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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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verdun 1916
15 avril 2016

Paul Henri Durafour (1889-1916).

Paul DURAFOUR

Paul Henri Durafour voit le jour le 5 avril 1889 dans le petit village de Lélex situé dans le département de l’Ain. Son père se prénomme François Léonard. Il a 44 ans à la naissance de son fils. Facteur, c’est un homme qui est bien connu de tous dans la commune. Sa mère, Marie Suzanne Mallet, est une femme qui exerce le métier de cultivatrice. Elle est âgée de 41 ans.

Devenu adulte, Paul Henri est resté célibataire. Il pratique la profession de lapidaire. Il passe ses journées de travail à tailler des petites pierres fines et précieuses pour révéler leurs éclats et leurs couleurs tout en éliminant leurs défauts.

Ce jeune Lélerand est inscrit sous le numéro 10 du canton de Gex pour la conscription de 1910, année de ses 21 ans. Il est classé dans la 2e partie de la liste lors de son passage devant le conseil de révision. En raison d’une « musculature insuffisante », il se retrouve affecté au service auxiliaire et non au service armé.

Dispensé des exercices difficiles, il ne sera pas véritablement formé à la vie de fantassin. Il sera désigné pour effectuer une fonction administrative ou de service durant son service actif.

Paul Henri Durafour doit rejoindre la ville de Besançon pour accomplir ses devoirs de soldat au 60e R.I. au début du mois d’octobre 1910. Il arrive au régiment le 5 du mois.

Un peu moins de deux ans plus tard, c’est le retour au pays. Il est envoyé en disponibilité avec son certificat de bonne conduite en poche le 27 septembre 1912, puis versé dans la réserve de l’armée active trois jours plus tard.

Lorsque le conflit contre l’Allemagne commence en été 1914, Paul Henri Durafour est bien évidemment rappelé à l’activité militaire. Toujours soldat au service auxiliaire, il n’est pas envoyé dans une unité qui doit partir dans la zone des armées. Appartenant à la 24e section d’infirmiers militaires, il doit rejoindre un poste à l’hôpital de Gray.

Après les hécatombes dans les troupes d’août 1914, l’armée française a besoin d’hommes. La décision est prise de réexaminer la santé de tous les hommes du service auxiliaire… Le 10 novembre 1914, la commission de réforme spéciale de Gray doit statuer sur le sort du soldat Durafour. Comme beaucoup de ses camarades, il se retrouve classé dans le service armé. Paul Henri Durafour va devoir intégrer une unité combattante. 

Le soldat Durafour passe au 149e R.I. le 3 août 1915. Ce régiment combat en Artois, près d’Aix-Noulette, depuis la fin du mois de décembre 1914. Il restera dans ce secteur jusqu’en janvier 1916.

À cette période, le nom de Paul Henri Durafour figure sur la liste du registre des effectifs de la 2e compagnie du 149e R.I.. Au cours de l’hiver 1916, le régiment est engagé dans la bataille de Verdun. Le soldat Durafour ne va pas survivre à cette épreuve. Les circonstances et la date de son décès vont rester un peu floues durant plusieurs années.

En consultant la fiche personnelle de ce soldat sur le site « mémoire des hommes », nous pouvons remarquer une rature et un changement de date concernant sa mort. Celle-ci a été enregistrée une première fois au 23 mars 1916 puis remplacée par celle du 9 mars.

Qu'est-ce qui a pu justifier un tel changement ? L’écart entre les deux dates est tout de même de 19 jours !

Le 5 octobre 1921, cinq ans après sa disparition, le tribunal de Gex valide officiellement son décès à la date du 9 mars.

Comment faire la part des choses pour essayer de comprendre ce qui s’est réellement passé, à défaut de pouvoir consulter son dossier de jugement qui se trouve aux archives départementales de l’Ain ?

La première date figurant sur sa fiche M.D.H. pourrait bien être celle de sa disparition ; moment où le soldat Durafour aurait pu quitter la ligne de front pour tenter de rejoindre le poste de secours après avoir été blessé. L’autre date pourrait correspondre à celle de la découverte de son cadavre reconnu grâce à la lecture de sa plaque d’identité, ou d’un papier comportant une indication sur son identité.

Mais tout ceci ne reste bien évidemment qu’une hypothèse puisqu’il m’est impossible de la vérifier pour l’instant. Seule la lecture du dossier de jugement pourrait nous apporter un éclaircissement.

Le soldat Durafour est actuellement inhumé dans le cimetière national français meusien de Belleray. Sa sépulture porte le numéro 380.

Paul Henri Durafour

Son frère aîné, Sylvain Camille a également été tué dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup. Il servait au 158e R.I., régiment frère de division du 149e R.I., lorsqu’il trouve la mort le 2 avril 1916. Avait-il vu son frère pendant la période qui précède leurs arrivées à Verdun ? A-t-il été informé de la disparition de son frère ? Vu les contacts qui existaient entre les unités proches, c’est hélas fort probable !

Le nom et les prénoms de ces deux hommes ont été gravés sur la plaque commémorative qui est fixée sur le mur de la mairie de Lélex.

Sources :

Le portrait de Paul Henri Durafour provient du site « MémorialGenWeb ».

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de l’Ain, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes » et du site « MémorialGenWeb ».

La photographie de la sépulture de Paul Henri Durafour à été réalisée par F. Radet.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à F. Radet, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département de l’Ain. 

1 avril 2016

Souvenirs de la bataille de Verdun de Paul Portier (1ère partie).

Temoignage Paul Portier

Je me propose de retranscrire ici la partie du témoignage de Paul Portier consacrée à Verdun.

Je n’ai en ma possession que le volume dédié à l’année 1916. Je doute que son auteur se soit contenté de coucher sur le papier cette seule année de sa guerre.

Quoi qu’il en soit, le soin apporté à son travail montre toute l’importance et le poids qu’eurent pour lui ce conflit.

En mars 1916, le 149e R.I. va être engagé dans le secteur du fort de Vaux. Voici ce que cet homme raconte :

« Précipitamment, le 25 février 1916, nous faisons mouvement sur Auxi-le-Château où nous devons embarquer. Le temps est maussade et bientôt il neige. Nous ne connaissons rien sur la destination, mais celle-ci, d’après les bruits qui circulent, serait assez lointaine.

Le 26 février à 4 h 00, nous terminons les préparatifs d’embarquement et le train quitte la gare peu après. Le froid est devenu plus rigoureux et notre voyage devient, de ce fait, plus pénible. Enfin, le 27 à 8 h 00, nous débarquons dans la Marne à Saint-Eulien.

Carte_1_temoignage_Paul_Portier

Sans perdre de temps, nous nous mettons en marche pour Haironville, par la forêt des 3 Fontaines, Chancenay et Saudrupt. Nous cantonnons aux Forges d’Haironville.

Le 28 à 8 h 00, nous reprenons notre marche pour aller cantonner à Combles le 1er mars à Seigneulles.

Nous savons maintenant que les Allemands ont déclenché, sur Verdun, une attaque formidable et que notre corps d’armée est destiné à prendre contact assez rapidement. Nous restons en attente à Seigneulles jusqu’au 6 mars à 7 h 00, puis nous embarquons en autos pour nous rendre près de Verdun.

Le débarquement s’effectue sur la grande route, entre le fort du Regret et Verdun. Le régiment cantonne à Haudainville (E.M., C.H.R., 1er bataillon et 1ère C.M.R.) et dans les péniches amarrées sur le canal de l’est (2e et 3e bataillons et 2e et 3e C.M.R.).

Le 7 mars, conformément aux ordres reçus, la 85e brigade se porte, dans la soirée, en réserve de secteur, dans la zone « bois des Hospices et haie Houry ». Des emplacements de bivouac ont été retenus dans le bois des Hospices pour les unités du 149e R.I. qui s’y rendent dès 16 h 30. Elles empruntent la route d’Haudainville à Verdun, jusqu’au carrefour 800 m est des casernes Bevaux ; elles suivent ensuite les cotes 218 et 222, le cabaret ferme et la ferme Bellevue. Il fait très froid.

L’artillerie allemande déverse sur tout le secteur un déluge d’acier. Nous sentons que des heures douloureuses nous attendent. Les bruits qui circulent ne sont d’ailleurs guère de nature à relever le moral. Nous sommes las d’une attente prolongée où chaque minute ajoute encore à l’angoisse. Nous préférons, pour la plupart, entrer au plus vite dans cette danse macabre d’où, peut-être, nous ne reviendrons pas.

Malgré un barrage intense de l’artillerie lourde ennemie, sur la route et aux abords de la ferme Bellevue, nous parvenons sans trop de dégâts sur nos emplacements. Il n’existe ici aucun abri contre le bombardement qui continue d’être très violent.

Une certaine confusion semble régner et les ordres qui nous parviennent le reflètent bien. Il faut s’organiser. L’heure est grave et décisive. Les Allemands sont dans les parages du village de Vaux. Douaumont est tombé. L’artillerie qui fait rage risque de couper, ou, tout du moins, de rendre difficile les relations avec l’arrière.

En hâte, nous nous mettons au travail et nous creusons quelques tranchées sur nos emplacements.

Le 8 mars, le bombardement qui, le matin, avait quelque peu perdu de son intensité redouble dans la soirée.

Dans la nuit du 8 au 9, le 149e R.I. doit relever la 26e brigade sur les positions qu’elle occupe dans le secteur. En conséquence, dès 16 h 00, nous nous portons au bois de l’Hôpital, par la route Bellevue - fort de Souville.

Un avion allemand suit nos mouvements pour régler le tir de son artillerie. Nos pertes sont lourdes et nous sommes déprimés. Quel tableau d’horreur ! Des morts de tous les côtés, des blessés qui gémissent sans secours et les obus qui tombent toujours. Des sections sont complètement fauchées, quelle affreuse journée !

Au bois de l’Hôpital, un contre-ordre nous arrive. Les mouvements de relève sont suspendus. Nous devons rester à la disposition de la 26e brigade qui doit contre-attaquer sur Vaux-Douaumont. Nous restons toute la nuit en attente dans le bois. Ce n’est que le 9, vers 4 h 00, que nous nous mettons en marche dans la direction du fort de Souville. La route qui y conduit est très violemment bombardée. Les Allemands tirent des obus lacrymogènes, ce qui nous incommode très sérieusement.

À 5 h 00, nous sommes au fort de Souville dont l’entrée et les abords sont écrasés sous les obus. Nous reprenons haleine à l’abri sous les voûtes du fort, tandis qu’au-dehors, grondent sans cesse les pièces des batteries en position à proximité.

Nous attendons des ordres et de plus en plus nous devenons fiévreux. Nos nerfs sont tendus ; néanmoins, la journée s’achève dans les casemates du fort, au milieu des blessés. Nous devons monter au village de Vaux dans la nuit.

Le 10 mars, vers 3 h 00, nous quittons le fort et nous nous dirigeons par la route dans la direction du village de Vaux. La route n’est pas trop battue par l’artillerie, sauf au bois Chapitre et vers la voie ferrée où nous sommes accueillis par des rafales. Nous arrivons à Vaux en plein jour. Une mitrailleuse allemande balaye la route et il nous faut passer un à un en courant.

Carte 2 temoignage Paul Portier

Legende carte 2 temoignage Paul Portier

Nous nous arrêtons dans une maison en partie détruite où se trouvait installé le poste téléphonique de liaison. Les deux téléphonistes tués sont là, figés dans l’attitude où la mort les a surpris.

La première section place, dans un trou d’obus, à droite de la route et au sud du village, ses deux pièces. La 2e section met ses pièces en batterie, à droite de la route et à l’ouest de Vaux. Les 3e et 4e sections se tiennent en réserve dans une maison.

Le marmitage devient de plus en plus violent. Les pentes et le plateau de Vaux sont harcelés. Il faut s’attendre à une attaque à bref délai.

En effet, à la tombée de la nuit, elle se déclenche sur le plateau de Vaux. Elle cherche à nous déborder à notre droite. Nos pièces, qui étaient en batterie, ouvrent immédiatement un feu violent pendant que les deux sections de réserve viennent se joindre à nous.

L’artillerie française effectue un tir de barrage. Il est précis et dense, il décime les vagues d’assaut ennemies. Ajoutant encore au carnage, les artilleurs allemands tirent trop court. Ils massacrent leurs propres troupes.

À 20 h 00, la 4e section et une pièce de la 3e vont relever, à la barricade établie au milieu du village, les mitrailleurs du 409e R.I..

Pendant la nuit du 10 au 11, les Allemands lancent plusieurs attaques en essayant de progresser dans le village. Nous les repoussons vigoureusement, à la grenade et à la mitrailleuse.

Au cours d’une de ces attaques, l’ennemi a mis le feu à une maison à 40 mètres en avant de la barricade. À l’intérieur, des blessés français du 409e R.I., je crois non évacués, s’y trouvaient encore.

Quelques-uns ont pu rentrer dans nos lignes. Nous entendrons, pendant le restant de la nuit, les appels et les gémissements de ceux qui n’ont pu, en raison de leurs blessures, se traîner jusqu’à nous.

Le 11, à 2 h 00, les 1ère et 2e sections sont relevées par la C.M.B. du 158e R.I.. Elles se rendent en réserve au fort de Souville. Pendant la journée, les Allemands continuent de bombarder la région de Vaux.

Nous devons à notre tour être relevés dans la nuit du 11 au 12 par le 158e R.I.. Mais la compagnie de relève, en arrivant à Vaux, subit des pertes tellement lourdes qu’elle est obligée de se reconstituer, ce qui retarde d’autant cette relève.

Enfin, le 12 à 4 h 00, nous nous établissons dans les ébauches de tranchées et d’abris au bois des Hospices. Nous nous mettons immédiatement au travail pour améliorer ces positions. Les 1ère et 2e sections viennent dans la matinée se joindre à nous.

La journée du 12 s’écoule assez calme ainsi que celles allant du 13 au 16 mars. Quelques obus tombent de temps en temps dans nos parages. En ligne, le bombardement continue avec autant d’intensité.

Le 17 au matin, nous descendons aux casernes Bevaux où nous devons prendre quelques jours de repos dont nous avons d’ailleurs bien besoin.

Le 26 mars, le régiment se rend dans la région de Dugny et du fort de Landrécourt… »

Une seconde information trouvée sur l’acte de décès de Joseph Poulet nous apprend que Paul Portier appartient à la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I..

Cette compagnie de mitrailleuses accompagne les 1ère et 4e compagnies du bataillon Magagnosc qui ont été engagées dans les attaques du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus les déplacements et les positions occupées par ces éléments du 149e R.I. durant les journées évoquées dans le témoignage de Paul Portier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Vaux-devant-Damloup 2

Sources :

Témoignage de Paul Portier, soldat du 149e R.I., inédit, collection personnelle.

La roulante qui se trouve sur le montage fait partie de la collection du musée du fort de Seclin.

Pour en savoir plus sur le musée du fort de Seclin, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Fort_de_Seclin

Site « Mémoire des Hommes ».

Copie de l’acte de décès de Joseph Poulet.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à la famille Boniface, au musée du fort de Seclin et à la mairie de Vienne, sans qui l’auteur de ce témoignage n’aurait pas pu être identifié.

25 mars 2016

Souvenirs de guerre d’un soldat du 149e R.I..

Montage 1

J’ai, entre les mains, un témoignage réalisé par un soldat du 149e R.I.. Le texte qui est accompagné de cartes et de quelques photographies est tapé à la machine à écrire. Le tout est relié de manière artisanale, ce qui donne un bel ensemble.

Hélas, après lecture du document, le nom de son l’auteur reste inconnu ; à aucun moment, il n’apparaît dans les souvenirs de ce soldat. Il est simplement écrit que l’écrivain fait partie d’une compagnie de mitrailleuses du régiment, ce qui reste quelque peu frustrant !

Cependant, en y regardant de plus près, une information capitale va permettre indirectement d’identifier cet homme.

Dans son écrit figure le passage suivant :

« Dans la nuit du 4 au 5 avril, avec mon ami Poulet et mon camarade Canque, nous décidons d’aller chercher de l’eau…

… un obus tombe près de nous sur le bord du parapet. Je suis à demi enterré et mon ami Poulet s’effondre près de moi, frappé à mort. Dans mes bras, il rend le dernier soupir, un gros éclat lui a fait dans le dos une blessure béante… »

Le nom du soldat Poulet figure bien dans la liste nominative des officiers et des hommes de troupe, morts pour la France, qui se trouve dans l’historique du 149e R.I.. Pour en savoir plus, il suffit maintenant d’aller consulter le site « mémoire des hommes » pour lire la fiche de ce soldat.

Fiche_Joseph_Poulet

Après avoir fait une demande écrite, la mairie de Vienne a eu l’amabilité de me faire parvenir une photocopie de l’acte de décès de Joseph Poulet.

Cet acte nous donne les noms des deux témoins qui ont permis de valider officiellement la mort de cet homme.

Les_t_moins

À partir de ce document, nous pouvons maintenant savoir avec certitude que l’auteur du témoignage s’appelle Paul Portier !

Une fois son nom trouvé, il devient tout à fait possible de construire une petite notice biographique à son sujet.

Sources

Témoignage de Paul Portier, soldat du 149e R.I., inédit, collection personnelle.

Site « Mémoire des Hommes ».

Copie de l’acte de décès de Joseph Poulet.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie de Vienne sans qui l’auteur de ce témoignage n’aurait pas pu être identifié.

 

10 mars 2016

Le destin du sous-lieutenant Maurice Gaudin à l’ambulance 2/21, c’était il y a tout juste 100 ans…

Maurice Gaudin 2

Dans la soirée du 6 mars 1916, le sous-lieutenant Gaudin est installé à Haudainville au sud-ouest de Verdun avec les hommes de la 2e compagnie du 149e R.I.. L’ensemble du régiment a quitté Seigneulles le matin même à bord de camions pour être acheminé à Regret, tout près de la citadelle.

Le 7 mars, les Allemands lancent une attaque entre le fort de Douaumont et l’étang de Vaux. Certains régiments français qui occupent ce secteur sont mis en difficultés. Plusieurs éléments de la 43e D.I. sont sollicités pour rejoindre la zone des combats. Le 149e R.I. en fait partie.

Le régiment du lieutenant-colonel Abbat s’attend à tout moment à être sollicité en cas de besoin.

Dans la nuit du 7 au 8, la 2e compagnie du 149e R.I. est établie avec le reste du bataillon dans le bois des Hospices.

L’artillerie allemande, qui avait ralenti sa cadence de tir durant la nuit, harcèle à nouveau le secteur à la pointe du jour. Le bois des Hospices n’est pas épargné. De nombreux obus tombent sur le terrain occupé par les 1ère, 2e, 3e et 4e compagnies du commandant Magagnosc.

Cette situation n’empêche absolument pas le sous-lieutenant Maurice Gaudin de rédiger une petite carte adressée à son beau-père, Jules Dubois, qui se faisait appeler « père » par ses gendres.

8 mars 1916,

Mon cher père,

C’est formidable, quelle fournaise ! C’est à n’en pas sortir. Cependant, ne vous chagrinez pas, j’aurai peut-être encore de la veine. Je vais bien et vous embrasse bien fort. Votre fils, M. Gaudin.

Voilà un message que se veut rassurant !

Portrait dessin Maurice Gaudin

Vers 16 h 00, le commandant Magagnosc donne les directives à suivre à certains de ses officiers. Le sous-lieutenant Gaudin, qui vient tout juste de le quitter, est blessé par un obus allemand qui explose à proximité. Ce projectile fait beaucoup de dégâts !

Le sous-lieutenant Baverey est tué sur le coup. Le sous-lieutenant Brosse, qui est très grièvement blessé, décède rapidement au cours de son transport. Le sous-lieutenant Gaudin est également touché, il est lui aussi évacué vers l’arrière. Ses blessures sont très sérieuses, mais le médecin aide-major du 1er bataillon du 149e R.I. a fait savoir que sa vie n’était pas en danger. Les hommes sont rassurés sur son sort.

Peu après ces évènements, les compagnies du 1er bataillon sont scindées en deux. Les 2e et 3e compagnies s’installent dans le secteur sud de la batterie de l’Hôpital. Les 1ère et 4e compagnies prennent la direction du village de Vaux-devant-Damloup.

Le sous-lieutenant Jacques Rousset est le premier à donner des nouvelles à la famille Gaudin. C’est un ami proche. Il écrit au beau-père de Maurice pour lui faire savoir que son gendre a été touché par un éclat d’obus, mais que ce n’est pas grave. À partir des informations qui sont en sa possession, il rédige une petite carte alors qu’il est lui-même très exposé dans le petit village de Vaux-devant-Damloup.

« Je viens vous apprendre que votre fils Maurice a été blessé hier. Je crois qu’il a été atteint au bras par un éclat d’obus. Il a été soigné et évacué de suite. Blessure sans gravité. Il a dû vous prévenir avant moi. Excusez cette carte négligée, mais je vous écris pendant le combat et je confie ce mot au commandant de Longeaux, blessé au genou et qui est évacué ce soir.

Embrassez, je vous prie, Maurice pour moi en lui transmettant tous mes vœux de longue convalescence. Mes sympathiques respects. Jacques Rousset 1ère compagnie du 149e R.I..

Le sous-lieutenant Rousset se veut rassurant. Il n’a pas eu de nouvelles récentes de son camarade. Sa compagnie a quitté le bois des Hospices pour se rendre sur les lieux des combats peu de temps après que l’obus allemand ait tué et blessé les trois officiers du bataillon.

Le médecin du bataillon envoie également une lettre au beau-père du sous-lieutenant Gaudin

9 mars 1916

Monsieur,

Je viens vous attrister en vous rassurant toutefois. Monsieur Gaudin, que j’ai eu à soigner hier, a été blessé, fracture du bras et blessure dans le dos, à droite, à la base du thorax. Blessures toutes les deux douloureuses et demandant des soins bien assidus.

Depuis quatre mois que je connais Monsieur Gaudin, nous nous étions liés d’une bonne et franche camaraderie. Il est de ces natures avec qui on doit sympathiser. Je souhaite que Madame Gaudin ne soit pas trop impressionnée.

Docteur Vidaud de Pomerail médecin aide-major du 1er bataillon du 149e R.I.

À la lecture de ces correspondances, les blessures de Maurice Gaudin sont considérées comme étant très sérieuses, mais personne ne semblait imaginé un seul instant que l’une d’entre elles allait être mortelle.

Revenu des premières lignes, tout le monde s’attend à avoir des informations rassurantes à son sujet.

Ce sera certainement, pour quelques-uns de ses amis et proches collaborateurs, une grande stupéfaction que d’apprendre la mort de leur camarade. Plusieurs d’entre eux se rendent au cimetière de l’ambulance qui a été créé derrière la caserne Bévaux pour lui rendre un dernier hommage.

Les courriers affluent vers la famille. Parmi les officiers qui ont pris le temps d’écrire figurent le commandant Magagnosc, le lieutenant-colonel Abbat et le commandant de Longeaux.

Lettres à la famille Gaudin

Dans sa lettre de condoléances adressée à l’épouse du lieutenant Gaudin, le commandant Magagnosc raconte les circonstances de la blessure de son officier subalterne.

Le 20 mars 1916

Madame,

Je ne m’attendais certes pas, il y a cinq jours, en vous écrivant que votre mari avait été blessé, avoir aujourd’hui le pénible devoir de vous adresser mes condoléances émues et respectueuses.

La nouvelle de sa mort, en arrivant à Verdun (parc des fourrages, caserne Bévaux), le 16, nous a tous plongés dans une consternation profonde.

À peine étions-nous arrivés au cantonnement qu’un officier vient nous dire que Monsieur Gaudin est enterré au cimetière militaire à quelques pas de la caserne ! Nous ne voulions pas croire à la possibilité d’une telle catastrophe. Mais la vérité n’était que trop évidente, hélas !

Votre cher et regretté mari est mort des suites de ses blessures, reçues le 8, dans le bois des hospices (près du fort de Souville, nord-est de Verdun).

Il venait de me quitter à l’instant pour porter un ordre. Un obus éclata qui tua 2 officiers. (Messieurs Baverey et Brosse) et blessa votre mari.

Le docteur Vidaud de Pomerail, médecin du 1er bataillon, blessé lui-même grièvement dans la journée du 14, s’empresse aussitôt auprès de votre mari, qu’il nous dit blessé très sérieusement, mais pas en danger de mort, croyait-il.

La providence en avait décidé autrement, hélas. Évacué dans une ambulance automobile aussitôt, il a dû mourir peu de temps après et en arrivant à Verdun, il a été enterré.

C’est une consolation relative de savoir qu’il repose dans une sépulture convenable et que vous retrouverez sa tombe facilement après la guerre. Il vous sera possible de le faire exhumer.

Nous sommes allés hier déposer sur sa tombe de modestes couronnes de verdure à défaut d’autres. J’ai dit, devant les officiers et les soldats qui aimaient tant Monsieur Gaudin, tout le bien que je pensais de lui !

Veuillez croire, Madame, à toute la part que je prends de votre deuil et agréer ainsi que Mademoiselle votre fille et votre famille, l’hommage de mes condoléances les plus respectueuses.

Magagnosc

Le commandant du 149e R.I. rédige au beau-père de Monsieur Gaudin une lettre où il est question de fanions de compagnie.

Le 26 mars 1916

Le lieutenant-colonel Abbat commandant le 149e R.I. à Monsieur Jules Dubois, 19 rue du Paradis, Paris.

Monsieur,

J’ai le regret de vous confirmer la mort du sous-lieutenant Gaudin, décédé à Verdun des suites de ses blessures qu’il avait reçues le 8 mars, au bois des Hospices. Je me fais l’interprète de tous les officiers du régiment, en vous exprimant mes sympathiques condoléances et en vous disant quels regrets nous laisse la mort de ce si charmant camarade.

Gaudin a été frappé de plusieurs éclats d’obus, à son poste de combat, alors que son bataillon était soumis à un bombardement des plus sévères de l’artillerie lourde allemande.

Nous ne le croyions que blessé. Quelle n’a pas été notre douleur, en descendant il y a quelques jours des premières lignes, d’apprendre que la mort aveugle avait fait son œuvre.

Maurice Gaudin a été inhumé dans le cimetière militaire situé derrière les casernes Bévaux à Verdun.

Nous avons fleuri sa tombe en allant l’autre jour faire, à ce regretté camarade, une pieuse visite.

Pour vous donner, Monsieur, une idée de l’estime en laquelle nous tenions Gaudin, je ne saurais mieux faire que vous envoyez les mots que me donnait sur lui son chef de bataillon.

Puissent ces quelques lignes adoucir la douleur de ses proches.

Personnellement, j’avais contracté une dette vis-à-vis du sous-lieutenant Gaudin qui avait bien voulu faire confectionner pour moi deux fanions de compagnie en soie, que je désirais offrir à deux de mes compagnies décorées de la croix de guerre. J’avais souvent demandé à Monsieur Gaudin de bien vouloir me dire combien je lui devais. Il ne put jamais me renseigner.

Je ne reste pas moins débiteur, envers la famille de Monsieur Gaudin, d’une certaine somme que je vous serais profondément reconnaissant de me faire connaître pour me permettre d’acquitter cette dette.

Veuillez agréer Monsieur, avec toutes mes sympathiques condoléances, l’assurance de toute ma considération.

Lieutenant-colonel Abbat

Le commandant de Longeaux a été évacué vers l’arrière à Chalon-sur-Sâone pour y être soigné de sa blessure. De son lit d’hôpital il écrit une lettre adressée à l’épouse du sous-lieutenant Gaudin.

Famille Gaudin

Madame,

Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous. Mais j’ai passé trois mois en contact presque constant avec votre mari. J’ai été témoin des sentiments qui dominaient toute sa vie. Son sentiment du devoir et sa tendresse pour les siens, pour vous surtout, pour sa petite Mathilde et pour son beau-père.

C’est une bien belle chose que le dévouement sciemment consenti jusqu’à la mort, et je ne l’ai jamais vu plus beau que chez votre mari.

Je lui ai dit une fois : «  Vous avez d’autant plus de mérite à bien faire votre service qu’après tout, ce n’est pas votre métier, comme à d’autres. »  Il m’a répondu : « Mon commandant, ce n’est pas mon métier, mais c’est mon devoir. »  Je n’ai rien répliqué parce que j’étais trop rempli d’admiration.

Votre mari était, non seulement un excellent officier, mais encore un parfait camarade. D’un dévouement inlassable, toujours prêt à faire ce que d’autres considéreraient comme une corvée. Ainsi, il était adoré de tous.

Si quelquefois, par suite de mon mauvais caractère et de mes exigences tatillonnes, je l’ai un peu bousculé, il sait bien maintenant qu’il est près du dieu des braves que tout de même je l’aimais et même l’admirais de tout mon cœur.

Veuillez, Madame, dire mes respects à Monsieur Gaudin, embrasser pour moi la petite Mathilde et agréer pour vous Madame, l’hommage de ma profonde et très respectueuse compassion.

A. de Longeaux  le 2 avril 1916 Hôpital temporaire n° 6 Chalon-sur-Saône

Quelques semaines avant son décès, le sous-lieutenant Gaudin avait eu un mauvais présage concernant son avenir. Le 19 février 1916, sa compagnie se trouvait au repos à Le Boisle. Il  trouve un moment pour rédiger ses dernières volontés sur une modeste feuille de papier.

J’autorise Monsieur Jacques Rousset, sous-lieutenant au 149e R.I., en cas de décès de ma part, à prendre possession de mes cantines, à distribuer mes tenues ordinaires et à ne renvoyer que le linge, photos, etc.

Prière d’envoyer si possible chez moi, mon casque et mon sabre.

Demande de s’occuper de ma sépulture, et de faire faire une marque, soit en fer ou pierre pour faciliter les recherches.

Ne prévenir que Monsieur Jules Dubois, 19 rue du Paradis à Paris.

J’autorise Jacques Rousset à conserver tout ce qui lui plaira dans les objets m’appartenant.

Donnons le « mot de la fin » au sous-lieutenant Jacques Rousset, l’ami fraternel de Maurice Gaudin.

Le 17 mars 1916

Monsieur,

Les larmes me montent aux yeux en vous écrivant. En redescendant des tranchées, je viens d’apprendre la mort de mon pauvre ami Maurice, décédé de ses blessures le 9 mars 1916. Le coup me fut très pénible, car nous nous aimions comme deux frères. Notre cher disparu avait de sombres pressentiments et avant de partir, il m’avait confié ses dernières volontés. Les circonstances m’ont empêché de les exécuter à la lettre, mais voici ce que l’on a pu faire. Notre cher Maurice est enterré au cimetière de Verdun sous le numéro 130.

Nous faisons aujourd’hui orner sa tombe et y déposer une couronne. En plus du numéro 130, une plaque de zinc porte gravée son identité. De plus, je vais faire mettre, tantôt, une inscription à la peinture à l’huile.

Si vous désirez avoir des renseignements sur ces derniers moments ainsi que sur ses affaires et papiers personnels, vous pouvez écrire à Monsieur l’officier gestionnaire de l’ambulance 1/21 secteur 117. Je vais personnellement, conformément à ses volontés, vous faire envoyer ses cantines et son sabre.

Tout supérieurs, camarades et inférieurs, regrettons sincèrement Maurice, qui était si bon, si brave, si dévoué. Je l’aimais, je vous l’ai dit, comme un frère et je le pleure comme tel.

Laissez-moi, je vous prie, prendre une large part à votre grande douleur.

J. Rousset, sous-lieutenant, 1ère compagnie secteur 116.

Le 149e R.I. quittera le département de la Meuse le 15 avril 1916, laissant derrière lui de très nombreux hommes parmi lesquels figure le sous-lieutenant Maurice Gaudin.

Pour en savoir plus sur la vie du sous-lieutenant Maurice Gaudin, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Du 152e R

Sources :

Les photographies et les lettres proviennent toutes de la collection personnelle de l’arrière-petite-fille du sous-lieutenant Maurice Gaudin.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

Un grand merci à M. Bordes, à A.C. Mazingue-Desailly, à A. Carobbi et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

4 mars 2016

André Marius Callot (1895-1974).

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André Marius Callot voit le jour le 21 octobre 1895 dans la maison familiale de ses parents. Il est né dans la petite commune d’Amoncourt située dans le département de la Haute-Saône. Son père se prénomme Firmin Eugène. C’est un homme âgé de 28 ans, qui travaille comme ouvrier papetier. Sa mère, Marie Léa Huguenot, est une femme tout juste âgée de 17 ans.

Très jeune, André apprend le métier de mécanicien-ajusteur. Peu de temps avant le début du conflit contre l’Allemagne, en août 1914, il exerce son métier dans une petite entreprise de Saint-Denis. Cet établissement est implanté au 17 impasse des moulins-Gémeaux.

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Jeune homme de la classe 1915 de la subdivision du 1er bureau du département de la Seine, André est déclaré bon pour le service par le conseil de révision.

Il quitte la région parisienne pour rejoindre le dépôt du 149e R.I. à Épinal le 20 décembre 1914. Le futur soldat doit être formé aux maniements des armes et aux divers exercices qui agrémentent la vie du fantassin,pour rejoindre le plus rapidement possible le front après sa formation accélérée.

Il est difficile de déterminer la date de son arrivée au régiment en première ligne. Une grande partie de la classe 1915 est passée au 9e bataillon dans la zone des armées pour parfaire son instruction. On peut estimer son arrivée probable au front en juin ou juillet 1915 et supposer qu’à partir de cette date, il participera à l’ensemble des engagements du 149e R.I. jusqu’à sa blessure à Verdun le 8 mars 1916.

Ce jour-là, deux éclats d’obus viennent se figer dans sa chair, un dans la main droite, l’autre dans le genou gauche. Suite à cet événement, c’est bien évidemment l’évacuation vers l’arrière. Le soldat Callot est soigné dans un hôpital de Vichy.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de la journée du 8 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

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Après avoir été pris en charge par les médecins et après avoir fait un séjour du 30 avril au 14 juillet 1916 au dépôt, André Callot se retrouve muté au 312e R.I.. D’importants problèmes de santé le feront évacuer pour maladie du 25 octobre au 15 novembre 1916.

L’homme est de retour au 312e R.I. quelques semaines avant l’hiver. Le 21 janvier 1917, André Callot apprend que son régiment va être dissous et qu’il va être muté au 416e R.I.. Le soldat Callot arrive le lendemain dans sa nouvelle unité avec un renfort de 600 hommes commandés par 6 officiers.

Le 3 mars 1917, il se fait une grave entorse à la cheville gauche. Cette lésion traumatique nécessite une nouvelle évacuation vers l’arrière. André Callot est envoyé dans un hôpital de Querqueville pour de longues semaines.

Le soldat Callot rentre au dépôt le 5 mai 1917. Au cours de cette période, il passe devant le conseil de guerre de Montpellier, pour y être condamné à une peine dont nous ne connaissons ni le motif, ni la durée. Il voit cette punition suspendue très rapidement. André Callot est muté au 80e R.I. en juillet 1917 après cet épisode avec la justice militaire.

Du 25 février au 4 juin 1918, André Callot est de nouveau transporté à l’arrière pour maladie. Il réintègre son régiment le 5 juin 1918.

Le soldat Callot est cité à l’ordre du 80e Régiment d’Infanterie en juillet 1918.

Citation n° 262 du 10 juillet 1918 :

« Volontaire pour les coups de main. Le 8 juillet 1918, au cours d’une rencontre de patrouilles, à assuré avec trois camarades, une mission délicate et difficile qui lui avait été confiée par son officier. »

Le 2 novembre 1918, son régiment est en position dans le secteur de Brié. André Callot est une nouvelle fois en difficulté. Cette fois-ci, c’est durant un coup de main. Un éclat de grenade vient se fixer dans sa cuisse droite. Le blessé est dirigé sur Laon avant d’être conduit dans un établissement de soins de la ville de Lannion dans les Côtes d'Armor.

André termine la guerre dans un hôpital. Après une longue convalescence, il est affecté au dépôt du 16e train à partir du 17 avril 1919. Le retour dans les foyers n’est plus très loin.

Le dépôt démobilisateur du 19e train de Paris envoie André Callot en congé illimité le 26 septembre 1919.

Redevenu civil, André s’installe tout d’abord à Paris avant d’habiter à Senlis. Le 26 avril 1920, il épouse Rose Félicie Janin, une Parisienne qui travaille comme employée à la compagnie du nord.

La vie suit son cours, mais les obligations militaires d’André Callot ne sont pas pour autant définitivement closes ! Le 25 août 1939, il est à nouveau rappelé à l’activité par un décret de mobilisation générale. Un deuxième conflit mondial est en train de se préparer. André Callot se retrouve affecté à la 5e compagnie du 24e Régiment Régional. Dans un second temps, il est dirigé sur le D.I. 22 à partir du 14 février 1940 puis dans un troisième temps, à la compagnie de remplacement du D.I. 172 à compter du 22 février 1940. Cet homme passe ensuite le reste de la guerre au D.A.302 à partir du 1er avril 1940.

Le 21 août 1940, André Callot,qui va bientôt fêter ses 45 ans, se voit renvoyé dans ses foyers ; cette fois-ci, c’est de manière définitive.

Il se retire à Senlis pour y vivre jusqu’à la fin de sa vie.

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André portait régulièrement ses décorations sur son costume à l’occasion des cérémonies officielles : médaille militaire, croix de guerre avec étoile de bronze, médaille de Verdun, médaille commémorative 1914-1918, médaille interalliée et médaille des blessés militaires.

André Callot décède le 22 novembre 1974, il n’a pas eu de descendance.

Sources :

La quasi-totalité des documents et des informations concernant André Callot a été fournie par A. Orrière.

Le portrait d’André Callot provient de la collection personnelle d’A. Orrière.

La fiche signalétique et des services d’André Callot a été consultée.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à Alain Orrière. 

16 décembre 2013

Les oiseaux ne chantent plus dans le bois des Hospices et dans le bois Fumin.

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Une nouvelle fois, je remercie de manière chaleureuse Tristan de Chomereau qui me donne son autorisation pour reproduire ici le témoignage laissé par son grand-père.

Témoignage du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André commandant la 1ère compagnie puis le 3e bataillon du 149e R.I.. 

À cette époque, le 149e R.I. est toujours au 21e C.A. (général Maistre). Il appartient à  la 43e division d’infanterie commandée par le général de Boissoudy, faisant brigade avec le 158e R.I (général Guillemot).

Le bataillon est à 4 compagnies, de 130 fusils environ. Je commande la 1ère compagnie (bataillon Magagnosc). 

Le 25 février 1916

Le 149e R.I. vient de quitter le camp de Saint-Riquier (Somme) après une préparation intense pour une offensive dans la Somme (armée de réserve Pétain). En janvier, il est parti du secteur de Lorette où, pendant un an, il a subi des pertes énormes. Le 25 février, nous apprenons la nouvelle de l’attaque sur Verdun. Le corps d’armée s’embarque vers Vitry-le-François. Le rassemblement se fait dans la région nord de Bar-le-Duc. Dernière mise au point. L’état physique et moral est parfait. Les hommes ont conscience qu’il faut arrêter l’ennemi. Il y a une exaltation et un esprit de sacrifice collectif que je n’ai vu que là. 

6 mars 1916

Départ en camions par ce qui deviendra la voie sacrée. À Souilly, le régiment passe devant Joffre, qui est salué par les acclamations des poilus. Le débarquement se fait à hauteur du Fort du Regret.

Le cantonnement a lieu à Haudainville. Le P.C. s’établit dans une péniche sur le canal. Pas de projectiles sur la ville, mais de nombreux entonnoirs de 320 ou 380. Les crêtes au Nord sont sans cesse enfumées. 

7 mars 1916

Nous montons en première ligne par 218-222, le Cabaret. De violents barrages d’artillerie au carrefour 325 nous obligeant à attendre, arrêt dans les bois. Le 1er bataillon se trouve à 200 m au sud-ouest, contre les dentelés du fort de Tavannes. La nuit est terrible, il fait moins 12 degrés. Harcèlement incessant de l’ennemi, il n’y a pas de tranchées et l’obscurité est absolue. Nous entendons les hurlements des blessés des autres unités. Par chance, il ne se passe rien à la 1ère compagnie, pour moi, une simple contusion par éclat, m’étourdissant une main pendant deux ou trois jours. 

8  mars 1916

Il faut creuser des tranchées. À 14 h 00, nous recevons l’ordre de contre-attaquer de suite entre le fort de Souville et Tavannes, au nord. Aucune autre précision ne nous est donnée. Nous ne savons rien sur l’ennemi, pas de soutien d’artillerie. Je n’ai, pour me repérer, qu’une carte au 80000e, il y a beaucoup de lacrymogènes. La chaleur est brusque et épuisante. Rafales ininterrompues de 150 et 210. Un Contrordre arrive à 15 h 00, le régiment est placé en réserve au sud de la batterie de l’Hôpital (bois), aucun abri pour nous protéger.

Pertes : plusieurs officiers et de nombreux hommes sont tués. 

9 mars 1916

À 4 h 00, l’ordre est donné de porter en toute hâte deux compagnies entre le fort de Douaumont et Vaux, en renfort de la 13e Division. Grâce à une accalmie, le détachement (1ère et 4e compagnies sous les ordres du commandant Magagnosc) dévale par les ravins qui s’appellent aussi ravin de la mort. Il atteint,sans perte, l’objectif à 6 h 30. À 8 h 00. La 1ère compagnie attaque Vaux qui vient d’être enlevé. Elle barrera le vallon à l’est de l’étang. Mouvement par petits paquets, je pars en tête à la course comme guide. Premier abri,  le  pont sous le chemin de fer à voie étroite et  le chemin creux au deuxième. J’enjambe sous le pont un commandant du 21e R.I., bon camarade, tué à l’instant.

La compagnie ralliée, je prescris l’attaque, trois sections sont déployées, une reste en réserve. Dès le débouché, il y a de violentes rafales de mitrailleuses. Un de mes officiers tombe (frappé de 2 balles) pendant que je lui donne des ordres. La section  de La Chevalerie, que je suis, progresse rapidement. Elle saute sur le village, bouscule les Allemands et les refoule jusqu’au moulin où elle s’est arrêtée. Je complète l’occupation. Il est impossible d’aller plus loin.

À ma droite le 409e R.I. (120e D.I.), qui se trouve aux lisières sud du village, à ma gauche (voie ferrée) le 21e R.I., la 4e a rejoint et reste en réserve. Il n’y a pas moyen de creuser des tranchées, l’eau arrive à 40 cm. Les caves étayées solidement sont inondées. Nous sommes au contact immédiat avec l’ennemi, à 20 ou 30 m, dans le village, collés aux Allemands pour essayer de faire diminuer les rigueurs des bombardements. Nous gîtons dans les maisons du gros du bourg, qui ont peu souffert. Pas un obus sur nous, mais des 210 et 320 tombent à 300 m sur les pentes. Tir de lapin sur les isolés qui circulent devant nous (3e C.A.). 

Le 10 mars 1916

La situation reste inchangée. Alertes perpétuelles, des tentatives sont faites pour se reprendre réciproquement des maisons. Les combats à la grenade sont fréquents. Nous en avons heureusement trouvé et rapporté des caisses abandonnées. L’évacuation nocturne des blessés se fait péniblement. Absence de nouvelles. Un sergent à cran parvient à atteindre le fort de Vaux pour s’assurer que les Allemands n’y sont pas. Les vivres de réserve emportées pour plusieurs jours s’épuisent. Les morts sont enterrés sur place. Il neige.

Le commandant Magagnosc est rappelé d’urgence par le colonel, il me passe le commandement des deux compagnies. 

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Le 11 mars 1916

Au matin, relève par le 158e R.I.. Impossible de partir de jour. Nous nous empilons dans les dernières maisons à l’ouest du village. Un courrier apporte le courrier qui est le bienvenu et quelques boules de pain fraternellement partagées.

À la nuit, marmitage incessant vers l’étang,  l’attente est longue. L’arrosage ralentit, courte consultation avec le commandant de la 4e compagnie le lieutenant Canon (ancien adjudant colonial), calme et brave. « On y est ? Oui. » Les deux compagnies, derrière moi, partent, colonne par un, emmenant les nombreux blessés. Un seul projectile, un 77, tombe sur nous, m’éclabousse, mais n’éclate pas. Derrière nous, le marmitage recommence. Nous atteignons par la Chapelle Sainte-Fine, le chemin Fleury, le fort de Souville, le fort de Tavannes et le bois des Hospices où nous sommes en réserve. Calme, repas pantagruélique. Les hommes absorbent les jours de vivres en retard et s’endorment. Au jour, nous creusons, car il n’y a pas plus de tranchées que de plans directeurs à Verdun après 18 mois de guerre.

J’obtiens une citation à l’ordre de l’armée pour la section la Chevalerie et un nombre respectable de croix de guerre.

Du 12 au 28 mars 1916

Stationnement pendant quelques jours relativement paisible. L’ennemi s’acharne tout près de nous sur Souville-Tavannes et sur nos batteries à 400 m a l’ouest. Nous ne recevons que quelques 77 dont l’un, comme le 11 mars, s’enfonce à un mètre de moi, sans éclater.

Le régiment descend ensuite au repos et s’entasse dans les magasins à fourrages et dans les casernes ; empilement bien risqué.

À côté, un cimetière neuf où nous trouvons plusieurs camarades évacués pour blessures quelques jours auparavant et que nous croyions sauvés. Nous circulons dans la ville. Quelques harcèlements, puis remontée en réserve (bois au sud-ouest du fort de Moulainville). Pas de casse. Enfin, vers le 25 mars, repos complet au fort de Landrecourt. P.C. dans une maison civilisée devant le fort. 

29 mars 1916 

 

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                                                                             Du côté de Verdun

Un message me prescrit de rallier d’urgence Dugny pour y prendre, par intérim, le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. qui monte dans le secteur le 31 mars au fort de Vaux et dont le commandant est nommé au commandement du 21e  B.C.P.. Je connais déjà à fond les officiers, le 3e bataillon ayant eu l’occasion de travailler avec moi et ils me connaissent.

À 16 h 00, je reprends le commandement à Dugny. À 18 h 00, je pars en reconnaissance, en voiture, avec mes quatre commandants de compagnie. Il fait un froid très vif. Nous sommes frigorifiés lorsque nous débarquons au  Cabaret, où les projectiles tombent assez nombreux. Nous passons d’abord par le fort de Tavannes puis nous redescendons au Tunnel par une profonde tranchée neuve. C’est l’œuvre du 33e C.A. (ex-Pétain)  qui est habitué à travailler vite. Puis, nous allons par la sortie sud du tunnel et la Laufée. Nous atteignons la batterie de Damloup, pour arriver pendant une accalmie de marmitage,  dans un abri de bombardement à 400 m sud-est du fort de Vaux, qui sert de P.C. et d’abri pour un peloton. Le quartier s’étend de la batterie de Damloup exclue au fort de Vaux inclus, où j’aurai une compagnie (en partie de réserve). Le dispositif est presque linéaire. Devant le fort, une tranchée d’un mètre de profondeur qui est sans cesse marmitée. Pas de téléphone, il est continuellement coupé. Pas d’optique possible à cause du terrain. Pour avoir l’appui de l’artillerie, il faut envoyer un coureur au fort qui, lui, peut communiquer. Pas d’eau, une seule source connue et marmitée. Ces agréables constatations faites, la reconnaissance, très sommaire, est terminée. Retour par le fort de Tavannes à Dugny, sans accroc. À 16 h 00, je suis à Belrupt, où le détachement me rejoint. Je laisse à Dugny, un de mes capitaines, tué par bombe d’avion, au moment où nous arrivions. Le bataillon repart de Belrupt à la tombée de la nuit ; il passe par les casernes Chevert, le Cabaret, la voie ferrée et le tunnel, encombré et interminable, sous un marmitage intermittent.

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  À Vaux pendant l’accalmie, le 2 avril 1916

                                                                      Gaston de Chomereau de Saint-André

                                                                         est le premier à partir de la droite

 

31 mars, 1er, 2 et 3 avril 1916

Les journées sont identiques (sauf une heure de silence total au petit jour, et quelques accalmies) avec un arrosage constant, plus ou moins dense. Plusieurs tentatives ennemies sont arrêtées net par nos feux. Nous avons un combat particulièrement dur le 1er  avril, en liaison avec un effort cumulé sur le village de Vaux perdu puis reconquis. Visite journalière au fort, P.C. du lieutenant-colonel Randier, commandant le 109e R.I. et le sous-secteur où l’on accède par une brèche au nord-est.

L’eau fait défaut. Odeur de latrines défoncées. Mais l’infrastructure est intacte. Les communications, le ravitaillement et les évacuations sont très pénibles. La relève est annoncée pour la nuit du 3 au 4 avril. Arrivée des reconnaissances du 323e  R.I.. 

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4 avril 1916

Au petit jour, seulement des éléments de tête débouchent. Le reste du bataillon est encore très loin derrière, pour éviter un massacre. J’ai juste le temps de me faire bloquer dans le tunnel de Tavannes, ce qui nous vaut un cinquième jour en première ligne. 

5 avril 1916

Le 3e bataillon du 149e R.I. est à son tour à l’abri à Tavannes, ayant perdu près d’un tiers de son effectif en officiers et en hommes. Nous avons réussi à colmater de ce côté, interdisant à l'ennemi l’accès du fort de Vaux. Nous passons plusieurs jours mis en réserve dans ce tunnel avec une sensation de sécurité. Ce tunnel de Tavannes est un  abri incomparable, qui a largement contribué à conserver Verdun. En revanche, les communications souterraines manquaient. Celles-ci auraient pu sauver Vaux et des milliers de nos hommes.

J’ai admiré le calme courage des braves territoriaux du 144e R.I.T de Tarbes sous les ordres du commandant de Castillan, régiment affecté au 21e C.A. et qui, travailleurs de fortune, seront décimés. 

10 avril 1916

 Le 10 avril, je rejoins Dugny. Le 149e R.I. a perdu, dans les deux séjours en secteur, mille cinq cents hommes et une vingtaine d’officiers, dont le lieutenant-colonel Abbat (de Bourges), blessé. Étape pour embarquer et aller en arrière. Retour en réserve à Dugny (situation grave sur la rive gauche de la Meuse). Départ définitif le lendemain pour Bar-le-Duc, puis la Champagne, dans un secteur calme. 

Sources :

Témoignage inédit de Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Un grand merci à M. Bordes et à T. de Chomereau. 

13 décembre 2013

Armand Henriot.

Nous pouvons lire ici une lettre rédigée par le soldat Armand Henriot dans le secteur de Verdun. Armand Henriot servait dans la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I..

                            Armand_Henriot

     

                                                                                                                          Le 19 mars 1916

                                                           Ma chère sœur, 

Je viens de recevoir  aujourd’hui  une lettre de toi du 13 mars,  je suis heureux d’avoir de tes nouvelles. Je vous  écris presque tous les jours, depuis quelques temps. Mais les lettres ne doivent pas aller assez vite en ce moment. Je suis toujours près de Verdun. On comptait embarquer aujourd’hui en autos et au lieu de cela, nous allons de nouveau en ligne ce soir. On ne va pas en première ligne, on va en réserve, probablement pas pour longtemps. Les troupes qui doivent nous remplacer ne sont pas toutes arrivées. Je n’ai toujours pas pris de nouvelles d’Henri. Je ne comprends pas car il doit le faire cependant. Le temps est toujours au beau, on se croirait au printemps.Je ne vois plus rien à te dire pour aujourd’hui. Dans l’espoir que toute la famille est en bonne santé. Je t’embrasse bien fort.

                Ton frère, Armand Henriot                                                       

 

9 décembre 2013

Du 17 au 30 mars 1916.

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17 mars 1916

Le premier séjour en première ligne effectué par les soldats du 149e R.I. touche à sa fin. Les compagnies qui se trouvent en première ligne sont relevées au cours de la nuit du 16 au 17 mars dans des conditions très défavorables. Le temps est excessivement clair et la lune reste très voyante tout au long de la nuit. Aucune dissimulation n’est possible pour les troupes en mouvement. Les 2e, 3e et 9e compagnies du 149e R.I., les 2e, 3e et 6e compagnies du 10e B.C.P. du groupement Randier, ainsi que 2 bataillons du 158e R.I., sont relevés par le 97e R.I.. Les 10e, 11e et 12e compagnies du 149e R.I. et les 1ère et 5e compagnies du 10e B.C.P., sont remplacées par le 109e R.I.. 

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Un bataillon du 97e R.I. arrive à 23 h 00 au P.C. du commandant du 158e R.I.. Il doit aussitôt prendre la direction de Vaux-devant-Damloup. La prudence est de rigueur, les compagnies de ce bataillon se séparent et mettent de larges distances entre elles, pour monter en 1ère ligne. À peine arrivé au ravin, le bataillon est pris sous le feu de l’artillerie allemande qui vient de déclencher un tir extrêmement violent sur le secteur. Les hommes sont obligés d’effectuer une marche rampante et la compagnie de tête doit se mettre aussitôt au  pas gymnastique. Les autres compagnies arrivent sur les positions demi-heure par demi-heure. Il y a de très nombreux blessés durant cette relève. Le commandant Larroque remplace le commandant Allègre, celui-ci déclare ne jamais avoir subi un bombardement aussi virulent. Les isolés rejoignent peu à peu, il est environ 2 h 00. 

Un autre bataillon du 97e R.I. doit venir remplacer les éléments du capitaine Loreillard du 158e R.I.. Les Allemands ont attaqué, sur le coup d’une heure du matin, juste avant que la relève ne soit exécutée. Cette attaque est restée infructueuse et leur a valu 17 prisonniers et quelques morts. Les changements d’effectifs se font dans les mêmes conditions que la relève du commandant Larroque. Il se passe beaucoup de temps pour que les compagnies du 97e R.I. remplacent celles du 158e R.I.. De plus, les tranchées qui sont assez étroites gênent les hommes qui sont chargés de tout leur matériel. Les derniers éléments du 158e R.I. ne sont pas relevés avant 4 h 30. Le jour commence à se lever. La canonnade redouble de fureur sur les éléments qui quittent le front. 

Six compagnies du 97e R.I. viennent remplacer les dernières unités du groupement Randier qui sont encore en 1ère ligne.

Les 2e et 3e compagnies du 149e R.I. qui sont, sous les ordres du commandant Magagnosc, prennent la direction de l’arrière, mais l’étroitesse des tranchées ralentit considérablement la relève. Là aussi, il y a de nombreux blessés. Les derniers éléments du 149e R.I. ne rentrent que vers 5 h 00. 

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La fatigue est très grande. Depuis plusieurs jours, de gros efforts ont été demandés aux hommes. Chacun attend le réconfort mérité en arrivant au cantonnement. Mais une bien désagréable surprise les attend. Les lieux de repos qui ont été répartis la veille au soir par un officier de la 85e Brigade sont médiocres et particulièrement sales. 

Les hommes du 149e R.I., tout comme les autres unités de la 85e brigade, viennent d’être soumis à d’importants bombardements particulièrement violents, dans leurs bivouacs et dans leurs nombreux déplacements. Les pertes ont été sévères, le plus souvent dans des conditions les plus difficiles. Recevoir des coups sans pouvoir les rendre, C'est ce qu’ont vécu la plupart de ces hommes durant cette période dans le secteur de la première ligne. 

18 mars 1916 

Le 149e R.I. et les  3e et 10e B.C.P. occupent le parc à fourrage de la caserne Bevaux.

Dans le courant de l’après-midi, le commandant de Marcillac fait une demande écrite au général pour être relevé de ses fonctions de commandant du fort de Vaux et réintégrer le 149e R.I., étant donné que les derniers éléments de la 43e D.I. viennent d’être relevés et que l’état-major de la division est sur le point de quitter le secteur. 

19 mars 1916

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Le 149e R.I. occupe toujours le parc à fourrage de la caserne Bevaux. Dans la soirée, les 1er et  2e bataillons du 149e R.I. sont désignés pour aller au Tillat, et former la réserve du 33e C.A.. 

20 mars 1916

Les hommes sont au repos. 

21 mars 1916

La brigade doit mettre à disposition du personnel pour effectuer des travaux de 4e position, vers le fort de Regret et à la citadelle de Verdun. Ils recevront directement leurs instructions du colonel commandant le génie du 21e C.A.. 

Chaque corps doit fournir une cinquantaine d’hommes par compagnie avec l’encadrement nécessaire. Un officier, 2 sous-officiers, 4 caporaux par compagnie (en plus des 50 hommes) un commandant de compagnie par bataillon. Les corps trouveront leurs outils sur place. 

Les hommes du 158e R.I. se rendent  au ravin situé à 1500 m au sud-ouest du château de Billemont.

Les chasseurs des 1er et 31e B.C.P. se dirigent vers le ravin nord du bois du champ la Gaille. 

Les soldats du 3e bataillon du 149e R.I. vont au ravin qui se trouve à 1500 m est-sud-est du fort du Regret.

Les chasseurs des 3e et 10e B.C.P. sont au ravin à 500 m est-nord-est du fort de Regret. 

22 mars 1916

Mêmes dispositions. 

 23 mars 1916

Dans la nuit du 22 au 23, les 1er et 2e  bataillons du 149e R.I. qui étaient en réserve du 33e C.A., rejoignent la caserne Bevaux. 

24 mars 1916

La 85e Brigade doit pouvoir fournir en permanence 8 compagnies prêtes à être alertées pour constituer la réserve du 33e C.A..

Pour cette journée, le 10e B.C.P., deux compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. et la C.M.B.R. sont désignés pour constituer, si besoin, la réserve de C.A.. Le reste de la brigade construit  autour de Bevaux des abris en cas de bombardement. 

25 mars 1916

Le 3e B.C.P. et deux compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. sont  désignés pour constituer la réserve de C.A.. Mêmes travaux pour les autres hommes disponibles. 

26 mars 1916

Les 1er et 2e bataillons et les 1ère et 2e compagnies de mitrailleuses du 149e R.I. constituent la réserve du 33e C.A.. Les hommes disponibles effectuent les mêmes travaux. À 19 h 00, les éléments de la brigade doivent se mettre en route pour aller occuper de nouveaux cantonnements.

Le 3e B.C.P. ainsi que 2 compagnies du 10e B.C.P. se rendent  à Belleray. Deux autres compagnies du 10e B.C.P. se dirigent sur Regret. Les deux dernières compagnies du 10e B.C.P. occupent le fort de la Chaume. Le 149e R.I. va à Dugny. 

27, 28 et 29 mars 1916

 Les hommes se reposent dans les cantonnements durant ces trois journées. 

30 mars 1916

Carte_journee_du_30_mars_1916

Legende_carte_journee_du_30_mars_1916

Dans la nuit du 29 au 30 mars, les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. et les 2 compagnies de mitrailleuses du régiment viennent stationner à Belrupt. Le 2e bataillon du régiment et la compagnie de mitrailleuses de la brigade restent à Dugny. Un nouveau passage par le secteur de Verdun s’annonce… 

Sources : 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 53e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 511/2

J.M.O. de la 88e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 521/4.

J.M.O. du 75e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 661/5.

J.M.O. du 97e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 672/12.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 159e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 701/1. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte,qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 27e et 77e Brigades provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments des 27e et 77e Brigades risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par ces unités durant la journée du 17 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 décembre 2013

16 mars 1916.

Etang_de_Vaux__2012_

Le secteur compris entre le fort de Douaumont et le village de Vaux-devant-Damloup est, depuis la veille, occupé de la manière suivante : La 53e Brigade avec ses 75e et 140e R.I. est toujours positionnée à l’ouest et au sud-est du fort de Douaumont. Le groupement Randier, qui est maintenant constitué d’éléments du 149e R.I. et du 10e B.C.P., est relié à sa gauche par le 140e R.I. et à sa droite par le 158e R.I..

Carte_journee_du_16_mars_1916

Legende_carte_journee_du_16_aout_1916

La situation dans le secteur du groupement Randier reste particulièrement fragile et dangereuse.

Le capitaine Laffaille du 10e B.C.P. qui seconde le commandant Magagnosc,est grièvement blessé.

 Au cours de la journée, plusieurs rapports écrits la veille sont envoyés aux responsables des deux divisions du 21e C.A.. Le premier a été rédigé par le capitaine commandant la 3e compagnie du 149e R.I.. 

 « On aperçoit des troupes occupant les pentes nord-est du fort de Vaux ainsi que la route coudée passant au sud de l’église de Vaux et se dirigeant vers Dieppe. Ces troupes ont tranquillement fait du feu ce matin et se sont promenées en groupes. Ils sont encore debout en ce moment. La jumelle ne permet pas de distinguer, du point où je me trouve, la nationalité. Distance environ 2500 m. J’ai signalé le fait au commandant de compagnie de droite. Si ces groupes sont ennemis, il semble qu’ils peuvent être battus par les troupes occupant la pente sud-est de la croupe au nord de Vaux et ne devraient passe promener en liberté. »

 Un rapport du  lieutenant Stehlin du 149e R.I. vient compléter les observations du précédent message :

  « Les groupements aperçus sur la pente nord-est du fort de Vaux continuent. Il y a là le bivouac d’une compagnie au moins. De A à B, il y a des abris garnis de troupes. De G à H, il semble exister de nombreux abris. Une troupe nombreuse circule constamment entre les points indiqués. À 10 h 00, j’ai vu un groupe d’hommes manger la soupe. Une mitrailleuse,établie en un point quelconque de la pente sud-ouest au nord de Vaux, pourrait exécuter des tirs sur l’entrée de ces abris, sur le bivouac et sur le chemin très fréquenté de Vaux à Damloup (depuis la bifurcation de ce chemin avec la route de Dieppe, jusqu’au changement de N.E. du fort) »

Croquis

 Une petite note manuscrite du commandant Randier vient confirmer les difficultés dans lesquelles se trouve son groupement.

« Des mitrailleuses ennemies installées sur les pentes nord du fort de Vaux prennent nos tranchées à revers, tirent sur tout ce qui passe dans le vallon de l’étang. La situation devient des plus dangereuses pour le groupement.

Ces mitrailleuses se trouvent approximativement sur les pentes nord du fort de Vaux, au sud du cimetière du village ».

  Il a été également signalé la construction d’un ouvrage allemand sur la pente nord du fort de Vaux.

Il y a tout lieu de penser que c’est un observatoire pour l’artillerie. Cela laisse supposer que la position de la 13e D.I. pourrait être canonnée de dos.

Dans la matinée, il a été vu un groupe d’officiers allemands, cartes en main, en train d’examiner la vallée de Vaux ainsi que les hauteurs de Douaumont. Les officiers français n’ont pas donné l’ordre de tirer à cause des bombardements, qui obligeraient les hommes à se terrer.

 L’activité de l’ennemi est des plus intenses, tous les calibres de son artillerie sont utilisés. La vallée de Vaux est un véritable enfer, son passage est presque impossible. Les canons allemands ont également fait feu sur les premières lignes françaises et sur le terrain plus en arrière. Il faut d’urgence remédier à cette situation, sans quoi, la première ligne française pourrait être complètement prise à revers. Le ravin de la route du fort de Souville à Vaux est constamment marmité.

 En fin de matinée, l’ordre pour le mouvement des relèves est donné. La 77e D.I. doit entrer dans le secteur occupé par la 43e D.I. dans la nuit du 16 au 17 pour la remplacer.

 Les éléments du groupement Randier seront relevés de la manière suivante :

 Le groupement de Witkowski est remplacé par cinq compagnies du 109e R.I. et 6 sections de mitrailleuses. Les compagnies du 109e R.I. viennent s’installer en A1, A2, A3, A4 et C6. Les unités du 109e R.I. doivent se présenter à 20 h 00, au P.C. de la 85e Brigade où le commandant de Witckowski les aura fait précéder, une demi-heure plus tôt, d’un guide par compagnie, d’un guide par section de mitrailleuses et d’un guide pour le commandement du groupement. La compagnie du 10e B.C.P. placée en C8sera relevée un peu plus tard.     

 Le groupement Magagnosc est relevé par des compagnies du 97e R.I. et des sections de mitrailleuses. Ces éléments du 97e R.I. prennent place en B1, B2, B3, C5, B4 et C7. Les unités du 97e R.I. doivent se présenter à 23 h 00 au P.C. de la 85e Brigade où le commandant Magagnosc les aura fait précéder, une heure plus tôt, d’un guide par compagnie, d’un guide par section de mitrailleuses et d’un guide pour le commandement du groupement.

 Les commandants de Witckowski et Magagnosc doivent laisser jusqu’au lendemain dans la matinée, le personnel dûment qualifié pour orienter les unités. Un officier est désigné pour le groupe B1, B et, B3, un autre pour C5, B4 et C7, et un dernier pour A1, A2, A3, A4, C6. Un sous-officier par compagnie et par section de mitrailleuses est nommé.

 La liaison du secteur du 10e B.C.P. reste à la 85e Brigade jusqu’à ce qu’elle soit relevée.

 Le général Guilleminot reste à son P.C. actuel. Il doit régler tous les détails concernant la délimitation des secteurs entre le groupement du général de Bouillon et la 77e D.I..

 Le 159e R.I., renforcé du 60e B.C.P., doit relever les 3e et 31e B.C.P. qui tiennent le front depuis la batterie de Damloup jusqu’au chemin Vaux-Souville.

 Au moment même où les premiers éléments du 109e R.I. arrivent pour la relève, un violent bombardement se déclenche autour des positions du groupement Randier, il est 22 h 00.

  Ce bombardement dure près de deux heures et gêne considérablement le mouvement de relève des unités montantes et descendantes.

 Sources :

 J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 53e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 511/2

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 75e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 661/5.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte,qui aservi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 53e et 86e Brigades et du groupement Randier provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments des 53e et 86e Brigades et du groupement Randier risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par ces unités durant la journée du 15 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

25 novembre 2013

André de Witkowski (1872-1960).

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André de Witkowski voit le jour le 14 décembre 1872 à Thiers une commune du département du Puy-de-Dôme. Son père se nomme Camille Bolestas de Witkowski, sa mère Procule Jugnet.  Il obtient son baccalauréat es science complet.

Jeune appelé de la classe 1892 de la subdivision de Dijon, cet homme quitte l’Auvergne pour la Bretagne. Il est incorporé au 41e R.I. comme simple soldat le 16 novembre 1893. Il est nommé caporal le 17 mai 1894, sergent-fourrier le 28 décembre 1994 puis sergent le 23 mai 1895.

Après avoir réussi le concours d’entrée de l’école militaire d’infanterie, le sergent Witkowski commence sa formation le 6 avril 1897. Il fait partie de la promotion du Haut-Nil.

À la fin de ses cours, il est nommé sous lieutenant au 140e R.I. de Grenoble. Le 1er avril 1900, il passe lieutenant.

Le 12 octobre 1901, ce jeune officier regagne la ville de Rennes pour retrouver son ancienne unité, le 41e R.I..

André de Witkowski fait un stage réglementaire d’officier d’approvisionnement au 10e escadron du train des équipages en 1903. Il suit les cours de l’école de tir du Ruchard en 1906.

Le lieutenant de Witkowski souhaite reprendre ses études pour suivre les cours de l’école supérieure de guerre. Mais avant de franchir le seuil de l’école le 3 novembre 1908, il doit accomplir un premier stage au 10e R.A.C. du  6 avril au 5 juillet 1908, puis un second au 13e Hussards du 13 juillet au 12 octobre 1908. Cette nouvelle formation dure deux années. Il en sort breveté d’état-major.

 Il est promu au grade de capitaine le 23 mars 1910, au moment même où il va assumer ses nouvelles fonctions de responsabilité au 108e R.I. de Bergerac.

Quelques mois plus tard, il arrive sur le continent africain. Nous sommes au début du mois de janvier 1911. Dans un premier temps, le capitaine de Witkowski est affecté comme stagiaire à l’état-major de la division d’Oran, ville dans laquelle il arrive le 7 janvier 1911. Cet officier participe aux opérations militaires qui ont lieu aux confins algéro-marocains du 28 avril au 4 juin 1911, puis du 9 octobre 1911 au 16 janvier 1912. Il se retrouve à l’état-major du général commandant les troupes d’occupation du Maroc Oriental, à compter du 24 septembre 1912.

Le 16 janvier 1914, cet officier est rayé des contrôles du Maroc Oriental, c’est le retour en France. André de Witkowski est affecté au 98e R.I. mais il ne rejoindra jamais cette unité. En fait, celui-ci doit aller dans la ville de Clermont-Ferrand à la fin du mois de février 1914 pour être affecté au 92e R.I..

 Aussitôt la guerre déclarée, il doit quitter son régiment pour aller dans l’état-major de la 26e D.I. qui est, durant cette période, sous l’autorité du général Silhol. Le 30 septembre 1914, le général Hallouin, qui vient d’être affecté à la tête de cette division, lui propose le poste de chef d’état-major.

En mai 1915, il est dans un premier temps nommé commandant à titre temporaire, puis à titre définitif, le 26 décembre 1915. Quatre jours plus tard, André de Witkowski rejoint le 149e R.I. où il doit assurer le commandement du 3e bataillon. Durant son bref passage dans cette unité, il va s’affirmer comme un officier de haute valeur, avec un zèle et un dévouement sans limites. Son chef de corps, le lieutenant-colonel Abbat, exprime même des regrets au moment où il doit quitter son régiment pour prendre la tête du 21e B.C.P. le 24 mars 1916.

Le 17 octobre 1916, il est de nouveau affecté comme chef d’état-major ;cette fois-ci à la 43e D.I..

 Le 21 novembre 1917, il rejoint l’état-major du groupe des armées du nord, puis celui du G.A.C. le 6 juillet 1918, qui est à ce moment-là en pleine restructuration. La fin de la guerre approche.

Quelques jours après l’armistice, le commandant de Witkowski doit aller à l’état-major du groupe d’armée Maistre.

 Le 23 mai 1919, il est désigné pour rallier l’armée d’Orient. Cet officier arrive à l’état-major du commandant en chef des armées alliées le 25 juin 1919.

 Trois mois plus tard, il est promu lieutenant-colonel. Le 1er octobre 1920, André de Witkowski prend les fonctions de sous-chef d’état-major du corps d’occupation de Constantinople. Il rentre en France au début du mois de juillet 1921. Après avoir pris  quelques semaines de repos, il intègre l’état-major de la 29e D.I. à la fin du mois de novembre. Devenu colonel le 26 juin 1926, il prend le commandement du 90e R.I..

André de Witkowski, qui arrive à la fin de sa carrière militaire, épouse une Parisienne nommée Laurence Bindé en 1927.

Cet officier est nommé directeur de la préparation militaire et de l’instruction des officiers de réserve de la 9e région de Tours le 7 janvier 1929. Atteint par la limite d’âge, il quitte l’armée le 14 décembre 1931 avec le grade de général de brigade dans la section de réserve.

Il décède le 22 novembre 1960 dans le 12e arrondissement de Paris.

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 8 juin 1914).

Officier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920.

Commandeur de la Légion d’honneur le 11 juillet 1950.

Croix de guerre avec deux palmes et une étoile de vermeil.

Une citation à l’ordre de la 4e armée n° 618 du 9 août 1916 :

« Commandant un bataillon d’infanterie à Verdun et chargé dans la nuit du 9 au 10 mars d’assurer l’inviolabilité du front entre deux corps de première ligne fortement attaqués, a su remplir complètement sa mission malgré les plus grandes difficultés. Placé à la tête d’un bataillon de Chasseur qui avait subi de grosses pertes, l’a rapidement reconstitué et le commande avec compétence et autorité. Le 11 juin 1916 en Champagne, le sous-secteur qu’il commandait ayant été soumis a un furieux bombardement et à une attaque d’infanterie, fit preuve du grand sang-froid. »

Une citation à l’ordre de la 10e armée n° 239 du 19 novembre 1916 :

«  Le 21e B.C.P. sous l’impulsion de son chef, le commandant de Witkowski, a exécuté les 13, 15 et 17 septembre 1916, à l’est de Deniécourt, trois attaques aussi brillantes qu’opiniâtres, faisant pied à pied, et malgré les pertes les plus les plus lourdes, la conquête de positions formidablement organisées et s’emparant de plus de 250 prisonniers ainsi que d’un matériel important. À peine reconstitué, a été rappelé en secteur et a pris part le 14 octobre 1916 à l’attaque générale de la division sur une sucrerie de Genermont. Au cours de cette attaque, a atteint d’un seul élan ses objectifs, faisant des prisonniers et s’emparant de mitrailleuses. Dans la nuit du 14 au 15 octobre, a repoussé de violentes contre-attaques sur le flanc droit de nos vagues d’assaut et a ainsi permis d’assurer indiscutablement la possession du terrain conquis. »

Une citation à l’ordre du 21e C.A. n° 180 du 30 décembre 1917.

« Officier supérieur de haute valeur morale. S’est distingué à maintes reprises, aussi bien comme chef de corps que comme chef d’état-major,  par sa bravoure, son esprit de sacrifice, son dévouement sans limite. A rendu comme chef d’état-major de la division les meilleurs services pendant la préparation et les attaques de la Malmaison au cours desquelles il a fait encore une fois la preuve de son ardeur, de son esprit de devoir et de son abnégation. »

Médaille commémorative du Maroc.

Médaille coloniale avec agrafe « Maroc ».

O.G. n° 12 des troupes d’occupation du Maroc (20/09/1912).

« Ardent travailleur et dévoué. S’est occupé avec zèle de tous les détails des services de l’arrière. A grandement contribué à leur bon fonctionnement. »

Officier du mérite Hafidien.

Décoration serbe de Karageorges de 4e classe.

Croix de guerre hellénique. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chevallier, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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