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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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verdun 1916
2 septembre 2013

Gaston Brosse (1883-1916).

                  Sous_lieutenant_Gaston_Brosse

Gaston Brosse voit le jour le 18 septembre 1883 dans la petite commune ardennaise de Renwez. À sa naissance, son père est âgé de 32 ans, il est sous-brigadier des douanes.  Sa mère, Marie Joséphine Delmont est âgée de 30 ans. Elle n’exerce pas de profession.

Jeune soldat de la classe 1903 de la subdivision de Mézières, Gaston signe un engagement avec l’armée en novembre 1904. Il doit alors rejoindre la caserne du 91e R.I. 

 Le 18 octobre 1905, il est nommé caporal, puis sergent le 13 juillet 1907. Gaston Brosse renouvelle son engagement  le 25 octobre 1906 pour une durée de 2 ans à compter du 1er octobre 1907. 

En février 1908, il épouse une jeune femme nommée Ida Amélie Michel qu’il conduit à l’église de la petite commune de Puilly et Charbeaux. 

Le 5 mai 1909, le jeune sous-officier signe de nouveau un contrat pour une période de trois ans à compter du 1er octobre 1909, puis un autre le 20 juillet 1912 pour 3 années supplémentaires à compter du 1er octobre 1912. 

Quelques semaines après le début du conflit contre l’Allemagne, Gaston Brosse est nommé adjudant, nous sommes le 1er septembre 1914. 

Neuf mois plus tard, l’adjudant Brosse est promu sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre par une décision ministérielle qui date du 27 juin 1915. 

Muté au 149e R.I. le 8 juillet 1915, cet officier doit se rendre sur le front d’Artois pour être immédiatement affecté à la 1ère compagnie du régiment.

Le 11 septembre 1915, Gaston Brosse est évacué vers l’arrière pour raison de santé. Une fois remis sur pied, il retrouve son régiment le 16 octobre 1915. Cette fois-ci, il prend le commandement d’une section de la 3e compagnie du 149e R.I.. 

Le 8 mars 1916, le sous-lieutenant Brosse est à la tête d'une section de la 1ère compagnie. Il est dans le bois des Hospices près de Verdun. Sa compagnie est prise sous le feu de l’artillerie allemande. Gaston Brosse est blessé par un éclat d’obus, il est évacué d’urgence vers l’ambulance 1/21. Ses blessures sont tellement graves qu’il décède au cours de son transport. 

Dans un premier temps, cet officier est inhumé dans le cimetière militaire des casernes Bevaux. Sa sépulture porte le numéro 14. Le lieu où il repose actuellement m’est inconnu. 

Son acte de décès a été transcrit le 17 décembre 1919, à la mairie d’Aubigny-les-Pothées. Le caporal Alexandre Doumène et le soldat Léon Charpentier confirment la mort de Gaston Brosse. 

Le sous-lieutenant Brosse a obtenu les citations suivantes : 

Citation à l’ordre du 2e C.A. n° 61  en date du 7 janvier 1915 :

« À demi asphyxié et empoisonné par un pétard tombé à ses pieds pendant qu’il postait sa section en avant, est resté avec ses hommes pour éviter un mouvement de recul, n’est revenu en arrière que sur l’ordre de son capitaine.  » 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 114 du 25 mars 1916 :

«  A fait preuve de belles qualités de courage et de sang-froid en maintenant sa section sous un violent bombardement le 8 mars 1916, a été mortellement blessé. » 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photo figurant sur le montage provient de la collection personnelle de T. de Chomereau. 

Un grand merci à M. Bordes, à T. de Chomereau, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et la mairie d’Aubigny-les-Pothées.

26 août 2013

Henri Baverey (1892-1916).

                  Henri_Baverey

Henri Baverey est un Reimois né le 16 juillet 1892. Son père se nomme Jean Louis et sa mère Blanche Mathilde Guillemin. Henri est resté célibataire. 

Au début de l’année 1913, Henri est domicilié au 126 rue Cardinet dans le 17e arrondissement parisien. Il exerce la profession d’employé de commerce. 

Le jeune parisien d’adoption de la classe 1912 se retrouve incorporé au 149e R.I à compter du 8 octobre 1913. Il arrive à la caserne Courcy dès le lendemain pour endosser son uniforme de soldat.

Henri Baverey peut coudre ses galons de caporal le 11 avril 1914, puis ceux de sergent le 18 aout 1914 et enfin, ceux de sergent-fourrier le 6 juin 1915. 

Malgré son jeune âge et son manque d’expérience le sergent fourrier Baverey est proposé pour le grade de sous-lieutenant. Il est promu dans cette nouvelle fonction à titre temporaire pour la durée de la guerre. Nous sommes le 30 juin 1915.

Ce sous-lieutenant de 23 ans, devenu responsable d’une section de la 4e compagnie est légèrement blessé le 27 septembre 1915 du côté du bois en Hache. Un éclat d'obus lui occasionne une lésion oculaire qui ne le fait pas évacuer vers l'arrière.

N’ayant aucune expérience du commandement, il doit suivre les cours donnés par le centre d’instruction du 21e C.A. du 2 au 23 janvier 1916.   

Il ne profite pas vraiment de ses nouvelles connaissances acquises en formation. En effet, celui-ci est tué par un éclat d’obus le 8 mars 1916 dans le bois des Hospices qui se trouve près de Verdun, à son poste de commandement. 

Citation à l’ordre de la 2e Armée n° 83  en date du 3 avril 1916 :

« Officier d’une grande bravoure, ayant toujours donné un bel exemple à ses hommes par son entrain au feu. Tué le 8 mars 1916 au cours d’un violent bombardement. » 

Henri Baverey repose actuellement dans le cimetière national français de Bevaux à Verdun. Sa sépulture porte le n° 2452. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Baverey a été réalisée par A. Cesarini. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Cesarini, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

20 août 2013

8 mars 1916.

                  Batterie_de_l_H_pital_1

Le feu d’artillerie, qui s’est atténué dans la nuit, recommence au matin. Il bouleverse les organisations des premières lignes et cherche à écraser, sous les obus des plus gros calibre les ouvrages de Souville, de Vaux, de Tavannes et de Saint-Michel. En outre, de très nombreux minenwerfers, qui sont positionnés dans le ravin allant du fort de Douaumont à l’étang de Vaux, procèdent à un tir méthodique de destruction sur les tranchées, sur les éléments du 17e R.I., et ceux de la 26e brigade et de la 120e D.I..

L’attaque d’infanterie allemande se déclenche à 11 h 00. Elle est précédée par des équipes qui jettent des liquides enflammés avec des appareils spéciaux. Le 109e R.I. qui a été abordé le plus violemment, perd sa première ligne dans le bois de la Caillette. Malgré ses contre-attaques, il ne peut reconquérir le terrain perdu. Le commandant d’Hauville du 109e R.I. trouve la mort au cours de l’une d’entre elles. 

Les 17e et 21e R.I. se maintiennent à la gauche et à la droite du 109e R.I.. Les mitrailleuses du 21e R.I. infligent de lourdes pertes aux Allemands qui essaient de gravir les pentes nord-ouest du fort de Vaux. Dans l’ensemble, la position de la division est conservée, avec, en son centre, un fléchissement d’une centaine de mètres. 

La 13e D.I. est encadrée à sa droite par la 120e D.I., avec qui elle forme le groupement Maistre et à sa gauche par la 42e D.I. qui, elle, appartient au groupement Guillaumat.

La 85e brigade du général Guillemot cantonne toujours dans les bois sud de Souville. Celle-ci forme la réserve de la 13e D.I.. Les ordres prévoient que cette brigade doit relever la 26e brigade dans la nuit du  8 au 9, de façon à former un secteur spécifique avec la 43e D.I.. Ce nouveau secteur devrait être accolé à celui de la 13e D.I.. De cette manière, chacune des divisions peut avoir une brigade en ligne et une brigade en réserve.

Vu la situation d’urgence, dans laquelle la 13e D.I. vient d’être engagée, cette fin de plan de relève du 21e C.A. ne peut pas être appliquée.

Durant cette journée, les troupes combattantes de la 13e D.I. ont été très éprouvées. Le général Martin de Bouillon obtient du général Maistre le libre emploi de la 85e brigade. Il utilise d’abord le 149e R.I., le régiment qui est le plus avancé de la brigade. Les 1er et 2e bataillons du 149e R.I., qui sont respectivement sous les ordres des commandants Magagnosc et Schalck, sont mis à la disposition du colonel Schmidt. Ils pourront servir à étayer le 109e R.I. qui  se prépare à rétablir son front initial. Le 3e bataillon du 149e R.I. est donné au général Menvielle, pour, si besoin est, soutenir le 17e R.I. ou les chasseurs si besoin est. Les 3e et 10e B.C.P. quant à eux, sont conservés en réserve de division, leur tête échelonnée vers la gauche de la 120e D.I..

 Entrée en action du 149e R.I.

                           Carte_journees_des_7__8_et_9_mars_1916

                                       Legende_carte_journee_du_8_mars_1916_a

En début de soirée, le commandant de Witchowski reçoit l’ordre de se diriger avec son 3e bataillon sur le village de Fleury-devant-Douaumont. Il doit se mettre sous l’autorité du général commandant la 25e Brigade et constituer la réserve de cette dernière. Avant de rejoindre leurs nouvelles positions, ses compagnies s’arrêtent au fort de Souville. Les hommes se chargent des matériels qui sont destinés au réapprovisionnement de la brigade du général Menvielle. Ce bataillon arrive vers 22 h 15 dans le secteur du village de Fleury-devant-Douaumont, avec beaucoup de retard. Retard, qui a fortement inquiété le général Menvielle puisque celui-ci a envoyé une note demandant le renfort express d’une autre compagnie du 149e R.I.. En effet, il ne disposait plus de réserve en cas d’attaque allemande.

Les 1ère et 4e compagnies du bataillon du commandant Magagnosc prennent la direction des premières lignes. Elles font également un bref passage par le fort de Souville. Celles-ci sont tenues  d’assurer les corvées concernant la 26e brigade. Les deux autres compagnies du bataillon restent dans le secteur sud de la batterie de l’hôpital. 

 Vers 22 h 00, une corvée d’une de ces compagnies apporte, au .P.C. du 3e bataillon du 21e R.I., un approvisionnement de grenades disposées en vrac dans des sacs de terre. Un des sacs qui vient d’être déposé un peu trop brusquement sur le sol fait explosion. Une partie des autres sacs sautent également. Il y a une trentaine de blessés, qui sont en majorité des hommes du 409e et du 149e R.I.. 

Le 2e bataillon du 149e R.I. est toujours dans le secteur sud du fort de Souville. Le commandant Schalck et son bataillon quittent leurs positions pour rejoindre leur nouveau secteur dans la nuit.

Les 3e et 10e B.C.P.  viennent occuper les anciens emplacements du 149e R.I.. 

Sources :

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes.   Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 21e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 593/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

La légende de la carte postale est fausse. C’est bien la batterie de l’hôpital qui est représentée sur ce cliché.

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents emplacements approximatifs de la première ligne française, provient du  J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.  

La carte dessinée du secteur de Verdun a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions et les déplacements des bataillons du 149e R.I. risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des mouvements des bataillons qui eurent lieu au cours des journées des 7, 8 et 9 mars 1916.

Pour en savoir plus :

 « Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.                             

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à A. Cesarini, à A. Orrière, à M. Porcher, aux différentes personnes du forum « pages 14-18 » qui m’ont apporté leur aide,et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

12 août 2013

Du 6 au 7 mars 1916.

                  Le_general_Joffre_a_Souilly

                                                                  6 mars 1916

Pendant que le 149e R.I. se prépare à rejoindre le secteur de Verdun, la 13e division poursuit l’aménagement de ses positions en première ligne. Durant toute cette journée, les tirs de l’artillerie ennemie font rage sur l’ensemble de la rive gauche de la Meuse.

                 Seigneulles_Regret

Le 149e R.I.,qui n’a toujours pas quitté la commune de Seigneulles, doit se rendre peu avant 7 h 00 aux points d’embarquement situés sur la route reliant Hargeville à Rosnes. Un bataillon se trouve à la sortie nord-est du village, un autre à la sortie ouest, le dernier attend derrière le précédent. Le régiment prend la route qui deviendra bientôt « la voie sacrée ». À Souilly, il passe devant le général Joffre, qui est salué par les acclamations des poilus.

Les hommes du 149e R.I. laissent les véhicules dans le petit village de Regret. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils empruntent l’itinéraire dit de « la route stratégique ». Louis Cretin, brancardier-musicien de la C.H.R. du 149e R.I. écrit ceci dans son témoignage :

« Nous débarquons à Regret tout près de Verdun. La canonnade est terrible. Nous passons à pied par petits paquets près de la citadelle et nous allons nous reformer le long du canal aux abords d’Haudainville. 

À partir de cet instant, la 85e brigade passe sous l’autorité du général Balfourier qui commande le 20e C.A.. Le régiment va cantonner à Haudainville.

                                                                7 mars 1916

Dans la nuit du 6 au 7 mars, le 20e B.C.P. du commandant Godfroy et le 21e B.C.P. du commandant Craplet relèvent les troupes de la 95e brigade. Ces bataillons de chasseurs prennent place à la gauche du 17e R.I. jusqu’au bois qui limite le secteur de la division à l’ouest.

De Regret au bois de l'hopital

Legende carte intineraire Verdun

Toutes les unités de la 13e D.I. sont maintenant en place, le P.C. du général Martin de Bouillon se trouve à  Fleury-devant-Douaumont à partir de 8 h 00. La 13e D.I. est encadrée à sa droite par la 120e D.I., avec qui elle forme le groupement Maistre et à sa gauche par la 42e D.I. qui,elle, appartient au groupement Guillaumat.

L’artillerie allemande recommence à tirer dans la soirée. Il est d’une intensité exceptionnelle sur l’ensemble de ce secteur du front.

Le 149e R.I. qui est, depuis la veille, dans la commune d’Haudainville, doit se préparer à monter en ligne. La route ouest-est qui passe devant le cimetière est réservée aux hommes du lieutenant-colonel Abbat de 16 h 00 à 17 h 00. Le régiment suit la route de Verdun jusqu’au carrefour à 800 m est des casernes Bévaux. Il quitte la route pour suivre un itinéraire qui passe par la cote 218, la cote 222, le cabaret, le carrefour 325 et la ferme Bellevue. Le 149e RI bivouaque dans le bois des Hospices. Le 3e et le 10e B.C.P. s’installent à Saint-Airy.

Sources :

J.M.O. de la 13e D.I.. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 120e D.I.. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/8.

Témoignage inédit de Louis Cretin.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

Pour en savoir plus :

 « Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928. 

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à P. Lehue, à J. Nicolas, à A. Orrière, à M. Porcher, à F. Radet,  au Service Historique de la Défense de Vincennes.

5 août 2013

Gaston de Chomereau de Saint-André (1879-1966)

 

Gaston de Chomereau de Saint-André voit le jour le 5 décembre 1879 dans la propriété familiale de Buxières-d’Aillac, une petite commune située dans le département de l’Indre, en Berry.

 

À sa naissance, son père Louis, comte de Chomereau de Saint-André, est colonel. Il est âgé de 54 ans et commande le 17e régiment de Dragons. Il vit avec son épouse Marie de Bonnault de Villemenard, âgée de 34 ans dans la ville fortifiée de Carcassonne.

 

Élève au lycée Saint-François de Dijon, il quitte cet établissement après avoir obtenu son baccalauréat en 1898.

 

Issu d’une grande famille de militaires, Gaston suit la tradition familiale qui le conduira sur les traces de son père, de son grand-père et arrière-grand-père paternels. Il intègre la 4e compagnie de la promotion d’In-Salah (1899-1901), après avoir signé un engagement avec l’armée d’une durée de trois ans et réussi le concours d’entrée de l’école spéciale militaire. Ce Saint-Cyrien devenu sous-lieutenant fait partie des meilleurs de sa promotion (9e sur 546 diplômés).

 

                         

En octobre 1901, il rejoint la ville de Chambéry pour être incorporé au 13e B.C.P.. Deux ans plus tard, jour pour jour, il est promu lieutenant.

 

En septembre 1909, Gaston de Chomereau de Saint-André quitte les montagnes savoyardes, il vient de recevoir sa mutation pour le 7e R.I.. Il rejoint Cahors où il va séjourner durant quatre années. C’est dans cette ville qu’il épouse en 1907 Geneviève Barré de Saint-Venant. Le couple aura trois enfants. Nommé capitaine le 23 mars 1914, il gagne l’est de la France pour prendre le commandement d’une compagnie du 149e R.I. d’Épinal.

 

Début août  1914, c’est la mobilisation,  le capitaine de Chomereau de Saint-André est à la tête de la 8e compagnie du 149e R.I.. Il se trouve sous les ordres du commandant du 2e bataillon, Marius Magagnosc.

 

Gaston de Chomereau de Saint-André participe à tous les combats du début du conflit dans lesquels son régiment a été impliqué. Le 28 août 1914, sa compagnie est positionnée près de Rambervillers. Le capitaine de Chomereau de Saint-André est blessé par un éclat d’obus qui se loge dans son épaule gauche. Il est évacué à Lyon pour être soigné à l’hôpital Desgenettes.

 

Après une courte convalescence, à Bourges, c’est le retour dans la zone des armées. Au début de 1915, il combat de nouveau avec le 149e R.I. dans la région de Lorette où le régiment souffre d’énormes pertes. 

 

En mars 1916, le 149e R.I. est envoyé d’urgence à Verdun. Gaston de Chomereau de Saint-André participe avec ses hommes aux violents combats qui eurent lieu dans le village de Vaux-devant-Damloup. À cette occasion, cet officier est fait chevalier de la Légion d’honneur.

 

Au lendemain de sa participation à la bataille de Verdun, le capitaine de Chomereau de Saint-André exerce la fonction d’adjudant-major, un poste qu’il occupe du 19 avril 1916 au 4 décembre 1916. Dès le lendemain, il doit rejoindre la ville de Beauvais pour effectuer un stage au centre d’instruction des chefs de bataillon.

 

Après avoir été nommé chef de bataillon à titre temporaire à la fin du mois d’avril 1917, il prend la tête du 1er bataillon du 149e R.I..

 

                  

Le 10 avril 1918, il quitte définitivement le 149e R.I. pour prendre le commandement du 48e B.C.P. un bataillon de chasseurs qu’il ne quitte pas avant l’année 1919.

 

                                                     Le commandant de Chomereau de Saint-André joue de l’harmonium

 

Avec son bataillon, il combat à Kemmel et dans l’Oise, il délivre Notre-Dame de Liesse, dans l’Aisne. Le jour de l’armistice, le 11 novembre 1918, le 48e B.C.P. est au contact avec l’ennemi, à Rocroi.

 

          Les officiers du 48e B.C.P.. Le commandant de Chomereau de Saint-André se trouve au 1er rang ( 2e à partir de la gauche)

 

Le 3 mars 1919, Gaston de Chomereau de Saint-André est nommé à l’état-major du commandement supérieur de la Lorraine. Il va devoir suivre les cours de l’école supérieure de guerre. Ayant obtenu son brevet d’état-major, il devient chef de bataillon à titre définitif le 25 septembre 1920.

 

En octobre 1920, il doit finaliser sa formation en effectuant un stage à l’état-major du 17e C.A.. Deux ans plus tard, il est titularisé dans sa fonction de chef du 4e bureau.

 

En mars 1930, le commandant de Chomereau de Saint-André se retrouve chef d’état-major de la 36e D.I.

 

Il est nommé lieutenant-colonel le 25 septembre 1930. Le 25 mai 1935, il prend le commandement du 158e R.I.F., un régiment qu’il rejoint à la fin du mois de juillet. Trois mois plus tard, il est à la tête du 172e R.I.F. le régiment de Strasbourg.

 

                                                        Le lieutenant-colonel de Chomereau de Saint-André à la tête du 172e R.I.F.

 

Cet officier qui va bientôt fêter ses 56 ans est promu colonel le 25 septembre 1935. 

 

Après une longue carrière militaire de presque 40 ans, il devient général de brigade au moment où il doit partir à la retraite.

 

Il est rappelé à l’activité le 24 août 1939. De nouveau, les bruits du canon vont se faire entendre, la Seconde Guerre mondiale est sur le point de se déclencher. Le général de brigade Gaston de Chomereau de Saint-André commande le département de l’Indre, puis celui de la Seine-et-Oise, dont le quartier-général se trouve à Versailles, à partir du 1er novembre 1939. Il participe aux opérations de guerre avec l’Armée de Paris, puis bat en retraite en ordre avec 25 000 hommes tout en combattant. Il sera décoré grand officier de la Légion d’honneur en 1957 pour ce dernier fait d’armes.

 

Il est renvoyé dans ses foyers le 2 juillet 1940. Chef de la légion des combattants du département de l’Indre, il est arrêté chez lui par la Gestapo à Buxières-d’Aillac puis interné à Buchenwald en Allemagne d’août 1943 à février 1944.Très influent dans sa région, il est soupçonné, avec raison, de contact avec l’armée secrète du général Delestraint. Le général de Chomereau de Saint-André ne cachait pas du tout ses désirs de revanche sur l’Allemagne. Il est arrêté une seconde fois, mais plus brièvement après son retour en France.

 

À la Libération, et jusqu’à son décès, Gaston de Chomereau de Saint-André est président des anciens combattants de l’Indre, mais aussi des anciens du 149e R.I. et du 172e R.I.F. Il maintient de nombreux liens avec ses anciens compagnons d’armes.

 

En 1947, son fils cadet, capitaine de la Légion étrangère, est tué en Indochine.

 

Il vit jusqu’à sa mort dans sa propriété berrichonne de Buxières-d’Aillac qui l’a vu naître, entouré de ses petits-enfants.

 

Gaston de Chomereau de Saint-André a obtenu les décorations suivantes :

 

Chevalier de la Légion d’honneur, D. du G.Q.G., n° 2851 du 03/05/1916 :

 

« Officier de la plus grande valeur, ayant un haut sentiment du devoir. Le 9 mars 1916 a enlevé, avec sa compagnie, malgré un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses, une partie du village de Vaux-devant-Danloup qu’il a organisé défensivement. Du 31 mars au 5 avril, commandant un bataillon dans un secteur particulièrement dangereux (Fort de Vaux) s’est dépensé sans compter, sous un bombardement des plus violents, pour la défense et l’organisation de la position. (Comporte la croix de guerre avec palme). »

 

Commandeur de la Légion d’honneur.

 

Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.

 

Grand officier de la Légion d’honneur (en 1957, des mains du général Héring, aux Invalides).

 

Officier du mérite espagnol.

 

                             Le général de brigade de Chomereau de Saint-André est fait grand officier de la Légion d’honneur

 

Citations :

 

Citation à  l’ordre de l’armée, n° 144  du 04/12/1915 :

 

« Le 9 août 1914, au combat du col de Sainte-Marie, a conduit brillamment sa compagnie à l’assaut des tranchées allemandes fortement organisées. S’est également fait remarquer par sa bravoure et son attitude énergique au combat d’Abreschwiller, le 1er août 1914. Blessé grièvement par éclat d’obus, le 28 août, a demandé à rejoindre le régiment, incomplètement guéri. »

 

Citation à l’ordre de l’armée, n° 527 du 9 novembre 1917 :

 

« Officier d’élite, d’un courage à toute épreuve. A le 23 octobre 1917, conduit son bataillon, fanions déployés, à l’attaque des positions allemandes, et s’en est brillamment emparé, d’un seul élan. » 

 

Citation à l’ordre de l’armée, n° 130-28 du 28 septembre 1918 :

 

« 48e B.C.P.- commandant de Chomereau de Saint-André. Possède déjà un passé brillant de gloire, acquis sur la Somme, au chemin des Dames et au Kemmel. S’est brillamment élancé à l’attaque, le 10 août 1918, a rompu le front ennemi, bousculé ses arrière-gardes, réalisé une avance de plus de huit kilomètres, enlevant à l’ennemi plus de 200 prisonniers, des canons et des mitrailleuses. Au cours des combats des 19, 20 et 21 août, a affirmé de nouveau sa crânerie et son allant, brisant la résistance acharnée de l’ennemi et lui enlevant Lasigny. »

 

Citation à l’ordre du IIe groupe de bataillons de chasseurs, sans numéro du 1er janvier 1919 :

 

« A enlevé, dans une brillante action, la ville de Liesse aux arrière-gardes ennemies. A terminé la poursuite, le 11 novembre 1918 dans les bois de Revin, après avoir fait tomber, dans un chaud combat, la dernière résistance des Allemands. »

 

Citation à l’ordre de l’armée, n° 2097/C du 11 mai 1948 :

 

« Officier général des plus belles qualités de chef. Chargé, le 13 juin 1940, de diriger les opérations de repli au-delà de la Loire, des 4 régiments régionaux de la région parisienne, de 2  de Seine-et-Oise, des dépôts de Seine-et-Oise, d’un effectif d’environ 25000 hommes, a réussi par son énergie à exécuter les mouvements prescrits, dans des conditions extrêmement difficiles, malgré les incursions d’engins blindés ennemis et les bombardements aériens, en maintenant la cohésion et la discipline dans ces diverses unités. Le 15 juin, à Étampes, est intervenu personnellement pour rallier les fuyards d’autres unités et a pris le commandement d’une section ainsi regroupée, pour faire face, dans une situation critique, à une incursion ennemie. »

 

Sources :

 

La plupart des informations concernant le général de brigade de Chomereau de Saint-André Aa été fournie par son petit-fils.

 

Le site de généalogie « GénéaNet » a été consulté.

 

Gaston de Chomereau de Saint-André possède également un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se lire sur le lien suivant : 

 

Site base Leonore

 

Toutes les photographies proviennent de la collection personnelle de T. de Chomereau, exceptée celle de la 4e compagnie de la promotion d’In-Salah (1899-1901) de l’école spéciale militaire qui provient d’un livre d’or appartenant à P. Baude.

 

Un grand merci à  M. Bordes, à T. de Chomereau et à P. Baude.

29 juillet 2013

Du 1er au 5 mars 1916.

                  Seigneulles

1er mars 1916

Les hommes du 149e R.I. embarquent dans les camions pour prendre la direction de Verdun. Ils quittent la commune de Fains à 9 h 00. Les bataillons du régiment suivent l’itinéraire suivant : Fains-Venise-Chardogne-Hargeville-Seigneulles.

                  De_Fains_V_el_a_Seigneulles 

Dans un premier temps, le 149e R.I. s’installe dans la petite commune meusienne de Seigneulles. 

                 Tableau_prise_d_armes_du_1er_mars_1916

Les  unités des brigades de la 43e D.I. stationnent dans les communes suivantes : 

85e brigade :

Le 3B.C.P. est sur la commune de  Marats-la-Grande.

Le 10e B.C.P. est sur la commune d’Hargeville.

Le 149e R.I. est sur la commune de Seigneulles. 

86e brigade :

Le 1er B.C.P. est à Génicourt-sous-Condé.

Le 31e B.C.P. est à Louppy-le-Petit

Le 158e R.I. est à Condé-en-Barrois. 

                  Seigneulles 85e brigade

2 mars 1916

Les lieux de stationnements pour les hommes de la 43e D.I. restent identiques à la veille. 

À partir de maintenant, pour mieux comprendre les déplacements des bataillons du 149e R.I., il nous faut suivre les différents mouvements des brigades de la  13e D.I..  

La 13e D.I. entre en action dans un secteur en pleine crise, au lendemain des combats soutenus par le 20e C.A. autour du fort de Douaumont. L’ennemi a pris pied dans le fort dans la journée du 25 février, d’où il n’a pas pu être délogé. Les principales positions de résistance de la rive droite de la Meuse (position du bois des Caures, position de Beaumont, positions de Bezonvaux-Louvemont) ont été perdues et la position côte du Poivre, fort de Douaumont, fort de Vaux est très sérieusement entamée par l’établissement de l’ennemi dans le fort de Douaumont. Celui-ci domine par sa masse l’ensemble du secteur. Un vallonnement profond, qui part de sa corne sud-est et descend vers l’étang de Vaux, abrite le gros des unités de première ligne allemandes, faisant face à la 26e brigade déployée près  de l’étang et dans le bois de la Caillette.

Le fort de Souville, bien que violemment bombardé depuis le 21 février, est resté intact. Sa tourelle,  équipée de deux 155 L, fonctionne toujours. Il est occupé et en cours de réapprovisionnement conformément aux ordres donnés par le général Pétain. Le commandant Courteilles du 143e R.I.T., est nommé commandant de fort. 

3 mars 1916  

Dans l’après-midi  du 3 mars 1916, la 13e D.I., la division sœur de la 43e D.I. avec qui elle forme le 21e C.A., cantonne autour de Vaubécourt. Celle-ci est mise à la disposition du général Balfourier, l’officier responsable du  20e C.A.. Ce dernier occupe avec son corps d’armée le secteur de Souville-Douaumont. 

En fin d'après-midi, les différentes unités de la 13e D.I sont, en camions, transportées jusqu’à Regret. 

4 mars 1916  

Dans la nuit du 3 au 4 mars, la 13e division bivouaque dans la zone d’Haudainville. Pendant que les troupes s’installent, les responsables de la division partent faire les reconnaissances nécessaires au bon fonctionnement de la future relève, dans le secteur occupé par la 153e D.I. du général Deligny. La 13e D.I. doit relever cette dernière entre le  4 et le 7 mars 1916, sur le front situé entre l’ouest du village de Vaux-devant-Damloup et à 1000 m à l’ouest du village de Douaumont. 

5 mars 1916 

                  Carte_Verdun_num_ro_1

                                      Legende_carte_Verdun_1

La 26e brigade du colonel Schmidt entre en ligne dans la nuit du 4 au 5 mars. Le 21e R.I. du lieutenant-colonel Lecoanet est à l’est, aux abords immédiats de Vaux-devant-Damloup, avec deux bataillons en première ligne et un bataillon en soutien.

Le 109e R.I. du lieutenant-colonel de Roincé quant à lui se positionne à l’ouest, dans les bois de la Caillette, avec six compagnies en première ligne et six compagnies en soutien. À partir du 5 mars au matin, le P.C. de la brigade est à la caverne de Souville (500 m à l’est du fort de Souville). 

Dans la soirée du 5 mars, le général Martin de Bouillon, responsable de la 13e D.I. prend contact, avec le général Deligny qui se trouve à la caverne de Souville située à 500 m du fort. Ce dernier va conserver le commandement du secteur jusqu’au matin du 8 mars. 

La 25e brigade du général Menvielle monte dans le secteur. Dans la nuit du 5 au 6 mars, le 17e R.I. du lieutenant-colonel Mareschal va s’installer sur les pentes sud-ouest du fort de Douaumont. 

Sources : 

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 120e D.I.. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents emplacements approximatifs de la première ligne française, provient du  J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. des 13 et 120e D.I.. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments risque d’être assez importante. Cette carte n’est  donc là que pour se faire une idée approximative des positions occupées par les 13e et 120e D.I..

Legende_photographie_SeigneullesLa légende de la photographie qui provient de la collection personnelle de T. de Chomereau a été réalisée le 1er mars 1916 dans la commune Seigneulles. Plusieurs officiers du 149e R.I. sont clairement identifiés.

De gauche à droite : sous-lieutenant Brosse, lieutenant Canon, Commandant de Chomereau de Saint-André, nom illisible, sous-lieutenant Gaudin, nom illisible et Ferry. 

Pour en savoir plus :

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à P. Lehue, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 juillet 2013

Émile Louis Abbat (1867-1916).

                  Emile_Louis_Abbat

Émile Louis voit le jour le 26 octobre 1867 dans la ville de Bourges, la préfecture du Cher. Son père, Alphonse est un négociant âgé de 29 ans, sa mère, Valentine Bidault, est âgée de 21 ans. Le jeune Émile est élève au lycée de Bourges, il n’ira pas jusqu’au baccalauréat. 

Émile signe un engagement conditionnel d’une durée d’un an avec l’armée en novembre 1885. Il rejoint le 134e R.I. comme simple soldat. Nommé caporal à la fin du mois de juin 1886, il contracte un nouvel engagement pour terminer son temps de disponibilité dans l’armée active. Il reste un peu plus de 4 ans dans ce régiment où il est successivement nommé sergent-fourrier en décembre 1886,  sergent en août 1887, sergent-fourrier en janvier 1888 puis sergent-major en septembre 1888. 

 Devenir officier et faire carrière  

Souhaitant poursuivre une carrière dans l’armée, il signe un engagement long de cinq ans, en juin 1889. Émile Louis est admis à l’école de Saint-Maixent. Il doit recoudre ses galons de sergent pour suivre sa formation en intégrant la promotion du Soudan.  À la fin de ses études, il quitte l’École Militaire d’Infanterie en avril 1891 avec le grade de sous-lieutenant. 

Ce jeune officier intègre aussitôt le 89e R.I. de Sens où il fait ses débuts dans le commandement en prenant la tête d’une section de compagnie. Un an plus tard, jour pour jour, il est nommé lieutenant. 

Le 15 février 1894, cet homme est désigné par une décision ministérielle qui le met à la disposition du sous-secrétaire d’État aux colonies. Il est employé par l’état-.major du Soudan français. Le lieutenant Abbat quitte le 89e R.I. pour rejoindre son nouveau poste, le 2 mars 1894. 

Au Soudan  

Émile Louis Abbat va participer à deux affaires importantes sur le territoire soudanais. La première, celle de Boscé, se déroule le 1er juillet 1894, la seconde, le 20 janvier 1896 à Zidéïa. Au cours de la première affaire, il est avec le 1er Régiment Étranger (3 témoins de ce régiment confirment ses deux blessures). Il est blessé une première fois à la tête par une flèche en début de matinée. Le même jour, en fin d’après midi, il reçoit une seconde flèche dans la cheville droite durant l’attaque dite du tata del l’Almamy.

Le 8 juillet de la même année, c’est le retour dans la métropole où il réintègre le 89e R.I. son régiment d’affectation. 

De nouveau, il est mis hors cadre suite à une décision ministérielle prise en octobre 1894. Celle-ci prend effet à compter du 15 septembre 1896. Le lieutenant Abbat traverse à nouveau la Méditerranée. Il entre en campagne au Soudan du 20 octobre 1896 au 8 juillet 1898. 

Durant cette période, il participe aux affaires de Karemanguel le 22 janvier 1897, de Simbara-Boumba le 24 janvier 1897 et de Jaba le 10 février 1897. 

Poursuite de sa carrière en France 

Le lieutenant Abbat est de retour en France en juillet 1898. En septembre 1898, il retrouve le 89e R.I., son ancienne unité à laquelle il est toujours rattaché. Nommé dans le grade supérieur à la fin du mois de décembre 1899, cet homme doit rejoindre le 153e R.I. de Toul. 

Le 11 février 1901, il épouse Marie Charlotte Oster à Neufchâteau. De cette union naîtront 5 enfants. 

 Durant son passage au 153e R.I. d’une durée de quatre années, le capitaine Abbat va séjourner du mois octobre 1901 au mois de décembre 1904, au fort de Frouard. 

En 1905, Émile Louis Abbat rejoint la Lorraine  pour s’installer dans la ville de Nancy au 79e R.I..

Il commence un stage au 8e Régiment d’Artillerie à partir du 1er janvier 1909. Durant cette période,  il va exercer le commandement de la 3e batterie. 

Cet officier retourne au 79e R.I. après cette formation qui prend fin le 30 septembre 1909. 

Nommé commandant le 24 juin 1910, il quitte la ville de Nancy pour rejoindre son nouveau régiment et assurer sa mission de responsabilité, comme chef de bataillon au 133e R.I de Belley. Ce dernier est détaché au fort de  Pierre Châtel pour commander le bataillon qui s’y trouve du 18 septembre 1910 au 20 septembre 1912. 

Le retour en Afrique 

Le 24 octobre 1912, il est de retour en Afrique, cette fois-ci en Tunisie. Il est muté au 5e bataillon d’Afrique qui se trouve au Kef. Ce bataillon a également des détachements qui se trouvent à Souk el Arba, à  Aïn Draham et à Tabarka. 

En mai 1914, le 5e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique passe sous l’autorité du général de la 2e brigade de Tunisie. Au début du conflit contre l’Allemagne, une partie de ce bataillon est associé avec des unités du 4e bataillon d’Afrique pour construire le 3e bataillon de Marche d’Infanterie légère d’Afrique. Ce nouveau bataillon débarque à Marseille le 31 octobre 1914.

Le commandant Abbat ne fait pas partie de l’effectif de l’unité nouvellement constituée. Il reste avec les éléments du 5e bataillon qui sont toujours sur le sol tunisien.

Il quitte le territoire africain au début du mois de novembre 1915. 

Sur le front 

Le 29 novembre 1915, il rejoint le 17e R.I. qui se trouve en Artois. Pendant une courte période, Émile Louis Abbat assure le commandement du régiment durant l’absence de son chef de corps. 

Une demande écrite est adressée au général de brigade Guillemot pour une proposition de commandement d’un régiment. Au vu de cette candidature, le général responsable de la 85e brigade ne peut pas évaluer les compétences réelles de cet officier. Celui-ci n’a pas pu être noté du point de vue de son aptitude à commander un régiment dans une circonstance de guerre. En effet, le commandant Abbat n’a pas acquis d’expérience au cours des combats sur le front français. Il va tout de même lui faire confiance en lui donnant le commandement provisoire du 149e R.I.. 

À la fin du mois de janvier 1916, Émile Louis Abbat prend la tête du 149e R.I.. Le commandement de ce régiment était resté vacant depuis la blessure du lieutenant-colonel Gothié au début de l’année 1916. 

Le régiment spinalien est engagé dans les combats de Verdun au début du mois de mars 1916. Nommé lieutenant-colonel à titre temporaire le 14 mars 1916, ce chef de corps va montrer toutes ses capacités de commandant de régiment. 

Cet officier est blessé le 6 avril 1916 par éclat d’obus à la sortie ouest du tunnel de Tavannes. Il est  ramené vers l'arrière dans la nuit du 7 au 8 avril, puis évacué sur la ville de Lyon, où il est pris en charge par les médecins de l’hôpital militaire de Desgenettes. 

Après cette hospitalisation qui prend fin le 4 mai 1916, il quitte Lyon pour rejoindre le dépôt d’Épinal. Émile Louis Abbat doit à nouveau recevoir des soins, il réintègre l’hôpital militaire Desgenettes pour y faire un second séjour qui durera du 20 mai au 12 juin 1916. 

Commence alors un imbroglio administratif quant à son affectation. Le 18 mai 1916, son nom figure dans les contrôles du 55e R.I.. Mais le 2 juin 1916, le lieutenant-colonel Abbat est désigné pour commander le groupement des bataillons de marche d’infanterie légère d’Afrique, dès qu’il sera disponible. Il obtient le grade de lieutenant-colonel à titre définitif à la date du 24 juin 1916. De retour sur le front, il rejoint sa nouvelle affectation. 

Émile Louis Abbat est tué le 8 juillet 1916 au cours d’une attaque menée par le 1er Bataillon d’Infanterie légère d’Afrique, dans le secteur de Maurepas à l’âge de 48 ans. Il est, dans un premier temps, inhumé dans le secteur du ravin du bois vert près de Rancourt par les soins du major Capdevielle, le médecin-chef de l’ambulance 3/45. Cet officier supérieur repose actuellement dans le cimetière national français « la cote 80 » à Etinehem qui se trouve dans le département de la Somme. Sa sépulture porte le numéro 404. 

                  Emile_ABBAT_2    

Une enquête est menée après guerre pour déterminer quelle était son unité d’affectation au moment de son décès : 55e R.I. pour le chef de corps du 55e R.I., 1e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique  pour les rédacteurs de sa fiche M.D.H.. 

Décorations obtenues :

Chevalier de la Légion d’honneur le 28 décembre 1897.

Médaille coloniale avec agrafe « Sénégal et Soudan » obtenue le 28 décembre 1897.

Chevalier de l’ordre de l’Étoile noire de Porto Novo décernée le 10 janvier 1900.

Officier de la Légion d’honneur (J.O. du 4 mai 1916).

Croix de guerre avec une palme. 

Citation à l’ordre de l’armée :

« Chef de corps d’une bravoure exemplaire, ayant toujours montré un mépris absolu du danger. S’est porté sur le toit de son observatoire au moment de l’assaut sous un bombardement intense  afin d’encourager ses hommes. Est tombé glorieusement frappé en voyant partir la première vague d’assaut. » 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

Le portrait du lieutenant-colonel Émile Louis Abbat provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l’illustration ». 

Les photographies de la sépulture du lieutenant-colonel Abbat et du cimetière national français « la cote 80 » à Etinehem  ont été réalisées par J.M. Douay. 

Pour en savoir plus : 

Le lieutenant-colonel Émile Abbat possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter en cliquant une fois sur l'image suivante : 

Site_base_Leonore

Il existe également un site concernant cet officier qui peut se voir ici : 

Fonds_Emile_Louis_Abbat

Un grand merci à C. Abbat, à M. Bordes, S. Agosto, à A. Carobbi, à J. Huret, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 juillet 2013

Préparatifs et arrivée du 149e R.I. dans le secteur de Verdun.

                  Saint_Riquier__Somme_

 La 43e D.I. est installée dans le secteur du camp de Saint-Riquier depuis le 2 février 1916.

Durant cette période, le 149e R.I. cantonne sur les communes de Saint-Riquier, de Neuf-Moulin et de Caours.

Le régiment et les autres unités de la division sont en train de se mettre en état pour être de nouveau opérationnels. Tout au long des deux premières décades de ce mois le plus court de l’année, les manœuvres et les formations diverses sont à l’ordre du jour. 

                  Saint_Riquier_fevrier_1916

                                     Legende_Saint_Riquier

Dans la matinée du 19, la 85e brigade doit se mettre en mouvement par voie de terre. 

Ses éléments se dirigent et s’installent dans les communes suivantes : 

Le 3e B.C.P. est à Gueschart.

 Le 10e B.C.P. est  à Tollent et à Bas-Tollent.

Le 149e R.I. est au Boisle, à Labroye et à Boufflers. 

                  De_Saint_Riquier___Boufflers          

Au moment où les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, une attaque de grande envergure qui a débuté le 21 février 1916, le 149e R.I. et les bataillons de chasseurs de la 85e brigade cantonnent toujours dans ce secteur. Ils se consacrent essentiellement à l’instruction individuelle et à la formation des petites unités depuis le 20 février. 

                 Du_cote_d_Auxi_le_Ch_teau

Cet entraînement s’achève dans la journée du 25. Le lendemain,  les hommes de la 85e brigade sont de nouveau sur le départ. Ils embarquent à la gare d’Auxi-le-Château pour débarquer à l’ouest de Bar-le-Duc sur les quais des gares de  Mussey, de Revigny et de Saint-Eulien, des communes qui sont situées dans le département de la Marne. Le 149e R.I. arrive à la gare de Saint-Eulien le 26 à 20 h 00. 

                  Gare_Saint_Eulien

Les derniers éléments de la 43e D.I. parviennent dans le secteur le 29 février. Toutes les unités se rassemblent dans la soirée pour aller cantonner dans la zone de Fains, de Combles, de Behonne et de Varney. Le 149e R.I. s’installe sur la commune de Fains. 

                 Autour_de_Bar_le_Duc

Durant cette période, le 20e C.A. résiste toujours aux multiples attaques menées par les Allemands dans le secteur de Verdun. Le fort de Douaumont est tombé aux mains de l’ennemi depuis le 25 février. La situation est devenue critique pour les Français puisque la prise du fort de Douaumont fragilise fortement les environs du fort de Vaux. 

 Il faut envoyer de toute urgence de nouvelles divisions dans cette partie du territoire meusien. La 43e D.I. est du nombre. 

Le lieutenant-colonel Abbat, promu à la tête du 149e R.I. depuis le 15 janvier, et ses hommes, vont se trouver plongés au cœur de la bataille de Verdun durant une courte période qui s’échelonne entre le 7 mars et le 7 avril 1916. 

Malgré des offensives répétées, menées avec de gros moyens, le secteur du fort de Vaux et de ses avancées résiste. Les troupes françaises qui sont en première ligne depuis plusieurs jours ont besoin d’être relevées. C’est là que, par deux fois, les 9-10 mars et le 2 avril 1916, le 1er bataillon du 149e R.I. va se distinguer, il reprend et essaye de conserver le village de Vaux-devant-Damloup. 

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

Google earth. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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