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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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9 décembre 2022

Pierre Achille Quinot (1874-1958)

Pierre Achille Quinot

 

Jeunesse

 

Pierre Achille Quinot voit le jour le 27 janvier 1874 aux Moncets, un hameau rattaché à la commune de Guérard, dans le département de la Seine-et-Marne.

 

Sa mère, Marie Rosalie Chevallier, tisserande manouvrière, est âgée de 23 ans. Son père, Hubert Anatole, 28 ans, travaille comme manœuvre.

 

La famille Quinot quitte la Seine-et-Marne pour venir s’installer dans le Val-de-Marne. Hubert Anatole a trouvé un emploi de cocher à La Queue-en-Brie.

 

La Queue-en-Brie

 

Le couple Quinot donne encore la vie à deux garçons. Le plus jeune, Georges Anatole, décède avant de fêter son premier anniversaire. 

 

 

Achille Quinot est un élève brillant. Probablement soutenu par ses enseignants, il a la possibilité de poursuivre sa scolarité jusqu’au baccalauréat, ce qui est peu commun pour une personne de cette position sociale.

 

Après avoir obtenu son diplôme, le jeune homme décide d’entreprendre une carrière dans l’armée. Le 3 avril 1895, il fait une demande écrite pour s’inscrire au concours d’entrée de l’école spéciale militaire. Avec son baccalauréat en poche, il en a tout à fait le droit.

 

Les parents Quinot, peu fortunés (le père et la mère travaillent maintenant comme domestiques), sollicitent, auprès du conseil municipal, une demande de bourse entière avec trousseau complet. Au vu du parcours scolaire effectué par le fils Quinot, le maire et ses conseillers estiment qu’il peut, sans problème, bénéficier de cette faveur. Le préfet de Versailles valide le choix fait par la mairie de Queue-en-Brie.

 

En contrepartie, le père s’engage par écrit à rembourser l’État si son fils ne revêt pas l’uniforme au moins durant les dix années qui suivent la fin de ses études militaires.

 

Le jeune Quinot réussit l’examen d’entrée de l’école de Saint-Cyr. Il est un soldat appelé de la classe 1894 de la subdivision de Versailles au n° 124 de tirage dans le canton de Boissy-Saint-Léger. Il intègre la promotion de « Tananarive » le 29 octobre 1895. Les études sont difficiles, il est très loin de faire partie des meilleurs éléments. Achille Quinot termine sa formation d’officier le 1er octobre 1897 en obtenant le numéro 521 sur 539 élèves classés.

 

Sous l’uniforme d'officier

 

Nommé sous-lieutenant, il est, à sa sortie d’école, envoyé au 145e R.I., un régiment à 4 bataillons qui tient principalement garnison à Maubeuge. Achille Quinot est affecté au 4e bataillon installé à Montmédy.

 

Le 4 septembre 1900, le colonel Lacroisade, lui inflige 15 jours d’arrêts de rigueur pour le motif suivant : « A tenu dans son logement une réunion bruyante au cours de laquelle des dames passant en plein jour devant sa maison ont été interpellées par la fenêtre. »

 

Il est nommé lieutenant le 1er octobre 1899.

 

Achille Quinot est muté au 37e R.I. le 24 mai 1907, après avoir occupé les fonctions d’officier de détail durant plusieurs années au 145e R.I..

 

Une décision ministérielle du 10 juin 1908 entraîne sa nomination de porte-drapeau du régiment. À partir de cette période, il est noté comme peu à la hauteur des fonctions administratives qui lui ont été confiées. Une amélioration est cependant constatée l’année de son mariage.

 

Le 2 mai 1910, il épouse Marie Clotilde Désoudin, une veuve âgée de 29 ans, déjà mère d’un garçon de 9 ans. Le couple n’aura pas d’enfant.

 

Genealogie famille Quinot (2)

 

Achille Quinot reprend son poste de lieutenant de compagnie le 9 novembre 1911.

 

Il est cité au bulletin officiel du 22 février 1912 pour son zèle et sa capacité dans le fonctionnement du service de l’armement au cours de l’année 1911.

 

Achille Quinot est nommé capitaine le 24 mars 1912. Muté au 162e R.I., il arrive dans cette nouvelle unité au mois de mai.

 

Apprécié par ses nouveaux supérieurs, il commande et administre sa compagnie correctement. Aux manœuvres d’automne, il fait preuve de vigueur en menant ses hommes de façon satisfaisante.

 

Discipliné et consciencieux, il manque tout de même d’expérience dans l’art du commandement d’après ses supérieurs.

 

Il fait une demande écrite pour obtenir le poste d’officier trésorier. Son chef de corps accepte de lui confier les comptes du régiment à partir du 24 mai 1913.

 

Le capitaine Quinot conserve son poste administratif lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Il redevient officier de compagnie le 13 juillet 1915.

 

Le 8 août 1915, Pierre Quinot est affecté au 421e R.I., un régiment nouvellement créé, composé au ¾ de jeunes recrues de la classe 1915. Le lieutenant-colonel Simoni lui confie le commandement de la 4e compagnie.

 

Le chef de corps du régiment le décrit de la manière suivante :

 

« Bon commandant de compagnie, administrant bien son unité. Venait, au moment de la formation du 421e R.I. de quitter les fonctions de capitaine trésorier. Avait besoin de se perfectionner au point de vue des manœuvres. A fait des progrès. Intelligent, très vigoureux et très actif, s’occupe beaucoup de ses subordonnés de qui il sait se faire obéir. Bonne tenue. N’a pas été au front, très apte à faire campagne. »

 

Très rapidement le lieutenant-colonel Simoni modifie son jugement :

 

« J’ai acquis la conviction que le capitaine Quinot s’adonne à la boisson ; mais comme il a été presque toujours plus ou moins éloigné de moi, je n’ai jamais été à même de constater personnellement qu’il se soit enivré. À surveiller de près.

 

A pris, au mois d’avril, le commandement provisoire du 1er bataillon au départ du titulaire promu lieutenant-colonel et l’a conservé jusqu’à ces jours derniers. N’a pas su le maintenir à son niveau. Ce bataillon qui était remarquablement tenu aurait fini, s’il en avait préservé le commandement, par lui laisser perdre toute sa valeur.

 

Inapte, pour le moment du moins, surtout s’il ne corrige pas ses habitudes d’intempérance que, je le crois fermement, il a contractées. »

 

Le 421e R.I. est dissous sans avoir été envoyé au front le 19 août 1916. Le capitaine Quinot n’est toujours pas monté en 1ère ligne.

 

Suite à une décision du  général commandant la 3e armée en exécution de l’ordre du général commandant en chef en date du 14 août 1916, le capitaine Quinot est affecté au 228e R.I.. Rayé des contrôles du 421e R.I, il se met en route le 28 août pour rejoindre sa nouvelle unité. Il est affecté au commandement de la 16e compagnie du dépôt divisionnaire, chargé de l’instruction des sous-officiers et des chefs de section.

 

En 1917, le lieutenant-colonel Drouin note ceci dans le relevé de notes de son subordonné : « Mon attention avait été appelée sur le capitaine Quinot par les notes que lui avait données un des officiers sous lesquels il avait servi. J’ai donc spécialement surveillé cet officier. Je l’ai fait venir à différentes reprises chez moi, à des heures différentes, je n’ai jamais rien remarqué d’anormal.

 

Le capitaine Quinot est nerveux, il est même impulsif, a-t-il eu autrefois des habitudes d’intempérance qui l’ont conduit à cet état ? C’est possible, mais je n’ai personnellement rien à lui reprocher.

 

Il est profondément regrettable que cet officier n’ait pas été au front. Son influence sur ses cadres et sur la troupe en est diminuée. Il y aurait lieu de le faire venir, dans le plus bref délai possible dans un régiment de guerre. Dans tous les cas, il ne peut-être, à mon avis, l’objet d'aucunes propositions, soit pour le grade soit pour la croix.

 

Au point de vue commandement, c’est un chef moyen qui a passé sa vie dans les bureaux et qui en a conservé la mentalité. »

 

Le capitaine Quinot quitte le centre d’instruction de la 158e D.I. le 5 août 1917 avec un renfort de 418 hommes. Il prend le commandement de la 17e compagnie du 228e R.I., une unité combattante.

 

Le chef de bataillon Roussel, le commandant provisoire du régiment, écrit ceci à son sujet :

 

« Officier de carrière intelligent et rigoureux. Affecté le 5 août au commandement d’une compagnie du régiment. Venant du C.I.D. 158, n’a pris part, depuis le début de la campagne, à aucune action de guerre et ne peut être noté sur ce qu’on peut attendre de lui au combat. Le caractère nerveux et impulsif de cet officier signalé dans les notes précédentes s’est affirmé dans le commandement de sa compagnie, en particulier dans les détails de la discipline. Les punitions qu’il inflige doivent être revues avec soin. »

 

Le capitaine Quinot est affecté au C.I.D. 43 à la dissolution de son régiment en novembre 1917.

 

Au 149, enfin au front !

 

Capitaine Quinot, sous-lieutenant Loubignac et le chien Flambeau

 

Le 11 novembre, il est envoyé au 149e R.I.. Achille Quinot rejoint cette unité installée dans une zone plutôt tranquille, loin des combats, à proximité de la frontière suisse. Le chef de corps du régiment lui confie le commandement de sa 1ère compagnie.

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe des tranchées autour du Violu, dans le département des Vosges. Son manque d’expérience se fait vite ressentir.

 

Le 24 février 1918, il commet une faute importante qui lui vaut 25 jours d’arrêt de rigueur donnés par le général Michel, le responsable de la 43e D.I..

 

« Malgré les consignes et les ordres les plus formels plusieurs fois répétés, a détaché des sentinelles doubles isolées d’une grande distance du groupe de combat et a été ainsi la cause de la perte de cinq hommes, enlevés par un coup de main de l’ennemi, sans que le gros du groupement de combat ait eu à intervenir. »   

                   

Le lieutenant-colonel Boigues rédige le texte suivant dans le feuillet individuel de campagne du capitaine Quinot :

 

« Rien ne m’autorise à attribuer au capitaine Quinot des habitudes d’intempérance, boit généralement de l’eau, mais il est évidemment nerveux et un peu impulsif avec le verbe un peu élevé.

 

Il a besoin, d’autre part, en raison de cette inégalité d’humeur, d’être surveillé de près. Cela dit, il me paraît être un brave homme à moyens limités, prêt à faire honorablement son devoir partout. Je ne l’ai vu encore toutefois que dans un secteur calme. »

 

Photo de groupe - Copie

 

Le 27 mai 1918, le 149e R.I. quitte le secteur de Compiègne qu’il occupe depuis une dizaine de jours. Le régiment est appelé d’urgence dans le secteur de Braine, une petite commune du département de l’Aisne. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive près du Chemin des Dames. Pour le capitaine Quinot, c’est le baptême du feu. Il se montre peu brillant au cours de cette épreuve.

 

Pour en savoir plus sur les combats d’Arcy-Sainte-Restitue, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Les notes données par son chef de corps ne sont vraiment pas très élogieuses après cette première expérience du feu !

 

Le 19 juillet 1918, le lieutenant-colonel Vivier rédige ceci dans le feuillet du personnel du capitaine Quinot :

 

« Après avoir paru, pendant une période de repos et d’instruction, faire des efforts pour se mettre à hauteur de sa tâche, s’est montré, au cours des combats, incapable de commander une compagnie. D’une santé chancelante, d’un moral peu élevé, paraît avoir, en outre, un penchant pour l’alcool. Officier à ne pas renvoyer au front, paraît avoir quelques connaissances administratives qui peuvent être utilisées à l’intérieur. »

 

Fin du bref séjour en unité combattante

 

Achille Quinot tombe malade. Il est soigné dans un hôpital de Saint-Étienne avant de bénéficier d’une convalescence de 45 jours. Il rejoint son dépôt le 25 août 1918.

 

Une décision ministérielle du 20 septembre 1918 (J.O. du 26 septembre 1918) l’affecte au 162e R.I., son ancien régiment, où il est détaché au recrutement.

 

Les années après le conflit

 

Le 27 février 1920, le capitaine Quinot est traduit devant le conseil de guerre de Limoges. Il est accusé de vol militaire comptable, faux en matière d’administration militaire et usage de ces faux lorsqu’il occupait les fonctions de capitaine trésorier dans ce même régiment entre le 23 mai 1913 et le 16 juillet 1915. Il est acquitté de tous ces chefs d’inculpations.

 

Le 21 avril le capitaine Quinot est muté au 45e R.I..

 

Il est affecté au 94e R.I. en tant que commandant de compagnie à Commercy, suite à une décision ministérielle du 19 avril 1923 (J.O. du 15/ avril 1923).

 

Achille Quinot est désigné pour effectuer un stage d’instruction prévu pour les officiers susceptibles d’être promus au grade de chef de bataillon à titre définitif au cours de l’année 1923. (J.O. du 5 avril 1923). Il effectue ce stage du 16 avril au 7 juin 1923.

 

Le 23 décembre 1923, il est promu au grade de commandant.

 

Une fois de plus, il ne se montre pas à la hauteur de sa tâche. Le 30 décembre 1924, le colonel Détrie rédige un long rapport à son sujet :

 

« J’ai l’honneur de rendre compte du défaut de capacité du chef de bataillon Quinot, commandant le 3e bataillon du 94e R.I..

 

Cet officier supérieur avait, au moment de sa promotion au grade de chef de bataillon, fait auprès de la direction de l’infanterie, une démarche pour être, à raison de sa longue spécialisation antérieure affecté à un emploi de major. Promu chef de bataillon au 94e R.I. après avoir accompli son stage de franchissement de grade, il a pris le commandement du 3e bataillon, après avoir provisoirement commandé un bataillon pendant 3 mois.

 

Dans ses fonctions qu’il exerce depuis un an, le chef de bataillon Quinot s’est montré complètement au-dessous des triples tâches d’éducateur, d’instructeur et de commandant d’unité.

 

L’examen suivi des travaux de toute sorte fournis par cet officier supérieur, de son tableau de travail, de ses programmes d’instruction, des thèmes d’exercices de combat de son bataillon, des ordres donnés par lui au cours des manœuvres, a accusé constamment une inexpérience de la conduite tactique du bataillon, une inexpérience complétée d’une réelle absence de méthode et d’une ignorance des buts et des moyens de l’instruction.

 

Ainsi s’explique le manque d’initiative qui caractérise le commandement de cet officier supérieur, les lacunes importantes relevées dans les ordres à son bataillon, la tendance à perdre de vue et à négliger des opérations dont l’importance lui a été soulignée par son chef.

 

L’examen des services antérieurs du commandant Quinot montre qu’il s’est tenu trop longtemps en dehors de la troupe et du commandement, soit en temps de paix, soit en campagne et, de ce fait, se trouvent les raisons de l’incapacité de cet officier supérieur, soit comme instructeur, soit comme chef d’une unité tactique si importante.

 

D’autre part, la lecture de ses notes de 1916 à 1923 fait ressortir déjà dans le commandement, soit de la compagnie soit du bataillon, au feu, à l’arrière, cette incapacité.

 

Cette incapacité mise en évidence dans les notes de 1920, 1921 et 1923, n’est pas attribuable à l’usure ou aux fatigues de la dernière guerre, puisque les services de guerre de ce chef de bataillon se limitent à moins de sept mois de front et à sa participation à une seule attaque, a la suite de laquelle il a été évacué malade et noté comme : «  incapable de commander une compagnie, moral peu élevé. »

 

Deux ans auparavant, le 28 août 1916, il avait déjà mérité des appréciations très défavorables.

 

Ce défaut de capacités du chef de bataillon maintes fois exprimé dans ses notes antérieures est malheureusement de ces défauts qui ne peuvent échapper aux cadres qui le voient journellement à l’œuvre. Il s’ensuit que non seulement cet officier supérieur n’a pas la confiance indispensable de ses cadres, mais que son autorité morale est forcement très diminuée. C’est d’autant plus fâcheux que le commandant Quinot est à la tête d’un bataillon détaché.

 

Mais ce n’est pas tout, ce chef de bataillon, même après les dernières affectations, se trouve être le plus ancien chef de bataillon partant en cas de mobilisation avec le régiment. Le commandement du régiment peut donc ainsi échoir, dans des circonstances très difficiles à un officier supérieur qui a été nettement jugé incapable d’exercer le commandement d’un bataillon et même celui d’une compagnie.

 

J’estime donc, pour toutes ces raisons, que le chef de bataillon Quinot ne doit pas être maintenu à la tête d’un bataillon et je propose que, pour défaut de capacités et par application de l’article 257 sur le service courant, alinéas 4 et 6, il soit mis en non-activité par retrait d’emploi. »

 

Le commandant Quinot conserve son poste, malgré cette demande de mise à l’écart de son chef de corps. 

 

Le 2 décembre 1925, le général Lemaire, commandant de l’I.D. 40, lui donne 15 d’arrêt simple pour la raison suivante : «  Commandant le détachement du 94e R.I. à Commercy, n’a donné aucune suite aux avis que la commission de réforme avait émis dans trois séances différentes, au sujet de militaires du 94e R.I. et a négligé d’établir, ou à défaut, de provoquer de la part du chef de corps, les propositions de changement d’armes que comportaient réglementairement ces avis. Ces négligences ont eu pour résultat de maintenir dans l’infanterie ses militaires inaptes au service de cette arme. »

 

Quelques jours plus tard, le général commandant la 40e D.I. transforme cette punition en 15 jours d’arrêt de rigueur. »

 

Le commandant Quinot est admis à faire valoir ses droits à la retraite pour ancienneté de services par décret du 30 mars 1926.

 

Il est rayé des contrôles de l’armée active le 30 avril 1926 sans affectation dans la réserve.

 

L’ancien capitaine du 149e R.I. décède à l’âge de 84 ans le 15 février 1958 à Coutevroult dans le département de la Seine-et-Marne. Il repose dans le cimetière de cette commune auprès de son épouse.

 

 

Décorations obtenues :

 

Pierre Quinot est probablement le seul officier passé au 149e R.I. à ne pas avoir été décoré de la croix de guerre.

 

Il est fait chevalier de la Légion d’honneur pour avoir porté l’uniforme durant 28 ans et pour avoir effectué 5 campagnes (J.O. du 10 juillet 1924).

 

Autres décorations :

 

Médaille commémorative de la Grande Guerre

 

Médaille interalliée

 

Pierre Quinot possède un dossier sur la base Léonore. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

J.M.O. du 421e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 772/8

 

J.M.O. du 228e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/8 et 26 N 721/9

 

La photographie de groupe représentant des officiers du 149e R.I. est extraite du fonds Bonnefous, propriété de N. Bauer.

 

La photographie de la sépulture de la famille Quinot a été trouvée sur le site « Généanet ». 

 

Un grand merci  à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

25 novembre 2022

Jean Loubignac (1894-1957)

Jean Loubignac

 

Jean Loubignac voit le jour le 31 juillet 1894 à Montrouge, dans le département des Hauts-de-Seine.

 

Son père, André, 29 ans, travaille comme doreur. Sa mère, Marie Amélie Gégout, 25 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Le couple Loubignac, marié à Paris en 1891, a déjà donné la vie à un garçon qui n’a pas survécu à sa première année. Il n’y aura pas de nouvelle naissance dans la famille.

 

Les Loubignac déménagent à Brive en 1899 avant de venir s’installer à Bègles en 1905.

 

En 1911, la mère de Jean travaille comme brodeuse. Elle vit avec son fils à Xertigny, le village vosgien qui l’a vu naître. Son époux ne vit pas au domicile familial. Trois femmes logent chez elle en tant que pensionnaires.

 

Genealogie famille Loubignac

 

L’année de ses vingt ans, Jean est étudiant en lettres. Il a reçu sa convocation pour se présenter devant le conseil de révision réuni à la mairie de Xertigny. Le médecin l’ajourne pour faiblesse.

 

La guerre contre l’Allemagne débute quelques mois plus tard. Cette situation impose aux ajournés un nouveau passage devant le conseil de révision. Cette fois-ci, le jeune Loubignac est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Il est incorporé au 149e R.I. le 19 décembre 1914 avec la classe 1915. Ce régiment frontalier qui, en temps de paix, tient garnison à Épinal a transféré son dépôt à Rolampont, après un bref passage à Jorquenay, quelque temps après le déclenchement des hostilités. C’est dans ce petit village haut-marnais que le conscrit Loubignac débute son instruction.

 

Affecté à la 26e compagnie du dépôt, il s'y fait remarquer rapidement et devient 1ère classe le 1er avril 1915. Suite à une décision du G.Q.G. il dut suivre l'école des caporaux sans pouvoir obtenir le grade au dépôt. L'obtention de la distinction de la 1ère classe est tout ce qui peut être octroyé à une jeune recrue.

 

Le 11 avril 1915, il est affecté à la 31e compagnie du dépôt.

 

Le 9 juin, Jean Loubignac part avec un renfort destiné au régiment actif. Cette unité occupe un secteur particulièrement exposé depuis la fin décembre 1914, à proximité d’Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais. Le groupe doit combler les pertes liées à l’attaque du 29 mai 1915.

 

Le régiment, à son arrivée, n'est pas au calme. Jean Loubignac participe aux combats du Fond de Buval et du chemin Creux.

 

Il est nommé caporal le 23 juillet.

 

Une offensive de grande envergure, menée par la 43e D.I., est déclenchée le 25 septembre 1915. Le 149e R.I. est chargé de prendre le bois en Hache au sud d’Angres. C’est une mission difficile.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Les joueurs d'echecs

 

Le caporal Loubignac est blessé au cours d’une des attaques de la journée. Touché par une balle à l’épaule droite, il est soigné à l’ambulance 16/9 du 21e C.A.. Sa blessure impose une évacuation vers l’arrière. Les médecins de l’hôpital de l’arsenal de Brest le prennent en charge.

 

Rétabli, il passe la journée du 17 octobre à l’hôpital-dépôt de Kervallon, avant de bénéficier d’une permission de 7 jours qu’il passe à Xertigny. Ses parents vivent à Bordeaux, 44 avenue Thiers, depuis le début de la guerre.

 

Jean Loubignac est de retour au dépôt du 149e R.I. le 27 octobre 1915. Il est, dans un premier temps, affecté à la 28e compagnie. Le 21 novembre, il passe à la 29e compagnie avant de rejoindre la 26e compagnie le 6 décembre.

 

Jean a le profil d’un futur bon officier. Son niveau d’études est élevé, mais il est bien trop jeune et sans expérience militaire solide pour être directement nommé sous-lieutenant.  Il doit donc se former.

 

Le caporal Loubignac est admis comme élève aspirant en exécution de la circulaire ministérielle du 20 décembre 1915 n° 8742. Il  est mis en subsistance au centre de Joinville-le-Pont à compter du 18 janvier 1916. Jean Loubignac est nommé sergent le 1er avril 1916. Il  termine sa formation le 5 mai avec cette note du commandant du centre d’instruction :

 

« Intelligent et travailleur, Loubignac a tiré grand profit de l’enseignement donné au centre. Très sérieux, il a fait preuve de ténacité, de volonté dans l’accomplissement de sa tâche. Il possède des qualités de sang-froid et de bon sens. Bonne constitution et grande endurance. Très apte au commandement d’une section. »

 

Parti en renfort le 21 mai 1916, il retrouve son ancienne unité en Champagne. Le régiment occupe un secteur situé entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

 

 

En août 1916, le 149e R.I. est envoyé dans la Somme après une période d’entraînement effectuée du côté de Châlons-sur-Marne.

 

 

Le 4 septembre 1916, L’aspirant Loubignac participe à la prise du village de Soyécourt dans le département de la Somme. Il est cité à l’ordre de la division pour sa belle conduite au feu.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Barricade devant l'eglise de Soyecourt à la veille de l'attaque du 4 septembre 1916

 

Une décision ministérielle du 8 décembre 1916 entraîne sa nomination de sous-lieutenant à titre temporaire dans l’armée active à compter du 1er décembre 1916.

 

Le 13, le lieutenant-colonel Gothié lui confie le commandement d’une section de sa 1ère compagnie. Début janvier 1917, cette compagnie passe sous les ordres du lieutenant Illhé.

 

 

Jean Loubignac doit à nouveau se former. Il effectue un premier stage sur la manipulation et l’utilisation du fusil mitrailleur du 10 au 17 janvier 1917. Il effectue un second stage consacré au fusil R.S.C. (fusil automatique modèle 1917) du 1er au 8 mai, puis un dernier autour du F.M. du 12 au 21 juillet 1917.

 

Le 29 septembre 1917, le lieutenant-colonel Boigues évalue son subordonné :

 

« Jeune officier qui a de l’allant, de la bonne volonté et paraît susceptible de très bien faire. »

 

Une décision ministérielle en date du 13 novembre 1917 le fait passer dans la catégorie des officiers de réserve à titre temporaire à compter du 1er septembre 1917.

 

Le 23 octobre, c’est la bataille de la Malmaison ; Jean Loubignac assure, avec sa section, la liaison avec la division voisine. Il est cité à l’ordre du C.A. pour ses actions. Son chef de compagnie, le lieutenant Illhé, a trouvé la mort au cours des combats.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la bataille de La Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Bataille de la Malmaison

 

Le sous-lieutenant Loubignac est noté par son chef de corps de la manière suivante : « S’est très bien montré, le 23 octobre et a beaucoup gagné en jugement et en maturité d’esprit. Fait, en résumé, un très bon chef de section donnant toute satisfaction. »

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe des tranchées autour du Violu, dans le département des Vosges. La 1ère compagnie est sous l’autorité du capitaine Quinot. Jean Loubignac obtient une seconde étoile d’argent sur sa croix de guerre pour avoir tué, au corps à corps, un officier allemand au cours d’une embuscade le 19 février.

 

Le 28 mai 1918, le 149e R.I. est appelé de toute urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive dans le département de l’Aisne. Les combats sont violents, l’ennemi réussit sa percée, il faut à tout prix la stopper.

 

Jean Loubignac est blessé au cours d’une action menée près de Cuiry-Housse. Une balle lui a traversé la cuisse à proximité du genou.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry Housse 2013

 

D’abord soigné à l’hôpital auxiliaire n° 5 d’Orléans, Jean Loubignac est ensuite envoyé à l’hôpital complémentaire n° 95 de Chamalières, dans le Puy-de-Dôme (au regard des informations disponibles, il est impossible d’en dire plus sur cette période de sa vie).

 

Jean Loubignac est promu sous-lieutenant à titre définitif par décret présidentiel du 18 août 1918 (J.O. du 22 octobre 1918).

 

Début novembre 1918, le lieutenant-colonel Vivier écrit ceci : « Bon chef de section, beaucoup d’entrain et de commandement. Blessé le 28 mai, n’a pas reparu. »

 

Le sous-lieutenant Loubignac est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire par décision ministérielle du 5 décembre 1918 et par application de la loi du 10 août 1918 à compter du 1er décembre 1918 (J.O. du 19 décembre 1918).

 

Le lieutenant Loubignac est détaché à la légion d’Orient. Il est chargé de l’encadrement des nouvelles unités arméniennes. Embarqué à Marseille, il rejoint la base française de Beyrouth. En mars 1919, il est au 415e R.I. à Beyrouth.

 

Arrivee du 415e R

 

En juin 1919, il est affecté à la compagnie de dépôt du 4e arménien, provisoirement chargé du détachement des résiliés arméniens internés au "fondouk de la marine" par mesure de discipline. Il s’embarque avec eux pour Port-Saïd.

 

La date de son retour en France n’est pas connue. Le lieutenant Loubignac est envoyé en congé illimité de démobilisation le 14 octobre 1919 (9e échelon). Il se retire à Xertigny.

 

Fin février 1920, il vit à Paris, rue Albert de Lapparent. Ce changement d’adresse le rattache au dépôt divisionnaire du 23e R.I.C..

 

La commission de réforme de Boulogne-sur-Seine du 26 mars 1920 lui propose une pension temporaire de 20 % pour les séquelles de ses blessures de guerre.

 

Un avis du gouverneur de Paris en date du 4 septembre 1920 le fait réaffecter au 149e R.I..

 

Le 9 septembre, le lieutenant Loubignac est évalué par le chef de corps du régiment, le lieutenant-colonel Lecoanet : «  A montré au cours de la campagne des qualités d’initiative et de courage qui se sont spécialement affirmées lors d’une embuscade d’où, par son sang-froid, il est sorti vainqueur. A ramené le corps d’un officier ennemi dans nos lignes, ce qui a permis une précieuse identification. »

 

Jean Loubignac est nommé lieutenant à titre définitif par décret en date du 6 décembre 1918 à compter du 1er décembre 1918.

 

Il est proposé pour une pension temporaire d’invalidité à 50 % pour séquelles de séton épaule droite, rudesse respiratoire des deux côtés, séquelle de balle en séton à la cuisse droite (décision de la commission spéciale de réforme d’Épinal en date du 29 juillet 1921).

 

Le lieutenant Loubignac est temporairement inapte au service. Il vit a Paris 29 rue Palonceau en décembre 1922.

 

Le 149e R.I. est dissous le 10 novembre 1923. Jean Loubignac est rattaché au 27e régiment de Tirailleurs (décision ministérielle du 7 décembre 1923 -J.O. du 9 décembre 1923) avant d’être muté au 17e régiment de Tirailleurs (décision ministérielle du 21 décembre 1923 -J.O. du 22 décembre 1923).

 

Il est mis hors cadres fin octobre 1924 (décision ministérielle du 28 octobre 1924 et application de l’article 2 § 2 du décret du 31 août 1878).

 

Le 4 mars 1926, Jean Loubignac épouse Marguerite Marie Magné de Lalonde à Saint-Mandé, dans le département du Val-de-Marne. Le couple ne semble pas avoir eu de descendance.

 

Les anciennes blessures de guerre de Jean Loubignac sont de nouveau examinées par la commission de réforme. Un procès verbal très détaillé de la commission de Paris, datant du 7 mai 1926, valide une pension d’invalidité permanente à 50 % pour les raisons suivantes :

 

Séquelles de blessure de l’épaule droite par balle avec atteinte de l’hémithorax correspondant. Entrée du projectile au niveau de la partie moyenne du deltoïde, cicatrice de sortie partie moyenne du bord externe de l’omoplate. Craquements articulaires ; limitation à 90° des mouvements d’abduction et d’élévation de l’épaule. Légère amyotrophie des muscles de l’épaule.

 

Au point de vue pulmonaire : signes de sclérose du sommet droit, respiration rude et légère.

 

Au membre inférieur droit : cicatrice de blessure par balle au 1/3 inférieure de la cuisse, face interne, mesurant 5 centimètres sur 4, avec petite perte de substance musculaire. Hyperesthésie au dessous de la cicatrice. Fatigabilité.

 

Reliquats d’entérocolite, accuse des alternatives de diarrhée prédominantes et de constipations. 

 

Sa carrière militaire prend fin le 18 octobre 1926. Il a 32 ans.

 

Decorations Jean Loubignac

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 155 en date du 7 septembre 1916 :

 

« Au cours de l’attaque d’un village, le 4 septembre 1916, a fait preuve des plus belles qualités de chef. A entraîné brillamment sa section à l’assaut et a puissamment contribué à l’organisation des positions conquises. »

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 175 en date du 8 novembre 1917 :

 

« Jeune officier d’un allant superbe, le 23 octobre 1917, chargé d’une mission des plus délicates, s’en est acquitté avec une énergie et une intelligence, au-dessus de tout éloge, contribuant largement à assurer la liaison avec sa division et de la division voisine, déjà blessé et cité. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 287 en date du 23 février 1918 :

 

« Le 19 février 1918, à la faveur d’une embuscade audacieuse et habilement préparée en plein jour et à 20 mètres de l’ennemi, a tué un Allemand en corps à corps et a permis une précieuse identification. »

 

Citation à l’ordre de la VIe  Armée n° 587 en date du 10 juin 1918 :

 

« Officier d’un calme et d’un sang-froid étonnant. S’est tout particulièrement distingué le 28 mai 1918, au cours de l’attaque d’un point d’appui ennemi, en progressant sous un feu violent et capturant des prisonniers et des mitrailleuses. A gagné son objectif sur lequel il fut blessé. »

Chevalier de la Légion d’honneur du 16 juin 1920 :

 

« A montré au cours de la campagne des qualités d’initiatives et de courage. S’est particulièrement distingué le 28 mai 1918, au cours de l’attaque d’une position ennemie, deux blessures, plusieurs citations. »

 

Jean Loubignac et Marguerite Marie Magné de Lalonde divorcent le 1er mai 1939.

 

Il meurt le 2 décembre 1957 dans son appartement parisien, situé 84 avenue de Versailles, à l’âge de 63 ans.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule du père lue sur le site des archives départementales de la Corrèze.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Carte de la Syrie « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France »

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à V. Quevaine, à A. Carobbi, à I. Holgado, à M. Porcher, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 septembre 2022

Marcel Morand (1892-1983)

Marcel Morand

 

Marcel Morand naît le 29 mai 1892 à Vierzon-ville, dans le département du Cher. Son père, Joseph Frédéric, est garçon meunier. Il a 41 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Mélanie Alexandrine Thomas a 27 ans. Les Morand auront au total 9 enfants. Trois décéderont en bas âge.

 

Le registre matricule de Marcel indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte son instituteur. Cette fiche nous apprend également qu’il fut employé de commerce.

 

Son père décède en 1908, Marcel a seize ans, sa plus jeune sœur, trois ans.

 

L’année de ses vingt ans, le jeune Morand se rend à la mairie de Vierzon pour passer devant le conseil de révision. Au vu de son excellent état de santé, le conseil le déclare « bon pour le service armé ». Il est classé dans la 1ère partie de la liste.

 

Le 10 octobre 1913, Marcel arrive en gare d’Épinal en même temps qu’un nombre important de conscrits de sa classe qui l’accompagnent depuis Vierzon.

 

Les régions de l'intérieur envoyaient une petite partie de leur contingent vers les unités aux frontières, car le réservoir humain des dites frontières était insuffisant pour garnir les rangs.

 

Le soir même, tous ces hommes dorment à la caserne Courcy, bâtiment militaire qui abrite le 149e R.I.. Marcel débute sa formation de soldat à la compagnie hors rang.

 

L’année suivante, l’armée lui accorde le statut de soutien de famille.

 

Marcel est toujours à la C.H.R. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Ses fonctions au sein de cette compagnie, qui n’est pas une unité combattante, ne sont pas connues. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure il participa aux différents combats, sachant qu'il fut de toutes les opérations depuis le début des hostilités.

 

Cette situation change le 11 avril 1915. Ce jour-là, Marcel est affecté à la 10e compagnie du 149e R.I.. À partir de cette date, nous savons qu’il est vraiment engagé dans toutes les attaques impliquant sa compagnie dans le secteur d’Aix-Noulette, en Artois.

 

Le 25 juin 1915, le soldat Morand est nommé caporal. Le 1er avril 1916, il peut coudre ses galons de sergent. Le 149e R.I. est engagé à Verdun depuis le mois de mars.

 

Le régiment spinalien occupe ensuite un secteur en Champagne entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

 

En septembre 1916, le 149e R.I. est dans la Somme. Il participe à plusieurs attaques dans les secteurs de Soyécourt et d’Ablaincourt. Le régiment reste quatre mois dans ce secteur. En novembre, le sergent Morand gagne sa croix de guerre avec une citation à l‘ordre de la brigade.

 

Le 10 avril 1917, Marcel Morand se fait photographier avec l’ensemble des sous-officiers de sa compagnie, dans le Haut-Rhin, près de Belfort.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Son identification a été rendue possible à partir du livre écrit par Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». Un cliché similaire figure à la page 179 de l’ouvrage. Chaque homme est nommé en marge de la photographie.

 

Fin mai, le 149e R.I. est envoyé dans un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison, près du chemin des Dames. Le 7 juin 1917, la 10e compagnie est à la ferme le Toty. Le sergent Morand est violemment commotionné suite à l’explosion d’un obus qui lui rompt un tympan.

 

Ferme le Toty

 

Marcel est, dans un premier temps, soigné à l’ambulance 5/52 avant d’être envoyé vers l’arrière.

 

Le 19 juin, il est à l’hôpital n° 47 de Mont-Saint-Aignan. Le 4 juillet, le sergent Morand est cité à l’ordre de la division. Le 11 juillet, il occupe un lit de l’hôpital complémentaire n° 48 de Rouen. Le 14 juillet, Marcel est pris en charge par les médecins de l’hôpital Bel air 3 à Nantes. Une fois rétabli, le sergent Morand bénéficie d’une semaine de convalescence.

 

Le 13 août, il est de retour au dépôt du 149e R.I.. Sa dernière citation nous apprend qu'il demande instamment son retour au front, dans son régiment, alors qu'il est affecté à une compagnie d'inaptes.

 

Le 19 octobre, Marcel retrouve la 10e compagnie qui va bientôt être engagée dans la bataille de la Malmaison. 

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille dite de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 30 novembre, Marcel peut ajouter une palme à sa croix de guerre.

 

Le 149e R.I. est en formation du côté de Compiègne en avril 1918. Fin mai, avec l’ensemble de la 43e D.I., il repousse une offensive allemande dans le secteur d’Arcy-Sainte-restitue.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Marcel est décoré de la Médaille militaire sur le champ de bataille le 4 juin 1918.

 

Le mois suivant, le sergent Morand est fait prisonnier dans le secteur de Tahure. Inquiète, sa sœur entreprend des recherches auprès du Comité International de la Croix Rouge pour tenter d’en savoir plus.

 

 

Marcel est en captivité en Allemagne. Sa fiche signalétique et des services indique un internement au camp de Langeltal, ce qui est une erreur. En fait, le sergent Morand est emprisonné à Langensalza.

 

Camp de prisonniers ou a ete interne Marcel Morand

 

Marcel Morand est rapatrié en France le 10 janvier 1919. Neuf jours plus tard, l’ancien captif est au dépôt du 95e R.I. à Bourges. Le 25 août, il est envoyé en congé illimité de démobilisation avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. C’est enfin le retour à la vie civile après plus de cinq années sous l’uniforme du 149e R.I.. Marcel n’en a pas pour autant complètement terminé avec l’armée. Il est affecté à la réserve du 95e R.I..

 

Le 29 juillet 1919, il épouse Marcelle Alice Vallée à Lury-sur-Arnon. Le couple aura deux enfants, Jacques et André.

 

Le 10 mai 1930, l’ancien combattant est classé sans affectation. Le 1er janvier 1921, il réside au 30 rue Clocheville à Tours.

 

Marcel est rattaché à la classe de mobilisation 1908 le 27 janvier 1931. Le 1er juillet 1932, il dépend, en tant que père de deux enfants, du centre de mobilisation d’artillerie n° 25 (encadrement d’unité d’ouvriers).

 

Le 18 janvier 1933, la famille Morand est domiciliée au 8 rue Littré. Cette année-là, le sergent de réserve est rattaché à la subdivision militaire de Tours.

 

La commission de réforme de Tours, qui s’est réunie le 5 mai 1936, lui accorde une invalidité temporaire de 10 % pour une otite moyenne post-traumatique de l’oreille gauche. Elle le fait passer dans le service auxiliaire. 

 

L’ex-sergent du 149e R.I. repasse devant cette commission le 22 mars 1938. Cette fois-ci, il obtient une pension de 15 %. Son tympan s’est bien cicatrisé, mais son audition a encore chuté. Son statut militaire n’est pas modifié.

 

De nouveau, il va falloir se préparer à affronter l’armée allemande, Marcel Morand est envoyé au dépôt 92 le 28 octobre 1939. Ses soucis de santé le font congédier le jour même, classé sans affectation à compter du 19 octobre 1939.

 

Le 15 octobre 1940, l’ancien sous-officier du 149e R.I. est dégagé de toute obligation militaire. Il est réintégré dans sa subdivision d’origine le 16 août 1948.

 

Le 12 mai 1959, Marcel vit au 7 rue Racine à Tours.

 

Il décède le 14 décembre 1983 à l’âge de 91 ans, quatre ans après son épouse.

 

Decorations Marcel Morand

 

Le sergent Morand a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 15 en date du 22 novembre 1916 :

 

« Jeune sous-officier très courageux, très tenace. A, dans la nuit du 8 novembre 1916, aidé d’une façon particulièrement active et malgré de violents bombardements au ravitaillement en munitions du bataillon d’attaque. »

 

Citation à l’ordre de l’infanterie divisionnaire n° 6  en date du 4 juillet 1917 :

 

« Sous-officier brave. Au front depuis le début de la campagne. Commotionné très fortement pendant un violent bombardement des 1ère lignes, a caché sa blessure, n’a quitté sa section que sur ordre de son commandant de compagnie. Déjà cité. »

 

Citation à l’ordre de la VI e armée n° 527 en date du 30 novembre 1917 :

 

« Sous-officier d’un courage remarquable, incomplètement guéri d’une blessure a, sachant que son régiment devait prendre part à des opérations importantes, demandé instamment à quitter le dépôt pour rejoindre la compagnie. S’est conduit, au cours de l’attaque d’une façon remarquable, montrant l’exemple du plus grand sang-froid. »

 

Médaille militaire avec citation à l’ordre de l’armée le 4 juin 1918 (ordre n° 8571 D pour prendre rang du 4 juin 1918) :

 

« Sous-officier d’une bravoure à toute épreuve qui a pris part à toutes les attaques du régiment. A affirmé une fois de plus sa bravoure pendant de récents combats en conduisant très brillamment sa section à l’assaut. Une blessure. Trois citations. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 15 juillet 1965)

 

La généalogie de la famille Morand peut se consulter sur le site « Généanet ».

 

log geneanet

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Morand a été consultée sur le site des archives départementales du Cher.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à C. Trumeau  à F. Barbe, à A. Carobbi, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 septembre 2022

François Auguste Aucagne (1880-1964)

François Auguste Aucagne

 

François Auguste Aucagne voit le jour le 17 avril 1880 à Vaux-en-Beaujolais, un petit village rural situé dans le département du Rhône.

 

Son père, Auguste Marie, 37 ans, travaille le bois en tant que menuisier à la Creuse, une commune avoisinante. Sa mère, Marie Philomène Durand, 36 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle élève déjà une fille âgée de 7 ans.

 

Vaux (Rhone)

 

François est le cadet d’une fratrie composée de trois enfants. Sa sœur, Marie Victorine, est décédée prématurément.

 

Genealogie famille Aucagne

 

François Aucagne termine sa scolarité obligatoire avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il entre en apprentissage pour devenir horloger.

 

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision le déclare apte aux obligations militaires.

 

Généralement, les conscrits de la même classe rejoignent leur dépôt à la même période. Ce ne fut pas le cas pour François. Il est arrivé isolément à la caserne du 149e R.I. le 15 novembre 1901. Un motif familial ou une maladie pourrait expliquer cette arrivée tardive au régiment.

 

François Aucagne est nommé soldat de 1ère classe la veille de Noël de l’année suivante. Ses supérieurs ne lui donnent pas l’occasion de suivre la formation de caporal au cours de son incorporation à la caserne Courcy.

 

Le 19 septembre 1904, le jeune homme est envoyé dans la disponibilité avec son certificat de bonne conduite validé. Il passe officiellement dans la réserve de l’armée active le 4 novembre.

 

De retour à la vie civile, François Aucagne quitte sa région natale pour aller vivre à Ambert, dans le Puy-de-Dôme.

 

Il est de retour à la caserne Courcy du 6 mai au 2 juin 1907 pour effectuer sa première période d’exercice.

 

François Aucagne s’installe ensuite à Lyon, 6 rue du président Carnot, chez l’horloger Honneger, son nouvel employeur.

 

Début janvier 1909, il s’établit à Beaujeu. Le 3 février 1910, il épouse Jeanne Marie Françoise Large à Odenas. Le couple donne la vie à une petite fille, prénommée Francine Augustine, en février 1915.

 

Obligé de revêtir l’uniforme une nouvelle fois, l’horloger Aucagne réalise sa seconde période d’exercice, du 9 au 25 mai 1911.

 

Comme des centaines de milliers de réservistes, il est rappelé à l’activité militaire, par ordre de mobilisation générale en 1914. L’affiche est placardée dans toutes les communes de France, à partir du 2 août. François Aucagne a 48 heures pour rejoindre son régiment à Épinal.

 

Sa fiche matricule n’est pas assez détaillée pour nous permettre de faire une reconstitution exacte de son parcours militaire au cours des premiers mois du conflit.

 

François Auguste Aucagne (carte-photo)

 

Début janvier 1915, le soldat Aucagne est au camp de Mailly. Il prend le temps d’envoyer à sa sœur une carte photo avec son portrait en pied. François a rédigé le petit mot suivant au dos du cliché :

 

« Chère Élisa et cher Jean,

 

Je vois envoie, par cette carte, un petit souvenir de cette maudite guerre. Vous reconnaîtrez peut-être difficilement votre frère, quoique, jusqu’à présent, je n’ai pas trop souffert. J’espère que la chance me favorisera jusqu’au bout. Recevez mes meilleurs bécots.

 

Francisque »

 

Le frère et la sœur sont respectivement surnommés Francisque et Élisa dans cette petite correspondance. Ces prénoms, utilisés comme diminutifs, ne sont pas ceux de l’état civil. Ils ont rendu leur identification difficile.

 

François Aucagne est inscrit dans le registre des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il arrive au sein du régiment actif.

 

Le 25 mai 1915, il échappe de peu à la mort. Une balle de shrapnel lui a perforé le thorax et le poumon droit. François est, dans un premier temps, soigné à l’hôpital temporaire de Bruay. Le 5 juin, il est évacué vers l’arrière.

 

Le soldat Aucagne ne retourne pas sur la ligne de front après sa convalescence.

 

Il a été détaché, au titre de l’éclairage électrique de Lyon, du 19 décembre 1915 au 26 février 1919, date de sa mise en congé illimité de démobilisation.

 

Sa fiche matricule indique pourtant une affectation au 158e R.I. à compter du 1er juillet 1917. Cette mutation pourrait laisser supposer un retour en 1ère ligne au sein de cette unité. En fait, il n’en fut rien.

 

François Aucagne n’a jamais mis les pieds au 158e R.I.. Son affectation dans cette unité est tout simplement à mettre en lien avec son statut de détaché. Il ne faut pas oublier que le soldat Aucagne reste un mobilisé. Il est donc obligatoirement rattaché à un dépôt ; celui du 158e R.I. gère tous les détachés du Rhône, ce qui est son cas.

 

Pour mieux comprendre le fonctionnement des détachés au cours du conflit 1914-1918, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918

 

Après la guerre, François Aucagne passe plusieurs fois devant la commission de réforme du sud-Rhône de Lyon.

 

Le 28 octobre 1919, il est maintenu dans le service armé avec une invalidité temporaire de 10 % pour séquelles de plaie transfixiante de l’hémi-thorax droit ; ces séquelles sont en lien direct avec sa blessure reçue le 25 mai 1915.

 

Le 14 décembre 1920, la commission de réforme lui accorde le même taux d’invalidité. Elle le reconnaît inapte pour l’infanterie, mais bon pour le train service auto.

 

Le 23 mars 1923, la commission de réforme se rassemble une nouvelle fois sans modifier son statut.

 

Le 1er octobre 1923, François Aucagne est rattaché à la classe de mobilisation 1898 en tant que père d’un enfant vivant.

 

Le 18 août 1924, la commission de réforme lui propose une pension d’invalidité permanente de 10 %, tout en le maintenant au service armé. Réunie de nouveau le 25 novembre à Lyon, la commission maintient sa situation.

 

François Aucagne semble avoir délaissé son métier d’horloger pour aller vers celui de tourneur sur fer en avril 1925.

 

Il est classé sans affectation  à partir du 15 novembre 1926.

 

Un mois plus tard, la commission de réforme lui accorde les 10 % d’invalidité permanente pour son ancienne transfixion de l’hémi-thorax droit. L’année suivante, il reçoit une pension de 240 francs.

 

François Aucagne obtient son certificat de combattant le 15 janvier 1928. Il est libéré de toutes obligations militaires le 10 novembre 1929.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. meurt le 14 octobre 1964 à l'âge de 84 ans dans la commune de Beaujeu où il s'était installé en 1909.

 

Sources

 

La fiche matricule et les actes d’état civil concernant la famille Aucagne ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Contrôle nominatif du 2e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à L. Rico, à T. Vallé et aux archives départementales du Rhône. 

22 juillet 2022

Louis Henri Chevillard (1893-1916)

Louis Henri Chevillard

 

Louis Henri Chevillard est né le 8 novembre 1893, au 2 rue Ambroise Paré, dans le 10e arrondissement de Paris. Son père, Henri Jean, ancien employé de commerce devenu lampiste, est âgé de 37 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Louise Léonie Payer, 18 ans, exerce le métier de couturière.

 

La fiche signalétique et des services du jeune Chevillard mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire,écrire et compter à la fin de sa scolarité obligatoire. Devenu électricien, il travaille pour la compagnie électro-mécanique à l’usine du Bourget.

 

Louis Chevillard commet divers délits au cours de sa jeunesse. Il est condamné à plusieurs reprises par le tribunal de la Seine. La première condamnation tombe le 13 mars 1911, avec 3 mois de prison avec sursis pour vol.

 

Le 15 janvier 1912, il écope d’un mois de prison pour complicité de vol.

 

Cinq jours plus tard, la sanction s’alourdit. Cumulée avec le sursis, il doit effectuer une peine de 4 mois de prison ferme, payer une amende de 100 francs et respecter une interdiction de séjour durant 5 ans.

 

Le 20 septembre 1912, il se retrouve à nouveau face à la justice. Cette fois-ci, c’est le tribunal de Paris qui le sanctionne. Louis Chevillard doit purger une nouvelle peine de 3 mois de prison pour ne pas avoir respecté son interdiction de séjour.

 

Toujours domicilié chez ses parents, au numéro 107 de la rue du temple à Paris, il est inscrit sous le numéro 91 de la liste de l’année 1913 du canton du 3arrondissement. Il est déclaré apte aux obligations militaires par le conseil de révision réuni à la mairie de la rue de Lisbonne.

 

Ses nombreux déboires avec la justice lui valent une incorporation directe dans un bataillon disciplinaire.

 

Le 2 décembre 1913, Louis Chevillard est convoqué au 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Il traverse la Méditerranée pour rejoindre son unité d’affectation stationnée à Gabès, en Tunisie. Le nouveau conscrit arrive au corps le 8 décembre.

 

Fin juillet 1914, l’Europe s’apprête à entrer en guerre. Début octobre, les meilleurs éléments du 4e B.I.L.A. et du 5e B.I.L.A. sont rassemblés pour former le 3e bataillon de marche d’infanterie légère d’Afrique.

 

Le 27 octobre, le « Joyeux » Chevillard, rattaché à ce nouveau bataillon, embarque sur le paquebot « France ». Ce navire doit rejoindre le port de Marseille.

 

Le bataillon est à Dunkerque le 3 novembre 1914. Envoyé en Belgique, il est rapidement engagé sur le front de l’Yser.

 

Louis Chevillard est blessé le 10 novembre 1914 au sud du moulin de Noordschoote. Une balle lui a traversé la jambe gauche. Cette blessure nécessite une évacuation vers l’arrière.

 

La date de son retour en 1ère ligne reste inconnue. Nous savons simplement qu’il a réintégré les rangs de son ancien bataillon après sa guérison.

 

En février 1915, son unité est engagée sur le front d’Artois, près de Roclincourt.

 

Le 30 mars 1915, une balle lui perfore le bras gauche. Il est de nouveau envoyé vers l’arrière.

 

Une fois rétabli, l'administration militaire doit estimer que ses deux blessures ont démontré qu'il s'était racheté pour ses fautes passées. Il est affecté à un corps de troupe régulier, le 170e R.I. à compter du 7 août 1915.

 

Le soldat Chevillard est blessé pour la 3e fois le 2 octobre 1915 dans le secteur de Souain. Cette fois-ci, c’est une plaie à la main droite due à un éclat d’obus qui entraîne son retrait de la zone des armées.

 

Le 8 avril 1916, il est muté au 149e R.I.. Le régiment a subi des pertes importantes dans le secteur de Verdun au cours des semaines précédentes. Louis Chevillard est inscrit dans les effectifs de la 6e compagnie lorsqu’il intègre le régiment actif.

 

L’ancien soldat des « bat’ d’Af’ »  est nommé chef d’escouade le 29 avril.

 

Son régiment est envoyé dans la Somme en août 1916. Le 4 septembre, le 149e R.I. reprend le village de Soyécourt aux Allemands. Le caporal Chevillard est tué deux jours plus tard. Sa compagnie occupait une position de soutien pilonnée par l’artillerie ennemie.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Le 26 septembre 1916, les soldats Eugène Sagnès et Victor Boisson confirment le décès du caporal Chevillard auprès du sous-lieutenant Auguste Fourneret, l’officier responsable de l’état civil du régiment.

 

Louis Chevillard a été, dans un premier temps, inhumé à proximité d’un chemin traversant le bois de Soyécourt. Le lieu de sa sépulture actuelle n’a pas été retrouvé.

 

Décoration obtenue :

 

Croix de guerre avec une étoile de vermeil et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division n° 127 en date du 15 mai 1915 :

 

« Très bon et très brave soldat, belle attitude au feu, a toujours été un exemple de courage pour ses camarades. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 286 en date du 12 septembre 1916 :

 

« A été tué le 6 septembre 1916, dans un bois, alors qu’il occupait avec sa compagnie une position de soutien très violemment bombardée par l’ennemi. Gradé intelligent, dévoué et d’un grand courage. »

 

Le caporal Chevillard ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Fiche matricule consultée sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Historique du 3e bataillon de marche et du 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Éditions Paris Henri Charles-Lavauzelle. 1920.

 

J.M.O. du 3e bataillon de marche. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 860/3 et26 N 860/4.

 

« Livre d’or de la compagnie mécanique du bureau de Paris et du Bourget ». Imprimerie L. Hardy, 40 rue du chemin vert. (Une citation à l’ordre de la division inscrite dans ce livre d’or ne semble pas lui appartenir. Les dates évoquées ne font pas lien avec le J.M.O. du 170e R.I. et cette citation n’est pas inscrite sur sa fiche matricule).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 juillet 2022

Louis Joseph Demengeon (1881-1916)

Louis Joseph Demengeon

 

Louis Joseph Demengeon voit le jour le 24 décembre 1881 dans le petit village vosgien de Dompierre. Son père, Jean Joseph Eucher, manœuvre, est âgé de 32 ans le jour sa naissance. Sa mère, Marie Marguerite Cuny, âgée de 37 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Louis est le premier enfant du couple.

 

La famille s’agrandit avec l’arrivée d’un nouveau garçon en 1888.

 

Dompierre

 

La fiche signalétique et des services de Louis Demengeon indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Louis a ensuite exercé le métier de manœuvre, probablement en travaillant avec son père.

 

Comme pour la presque totalité des registres vosgiens, la rubrique « détail des services et mutations diverses » de sa fiche matricule ne fournit pas les informations nécessaires à la reconstitution de son parcours militaire. Si cet homme n’était pas devenu officier, il aurait été impossible d’écrire quoi que ce soit sur cette partie de sa vie.

 

Enregistré sous le n° 21 sur la liste du canton de Bruyère, Louis Demengeon est déclaré « bon pour le service armé » lorsqu’il se présente devant le conseil de révision. Il se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1902.

 

Le 16 novembre 1902, le jeune homme rejoint le 21e R.I., un régiment en garnison à Langres. Ses connaissances scolaires lui permettent de suivre les cours du peloton des élèves caporaux, un grade qu’il obtient le 23 septembre 1903. Le caporal Demengeon est nommé sergent le 27 septembre 1904.

 

Libéré de ses obligations militaires après avoir passé deux années sous les drapeaux, il revient s’installer à Dompierre avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Ce retour à la vie civile est de courte durée. Très rapidement, il décide de reprendre du service en signant un engagement de 5 ans.

 

Le 27 mars 1906, il intègre les effectifs du 149e R.I., un des régiments qui tient garnison à Épinal. Le 13 juillet 1910, il signe de nouveau pour cinq ans.

 

Le 1er mai 1911, Louis Demengeon épouse Marie Claire Philippe à Le Tholy, une petite commune avoisinante de Dompierre. Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant.

 

Le sergent Demengeon est nommé sergent-major à la fin de l’année 1913. Il devient secrétaire auprès du capitaine chargé du matériel.

 

Il occupe toujours ce poste lorsque le 1er conflit mondial du  XXe siècle débute en août 1914.

 

À sa demande, Louis Demengeon quitte ses fonctions administratives au dépôt du 149e R.I. le 30 avril 1915.

 

Le 2 mai, il intègre le bataillon de marche du régiment. Le 14, il rejoint le régiment actif. Le chef de corps, Frédéric Gothié, lui confie une section de sa 2e compagnie sous les ordres du capitaine Crépet. La plupart des responsables de cette compagnie manquent à l’appel après les attaques des jours précédents dans le secteur d’Aix-Noulette.

 

Le 22, le sergent-major Demongeon est nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre.

 

Le 16 juin 1915, une nouvelle offensive a lieu sur le front d’Artois. Touché par une balle d’obus au mollet droit, il est évacué vers l’arrière. L’hôpital où il a été soigné n’a pas été identifié.

 

Le 9 juillet 1915, le lieutenant-colonel Gothié rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne de son subordonné :

 

« Sergent-major au dépôt depuis le début de la campagne, a demandé à venir sur le front. Nommé sous-lieutenant à titre temporaire en mai, s’est montré un chef de section très sérieux et très zélé. Blessé et évacué à l’attaque du 16 juin. »

 

Louis Demengeon ne reparaît pas sur le front du 149e R.I. au cours des six mois suivants. Peut-être est-ce à ce moment-là qu’il a été envoyé au groupe vosgien n° 4 (la date de son arrivée et celle de son départ dans cette unité ne figurent pas dans ses états de service).

 

Le sous-lieutenant Demengeon est de retour au 149e R.I. le 18 avril 1916. Il prend aussitôt le commandement de la 2e compagnie, en carence de cadres, depuis le passage du régiment à Verdun. Le 15 juin, il est de nouveau affecté à la tête d’une section de cette compagnie.

 

Le 149e R.I. est envoyé dans le département de la Somme en août 1916.

 

Le 1er septembre 1916, Louis Demongeon assure le commandement du peloton de discipline de la 43e D.I..

 

Cinq jours plus tard, il meurt frappé d’une balle dans la tête en entraînant ses hommes à l’assaut des positions ennemies.

 

Il est très difficile d’identifier de manière sûre la compagnie dans laquelle il servait le jour de sa mort. Plusieurs documents consultés dans son dossier individuel disponible au S.H.D. de Vincennes indiquent des unités différentes.

 

Servait-il à la 2e compagnie du 149e R.I. ? Était-il au peloton de discipline de la 43e D.I. où encore à la C.H.R. du 149e R.I. comme le laisse suggérer un compte-rendu d’exhumation datant du 15 février 1922 ? Il est impossible de se prononcer.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Hippolyte Journoud -soir d'attaque - septembre 1916

 

Le sous-lieutenant Demengeon a été inhumé, dans un premier temps, dans le cimetière militaire d’Harbonnières par le personnel de l’ambulance 7/21.

 

Il repose actuellement dans la Nécropole nationale de Lihons. Sa sépulture porte le n° 3491.

 

Sepulture Louis Demengeon

 

Sa veuve se remarie le 20 août 1921 avec Adrien Rosée, père d’une fille née en 1908. Cette famille recomposée vit à Laval-sur-Bologne. Le registre de recensement de l’année 1921 de cette commune n’indique pas d’enfants nés sous le nom de Demengeon vivant sous ce toit.

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 juin 1915 :

 

« Le 29 mai 1915, à Notre-Dame-de-Lorette, a entraîné brillamment sa section à l’attaque, blessé légèrement a conservé son commandement. »

 

Citation à l’ordre de la 10e Armée n° 228 en date du 25 septembre 1916 :

 

« Officier d’une grande valeur, a fait preuve des plus belles qualités morales et militaires et du plus parfait mépris de la mort, pendant les combats des 5 et 6 septembre 1916. Est tombé le 6 septembre frappé d’une balle à la tête en entraînant courageusement sa section à l’assaut de positions ennemies très solidement fortifiées à Soyécourt. »

 

Légion d’honneur à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 juin 1920).

 

Le nom de cet officier a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Dompierre.

 

La généalogie de la famille Demengeon peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche matricule, les actes d’état civil et les registres de recensements de la commune de Dompierre concernant le sous-lieutenant Demengeon et son épouse ont été lus sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Le dessin intitulé « soir d’attaque septembre 1916 » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud, propriété de la famille Aupetit.

 

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Louis Joseph Demengeon a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à B. Étévé, à M. Porcher, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 juillet 2022

Jacob Vidal (1891-1916)

 

Jacob Vidal naît le 9 mars 1891 à Aïn Témouchent, une commune algérienne située à 72 km au sud-ouest d’Oran, dans une famille de confession juive. Son père, Eliaou, est âgé de 37 ans lorsque ce 3e fils vient au monde. Il travaille comme débitant de tabac.

 

Sa mère, Rachel Bedouk, est âgée de 36 ans. Elle exerce le métier de couturière. La naissance d’une petite fille agrandit la fratrie en 1894.

 

L’enfance de Jacob est jalonnée de drames familiaux. Il perd son père à l’âge de 5 ans, sa mère à l’âge de 12 ans et sa petite sœur à l’âge de 14 ans.

 

Genealogie famille Vidal

 

Les Vidal s’installent à Marseille après la mort du père. Ils restent dans la cité phocéenne jusqu’au décès de la mère en 1903. La fratrie retourne vivre en Algérie.

 

Le registre matricule et le dossier individuel du S.H.D. de Vincennes de Jacob Vidal ne donnent pas d’indications sur son niveau scolaire et aucun détail sur l’activité professionnelle qu’il exerçait avant les obligations militaires. Il est probable qu’il avait, tout comme ses deux frères, un degré d’instruction de niveau 3.

 

Soldat de la classe 1911 de la subdivision de Marseille, Jacob Vidal ne se présente pas devant le conseil de révision le jour de sa convocation. Cette situation, certainement à mettre en lien avec sa domiciliation en Algérie, entraîne automatiquement son inscription sur la liste des « bons absents ».

 

Le nouveau conscrit est incorporé au 163e R.I. à compter du 19 octobre 1912. Ce régiment est installé en Corse depuis la dernière décennie du XIXe siècle. Il envoie son 1er bataillon en Algérie en août 1912.

 

Jacob Vidal n’a probablement pas eu à traverser la méditerranée pour rejoindre l’île de beauté. En effet, son dossier individuel d’officier mentionne une campagne en Algérie pour la période allant du 19 octobre 1912 au 13 avril 1913.

 

De retour en France, Jacob Vidal rejoint le dépôt de son régiment installé à Nice depuis le 23 décembre 1912.

 

Son expérience militaire en Algérie et l’estime de ses supérieurs lui permettent de suivre la formation des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 22 avril 1913. Jacob est nommé sergent le 18 octobre 1913.

 

Le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand, héritier de l’empire austro-hongrois est assassiné à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Personne ne sait encore que cet évènement va servir de prétexte pour déclencher une guerre mondiale. La vie continue…

 

La compagnie du sergent Vidal occupe un des forts de la place forte de Nice. Jacob est un conscrit exemplaire.Il gagne du galon et n'est jamais puni avant le 4 juillet 1914. Ce jour-là, son chef de section lui inflige 15 jours d’arrêt simple pour le motif suivant : « N’étant pas présent à l’appel du soir, est rentré au fort à 2 h 45. A passé la nuit aux environs du fort en compagnie d’une femme. A pénétré, accompagné de cette femme, dans la caserne extérieure du fort, s’est fait porter malade à la visite du lendemain et a obtenu la mention « exempt de service » et a manqué de ce fait l’exercice de la journée. »

 

La situation politique européenne se dégrade de plus en plus, à tel point que la France rappelle ses réservistes à partir du 2 août 1914.

 

Les compagnies détachées à la surveillance des forts réintègrent le dépôt du 163e R.I. les 12 et 13 août.L’Italie, alliée de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, décide de ne pas prendre part au conflit.

 

La France n'a plus besoin de protéger sa frontière avec ce pays. Les premiers éléments du 163e R.I. quittent la caserne Riquier à partir du 15 août.

 

Le 19, le sergent Vidal subit le baptême du feu à Tagolsheim, une petite commune située au sud-ouest de Mulhouse. Une balle allemande lui traverse le cou. Grièvement blessé, il est évacué vers l’intérieur. Jacob Vidal occupe un des 200 lits de l’hôpital auxiliaire n° 8 ; ce dernier est installé à l’intérieur du lycée de jeunes filles de Grenoble.

 

La plaie du sergent Vidal cicatrise vite. Après quelques jours de convalescence, il retourne au dépôt du 163e R.I. instruire les élèves caporaux. Bientôt gagné par l’envie de retourner se battre, Jacob Vidal fait une demande pour partir avec le prochain renfort. À deux reprises, il essuie un refus de la part de ses chefs.

 

Sa blessure, pas tout à fait guérie, le fait beaucoup souffrir. le sergent Vidal doit prendre sur lui pour espérer un retour rapide en 1ère ligne. Une compensation tout de même, il est nommé adjudant le 23 septembre 1914.

 

Le 3 novembre, un renfort quitte le dépôt pour rejoindre le régiment actif. Jacob Vidal fait partie des effectifs. Il retrouve son ancienne unité installée dans le département de la Meuse. Le 163e R.I. occupe un secteur près des communes de Raulecourt et de Gironville-sous-les-Côtes. Le 12 novembre, deux bataillons du régiment sont envoyés en Belgique. La compagnie de l’adjudant Vidal combat dans le secteur d’Ypres jusqu’à la fin de l’année 1914.

 

Le 1er janvier 1915, le régiment est reconstitué à 4 bataillons. Le 12, l’adjudant Vidal occupe une tranchée d’avant-garde près de Flirey. Une pluie d’obus s’abat sur sa section. Plusieurs hommes sont blessés. L’adjudant Vidal, fortement commotionné, est de nouveau évacué vers l’arrière. Cette fois-ci, il est pris en charge par le personnel médical de l’hôpital bénévole n° 117bis placé dans le lycée de jeunes filles de Tournon-sur-Rhône.

 

Jacob Vidal est décoré de la Médaille militaire à l’hôpital. Le journal local relate l’évènement : « On a remis la Médaille militaire au sergent Vidal du 163e R.I., cité à l’ordre de l’armée en présence du sous-préfet, du maire et des officiers en traitement à l’hôpital auxiliaire. Le commandant d’armes Baume a donné l’accolade au nouveau promu sous les applaudissements de l’assemblée et aux accents de la Marseillaise chantée par les camarades blessés. On a offert un punch d’honneur. »

 

La date de son retour au dépôt du 163e R.I. n’a pas été retrouvée. Nous pouvons simplement affirmer qu’il a été affecté au 170e R.I. à partir du 23 juin 1915.

 

Renvoyé sur la ligne de front, son nouveau chef de corps lui donne le commandement d’une section de sa 8e compagnie. L’adjudant Vidal est blessé le 4 octobre 1915. Cette fois-ci, la nature de sa blessure et le lieu de son hospitalisation ne sont pas connus.

 

Le 11 mars 1916, Jacob Vidal est inscrit dans le registre des effectifs de la 26e compagnie du dépôt du 170e R.I.. Il fait une demande écrite pour être nommé officier. Le capitaine Gay-Bellile, rédige une note élogieuse pour appuyer cette candidature :

 

« Brillant adjudant, intelligent, instruit, de très belle tenue, très consciencieux et dévoué dans son service quotidien, ayant un excellent esprit militaire et de moralité parfaite, ce sous-officier est tout a fait apte à faire un sous-lieutenant. Il ne peut faire qu’un très bon officier Avis très favorable. »

 

Le 15 avril 1916, l’adjudant Vidal apprend sa mutation au 109e R.I.. Il est promu sous-lieutenant à titre temporaire deux jours plus tard (J.O. du 21 avril 1916).

 

Une décision prise par le général commandant le 21e C.A. du 16 mai 1916 suivie de la décision ministérielle du 28 mai 1916 (J.O. du 30 mai 1916) implique son affectation au 21e R.I. à compter du 19 mai 1916.

 

Sa présence au sein de ce régiment est de courte durée. Il a tout juste le temps d’être évalué par le responsable du régiment.

 

« Officier, qui, n’étant resté qu’un mois au régiment, ne s’en est pas moins fait connaître comme officier consciencieux, énergique,  zélé, calme. Bon chef de section, animé d’un fort sentiment du devoir.  A occupé les tranchées avec le 21e R.I. dans le secteur du mont Muret entre les buttes de Tahure et Souain. »

 

Le 16 juin 1916, une nouvelle décision du général commandant le 21e C.A.  ratifiée par la décision ministérielle du 23 juin 1916 lui demande de rejoindre l’équipe des cadres du 149e R.I..

 

Le lieutenant-colonel Gothié lui confie la responsabilité d’une section de sa 9e compagnie sous les ordres directs du capitaine Delung.

 

Sous-lieutenant Vidal au bois Etoile

 

Le 149e R.I. est envoyé dans le département de la Somme en août 1916. Le 4 septembre, il attaque le village de Soyécourt. Le sous-lieutenant Vidal est tué le 6 septembre 1916 d’une balle dans la tête.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Jacob Vidal est, dans un premier temps, inhumé au cimetière militaire d’Harbonnières. Sa sépulture portait le n° 1263.

 

Il repose dans le petit carré militaire israélite du cimetière marseillais « Saint-Pierre » depuis le 22 février 1922.

 

 

Le sous-lieutenant Vidal a obtenu les décorations suivantes :

 

Croix de guerre avec deux palmes

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. en date du 25 novembre 1914) :

 

« S’est fait remarquer par son courage et son énergie, a été blessé. »

 

Citation à l’ordre de la 10e Armée du 25 septembre 1916 :

 

« Officier d’une bravoure et d’un sang-froid à toute épreuve. Le 6 septembre 1916 a entraîné brillamment sa section dans une progression en terrain découvert, sous un feu violent de mousqueterie ennemi. A été tué au cours de cette action. »

 

Médaille militaire (21 novembre 1914)

 

Légion d’honneur à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 juin 1920)

 

decorations Jacob Vidal

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune d’Aïn-Témouchent. Cet édifice a été détruit au début de l’indépendance algérienne.

 

Jacob Vidal est resté célibataire et n’a pas eu de descendance. Son frère Prosper et ses deux belles-sœurs ont été victimes de la barbarie nazie en 1943.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Bouches-du Rhône.

 

Journal « l ’Univers israélite » du 20 août 1915 consultable sur le site Gallica.

 

J.M.O. du 163e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 702/10.

 

J.M.O. du 170e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 707/14.

 

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Jacob Vidal a été réalisée par O. Gaget.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à O. Gaget, à J. Huret, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Bouches-du-Rhône. 

24 juin 2022

Frédéric François Gothié (1866-1940)

Frederic François Gothie

 

Enfance et jeunesse

 

Frédéric François Gothié naît le 22 janvier 1866 à Pisdorf (Bischtroff), un petit village situé près de Sarre-Union, dans le département du Bas-Rhin. Son père, Frédéric, âgé de 44 ans, sergent maître d’armes aux armées du Second Empire, est titulaire de la Médaille militaire et de la médaille d'Italie.

 

Sa mère, Christine Bauer, fille d’un charron de Zollingen, est âgée de 28 ans. Elle a déjà donné naissance à une petite fille, prénommée Marie, venue au monde en 1862.

 

Frédéric Gothié et Christine Bauer se sont mariés le 7 mars 1860 à Philippeville (Skikda) en Algérie. Ils ont opté pour la nationalité française après la guerre de 1870-1871. Une fois la carrière militaire du père achevée, les Gothié s’installent à Collonges-au-Mont-d’Or, dans la banlieue nord de Lyon. L’ancien sergent maître d’armes y a obtenu un emploi réservé à l’octroi du pont de la commune.

 

Scolarité 

 

Frédéric fait ses classes primaires à Collonges-au-Mont-d’Or. Il poursuit ses études au collège de Vienne. C’est un très bon élève. Un bulletin de notes datant de cette époque donne les appréciations suivantes : « Excellent élève sous tous les rapports ; travaille avec application et intelligence. Il fait des progrès très marqués dans toutes les parties. Il nous donne pour l’avenir les meilleures espérances. »

 

Sa classe de 3e est composée d’une cinquantaine élèves. Frédéric est alors âgé de 14 ans.

 

Il est second en récitation, 3e en allemand et en latin, 8e en mathématiques et version grecque et 9e en géographie.

 

Le jeune Gothié intègre le lycée de Saint-Rambert après sa sortie du collège. Il rejoint le lycée de Lyon pour suivre les cours des classes de préparation aux grandes écoles.

 

À l’âge de 19 ans, il est noté comme étant un peu trop léger d’esprit en mathématiques spéciales. Il est dit qu’il doit faire des efforts s’il veut y arriver… Dissipé à certaines heures, mais sans plus, il n’en arrive pas moins à décrocher le baccalauréat es sciences.

 

Une fois ses études scolaires achevées, Frédéric Gothié choisit d’embrasser la carrière militaire.

 

Son degré d’instruction de niveau 5 lui permet de tenter le concours d’entrée de l’école spéciale militaire, une épreuve qu’il réussit sans aucune difficulté.

 

Issu d’une famille modeste, le jeune Gothié obtient une bourse pour entreprendre ses études. Son père signe une décharge pour rembourser les frais de formation en cas de non-respect du contrat.

 

Premières années sous l’uniforme

 

Frédéric Gothié est dans l’obligation de contracter un engagement volontaire pour intégrer la 71e promotion saint-cyrienne dite promotion de Châlons. Le 27 octobre 1886, il se rend à la mairie du 1er arrondissement de Lyon pour y signer un contrat de cinq ans.

 

Ce futur Saint-Cyrien a également été inscrit sur la liste de recrutement de la classe de 1886 de la subdivision de Lyon ; il a le n° 123 au tirage au sort du canton de Neuville ; il est enregistré sous le n° 356 au registre matricule de recrutement.

 

Le 23 juin 1887, son adjudant le punit de deux jours de salle de police pour mauvaise tenue dans le rang et pour avoir ri à l’annonce d’une punition de consigne.

 

Frédéric est nommé caporal le 1er octobre 1887.

 

Le 9 août 1888, son capitaine lui inflige deux jours de salle de police pour mollesse au cours d’une séance de tir.

 

Il quitte l’école spéciale militaire le 1er octobre 1888 avec le grade de sous-lieutenant. Classé 101e sur 406 diplômés, il est affecté au 105e R.I. de Riom.

 

Caserne d'Anterroche Riom 105e R

 

Fréderic Gothié entre à l’école normale de gymnastique de Joinville le 1er août 1889 ; il y obtient la médaille d’argent, prix unique d’épée. Classé 10e sur 33 élèves, le jeune sous-lieutenant est jugé comme suit : « Officier sérieux, a travaillé toutes les parties et malgré son peu d’aptitude pour la gymnastique, est parvenu à sortir dans un rang très honorable, à même de diriger les exercices physiques de son bataillon. »

 

Il suit les cours de l’école de tir de la Valbonne du 1er novembre 1890 au 28 février 1891. Le sous-lieutenant Gothié est classé 10e sur 72 élèves avec l’appréciation suivante : « A montré le plus grand zèle, très bon instructeur, sait très bien régler les différents feux, apprécie assez bien les distances à la vue et au télémètre. Très bon tireur, peut-être utilement utilisé à l’instruction théorique et pratique des officiers et sous-officiers. »

 

Progression de carrière

 

Frédéric Gothié obtient les galons de  lieutenant le 15 juillet 1891. Il tente et réussit le concours d’entrée de l’école supérieure de guerre. Une décision ministérielle du 20 avril 1894 l’autorise à suivre les cours à partir du 1er novembre. Il s’installe à Paris le temps de ses études.

 

Le lieutenant Gothié obtient son brevet d’état-major en novembre 1896 avec la mention « bien », classé 51e sur 80 élèves.

 

À partir du 16 novembre 1896, il poursuit sa carrière d’officier à Nîmes en tant que stagiaire à l’état-major de la 59e brigade rattachée à la 30e D.I..

 

Frédéric Gothié fait la connaissance de Louise Guérin qu’il épouse le 14 décembre 1897. Trois enfants naîtront de cette union : Pierre et Marcel qui feront plus tard une belle carrière militaire et Simone, la cadette, qui deviendra médecin.

 

Mariage de Frederic Gothie et de Louise Guerin

 

Le lieutenant Gothié est promu capitaine le 12 juillet 1898. Il occupe les fonctions d’officier d’ordonnance à l’état-major de la 59e brigade depuis plusieurs mois.

 

Les notes laissées par son supérieur direct sont élogieuses. Le 31 décembre 1898, le général Flouvat rédige ceci : «  Monsieur Gothié a été promu capitaine au choix en juillet dernier. Toujours la même volonté d’arriver, la même ardeur au travail, le même dévouement à ses devoirs professionnels, ne laissant jamais échapper une occasion de se rendre utile. A été pour moi un auxiliaire précieux pendant les manœuvres d’automne où il a su faire apprécier son intelligence, son instruction technique et sa vigueur physique, nature douce, prévenante qui éveille la sympathie. »

 

Le 1er janvier 1900, le général Flouvat ajoute : « Officier toujours des mieux doués, comme vigueur, intelligence, facilité au travail, souplesse de mémoire et sûreté de jugement. Il dirige aujourd’hui son bureau avec une réelle compétence et connaît à fond les diverses questions concernant le territoire et la mobilisation. A fait preuve, au cours des manœuvres alpines d’une endurance à toute épreuve et achevé de se familiariser avec la topographie du VIIe secteur qu’il connaît maintenant à fond, où il pourrait, au besoin, rendre de bons services. »

 

Le capitaine Gothié reste un sportif assidu. Sur les traces de son père, il obtient un prix d’escrime en 1901.

 

Une décision ministérielle du 25 janvier 1905 l’affecte au 55e R.I. à partir du 2 février.

 

Le général Sabatié, nouveau commandant de la 59e brigade, déplore ce départ. Il laisse une dernière appréciation dans le feuillet du personnel de son subordonné : «  C’est avec un vif regret que je vois le capitaine Gothié quitter l’état-major de la 59e brigade où il a rendu pendant 8 ans les plus précieux services. C’est un officier remarquable sous tous les rapports et qui mérite de faire une brillante carrière. Doué d’une intelligence très ouverte servie par un jugement très sûr et une mémoire très exercée, doué d’une grande puissance de travail et d’une réelle facilité d’assimilation, il recherche toutes les occasions de se rendre utile. Très vigoureux, très endurant à la fatigue, très bon cavalier, il est toujours prêt à tout service extérieur et on peut, en toute sécurité,  lui confier les missions les plus importantes et les plus ardues. Très consciencieux, plein d’entrain et de zèle, il a le sentiment de l’initiative, l’esprit de décision et beaucoup de coups d’œil sur le terrain. Il apprécie vite et bien en manœuvres les différentes situations et se montrera certainement aussi bon officier de troupe qu’il était bon officier d’état-major. Son excellente éducation et son esprit de discipline et de dévouement lui attireront pendant toute sa carrière, l’estime et l’affection de ses chefs, de ses subordonnés, de ses camarades. Parle couramment le russe et l’allemand. »

 

Frédéric Gothié prend le commandement de la 10e compagnie du  55e R.I. en tant que « stagiaire de troupe » durant les deux années suivantes. Une fois de plus, il est très bien noté.

 

Auteur d’une étude sur l’éducation physique et militaire de la jeunesse française, il est cité au bulletin officiel du ministère de la guerre du 27 février 1908.

 

Une nouvelle décision ministérielle entraîne son affectation à l’état-major de la 2e division d’infanterie coloniale à Toulon. Il occupe à nouveau le poste d’officier d’ordonnance. Sa formation d’officier breveté est définitivement terminée.

 

Le 18 mars 1909, le général commandant l’état-major de la 2e division d’infanterie coloniale inscrit le texte suivant : « Le capitaine Gothié a obtenu pendant toute sa carrière les plus brillantes notes et elles sont pleinement justifiées. Très intelligent et très instruit, d’excellente éducation, doué d’une grande force de caractère et d’une puissance de travail, toujours dévoué, plein de zèle et d’entrain, ayant de l’initiative et du coup d’œil sur le terrain, animé du meilleur esprit, traitant les affaires avec une scrupuleuse attention, montant bien à cheval et montant régulièrement. C’est un officier d’état-major du plus complet. Parle l’allemand et le russe, a obtenu une citation au B.O. du ministre de la guerre pour un travail sur l’éducation physique, dont il a encore été récompensé par les palmes académiques, a été désigné pour faire une conférence aux élèves du lycée sur l’organisation de l’armée et l’a faite avec beaucoup de talent. A été parfaitement noté comme commandant de compagnie au 55e R.I..

 

Je regrette profondément que cet excellent officier n’ait pas encore été inscrit au tableau d’avancement et j’espère bien qu’à la fin de l’année, il recevra la juste récompense de son travail et de ses excellents services. »

 

Casernes du 44e R

 

Frédéric Gothié est nommé commandant le 24 décembre 1910. Ce changement de grade l’affecte au 44e R.I à Bruyères-en-Vosges. Une fois sur place, il prend le commandement du 1er bataillon de l’unité. Il conduit ses compagnies de façon énergique et décidée pendant les marches des Vosges, au camp du Valdahon, et pendant les grandes manœuvres.

 

Commandant Gothie-Saint-Cyr

 

Il est nommé professeur de tactique et de morale (éducation morale de l’officier) à l’école spéciale militaire à la fin de l’année 1912. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre. Frédéric Gothié instruit trois promotions : Les Marie-Louise (1911-1913), la Montmirail (I9I2-I9I4), et la Croix-du-Drapeau (I9I3-I9I4).

 

Les premiers mois de guerre

 

Le commandant Gothié exerce toujours à Saint-Cyr lorsque la mobilisation générale est décrétée en août 1914. Les cadres et les élèves de l’école spéciale militaire sont rapidement répartis dans les différentes unités mobilisées sur le territoire français.

 

Frédéric Gothié est envoyé à l’état-major du IVe groupe de division de réserve.  Il occupe les fonctions de chef du 1er bureau jusqu’à la dissolution de l’unité. Il est ensuite nommé à l’état-major de la Xe armée avec les mêmes fonctions. Le lieutenant-colonel de Vallière, chef d’état-major de cette armée, écrit ceci :

 

« Monsieur le commandant Gothié a été nommé à la mobilisation, chef du bureau à l’état-major du 4e groupe des divisions de réserves. Il a rempli cet emploi jusqu’à la dissolution de cette unité (29 septembre) a été nommé ensuite au même emploi à l’état-major de la Xe armée. Dans ces différents emplois où le commandant Gothié a été sous mes ordres, j’ai pu apprécier toutes les qualités d’intelligence, de dévouement et de commandement. C’est un vigoureux officier, plein d’entrain et d’esprit de discipline qui s’est fait remarquer dans des missions périlleuses sur la ligne de feu par son sang-froid, son initiative et son courage aussi apte à exercer le commandement d’un régiment qu’a remplir les fonctions de chef d’état-major. Était au tableau pour le grade de lieutenant-colonel, mérite à tous points de vue de passer au plus tôt au grade supérieur. »

 

Fin novembre 1914, Frédéric Gothié devient chef d’état-major de la 13e D.I. sous les ordres du général de Cadoudal.

 

Au 149e R.I.

 

Lieutenant-colonel Gothié (1)

 

Nommé dans le grade supérieur le jour de Noël 1914, le général commandant la Xe armée lui confie le commandement du 149e R.I.. Début janvier, le lieutenant-colonel Gothié rejoint sa nouvelle unité tout juste engagée sur le front d’Artois.

 

Frédéric Gothié est toujours très bien noté par ses supérieurs. Le 14 février 1915, le général Guillemot, responsable de la 85e brigade, rédige la note suivante :

 

« Affecté au commandement du 149e R.I. depuis le 5 janvier 1915, le lieutenant-colonel Gothié s’est immédiatement fait remarquer par les brillantes qualités physiques et morales qui lui ont valu ses notes antérieures. Très intelligent, rempli de tact et sachant faire œuvre d’initiative en toutes circonstances, il a su s’attacher bien vite ses subordonnés qu’il commande avec autorité et fermeté.

 

Chargé d’organiser et de tenir avec son régiment un secteur particulièrement sérieux en raison des pertes journalières qui s’y produisent, consacre une inlassable activité à cette mission et cherche à mettre en œuvre les moyens de dominer l’ennemi. Le lieutenant-colonel Gothié est un chef de corps parfait qui saura obtenir le rendement maximum de son beau régiment. »

 

Lieutenant-colonel Gothié 149e R

 

Le 3 mars 1915, le 149e R.I. subit une violente attaque allemande dans le secteur de Lorette. Obligé de reculer, il s’établit sur une nouvelle ligne de front avant de lancer deux contre-attaques. Frédéric Gothié est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre de la division pour ses actions menées au cours des combats.

 

Il obtient une nouvelle citation le 13 avril 1915. Cette fois-ci, il est cité à l’ordre du C.A..

 

Le lieutenant-colonel Gothié encadre son régiment durant les combats de mai, de juin et de septembre 1915.

 

Le 8 janvier 1916, il effectue une reconnaissance dans le secteur du bois en Hache, au débouché du bois 9, sur la route d’Arras, à environ 80 m à l’ouest du bois carré. Il est grièvement blessé au cours de cette mission.

 

Touché par une balle allemande dans la région sacro-iliaque gauche, il est sommairement pansé au poste de secours avant d’être évacué à l’ambulance d’Houdain où il subit les premiers soins. Frédéric Gothié est ensuite envoyé à l’hôpital auxiliaire n° 226 de Paris, avant de partir pour Vichy. Il doit également soigner un diabète qui l’accompagne depuis de nombreuses années.

 

Le 20 janvier 1916, il est de nouveau évalué par son supérieur hiérarchique le général Guillemot.

 

« Après un an de commandement, le lieutenant-colonel Gothié s’est affirmé comme un chef de corps de très haute valeur. Sa très belle conduite au cours des multiples opérations auxquelles il a participé avec son régiment lui a valu une citation à l’ordre de la 43e D.I. et une citation à l’ordre du 21e C.A.. Officier supérieur des plus énergiques et des plus instruits, il n’a cessé de faire preuve de ses remarquables qualités de chef en mars et en mai dans le secteur de Lorette et en septembre dans le secteur d’Angres et de donner le plus bel exemple à ses subordonnés sur lesquels il avait pris un très grand ascendant.

 

Il a su à plusieurs reprises réorganiser le 149e R.I. presque constamment en ligne et maintenir à ce beau régiment la brillante réputation qu’il s’était acquise au début de la campagne.

 

D’une activité au dessus de tout éloge, il a su faire face à toutes les situations dans les circonstances les plus critiques. Blessé le 8 janvier au matin, au cours d’une reconnaissance de son secteur, il a donné la mesure de sa grande énergie en revenant à son poste de commandement, malgré la gravité de sa blessure et en ne se laissant évacuer que par ordre, après avoir assuré son service jusqu’au soir et passé les consignes à son remplaçant. Déjà proposé pour le commandement éventuel d’une brigade, le lieutenant-colonel Gothié vient de s’acquérir des titres indiscutables, sa brillante conduite en 1915 à la tête du 149e R.I., ses deux citations et sa blessure, qui le désignent pour le grade de colonel. Ses services antérieurs dans l’état-major et dans la troupe au cours de cette campagne, permettent d’affirmer qu’il sera un très brillant commandant de brigade. »

 

Le 24 janvier 1916, il est fait officier de la Légion d’honneur.

 

En Champagne

 

Le chef de corps Gothié reprend le commandement du 149e R.I. en avril 1916. Le régiment s’installe en Champagne, entre les buttes de Tahure et de Mesnil après un passage à Verdun, particulièrement éprouvant. Comparé avec ce qu’il vécut durant l’année 1915, Frédéric Gothié occupe un secteur plutôt calme.

 

Le 12 août 1916, le 149e R.I. quitte la Champagne pour la Somme.

 

Soyécourt

 

lieutenant-colonel Gothie Soyecourt septembre 1916

 

Début septembre 1916 : le régiment du lieutenant-colonel Gothié occupe la partie nord de Soyécourt. Il a pour mission d’attaquer le village en collaboration avec d’autres unités de la division.

 

Le village de Soyécourt est repris aux Allemands, le 4 septembre. Le 149e R.I. a atteint son 1er objectif qu’il dépasse sur sa droite jusqu’à rejoindre le 2e objectif. Les corps voisins accèdent au 1er objectif sans aller plus loin. Le village de Vermandovillers et le parc de Deniécourt restent aux mains de l’ennemi.

 

Le lieutenant-colonel Gothié pressent une contre-attaque ennemie. Le terrain conquis par son régiment occupe une position en flèche. Cette situation fragilise son emplacement. Pour mieux se rendre compte de la situation, il gagne la 1ère ligne. Pris sous un violent tir de barrage, il s’installe avec sa liaison à la lisière du village. Grièvement blessé au maxillaire inférieur par une balle ennemie, il est fait prisonnier.

 

Le chef de corps Gothié témoigne :

 

« Nous sommes le 5 septembre 1916, je suis inquiet sur la situation des 1er et 3e bataillons qui se trouvent en flèche et qui peuvent à tout moment se faire attaquer à la fois de front comme de flanc. Je fais venir à mon P.C. un agent de liaison du capitaine Houel, l’officier qui commande le 3e bataillon. Ce dernier doit me conduire en 1ère ligne pour que je puisse me rendre compte par moi-même de la situation. Il faut que je prenne les mesures nécessaires concernant l’organisation du terrain conquis et je dois également assurer la liaison avec les corps voisins.

 

À 6 h 30, je quitte mon P.C.. Je suis accompagné du sous-lieutenant Claudel, du cycliste Bauvillet et de l’agent de liaison du 3e bataillon. Nous suivons, dans un premier temps, le boyau amorcé au cours de la nuit par le génie à travers le village de Soyécourt. Nous atteignons le boyau de la Reine et nous dépassons la compagnie Coste du 158e R.I. qui forme l’aile extrême de la 86e brigade de ce côté.

 

Je fais remarquer au capitaine Coste qu’il n’était pas à la limite Est de son secteur.

 

Je lui fais savoir également qu’il existe entre lui et le 149e R.I. qui occupe le boyau Dauphin, un trou d’environ 500 m. Je l’engage à détacher un poste de liaison à l’embranchement de ce boyau et du boyau de la Reine.

 

À peine avons-nous dépassé cet embranchement et avancé de 200 m dans le boyau Dauphin que l’agent de liaison qui nous précède revient en courant pour nous annoncer l’arrivée des Allemands. Nous faisons demi-tour et nous essayons de rejoindre le 158e R.I..

 

Hélas, nous trouvons l’embranchement occupé par les Allemands. Nous sortons du boyau en escaladant le parados pour regagner le château de Soyécourt à travers champ. Nous faisons à peine 50 m qu’une fusillade très nourrie retentit derrière nous. En même temps, un barrage se déclenche en avant. Deux hommes sont tués à nos côtés, l’agent de liaison du 3e bataillon et un homme du 366e R.I..

 

Nous essayons alors de rejoindre rapidement la tranchée de la rue sud-ouest qui passe par le château de Soyécourt, mais je suis blessé par une balle qui me fracasse la mâchoire inférieure.

 

Le sous-lieutenant Claudel me prodigue aussitôt ses soins et me fait un pansement qui réussit à arrêter le sang qui coulait en abondance de ma blessure. Pendant ce temps, nous sommes dépassés par deux vagues ennemies sans être faits prisonniers. Nous nous réfugions dans une casemate abandonnée. Nous espérons voir se produire une contre-attaque française et pouvoir regagner nos lignes plus tard à la faveur de l’obscurité.

 

À 16 h 00, un violent tir de barrage français éclate autour de nous, mais la contre-attaque tant espérée ne se produit pas.

 

Dans l’intervalle, nous envoyons le cycliste Bauvillet qui doit essayer de rejoindre nos lignes et ramener du secours. Mais rien n’arrive.

 

La nuit venue, nous sortons de notre abri pour nous diriger vers le bois Trink que nous apercevons à 400 ou 500 m devant nous. Nous traversons sans encombre la 2e ligne. Mais arrivés à la première nous sommes entourés par une section allemande qui nous fait prisonniers.

 

À bout de force et perdant toujours du sang de ma blessure, je suis amené péniblement à un P.C. allemand. Le capitaine Legler qui commande le 2e bataillon du 100e Grenadier me fait coucher jusqu’à l’arrivée des brancardiers qu’il a demandés.

 

 

Dans la nuit du 6 septembre, la fièvre augmente, les brancardiers ne sont toujours pas là. Mon brave Claudel m’offre de me porter s’il le faut, jusqu’au poste de secours d’Ablaincourt. Nous partons avec un sous-officier saxon, à travers un chemin creux rempli de cadavres et battu par notre artillerie.

 

Après de nombreux arrêts, nous arrivons vers 8 h 30 au poste de secours d’Ablaincourt. De nombreux soldats allemands attendent, bien entendu, ils passent avant moi. Une heure plus tard, je suis étendu sur la table d’opération et pansé très sommairement, sans que la plaie énorme de la face ait été lavée. On me fait tout de même une piqûre antitétanique.

 

À 10 h 00, je suis embarqué sur une voiture tirée par des chevaux. Je suis cahoté pendant 12 km à travers des chemins défoncés par les trous d’obus, jusqu’à l’hôpital d’évacuation de Douilly.

 

Là, complètement exténué, je suis étendu sur de la paille souillée, au milieu de blessés allemands dans une écurie. Sur la déclaration de mon petit Claudel qui n’a pas voulu me quitter, on me transporte pourtant dans un estaminet de la localité où sont étendus sur des matelas à terre quelques officiers et sous-officiers allemands.

 

La population française nous manifeste au passage sa commisération et nous offre des friandises. Mais je ne peux plus ouvrir la bouche. Le trismus de la mâchoire est complet et l’enflure gagne ma gorge. On arrive cependant à me faire passer un peu de bouillon par l’ouverture des dents emportées. Le maire de Douilly m’offre un billet de 100 francs et me dit : « Vous me rendrez cela à la fin de la guerre, si vous en réchappez ! »

 

Le 7 septembre, nous sommes évacués sur Ham. Là, on nous conduit à l’hôpital militaire dans un pavillon réservé aux officiers.

 

J’attends toute la journée sans aucun soin avec une seule soupe pour nourriture. Une auto vient nous chercher à 22 h 00 pour nous conduire cette fois à Saint-Quentin. Nous arrivons à minuit. Mon brave Claudel me quitte.

 

À l’hôpital, il n’y a plus de lit de disponible. On me fait mettre une paillasse à terre sur laquelle je m’étends jusqu’au lendemain. J’ai de la fièvre toute la nuit.

 

Le 8 septembre, à 7 h 00, une infirmière allemande, sœur Clara, m’apporte le déjeuner. Elle a recours à un tube de caoutchouc pour m’introduire un peu de lait et d’ersatz de café. Enfin, vers 10 h 00, je suis étendu sur une table d’opération. Une infirmière me défait mon pansement et pour la première fois, ma blessure est lavée et sondée, mais pas de radiographie ! J’ai beaucoup de difficultés à m’alimenter. Sœur Clara essaye de me faire prendre un lait de poule au vin qui me rend un peu de force. »

 

En Captivité

 

En captivite

 

Frédéric Gothié est envoyé par train sanitaire au camp d’Ohrdruf-en-Thuringe après avoir été pris en charge par les soignants allemands de l’hôpital de Saint-Quentin.

 

« Dès mon arrivée à Ohrdruf, le médecin allemand me fait savoir qu’il ne veut pas soigner les Français. Son fils a été tué sur le front Ouest. Les soins me sont donnés par monsieur Deglin, un infirmier français qui, dans le civil, exerce la profession de contremaître d’usine à Longwy. Il fait mes pansements sous la direction d’un jeune médecin auxiliaire français, étudiant en médecine n’ayant que 4 inscriptions. C’est cet infirmier qui entreprend de suturer le bas de ma joue, le haut étant encore en pleine suppuration.

 

L’opération se fait, en cachette des Allemands, un dimanche matin. Elle se pratique avec des moyens très rudimentaires, du fil noir trempé dans de la teinture d’iode, une aiguille ordinaire désinfectée à l’eau bouillie sont utilisés.

 

Les lambeaux de joue qui s’étaient collés sous le menton sont détachés à l’aide d’un canif. Ils sont relevés à leur place primitive où quatre points de suture sont ensuite pratiqués.

 

Le surlendemain, un appareil à air chaud est trouvé. Il est aussitôt mis en service pour hâter la cicatrisation.

 

Au bout d’un mois, ma santé se détériore, j’ai une violente crise de diabète et je suis obligé de prendre le lit. Une plaie à la jambe gauche, provoquée par un choc contre le fer de mon lit, se produit, faute d’antiseptiques elle s’envenime.

 

Je suis dans un triste état. Enfin, le 25 octobre, je reçois les premières nouvelles de ma famille et trois colis ! Je vais pouvoir m’alimenter plus rationnellement pour mon régime de diabétique.

 

Au camp d'Ohrdruf-en-Thuringe

 

Une commission de médecins suisses passe, en me voyant dans cet état, elle me désigne pour aller me faire soigner en Suisse. Malheureusement, l’espoir passé, il n’y aura pas de lendemain…

 

Au bout de 5 mois, le 4 février 1917, je change de camp. Les Allemands m’envoient à la citadelle de Mayence. Ici, mon régime est mieux observé, je vais même passer un examen pour ma mâchoire à l’hôpital.

 

Mayence ! Cet endroit est aussi pour moi un temps d’énergiques réclamations à l’autorité allemande du camp, particulièrement pour les brimades subies par les camarades. Mes camarades m’en ont su gré, en particulier un certain nombre de mes anciens élèves de Saint-Cyr qui se trouvaient là. Un capitaine allemand du nom de Von Tecklenburg me manifeste beaucoup de hargne.

 

La commission suisse qui m’a retrouvé me fait envoyer, sans délai cette fois, au centre d’examens qui se trouve à Constance.

 

Le capitaine Von Tecklenburg, chargé de me fouiller, me demande ma parole d’honneur que je ne transporte pas de choses interdites. Je lui réponds qu’en tant que prisonnier de guerre je n’ai pas à faire cela. Mon attitude l’irrite, il me fait fouiller à fond. J’ai tout de même pu trouver le moyen de cacher 4 pièces d’or de 20 francs que m’avait confié un sergent français prisonnier et que je devais remettre à sa famille.

 

Le 6 mai, je suis enfermé une journée entière dans une chambre d’isolement appelée « le saloir ». Le lendemain matin, je suis amené à la gare pour être transféré au camp d’Heidelberg. Mais un rapport, sans doute écrit par le capitaine Von Tecklenburg, me suit. Je suis désigné pour aller dans un camp de représailles ! J’ai de suite objecté mes soucis de diabète et je réussis enfin à être présenté à la commission médicale germano-suisse de départ. De suite, cette dernière me reconnaît apte à être interné en Suisse. »

 

En juin 1917, il obtient l’autorisation de se présenter devant une commission médicale germano-suisse dans le but de son évacuation vers la Suisse en tant que grand blessé.

 

« Le 19 juin, je monte enfin dans le train de la Croix-Rouge, direction Schaffhouse, Zürich, Berne et Lausanne. De là, je réussis à envoyer un télégramme à ma famille. Les Suisses me soignent avec tout leur dévouement. Ils me trouvent si profondément atteint, qu’ils me désignent pour un rapatriement en France le 27 juillet 1917. »

 

Le retour en France et la fin de carrière

 

Après un bref passage de quelques semaines sur les terres helvétiques, il regagne la France.

 

« Je suis dirigé sur Glion au-dessus de Montreux. Quel changement ! J’en rends grâce à Dieu.

 

Je vais ensuite à l’hôpital du Val de Grâce à Paris où, de nouveau, je suis opéré pour ma mâchoire. Je retrouve une grande partie de ma santé durant ce congé de convalescence. »

 

Son statut de prisonnier rapatrié ne lui donne plus le droit d’occuper un nouveau poste dans la zone des armées. Il lui est donc impossible de retourner en 1ère ligne.

 

« Me sentant enfin rétabli, je vais me présenter au maréchal Foch, mon ancien professeur à l’école de guerre. Je lui fais une demande pour reprendre du service, à l’arrière bien sûr, puisque je n’ai pas le droit de revenir sur le front en tant que prisonnier libéré. Un jour, il me convoque pour me proposer le remplacement du général Weygand qui vient d’être nommé chef d’état-major sur le front. C’est ainsi que je deviens son chef de cabinet à Paris. Promu colonel, j’occupe cette fonction jusqu’à la fin de la guerre. »

 

Etat-major du maréchal Foch

 

Frédéric Gothié est nommé colonel le 24 décembre 1917. Il occupe les fonctions de chef de cabinet du maréchal Foch durant les années 1918 et 1919.

 

L’année suivante il a pour mission de contrôler l’application des traités de Paix signés après la guerre. Il séjourne à  Innsbruck, Salzburg, et Linz en Autriche. Le colonel Gothié rentre en France en février 1921.

 

Il est affecté à la commission militaire de contrôle de  la Hongrie. Détaché de cette commission, il est envoyé à la commission des généraux de Sopron pour maintenir l’ordre en Hongrie occidentale.

 

L'ancien responsable du 149e R.I. est remis à la disposition de l’état-major des armées le 31 août 1922 en raison de la fin des opérations du contrôle des effectifs en Hongrie.

 

Proposé plusieurs fois pour le grade de général, il ne sera jamais promu.

 

Le colonel Gothié est nommé à la tête du 31e régiment de tirailleurs le 8 décembre 1923. Ce régiment est envoyé en occupation en Rhénanie, à Landau.

 

Atteint par la limite d’âge, Fréseric Gothié prend sa retraite le 22 janvier 1925. Il est nommé colonel de réserve au 5e R.I..

 

Famille Gothié en 1924

 

Il propose ses services à son église. Frédéric Gothié se retrouve nommé administrateur adjoint à la commission permanente de l'Église réformée évangélique. Fin 1926, la fédération protestante l'envoie à Beyrouth pour remplacer le sénateur Eccard, à la tête de l'organisation des œuvres protestantes française en Syrie.

 

Sa belle carrière militaire prend définitivement fin en 1927.

 

Frédéric Gothié décède le 31 juillet 1940 à Bourg-la-Reine dans le département des Hauts-de-Seine. Enterré dans un premier temps dans le cimetière de cette commune, il sera plus tard transféré au cimetière protestant de Saint-Laurent-la-Vernède dans le Gard.

 

Décorations du colonel Gothié

 

Décorations obtenues

 

Croix de guerre avec deux palmes, une étoile de vermeil et une étoile d’argent

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. en date du 16 mars 1915 :

 

« Chargé avec son régiment de l’occupation du secteur de Noulette du 24 janvier au 8 mars, a fait preuve d’une activité et d’un dévouement au-dessus de tout éloge, pendant toute cette période. Constamment sous le feu, il a donné le plus bel exemple à ses subordonnés par son mépris du danger. Violemment attaqué le 3 mars, il n’a cédé qu’à la dernière extrémité pour s’établir sur un nouveau front d’où il a, par deux fois,vigoureusement contre-attaqué. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. en date du 13 avril 1915 :

 

« A déployé une activité inlassable pour l’organisation défensive du plateau de Notre-Dame-de-Lorette dans des conditions très difficiles. A pu mener à bien ces travaux dans une période de temps très limitée, grâce au dévouement qu’il a su obtenir des troupes sous ses ordres et en particulier des grenadiers du 149e R.I. »

 

Cité à l’ordre de l’armée n° 14571 du 17 mars 1919 : 

 

« Monsieur Gothié, colonel anciennement commandant du 149R.I.. Le 5 septembre 1916, pressentant une contre-attaque ennemie sur le terrain conquis les jours précédents par son régiment, n’a pas hésité à se porter en première ligne pour se rendre compte par lui-même de la situation, prendre les décisions nécessaires et s’assurer des liaisons avec les corps voisins. Pris dans un violent tir de barrage, s’est porté avec sa liaison à la lisière du village et s’y est installé pour enrayer la contre-attaque ennemie. Grièvement blessé au cours de la résistance, n’a pas pu échapper à l’ennemi, tandis qu’il s’efforçait de regagner les lignes par lui même. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre 1912.

 

Officier de la Légion d’honneur  le 24 janvier 1916 :

 

« Chef de corps d’une grande valeur qui, placé depuis plus d’un an à la tête de son régiment, se dépense sans compter. Donnant à tous le plus bel exemple d’énergie, de sang-froid et de ténacité, a su faire de son régiment une unité de guerre aussi ardente dans l’action que solide dans les tranchées. Joint à une exceptionnelle valeur morale les plus belles qualités de commandement. Blessé le 8 janvier 1916 par balle à la hanche gauche. »

 

Cette décoration comporte également l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Commandeur de la légion d’honneur le 16 juin 1920. (J.O. du 10 décembre 1920).

 

Grand officier de la Légion d'honneur décoré par le Maréchal Lyautey, dans la cour des Invalides le 4 juin 1932.

 

Autres décorations :

 

Officier d’académie (arrêté du ministre de l’instruction publique du 7 novembre 1908).

 

Officier de l’ordre du sauveur de Grèce du 31 mars 1920.

 

La généalogie de la famille Gothié peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Le colonel Gothié possède un dossier dans la base de données « Léonore ».

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

 

Informations communiquées par la famille descendante du colonel Gothié.

 

L’intégralité des photographies présentées proviennent de la collection personnelle du petit-fils du colonel Gothié, D. Gothié.

 

Témoignage inédit du lieutenant-colonel Gothié.

 

Le plan de la ville de Nîmes est extrait du site « Gallica »

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Gothié, à M. Lozano, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

17 juin 2022

Germain Marie Durand (1891-1915)

Germain Marie Durand

 

Germain Marie Durand naît le 17 octobre 1891 à Saint-Cergues, une commune de 1330 habitants, située dans le département de la Haute-Savoie.

 

Son père, Jean Louis, cultivateur, est âgé de 33 ans lorsque son fils voit le jour. Sa mère, Adèle Bretallaz, est âgée de 32 ans. Elle travaille comme femme de ménage.

 

Le couple a déjà perdu une fille décédée à l’âge de 19 jours, en mars 1889.

 

Le père étant absent du domicile, le grand-père paternel est chargé de la déclaration de l’enfant. Accompagné de l’instituteur et du garde champêtre du village, il se rend à la mairie pour signer le registre d’état civil.

 

Les Durand donnent encore la vie à une petite fille prénommée Élise en 1893, puis à deux garçons en 1897 et 1898. Ceux-ci, Marius et Basile, ne survivront pas à la petite enfance.

 

Saint-Cergues

 

La sœur de Germain est enregistrée au domicile parental, sur le registre de recensement de la commune de Saint-Cergues pour l’année 1896 ; elle ne figure pas sur celui de l’année 1901. Pourtant, aucun acte de décès n’a été enregistré à son nom dans cette commune entre ces deux années.

 

Le 23 septembre 1902, Adèle Durand accouche d’un enfant mort-né. Elle décède le 12 octobre, probablement des suites de ce nouveau drame familial. Cinq jours plus tard, Germain fête son 11e anniversaire sans sa mère.

 

La fiche matricule de Germain Durand indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter lorsqu’il rejoint le monde du travail à la fin de sa scolarité.

 

Jean Louis et Germain Durand vivent toujours à Saint-Cergues. En 1911, le père travaille comme domestique dans le département de l’Ain. Il s’est installé à Cessy. Le fils est employé comme cultivateur à Grilly, une commune avoisinante.

 

Le jeune Durand est reconnu « bon pour le service armé » par le conseil de révision du canton de Gex en 1912. Le 9 octobre, il intègre la 2e compagnie du 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Eté 1914 : les menaces de guerre contre l’Allemagne se concrétisent. Le soldat Durand est toujours sous les drapeaux, il attend sa libération prévue pour octobre 1914. Son régiment fait partie des troupes de couverture. Il est un des tout premiers à être envoyé à proximité de la frontière. Sa compagnie, sous les ordres du capitaine Crepet, quitte la caserne Courcy dès le 31 juillet 1914.

 

Le 9 août 1914, le soldat Durand subit le baptême du feu à proximité du village de Wisembach.

 

Il participe ensuite à tous les combats menés par son régiment jusqu’à la date de son hospitalisation pour une sévère contusion du genou droit. Le 12 avril 1915, il est pris en charge par les soignants de l’ambulance du 21e C.A. installée à Hersin-Coupigny. 

 

Le 14 avril, il est envoyé à l’hôpital auxiliaire n° 22bis à Berck-sur-Mer, puis transféré à l’hôpital complémentaire n° 49, avenue de la gare à partir du 15 mai. Guéri, il rejoint l’hôpital dépôt des convalescents n° 9, le 24 mai.

 

La date de son retour dans le régiment actif n’est pas connue. Sans cette donnée, il est impossible de valider sa participation aux terribles attaques du mois de juin 1915. Nous savons simplement qu’il a réintégré son ancienne compagnie après son retour de convalescence.

 

Le 25 septembre 1915, Germain Durand est grièvement blessé au cours d’une attaque menée par son régiment dans le secteur du bois en Hache, à proximité de la commune d’Angres, dans le Pas-de-Calais. Rapidement évacué à l’ambulance 4/13, installée à Barlin, son état est jugé critique. Les médecins ne parviennent pas à le sauver. Le soldat Durand meurt le 30 septembre 1915.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

journee du 25 septembre 1915

 

Germain Durand repose actuellement dans la nécropole nationale mixte de Barlin. Sa sépulture porte le n° 23.

 

 

Les décorations obtenues par ce soldat n’ont pas été retrouvées.

 

Son nom a été gravé sur les monuments aux morts des communes de Cessy et de Saint-Cergues.

 

Germain Durand ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

La généalogie de la famille Durand est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

La fiche matricule du soldat Durand a été lue sur le site des archives départementales de l’Ain.

 

Livre d’or des enfants du pays de Gex morts glorieusement pour la France 1914-1919 publié en 1920.

 

Contrôle nominatif du 2e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires, détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Les registres de recensement des années 1896, 1901 et 1906 de la commune de Saint-Cergues ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Savoie, ceux des communes de Cessy et de Grilly, pour l’année 1911, sur le site des archives départementales de l’Ain.

 

La photographie de la sépulture de Germain Durand a été réalisée par J.M. Laurent.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.M. Laurent, aux archives départementales du département de l’Ain et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 juin 2022

Lazare Jacquet (1896-1951)

Lazare Jacquet

 

Lazare Jacquet voit le jour le 26 juin 1896 à Saint-Forgeot, dans le département de la Saône-et-Loire.

 

À sa naissance, son père, Jean, est âgé de 38 ans. Sa mère, Anne Largy, a 32 ans. Les parents du nouveau-né travaillent tous les deux comme fermiers.

 

La famille Jacquet, déjà composée de trois filles et d’un garçon, s’enrichira encore de trois enfants après Lazare.

 

La fiche signalétique et des services de Lazare Jacquet nous indique qu’il a un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Soldat de la classe 1916, le jeune Lazare n’est pas concerné par l’ordre de mobilisation générale affiché au début du mois d’août 1914.

 

Déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision du canton d’Autun, il est incorporé à compter du 11 avril 1915 au 149e R.I.. Ce régiment tient garnison à Épinal.

 

Le conscrit Jacquet arrive à la caserne Courcy le 12 avril 1915. Sa formation militaire s’achève à la fin du mois de mars 1916. Nous sommes loin de l'instruction de la classe 1914 qui ne durait que quelques semaines. Lazare Jacquet entre dans la zone des armées le 28. La date de son arrivée au sein du régiment actif reste inconnue. Il en est de même pour le numéro de sa compagnie. Il est impossible, compte tenu des sources disponibles, de dire si le soldat Jacquet a participé ou non à la bataille de la Somme à la fin de l’année 1916.

 

Lazare Jacquet est blessé le 23 octobre 1917 au cours de la bataille de la Malmaison. Plusieurs éclats d’obus entraînent de multiples plaies à la jambe droite, à la cuisse et au médius gauches.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

La Malmaison

 

Sérieusement blessé, il est, dans un premier temps, soigné à proximité du front avant d’être évacué vers un hôpital de l’intérieur le 27 octobre 1917. Une fois rétabli, il réintègre le dépôt du 149e R.I. avant de rejoindre la zone des armées la semaine suivante.

 

Très diminué par ses blessures, la commission de réforme d’Épinal du 11 mai 1918 le déclare inapte pour les deux mois suivants.

 

Lazare Jacquet tombe malade le 6 août 1918. Il est de nouveau évacué vers l’arrière. Rapidement remis sur pied, il rejoint son dépôt le 23 août. Le 5 septembre, il est muté au 2e régiment d’infanterie. Il y a de fortes probabilités pour qu’il ait terminé la guerre au dépôt de ce régiment.

 

Le dépôt démobilisateur du 29e R.I. l’envoie en congé de démobilisation le 26 août 1919. Lazare Jacquet se retire à Saint Forgeot.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. est classé dans l’affectation spéciale. Il est rattaché, en qualité d’homme d’équipe, à la 2e section des chemins de fer de campagne, au titre de la compagnie P.L.M..

 

Lazare Jacquet épouse Germaine Louise Baboux à La Petite-Verrière le 4 mai 1922. Une fille et un garçon naîtront de cette union. Les Jacquet s’installent à Étang-sur- Arroux.

 

 

Le 9 août 1929, l’administration militaire lui accorde un certificat provisoire de combattant validé à la date du 18 décembre 1935.

 

Il passe pour changement de domicile à la subdivision de Dijon le 18 mars 1930. Lazare Jacquet réintègre sa subdivision d’origine le 3 août 1931.

 

L’affecté spécial Jacquet est rattaché d’office au recrutement du bureau central de la Seine le 20 mars 1936.

 

Il décède le 12 mai 1951 à Étang-sur- Arroux.

 

La généalogie de Lazare Jacquet peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Lazare et Germaine Jacquet reposent avec leur fils Edmond dans le cimetière communal d’Étang-sur-Arroux.

 

Sepulture famille Jacquet

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Lazare Jacquet a été consultée sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

 

Les photographies de la sépulture de la famille Jacquet ont été trouvées sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et aux archives départementales de la Saône-et-Loire. 

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