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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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17 février 2017

Gaston Louis Martin Édouard Fernagu (1871-1937).

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Les années de jeunesse

Gaston Louis Martin Édouard voit le jour le 7 février 1871 dans le 6e arrondissement de la capitale, quelques semaines avant le début de la Commune de Paris. Son père, Auguste Gabriel, est un sous-lieutenant âgé de 31 ans,qui sert dans le régiment des sapeurs-pompiers. Sa mère, Louise Rosine Beyer est une jeune femme âgée de 23 ans.

Gaston Louis Martin Édouard Fernagu est l'aîné d’une fratrie de trois garçons. Il obtient son baccalauréat ès sciences. Les trois frères feront tous une carrière militaire.

Au moment de la conscription, Gaston Fernagu souhaite signer un engagement volontaire. Pour cela, il doit se rendre à la mairie d’Orléans pour y apposer sa signature d’un contrat d’une durée de quatre ans. Nous sommes le 25 août 1891. Le jeune homme est dans sa vingtième année.

Son nom est inscrit sur la liste de recrutement de la classe 1891 de la subdivision du 3e bureau du département de la Seine, avec le numéro de tirage n° 314, dans le canton du 4e arrondissement de Paris.

Les débuts de carrière militaire

Sur les traces professionnelles de son père, il demande à servir dans le régiment des sapeurs-pompiers. Ce choix est-il dû au fait qu’il ait passé une grande partie de son enfance dans l'entourage des soldats du feu ? La réponse n’est pas connue, mais l’idée reste très présente à l’esprit ! Le jeune homme est incorporé comme sapeur de 2e classe dès le lendemain de la signature de son contrat avec l’armée.

Il est nommé caporal le 26 février 1892 puis sergent le 26 août 1892. Gaston Fernagu exerce les fonctions de sergent-fourrier entre le 4 mars 1893 et le 14 juin 1894.

Après avoir réussi le concours d’entrée de l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent, ce jeune sergent suit les cours pour devenir officier, à partir du 3 avril 1895,avec la promotion de Tananarive.  Il semble avoir eu du mal à s’adapter à cette formation.  

Le lieutenant-colonel de l’école militaire écrit ceci dans sa feuille de notes détaillées de fin d’études : « Avait une préparation complètement insuffisante à l’entrée à l’école. A eu beaucoup de difficultés à les vaincre et ne les a pas suffisamment surmontées. »

À la base, ce n’est pas un militaire d’une arme classique, nous pouvons aisément  imaginer qu’il ait eu plus de difficultés que les autres.

Il termine avec le numéro de sortie 309 dans une promotion qui compte 362 élèves.

Le 1er avril 1896, revêtu de son uniforme d’officier flambant neuf, il rejoint la ville de Maubeuge pour intégrer une compagnie du 145e R.I.. Il est ensuite détaché à Hirson, où il sera bien noté par son supérieur.

Au régiment de sapeurs-pompiers de Paris

Souhaitant redevenir « soldat du feu », le sous-lieutenant Fernagu fait une demande pour réintégrer le régiment de sapeurs-pompiers en 1897.

Le 1er avril 1898, il est nommé lieutenant. C’est avec ce grade qu’il réintègre le régiment de Paris le 21 mai 1898.

Il quitte le 145e R.I. avec la note suivante :

« Officier zélé, de caractère ferme, habile aux exercices de corps, mais qui peut parfois se montrer très dur avec ses inférieurs. Il parait avoir en lui-même une confiance que ses services et son instruction ne justifient pas encore. Le 145e R.I. ne perdra qu’un officier de valeur ordinaire. »

Le lieutenant Fernagu va devoir encore beaucoup travailler sur lui-même pour tenter d’améliorer son comportement. C’est un officier qui se montre assez bon instructeur militaire dans l’éducation des jeunes recrues, mais qui n’a pas toujours la patience nécessaire pour exercer correctement ce rôle. Il lui arrive souvent de manquer de tact.

Les observations parfois sévères de ses supérieurs, à propos de ses écarts de caractère, commencent à porter leurs fruits au fil du temps.

En 1900, le changement de tempérament de cet officier est radical. L’accomplissement de ses devoirs de formateur, dans l’encadrement des engagés volontaires, est maintenant très bien perçu par ses chefs. Il va même assurer, durant un mois, le commandement provisoire de sa compagnie. Au cours de cette période, il obtiendra de très bons résultats. Sa manière d’être, vis-à-vis des gradés qui sont sous ses ordres, est maintenant irréprochable.

Pompiers_de_Paris

Le 16 juin 1902, Gaston Louis Martin Édouard Fernagu épouse une jeune parisienne âgée de 22 ans,qui se nomme Marguerite Pauline Derondel. De cette union naîtront deux enfants, Robert et Jean Honoré.

En 1903, il est dit de lui : « Officier sérieux et discipliné, sert avec exactitude et correction, bon instructeur, sait se faire obéir, obtient des résultats. Donne toute satisfaction. »

En 1905, il suit les cours de 2e année de l’école de droit tout en poursuivant son service. Il obtient sa licence en juillet.

Pompiers_de_Paris

Retour à un régiment d’infanterie

Nommé capitaine le 27 mars 1911, Gaston Fernagu doit laisser derrière lui la ville de Paris pour rejoindre le 132e R.I. qui se trouve à Reims.

Il est très bien noté dans cette unité.

« Vigoureux officier, travailleur instruit, commande sa compagnie avec un très grand souci de son devoir professionnel. Deviendra certainement un capitaine d’une réelle valeur. »

Le lieutenant-colonel Cadoux, responsable du 132e R.I. au cours du 1er semestre de l’année 1912, dit pourtant de lui qu’il a bien du mal à se dépouiller de son habit de sapeur-pompier.

Au cours de cette année, il passe une thèse de médecine à la faculté de Paris qui s’intitule « Les troubles de la parole dans les chorées ». Ce travail, qui porte le n° 283 de l’année de l’obtention du diplôme, est publié par les éditions Jouve.

Nostalgique de son ancien corps, Il fait de nouveau une demande pour retourner chez les sapeurs-pompiers. Cette requête est entendue puisqu’il  retrouve son ancien régiment à partir du  8 mars 1914.

Les premières années du conflit

Lorsque, en août 1914, le conflit contre l’Allemagne débute, il porte toujours l’uniforme de sapeur-pompier. Très vite, il souhaite être envoyé sur le front. Il fait une demande insistante pour servir dans un régiment de la Légion étrangère.

Le 16 octobre 1914, il est affecté au régiment de marche de la Légion étrangère du camp retranché de Paris, qui deviendra à partir du 28 novembre, le 3e régiment de marche du 1er étranger. Dès son arrivée, le colonel lui propose le poste d’officier adjoint. Riche de son savoir et de ses expériences, le capitaine Fernagu peut rendre de multiples services à son supérieur durant la période d’organisation du régiment. Au front à partir de la fin du mois de novembre 1914, il s’occupe également de la S.H.R. du régiment, en plus de ses fonctions d’officier adjoint. Entre décembre 1914 et juin 1915, son régiment couvre différents secteurs de la Somme.

Le 26 juillet 1915, il est muté au 10e B.C.P. pour prendre le commandement de la 3e compagnie. Il ne reste que très peu de temps dans cette unité de chasseurs puisque le 14 août 1915, il reçoit l’ordre de rejoindre le 3e B.C.P. pour y seconder le chef de bataillon Faure. Les chasseurs de cette unité combattent dans le secteur d‘Aix-Noulette en Artois.

Gaston Fernagu prend ensuite part aux affaires de Verdun entre le 7 et le 11 mars 1916. Sa belle conduite au feu lui permet d’être proposé au grade de commandant.

Courts passages au 158e R.I. et au 149e R.I.

Le 24 mars 1916, le commandant Fernagu est affecté au 158e R.I. avec ses nouveaux galons de chef de bataillon. Quelques jours plus tard, il est au 149e R.I..

Le J.M.O. du 3e B.C.P. nous fait savoir que le capitaine Fernagu est nommé chef de bataillon au 149e R.I. le 1er avril 1916.

Le journal officiel du 15 avril 1916 nous dit que cette mutation est prononcée le 5 avril.

Cette courte période d’affectation au sein de ces deux régiments de la 43e D.I. reste difficile à identifier. Les dates qui figurent dans son dossier individuel,qui se trouve au S.H.D. de Vincennes, ne concordent pas toujours avec les autres documents consultés.

Le nom du commandant Fernagu apparaît dans un contrôle nominatif des officiers du 149e R.I qui date du 18 avril 1916. À cette période, il commande le 3e bataillon du régiment.

Gaston Fernagu a-t-il pris le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. lorsque celui-ci se trouvait encore dans le secteur de 1ère ligne au fort de Vaux ? A-t-il remplacé le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André à la tête de ce bataillon plus tard, après le retour vers l’arrière ? Ces questions restent pour l’instant sans réponse !

Le témoignage laissé par le capitaine de Chomereau de Saint-André n’évoque pas ce passage de commandement.

De nouveau au 158e R.I.

Le 18 avril 1916, il est de nouveau affecté au 158e R.I.. En juin 1916, il commande le 3e bataillon du régiment.

Il dirige son bataillon avec conscience et zèle. Cet officier se distingue aux combats, particulièrement à ceux qui se déroulent dans la Somme entre le 4 et le 18 septembre 1916. Durant les périodes de repos, il se consacre laborieusement à l’instruction de ses cadres et de son bataillon.

Fatigué par son long séjour ininterrompu au front, il est muté au 9e bataillon du 152e R.I. le 27 octobre 1917. Il commande son nouveau bataillon avec autorité et facilité. Très consciencieux, et très actif, il s’adonne tout particulièrement à l’instruction des cadres et de la troupe. Ce qui fait de son bataillon un bon bataillon d’instruction.

Les années après-guerre

Gaston Fernagu a conservé son poste de commandant pendant 25 mois entre 1914 et 1918. Il rompt avec une carrière militaire qui aurait pu être prometteuse. Le 20 avril 1918, il remet volontairement son grade de commandant pour redevenir capitaine. Il fait cette démarche pour pouvoir réintégrer le régiment de sapeurs-pompiers, où il prend le commandement d’une compagnie.

En janvier 1921, il exerce les fonctions d’adjudant-major.

Gaston Fernagu est promu chef de bataillon major par décret du 24 juin 1922. Affecté au 22e régiment de Tirailleurs, il ne rejoindra jamais cette unité. Quelques semaines plus tard, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite par décision ministérielle du 26 juillet 1922. Le 15 août 1922, il est rayé des contrôles de l’armée active.

Il est nommé chef de bataillon de réserve par décret du 17 octobre 1922 affecté au 131e R.I..

Le 12 août 1927, il dépend du centre de mobilisation d’infanterie n° 51.

Maintenu dans les cadres de réserve, à sa demande, il quitte définitivement l’armée le 7 février 1932.

Le 26 novembre 1937, Gaston Fernagu décède, dans la petite commune manchote de Torigni-sur-Vire, à l’âge de 66 ans.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur par arrêté ministériel du 28 octobre 1915 :

« Officier venu du régiment de sapeurs-pompiers de Paris, s’est signalé en toutes circonstances par ses belles qualités militaires. »

Officier de la Légion d’honneur par décret du 11 juillet 1928 (J.O. du 12 juillet 1928).

Croix de guerre avec une palme et une étoile d’argent.

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 107  du 2 février 1916:

« N’a cessé de donner, depuis qu’il est sur le front, l’exemple des plus belles qualités militaires ; a rendu à son chef de corps les meilleurs services, particulièrement pendant les attaques de septembre. » 

Citation  à l’ordre de l’armée n° 225 du 20 septembre 1916 :

« A très brillamment enlevé son bataillon à l’attaque du 4 septembre 1916. Arrêté par un feu violent de mitrailleuses devant une position extrêmement solide, s’en est emparé par un violent combat à la grenade. Contre attaqué le soir et le 5 au matin, de front et de flanc, n’a pas cédé un pouce de terrain. Le 6, a progressé et a atteint tous les objectifs assignés, faisant plusieurs centaines de prisonniers, s’emparant de mitrailleuses et de lance-bombes. S’y est ensuite maintenu énergiquement, faisant preuve, pendant 4 jours et 4 nuits, d’un entrain, d’une vigueur et d’un courage admirables.»

Autres décorations :

A obtenu du ministre de l’Intérieur, une médaille d’honneur en argent de 2e classe pour s’être distingué, le 1899 à Pantin (Seine) en dirigeant, avec le plus grand dévouement, les travaux de sauvetage de 3 ouvriers, ensevelis sous un éboulement (brevet du 28 octobre 1899).

Médaille commémorative de la Grande-Guerre.

Médaille interalliée de la victoire.

Médaille d’honneur en argent de 1ère classe (brevet du 6 février 1922).

Sources :

J.M.O. du 3e régiment de marche du 1er étranger  S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 861/6.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/3.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2 et 3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 152e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 697/15.

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le commandant Fernagu possède également un dossier individuel sur le site la Base Léonore. Pour le lire, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Site_base_Leonore

Les informations concernant la généalogie de Gaston Fernagu ont été trouvées sur le site « Généanet ».

La photographie du commandant Fernagu provient de la collection  personnelle d’une branche collatérale descendante de cet officier.

Le contrôle nominatif des officiers du 149e R.I.,qui date du 18 avril 1916, fait partie de la collection personnelle du petit-fils du lieutenant-colonel Gothié.

Un grand merci à M. Bordes, à C. Chauvet, à A. Carobbi, à D. Gothié, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

10 février 2017

10 avril 1916.

10_avril_1916

Les derniers éléments du 149e R.I. ont quitté la 1ère ligne dans la soirée du 9 avril. Des retardataires arrivent encore à Dugny au petit jour.

Le 6e bataillon du 323e R.I. est remplacé par le 1er bataillon du 28e R.I. dans la nuit du 9 aux 10 avril 1916.

Le 3e B.C.P., qui est la dernière des unités de la 43e D.I. à rester dans un secteur exposé, ne sera relevé que le 11 avril.

Carte_1_journee_du_10_avril_1916

Legende_carte_1_journee_du_10_avril_1916

Les soldats du 149e R.I. cantonnent une partie à Landrecourt, une partie à Dugny. Ces hommes ne savent absolument pas ce qui les attend dans les heures à venir.

Ils sont censés quitter définitivement le secteur de Verdun, mais la situation sur le front est telle qu’ils peuvent, à tout moment, retourner en 1ère ligne.

Le mitrailleur Paul Portier raconte cette situation inconfortable dans ses écrits :

« Le régiment dont les rangs sont clairsemés se rend sur la route entre Lempire et Nixeville pour embarquer. Mais au dernier moment, nous recevons l’ordre verbal de rejoindre nos cantonnements de Dugny-Landrecourt. Sur tout le front s’est déchaîné un bombardement d’une extrême violence et il ne faut pas chercher plus loin la cause de notre non-embarquement aujourd’hui. »

Le commandant Magagnosc assure toujours l'intérim à la tête du 149e R.I..

Carte_2_journee_du_10_avril_1916

Le 3e bataillon, qui était commandé par le capitaine de Chomereau de Saint-André lorsqu’il était dans le secteur du fort de Vaux, se trouve maintenant sous les ordres du commandant Fernagu (la date exacte de la prise de commandement de ce bataillon par cet officier n’est pas connue). 

Sources :

J.M.O. de la 5e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 268/9.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le fond de carte,qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs de la 5e D.I., de la 11e brigade, du 3e B.C.P et du 332e R.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Plan_Gaston_de_Chomereau_de_Saint_Andre

Les portraits des hommes présents sur le montage représentent les officiers qui ont commandé les 4 compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. en avril 1916. Les noms de ces responsables de compagnie ont pu être identifiés, grâce à un plan dessiné par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André. De gauche à droite se trouvent le capitaine Joseph Delung (9e compagnie), le capitaine Joseph Chauffenne (12e compagnie) le lieutenant Gabriel Gérard (10e compagnie) et le lieutenant Louis Foucher (11e compagnie).

 Une liste nominative des officiers de corps du 149e R.I. datant du 18 avril 1916, dont la copie m’a été envoyée par le petit-fils du lieutenant-colonel Gothié, confirme ces noms.

 Le portrait du capitaine Delung a été envoyé par la famille descendante de cet officier.

Le portrait du capitaine Louis Foucher provient d’une photographie de groupe, qui fait partie du fond Paul Douchez consultable au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Les portraits du capitaine Gérard et du capitaine Chauffenne font partie de ma collection personnelle.

Un grand merci à M. Bordes, J. Étienne, à A. Carobbi, à D. Gothié,à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

3 février 2017

Marie Louis Crébely (1892-1917).

Marie_Louis_Crebely

Originaire de la ville de Dôle, Marie Louis Crébely voit le jour le 9 février 1892. Son père se prénomme Claude Étienne Armand. Il est âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Louise Juliette Séraphine Pergaud est une femme qui a 27 ans. Le couple a eu trois enfants.

Élève au collège de Notre Dame de Mont-Roland, Louis Crébely y fait ses classes de 7e, 6e et 5e. Il quitte l’établissement en juillet 1904 ; ses parents viennent de divorcer. Louis s’installe à Dijon pour y terminer ses études. Sa fiche signalétique et des services nous indique qu’il possède un degré d’instruction de niveau 5.

Il exerce le métier de dactylographe avant d’être incorporé sous les drapeaux le 9 octobre 1913. C’est au 149e R.I. qu’il va apprendre le métier de soldat. Il est nommé caporal le 11 avril 1914. Louis Crébely est toujours installé à la caserne Courcy lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914.

Il commence donc la campagne avec ce régiment, qui doit se rendre à la frontière quelques jours avant la déclaration officielle de la guerre, son unité faisant partie des troupes de couverture.

Le caporal Crébely obtient ses galons de sergent le 1er septembre 1914. Ce jeune sous-officier prend part aux combats de Souain et d’Ypres avant d’être nommé aspirant la veille de Noël 1914.

Louis Crébely passe toute l’année 1915 dans le secteur d’Aix-Noulette, une petite commune située en Artois. Durant cette période, le 149e R.I. participe à plusieurs combats qui ont été particulièrement meurtriers.

Des extraits de sa correspondance adressée à sa mère ont pu traverser le temps grâce au livre d’or de l’école libre de Notre Dame de Roland.

Le 12 septembre 1914, il lui écrit ceci :

« … Supporte vaillamment la dure épreuve à laquelle tu es soumise. Pense qu’en ce moment, il est préférable que je meure plutôt que de voir les Allemands fouler du pied ce que nous avons de plus cher. En ce moment, ma vie est à la merci d’une balle. Mais si je meurs, je mourrai content, car je n’aurai jamais cessé de t’aimer et de m’efforcer de te rendre heureuse… »

Louis n’a pas encore 23 ans.

Le 7 janvier 1915, il lui adresse les mots suivants :

« … Je ne suis pas plus brave qu’un autre, mais ayant une responsabilité, je dois me rendre compte de tout par moi-même, afin d’éviter à mes hommes des peines inutiles. Tu ne peux pas t’imaginer combien je suis aimé et obéi de mes hommes et j’en suis très heureux. Je te remercie, ma chère maman, de prier et de faire prier pour moi… »

Le 27 janvier 1915, il lui envoie les lignes ci-dessous :

« … Depuis le début de la campagne, je n’ai pu aller que trois fois à la messe, en particulier dimanche dernier, et c’est pour moi un puissant réconfort. Ne crois donc pas que je souffre, ma chère maman, je suis heureux, toujours gai, jamais triste… Certes, je préfèrerais être au chaud à la maison. Mais que veux-tu ? Pour qu’à l’avenir nous puissions vivre tranquilles, et non sous la botte prussienne, il faut bien que nous nous battions, et la victoire étant certaine pour nous, c’est un puissant soulagement à toutes nos peines de songer que la grande famille française sera enfin libre et heureuse… »

C’est un homme qui reste humble. Quelques jours après l’attaque allemande du 3 mars 1915, sa mère reçoit le courrier suivant :

« … À la suite de l’attaque allemande d’il y a cinq jours, et de la contre-attaque que nous avons faite,  je suis proposé pour être cité à l’ordre du jour. Je pense que tu seras contente. C’est pour moi un grand bonheur, mais je ne cherche pas du tout à me faire remarquer. Je veux simplement faire mon devoir, sans bruit… »

Le 8 mars 1916, l’aspirant Crébely est blessé dans le secteur de Verdun. Le numéro de sa compagnie n’est pas connu.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journees_des_7__8_et_9_mars_1916

Il rentre au dépôt le 10 avril 1916 après avoir été soigné durant un mois dans un hôpital de l’arrière. Louis Crébely se prépare à faire ses adieux au régiment spinalien, car il vient d’être muté à la 2e compagnie du 118e R.I.. Il est sur tous les fronts où se trouve son nouveau régiment, jusqu’au moment où il est tué en entraînant sa section à l’attaque sur les hauteurs de Laffaux, le 7 avril 1917.

Son acte de décès est transcrit à la mairie d’Audelange le 8 décembre 1917.

Décorations obtenues :

Médaille militaire par décret du 3 avril 1920 (J.O. du 21 août 1920)

« A fait preuve d’un grand calme, en conduisant sa section sous un feu violent de mitrailleuses et d’artillerie. A été mortellement blessé en se portant à l’assaut de la position ennemie le 7 avril 1917, à Laffaux. A été cité. »

L’aspirant Crébely repose actuellement dans la nécropole nationale « Bois Roger » à Ambleny. Sa sépulture individuelle porte le n° 469.

Sepulture_Louis_Crebely

Son frère cadet, Emmanuel Henri, repose juste à côté de lui.

Marie Louis Crébely est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Le nom de cet homme est gravé sur le monument aux morts de la commune jurassienne d’Orchamps. Il est également inscrit sur la plaque commémorative qui est  fixée sur un des murs de l’église de Dôle.

En juillet 1921, le lieutenant Le Sayec, du 118e R.I. adresse le mot suivant à Madame Crébely :

« Votre fils était un sous-officier d’une haute valeur et pour lequel j’avais personnellement beaucoup d’estime, pour sa bravoure et son sang-froid. Très considéré par ses chefs et ses soldats, l’aspirant Crébely était appelé à faire un excellent officier. »

Sources :

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultée sur le site des archives départementales du Jura.

Livre d’or « L’école libre de Notre-Dame de Mont-Roland et la guerre 1914-1918. » Besançon, imprimerie Jacques et Demontrond. 1922.

La photographie de sa sépulture a été réalisée par M. Chevalier.

Le site « MémorialGenWeb » a été consulté.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Chevalier, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Jura.

27 janvier 2017

9 avril 1916.

9_avril_1916

Les relèves prévues ont pris beaucoup de retard. Les tranchées sont encombrées, les bombardements intensifs. Il faut être le plus discret possible pour ne pas attirer l’attention de l’ennemi.

Dans la nuit du 8 au 9 avril, des éléments du 2e bataillon du 24e R.I. relèvent les 6e et 7e compagnies du 149e R.I. qui sont encore en 1ère ligne dans le secteur de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

Le 1er B.C.P. est remplacé aux abris du ravin par une compagnie du 1er bataillon et par deux compagnies du 2e bataillon du 28e R.I.. Les chasseurs du commandant Devincet se dirigent sur Lempire pour y cantonner.

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Le 3e bataillon du 28e R.I. prend la suite du 3e bataillon du 149e R.I. dans le secteur du tunnel de Tavannes. Le responsable du bataillon du régiment spinalien, reçoit les ordres suivants :

« Au reçu du présent ordre le 3e bataillon du 149e R.I. quittera le tunnel et se rendra à Landrecourt, en vue de dégager la partie sud du tunnel de Tavannes qu’il occupe. Il est possible que certaines fractions de ce bataillon actuellement au travail rentrent trop tard pour pouvoir effectuer ce déplacement en plein jour.

Quoi qu'il en soit, il importe que ce mouvement soit tout au moins commencé et que le plus grand nombre de compagnies possible partent ce matin. Rendre compte de l’exécution. Dans tous les cas, le déplacement est à organiser au plus tôt, en ayant soin, dès que le jour viendra, de se fractionner en petits détachements, à grande distance.

Dans ces conditions, ce mouvement peut s’opérer avec des chances de sécurité. »

Le 3e bataillon du 149e R.I. arrive vers 16 h 00 à Dugny ; il ne semble pas aller cantonner à Landrecourt. Paul Portier évoque ce mouvement dans son témoignage :

« Les 6, 7 et 8 avril, nous restons en réserve dans le tunnel et le 9 à 16 h 00, nous revenons après relève par le 28e R.I., à Dugny où nous cantonnons. »

Les archives consultées ne permettent pas de connaître la répartition exacte des trois bataillons du 149e R.I. entre Landrecourt et Dugny.

Le 5e bataillon du 332e R.I. prend la suite du 5e bataillon du 323e R.I. dans la soirée du 9 avril.

Les mitrailleurs du 149e R.I., qui sont encore en position du côté de l’étang de Vaux-devant-Damloup, sont relevés vers 21 h 00. Ils sont les derniers du régiment à quitter la 1ère ligne.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  826/25.

J.M.O. du 24e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 599/5.

J.M.O. du 28e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5.

J.M.O. du 332e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 753/15.

J.M.O. du 323e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 750/2.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

La vue panoramique représentant l’étang de Vaux-devant-Damloup a été réalisée en 2012.

Le plan qui figure sur le montage est extrait de l’ouvrage « La bataille de Verdun expliquée sur le terrain et par les cartes » du colonel Marchal et du capitaine Forestier. Éditions H. Frémont  et fils.

Un grand merci à M. Bordes,  à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

23 janvier 2017

Ils sont allés mourir en terre meusienne.

                  Portraits_Verdun

Pour bon nombre des hommes disparus au cours de la Première Guerre mondiale, la tâche devient de plus en plus ardue pour essayer de reconstruire quelques bribes de leurs histoires à mesure que les années passent. Presque 100 ans après, la plupart du temps il ne subsiste plus qu’un nom, une date de naissance, une date de décès. Dans le meilleur des cas, quelques lignes inscrites sur une fiche signalétique et des services, viennent nous raconter une partie de leurs parcours militaires et nous donner quelques traits de leurs visages et puis c’est tout.

Feuilleter un livre d’or contenant des portraits reste toujours un moment émouvant.  

Les parcours individuels des trois hommes qui sont évoqués ici sont unis par quatre points communs. Outre le fait qu’ils furent tués tous les trois dans le secteur de Verdun, ils furent  également membres du personnel de la Blanchisserie et teinturerie de Thaon, aucun d’entre eux n’eut de sépulture individuelle et ils étaient tous au 149e R.I... 

Fernand Eugène Beuchot (1888-1916). 

Fernand Eugène Beuchot est né le 20 avril 1888 sur la commune du Val d’Ajol dans les Vosges. Il est le fils de Louis et de Marie Clotilde Valburgs Pillard. Il épouse une dénommée Marie Vagner.

Il est soldat au 149e R.I. lorsqu’il décède le 15 mars 1916 dans le secteur Vaux. 

Son acte de décès est enregistré le 28 août 1918 par décision du tribunal civil de première instance d’Épinal. 

Pas de sépulture connue. 

Henri Léon Ernst (1887-1916). 

Henri Léon Ernst est né le 20 mai 1887 sur la commune de Thaon dans les Vosges. Il est le fils d’Ignace et de Célestine Oberquefeld et l’époux de Marie Henriette Dubois.

Avant la mobilisation, il est domicilié sur la commune de Chavelot, et a travaillé comme ouvrier à la blanchisserie et Teinturerie de Thaon pendant 6 ans.

Il est sergent au 149e R.I. lorsqu’il décède le 2 avril 1916 dans le secteur Vaux. 

Son acte de décès est enregistré le 16 octobre 1918 par décision du tribunal civil de première instance d’Épinal.

Pas de sépulture connue.  

Marie Joseph Henri Dumont (1884-1916). 

Pour en savoir plus sur Marie Joseph Henri Dumont, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Henri_Dumont

Source :

Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon, morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris, Strasbourg.

Un grand merci à M. Bordes, A. Carobbi et à O. Gérardin.

20 janvier 2017

Firmin Doulcier (1895-1916).

Firmin_Doulcier

Aimé Doulcier et Ernestine Agnel demeurent à Laval, une petite commune située dans le département du Gard, lorsque leur fils Firmin voit le jour le 29 juin 1895. Nous ne savons rien de son enfance, si ce n’est qu’il sait lire et écrire lorsqu’il quitte l’école pour aller travailler à la compagnie des mines de la Grand’Combe.

Ce jeune homme est dans l’obligation d’abandonner sa tenue de mineur avant ses 21 ans, pour des raisons de guerre. En effet, sa classe se voit mobilisée bien plus tôt que prévu. Soldat de la classe 1915, Firmin Doulcier est incorporé en décembre 1914 par anticipation de 10 mois.

Le 19 décembre, il gagne la ville de Nice pour intégrer une des compagnies du 163e R.I., où il va pouvoir entreprendre une formation militaire accélérée.

Le 11 mars 1915, il est muté au 415e R.I., l’un des régiments n° 400 fraîchement créés dans chacune des régions militaires françaises ; ils sont composés principalement de soldats de la classe 1915. Il reste dans cette unité jusqu’au moment où il est blessé à la main, du côté de Perthe-les-Hurlus, le 25 septembre 1915.

Sa blessure est jugée suffisamment sérieuse pour qu’il soit envoyé vers l’arrière durant plusieurs mois.

De retour au dépôt, il fait  partie d’un renfort qui doit rejoindre le 149e R.I.. Le 18 mars 1916, il arrive à Verdun où le régiment est au repos à la caserne Bevaux, après avoir fait un premier passage en 1ère ligne quelques jours auparavant.

L’ancien soldat du 415e R.I. est affecté à la 7e compagnie du régiment. Cette compagnie doit bientôt remonter en 1ère ligne. Le 3 avril, elle est en réserve aux abris du ravin. Le lendemain, elle remplace, avec la 6e compagnie, les débris du 1er bataillon du régiment qui se trouvent près de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

Le 8 avril 1916, Firmin Doulcier est tué par un éclat d’obus seulement quelques heures avant que sa compagnie ne soit relevée.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

8_avril_1916

Son corps a pu bénéficier d'une vraie sépulture. Le soldat Doulcier repose actuellement dans la nécropole nationale de Fleury-devant-Douaumont. Sa sépulture porte le n° 8984.

Sepulture_Firmin_Doulcier

Louis Doulcier vivait, avant son incorporation, à Le Pradel. Il est resté célibataire.

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune gardoise de Laval, qui est devenue, depuis 1937, Laval-Pradel.

Le 11 mai 1920, le soldat Doulcier a été décoré à titre posthume de la Médaille militaire avec la citation suivante :

« Soldat dévoué, très brave au feu. Tombé glorieusement le 8 avril 1916, près du village de Vaux ».

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Sources :

Le portrait de Firmin Doulcier provient du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe. Livre d’or guerre 1914-1918. Morts et survivants 1924. Imprimerie parisienne, 111 rue du Mont Cenis, 18 »

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Gard, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes » et du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe.

La photographie de la sépulture de Firmin Doulcier a été réalisée par A. Cesarini.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Cesarini, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Gard.

13 janvier 2017

Paul Auguste Joseph Canaux (1881-1916).

Paul_Auguste_Joseph_Canaux

Natif du petit village Haut-Saônois de Broye-lès-Pesnes, Paul Auguste Joseph Canaux voit le jour le 27 novembre 1881. À sa naissance, son père, qui se prénomme Pierre Justin est un cultivateur âgé de 30 ans. Sa mère, Anne Isabelle Faivre, n’exerce pas de profession, elle est âgée de 28 ans.

Le jeune Canaux sait lire écrire et compter lorsqu’il quitte l’école de sa commune natale. Il n’aura pas la possibilité de poursuivre des études. Paul Auguste Joseph n’a donc pas le choix, il lui faut maintenant aller gagner les quelques sous qui vont lui permettre de subsister. Tout comme son père, c’est comme agriculteur qu’il va devoir travailler dans une des fermes locales de la région. Il exerce cette profession jusqu’au départ de la classe 1901 pour le régiment.

Le 15 novembre 1902, il quitte la Franche-Comté pour rejoindre les Vosges. Paul Joseph Canaux est incorporé comme soldat de 2e classe au 149e R.I., un régiment qui se trouve à Épinal. Le jeune homme est nommé caporal le 27 septembre 1903, sergent-fourrier le 22 septembre 1904 puis sergent le 26 septembre 1905. N’ayant nullement l’intention de revenir à la vie civile, il souhaite poursuivre sa carrière sous l’uniforme. Pour cela, il se voit dans l’obligation de souscrire une multitude de contrats de courtes durées.

Le 19 octobre 1905, il signe un premier renouvellement d’une durée d’un an qui prend effet à compter du 1er novembre 1905.

Paul Auguste Joseph Canaux occupe de nouveau le rôle de sergent-fourrier à partir du 26 mars 1906.

Un second contrat est signé le 26 octobre 1906, durant cette période, il exerce les fonctions de sergent à la 3e compagnie du régiment.

Un troisième contrat est entériné le 27 octobre 1908. Il peut coudre ses galons de sergent-major sur les manches de sa vareuse à compter du 21 janvier 1909.

Un quatrième contrat est validé le 19 septembre 1910 et un cinquième le 19 septembre 1912.

Hélas, le rythme de la vie de caserne de temps de paix ne va pas durer ! Un peu moins de deux ans plus tard, le premier grand conflit du 20e siècle débute.

Le sergent-major Canaux doit se rendre à la frontière avec son régiment, une unité qui fait partie des troupes de couverture. Sa compagnie sera la première à quitter la caserne Courcy.  

Il débute la campagne en étant sous les ordres du capitaine Crépet, l’officier qui commande la 2e compagnie du 149e R.I.. Rapidement nommé adjudant dans cette compagnie, Paul Auguste Joseph Canaux peut changer son képi de sous-officier à partir du 18 août 1914. Il occupe ensuite les fonctions d’adjudant de bataillon. Il n’assumera ce rôle que durant une très courte période, entre le 7 et le 24 septembre 1914 alors que son régiment combat dans le secteur du  village de Souain.

Comme pour beaucoup de régiments, les pertes en hommes et en officiers sont particulièrement élevées durant cette période de la guerre. Certainement très apprécié par ses supérieurs, l'adjudant Canaux est nommé sous-lieutenant à titre temporaire à partir du 25 septembre 1914. Il prend le commandement d’une section de la 4e compagnie. Le 23 octobre il est évacué pour maladie. Des problèmes de rhumatisme le font terriblement souffrir.

Ce n’est que le 13 juillet 1915 qu’il retrouve son régiment. A-t-il suivi un stage de formation d'officier durant cette période ? La réponse n’est pas connue. Cette information ne figure pas dans son dossier individuel au S.H.D. de Vincennes, encore moins sur sa fiche signalétique et des services.

À cette époque de l’année, le 149e R.I. se trouve dans un secteur particulièrement exposé du côté d’Aix-Noulette en Artois. Le sous-lieutenant Canaux est intégré à la 2e compagnie, une unité qu’il connaît bien. Mais combien reste-t-il d’hommes parmi ceux qui se souviennent de lui ? Le 16 août 1915, il prend le commandement de la 3e compagnie du régiment.

La guerre lui offre l’opportunité de progresser dans sa carrière. Il est nommé lieutenant à titre temporaire le 3 septembre 1915. Neuf jours plus tard, il prend la tête de la 10e compagnie, puis celle de la 6e compagnie à partir du 17 octobre 1915.

Le lieutenant-colonel Gothié rédige le texte suivant dans le feuillet de campagne du lieutenant Canaux :

« Revenu sur le front le 13 juillet 1915, a pris le commandement des 3e, 6e et 10e compagnies qu’il a remises sur pied après la disparition de leurs titulaires normaux. Très énergique, quelquefois même un peu dur, s’est montré en toutes circonstances très brillant au feu. »

Le 7 avril 1916, il est, par décision du général commandant en chef, nommé capitaine à titre temporaire. Sa compagnie occupe un secteur de 1ère ligne près de Verdun.

Il ne profitera pas très longtemps de cette nouvelle promotion, puisqu’il sera tué dès le lendemain dans le secteur de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

A-t-il su qu'il avait été nommé capitaine à titre temporaire la veille de sa mort ou était-il toujours lieutenant ? Impossible à dire à défaut de témoignage nous donnant l'information.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

8_avril_1916

Le commandant Magagnosc écrit la note dans le feuillet de campagne du capitaine Canaux :

« Tué le 8 avril 1916, en plein combat, à la digue de Vaux-devant-Damloup. C’était un homme de devoir dans toute l'acceptation du mot, d’une bravoure à toute épreuve, d’un sang-froid imperturbable. En un mot, un bon et brave officier. Il avait toute la confiance et l’estime complète de ses chefs. »

Le capitaine Canaux est un soldat qui s’est formé sur « le terrain ». Il n’est pas passé par les grandes écoles militaires. Il faut se souvenir que Paul Auguste Joseph Canaux a débuté sa vie professionnelle comme agriculteur lorsqu’il n’était encore qu’un jeune adolescent. C’est donc une carrière militaire bien remplie, qui se termine sur le front de Verdun.

Paul Auguste Joseph Canaux est, dans un premier temps, inhumé au cimetière militaire de Belleray par le personnel de l’ambulance n° 13 du 3e C.A..

Le sergent Camille Combet et le soldat de 1ère classe Louis Maillard sont les deux témoins qui confirment son décès.

Le corps de Paul Auguste Joseph Canaux a probablement été restitué à la famille, dans les années 20. Le lieu où il repose actuellement est, pour l’instant, inconnu.

Le nom du capitaine Canaux est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Gray en Haute-Saône.

Cet officier ne s'est pas marié.

Décoration obtenue :

Croix de guerre avec une palme et  une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 26 du 13 octobre 1915.

« A fait preuve de qualités solides de commandement en organisant devant Angres les 26, 27, 28 et 29 septembre 1915, dans des conditions difficiles, une position enlevée à l’ennemi et en y maintenant sa compagnie pendant  3 jours et trois nuits, sous des bombardements très violents. Officier très énergique. »

Citation à l’ordre de la IIe armée n° 180 du 25 mai 1916.

« Excellent commandant de compagnie, d’une énergie, d’un sang-froid, d’un courage à toute épreuve. A fait preuve du plus grand mépris du danger en assurant d’une façon parfaite, la conduite de son unité dans des circonstances très difficiles, pendant les opérations du 7 mars au 8 avril. A été tué d’un éclat d’obus le 8 avril 1916 dans les tranchées de 1ère ligne, qu’il tenait depuis six jours sous un bombardement continu des plus violent.»

Sources :

 Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La fiche signalétique et des services du capitaine Canaux à été vue sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

L’acte de naissance de cet officier à été lu sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

Une copie de l’acte de décès de Paul Auguste Joseph Canaux à été envoyé par la mairie de  Broye-Aubigney- Montseugny.

La photographie de groupe qui représente les sous-officiers du 149e R.I. qui se trouve sur le montage provient de l’album régimentaire de l’année 1911.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales des départements de la Haute-Marne et de la Haute-Saône et à la mairie de Broye-Aubigney- Montseugny. 

6 janvier 2017

8 avril 1916.

8_avril_1916

Les relèves des éléments de la 43e D.I. qui sont encore en 1ère ligne ont débuté dans la nuit du 7 au 8 avril.

C’est le 31e B.C.P. qui inaugure les premiers mouvements. Les déplacements sont particulièrement difficiles. Ils se réalisent dans un silence absolu, peu après minuit. Les chasseurs du commandant Clayeux sont remplacés par les soldats du 1er bataillon du 24e R.I.. Les 5e et 8e compagnies du 149e R.I. qui occupent le même secteur sont également relevées.

Carte_1_journee_du_8_avril_1916

Durant toute la journée, les deux artilleries vont poursuivre leurs tirs respectifs avec la même intensité que la veille. Les patrouilles françaises continuent leurs sorties. Certaines d’entre elles constatent l’ardeur du soldat allemand, qui travaille dur pour consolider ses positions, particulièrement au nord et au nord-est du fort de Vaux. L’ennemi place également plusieurs réseaux Brun devant les tranchées.

Le jet de grenades à fusil utilisé par le fantassin allemand, à l’ouest du fort de Vaux, augmente d’intensité.

Les deux dernières compagnies du 2e bataillon et le 3e bataillon du 149e R.I. s’apprêtent à passer leurs dernières heures en 1ère ligne et au fort de Vaux.

Pour les 6e et 7e compagnies, elles ne sont pas de tout repos !

On imagine mal la tension qui pouvait être celle de ces minutes qui semblent interminables, cette relève qui n'arrive jamais assez vite. Le pression est là, accentuée par les bombardements. Si on ne dispose que quelques détails pour deux officiers, ils sont déjà parlants.

À la 6e compagnie, le lieutenant Paul Canaux est tué par un éclat obus. À la 7e, c’est le sous-lieutenant Alfred Monnoury qui est violemment commotionné par l’explosion d’une torpille. Malgré ce traumatisme, cet officier ignore le danger en contribuant à découvrir, sous le feu, plusieurs de ses hommes qui viennent d’être ensevelis par les projectiles.

carte_2_journee_du_8_avril_1916

Le 2e bataillon du 24e R.I. se prépare à se rendre à la digue de l’étang de Vaux et aux avancées du village de Vaux-devant-Damloup, pour venir remplacer les 6e et 7e compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. dans la nuit du 8 au 9.

Trois hommes du 149e R.I. sont tués au cours de cette journée, 12 autres sont blessés.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  826/25.

J.M.O. du 24e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 599/5.

J.M.O. du 28e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5.

Le portrait du sous-lieutenant Alfred Mounoury qui peut se voir sur le montage provient d’une photographie de groupe qui fait partie du fond Paul Douchez consultable au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le dessin qui peut se voir sur le montage est extrait de l’ouvrage allemand « Die Tragődie von Verdun 1916 1 Teil » Reichsarchiv Band 13.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Un grand merci à M. Bordes,  à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

30 décembre 2016

Gustave Joseph Constant Joachim Juliard (1888-1918).

Gustave__Juliard

Gustave Joseph Constant Joachim Juliard est né le 7 septembre 1888, dans le petit village d’Orve, situé dans le département du Doubs. Il est le fils de Charles Joseph Arsène Juliard et de Marie Josette Mélitine Jacquot, un couple qui s’est marié à Orve le 13 juin 1886. Le père, qui travaille comme cultivateur, aura quatre enfants, deux filles et deux garçons, avec son épouse qui avait déjà eu une fille issue d’un premier mariage.

Gustave est le deuxième de la fratrie. Il quitte l’école après avoir appris à lire, écrire et compter, pour rejoindre le monde rural dans sa commune d’origine.

Gustave Juliard est inscrit, l’année de ses 21 ans, sous le numéro 45 du canton de Clerval pour la conscription de 1909. Il est classé dans la 2e partie de la liste, les médecins lui ayant diagnostiqué un goitre.

Le jeune homme va effectuer son temps de conscription dans l’artillerie. Le 8 octobre 1909, il doit se rendre à Besançon. C’est derrière une pièce de 75 du 4e R.A.C  qu’il va apprendre le métier de 2e canonnier servant.

Un ordre rédigé par le général commandant l’artillerie, datant du 18 novembre 1909, le classe au 9e régiment d’artillerie à pied. Trois jours plus tard, Gustave arrive à son nouveau corps pour y exercer de nouvelles fonctions. C’est comme canonnier ouvrier de 2e classe qu’il va poursuivre ses obligations militaires. Le 24 septembre 1911, le soldat Juliard est envoyé en disponibilité. Il peut retourner vivre et travailler dans son village natal avec son certificat de bonne conduite en main.

Rappelé à l’activité par suite de mobilisation générale, il arrive le 3 août 1914, au détachement de la 7e section de S.C.O.A. (Section de Commis et Ouvriers d'Administration) de Belfort. Le soldat Juliard est classé « service armé » par la commission de réforme de cette ville le 28 octobre 1914.

Le 15 janvier 1917, Gustave Juliard arrive à Chambéry pour intégrer le dépôt du 97e R.I.. L’ancien artilleur devient ainsi fantassin. Ce changement d'arme est peut-être dû à une punition. Mais c’est probablement son retour à un meilleur état de santé, redevenu compatible avec le service armé, qui l'amène à intégrer un régiment d’l'infanterie. Un territorial moins apte que lui, à certainement pris sa place dans la S.C.O.A. (service de l'arrière).  

Il arrive au 149e R.I. "aux Armées" le 20 mars 1917. Ce régiment se trouve, à cette période de l’année, dans un secteur calme au sud-est de Belfort, du côté de Friesen et d’Ueberstrass, deux communes qui se trouvent dans le département du Haut-Rhin.

Le 23 octobre 1917, Gustave Juliard est blessé au cours de la bataille de la Malmaison. La date de son retour dans le régiment n’est pas connue.

Quelques semaines avant l’arrêt des hostilités, il sert dans la 10e compagnie du régiment. Alors que ce dernier est engagé dans la bataille de Somme-Py, Gustave Juliard est très grièvement blessé à la tête. Il décède rapidement le 28 septembre 1918 à environ 4 km au nord de la voie ferrée entre Somme-Py et Maure.

Secteur_occupe_par_le_3e_bataillon_du_149_regiment_le_28_septembre_1918

Le sergent Eugène Nilhelm et le soldat Maurice Roulier seront les témoins de son décès.

Le soldat Juliard repose actuellement dans la nécropole nationale de Sommepy-Tahure. Sa sépulture individuelle porte le numéro 774.

Sepulture_Gustave_Juliard

Le nom de cet homme est inscrit sur le petit monument aux morts de la commune d’Orve. Gustave Juliard est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Sources :

La fiche signalétique et des services de Gustave Joseph Constant Joachim Juliard a été consultée sur le site des archives départementales du Doubs.

La copie de l’acte de décès de cet homme aété envoyée par la mairie d’Orve.

La carte, qui indique le lieu approximatif où se trouve le 3e bataillon du 149e R.I. le 28 septembre 1918,provient du site « Géoportail ».

Le portrait du soldat Juliard provient de la collection personnelle d’une de ses petites nièces.

La photographie de la sépulture de Gustave Juliard a été réalisée par N. Galichet.

La photographie du monument aux morts de la commune d’Orve a été réalisée par C. Coulet. Elle a été trouvée sur le site « MémorialGenWeb ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à C. Coulet à N. Galichet, aux archives départementales du Doubs  et à la mairie d’Orve.

 

23 décembre 2016

7 avril 1916.

7_avril_1916

Les positions occupées par les unités de la 43e D.I. restent identiques à celles de la veille au soir.

Le 1er B.C.P, qui a relevé la veille trois compagnies du 158e R.I., est installé aux abris du ravin. Les trois bataillons du 149e R.I. occupent toujours les emplacements du 6 avril.

Carte_1_journee_du_7_avril_1916

Les bombardements se poursuivent tout au long de la journée avec des échanges d’artilleries, toujours très intenses, sur le secteur qui nous intéresse.

De ce fait, cette journée montre bien l’absence de journée « calme » dans ce secteur à cette période. Quatre soldats du 149e R.I. sont  tués au cours de cette journée, 12 autres sont blessés.

Dans la soirée, le lieutenant-colonel Abbat est évacué vers l’arrière pour être ensuite transféré sur la ville de Lyon où il sera soigné par les médecins de l’hôpital militaire Desgenettes. Le commandant Magagnosc assure l'intérim du commandement en attendant la nomination d'un nouveau chef de corps.

Carte_2_journee_du_7_avril_1916

Les premiers mouvements de relèves des derniers éléments de la 43e D.I. qui sont encore en 1ère ligne vont commencer dans la nuit du 7 aux 8 avril.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 28e R.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

La photographie représentant le fort de Tavannes qui peut se voir sur le montage fait partie de la collection personnelle de N. Bauer.

Le portrait du lieutenant-colonel Émile Abbat est extrait du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l’illustration ».

Le fond utilisé pour la carte provient du J.M.O. du 28e R.I..

Le fond de carte utilisé pour le montage est extrait des ouvrages «  les Armées Françaises dans la Grande Guerre »  Tome IV Verdun et la Somme,  1er Volume, Carte n° 26.

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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