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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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20 octobre 2023

Du 23 au 31 janvier 1915

 

Le 22 janvier 1915, le 149e R.I. quitte la position proche du bois de Berthonval que ses trois bataillons ont occupée par alternance. Il doit venir s’installer dans un nouveau secteur près du bois de Bouvigny, au nord-ouest du village d’Ablain-Saint-Nazaire.

 

Du 23 au 26 janvier 1915

 

Le 158e R.I. et le 149e R.I. ont reçu l’ordre de venir remplacer des éléments de la 13e D.I. dans la zone comprise entre la lisière nord du bois de Bouvigny et le chemin de terre allant d’Aix-Noulette à Angres.

 

Le 23 au matin, deux bataillons du 149e R.I. et un bataillon du 158e R.I. s’établissent à Mazingarde.

 

Les mouvements de relèves débutent le lendemain. Dans la soirée du 24, les deux bataillons du 149e R.I. prennent place dans le sous-secteur de Noulette, occupé par le 109e R.I. Le 2e bataillon du 158e R.I. vient à Aix-Noulette.

 

Le 25, deux bataillons du 158e R.I. relèvent le 17e B.C.P. dans le sous-secteur d’Aix-Noulette. Le 3e bataillon du 149e R.I. cantonne à la fosse 10 de Béthume.

 

Carte soiree du 26 janvier 1915

 

27 et 28 janvier 1915

Le secteur de la 85e brigade est divisé en deux sous-secteurs séparés par le chemin de terre allant de Noulette à Souchez. Le sous-secteur de gauche est contrôlé par le 158e R.I., celui de droite par le 158e R.I..

 

Chaque sous-secteur est géré de la manière suivante : un bataillon occupe les tranchées, un bataillon est en réserve, un bataillon est au repos. Celui du 149e R.I. est à la fosse 10 en réserve de brigade, celui du 158e R.I. est à Nœux-les-Mines, en réserve de division.

 

Six compagnies du 25e R.I.T. sont mises à la disposition du secteur. Quatre sont cantonnées à Aix-Noulette, 2 aux corons d’Aix-Noulette. De manière générale, elles sont employées aux travaux en tant qu’auxiliaires pour la 1ère ligne et comme exécutantes et occupantes pour la 2e ligne.

 

La compagnie 21/1 du Génie est chargée de l’exécution des travaux particuliers.

 

Bois 6

 

La relève des bataillons se fait par roulement de 24 heures, entre les tranchées et les lignes de soutiens et entre la  1ère ligne et les réserve ; ainsi, chacun d’entre eux peut bénéficier de trois jours de repos.

 

Tableau des releves du 27 au 31 janvier 1915

 

L’activité ennemie est grande au centre de la ligne du 149e R.I.. Trois sapes qui s’avancent vers la ligne de crête sont en cours de réalisation. Côté français, des mesures sont rapidement prises pour arrêter ces travaux. Les hommes entament des têtes de sape pour les contre-battre. Des mitrailleuses sous abris sont placées en face et un emplacement pour mortier de 15 est aménagé.

 

La C.H.R. du 149e R.I. et le petit dépôt de la 85e brigade quittent Mazingarde pour Marqueffles et la fosse 10 le 28, après la soupe du matin.

 

Dans son ouvrage rédigé sous le pseudonyme de Henri René « Jours de gloire et de misère », le commandant Laure évoque l’arrivée du 3e bataillon du 149e R.I. dans le secteur de Noulette .

 

« À Noulette, où nous entrons en secteur à la fin de janvier, ce n’est guère plus brillant. Sur la partie de notre front, nos tranchées sont en contre-pente, sur les flancs de Lorette ou de la petite crête de Buval. Le fleuve de boue y descend comme un déversoir. Devant nos fils de fer gisent encore des cadavres de la malheureuse attaque du 17 décembre, au milieu d’un cloaque où les plus héroïques ne peuvent avancer. Dès que nous cherchons à faire sortir des hommes pour tenter d’accomplir un pieux devoir d’ensevelissement, ils sont fusillés à bout portant. Quelle cruelle vision ! Plus bas, le bois des Boches est un marécage sur toute son étendue. On y patauge dans l’eau, c’est glacial et pénétrant. Il faut la santé de fer que nous avons acquise dans nos épreuves pour n’y risquer que la fatale gelure et n’y contracter aucune de ces maladies dont les courants d’air ou l’humidité nous faisaient redouter l’emprise avant la guerre. Luttes incessantes contre l’envahissement des eaux.

 

Les gabions, les claies, les fascines, les sacs à terre sont impuissants à dresser contre elles des remparts. Les travaux d’aménagement les plus soigneusement conduits n’aboutissent qu’à de nouvelles cataractes.»

 

29 janvier 1915

 

Les différentes têtes de sape progressent à l’encontre les unes des autres. Le travail n’étant plus possible, le lieutenant-colonel Gothié demande l’autorisation d’attaquer.

 

L’attaque a lieu à 21 h 00 sur les deux têtes de sapes allemandes de droite. Elle ne réussit que sur celle située plus à droite. Cette sape est aussitôt reliée à la tranchée par un boyau. Les pertes sont faibles.

 

La position est organisée pour être maintenue et stopper les tirs offensifs de l’ennemi.

 

À 21 h 45, aux abords du bois des Boches, une fusillade a lieu durant un quart d’heure. Le secteur devient calme après 22 h 00.

 

30 janvier 1915

 

Les Allemands bombardent sapes et tranchées durant toute la journée et durant toute la nuit. Vers 23 h 30 une des sapes s’éboule. Les deux occupants (grenadiers)  sont blessés. L’ennemi profite de la situation pour se porter en avant. Il parvient à créer un nouveau barrage à une trentaine de mètres de la tranchée française. Prise en enfilade, la sape devient intenable.

 

Plusieurs actions individuelles sont tentées pour une avancée. Elles restent infructueuses jusqu’à ce qu’un soldat parvienne, en rampant au moyen d’un bouclier, à créer un nouveau barrage à environ 13 mètres de la tranchée française.

 

31 janvier 1915

 

Carte 1 journee du 31 janvier 1915

 

Les Allemands travaillent à la construction d’une nouvelle tranchée derrière leur barrage. À 17 h 00, les Français attaquent une 3e fois pour tenter de reprendre la sape avec le concours de l’artillerie. Ils réussissent à s’introduire dans le bout de tranchée allemande. Un barrage est aussitôt installé, une trentaine de mètres plus loin, dans la direction de la tranchée ennemie.

 

Quelques instants plus tard, la fusillade devient plus intense et le bombardement s’intensifie.

 

Le caporal commandant le P.D. est blessé à l’heure de la relève. C’est à ce moment que les Allemands choisissent de contre-attaquer. Ils réussissent à réoccuper le point où la sape franchit la crête. Leurs tirs d’enfilades obligent le P.M. à se protéger. Il doit rétablir l’ancien barrage qui existait avant l’attaque.

 

Les blessés et les tués sont assez nombreux.

 

La situation reste mauvaise. Les bombardements se poursuivent durant les jours suivants.

 

                                 Tableau des tués pour la période allant du 23 au 31 janvier 1915

 

                    Tableau des blessés et des disparus pour la période allant du 23 au 31 janvier 1915

 

               Tableau des décédés dans les ambulances et dans les hôpitaux (du 23 au 31 janvier 1915)

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le cliché, réalisé en janvier 1915, représente l’adjudant Thietry et les sous-officiers Fischel, Demontrond et Toutu.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

« Jours de gloire et de misère… » de Henri René (pseudonyme du commandant Laure). Éditions Perrin et Cie-Libraires-Éditeurs. 1917.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Lozano, à M. Porcher, à la famille descendant du commandant Laure et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
J
Très intéressant. Toujours précis dans la description des circonstances pénibles vécues par nos valeureux pioupious. Merci à vous de nous faire revivre le quotidien de ces braves gars.
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