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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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16 septembre 2016

Marcel Henri Léon Vayssière (1890-1916).

Marcel_Henri_Leon_Vayssiere

Marcel Henri Léon Vayssière est né le 7 novembre 1890, dans le petit appartement de ses parents, situé au numéro 50 rue Lemercier, dans le 17e arrondissement de Paris. À la naissance de l’enfant, le père Louis Henri travaille comme employé au chemin de fer de l’ouest. La mère, qui n’exerce pas de profession, porte les prénoms de Marie Aimée. Son nom de jeune fille est Daburon. Les parents sont, tous deux, âgés de 29 ans.

Marcel Henri Léon Vayssière quitte la capitale pour aller suivre les cours du Prytanée, une école militaire qui se trouve dans le département de la Sarthe. Une fois ses études terminées, il retourne à Paris. Le jeune homme a fait son choix ; il veut devenir soldat, mais il n’a pas encore atteint l’âge de la majorité. Il doit absolument obtenir l’autorisation parentale pour pouvoir aller signer son futur contrat avec l’armée. Ayant obtenu l’accord paternel, Marcel Henri Léon se rend à la mairie du 16e arrondissement le 28 février 1910, pour venir apposer son nom sur le document qui doit acter son engagement volontaire de quatre ans.

Le futur artilleur rejoint la ville de Vannes pour intégrer le 35e R.A.C..

La formation de sous-officier suit son cours. Le canonnier Vaysssière devient brigadier le 30 août 1910 puis maréchal des logis le 18 avril 1911. Versé six jours plus tard à l’intendance, il occupe les fonctions de maréchal des logis fourrier.

Son premier contrat arrive bientôt à échéance. Souhaitant poursuivre sa carrière militaire, il signe à nouveau le 11 novembre 1913 pour une durée d’un an. Ce contrat prend effet au moment où la date butoir du précédent est atteinte.

Pas vraiment le temps de s’installer dans la « routine » de la vie de caserne ! Août 1914… La guerre contre l’Allemagne débute. Les batteries du 35e R.A.C. sont embarquées, en gare de Vannes, sur les wagons qui doivent prendre la direction de la frontière du nord-est.

Ce régiment est beaucoup sollicité au début du conflit. Il y a de fortes probabilités pour que le maréchal des logis Vayssière ait participé à la plupart des combats dans lesquels s’est trouvé engagé le 35e R.A.C. : Maissin, Tourteron, Lenharrée et Semoine, Jonchery-sur-Suippe.

Lassé du 75, il souhaite quitter l’artillerie. L’ancien Fléchois fait une demande écrite pour être versé dans l’infanterie comme sous-lieutenant, à titre temporaire, durant l’automne 1915. Il obtient cette promotion et son changement d’affectation le 7 octobre.

Le sous-lieutenant Vayssière doit maintenant rejoindre le front d’Artois, pour assurer le commandement d’une section de la 11e compagnie du 149e R.I. à partir du 14 octobre.

Il reste dans cette compagnie jusqu’au 29 novembre 1915. Le lendemain, Marcel Henri Léon Vayssière est affecté à la 3e compagnie. N’ayant pas suivi la formation théorique qui incombe au grade de sous-lieutenant, il est amené à suivre les cours dispensés par le centre d’instruction du 21e C.A.. Son stage se déroule du 6 au 13 décembre 1915.

Le 13 décembre, c’est l’évacuation vers l’arrière pour maladie. Une fois guéri, cet officier retourne dans la zone des armées le 10 janvier 1916 ; nous sommes à quelques semaines de l’engagement du régiment dans le secteur de Verdun.

Le nom de cet homme ne reste pas bien longtemps inscrit dans le registre des effectifs du 149e R.I.. En effet, le sous-lieutenant Vayssière trouve la mort le 2 avril 1916, au moment où il mène sa section à l’assaut au cours d’une attaque qui est supposée reprendre la partie perdue du village de Vaux-devant-Damloup.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Commandant_Magagnosc_et_sous_lieutenant_Auvert

La brièveté de son passage au 149e R.I. n’empêche pas ses supérieurs d’évaluer ses compétences à leur juste valeur. Ils diront de lui que c’était un excellent officier, sérieux, intelligent, dévoué et plein d’entrain.

Comme beaucoup d’hommes qui ont participé à l’attaque du 2 avril, il est, dans un premier temps, considéré comme disparu. Les instances officielles vont lancer des recherches auprès des soldats de sa compagnie qui ont été faits prisonniers à cette date.

Le Comité International de la Croix Rouge fait parvenir plusieurs rapports de soldats du 149e R.I. qui vont malheureusement certifier le décès de cet homme.

Le lieutenant Stehlin fait savoir :

« Atteint d’une balle à la poitrine le 2 avril 1916 à 4 h 30, attaque du village de Vaux. N’a plus donné signe de vie. »

Le 22 octobre 1916, l’aspirant Bouteille écrit :

« Décédé le 2 avril 1916 au matin, à la lisière sud du village de Vaux, en entraînant sa section à l’attaque. »

Le sergent Arthur Laurentz, le caporal Durand, l’infirmier Paul Viala et le soldat Ernest Chauvet confirment également la mort du sous-lieutenant Vayssière.

Deux procès-verbaux d’auditions de témoins en captivité viennent compléter ces rapports. Ils sont envoyés au service général des pensions du ministère de la guerre.

Le premier concerne le sergent fourrier Henri Lazarus.

« Le sous-lieutenant Vayssière a été tué d’une balle le 2 avril 1916 aux environs de Verdun. »

Le second rapport intéresse les caporaux Ernest Launay et Ernest Michaud. Celui-ci décrit de manière beaucoup plus précise les circonstances de la mort du sous-lieutenant Vayssière.

«  En partant à l’assaut, Monsieur Vayssière reçut plusieurs balles dont une à la tête et tomba. Il resta inanimé. Michaud était à un mètre et Launay à trois mètres de lui. Ils restèrent dans les trous d’obus toute la journée, près du lieutenant qui était étendu à la renverse sans donner signe de vie. Les Allemands étaient à six mètres d’eux. Les déclarants furent pris le soir. »

Cette déclaration a été faite à Messieurs Alfred Ferrand, docteur en droit, notaire à Caudry, adjudant au 4e R.I.T. et Léon Petitfils, docteur en droit, notaire à Commines, caporal au 1er R.I.T., prisonniers à Friedrischfeld.

Tous les hommes interrogés sont  donc catégoriques, le sous-lieutenant Vayssière a bien été tué le jour de l’attaque.

Le 4 octobre 1918, le tribunal de la Seine déclare constant le décès du sous-lieutenant Vayssière à la date du 3 avril 1916. La transcription de ce jugement est effectuée sur les registres de l’état civil de la mairie de Courbevoie le 31 décembre 1918.

Jusqu’à ce jour, il est impossible de dire si le corps de cet officier a été retrouvé après la guerre.

Les restes mortuaires de cet officier reposent-ils anonymement dans la crypte assignée au secteur de son décès, dans l’ossuaire de Douaumont ? Ont-ils été transférés dans une sépulture d’un cimetière communal après avoir été restitués à la famille ? La réponse à ces questions reste pour l’instant inconnue.

Le sous-lieutenant Vayssière a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 36 du 24 mars 1916.

« A fait preuve du plus grand sang-froid pendant le bombardement que dut subir sa compagnie les 8 et 9 mars 1916. Le 8 mars, un obus de gros calibre ayant fait de nombreuses victimes parmi lesquelles le chef d’une section voisine, le sous-lieutenant Vayssière rétablit l’ordre dans sa section. Il ne rentra dans son abri que lorsque tous les blessés furent pansés et mis en sécurité. »

Citation à l’ordre de la IIe armée n° 180 du 25 mai 1916.

« Officier très brave, animé des sentiments les plus élevés. Est tombé mortellement frappé le 2 avril 1916, en entraînant sa section à l’attaque d’un village fortement occupé par les Allemands. Déjà cité à l’ordre de la brigade. »

Marcel Henri Léon Vayssière est resté célibataire.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Historique du 35e R.A.C.. Imprimerie du commerce. Vannes.

Le portrait du sous-lieutenant Marcel Henri Léon Vayssière provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue illustration.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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