

Les deux aviations restent particulièrement actives durant toute la matinée. Deux drachens observent les tranchées françaises.

 

Les photographies aériennes françaises révèlent d’importants travaux réalisés dans le secteur allemand, au nord et à l’est de Gomiécourt. L’ennemi a doublé la tranchée Minnen.

Vers 12 h 30, l’artillerie lourde française effectue des tirs de contre-préparation pendant que les  canons de 75 exécutent leurs missions habituelles.

 

Les tranchées de premières lignes, bouleversées par les bombardements de la veille, sont réaménagées. Le boyau du Rat est de nouveau approfondi.

 

L’artillerie française procède à des tirs de barrage entre 18 h 00 et 20 h 00.

 

Carte journee du 16 novembre 1916

 

Les guides, fournis par les unités du 10e B.C.P. et du 149e R.I. à relever, se rassemblent, à 18 h 30, au Casino, sous la surveillance d’un officier de chaque corps. Les mouvements de troupes commencent une demi-heure plus tard.Le 1er bataillon du 17e R.I. cantonne à Harbonnières en remplacement du 2e bataillon du 149e R.I. Ce dernier est parti au repos dans la région de Beauvais. Le décompte des pertes du 149e R.I. pour cette journée s’élève à 1 tué et 9 blessés (dont deux adjudants).

 

Deux noms de soldats du 149e R.I. sont enregistrés dans le fichier des « Morts pour la France » du site « Mémoire des hommes » pour cette date.

 

                                         Tableau des tués pour la journée du 16 novembre 1916

 

17 novembre 1916

 

Les 2e et 3e bataillons du 17e R.I. ont remplacé le 3e bataillon du 149e R.I. et le 10e B.C.P. en 1ère ligne. Les mouvements de relève se sont déroulés sans incident.

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. occupe la position de soutien laissée vacante par le 1er bataillon du régiment.

 

Carte journee du 17 novembre 1916

 

 

Sept cent hommes du 1er bataillon du 149e R.I. et le 10e B.C.P. embarquent en camions à Harbonnières pour prendre la direction de  Beauvais.

 

Dans la soirée du 17 au 18, le 1er bataillon du 17e R.I. quitte Harbonnières pour relever le 3e bataillon du 149e R.I. sur la position de soutien dans le quartier C.

 

Le 149e R.I. quitte la Somme pour une période de repos de plusieurs jours.  Il ne sait pas encore qu’il devra bientôt retourner dans le même secteur.

 

Un seul nom figure dans le fichier des « Morts pour la France » du site « Mémoire des hommes » pour cette journée.

 

                                    Tableau des tués pour la journée du 17 novembre 1916

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588/2.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

La photographie provient du fonds Valois Réf : val 452/070

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

7 juillet 2023

René Paul Chaillet (1892-1919)

Rene Paul Chaillet

 

René Paul Chaillet voit le jour le 29 juin 1892 à La Rivière, petite commune située au cœur de la vallée du Drugeon, dans le département du Doubs.

 

Son père, Léon Joseph Émile, âgé de 30 ans, est instituteur à l’école publique du village.

 

Sa mère, Marie Rosalie Baverel, 32 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle vient de donner naissance à son cinquième enfant.

 

Les deux filles aînées du couple Chaillet n’ont pas survécu.

 

Genealogie famille Chaillet

 

La fiche matricule de René Chaillet indique un degré d’instruction de niveau 3,  ce qui signifie qu’il sait lire, écrire et compter à la fin de sa scolarité.

 

En 1911, le jeune Chaillet gagne sa vie comme facteur. Il quitte cette profession qui ne lui convient pas pour devenir commis d’agent-voyer. 

 

L’année de ses 21 ans, René Chaillet se présente devant le conseil de révision réuni à la mairie de Pontarlier. En parfaite condition physique, il est déclaré apte aux obligations militaires.

 

Le 9 octobre 1913, René Chaillet intègre les effectifs de la 10e compagnie du 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal.

 

La France entre en conflit avec l’Allemagne en août 1914. Le 149e R.I., réserve de troupes de couverture, quitte la caserne Courcy quelques heures avant que l'ordre de mobilisation générale ne soit officiellement donné.

 

Le 9 août, le régiment subit son baptême du feu au Renclos des vaches,près de Wisembach. Les 9e et 10e compagnies ainsi que 3 sections de la 12e ne sont pas engagées.

 

Le 3e bataillon occupe le bois du Breuil, à 1 km au sud-ouest de Sainte-Marie-aux-Mines, sans être en contact direct avec les Allemands.

 

Le 21 août, René Chaillet participe à son premier combat près d’Abrechvillers. Sa compagnie, sous le commandement du lieutenant Michelin, est chargée de couvrir l’ensemble des mouvements de repli du régiment qui est en difficulté.

 

Le prix à payer pour protéger la retraite des camarades est élevé ! Beaucoup ont été tués ou capturés. Le soldat Chaillet réussit à rejoindre le gros du régiment avec les éléments de sa compagnie qui ont pu échapper à ce sort.

 

Fin août 1914, sa compagnie est de nouveau engagée. Les Allemands attaquent dans le secteur de Bazien près de Ménil-sur-Belvitte. Cette fois-ci, René Chaillet a eu moins de chance. Il est capturé par l’ennemi.

 

Son nom apparaît sur la liste des disparus du J.M.O. du 149e R.I. pour les journées des 25 et 26 août 1914.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Carte 5 journee du 25 aout 1914

 

La section des prisonniers de l’Union des Femmes de France de Pontarlier contacte le Comité International de la Croix Rouge. Elle souhaite connaître le lieu où le soldat Chaillet est retenu en captivité.

 

Une fiche individuelle portant son nom peut être consultée sur le site du Comité International de la Croix Rouge.   

 

Fiche C

 

Le soldat Chaillet a d’abord été envoyé en captivité à Dilligen, une petite ville située au nord-est d'Ulm, en Bavière, sur le Danube. Il est ensuite transféré à Pucheim, à l’ouest de Munich.

 

Carte de prisonniers en Allemagne 1914-1918

 

Fin décembre 1919, René Chaillet est rapatrié d’Allemagne après avoir passé plus de 4 années dans les camps de prisonniers. Gravement malade, affaibli par les privations, il meurt à l’hôpital C 43 de Belley le 4 janvier 1919, à l’âge de 26 ans.

 

Aucune citation, aucune décoration n’ont pu être retrouvées pour ce soldat du 149e R.I..

 

Monument aux morts de la commune de la Rivière-Drugeon

 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de La Rivière-Drugeon et sur une des  plaques commémoratives de l’église du village.

 

Paul Chaillet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Le lieu où il repose n’est pas connu.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de René Paul Chaillet, les registres d’état civil et les registres de recensement de la commune de La Rivière-Drugeon des années 1906 et 1911 ont été consultés sur le site des archives départementales du Doubs.

 

Le portrait de ce soldat a été trouvé sur le site « MémorialGenWeb ».

 

La carte indiquant les camps de prisonniers français en Allemagne a été réalisée par Robert Broisseau en 2006. Elle provient du site « Stenay 14-18 ».

 

Stenay 14-18

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Broisseau, à A. Carobbi, à T. Vallé et aux archives départementales du Doubs. 

30 juin 2023

15 novembre 1916

Ruines de Deniecourt (novembre 1916)

 

Les trois bataillons du 149e R.I. occupent toujours les emplacements de la veille. Le 3e bataillon est en 1ère ligne, le 1er bataillon en position de soutien et le 2e bataillon au repos à Harbonnières.

 

La ligne de front du régiment se modifie sensiblement dans la nuit du 14 au 15 novembre. Un peloton du 31e B.C.P. vient relever le peloton de la 11e compagnie du 149e R.I. installé dans la tranchée Simon.

 

La liaison avec le 31e B.C.P. se fait dorénavant à la limite de la tranchée des Germains et de la tranchée Simon.

 

Le peloton de la 11e compagnie relevé s’établit à la sucrerie de Génermont en remplacement d’un peloton de la 1ère compagnie ; celui-ci est parti dans le secteur du bois des Ifs.

 

Depuis plusieurs jours, les artilleurs allemands concentrent leurs tirs sur la zone Pressoire-Ablaincourt et sur la zone du Bois Bauer, ce qui n’augure rien de bon.

 

Vers 4 h 00, ils ouvrent le feu sur tout ce secteur avec des obus de 105 et 150. Ils envoient également de nombreux obus asphyxiants et lacrymogènes sur les batteries françaises.

 

Deux heures plus tard, l’ennemi sort en force de ses tranchées. Il lance son infanterie sur l’ensemble du front tenu par la 62e D.I. (bois Kratz-Pressoire-Ablaincourt). Les Allemands attaquent également le fortin de Crimée défendu par le 158e R.I. et le saillant des tranchées Pêle-Mêle et des Germains occupé par le 149e R.I..

 

Carte 1 journee du 15 novembre 1915

 

 

Un violent combat s’engage. Du côté de la tranchée des Germains, les grenadiers du 149e R.I., les tirs de mitrailleuses et le tir de barrage de l’artillerie ramènent rapidement l’ennemi dans ses lignes.

 

L’offensive allemande est contenue sur l’ensemble de la zone attaquée sans qu’elle n’ait pu faire le moindre gain de terrain. Les pertes ennemies sont importantes.

 

Vers 8 h 00, trois avions allemands survolent les lignes françaises à basse altitude. Un de ces avions est abattu dans la direction sud-est d’Ablaincourt.

 

Un avion français est tombé en flammes dans les lignes allemandes.

 

L’artillerie française reste très active jusqu’à midi.

 

Le 3e bataillon du 149e R.I. pose des défenses accessoires devant ses compagnies de 1ère ligne ; il termine la construction d’une sape offensive dans le secteur de la 10e compagnie et approfondit sa nouvelle sape dans la tranchée des Germains.

 

Le 1er bataillon améliore les boyaux des Pionniers et des Radiolaires, la tranchée Duchamps et le boyau d’accès du P.C. Valet. Il creuse davantage le boyau du Rat avant d’y poser des caillebotis.

 

Le Général Mollandin rédige l’ordre général d’opérations n° 118 qui prévoit les mouvements de relèves de sa division.

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. et le 3e B.C.P. quittent Harbonnières en camions dans l’après-midi. Ils prennent la direction de Beauvais.

 

Pour la journée du 15 novembre 1916, les pertes du 149e R.I. son évaluées à 2 tués et 3 blessés par éclat d’obus.

 

                                Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 15 novembre 1916

 

Un seul nom figure dans le fichier des « Morts pour la France » du site « Mémoire des hommes » pour cette date.

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. de la 62e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 381/1

 

J.M.O. de la 124e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 529/9

 

J.M.O. du 307e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  746/4

 

J.M.O. du 308e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 746/9

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

La carte représentée ici a été réalisée à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des unités risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des positions attaquées par les Allemands le 15 novembre 1916.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

23 juin 2023

Marcel Albert Demongeot (1888-1916)

Marcel Albert Demongeot

 

Marcel Albert Demongeot est né le 21 juillet 1888 à Melay, une petite commune située au nord-est de la France, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Camille Albert, 31 ans, exerce le métier de cultivateur. Sa mère, Clémence Célina Morelle, 27 ans, travaille comme vigneronne.

 

Albert est le quatrième d’une fratrie composée de 4 garçons et de 2 filles. Ses deux sœurs n’ont pas survécu à la petite enfance.

 

Genealogie famille Demongeot

 

Albert sait parfaitement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école primaire ; il intègre ensuite l’école secondaire et technique de l'Immaculée Conception de Saint-Dizier.

 

En 1906, les Demongeot tirent profit de leurs propres terres. Le père d’Albert est devenu propriétaire exploitant après une longue période passée au service des autres.

 

Une fois sa scolarité terminée, le jeune Albert gagne sa vie comme vigneron.

 

Melay

 

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, Albert Demongeot, inscrit sous le n° 50 de la liste de la classe 1909, est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision, réuni à la mairie de Bourbonne.

 

Début octobre 1909, le jeune homme, âgé de 21 ans, quitte son village natal pour effectuer son temps de conscription au 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Resté simple soldat de 2e classe, Albert Demongeot passe dans la réserve de l’armée active le 24 septembre 1911 avec son certificat de bonne conduite validé.

 

Il s’installe quelque temps à Montrouge avant de retourner vivre à Melay.

 

Du 29 août au 20 septembre 1913, Albert Demongeot effectue sa 1ère période d’exercice dans son ancien régiment.

 

Le 1er août 1914, il est rappelé à l’activité militaire en raison d’une déclaration de guerre contre l’Allemagne qui paraît inévitable (son régiment fait partie des troupes de couverture frontalière. Le rappel de sa réserve s’est effectué 24 heures avant la date officielle de la mobilisation générale).

 

Le 14 août 1914, Albert Demongeot quitte le dépôt du 149e R.I. avec un groupe composé de 531 hommes ; ce groupe est sous les ordres de 4 officiers. Le groupe rejoint le régiment actif qui a eu des pertes sévères au cours de son baptême du feu.

 

Les informations fournies par sa fiche matricule ne permettent pas de reconstituer en détail son parcours militaire au sein du 149e R.I. ; mais il est tout à fait possible de confirmer sa présence dans toutes les batailles auxquelles son régiment a participé jusqu'à sa mort.

 

Cependant, une information importante n’a pas pu être retrouvée. Il est impossible de dire si cet homme a été directement placé à la 2e compagnie de mitrailleuses lorsqu'il est arrivé dans le régiment d'actif ou dans une compagnie « classique » (ce qui laisserait supposer une formation initiale effectuée au cours de sa conscription, au sein d’une des trois compagnies de mitrailleuses du régiment).

 

Une citation à l’ordre de l’armée confirme sa participation aux combats de septembre et octobre 1915 sur le front d’Artois.

 

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé sur le front de Verdun. Le 8, la compagnie du soldat Demongeot (2e compagnie de mitrailleuses) rejoint la 1ère ligne. En cours de route, elle subit un violent bombardement, au bois des Hospices. Albert Demongeot est tué aux alentours de 16 h 00 pendant cette avancée.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Ce soldat est, dans un premier temps, inhumé à proximité du fort de Souville, sur le côté gauche du chemin menant au fort. Aucune sépulture individuelle militaire ne porte son nom.

 

Le 18 mars 1916, les deux témoins, les soldats Bruno Verwaire et Charles Perrel, confirment la mort du soldat Demongeot auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I.. L’acte de décès est transcrit à la mairie de Melay le 18 mai 1916.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 188  en date du 23 mai 1916 :

 

« Excellent soldat, parfait mitrailleur, s’était déjà signalé par son entrain pendant les attaques de septembre et d’octobre 1915. Est tombé glorieusement le 8 mars 1916 en se portant en première ligne avec sa compagnie sous un violent bombardement. »

 

Le soldat Demongeot a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume en 1920 (J.O. du 29 octobre 1920).

 

Monument aux morts de Melay

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Melay et sur la plaque commémorative installée dans le hall d’entrée de l'école secondaire et technique de l'Immaculée Conception de Saint-Dizier.

 

Marcel Demongeot ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les actes d’état-civil concernant la famille Demongeot, la fiche signalétique et des services du soldat Marcel Albert Demongeot et les registres de recensement de la commune de Melay correspondants aux années 1901, 1906 et 1911, ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Le portrait du soldat Demongeot provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l'illustration ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, et aux archives départementales de la Haute-Marne.

16 juin 2023

13 et 14 novembre 1916

Journees des 13 et 14 novembre 1916

 

Les attaques nocturnes allemandes des jours précédents sont toujours très présentes dans les esprits. La vigilance reste donc extrême dans le secteur de la tranchée Poncelet.

13 novembre 1916

 

Plusieurs patrouilles sont envoyées dans le no man’s land. Aucun mouvement suspect n’est à signaler du côté des tranchées ennemies.

 

Les 10e et 11e compagnies du 3e bataillon du 149e R.I., fraîchement arrivées en 1ère ligne, peuvent s’installer sans craindre un nouvel assaut. Le secteur reste cependant très dangereux.

 

En effet, l’artillerie allemande effectue des tirs réguliers de « Minenwerfer » sur la tranchée Poncelet depuis la chapelle Saint-Georges.

 

Les tirs de contre-batteries français, demandés à deux reprises, ne parviennent pas à ralentir leur cadence de tirs.

 

Une brume épaisse, recouvrant l’intégralité de la zone occupée par le 10e B.C.P. et le 149e R.I., contraint l’aviation à rester au sol. Elle gêne également l’artillerie lourde et l’artillerie de campagne ennemie qui est obligée de ralentir son activité destructrice.

 

Les travaux d’aménagement de la 1ère ligne et de la ligne de dédoublement se poursuivent. Des abris-cavernes sont creusés.

 

La liaison entre les tranchées Poypoy et des Germains est achevée. La sape en avant de 916 k, d’une longueur de 35 m, est terminée.

 

Des défenses accessoires sont posées devant la tranchée Poncelet.

 

Aucune perte n’est à déplorer au 149e R.I..

 

14 novembre 1916

 

Parc du chateau de Deniecourt

 

Les canons ennemis entrent en action dès 5 h 00, après une nuit relativement calme. Durant toute la matinée, ils tirent sur l’ensemble des premières et secondes lignes occupées par la 85e brigade. L’intensité de leurs tirs augmente à partir de midi pour durer tout l’après-midi.

 

L’action de l’artillerie ennemie devient chaque jour plus intense. Il semblerait que les Allemands se livrent à une sorte de contre-préparation préventive en détruisant systématiquement les travaux effectués par la troupe française ; cela entraîne, pour celle-ci, des pertes journalières sensibles.

 

Huit « Drachens » sont observés dans le ciel. Trois avions allemands survolent les lignes françaises vers 12 h 30. Les F.M. et les mitrailleuses françaises entrent rapidement en action.

 

L’artillerie lourde et l’artillerie de campagne françaises effectuent des tirs de contre-préparation.

 

L’infanterie allemande cherche à relier 921 a à 921 b. Une de ses compagnies, travaillant à découvert, a été aperçue vers 22 h 00. Elle est aussitôt encadrée par les feux des V.B., des F.M. et des canons de 75.

 

Telles des fourmis, les hommes du 149e R.I. réfectionnent leurs tranchées et leurs boyaux endommagés pour la énième fois. Ils posent du fils de fer barbelé devant leurs premières lignes.

 

L’infanterie ennemie cherche à relier 921 a à 921 b. Une de leurs compagnies, travaillant à découvert, est aperçue vers 22 h 00. Elle est rapidement encadrée par les tirs des V.B., des F.M. et des canons de 75.

 

Les Allemands se préparent à attaquer de nouveau.

 

Pour le 149e R.I., le bilan des pertes s’élève à trois tués.

 

Le fichier des « Morts pour la France » du site « Mémoire des hommes » donne 5 noms pour cette journée.

 

                                           Tableau des tués pour la journée du 14 novembre 1916

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

La photographie représentant le commandant Beaugier et les capitaines Houel et Foucher est extraite de l’historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919 (version luxe).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

9 juin 2023

12 novembre 1916

Sucrerie d'Ablaincourt - dessin réalise par Hippolyte Journoud

 

L’ennemi s’apprête à reconduire ses attaques de nuit sur la zone sud du bois Bauer.

 

Il lance ses hommes sur 916 k vers 5 h 15 puis, une demi-heure plus tard, sur le barrage est de la tranchée Poncelet.

 

L’assaut sur 916 k, tenu par des éléments du 1er bataillon du 149e R.I., est un échec total. Les Allemands sont stoppés net par un barrage de grenades.

 

L’attaque est plus difficile à contenir du côté du 10e B.C.P.. L’ennemi s’est approché du barrage est de la tranchée Poncelet sans être vu. Il se glisse à l’intérieur du boyau à moitié détruit, lance de nombreuses grenades. Il réussit à s’emparer du barrage.

 

Les chasseurs du 10e B.C.P. sont obligés de reculer. Ils refluent, d’une part dans la tranchée Poncelet, d’autre part dans le boyau allant vers la tranchée des Grands’ Gardes. Les grenadiers du 10e B.C.P. effectuent rapidement une contre-attaque. Ils reprennent le terrain perdu.

 

Au cours de l’opération allemande, plusieurs fusées ont été envoyées pour demander un tir de barrage. Pareillement à la veille, l’artillerie française a mis dix bonnes minutes avant de réagir. C’est dans un compte rendu rédigé depuis le P.C. 5008 que le lieutenant-colonel Pineau exprimera son mécontentement pour ce retard et pour ce tir trop peu nourri.

 

Du côté allemand, l’artillerie déclenche un tir de barrage d’une grande violence aussitôt après ses assauts de nuit. Ses obus causent des pertes sensibles au 10e B.C.P..

 

carte 1 journee du 12 novembre 1916

 

 

Tout au long de la journée, les canonniers allemands effectuent un bombardement continu sur la 1ère ligne et sur la position de soutien. Ils utilisent régulièrement des obus de gros calibre. Le bombardement est particulièrement intense entre 7 h 00  et 11 h 00, aux alentours de 14 h 00 et vers 16 h 00. Plusieurs torpilles sont tombées sur le bois Bauer.

 

Les travaux de consolidation et de réfection des tranchées et des boyaux sont maintenus dans la zone occupée par la 85e brigade. Les dégâts sont importants.

 

Les hommes du 149e R.I. poursuivent la construction d’une sape offensive en avant de 916 k. Les patrouilles quotidiennes d’observation effectuent leurs missions.

 

Les Allemands réalisent des travaux au sud de 916 k et 916 h.

 

Dans la nuit du 12 au 13, des mouvements de relève s’effectuent dans le quartier C. Les 10e et 11e compagnies du 149e R.I. arrivent en 1ère ligne. La 2e compagnie du régiment quitte sa position. La 3e compagnie reste sur place.

 

Les 1ère et 2e compagnies sont en soutien à la Sucrerie et au Valet. La 9e compagnie est installée dans le secteur du bois du Tremble.

 

Le 2e bataillon du régiment est au repos à Harbonnières.

 

Le décompte des pertes du 149e R.I. pour cette journée s’élève à 5 tués et 3 blessés.

 

Seuls, deux noms ont été retrouvés sur le fichier des « Morts pour la France » du site « Mémoire des hommes ».

 

                                         Tableau des tués pour la journée du 12 novembre 1916

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Le dessin intitulé « Sucrerie d’Ablaincourt (front novembre 1916) » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie d’un fonds privé appartenant à la famille Aupetit.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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