6 avril 1916.
Les trois bataillons du 149e R.I. occupent toujours les emplacements de la veille. À ce jour, il ne reste plus que les 4 compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. qui occupent des positions de première ligne. Les deux autres bataillons du régiment sont en retrait. Le 3e bataillon est installé au tunnel de Tavannes et le 1er bataillon est à Verdun.
Des patrouilles nocturnes françaises ont pu constater que l’ennemi était en train d’améliorer ses positions sur la croupe nord de Vaux-devant-Damloup et sur les pentes au nord et au nord-est du fort de Vaux.
Leurs défenses accessoires sont particulièrement renforcées au-devant de leurs tranchées qui font face au fort. Plusieurs patrouilles allemandes sont dispersées au nord du fort de Vaux.
Travaux dans le secteur de la 43e D.I.
Les Français s’organisent également dans le secteur de la 43e D.I.. Un grand nombre d’hommes s'activent à l’amélioration de leurs emplacements à coups de pelles et de pioches.
Dans la zone couverte par le 31e B.C.P. et par le 2e bataillon du 149e R.I., les tranchées de 1ère ligne, qui se trouvent au nord de l’étang de Vaux-devant-Damloup, sont approfondies. Celles-ci varient entre 1 m 30 et 1 m 80. Certaines d’entre elles sont équipées de banquettes de tir. Les défenses accessoires sont consolidées sur le saillant qui se trouve au nord-est de l’étang de Vaux-devant-Damloup.
La tâche n’est pas simple ! Les unités de la 43e D.I. subissent des bombardements intensifs tout au long de la journée, ce qui gêne considérablement l’activité des soldats. Les communications sont particulièrement visées et les points où se déroulent les nouveaux travaux se trouvent dans la ligne de mire des artilleurs allemands.
Le 149e R.I. au milieu d'un duel d'artillerie
Des tirs de gros calibres ont lieu sur la croupe nord de l’étang de Vaux-devant-Damloup et sur sa digue. Le tunnel de Tavannes et le fort de Vaux sont également bombardés par des obus de gros calibres à plusieurs reprises.
Le lieutenant-colonel Abbat, qui commande le149e R.I., est blessé en début d’après-midi par un éclat d’obus.
Les artilleurs français ne restent pas inactifs ! En réponse aux bombardements effectués sur les tranchées françaises, l’artillerie lourde envoie de nombreuses fois ses obus sur les pentes au nord du fort de Vaux.
L’artillerie de tranchée lâche également une trentaine de bombes sur les tranchées des pentes nord et nord-est du fort de Vaux.
Les canons français effectuent un violent tir de barrage sur les tranchées allemandes à 18 h 00.
Pour comprendre ces violents bombardements, il faut à la fois s'intéresser au secteur et aux secteurs voisins. Dans celui de la 86e brigade, les travaux sont visibles de part et d'autre. Il est fort probable que les observateurs les signalent régulièrement, afin de freiner ou de causer des pertes parmi les travailleurs. Dans le secteur voisin, de violents combats se déroulent depuis trois jours. Ils ont permis au 74e.R.I. de reconquérir une partie du territoire perdu par les unités de la 70e D.I..
Trois soldats du 149e R.I. sont tués au cours de cette journée, 13 autres sont blessés.
Premier bilan du séjour à Verdun pour le 1er bataillon
Il est temps pour le 1er bataillon de faire le bilan de son séjour en 1ère ligne. Le commandant Magagnosc prend les renseignements nécessaires qui vont lui permettre d’établir une comptabilité précise de ses effectifs, compagnie par compagnie.
Il rédige le rapport suivant :
Le chef de bataillon Magagnosc, commandant le 1er bataillon du 149e R.I. à Monsieur le général commandant la 43e D.I..
J’ai l’honneur de vous adresser les comptes rendus faisant ressortir nettement l’effectif des compagnies du 1er bataillon à la date du 6 avril.
La 1ère compagnie qui compte dans le rang 58 caporaux et soldats est constituée à 2 sections ; la 2e compagnie comptant 51 caporaux et soldats est formée à 2 sections ; la 3e compagnie comptant 38 caporaux et soldats est formée à 1 seule section et la 4e compagnie dont l’effectif en caporaux et soldats est de 111 reste formée à 4 sections.
Il reste comme officiers au 1er bataillon :
Le chef de bataillon Magagnosc
Le lieutenant Canon
Les sous-lieutenants Bonhomme et Rousin
Le médecin aide major de 2e classe Médecin
Le médecin auxiliaire Deltrieu
Personnellement atteint le 2 avril, devant Vaux-devant-Damloup, de contusion par éclatement d’obus, je suis momentanément indisponible. Il m’est impossible, malgré toute ma bonne volonté, de conduire un bataillon dans le secteur avant quelques jours.
Le lieutenant Canon, atteint de dysenterie depuis une huitaine de jours, est indisponible.
Le lieutenant Rousin, atteint le 2 avril par un éclat d’obus, est momentanément indisponible pour quelques jours encore.
Le médecin auxiliaire Deltrieu, atteint de contusions multiples le 2 avril aux abris du ravin, à la suite d’éclats d’obus, est indisponible.
Il ne reste donc actuellement au 1er bataillon que le sous-lieutenant Bonhomme et le médecin aide-major Médecin de disponibles
Le capitaine de Chomereau commandant la 1ère compagnie est actuellement à la tête du 3e bataillon.
Les 8 tableaux suivants indiquent les effectifs exacts des 4 compagnies du 149e R.I. à la date du 6 avril 1916.
Les pertes sont lourdes, aussi bien dans l’encadrement que dans les soldats. Certaines compagnies ont perdu 2/3 de leurs effectifs.
Attention toutefois avec la lecture de ces statistiques ! Dans chaque compagnie, des hommes restent en arrière pour s’occuper des cuisines, les infirmiers, les téléphonistes, les conducteurs... Les effectifs en première ligne ne sont pas l’effectif complet de la compagnie. Il ne faut donc pas en déduire un ratio de pertes par rapport à un effectif initial.
Si le commandant dresse ce bilan, c’est qu’il sait probablement déjà que la relève approche. Mais chaque jour qui sépare les hommes du retour au repos à l’arrière est marqué dans ce secteur par de nouvelles pertes. La journée du 7 avril 1916 le confirmera.
Sources :
J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.
J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.
J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.
J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/26.
Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.
Pour en savoir plus sur l’engagement du 74e R.I. durant les combats d’avril 1916, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour accéder au blog de S. Agosto.
Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les emplacements approximatifs des 2e et 3e bataillons du 149e R.I., provient du J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.
La photographie qui se trouve sur le montage représente les ruines du village de Vaux-devant-Damloup. Elle est non datée.
Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.