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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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2 septembre 2022

François Auguste Aucagne (1880-1964)

François Auguste Aucagne

 

François Auguste Aucagne voit le jour le 17 avril 1880 à Vaux-en-Beaujolais, un petit village rural situé dans le département du Rhône.

 

Son père, Auguste Marie, 37 ans, travaille le bois en tant que menuisier à la Creuse, une commune avoisinante. Sa mère, Marie Philomène Durand, 36 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle élève déjà une fille âgée de 7 ans.

 

Vaux (Rhone)

 

François est le cadet d’une fratrie composée de trois enfants. Sa sœur, Marie Victorine, est décédée prématurément.

 

Genealogie famille Aucagne

 

François Aucagne termine sa scolarité obligatoire avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il entre en apprentissage pour devenir horloger.

 

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision le déclare apte aux obligations militaires.

 

Généralement, les conscrits de la même classe rejoignent leur dépôt à la même période. Ce ne fut pas le cas pour François. Il est arrivé isolément à la caserne du 149e R.I. le 15 novembre 1901. Un motif familial ou une maladie pourrait expliquer cette arrivée tardive au régiment.

 

François Aucagne est nommé soldat de 1ère classe la veille de Noël de l’année suivante. Ses supérieurs ne lui donnent pas l’occasion de suivre la formation de caporal au cours de son incorporation à la caserne Courcy.

 

Le 19 septembre 1904, le jeune homme est envoyé dans la disponibilité avec son certificat de bonne conduite validé. Il passe officiellement dans la réserve de l’armée active le 4 novembre.

 

De retour à la vie civile, François Aucagne quitte sa région natale pour aller vivre à Ambert, dans le Puy-de-Dôme.

 

Il est de retour à la caserne Courcy du 6 mai au 2 juin 1907 pour effectuer sa première période d’exercice.

 

François Aucagne s’installe ensuite à Lyon, 6 rue du président Carnot, chez l’horloger Honneger, son nouvel employeur.

 

Début janvier 1909, il s’établit à Beaujeu. Le 3 février 1910, il épouse Jeanne Marie Françoise Large à Odenas. Le couple donne la vie à une petite fille, prénommée Francine Augustine, en février 1915.

 

Obligé de revêtir l’uniforme une nouvelle fois, l’horloger Aucagne réalise sa seconde période d’exercice, du 9 au 25 mai 1911.

 

Comme des centaines de milliers de réservistes, il est rappelé à l’activité militaire, par ordre de mobilisation générale en 1914. L’affiche est placardée dans toutes les communes de France, à partir du 2 août. François Aucagne a 48 heures pour rejoindre son régiment à Épinal.

 

Sa fiche matricule n’est pas assez détaillée pour nous permettre de faire une reconstitution exacte de son parcours militaire au cours des premiers mois du conflit.

 

François Auguste Aucagne (carte-photo)

 

Début janvier 1915, le soldat Aucagne est au camp de Mailly. Il prend le temps d’envoyer à sa sœur une carte photo avec son portrait en pied. François a rédigé le petit mot suivant au dos du cliché :

 

« Chère Élisa et cher Jean,

 

Je vois envoie, par cette carte, un petit souvenir de cette maudite guerre. Vous reconnaîtrez peut-être difficilement votre frère, quoique, jusqu’à présent, je n’ai pas trop souffert. J’espère que la chance me favorisera jusqu’au bout. Recevez mes meilleurs bécots.

 

Francisque »

 

Le frère et la sœur sont respectivement surnommés Francisque et Élisa dans cette petite correspondance. Ces prénoms, utilisés comme diminutifs, ne sont pas ceux de l’état civil. Ils ont rendu leur identification difficile.

 

François Aucagne est inscrit dans le registre des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il arrive au sein du régiment actif.

 

Le 25 mai 1915, il échappe de peu à la mort. Une balle de shrapnel lui a perforé le thorax et le poumon droit. François est, dans un premier temps, soigné à l’hôpital temporaire de Bruay. Le 5 juin, il est évacué vers l’arrière.

 

Le soldat Aucagne ne retourne pas sur la ligne de front après sa convalescence.

 

Il a été détaché, au titre de l’éclairage électrique de Lyon, du 19 décembre 1915 au 26 février 1919, date de sa mise en congé illimité de démobilisation.

 

Sa fiche matricule indique pourtant une affectation au 158e R.I. à compter du 1er juillet 1917. Cette mutation pourrait laisser supposer un retour en 1ère ligne au sein de cette unité. En fait, il n’en fut rien.

 

François Aucagne n’a jamais mis les pieds au 158e R.I.. Son affectation dans cette unité est tout simplement à mettre en lien avec son statut de détaché. Il ne faut pas oublier que le soldat Aucagne reste un mobilisé. Il est donc obligatoirement rattaché à un dépôt ; celui du 158e R.I. gère tous les détachés du Rhône, ce qui est son cas.

 

Pour mieux comprendre le fonctionnement des détachés au cours du conflit 1914-1918, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918

 

Après la guerre, François Aucagne passe plusieurs fois devant la commission de réforme du sud-Rhône de Lyon.

 

Le 28 octobre 1919, il est maintenu dans le service armé avec une invalidité temporaire de 10 % pour séquelles de plaie transfixiante de l’hémi-thorax droit ; ces séquelles sont en lien direct avec sa blessure reçue le 25 mai 1915.

 

Le 14 décembre 1920, la commission de réforme lui accorde le même taux d’invalidité. Elle le reconnaît inapte pour l’infanterie, mais bon pour le train service auto.

 

Le 23 mars 1923, la commission de réforme se rassemble une nouvelle fois sans modifier son statut.

 

Le 1er octobre 1923, François Aucagne est rattaché à la classe de mobilisation 1898 en tant que père d’un enfant vivant.

 

Le 18 août 1924, la commission de réforme lui propose une pension d’invalidité permanente de 10 %, tout en le maintenant au service armé. Réunie de nouveau le 25 novembre à Lyon, la commission maintient sa situation.

 

François Aucagne semble avoir délaissé son métier d’horloger pour aller vers celui de tourneur sur fer en avril 1925.

 

Il est classé sans affectation  à partir du 15 novembre 1926.

 

Un mois plus tard, la commission de réforme lui accorde les 10 % d’invalidité permanente pour son ancienne transfixion de l’hémi-thorax droit. L’année suivante, il reçoit une pension de 240 francs.

 

François Aucagne obtient son certificat de combattant le 15 janvier 1928. Il est libéré de toutes obligations militaires le 10 novembre 1929.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. meurt le 14 octobre 1964 à l'âge de 84 ans dans la commune de Beaujeu où il s'était installé en 1909.

 

Sources

 

La fiche matricule et les actes d’état civil concernant la famille Aucagne ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Contrôle nominatif du 2e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à L. Rico, à T. Vallé et aux archives départementales du Rhône. 

Commentaires
P
Récit très intéressant, accompagné qui plus est de la photo de ce poilu. Etant de la région Artois je vais chercher à quel combat il a participé ce 25 mai 1915, je suis toujours à la recherche des valeureux soldats ayant participé aux terribles combats de cette zone, s'il est facile de trouver sur Mémoire des Hommes les noms des soldats morts ou disparus au champ d'honneur, il est plus compliqué de trouver ceux des soldats ayant survécu. Je suis toujours admiratif du courage dont ils ont fait preuve durant ces terribles années. Merci pour cet article, ces hommes le mérite bien, ne les oublions jamais. Continuez.
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