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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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verdun 1916
28 octobre 2016

4 avril 1916.

Journee_du_4_avril_1916

D’importants mouvements de troupes ont commencé dans la nuit du 3 au 4 avril 1916 dans la zone occupée par la 43e D.I.. Ils vont se poursuivre tout le long de la journée et durant la nuit suivante, parfois gênés par les tirs d’une artillerie allemande qui reste virulente.

Le 2e bataillon du 158e R.I. est maintenant entièrement positionné sur la ligne des retranchements R2, R3 et R4. Ses deux compagnies qui se trouvaient aux abris du ravin ont rejoint celles qui étaient déjà en place dans ce secteur.

Le 2e bataillon du 149e R.I. a remplacé les débris du bataillon Magagnosc situés près de l’étang de Vaux-devant-Damloup avec ses 6e et 7e compagnies. Les restes des 1ère, 2e, 3e et 4e compagnies sont en attente de relève. Les deux autres compagnies du bataillon Schalck ont pris le relais des deux compagnies du 1er bataillon du 158e R.I. qui étaient positionnées dans le sous-secteur nord, à la disposition du 31e B.C.P..

Il y a de fortes probabilités pour que les restes du 1er bataillon du 149e R.I. aient  été quelque temps positionnés dans le secteur de R4 à la place de la compagnie du 1er bataillon du 158e R.I., mais la lecture des documents consultés ne permet pas de le confirmer à 100 %.

Le 1er bataillon du 158e R.I. s’est porté en réserve aux abris du ravin.

Carte_1_journee_du_4_avril_1916

Dans la nuit du 4 au 5 avril 1916, le 6e bataillon du 323e R.I. vient remplacer le 2e bataillon du 158e R.I. ainsi que les derniers éléments du 1er bataillon du 149e R.I. qui sont encore dans le secteur de la première ligne.

Le 5e bataillon du 323e R.I., qui a été mis a la disposition de l’officier commandant la 85e brigade, a reçu l’ordre de venir occuper le secteur au sud-est de Vaux pour aller relever le 3e bataillon du 149e R.I.. Seuls le chef de bataillon et la 18e compagnie ont réussi à gagner la première ligne. Les 17e, 19e et 20e compagnies ont dû faire demi-tour pour rejoindre le fort tunnel de Tavannes.

Carte_2_journee_du_4_avril_1916

Le 3e B.C.P. relève le 10e B.C.P. dans le secteur de la 85e brigade.

Du côté de la 70e D.I., la division positionnée à la gauche de la 43e D.I., le 74e R.I. poursuit son attaque commencée la veille. Il est en train de reprendre du terrain à l’ennemi.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 70e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 394/1.

J.M.O. de la 5e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 268/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

J.M.O. du 28e R.I..S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5

J.M.O. du 74e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 660/13.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11.

J.M.O. du 323e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 750/2.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Pour en savoir plus sur l’engagement du 74e R.I. durant les combats d’avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour accéder au blog de S. Agosto.

Blog_Stephan_Agosto

La carte qui se trouve sur le montage provient de la série 26 N 70/7,  place de Verdun. Groupement D.E. : cartes et plans ; opérations du groupement Mangin devant Verdun.

Le portrait du lieutenant Louis Céleste Gabriel Canon qui commande la 4e compagnie du 149e R.I.  provient de ma collection personnelle.

Le plan qui figure sur le montage est extrait de l’ouvrage « La bataille de Verdun expliquée sur le terrain et par les cartes » du colonel Marchal et du capitaine Forestier. Éditions H. Frémont  et fils.

Le fond utilisé pour les deux cartes réalisées provient du J.M.O. du 28e R.I..

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

21 octobre 2016

Marie Henri Joseph Dumont (1884-1916).

Henri_Dumont

Marie Joseph Henri Dumont est né le 4 juillet 1884 dans le domicile familial à Bocquegney, un village situé sur la terre vosgienne. Il est le fils de Charles et de Marie Étienne, un couple qui s’est marié à Dommartin-aux-bois le 12 janvier 1876. Son père exerce la profession de manœuvre, sa mère travaille comme couturière-brodeuse.

Marie Joseph Henri est le cadet d’une fratrie de trois garçons. Il rejoint le monde du travail après avoir obtenu son certificat d’études. Tout comme son père, il exerce le métier de manœuvre dans sa commune d’origine.

Le registre matricule de cet homme, qui est consultable sur le site des archives départementales des Vosges,est totalement vierge concernant la rubrique « détail des services et des mutations diverses ». Nous ne connaîtrons donc rien sur le parcours militaire de Marie Joseph Henri Dumont. Sa fiche signalétique et des services nous fait tout de même savoir qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il a été ajourné pour faiblesse en 1905.

Le 22 septembre 1909, il épouse une jeune parisienne, Marie Antonie Anaïs Menjaud, une institutrice qui enseigne à Fontenoy-le-Château. Les jeunes mariés partent vivre à Thaon-les-Vosges. Henri vient d’acquérir un emploi qu’il  va conserver jusqu’au moment où il va devoir partir à la guerre. Son épouse a pu obtenir une mutation. Henri travaille ainsi comme ouvrier durant 5 ans et 11 mois à la blanchisserie et teinturerie, une entreprise implantée sur cette commune. Le couple emménage dans une cité implantée juste en face de l’usine, au n° 12 de la rue de la Plaine. De cette union naquirent trois enfants, Yvonne, Jean et Michel. 

Nous ne connaissons pas la date exacte où Henri a été appelé sous les drapeaux après avoir été ajourné une première fois pour faiblesse. Nous supposons, sans trop de risque nous tromper, qu’il a été mobilisé dès le début du conflit. En effet, son grade de sergent indique qu’il a pu accéder à une formation de sous-officier durant ses obligations militaires. 

Tout ce que nous savons avec certitude,c’est que le sergent fourrier Dumont sert à la 4e compagnie du 149e R.I., lorsqu’il est tué dans le secteur de Vaux-devant-Damloup le 3 avril 1916. Cette compagnie est, à ce moment-là, sous les ordres du capitaine Louis Céleste Gabriel Canon. Le sergent-fourrier Eugène Friderick et le soldat Fernand Beaufrère confirment son décès.

Il n’y a pas de sépulture individuelle connue pour ce sous-officier.

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume (Publication dans le J.O. du 5 octobre 1920) :

« Excellent chef de section, courageux, plein de sang froid. Le 2 avril 1916, près du village de Vaux, a trouvé une mort glorieuse en résistant avec acharnement à une violente contre-attaque allemande. Croix de guerre avec étoile d’argent. »

Monument_aux_morts_de_Bocquerey

Le nom de Marie Joseph Henri Dumont est inscrit sur le petit monument aux morts de la commune de Bocquegney et sur celui de Thaon-les-Vosges.

Le 14 mai 1920, son épouse se remarie avec Jules René Grunenwald, un électricien de 8 ans son cadet, originaire de Thaon-les-Vosges. Ils vont demeurer rue de la gare. Là encore, le bonheur va être de courte durée. Marie Antonie Anaïs Menjaud décède le 1er octobre 1924 à l’âge de 39 ans. Elle laisse derrière elle, une fille de 15 ans et deux jeunes garçons de 11 et 13 ans. Maigre consolation pour ces trois orphelins, ils vont percevoir la pension de veuve de guerre de leur mère jusqu’à leur majorité.

Sources :

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance de Marie Joseph Henri Dumont ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

Le portrait du sergent fourrier Dumont provient du livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon, membres morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. Éditions imprimerie Berger-Levrault, Nancy, Paris, Strasbourg.

La photographie du monument aux morts de la commune de Bocquegney a été réalisée par O. Gerardin.

La plupart des informations concernant la famille de Marie Joseph Henri Dumont ont été communiquées par O. Gerardin.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi à O. Gerardin  aux archives départementales des Vosges et à la mairie de Bocquegney. 

7 octobre 2016

Marcel Georges Maurice Lavocat (1895-1916).

Marcel_Georges__Maurice_Lavocat

Natif de la Haute-Marne, Marcel Georges Maurice Lavocat voit le jour le 21 avril 1895 dans la petite commune de Genevrières.

Son père se prénomme Laurent Isidore Joseph. À la naissance de l’enfant, c’est un cultivateur qui est âgé de 34 ans. Sa mère, Marie Élise Renaud, est une femme qui n’exerce pas de profession. Elle a 26 ans.

L’instituteur du village, Charles Vernier et le vannier Isidore Develle viennent, comme témoins, signer l’acte officiel d’état civil.

Marcel Georges Maurice Lavocat quitte très tôt l’école pour rejoindre le monde du travail. Le jeune adolescent entre comme mitron dans la boulangerie du village.

Lorsque le tocsin sonné par la cloche de l’église de Genevrières annonce l’heure de la mobilisation générale en août 1914, il travaille toujours derrière le fournil. Futur soldat de la classe 1915, cet évènement ne s’applique donc pas directement à lui. À cette période, le jeune boulanger ne sait pas encore qu’il va devoir bientôt abandonner la farine et le pétrin, pour aller se former au métier de soldat plus tôt que prévu. Les pertes françaises ont été colossales durant les premières semaines du conflit. L’armée a besoin de renouveler ses effectifs. Il faut rapidement former les classes 14 et 15. La date d’incorporation de Marcel Georges Maurice Lavocat est avancée de onze mois.

Inscrit sous le numéro 36 du canton de Fayl-Billot, son nom est enregistré dans la 1ère partie de la liste en 1914, ce qui veut dire qu’il vient d’être déclaré « bon pour le service » par les médecins du conseil de révision.

Marcel Georges Maurice Lavocat apprend qu’il doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. qui se trouve à Rolampont. Il arrive au corps le 19 décembre 1914, après avoir certainement effectué le premier grand voyage de sa vie en train. Habitué au travail de nuit, il va devoir, en plus de la vie de soldat, changer radicalement son style de vie.

Le six août 1915, il se rend dans la zone des armées pour intégrer une compagnie du régiment qui combat en Artois depuis plusieurs mois.

Marcel Georges Maurice Lavocat est blessé le 4 janvier 1916 à la cuisse droite. La fiche signalétique et des services de ce soldat ne nous dit pas dans quelles circonstances cette blessure a eu lieu. La plaie est jugée suffisamment sérieuse pour que le jeune homme soit évacué vers l’arrière durant plusieurs semaines. Dirigé sur l’hôpital temporaire n° 42 de Berck-Plage, il en sort le 11 février 1916. Marcel Georges Maurice Lavocat bénéficie d’une permission de sept jours, à sa sortie d’hôpital, avant de retourner en 1ère ligne. Le 19 février, il intègre la 6e compagnie du 149e R.I.. À cette époque de l’année, le régiment se trouve toujours dans le Pas-de-Calais. Cette unité s’apprête à quitter le camp de Saint-Riquier le jour même, pour aller s’installer du côté de Le Boisle, une commune située plus au nord.

Le 25 février, le soldat Lavocat embarque avec ses camarades de régiment dans les wagons qui les attendent à la gare d’Auxi-le-Château. Direction Verdun… Les Allemands poursuivent leur offensive commencée le 21 février. La situation est jugée critique… Il faut envoyer des troupes fraîches pour relever les régiments épuisés.

La 6e compagnie n’est pas engagée durant le premier passage du 149e R.I. en première ligne, entre le 7 et 17 mars. Elle va toujours rester en soutien, un peu en retrait des combats.

Le 3 avril, la 6e compagnie s’apprête à relever les restes du 1er bataillon du régiment qui se trouvent dans le secteur de l’étang de Vaux-devant-Damloup. C’est à partir de cette date que le soldat Lavocat ne donne plus signe de vie.

Il a certainement été inscrit sur la liste des disparus de la compagnie. Une fiche individuelle trouvée sur le site du Comité International de la Croix-Rouge, nous apprend qu’une enquête a été menée pour tenter de savoir ce qui lui est arrivé.

Fiche_Croix_Rouge_Marcel_Georges_Lavocat

Un jugement est rendu le 19 mai 1921 par le tribunal de Langres. Celui-ci officialise le décès de ce soldat du 149e R.I. à la date du 3 avril 1916.

Il n’y a pas de sépulture connue le concernant. Il y a de fortes probabilités pour que les restes mortuaires de ce soldat reposent anonymement dans la crypte correspondant au secteur de son décès, dans l’ossuaire de Douaumont.

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Genevrières et sur le monument commémoratif situé à l’intérieur de l’église du village.

Marcel Georges Maurice Lavocat ne s’est pas marié.

Sources :

Le portrait de Marcel Georges Maurice Lavocat provient du site « MémorialGenWeb ».

Les informations au sujet de ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes » et du site « MémorialGenWeb ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département de la Haute-Marne. 

23 septembre 2016

3 avril 1916.

3_avril_1916

Du côté du 1er bataillon du 149e R.I..

Les éléments de la 86e brigade qui ont participé à l’attaque du 2 avril viennent d’essuyer un échec massif. La partie du village de Vaux-devant-Damloup, qu’ils avaient pour mission de reconquérir, est demeurée entre les mains de l’ennemi.

Les pertes sont colossales. La 5e compagnie du 158e R.I. a englouti la quasi-totalité de son effectif sur la terre meusienne. Il manque à l’appel près de 340 hommes au 31e B.C.P.. Le 1er bataillon du 149e R.I. a perdu presque tous les hommes. La plupart d’entre eux ont été faits prisonniers à la suite d’une contre-attaque allemande.

Un bilan approximatif donne les chiffres suivants pour le 1er bataillon du 149e R.I..

Effectifs_du_1er_bataillon_du_149e_R

En dehors d’un bombardement violent et continu, il n’y a pas d’incident majeur dans le secteur du 31e B.C.P. et du reste du 1er bataillon du 149e R.I. durant la journée du 3 avril. Les troupes françaises peuvent, dans la mesure du possible, améliorer les positions occupées.

À l’ouest du 1er bataillon du 149e R.I..

L’état-major de la 43e D.I. doit maintenant réorganiser les positions qui restent fragilisées avec les troupes de réserve. En effet, les Français sont loin d’être à l’abri d’une nouvelle attaque ennemie. Mais les Allemands ne lanceront pas d’autre offensive dans la zone de la 86e brigade. L’ennemi reste particulièrement occupé dans le secteur de la 70e D.I.. Il poursuit son attaque commencée la veille. Ici aussi, il gagne du terrain.

Deux bataillons du 74e R.I., arrivés en renfort à 6 h 00, sont aussitôt lancés dans la mêlée pour tenter de reprendre la partie laissée aux Allemands dans le secteur de cette division.

Carte_1_journee_du_3_avril_1916

Legende_carte_journee_du_3_avril_1916

Du côté des 2e et 3e bataillons du 149e R.I..

Le 3e bataillon, commandé par le capitaine de Chomereau de Saint-André, occupe toujours le secteur du fort de Vaux.

Plan_dessine_par_le_capitaine_Gaston_de_Chomereau_de_Saint_Andre

Le commandant du 3e B.C.P. s’apprête à relever le 10e B.C.P. avec ses hommes. Il doit passer par le fort de Vaux en remontant en  1ère ligne. Le temps de rencontrer le capitaine de Chomereau de Saint-André, il apprend que de ce côté de la ligne de front, l’artillerie lourde française de 155 tire régulièrement trop court. Les coups proviennent de la direction du bois des Hospices. Il fait parvenir une petite note et un croquis, donnant les points d’impacts de ces obus, au général de Baucheron de Boissoudy responsable de la 43e D.I..

Points_d_impacts_des_obus_de_155_fran_ais

Sous les ordres du commandant Schalk, le 2e bataillon quitte le fort de Tavannes pour venir s’installer aux abris du ravin.

Carte_2_journee_du_3_avril_1916

Un peu en arrière de la 1ère ligne.

Le lieutenant-colonel Abbat, chef du 149e R.I., rédige son compte rendu de fin de journée depuis son P.C..

« Journée plus calme que les précédentes. Quelque obus à intervalles très espacés. Le travail consiste à réduire la largeur des cabanes, ce qui rend la circulation plus facile. Deux hommes peuvent se croiser plus facilement sur le côté laissé libre. Renouvelle encore demande instante d’appareils d’éclairages.»

Cette demande d'appareils d'éclairage peut paraître anecdotique. Elle ne l'était pourtant pas : les mouvements de troupes se faisaient le plus souvent la nuit, dans un noir plus ou moins complet. L'absence d'éclairage digne de ce nom dans les ouvrages et dans les lieux à forte concentration en hommes n'étaient pas sans poser de gros problèmes comme le montre cet extrait d'un rapport du génie de la 43e D.I..

« Le manque de lumière dans les forts de Vaux et de Tavannes et dans le tunnel de Tavannes  gêne considérablement la circulation des nombreuses unités qui y stationnent. Les relèves partielles, les corvées de ravitaillement en vivres, les tâches des différentes équipes de travailleurs sont considérablement ralenties par ce problème, qui entraîne des arrêts fréquents à l’entrée des forts et du tunnel. Ces endroits sont régulièrement bombardés, ce qui occasionne régulièrement des cris, parfois des chutes qui peuvent être graves… En un mot, cette situation rend particulièrement difficile le maintien de l’ordre et la discipline, sans parler de la lenteur des mouvements de troupes qui pourraient être beaucoup plus rapides. »

Dans la nuit du 3 au 4 avril 1916.

Les 5e et 8e compagnies du 149e R.I. viennent relever les 1ère et 4e compagnies du 158e R.I. placées dans le sous-secteur nord à la disposition du  31e B.C.P. vers 22 h 00.

D’autres mouvements de relèves vont avoir lieu dans le secteur de la 43e D.I. durant la nuit.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 70e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 394/1.

J.M.O. de la 5e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 268/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

J.M.O. du 44e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 827/14.

J.M.O. du 74e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 660/13.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11.

J.M.O. du 226e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/2.

J.M.O. du 237e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 725/2.

J.M.O. du 269e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 733/9.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le fond de carte,qui aservi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 43e et 70e D.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7.

La carte dessinée du secteur de Verdun, qui peut se voir ici, a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments des 43e et 70e D.I. risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par ces unités durant la journée du 3 avril 1916.

Le plan dessiné par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André provient de la collection personnelle de son petit fils.

Les portraits des commandants Magagnosc, Schalck et du capitaine de Chomereau de Saint-André proviennent du tableau d’honneur de la guerre 1914-1918 publié par la revue « l’illustration ».

Le plan qui figure sur le montage est extrait de l’ouvrage « La bataille de Verdun expliquée sur le terrain et par les cartes » du colonel Marchal et du capitaine Forestier. Éditions H. Frémont  et fils.

La photographie du fort de Vaux  datée du 31 mars 1916 provient du livre allemand « Die Tragődie von Verdun 1916. II Teil. Dibenburg I.D.. Berlin 1928.

Le tableau suivant donne une indication sur les effectifs du 149e R.I. à la date du le 1er mars 1916.

Effectifs_du_149e_R

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à A. Orrière, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

16 septembre 2016

Marcel Henri Léon Vayssière (1890-1916).

Marcel_Henri_Leon_Vayssiere

Marcel Henri Léon Vayssière est né le 7 novembre 1890, dans le petit appartement de ses parents, situé au numéro 50 rue Lemercier, dans le 17e arrondissement de Paris. À la naissance de l’enfant, le père Louis Henri travaille comme employé au chemin de fer de l’ouest. La mère, qui n’exerce pas de profession, porte les prénoms de Marie Aimée. Son nom de jeune fille est Daburon. Les parents sont, tous deux, âgés de 29 ans.

Marcel Henri Léon Vayssière quitte la capitale pour aller suivre les cours du Prytanée, une école militaire qui se trouve dans le département de la Sarthe. Une fois ses études terminées, il retourne à Paris. Le jeune homme a fait son choix ; il veut devenir soldat, mais il n’a pas encore atteint l’âge de la majorité. Il doit absolument obtenir l’autorisation parentale pour pouvoir aller signer son futur contrat avec l’armée. Ayant obtenu l’accord paternel, Marcel Henri Léon se rend à la mairie du 16e arrondissement le 28 février 1910, pour venir apposer son nom sur le document qui doit acter son engagement volontaire de quatre ans.

Le futur artilleur rejoint la ville de Vannes pour intégrer le 35e R.A.C..

La formation de sous-officier suit son cours. Le canonnier Vaysssière devient brigadier le 30 août 1910 puis maréchal des logis le 18 avril 1911. Versé six jours plus tard à l’intendance, il occupe les fonctions de maréchal des logis fourrier.

Son premier contrat arrive bientôt à échéance. Souhaitant poursuivre sa carrière militaire, il signe à nouveau le 11 novembre 1913 pour une durée d’un an. Ce contrat prend effet au moment où la date butoir du précédent est atteinte.

Pas vraiment le temps de s’installer dans la « routine » de la vie de caserne ! Août 1914… La guerre contre l’Allemagne débute. Les batteries du 35e R.A.C. sont embarquées, en gare de Vannes, sur les wagons qui doivent prendre la direction de la frontière du nord-est.

Ce régiment est beaucoup sollicité au début du conflit. Il y a de fortes probabilités pour que le maréchal des logis Vayssière ait participé à la plupart des combats dans lesquels s’est trouvé engagé le 35e R.A.C. : Maissin, Tourteron, Lenharrée et Semoine, Jonchery-sur-Suippe.

Lassé du 75, il souhaite quitter l’artillerie. L’ancien Fléchois fait une demande écrite pour être versé dans l’infanterie comme sous-lieutenant, à titre temporaire, durant l’automne 1915. Il obtient cette promotion et son changement d’affectation le 7 octobre.

Le sous-lieutenant Vayssière doit maintenant rejoindre le front d’Artois, pour assurer le commandement d’une section de la 11e compagnie du 149e R.I. à partir du 14 octobre.

Il reste dans cette compagnie jusqu’au 29 novembre 1915. Le lendemain, Marcel Henri Léon Vayssière est affecté à la 3e compagnie. N’ayant pas suivi la formation théorique qui incombe au grade de sous-lieutenant, il est amené à suivre les cours dispensés par le centre d’instruction du 21e C.A.. Son stage se déroule du 6 au 13 décembre 1915.

Le 13 décembre, c’est l’évacuation vers l’arrière pour maladie. Une fois guéri, cet officier retourne dans la zone des armées le 10 janvier 1916 ; nous sommes à quelques semaines de l’engagement du régiment dans le secteur de Verdun.

Le nom de cet homme ne reste pas bien longtemps inscrit dans le registre des effectifs du 149e R.I.. En effet, le sous-lieutenant Vayssière trouve la mort le 2 avril 1916, au moment où il mène sa section à l’assaut au cours d’une attaque qui est supposée reprendre la partie perdue du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Commandant_Magagnosc_et_sous_lieutenant_Auvert

La brièveté de son passage au 149e R.I. n’empêche pas ses supérieurs d’évaluer ses compétences à leur juste valeur. Ils diront de lui que c’était un excellent officier, sérieux, intelligent, dévoué et plein d’entrain.

Comme beaucoup d’hommes qui ont participé à l’attaque du 2 avril, il est, dans un premier temps, considéré comme disparu. Les instances officielles vont lancer des recherches auprès des soldats de sa compagnie qui ont été faits prisonniers à cette date.

Le Comité International de la Croix Rouge fait parvenir plusieurs rapports de soldats du 149e R.I. qui vont malheureusement certifier le décès de cet homme.

Le lieutenant Stehlin fait savoir :

« Atteint d’une balle à la poitrine le 2 avril 1916 à 4 h 30, attaque du village de Vaux. N’a plus donné signe de vie. »

Le 22 octobre 1916, l’aspirant Bouteille écrit :

« Décédé le 2 avril 1916 au matin, à la lisière sud du village de Vaux, en entraînant sa section à l’attaque. »

Le sergent Arthur Laurentz, le caporal Durand, l’infirmier Paul Viala et le soldat Ernest Chauvet confirment également la mort du sous-lieutenant Vayssière.

Deux procès-verbaux d’auditions de témoins en captivité viennent compléter ces rapports. Ils sont envoyés au service général des pensions du ministère de la guerre.

Le premier concerne le sergent fourrier Henri Lazarus.

« Le sous-lieutenant Vayssière a été tué d’une balle le 2 avril 1916 aux environs de Verdun. »

Le second rapport intéresse les caporaux Ernest Launay et Ernest Michaud. Celui-ci décrit de manière beaucoup plus précise les circonstances de la mort du sous-lieutenant Vayssière.

«  En partant à l’assaut, Monsieur Vayssière reçut plusieurs balles dont une à la tête et tomba. Il resta inanimé. Michaud était à un mètre et Launay à trois mètres de lui. Ils restèrent dans les trous d’obus toute la journée, près du lieutenant qui était étendu à la renverse sans donner signe de vie. Les Allemands étaient à six mètres d’eux. Les déclarants furent pris le soir. »

Cette déclaration a été faite à Messieurs Alfred Ferrand, docteur en droit, notaire à Caudry, adjudant au 4e R.I.T. et Léon Petitfils, docteur en droit, notaire à Commines, caporal au 1er R.I.T., prisonniers à Friedrischfeld.

Tous les hommes interrogés sont  donc catégoriques, le sous-lieutenant Vayssière a bien été tué le jour de l’attaque.

Le 4 octobre 1918, le tribunal de la Seine déclare constant le décès du sous-lieutenant Vayssière à la date du 3 avril 1916. La transcription de ce jugement est effectuée sur les registres de l’état civil de la mairie de Courbevoie le 31 décembre 1918.

Jusqu’à ce jour, il est impossible de dire si le corps de cet officier a été retrouvé après la guerre.

Les restes mortuaires de cet officier reposent-ils anonymement dans la crypte assignée au secteur de son décès, dans l’ossuaire de Douaumont ? Ont-ils été transférés dans une sépulture d’un cimetière communal après avoir été restitués à la famille ? La réponse à ces questions reste pour l’instant inconnue.

Le sous-lieutenant Vayssière a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 36 du 24 mars 1916.

« A fait preuve du plus grand sang-froid pendant le bombardement que dut subir sa compagnie les 8 et 9 mars 1916. Le 8 mars, un obus de gros calibre ayant fait de nombreuses victimes parmi lesquelles le chef d’une section voisine, le sous-lieutenant Vayssière rétablit l’ordre dans sa section. Il ne rentra dans son abri que lorsque tous les blessés furent pansés et mis en sécurité. »

Citation à l’ordre de la IIe armée n° 180 du 25 mai 1916.

« Officier très brave, animé des sentiments les plus élevés. Est tombé mortellement frappé le 2 avril 1916, en entraînant sa section à l’attaque d’un village fortement occupé par les Allemands. Déjà cité à l’ordre de la brigade. »

Marcel Henri Léon Vayssière est resté célibataire.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Historique du 35e R.A.C.. Imprimerie du commerce. Vannes.

Le portrait du sous-lieutenant Marcel Henri Léon Vayssière provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue illustration.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 septembre 2016

Ernest Jules Fabre (1894-1983).

Ernest_Jules_Fabre

Ernest Jules Fabre voit le jour le 28 mars 1894, dans le petit village de Saint-Étienne de Tinée situé dans le département des Alpes-Maritimes. Son père se prénomme Augustin Joseph. Cet homme a 35 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Catherine Madeleine Fabre, est une femme âgée de 31 ans. Les parents exercent tous deux le métier de cultivateur. C’est accompagné du préposé des douanes Éléazar Fulconis et du garde champêtre Alexis Ferraison que le père s’est rendu à la mairie du village, pour venir y déclarer la naissance du nouveau-né.

Ernest est l’avant-dernier d’une fratrie de cinq enfants, qui est composée de deux filles et de trois garçons. Le premier de ses frères, Albert Joseph Benjamin, décède dans sa première année de vie, le second Théophile Émile à l’âge de 12 ans.

Quittant l’école très tôt, l’adolescent est amené à pratiquer la même profession que ses parents. Il va exercer ce métier jusqu’au tout début du mois de septembre 1914, moment où sa classe d’incorporation est appelée pour cause de guerre.

Ernest Fabre doit se présenter devant le conseil de révision deux mois avant la date prévue. Il se retrouve classé dans la 5e partie de la liste. Les médecins viennent de l’ajourner pour faiblesse.

Le jeune homme peut maintenant retourner dans son village natal sans se préoccuper de savoir où il lui faudra se rendre avant d’être envoyé sur le front. Mais dans quel état d’esprit se trouve-t-il lorsqu’il quitte la salle du conseil de révision ? Ce n’est certainement pas très facile de devoir dire aux camarades de classe, qui vont bientôt rejoindre leur régiment d’affectation, qu’il ne peut pas partir pour l’instant, surtout en cette période de début de conflit ! En attendant, quel que soit l'humeur du moment, il va lui falloir reprendre le métier à la ferme. Comme tout le monde, Ernest ne sait pas encore que le sort de son pays est en train de basculer dans un chaos international qui va durer plusieurs années. Certains s’imaginent encore que tout sera probablement terminé avant la fin de l’année 1914.

Ernest se voit de nouveau convoqué devant le conseil de révision un peu moins de quatre mois plus tard. Cette fois-ci, il se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste. En raison de la pression sociale réelle qui existait, on peut imaginer qu'il a certainement été soulagé par cette décision. Il est incorporé à compter du 17 décembre 1914. Deux jours plus tard, il rejoint le dépôt du 58e R.I., un régiment du 15e C.A. qui se trouve à Avignon, où il revêt l’uniforme de fantassin.

Ernest Fabre est ensuite envoyé au dépôt du 149e R.I. à Épinal, après avoir reçu les bases élémentaires du métier de soldat. Nous sommes le 24 mai 1915. Le 8 juin, il arrive dans la zone des armées, avec un renfort, pour intégrer une section de la 2e compagnie du régiment spinalien.

Cette compagnie a été malmenée au cours d’une attaque qui s’est déroulée le 29 mai et il faut, maintenant, reconstituer les effectifs avec les nouveaux arrivants.

Le 149e R.I. combat en Artois, près d’Aix-Noulette, depuis la fin du mois de décembre 1914. Il va rester dans ce secteur jusqu’au mois de janvier 1916.

Mars 1916, le régiment doit se rendre à Verdun. Les Allemands sont particulièrement virulents sur cette partie du sol meusien. Ils ont lancé une offensive d’envergure commencée le 21 février. Ernest Fabre est blessé à la cuisse droite par un éclat d’obus le 2 avril 1916. Sa compagnie se trouve, à ce moment-là, engagée dans un combat qui a lieu dans le secteur de Vaux-devant-Damloup. 

Le jour même de l’attaque, il parvient à rejoindre l’arrière avant d’être évacué vers un hôpital situé en dehors de la zone des armées. Cette blessure lui évite la capture qui fut le sort de bon nombre de ses camarades de section partis à l'assaut.

Le 22 mai 1916, il peut réintégrer son régiment qui se trouve maintenant en Champagne du côté des buttes de Tahure.

Il est nommé caporal le 10 octobre 1918. La 1ère guerre mondiale touche presque à sa fin.

Le caporal Fabre a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 217 du 25 juillet 1918 :

« F.M. Courageux et énergique, le 15 juillet n’a pas hésité, malgré le feu des mitrailleuses, à se mettre debout sur le parapet pour tirer sur les groupes ennemis qui cherchaient à s’infiltrer par un boyau et a réussi à arrêter net la progression, en causant des pertes sérieuses à l’ennemi. »

Citation à l’ordre de la division n° 385 du 26 octobre 1918 :

« Le 28 septembre 1918, sous un violent tir de mitrailleuses ennemies, a tiré jusqu’à la dernière extrémité pour repousser une contre-attaque allemande occasionnant des pertes à l’ennemi. »

Un peu moins d’un an plus tard, c’est le retour à la vie civile. Ernest Fabre est mis en congé illimité de démobilisation le 18 août 1919, par le dépôt du 163e R.I.. Il va pouvoir enfin retourner vivre chez lui à Saint-Étienne de Tinée. Une fois l’uniforme quitté, le Caporal Fabre reste maintenu au service armée. Il essaye d’accéder à une pension d’invalidité qu’il ne parvient pas à obtenir. Les séquelles de son ancienne blessure, reçue à Verdun, sont évaluées à moins de 10 % par la commission de réforme de Nice qui prend cette décision le 29 mai 1920.

Le 14 août 1920, il épouse Rosa Honorine Marie Rivière à Salernes ; de cette union naitront deux filles, Simone et Paulette.

Ernest Fabre est maintenant classé dans l’affectation spéciale de la 10e section des chemins de fer de campagne, une subdivision complémentaire, en qualité de poseur de la compagnie sud-France, du 24 janvier 1921 au 10 janvier 1926. Il vit maintenant à Montauroux dans le Var.

Il est ensuite reclassé dans l’affectation spéciale à la 2e section des chemins de fer, subdivisions complémentaires, comme cantonnier, à la compagnie des chemins de fer P.L.M. à Goufaron à partir du 5 mai 1926.

Ernest Fabre est maintenu affecté spécial avec la même qualification professionnelle dans cette compagnie au service de la voie, jusqu’au 1er août 1927. Il passe en domicile à Toulon à la fin du mois de novembre 1927.

Le 28 mars 1953, Ernest Fabre épouse en secondes noces Anne Marie Peduzzi à Golfe Juan.

Ernest Fabre est décoré de la Médaille militaire le 12 décembre 1965. (J.O. du 11 mai 1966) puis de la Légion d'honneur le 30 octobre 1979 (J.O. du 4 novembre 1979). Cet évènement a fait l’objet d’un article qui a été publié dans la presse locale en janvier 1980. Celui-ci montre l’ancien poilu du 149e R.I. entouré de sa famille après la remise de sa décoration.

article_de_presse

Le cliché est accompagné du texte suivant :

« Entouré de ses deux filles Simone et Paulette, accompagnées de leurs gendres, de ses six petits-enfants et de ses sept arrière-petits-enfants, M. Ernest Fabre, 86 ans, retraité de la S.N.C.F., à reçu à la Bocca, au club Michel-Jourdan du troisième âge, en présence de ses nombreux amis, la croix de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur qui lui a été récemment décernée à titre militaire.

M. Jacques Susini, adjoint, représentant M. Georges Charles Ladevèze, maire, devait déclarer dans son allocution : « Cette distinction qui vous est décernée vient, bien des années après, récompenser votre action courageuse lors de la 1ère guerre mondiale et en particulier à Verdun. C’est un hommage à votre courage, mais aussi à la mémoire de tous vos camarades tombés dans un combat pour la liberté. »

Sous les applaudissements, M. Gilbert Fort, président de l’U.F.A.C., conseiller municipal, épinglait ensuite sur le revers de la veste de M. Ernest Fabre, la décoration valeureuse.

Puis au nom des membres du club Michel-Jourdan, M. Santini félicitait le récipiendaire dont il retraçait un des faits d’armes : « En 1916, dans les très durs combats qui se sont déroulés près de l’étang de Vaux, notre camarade Ernest Fabre est resté seul vivant de sa compagnie. Son comportement lui valut d’être cité à l’ordre de l’armée. »

Déjà titulaire de la Médaille militaire, de la croix de guerre, de la médaille de Verdun, de la médaille des cheminots et de la valeur militaire, M. Ernest Fabre devait sabler le champagne non sans une réelle émotion avec ses amis et les personnalités parmi lesquelles, outre celles déjà citées, MM. Tournet, Cerri, Buytet, Renaudo, Cerri, adjoints ; Perotto, et Paoli, conseillers municipaux, M. Duranti, vice-président de l’A.C.I.A.C., M. Falleri, représentant l’association des cheminots anciens combattants, Mme Baume, directrice de l’office municipal du troisième âge ; Mme Montariol, responsable du club Michel-Jourdan, les responsables de clubs de troisième âge ; Mme Michel, Norman, Beauquier et Mmes Kahl et Egé, animatrices.

Nous adressons à M. Ernest Fabre nos vives félicitations et nos compliments aux membres de sa famille. »

Ernest Jules Fabre décède le 28 octobre 1983 à Cannes.

Sources :

Le portrait d’Ernest Jules Fabre provient du site « MémorialGenWeb ».

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services et de son acte de naissance qui ont été consultés sur le site des archives départementales des Alpes-Maritimes. Le site « MémorialGenWeb » a également été regardé.

L’article de presse concernant la remise de la Légion d'honneur d’Ernest Jules Fabre ainsi que la photographie de son poignard personnel utilisé sur le montage ont été fournis par son arrière-petit-fils, T. Goume.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Goume, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département des Alpes-Maritimes. 

2 septembre 2016

Edmond Lauvernay (1895-1916).

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Le 26 juin 1895, Edmond Lauvernay voit le jour dans la demeure de son grand-père maternel, à Nanton, une commune du département de la Saône-et-Loire. À sa naissance, son père Étienne, qui est un homme âgé de 26 ans, exerce la profession d’employé. Sa mère, Marie Louise Barbier, est couturière. Elle a 25 ans. Les parents vivent et travaillent à Lyon.

Edmond se fait embaucher comme dessinateur aux chantiers Schneider de Chalon-sur-Saône, après avoir terminé ses études à l’école professionnelle de cette ville.

Le conflit contre l’’Allemagne débute en août 1914. Edmond Lauvernay n’est pas concerné par la mobilisation. En effet, il fait partie de la classe 1915 qui sera, cependant, obligée de passer la visite médicale du conseil de révision, onze mois avant la date officielle d’incorporation.

Appelé à l’âge de 19 ans et demi, Edmond Lauvernay se retrouve classé dans la 1ère partie de la liste. Il doit quitter la ville de Châlon-sur-Saône pour rejoindre le 158e R.I. à compter du 19 décembre 1914, pour y être formé aux bases du métier de fantassin. Il est ensuite muté au 149e R.I., le régiment frère de brigade. Le 8 juin 1915, le soldat Lauvernay doit rejoindre sa nouvelle affectation pour aller bientôt combattre en Artois.

Le jeune homme est nommé caporal le 25 juin 1915. Il va rester durant six mois dans la région d’Aix-Noulette. Son régiment est ensuite appelé à combattre près de Verdun en mars 1916.

Le 2 avril 1916, sa compagnie, la 2e, se retrouve engagée dans une attaque qui est censée reprendre la partie du village de Vaux-devant-Damloup fraîchement perdue. Le caporal Lauvernay est tué au cours de cette tentative qui était vouée à l’échec.

Il n’y a pas de sépulture connue pour ce caporal. Edmond Lauvernay est resté célibataire.

Le caporal Lauvernay est inscrit au tableau spécial de la médaille militaire à titre posthume dans le J.O. du 11 août 1920 « Tombé glorieusement, le 2 avril 1916, en entraînant ses hommes à l’assaut du village de Vaux, devant Verdun. A été cité. »

Décoré de la croix de guerre avec étoile de vermeil.

Sources :

La fiche signalétique et des services du caporal Edmond Lauvernay a été consultée sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

Livre d’or de l’école professionnelle de Chalon-sur-Sâone. Éditions Imprimerie Générale Administrative de Chalon-sur-Sâone.

Le J.O. du 11 août 1920 a été lu sur le site « Gallica ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à C. Fombaron et aux archives départementales de la Saône-et-Loire.

26 août 2016

Marcel Daufresne de la Chevalerie (1893-1916).

Marcel_Daufresne_de_la_Chevalerie

Marcel Daufresne de la Chevalerie voit le jour le 2 janvier 1893 dans la ville italienne de Naples. Son père se prénomme Auguste, sa mère Julia Ruchitti. C’est tout ce qui est connu pour l’instant de son histoire familiale et de sa jeunesse.

Nous savons simplement que les parents de Marcel vivent à Marseille peu de temps avant que le jeune homme ne signe un engagement volontaire, le 5 septembre 1914, pour la durée de la guerre.

Marcel possède certainement un très bon niveau d’équitation ; il débute sa carrière de soldat dans un régiment de cavalerie. Le futur cavalier doit rejoindre la ville de Vouziers pour intégrer le dépôt du 3e régiment de cuirassier. Marcel Daufresne de la Chevalerie est envoyé sur le front entre le 9 et 10 septembre sans véritable formation.

Le 12 janvier 1915, il est blessé. La nature et le lieu de sa blessure ne sont pas connus, mais celle-ci ne semble pas être très grave.

Marcel conquiert tous ses grades sur le champ de bataille. Il est nommé brigadier le 18 janvier 1915 puis maréchal de logis le 9 février 1915. Une semaine plus tard, le général commandant en chef signe sa promotion au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.

Cet avancement dans le rang des officiers l’oblige à changer d’affectation. Marcel rejoint un régiment d’infanterie qui se trouve en Artois, pour y prendre le commandement d’une section de la 1ère compagnie du 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 avril 1915.

Le 10 mai 1915, il est de nouveau blessé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, la blessure est plus sérieuse, un éclat de bombe lui fait une plaie à l’épaule droite qui nécessite une évacuation vers l’arrière.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 10 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

journee_du_10_mai_1915

Pas tout à fait remis sur pieds, le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie demande à repartir dans son régiment. Le 18 juillet 1915, il est versé dans une compagnie du 9e bataillon d'instruction de la 43e D.I.. Sa blessure n’est toujours pas cicatrisée. Le jeune homme ne consent à prendre le repos nécessaire à son rétablissement que sur les fermes injonctions de son chef de bataillon. Il lui faut maintenant prendre son mal en patience en attendant de pouvoir reprendre à nouveau la tête d’une section du 149e R.I..

Le colonel Gauthié, responsable du régiment, note l’observation suivante dans son feuillet individuel :

 « Homme vigoureux, intelligent, débrouillard. Son éducation militaire reste très incomplète, il connaît peu l’infanterie, a donc besoin de perfectionner son instruction technique. Blessé en mai, revenu non guéri, plein de bonne volonté et d’entrain, mais peu militaire. Il paraît modifier peu à peu son attitude dans le sens qui lui est conseillé et fera plus tard un excellent officier.

Il vient d’être puni par le général commandant le 21e C.A. pour une intervention maladroite dans la discipline d’un corps voisin. »

En effet, le 15 décembre 1915 le sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie écope de 4 jours d’arrêts simples pour avoir, au cours d’une ronde dans un cantonnement, outrepassé sa mission en s’engageant dans une discussion qui a dégénéré en altercation avec un commandant de compagnie d’un corps étranger au sien.

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun. Le 9 mars 1916, la section qui est sous les ordres du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie se fait tout particulièrement remarquer dans une l’attaque lancée sur le village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 9 mars 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Ravin_des_Fontaines_2

Quelques semaines plus tard, il faut de nouveau attaquer. Cette fois-ci la chance ne sera pas au rendez-vous. L’action d’éclat du 9 mars n’est pas renouvelée. Marcel Daufresne de la Chevalerie disparaît au cours de l'attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le même secteur. Il a 23 ans.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Journee_du_2_avril_1916

Le 17 avril 1916, le commandant Magagnosc qui commande le 1er bataillon du 149e R.I. dit de lui :

« Très intelligent, plein d’initiative, d’une bravoure à toute épreuve, s’est particulièrement fait remarquer devant Verdun, notamment aux combats de Vaux-devant-Damloup les 9 et 10 mars 1916 et le 2 avril 1916. Disparu à cette dernière affaire. Sa section a été citée à l’ordre de l’armée pour sa vaillante conduite devant Vaux, le 9 mars 1916. »

Une enquête est menée pour tenter de connaître les circonstances exactes de la disparition du sous-lieutenant.

Un inspecteur du commissariat du quartier du 7e district de la ville de Paris rédige le courrier suivant à l’attention du procureur de la République.

« Madame Daufresne, 10 rue du faubourg Montmartre, mère adoptive du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, consultée, a déclaré qu’elle ne pouvait révéler aucune circonstance de nature à faire douter de la réalité de cette mort, ou, au contraire, à la confirmer.

Elle ajoute que des soldats du 149e R.I., prisonniers en Allemagne, lui ont fait connaître que le sous-lieutenant avait été mortellement blessé aux abords d’une ferme, près de l’étang de Vaux, mais qu’ils ne l’avaient pas vu inhumé.

D’autre part, la Croix Rouge lui a fait parvenir les mêmes renseignements, mais sans affirmer qu’il était décédé et qu’il n’était pas connu dans les camps de prisonniers en Allemagne. (au moins, sous son véritable état civil)

Le défunt était célibataire. La dame, veuve Merlin, 11 rue Debaq, à Calais, institutrice à l’école rue Delaroche et qui était la maîtresse du sous-lieutenant fournirait peut-être des renseignements utiles au sujet de cette affaire. »

Le jugement de décès de Marcel Daufresne de la Chevalerie est rendu le 4 mai 1917 par le tribunal de la Seine. Il est transcrit à la mairie du 9e arrondissement de Paris le 11 juin.

Décorations obtenues :

Cité à l’ordre du 3e régiment de cuirassiers en décembre 1914.

Citation à l'ordre de l'armée :

« Officier très jeune, dont la bravoure était légendaire au régiment, A toujours été un entraîneur d'hommes hors pair. Est tombé bravement pour la France, le 2 avril 1916 à Vaux-devant-Damloup. »

Marcel Daufresne de la Chevalerie à été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.

La section qu'il commandait à Verdun est citée à l’ordre de la 2e armée n° 83 du 3 avril 1916.

(Première section de la 1ère compagnie du 149e R.I.)

«  Brillamment enlevée par son chef de section (sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie, est entrée le 9 mars 1916 dans un village occupé par les Allemands ; a chassé ces derniers des maisons qu’ils occupaient et à coopéré efficacement au rétablissement de la situation dans cette partie du secteur.

Par son attitude ultérieure, a interdit à l’ennemi toute progression. Est allée chercher sous le feu, et a rapporté dans nos lignes 52 caisses de grenades abandonnées en terrain découvert. A perdu le 1/5e  de son effectif. »

Le nom du sous-lieutenant Daufresne de la Chevalerie est gravé sur le monument aux morts du 9e arrondissement de Paris.

Pas de sépulture connue. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre 1914-1918. Paris 1921.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

19 août 2016

Michel Louis Laurent (1886-1916).

Sous_lieutenant_Laurent

Michel Louis Laurent voit le jour le 6 février 1886. Le lendemain, la sage femme, qui a aidé à l’accouchement, présente l’enfant à la mairie de Nantes pour y faire enregistrer son acte de naissance. Le père Henri Auguste, un négociant âgé de 45 ans, est éloigné du domicile familial durant cette période. Sa mère, Berthe Marie Mahaud, est une rentière âgée de 33 ans.

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision classe Michel Laurent dans la 1ère partie de la liste de l’année 1907. Il est bon pour le service armé en attente de sa convocation et de son affectation.

Le 7 octobre 1907, le futur soldat arrive au 116e R.I., un régiment qui occupe la caserne de La Bourdonnaye et la caserne des trente dans la ville de Vannes.

Le soldat Laurent prend du galon très rapidement. Il est nommé caporal le 19 mars 1908, puis sergent le 21 novembre 1908. À peine 8 mois pour devenir sergent ! Ce qui n’est pas si courant. En toute logique, le certificat de bonne conduite lui est accordé lorsqu’il quitte le régiment à la fin de son service militaire. Michel Laurent est envoyé en disponibilité le 25 septembre 1909.

L’histoire de la jeunesse de Michel n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il a vécu à La Roche-sur-Yon et qu’il a exercé le métier de linotypiste après son retour à la vie civile. Le 23 septembre 1911, il abandonne son clavier alphanumérique pour conduire sa future épouse à la mairie et à l’église de La Roche-sur-Yon. Il se marie avec Joséphine Henriette Constance Abellard, une libraire âgée de 27 ans originaire du Maine-et-Loire.

Le couple déménage à Poitiers. Ce changement de domicile le fait passer dans la subdivision de Poitiers le 19 décembre 1911. Désormais, il est affecté au régiment le plus proche de sa résidence, le 125e R.I..

C’est comme sergent de réserve qu’il commence la campagne contre l’Allemagne en août 1914. Rappelé à l’activité le 1er août 1914 au 325e R.I., il part avec le 125e R.I.. Michel Laurent est blessé le 8 février 1915 par une balle en séton à la partie postérieure du cou. Sa compagnie se trouve alors en Belgique, du côté de Zonnebeke. Il est évacué vers l’arrière.

Sa blessure est assez sérieuse. En septembre 1915, il est au dépôt du 125e R.I. à la 30e compagnie.

Le sergent Laurent a toujours été très bien noté par ses supérieurs. Le 28 du mois, il rédige une demande pour tenter d’obtenir le grade de sous-lieutenant. Son courrier est directement envoyé au ministère de la guerre.

« J’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir accepter la présente demande formulée en vue de l’obtention du grade de sous-lieutenant (prescription de la circulaire ministérielle du 15 septembre 1915). Je suis marié depuis le 23 septembre 1911, et je n’ai pas d’enfant. Ma femme n’occupe pas un emploi de l’état, elle habite Poitiers. »

Cette requête est acceptée. Le sergent Laurent, alors âgé de 29 ans, est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, par décision ministérielle en date du 20 octobre 1915. Cette promotion publiée au journal officiel l’oblige à changer de régiment. Il quitte Poitiers pour se rendre à Épinal où il doit se présenter au dépôt du 149e R.I. le 7 novembre 1915. Dès le lendemain, il part avec un renfort qui rejoint le régiment à Aix-Noulette en Artois. Une fois sur place, le sous-lieutenant Laurent est affecté au commandement d’une section de la 2e compagnie du régiment.

Quelques mois après son arrivée, il disparaît au cours d’une attaque qui se déroule le 2 avril 1916 dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup. Cette attaque est un véritable échec. Dans la confusion, personne ne sait ce qu’il est advenu du sous-lieutenant Laurent. A-t-il a été tué ? A-t-il été fait prisonnier ? Personne n’est capable de donner une réponse.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

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Une enquête approfondie est lancée auprès de plusieurs soldats de la 2e compagnie du 149e R.I. qui ont été faits prisonniers après l’attaque du 2 avril 1916. Plusieurs demandes d’informations sont envoyées dans les camps de prisonniers où se trouvent certains de ces hommes.

Le capitaine Toussaint, l’adjudant Woinetin, les sergents Lazarus et Lemoine, les soldats Génin et Durand confirment le décès du Michel Laurent. L’ensemble de leurs déclarations a été recueilli par le Comité International de la Croix Rouge ou par des courriers directement adressés à la veuve du sous-lieutenant.

Ce sont les soldats Charles Genin et J. Durand qui donnent le plus de détails sur les circonstances de la mort du sous-lieutenant Laurent.

Le premier écrit ceci :

«  La compagnie venait de prendre une tranchée allemande. En arrivant dans la tranchée, je vis le sous-lieutenant étendu sur le dos, frappé d’une balle dans la poitrine du côté droit. Il mourut à peu près une heure après. On le recouvrit d’une toile de tente et la tranchée fur reprise par les Allemands »

Le second qui faisait partie de la 2e section de la 2e compagnie note ceci.

« Je connais le sous-lieutenant Michel Laurent qui a été tué au cours du combat du 2 avril 1916 d’une balle dans la poitrine, à 500 m environ du village de Vaux, près de la ligne de chemin de fer. Le sous-lieutenant doit être enterré dans la tranchée à cet endroit. »

Il existe une fiche au nom du sous-lieutenant Michel Laurent sur le site du Comité International de la Croix Rouge.

Fiche_C

Le jugement déclaratif du décès est prononcé le 3 avril 1917 par le tribunal civil de 1ère instance de Poitiers.

Le commandant Magagnosc, responsable du 1er bataillon du 149e R.I., écrit dans le dernier relevé des notes de Michel Laurent :

« Officier très distingué, très brave, plein d’entrain au feu, qui s’est particulièrement distingué aux combats devant Verdun du 8 mars au 2 avril 1916. Disparu le 2 avril 1916 au moment où il entraînait vigoureusement sa section à l’attaque des tranchées allemandes au nord de Vaux. »

Cité à l’ordre de la brigade n° 39 en date du 26 mars 1916 :

«  Excellent officier à tous points de vue, s’est fait tout spécialement remarquer du 8 au 16 mars 1916 par l’exemple de son courage et de son sang froid. Ayant perdu plus de la moitié des hommes de sa section, est parvenu par son énergie et son attitude à relever le moral du faible effectif qui lui restait »

Le sous-lieutenant Michel Laurent repose actuellement dans le cimetière national français de Douaumont. Sa sépulture porte le n° 128.

Sepulture_sous_lieutenant_Laurent

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Michel Louis Laurent a été réalisée par A. Cesarini.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et au Comité International de la Croix Rouge.

12 août 2016

Léon Paul Guérin (1877-1916).

Leon_Paul_Guerin

Léon Paul Guérin est né le 15 janvier 1877, dans la demeure parentale située dans le faubourg Montbernage de la ville de Poitiers. À sa naissance, son père, Louis, est un journalier qui est âgé de 46 ans. Sa mère, Modeste Beillard, est une femme âgée de 38 ans qui n’exerce pas de profession.

Léon Paul est confronté à un drame terrible alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Son père décède deux jours avant que Léon Paul n’ait fêté ses huit ans. La vie qui ne lui fait pas de cadeau devient très vite compliquée. Les petits salaires ramenés par le chef de famille qui permettaient de faire vivre les siens ne sont plus là ! L’histoire ne le dit pas, mais nous pouvons aisément imaginer que Léon Paul a dû, très vite, se mettre en quête d’un travail pour subvenir à ses besoins. Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir qu’il a exercé le métier de domestique.

Le 28 janvier 1898, Léon Paul Guérin a tout juste 21 ans. Il se rend à la mairie de Poitiers, pour contracter un engagement volontaire de quatre ans avec l’armée.

Le futur soldat n’a pas à aller bien loin pour revêtir son uniforme flambant neuf. Il lui suffit de traverser quelques rues pour se rendre à la caserne du 125e R.I. qui se trouve dans sa ville natale. Les apprentissages de la vie de fantassin peuvent commencer.

Léon Paul peut coudre ses galons rouges de caporal à partir du 17 septembre 1898.

En février 1899, le jeune sous-officier part de Rosny en détachement,pour se rendre en Algérie. Le caporal Guérin embarque à Marseille dans la soirée du 18 février. Le lendemain, son navire accoste à Philippeville après une traversée sans histoire. Le 20 février, il est à Sétif. Il y reste plusieurs mois.

Le 6 août 1899, son séjour militaire algérien touche à sa fin, Léon Paul Guérin quitte Sétif après la soupe du matin. Il se rend pour la seconde fois à Philippeville. Le 7 août, il traverse la mer Méditerranée. Le lendemain, les clous de ses godillots martèlent le débarcadère du port de la cité phocéenne. Le caporal Guérin doit se rendre au mont Valérien le 10 août 1899.

Toujours au 125e R.I., il est nommé dans le grade supérieur le 20 septembre 1899.

Durant les années suivantes, le sergent Guérin va apposer sa signature plusieurs fois sur une multitude de petits contrats qui s'étalent sur des périodes allant d’une à trois années.

 Le 8 juillet 1901, il valide un contrat d’un an qui prend effet vingt jours plus tard. Le suivant, qui devient applicable à partir du 28 janvier 1902, est ratifié le 15 février 1902. Le sergent Guérin signe un nouveau contrat le 26 mars 1904 qui rentre en vigueur le 26 janvier 1905.

Le jeune sous-officier exerce les fonctions de sergent-fourrier dans une des compagnies du régiment, entre le 11 juin et le 1er septembre 1904, avant d’être nommé sergent-major.

Réengagé pour une durée de trois ans le 28 septembre 1906 à compter du 28 janvier 1907, puis pour deux ans, le 12 janvier 1910 à compter du 28 janvier 1910, il devient adjudant le 12 décembre 1911.

Léon Paul Guérin est commissionné à compter du 28 janvier 1912, suite à une décision prise par le général commandant la 34e brigade en date du 25 janvier 1912.

1912, 1913, la vie de caserne suit son cours au rythme des manœuvres et des nouvelles classes à prendre en charge jusqu’au moment fatidique où le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914.

Il ne quitte pas seulement cette caserne à laquelle il vient de consacrer 15 ans de sa vie. En effet, le 17 avril 1903, il a épousé à Poitiers, Amadis Éléonore Eulalie Girault, une employée de commerce alors âgée de 24 ans, native de la petite commune de Vouneuil-sous-Biard. Pour cela, Il avait dû obtenir l’autorisation du conseil d’administration du 125e R.I., une étape obligatoire pour les militaires à cette époque. Il laisse également son fils, Maurice Léon, né le 1er janvier 1905.

L’adjudant Guérin est blessé le 20 août 1914 à Nomény. Une balle s’est logée dans un de ses mollets. Le 10 novembre 1914, il est de nouveau blessé. Sa compagnie combat dans le secteur de Saint-Julien. Cette fois-ci, c’est une balle qui lui fait une plaie entre les deux épaules.

Le 17 mars 1915, il quitte le statut de sous-officier. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Cette promotion l’oblige à quitter son régiment. Il rejoint le 140e R.I. le jour même. Le 28 septembre 1915, il est muté au 149e R.I.. Cette unité vient de subir de lourdes pertes en Artois dans les jours précédents. Il faut reconstituer le régiment en hommes et en officiers.

C’est à la tête de la 1ère compagnie que le sous-lieutenant Guérin trouve la mort le 2 avril 1916. Sa compagnie est engagée dans une attaque qui doit permettre la reprise du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 2 avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Carte_3_journ_e_du_2_avril_1916

Il est, dans un premier temps, considéré comme disparu. Une enquête est menée auprès de plusieurs soldats de la 1ère compagnie du 149e R.I. qui ont été envoyés en captivité en Allemagne. Ces recherches sont menées par l’intermédiaire de la Croix Rouge, par l’union des femmes de France et par le bureau de renseignements sur les prisonniers de guerre du ministère de la guerre.

Plusieurs hommes se souviennent…

Les soldats Marc Cagnon et Marcel Vermande qui sont prisonniers à Münster font savoir que le sous-lieutenant Guérin est présumé tué. D’autres témoignages seront moins précis.

C’est le sergent fourrier André Devineau, en captivité à Heisberg, qui fournit les renseignements les plus détaillés.

« En ma qualité de fourrier de la compagnie, j’ai suivi le sous-lieutenant Guérin partout, nous nous sommes arrêtés dans un trou d’obus, en arrière de la 1ère section, où nous avons passé la journée. Le soir, vers 5 h 00, au moment où la contre-attaque des Allemands se déclenchait, il a voulu fuir, mais il ne fît qu’une dizaine de pas environ. Je le vis tomber, la tête en avant, dans un trou d’obus. Son casque fut projeté 5 à 6 mètres en avant, ce qui me fait croire que l’infortuné sous-lieutenant a été touché à la tête par une balle de mitrailleuse. Il ne fît plus aucun mouvement. Je n’ai pu aller le voir de près et ne puis dire s’il avait été tué sur le coup. »

Le 17 avril 1916, Léon Paul Guérin est confirmé à titre définitif dans ses fonctions de sous-lieutenant.

Quelques mois plus tard, le journal officiel du 20 décembre 1917 valide sa nomination dans le grade de lieutenant.

Plusieurs témoins ont bien vu le sous-lieutenant Guérin tomber. Le sergent fourrier André Devineau narre, avec précision, les circonstances de l’évènement. Mais aucun d’entre eux n’a pu véritablement constater le décès de l’officier. De ce fait, son statut va rester celui de disparu. Son épouse, ayant entendu parler d’une blessure suivie d’une capture, fait des démarches pour tenter de savoir s’il n’est pas décédé en captivité.

Le 17 février 1919, elle écrit la lettre suivante au ministère de la guerre :

Monsieur,

J’ai appris qu’il s’était formé un bureau chargé de la recherche des disparus et qu’il se tenait en relations constantes avec la commission française envoyée en Allemagne, il y a environ un mois, pour procéder à l’identification civile des prisonniers décédés durant leur captivité.

Je n’ai pu obtenir de nouvelles officielles concernant le sort de mon mari, le sous-lieutenant Guérin Léon Paul du 149e R.I. disparu depuis le 2 avril 1916 à Vaux.

Une note émanant des nouvelles de soldats, mentionne qu’il été blessé et prisonnier. Je vous adresse un duplicata de cette note en vous priant de vouloir bien attirer la bienveillante attention de la commission qui siège à Berlin, à seule fin que de nouvelles recherches soient poursuivies dans les hôpitaux, camps de prisonniers, centres neurologiques qui me permettent de savoir ce qu’il est devenu de mon malheureux mari.

Je vous prie d’agréer Monsieur, avec tous mes remerciements, l’assurance de ma haute considération.

E. Guérin, 2 rue du Souci, Poitiers, Vienne.

Ce n’est que le 17 juillet 1919 que le tribunal de Poitiers officialise le décès du sous-lieutenant Léon Paul Guérin.

Le lieu de sépulture de cet officier n’est pas connu.

Le nom de Léon Paul Guérin ne semble pas figurer sur les monuments aux morts de la ville de Poitiers et des communes de Biard et de Vouneuil-sous-Biard.

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec palme et étoile d’argent.

Citation à l’ordre de l’armée publiée dans le J.O. du 21 janvier 1915 :

« S’est fait remarquer par son entrain, son sang froid et sa bravoure. Deux blessures très graves »

 Citation à l’ordre de la division n° 46 du 20 juin 1915 :

« Blessé très grièvement en entraînant sa section. N’a quitté le champ de bataille qu’à la nuit tombante. »

Médaille militaire  par décret du 30 décembre 1914.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Vienne.

La photographie de l’étang de Vaux a été réalisée en 2012.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Vienne.

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