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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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verdun 1916
10 février 2017

10 avril 1916.

10_avril_1916

Les derniers éléments du 149e R.I. ont quitté la 1ère ligne dans la soirée du 9 avril. Des retardataires arrivent encore à Dugny au petit jour.

Le 6e bataillon du 323e R.I. est remplacé par le 1er bataillon du 28e R.I. dans la nuit du 9 aux 10 avril 1916.

Le 3e B.C.P., qui est la dernière des unités de la 43e D.I. à rester dans un secteur exposé, ne sera relevé que le 11 avril.

Carte_1_journee_du_10_avril_1916

Legende_carte_1_journee_du_10_avril_1916

Les soldats du 149e R.I. cantonnent une partie à Landrecourt, une partie à Dugny. Ces hommes ne savent absolument pas ce qui les attend dans les heures à venir.

Ils sont censés quitter définitivement le secteur de Verdun, mais la situation sur le front est telle qu’ils peuvent, à tout moment, retourner en 1ère ligne.

Le mitrailleur Paul Portier raconte cette situation inconfortable dans ses écrits :

« Le régiment dont les rangs sont clairsemés se rend sur la route entre Lempire et Nixeville pour embarquer. Mais au dernier moment, nous recevons l’ordre verbal de rejoindre nos cantonnements de Dugny-Landrecourt. Sur tout le front s’est déchaîné un bombardement d’une extrême violence et il ne faut pas chercher plus loin la cause de notre non-embarquement aujourd’hui. »

Le commandant Magagnosc assure toujours l'intérim à la tête du 149e R.I..

Carte_2_journee_du_10_avril_1916

Le 3e bataillon, qui était commandé par le capitaine de Chomereau de Saint-André lorsqu’il était dans le secteur du fort de Vaux, se trouve maintenant sous les ordres du commandant Fernagu (la date exacte de la prise de commandement de ce bataillon par cet officier n’est pas connue). 

Sources :

J.M.O. de la 5e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 268/9.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le fond de carte,qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs de la 5e D.I., de la 11e brigade, du 3e B.C.P et du 332e R.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Plan_Gaston_de_Chomereau_de_Saint_Andre

Les portraits des hommes présents sur le montage représentent les officiers qui ont commandé les 4 compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. en avril 1916. Les noms de ces responsables de compagnie ont pu être identifiés, grâce à un plan dessiné par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André. De gauche à droite se trouvent le capitaine Joseph Delung (9e compagnie), le capitaine Joseph Chauffenne (12e compagnie) le lieutenant Gabriel Gérard (10e compagnie) et le lieutenant Louis Foucher (11e compagnie).

 Une liste nominative des officiers de corps du 149e R.I. datant du 18 avril 1916, dont la copie m’a été envoyée par le petit-fils du lieutenant-colonel Gothié, confirme ces noms.

 Le portrait du capitaine Delung a été envoyé par la famille descendante de cet officier.

Le portrait du capitaine Louis Foucher provient d’une photographie de groupe, qui fait partie du fond Paul Douchez consultable au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Les portraits du capitaine Gérard et du capitaine Chauffenne font partie de ma collection personnelle.

Un grand merci à M. Bordes, J. Étienne, à A. Carobbi, à D. Gothié,à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

3 février 2017

Marie Louis Crébely (1892-1917).

Marie_Louis_Crebely

Originaire de la ville de Dôle, Marie Louis Crébely voit le jour le 9 février 1892. Son père se prénomme Claude Étienne Armand. Il est âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Louise Juliette Séraphine Pergaud est une femme qui a 27 ans. Le couple a eu trois enfants.

Élève au collège de Notre Dame de Mont-Roland, Louis Crébely y fait ses classes de 7e, 6e et 5e. Il quitte l’établissement en juillet 1904 ; ses parents viennent de divorcer. Louis s’installe à Dijon pour y terminer ses études. Sa fiche signalétique et des services nous indique qu’il possède un degré d’instruction de niveau 5.

Il exerce le métier de dactylographe avant d’être incorporé sous les drapeaux le 9 octobre 1913. C’est au 149e R.I. qu’il va apprendre le métier de soldat. Il est nommé caporal le 11 avril 1914. Louis Crébely est toujours installé à la caserne Courcy lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914.

Il commence donc la campagne avec ce régiment, qui doit se rendre à la frontière quelques jours avant la déclaration officielle de la guerre, son unité faisant partie des troupes de couverture.

Le caporal Crébely obtient ses galons de sergent le 1er septembre 1914. Ce jeune sous-officier prend part aux combats de Souain et d’Ypres avant d’être nommé aspirant la veille de Noël 1914.

Louis Crébely passe toute l’année 1915 dans le secteur d’Aix-Noulette, une petite commune située en Artois. Durant cette période, le 149e R.I. participe à plusieurs combats qui ont été particulièrement meurtriers.

Des extraits de sa correspondance adressée à sa mère ont pu traverser le temps grâce au livre d’or de l’école libre de Notre Dame de Roland.

Le 12 septembre 1914, il lui écrit ceci :

« … Supporte vaillamment la dure épreuve à laquelle tu es soumise. Pense qu’en ce moment, il est préférable que je meure plutôt que de voir les Allemands fouler du pied ce que nous avons de plus cher. En ce moment, ma vie est à la merci d’une balle. Mais si je meurs, je mourrai content, car je n’aurai jamais cessé de t’aimer et de m’efforcer de te rendre heureuse… »

Louis n’a pas encore 23 ans.

Le 7 janvier 1915, il lui adresse les mots suivants :

« … Je ne suis pas plus brave qu’un autre, mais ayant une responsabilité, je dois me rendre compte de tout par moi-même, afin d’éviter à mes hommes des peines inutiles. Tu ne peux pas t’imaginer combien je suis aimé et obéi de mes hommes et j’en suis très heureux. Je te remercie, ma chère maman, de prier et de faire prier pour moi… »

Le 27 janvier 1915, il lui envoie les lignes ci-dessous :

« … Depuis le début de la campagne, je n’ai pu aller que trois fois à la messe, en particulier dimanche dernier, et c’est pour moi un puissant réconfort. Ne crois donc pas que je souffre, ma chère maman, je suis heureux, toujours gai, jamais triste… Certes, je préfèrerais être au chaud à la maison. Mais que veux-tu ? Pour qu’à l’avenir nous puissions vivre tranquilles, et non sous la botte prussienne, il faut bien que nous nous battions, et la victoire étant certaine pour nous, c’est un puissant soulagement à toutes nos peines de songer que la grande famille française sera enfin libre et heureuse… »

C’est un homme qui reste humble. Quelques jours après l’attaque allemande du 3 mars 1915, sa mère reçoit le courrier suivant :

« … À la suite de l’attaque allemande d’il y a cinq jours, et de la contre-attaque que nous avons faite,  je suis proposé pour être cité à l’ordre du jour. Je pense que tu seras contente. C’est pour moi un grand bonheur, mais je ne cherche pas du tout à me faire remarquer. Je veux simplement faire mon devoir, sans bruit… »

Le 8 mars 1916, l’aspirant Crébely est blessé dans le secteur de Verdun. Le numéro de sa compagnie n’est pas connu.

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journees_des_7__8_et_9_mars_1916

Il rentre au dépôt le 10 avril 1916 après avoir été soigné durant un mois dans un hôpital de l’arrière. Louis Crébely se prépare à faire ses adieux au régiment spinalien, car il vient d’être muté à la 2e compagnie du 118e R.I.. Il est sur tous les fronts où se trouve son nouveau régiment, jusqu’au moment où il est tué en entraînant sa section à l’attaque sur les hauteurs de Laffaux, le 7 avril 1917.

Son acte de décès est transcrit à la mairie d’Audelange le 8 décembre 1917.

Décorations obtenues :

Médaille militaire par décret du 3 avril 1920 (J.O. du 21 août 1920)

« A fait preuve d’un grand calme, en conduisant sa section sous un feu violent de mitrailleuses et d’artillerie. A été mortellement blessé en se portant à l’assaut de la position ennemie le 7 avril 1917, à Laffaux. A été cité. »

L’aspirant Crébely repose actuellement dans la nécropole nationale « Bois Roger » à Ambleny. Sa sépulture individuelle porte le n° 469.

Sepulture_Louis_Crebely

Son frère cadet, Emmanuel Henri, repose juste à côté de lui.

Marie Louis Crébely est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Le nom de cet homme est gravé sur le monument aux morts de la commune jurassienne d’Orchamps. Il est également inscrit sur la plaque commémorative qui est  fixée sur un des murs de l’église de Dôle.

En juillet 1921, le lieutenant Le Sayec, du 118e R.I. adresse le mot suivant à Madame Crébely :

« Votre fils était un sous-officier d’une haute valeur et pour lequel j’avais personnellement beaucoup d’estime, pour sa bravoure et son sang-froid. Très considéré par ses chefs et ses soldats, l’aspirant Crébely était appelé à faire un excellent officier. »

Sources :

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultée sur le site des archives départementales du Jura.

Livre d’or « L’école libre de Notre-Dame de Mont-Roland et la guerre 1914-1918. » Besançon, imprimerie Jacques et Demontrond. 1922.

La photographie de sa sépulture a été réalisée par M. Chevalier.

Le site « MémorialGenWeb » a été consulté.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Chevalier, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Jura.

27 janvier 2017

9 avril 1916.

9_avril_1916

Les relèves prévues ont pris beaucoup de retard. Les tranchées sont encombrées, les bombardements intensifs. Il faut être le plus discret possible pour ne pas attirer l’attention de l’ennemi.

Dans la nuit du 8 au 9 avril, des éléments du 2e bataillon du 24e R.I. relèvent les 6e et 7e compagnies du 149e R.I. qui sont encore en 1ère ligne dans le secteur de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

Le 1er B.C.P. est remplacé aux abris du ravin par une compagnie du 1er bataillon et par deux compagnies du 2e bataillon du 28e R.I.. Les chasseurs du commandant Devincet se dirigent sur Lempire pour y cantonner.

Carte_1_journee_du_9_avril_1916

Le 3e bataillon du 28e R.I. prend la suite du 3e bataillon du 149e R.I. dans le secteur du tunnel de Tavannes. Le responsable du bataillon du régiment spinalien, reçoit les ordres suivants :

« Au reçu du présent ordre le 3e bataillon du 149e R.I. quittera le tunnel et se rendra à Landrecourt, en vue de dégager la partie sud du tunnel de Tavannes qu’il occupe. Il est possible que certaines fractions de ce bataillon actuellement au travail rentrent trop tard pour pouvoir effectuer ce déplacement en plein jour.

Quoi qu'il en soit, il importe que ce mouvement soit tout au moins commencé et que le plus grand nombre de compagnies possible partent ce matin. Rendre compte de l’exécution. Dans tous les cas, le déplacement est à organiser au plus tôt, en ayant soin, dès que le jour viendra, de se fractionner en petits détachements, à grande distance.

Dans ces conditions, ce mouvement peut s’opérer avec des chances de sécurité. »

Le 3e bataillon du 149e R.I. arrive vers 16 h 00 à Dugny ; il ne semble pas aller cantonner à Landrecourt. Paul Portier évoque ce mouvement dans son témoignage :

« Les 6, 7 et 8 avril, nous restons en réserve dans le tunnel et le 9 à 16 h 00, nous revenons après relève par le 28e R.I., à Dugny où nous cantonnons. »

Les archives consultées ne permettent pas de connaître la répartition exacte des trois bataillons du 149e R.I. entre Landrecourt et Dugny.

Le 5e bataillon du 332e R.I. prend la suite du 5e bataillon du 323e R.I. dans la soirée du 9 avril.

Les mitrailleurs du 149e R.I., qui sont encore en position du côté de l’étang de Vaux-devant-Damloup, sont relevés vers 21 h 00. Ils sont les derniers du régiment à quitter la 1ère ligne.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  826/25.

J.M.O. du 24e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 599/5.

J.M.O. du 28e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5.

J.M.O. du 332e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 753/15.

J.M.O. du 323e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 750/2.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

La vue panoramique représentant l’étang de Vaux-devant-Damloup a été réalisée en 2012.

Le plan qui figure sur le montage est extrait de l’ouvrage « La bataille de Verdun expliquée sur le terrain et par les cartes » du colonel Marchal et du capitaine Forestier. Éditions H. Frémont  et fils.

Un grand merci à M. Bordes,  à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

23 janvier 2017

Ils sont allés mourir en terre meusienne.

                  Portraits_Verdun

Pour bon nombre des hommes disparus au cours de la Première Guerre mondiale, la tâche devient de plus en plus ardue pour essayer de reconstruire quelques bribes de leurs histoires à mesure que les années passent. Presque 100 ans après, la plupart du temps il ne subsiste plus qu’un nom, une date de naissance, une date de décès. Dans le meilleur des cas, quelques lignes inscrites sur une fiche signalétique et des services, viennent nous raconter une partie de leurs parcours militaires et nous donner quelques traits de leurs visages et puis c’est tout.

Feuilleter un livre d’or contenant des portraits reste toujours un moment émouvant.  

Les parcours individuels des trois hommes qui sont évoqués ici sont unis par quatre points communs. Outre le fait qu’ils furent tués tous les trois dans le secteur de Verdun, ils furent  également membres du personnel de la Blanchisserie et teinturerie de Thaon, aucun d’entre eux n’eut de sépulture individuelle et ils étaient tous au 149e R.I... 

Fernand Eugène Beuchot (1888-1916). 

Fernand Eugène Beuchot est né le 20 avril 1888 sur la commune du Val d’Ajol dans les Vosges. Il est le fils de Louis et de Marie Clotilde Valburgs Pillard. Il épouse une dénommée Marie Vagner.

Il est soldat au 149e R.I. lorsqu’il décède le 15 mars 1916 dans le secteur Vaux. 

Son acte de décès est enregistré le 28 août 1918 par décision du tribunal civil de première instance d’Épinal. 

Pas de sépulture connue. 

Henri Léon Ernst (1887-1916). 

Henri Léon Ernst est né le 20 mai 1887 sur la commune de Thaon dans les Vosges. Il est le fils d’Ignace et de Célestine Oberquefeld et l’époux de Marie Henriette Dubois.

Avant la mobilisation, il est domicilié sur la commune de Chavelot, et a travaillé comme ouvrier à la blanchisserie et Teinturerie de Thaon pendant 6 ans.

Il est sergent au 149e R.I. lorsqu’il décède le 2 avril 1916 dans le secteur Vaux. 

Son acte de décès est enregistré le 16 octobre 1918 par décision du tribunal civil de première instance d’Épinal.

Pas de sépulture connue.  

Marie Joseph Henri Dumont (1884-1916). 

Pour en savoir plus sur Marie Joseph Henri Dumont, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Henri_Dumont

Source :

Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon, morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris, Strasbourg.

Un grand merci à M. Bordes, A. Carobbi et à O. Gérardin.

20 janvier 2017

Firmin Doulcier (1895-1916).

Firmin_Doulcier

Aimé Doulcier et Ernestine Agnel demeurent à Laval, une petite commune située dans le département du Gard, lorsque leur fils Firmin voit le jour le 29 juin 1895. Nous ne savons rien de son enfance, si ce n’est qu’il sait lire et écrire lorsqu’il quitte l’école pour aller travailler à la compagnie des mines de la Grand’Combe.

Ce jeune homme est dans l’obligation d’abandonner sa tenue de mineur avant ses 21 ans, pour des raisons de guerre. En effet, sa classe se voit mobilisée bien plus tôt que prévu. Soldat de la classe 1915, Firmin Doulcier est incorporé en décembre 1914 par anticipation de 10 mois.

Le 19 décembre, il gagne la ville de Nice pour intégrer une des compagnies du 163e R.I., où il va pouvoir entreprendre une formation militaire accélérée.

Le 11 mars 1915, il est muté au 415e R.I., l’un des régiments n° 400 fraîchement créés dans chacune des régions militaires françaises ; ils sont composés principalement de soldats de la classe 1915. Il reste dans cette unité jusqu’au moment où il est blessé à la main, du côté de Perthe-les-Hurlus, le 25 septembre 1915.

Sa blessure est jugée suffisamment sérieuse pour qu’il soit envoyé vers l’arrière durant plusieurs mois.

De retour au dépôt, il fait  partie d’un renfort qui doit rejoindre le 149e R.I.. Le 18 mars 1916, il arrive à Verdun où le régiment est au repos à la caserne Bevaux, après avoir fait un premier passage en 1ère ligne quelques jours auparavant.

L’ancien soldat du 415e R.I. est affecté à la 7e compagnie du régiment. Cette compagnie doit bientôt remonter en 1ère ligne. Le 3 avril, elle est en réserve aux abris du ravin. Le lendemain, elle remplace, avec la 6e compagnie, les débris du 1er bataillon du régiment qui se trouvent près de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

Le 8 avril 1916, Firmin Doulcier est tué par un éclat d’obus seulement quelques heures avant que sa compagnie ne soit relevée.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

8_avril_1916

Son corps a pu bénéficier d'une vraie sépulture. Le soldat Doulcier repose actuellement dans la nécropole nationale de Fleury-devant-Douaumont. Sa sépulture porte le n° 8984.

Sepulture_Firmin_Doulcier

Louis Doulcier vivait, avant son incorporation, à Le Pradel. Il est resté célibataire.

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune gardoise de Laval, qui est devenue, depuis 1937, Laval-Pradel.

Le 11 mai 1920, le soldat Doulcier a été décoré à titre posthume de la Médaille militaire avec la citation suivante :

« Soldat dévoué, très brave au feu. Tombé glorieusement le 8 avril 1916, près du village de Vaux ».

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Sources :

Le portrait de Firmin Doulcier provient du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe. Livre d’or guerre 1914-1918. Morts et survivants 1924. Imprimerie parisienne, 111 rue du Mont Cenis, 18 »

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Gard, de sa fiche individuelle vue sur le site « Mémoire des Hommes » et du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe.

La photographie de la sépulture de Firmin Doulcier a été réalisée par A. Cesarini.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Cesarini, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Gard.

13 janvier 2017

Paul Auguste Joseph Canaux (1881-1916).

Paul_Auguste_Joseph_Canaux

Natif du petit village Haut-Saônois de Broye-lès-Pesnes, Paul Auguste Joseph Canaux voit le jour le 27 novembre 1881. À sa naissance, son père, qui se prénomme Pierre Justin est un cultivateur âgé de 30 ans. Sa mère, Anne Isabelle Faivre, n’exerce pas de profession, elle est âgée de 28 ans.

Le jeune Canaux sait lire écrire et compter lorsqu’il quitte l’école de sa commune natale. Il n’aura pas la possibilité de poursuivre des études. Paul Auguste Joseph n’a donc pas le choix, il lui faut maintenant aller gagner les quelques sous qui vont lui permettre de subsister. Tout comme son père, c’est comme agriculteur qu’il va devoir travailler dans une des fermes locales de la région. Il exerce cette profession jusqu’au départ de la classe 1901 pour le régiment.

Le 15 novembre 1902, il quitte la Franche-Comté pour rejoindre les Vosges. Paul Joseph Canaux est incorporé comme soldat de 2e classe au 149e R.I., un régiment qui se trouve à Épinal. Le jeune homme est nommé caporal le 27 septembre 1903, sergent-fourrier le 22 septembre 1904 puis sergent le 26 septembre 1905. N’ayant nullement l’intention de revenir à la vie civile, il souhaite poursuivre sa carrière sous l’uniforme. Pour cela, il se voit dans l’obligation de souscrire une multitude de contrats de courtes durées.

Le 19 octobre 1905, il signe un premier renouvellement d’une durée d’un an qui prend effet à compter du 1er novembre 1905.

Paul Auguste Joseph Canaux occupe de nouveau le rôle de sergent-fourrier à partir du 26 mars 1906.

Un second contrat est signé le 26 octobre 1906, durant cette période, il exerce les fonctions de sergent à la 3e compagnie du régiment.

Un troisième contrat est entériné le 27 octobre 1908. Il peut coudre ses galons de sergent-major sur les manches de sa vareuse à compter du 21 janvier 1909.

Un quatrième contrat est validé le 19 septembre 1910 et un cinquième le 19 septembre 1912.

Hélas, le rythme de la vie de caserne de temps de paix ne va pas durer ! Un peu moins de deux ans plus tard, le premier grand conflit du 20e siècle débute.

Le sergent-major Canaux doit se rendre à la frontière avec son régiment, une unité qui fait partie des troupes de couverture. Sa compagnie sera la première à quitter la caserne Courcy.  

Il débute la campagne en étant sous les ordres du capitaine Crépet, l’officier qui commande la 2e compagnie du 149e R.I.. Rapidement nommé adjudant dans cette compagnie, Paul Auguste Joseph Canaux peut changer son képi de sous-officier à partir du 18 août 1914. Il occupe ensuite les fonctions d’adjudant de bataillon. Il n’assumera ce rôle que durant une très courte période, entre le 7 et le 24 septembre 1914 alors que son régiment combat dans le secteur du  village de Souain.

Comme pour beaucoup de régiments, les pertes en hommes et en officiers sont particulièrement élevées durant cette période de la guerre. Certainement très apprécié par ses supérieurs, l'adjudant Canaux est nommé sous-lieutenant à titre temporaire à partir du 25 septembre 1914. Il prend le commandement d’une section de la 4e compagnie. Le 23 octobre il est évacué pour maladie. Des problèmes de rhumatisme le font terriblement souffrir.

Ce n’est que le 13 juillet 1915 qu’il retrouve son régiment. A-t-il suivi un stage de formation d'officier durant cette période ? La réponse n’est pas connue. Cette information ne figure pas dans son dossier individuel au S.H.D. de Vincennes, encore moins sur sa fiche signalétique et des services.

À cette époque de l’année, le 149e R.I. se trouve dans un secteur particulièrement exposé du côté d’Aix-Noulette en Artois. Le sous-lieutenant Canaux est intégré à la 2e compagnie, une unité qu’il connaît bien. Mais combien reste-t-il d’hommes parmi ceux qui se souviennent de lui ? Le 16 août 1915, il prend le commandement de la 3e compagnie du régiment.

La guerre lui offre l’opportunité de progresser dans sa carrière. Il est nommé lieutenant à titre temporaire le 3 septembre 1915. Neuf jours plus tard, il prend la tête de la 10e compagnie, puis celle de la 6e compagnie à partir du 17 octobre 1915.

Le lieutenant-colonel Gothié rédige le texte suivant dans le feuillet de campagne du lieutenant Canaux :

« Revenu sur le front le 13 juillet 1915, a pris le commandement des 3e, 6e et 10e compagnies qu’il a remises sur pied après la disparition de leurs titulaires normaux. Très énergique, quelquefois même un peu dur, s’est montré en toutes circonstances très brillant au feu. »

Le 7 avril 1916, il est, par décision du général commandant en chef, nommé capitaine à titre temporaire. Sa compagnie occupe un secteur de 1ère ligne près de Verdun.

Il ne profitera pas très longtemps de cette nouvelle promotion, puisqu’il sera tué dès le lendemain dans le secteur de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

A-t-il su qu'il avait été nommé capitaine à titre temporaire la veille de sa mort ou était-il toujours lieutenant ? Impossible à dire à défaut de témoignage nous donnant l'information.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

8_avril_1916

Le commandant Magagnosc écrit la note dans le feuillet de campagne du capitaine Canaux :

« Tué le 8 avril 1916, en plein combat, à la digue de Vaux-devant-Damloup. C’était un homme de devoir dans toute l'acceptation du mot, d’une bravoure à toute épreuve, d’un sang-froid imperturbable. En un mot, un bon et brave officier. Il avait toute la confiance et l’estime complète de ses chefs. »

Le capitaine Canaux est un soldat qui s’est formé sur « le terrain ». Il n’est pas passé par les grandes écoles militaires. Il faut se souvenir que Paul Auguste Joseph Canaux a débuté sa vie professionnelle comme agriculteur lorsqu’il n’était encore qu’un jeune adolescent. C’est donc une carrière militaire bien remplie, qui se termine sur le front de Verdun.

Paul Auguste Joseph Canaux est, dans un premier temps, inhumé au cimetière militaire de Belleray par le personnel de l’ambulance n° 13 du 3e C.A..

Le sergent Camille Combet et le soldat de 1ère classe Louis Maillard sont les deux témoins qui confirment son décès.

Le corps de Paul Auguste Joseph Canaux a probablement été restitué à la famille, dans les années 20. Le lieu où il repose actuellement est, pour l’instant, inconnu.

Le nom du capitaine Canaux est inscrit sur le monument aux morts de la ville de Gray en Haute-Saône.

Cet officier ne s'est pas marié.

Décoration obtenue :

Croix de guerre avec une palme et  une étoile de vermeil.

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 26 du 13 octobre 1915.

« A fait preuve de qualités solides de commandement en organisant devant Angres les 26, 27, 28 et 29 septembre 1915, dans des conditions difficiles, une position enlevée à l’ennemi et en y maintenant sa compagnie pendant  3 jours et trois nuits, sous des bombardements très violents. Officier très énergique. »

Citation à l’ordre de la IIe armée n° 180 du 25 mai 1916.

« Excellent commandant de compagnie, d’une énergie, d’un sang-froid, d’un courage à toute épreuve. A fait preuve du plus grand mépris du danger en assurant d’une façon parfaite, la conduite de son unité dans des circonstances très difficiles, pendant les opérations du 7 mars au 8 avril. A été tué d’un éclat d’obus le 8 avril 1916 dans les tranchées de 1ère ligne, qu’il tenait depuis six jours sous un bombardement continu des plus violent.»

Sources :

 Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La fiche signalétique et des services du capitaine Canaux à été vue sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

L’acte de naissance de cet officier à été lu sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

Une copie de l’acte de décès de Paul Auguste Joseph Canaux à été envoyé par la mairie de  Broye-Aubigney- Montseugny.

La photographie de groupe qui représente les sous-officiers du 149e R.I. qui se trouve sur le montage provient de l’album régimentaire de l’année 1911.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales des départements de la Haute-Marne et de la Haute-Saône et à la mairie de Broye-Aubigney- Montseugny. 

6 janvier 2017

8 avril 1916.

8_avril_1916

Les relèves des éléments de la 43e D.I. qui sont encore en 1ère ligne ont débuté dans la nuit du 7 au 8 avril.

C’est le 31e B.C.P. qui inaugure les premiers mouvements. Les déplacements sont particulièrement difficiles. Ils se réalisent dans un silence absolu, peu après minuit. Les chasseurs du commandant Clayeux sont remplacés par les soldats du 1er bataillon du 24e R.I.. Les 5e et 8e compagnies du 149e R.I. qui occupent le même secteur sont également relevées.

Carte_1_journee_du_8_avril_1916

Durant toute la journée, les deux artilleries vont poursuivre leurs tirs respectifs avec la même intensité que la veille. Les patrouilles françaises continuent leurs sorties. Certaines d’entre elles constatent l’ardeur du soldat allemand, qui travaille dur pour consolider ses positions, particulièrement au nord et au nord-est du fort de Vaux. L’ennemi place également plusieurs réseaux Brun devant les tranchées.

Le jet de grenades à fusil utilisé par le fantassin allemand, à l’ouest du fort de Vaux, augmente d’intensité.

Les deux dernières compagnies du 2e bataillon et le 3e bataillon du 149e R.I. s’apprêtent à passer leurs dernières heures en 1ère ligne et au fort de Vaux.

Pour les 6e et 7e compagnies, elles ne sont pas de tout repos !

On imagine mal la tension qui pouvait être celle de ces minutes qui semblent interminables, cette relève qui n'arrive jamais assez vite. Le pression est là, accentuée par les bombardements. Si on ne dispose que quelques détails pour deux officiers, ils sont déjà parlants.

À la 6e compagnie, le lieutenant Paul Canaux est tué par un éclat obus. À la 7e, c’est le sous-lieutenant Alfred Monnoury qui est violemment commotionné par l’explosion d’une torpille. Malgré ce traumatisme, cet officier ignore le danger en contribuant à découvrir, sous le feu, plusieurs de ses hommes qui viennent d’être ensevelis par les projectiles.

carte_2_journee_du_8_avril_1916

Le 2e bataillon du 24e R.I. se prépare à se rendre à la digue de l’étang de Vaux et aux avancées du village de Vaux-devant-Damloup, pour venir remplacer les 6e et 7e compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. dans la nuit du 8 au 9.

Trois hommes du 149e R.I. sont tués au cours de cette journée, 12 autres sont blessés.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 11e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 498/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  826/25.

J.M.O. du 24e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 599/5.

J.M.O. du 28e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5.

Le portrait du sous-lieutenant Alfred Mounoury qui peut se voir sur le montage provient d’une photographie de groupe qui fait partie du fond Paul Douchez consultable au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le dessin qui peut se voir sur le montage est extrait de l’ouvrage allemand « Die Tragődie von Verdun 1916 1 Teil » Reichsarchiv Band 13.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Un grand merci à M. Bordes,  à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

23 décembre 2016

7 avril 1916.

7_avril_1916

Les positions occupées par les unités de la 43e D.I. restent identiques à celles de la veille au soir.

Le 1er B.C.P, qui a relevé la veille trois compagnies du 158e R.I., est installé aux abris du ravin. Les trois bataillons du 149e R.I. occupent toujours les emplacements du 6 avril.

Carte_1_journee_du_7_avril_1916

Les bombardements se poursuivent tout au long de la journée avec des échanges d’artilleries, toujours très intenses, sur le secteur qui nous intéresse.

De ce fait, cette journée montre bien l’absence de journée « calme » dans ce secteur à cette période. Quatre soldats du 149e R.I. sont  tués au cours de cette journée, 12 autres sont blessés.

Dans la soirée, le lieutenant-colonel Abbat est évacué vers l’arrière pour être ensuite transféré sur la ville de Lyon où il sera soigné par les médecins de l’hôpital militaire Desgenettes. Le commandant Magagnosc assure l'intérim du commandement en attendant la nomination d'un nouveau chef de corps.

Carte_2_journee_du_7_avril_1916

Les premiers mouvements de relèves des derniers éléments de la 43e D.I. qui sont encore en 1ère ligne vont commencer dans la nuit du 7 aux 8 avril.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

J.M.O. du 1er  B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 28e R.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 603/5.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

La photographie représentant le fort de Tavannes qui peut se voir sur le montage fait partie de la collection personnelle de N. Bauer.

Le portrait du lieutenant-colonel Émile Abbat est extrait du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l’illustration ».

Le fond utilisé pour la carte provient du J.M.O. du 28e R.I..

Le fond de carte utilisé pour le montage est extrait des ouvrages «  les Armées Françaises dans la Grande Guerre »  Tome IV Verdun et la Somme,  1er Volume, Carte n° 26.

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

9 décembre 2016

6 avril 1916.

6_avril_1916

Les trois bataillons du 149e R.I. occupent toujours les emplacements de la veille. À ce jour, il ne reste plus que les 4 compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. qui occupent des positions de première ligne. Les deux autres bataillons du régiment sont en retrait. Le 3e bataillon est installé au tunnel de Tavannes et le 1er bataillon est à Verdun.

Carte_1_journee_du_6_avril_1916

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Des patrouilles nocturnes françaises ont pu constater que l’ennemi était en train d’améliorer ses positions sur la croupe nord de Vaux-devant-Damloup et sur les pentes au nord et au nord-est du fort de Vaux.

Leurs défenses accessoires sont particulièrement renforcées au-devant de leurs tranchées qui font face au fort. Plusieurs patrouilles allemandes sont dispersées au nord du fort de Vaux.

Travaux dans le secteur de la 43e D.I.

Les Français s’organisent également dans le secteur de la 43e D.I.. Un grand nombre d’hommes s'activent à l’amélioration de leurs emplacements à coups de pelles et de pioches.

Dans la zone couverte par le 31e B.C.P. et par le 2e bataillon du 149e R.I., les tranchées de 1ère ligne, qui se trouvent au nord de l’étang de Vaux-devant-Damloup, sont approfondies. Celles-ci varient entre 1 m 30 et 1 m 80. Certaines d’entre elles sont équipées de banquettes de tir. Les défenses accessoires sont consolidées sur le saillant qui se trouve au nord-est de l’étang de Vaux-devant-Damloup.

La tâche n’est pas simple ! Les unités de la 43e D.I. subissent des bombardements intensifs tout au long de la journée, ce qui gêne considérablement l’activité des soldats. Les communications sont particulièrement visées et les points où se déroulent les nouveaux travaux se trouvent dans la ligne de mire des artilleurs allemands.

Le 149e R.I. au milieu d'un duel d'artillerie

Des tirs de gros calibres ont lieu sur la croupe nord de l’étang de Vaux-devant-Damloup et sur sa digue. Le tunnel de Tavannes et le fort de Vaux sont également bombardés par des obus de gros calibres à plusieurs reprises.

Le lieutenant-colonel Abbat, qui commande le149e R.I., est blessé en début d’après-midi par un éclat d’obus.

Les artilleurs français ne restent pas inactifs ! En  réponse aux bombardements effectués sur les tranchées françaises, l’artillerie lourde envoie de nombreuses fois ses obus sur les pentes au nord du fort de Vaux.

L’artillerie de tranchée lâche également une trentaine de bombes sur les tranchées des pentes nord et nord-est du fort de Vaux.

Les canons français effectuent un violent tir de barrage sur les tranchées allemandes à 18 h 00.

Pour comprendre ces violents bombardements, il faut à la fois s'intéresser au secteur et aux secteurs voisins. Dans celui de la 86e brigade, les travaux sont visibles de part et d'autre. Il est fort probable que les observateurs les signalent régulièrement, afin de freiner ou de causer des pertes parmi les travailleurs. Dans le secteur voisin, de violents combats se déroulent depuis trois jours. Ils ont permis au 74e.R.I. de reconquérir une partie du territoire perdu par les unités de la 70e D.I..

Trois soldats du 149e R.I. sont  tués au cours de cette journée, 13 autres sont blessés.

Carte_2_journee_du_6_avril_1916

Premier bilan du séjour à Verdun pour le 1er bataillon

Il est temps pour le 1er bataillon de faire le bilan de son séjour en 1ère ligne. Le commandant Magagnosc prend les renseignements nécessaires qui vont lui permettre d’établir une comptabilité précise de ses effectifs, compagnie par compagnie.

Il rédige le rapport suivant :

Le chef de bataillon Magagnosc, commandant le 1er bataillon du 149e R.I. à Monsieur le général commandant la 43e D.I..

J’ai l’honneur de vous adresser les comptes rendus faisant ressortir nettement l’effectif des compagnies du 1er bataillon à la date du 6 avril.

La 1ère compagnie qui compte dans le rang 58 caporaux et soldats est constituée à 2 sections ; la 2e compagnie comptant 51 caporaux et soldats est formée à 2 sections ; la 3e compagnie comptant 38 caporaux et soldats est formée à 1 seule section et la 4e compagnie dont l’effectif en caporaux et soldats est de 111 reste formée à 4 sections.

Il reste comme officiers au 1er bataillon :

Le chef de bataillon Magagnosc

Le lieutenant Canon

Les sous-lieutenants Bonhomme et Rousin

Le médecin aide major de 2e classe Médecin

Le médecin auxiliaire Deltrieu

Personnellement atteint le 2 avril, devant Vaux-devant-Damloup, de contusion par éclatement d’obus, je suis momentanément indisponible. Il m’est impossible, malgré toute ma bonne volonté, de conduire un bataillon dans le secteur avant quelques jours.

Le lieutenant Canon, atteint de dysenterie depuis une huitaine de jours, est indisponible.

Le lieutenant Rousin, atteint le 2 avril par un éclat d’obus, est momentanément indisponible pour quelques jours encore.

Le médecin auxiliaire Deltrieu, atteint de contusions multiples le 2 avril aux abris du ravin, à la suite d’éclats d’obus, est indisponible.

Il ne reste donc actuellement au 1er bataillon que le sous-lieutenant Bonhomme et le médecin aide-major Médecin de disponibles

Le capitaine de Chomereau commandant la 1ère compagnie est actuellement à la tête du 3e bataillon.

Les 8 tableaux suivants indiquent  les effectifs exacts des 4 compagnies du 149e R.I. à la date du 6 avril 1916.

Tableau_1_effectif__1ere_compagnie_le_6_avril_1916

Tableau_2_effectif_1ere_compagnie_6_avril_1916

Tableau_1_effectif__2e_compagnie_6_avril_1916

Tableau_2_effectif_2e_compagnie_6_avril_1916

Tableau_1_effectif_3e_compagnie_journee_du_6_avril_1916

Tableau_2_effectif_3e_compagnie_6_avril_1916

Tableau_1_effectif_4e_compagnie_6_avril_1916

Tableau_2__effectif_4e_compagnie_6_avril_1916

 Les pertes sont lourdes, aussi bien dans l’encadrement que dans les soldats. Certaines compagnies ont perdu 2/3 de leurs effectifs.

Attention toutefois avec la lecture de ces statistiques ! Dans chaque compagnie, des hommes restent en arrière pour s’occuper des cuisines, les infirmiers, les téléphonistes, les conducteurs... Les effectifs en première ligne ne sont pas l’effectif complet de la compagnie. Il ne faut donc pas en déduire un ratio de pertes par rapport à un effectif initial.

 Si le commandant dresse ce bilan, c’est qu’il sait probablement déjà que la relève approche. Mais chaque jour qui sépare les hommes du retour au repos à l’arrière est marqué dans ce secteur par de nouvelles pertes. La journée du 7 avril 1916 le confirmera.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Pour en savoir plus sur l’engagement du 74e R.I. durant les combats d’avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour accéder au blog de S. Agosto.

Blog_Stephan_Agosto

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 2e et 3e bataillons du 149e R.I., provient du  J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.

La photographie qui se trouve sur le montage représente les ruines du village de Vaux-devant-Damloup. Elle est non datée.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

25 novembre 2016

5 avril 1916.

5_avril_1916

Les changements d'unités, commencés la veille dans le secteur occupé par la 43e D.I., se poursuivent dans la matinée du 5 avril 1916. Heureusement, l’activité de l’artillerie ennemie a diminué d’intensité.

Le 6e bataillon du 323e R.I. a relevé le 2e bataillon du 158e R.I. et les restes du 1er bataillon du 149e R.I. dans la nuit du 4 aux 5 avril.

Le 2e bataillon du 158e R.I. est allé se porter aux abris du ravin, pour venir occuper les positions du 1er bataillon du régiment.

Les 17e,19e et 20e compagnies du 5e bataillon du 323e R.I., qui avaient été obligées de faire demi-tour dans la nuit du 4 au 5 avril, rejoignent le secteur du fort de Vaux pour relayer les hommes du 3e bataillon du 149e R.I..

La 70e D.I. est relevée par la 5e D.I..

Le 1er bataillon du 158e R.I. et le 1er bataillon du 149e R.I. ont pris la direction de Verdun.

Dans l’après-midi, le fort de Vaux est violemment bombardé par les Allemands. Il en est de même pour les tranchées qui sont situées à l’est et à l’ouest du fort et pour celles qui se trouvent dans la région de l’étang de Vaux-devant-Damloup. Il n’y aura pas d’action d’infanterie ennemie dans cette zone.

Carte_1_journee_du_5_avril_1916

Legende_carte_1_journee_du_5_avril_1916

Le 74e R.I. continue d’attaquer au sud du fort de Douaumont. Les 1er et 2e bataillons de ce régiment consolident leurs positions tout en poursuivant leurs actions offensives malmenées par les contre-attaques allemandes. Le 3e bataillon du régiment est entré dans la mêlée la veille au soir. Les combats dans ce secteur sont d’une extrême violence.

Carte_2_journee_du_5_avril_1916

Les positions occupées par le 149e R.I. en fin de soirée du 5 avril sont les suivantes :

Le 1er bataillon est établi à Verdun.

Le 2e bataillon occupe toujours ses positions en première ligne.

Le 3e bataillon est installé au tunnel de Tavannes.

Au cours de la journée, le 149e R.I. a eu 35 blessés et 37 disparus. Il faut savoir qu’il n’y a pas de prisonniers dans les disparus qui ont été signalés. Les chiffres indiquent simplement le nombre d’hommes qui se sont égarés au cours des relèves intérieures, les agents de liaison et les soldats de corvées qui ont été blessés et ceux qui n’ont pas encore été retrouvés.

Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André évoque cette journée dans son témoignage consacré à la bataille de Verdun. Voici ce qu’il écrit :

« Le 3e bataillon du 149e R.I. est à son tour à l’abri à Tavannes, ayant perdu près d’un tiers de son effectif en officiers et en hommes. Nous avons réussi à colmater de ce côté, interdisant à l'ennemi l’accès du fort de Vaux. Nous passons plusieurs jours mis en réserve dans ce tunnel avec une sensation de sécurité. Ce tunnel de Tavannes est un  abri incomparable, qui a largement contribué à conserver Verdun. En revanche, les communications souterraines manquaient. Celles-ci auraient pu sauver Vaux et des milliers de nos hommes.

 J’ai admiré le calme courage des braves territoriaux du 144e R.I.T de Tarbes, sous les ordres du commandant de Castillan, régiment affecté au 21e C.A. et qui, travailleurs de fortune, seront décimés ». 

Le commandant Gaston Louis Édouard Fernagu a reçu l’ordre de venir remplacer le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André à la tête du 3e bataillon du 149e R.I..

Pour plus de clarté, le tableau suivant indique les positions occupées par les unités de la 43e D.I. à la fin de la journée du 5 avril 1916.

Tableau_occupation_du_secteur_de_la_43e_D

Dans la zone occupée par la 43e D.I. seuls le 3e B.C.P. et le 323e R.I., sont relativement « frais ».  Les autres unités, complètement éreintées par les évènements des jours précédents, attendent d’être relevées,  mais il va falloir encore patienter quelques jours…

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 70e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 394/1.

J.M.O. de la 5e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 268/9.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.

J.M.O. du 74e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 66013.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11.

J.M.O. du 323e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 750/2.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

La photographie qui peut se voir sur le montage provient de la collection personnelle de T. de Chomereau.

Le témoignage de Gaston de Chomereau de Saint-André  peut se lire intégralement en cliquant une fois sur l’image suivante.

Capitaine_de_Chomereau_de_Saint_Andr_

Pour en savoir plus sur l’engagement du 74e R.I. durant les combats d’avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour accéder au blog de S. Agosto.

Blog_Stephan_Agosto

Le fond de carte,qui aservi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 5e et 43e D.I., provient du J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7.

 Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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