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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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25 janvier 2012

Jean Baptiste Goudon (1894-1920).

                  Jean_Baptiste_Goudon

Jean Baptiste Goudon voit le jour le 16 mai 1894, à Chamalières, dans le département de la Haute-Loire. Son père, Jean, est âgé de 32 ans à la naissance de son fils. Il travaille comme sabotier. Sa mère, Alphonsine Jousse, exerce la profession de femme de ménage. Elle a 30 ans lorsqu’elle met au monde son petit garçon. L’instituteur et le boulanger du village signent, en tant que témoins, l'acte de naissance de Jean Baptiste. 

La famille Goudon quitte l’Auvergne pour aller s’installer dans le département du Rhône. Elle s’établit dans la petite ville de Givors située à une vingtaine de kilomètres au sud de Lyon.

Devenu adulte, Jean-Baptiste va à Paris pour y exercer la profession d’électricien dans l’usine de la compagnie électro-mécanique du Bourget. Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir qu'il est domicilié au 47 de la rue Hermel dans le XVIIIe arrondissement de la capitale.

Un nouveau conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Le jeune Goudon, soldat de la classe 1914, doit se rendre à Épinal pour être incorporé au 149e R.I.. Jean Baptiste arrive au corps le 7 septembre 1914. Il est nommé caporal le 28 juin 1915, puis sergent le 29 octobre de la même année.

Georges Goudon, sous-officier à la 10e compagnie du 149e R.I., bénéficie d'une permission en août 1917. Il se rend à Givors pour épouser une jeune couturière du nom de Marie Jeanne Sapet. De cette union naîtra un garçon qu’ils prénommeront René Jean Antoine.

Comme l'attestent ses nombreuses citations, le sergent Goudon à participé à la plupart des combats dans lesquels son régiment s'est trouvé engagé. L’Artois, Verdun, la Somme, le chemin des Dames, sont maintenant des noms inscrits à jamais dans sa mémoire.

Le 23 mars 1918, la 10compagnie occupe un secteur au Violu, dans le département des Vosges. Blessé, Jean Baptiste Goudon est évacué vers l’arrière. 

La fiche matricule du sergent Goudon fait état d’une ablation d’une phalange à moitié de l’index droit et d’une légère raideur des doigts trois et quatre expertisées par la commission de réforme grenobloise du 30 septembre 1918. Ces « séquelles de guerre » sont-elles dues à la blessure du 23 mars ? Rien ne le prouve.

Les longs mois passés dans les tranchées n'ont fait qu'agraver son état de santé.Jean Baptiste Goudon est très gravement malade. 

Il est proposé pour la réforme n°1, avec gratification renouvelable de 2e catégorie pour bacillose pulmonaire ouverte, autrement dit pour tuberculose.

Ironie du sort… Ayant échappé, à de multiples reprises, à la mort durant le conflit, il est emporté par la maladie qui le ronge depuis longtemps. Le 14 avril 1920, dix-sept mois après la signature de l’armistice, la tuberculose a  raison de lui. Jean Baptiste Goudon décède dans son domicile au n° 26 de la rue Émile Zola à Givors. Son nom n’est pas gravé sur le monument aux morts de cette commune.

Le sergent Goudon était un ami proche d’Albert Marquand. Son nom est évoqué à plusieurs reprises dans le livre de Francis Barbe. « Et le temps à nous est compté. »

Jean Baptiste Goudon repose dans une sépulture familliale au cimetière de Givors.

Sepulture famille Goudon

Décorations obtenues :

Croix de guerre avec 3 palmes, 1 étoile d'argent et une étoile de bronze

Citation à l’ordre du régiment :

« Soldat d’une énergie et d’un courage remarquables. Le 16 juin 1915, à Notre-Dame-de-Lorette, a, par son exemple, entraîné ses camarades à l'attaque et a ramené dans les lignes le corps d'un de ses camarades tué. »

Citation à l’ordre de la division :

« Jeune sous-officier d’une bravoure magnifique. Toujours plein d’allant et d’entrain, sait obtenir de ses grenadiers le meilleur rendement. S’est montré particulièrement courageux et actif du 1er au 6 avril 1916 en défendant un petit poste très menacé. »

Citation à l’ordre de l’armée :

« Sous-officier grenadier d’une bravoure magnifique. Le 9 juillet 1916 a entraîné brillamment ses grenadiers à l’attaque d’un petit poste ennemi ; grâce à son habileté et à son audace, a ramené 8 prisonniers. »

Citation à l’ordre de l’armée :

« Sous-officier, d’une témérité au-dessus de tout éloge. A pris dans des circonstances très difficiles le commandement de sa section pour les conduire à l’assaut d’une position organisée. A fait des prisonniers. »

Médaille militaire 

« Sous-officier d’une rare bravoure, le 4 septembre 1916 est parti avec la première vague, à la tête de ses équipes de grenadiers, a progressé d’une façon brillante dans le village attaqué et a fait de nombreux prisonniers. A ensuite fortement contribué à la capture de 4 mitrailleuses ennemies qui arrêtaient nos troupes d’assaut et a fait prisonnier tout le personnel de ces pièces. Déjà 3 fois cité à l’ordre. »

La présente nomination comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

Baptiste Goudon a également reçu la croix de Saint-Georges (4e classe) au nom de S.M. l’empereur de Russie, pour sa belle conduite au feu.

Sources :

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales du Rhône.

La photographie de groupe a été envoyée par Francis Barbe, elle provient de la collection personnelle  de Renée Mioque.

Le cliché de la sépulture a été trouvé sur le site "Généanet".

« Et le temps à nous, est compté. » Lettres de guerre (1914-1919) d’Albert Marquand. Présenté par Francis Barbe, avec une postface du général André Bach. Éditions C’est-à-dire.2011.

Livre d’or de la compagnie mécanique du bureau de Paris et du Bourget. Imprimerie L. Hardy, 40 rue du chemin vert.

J.M.O. de la 43e D.I.. C.H.D. de Vincennes. Ref : 26 N 344/8.

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à G. Rivière, à S. Agosto, à F. Barbe, à V. Degorgue et à la mairie de Givors.

18 janvier 2012

Premiers pas en Artois (4e partie).

                 Groupe_149e_R

À partir de cette date, le secteur devient plus calme pour le 149e R.I.. Seule la 5e compagnie sera engagée dans une attaque partielle avec le 3e B.C.P. le 19 octobre 1914. 

12 octobre 1914

Le 1er bataillon du 149e R.I.est relevé de ses emplacements de la veille par le 20e B.C.P. et reçoit l’ordre de rejoindre le reste du régiment dans le bois de Bouvigny. Vivement bombardé à son passage à Aix-Noulette, il est obligé de traverser la localité par petits groupes

Il arrive dans le bois de Bouvigny pour s’installer en réserve à la maison forestière. Le régiment est maintenant reconstitué. L’organisation défensive du plateau de Bouvigny est divisée en 3 secteurs. : le 1er bataillon reste en réserve à la lisière est du bois de Bouvigny. Le 2e bataillon est réparti de la manière suivante : la  5e compagnie est dans les tranchées nord-est de Notre-Dame-de-Lorette, la 6e compagnie dans les tranchées est et sud-ouest de Notre-Dame-de-Lorette et les 7e et 8e compagnies sont en réserve à la lisière nord du bois de Bouvigny.

Le 3e bataillon a pour mission d’organiser et d’occuper le centre du plateau face à Ablain-Saint-Nazaire. 

13 octobre 1914

Une compagnie et ½ du 1er bataillon relève le 1er B.C.P. à la lisière sud-est du bois de Bouvigny, face à Ablain-Saint-Nazaire. Le reste du bataillon est en réserve sur les mêmes emplacements que la veille. La situation reste stationnaire pour les deux autres bataillons. Nuit sans incident. 

14 octobre 1914 

Le 1er bataillon du 149e R.I. et la 7e compagnie relèvent le 2e bataillon sur ses positions. Il est disposé de la manière suivante : la 3e compagnie est au nord de Notre-Dame-de-Lorette, la 4e compagnie sur les pentes sud de Notre-Dame-de-Lorette, la 2e compagnie en soutien d’artillerie, la 1ère compagnie en réserve et la 7e compagnie à la lisière est du bois de Bouvigny, cote 102. Ce bataillon est relié à droite par le 1er B.C.P. et à gauche avec un bataillon du 21e R.I. qui occupe le village de Noulette. Le 2e bataillon du 149e R.I. reprend ses bivouacs dans le bois de Bouvigny. Le 3e bataillon garde les mêmes emplacements que la veille. La nuit reste calme.

15 octobre 1914

Le lieutenant-colonel commandant le 149e R.I. doit quitter le secteur du régiment pour recevoir de nouvelles instructions de la part du général de division concernant la prochaine attaque sur Ablain-Saint-Nazaire. 

16 octobre 1914

Le 1er bataillon du régiment reste aux avant-postes de Notre-Dame-de-Lorette. Les 7e et 8e compagnies sont en réserve dans le bois de Bouvigny. Elles doivent appuyer l’attaque du 3e B.C.P.. La 6e compagnie occupe les tranchées à la lisière est du bois de Bouvigny. Elle est en liaison à sa gauche avec le 3e bataillon du 149e R.I., à sa droite avec le 1er B.C.P..

La 5e compagnie est en réserve à la maison forestière. Le 3e bataillon du 149e R.I. continue sa mission dans le 2e secteur du bois de Bouvigny.

Le général Dumézil rentre de Saint-Pol. L’E.M. de la brigade est transféré à Bouvigny (le château).

Le 149e R.I. renforce sa position. Le 158e R.I. est engagé en 1ère ligne à Vermelles. 

                  Chapelle_de_Notre_Dame_de_Lorette_d_tuite

17 et 18 octobre 1914

Situation inchangée.

Pour le dimanche 18 octobre 1914, voici une anecdote extrêmement dramatique qui rappelle que la guerre n'est vraiment pas belle, concernant le 149e R.I.. Elle a été trouvée dans le livre « la gloire divin mensonge» d'Albert Garnier soldat au 144e R.I.T.. Elle n'engage que l'auteur sur l'analyse de la situation.
« À 23 h 00, une note du commandant du régiment m'annonce que ma compagnie est mise dès cette nuit à la disposition du général Dumezil et ordre m'est donné de partir à 11 h 30 pour la Faisanderie sur le plateau de Lorette afin d'aider à améliorer des éléments de tranchées au-dessus du fond de Buval.
Décidément, je ne moisis pas à Bouvigny et on semble avoir à l'état-major du régiment de bien
bonnes dispositions pour moi !

Nous partons, chargés comme des mulets, et cette compagnie que je ne connais pas encore, que je commande depuis quelques heures à peine, grogne un peu. Je vais de section en section, j'explique aux hommes qu'il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur; ils le comprennent vite et tout s'arrange rapidement.

En montant la côte très dure qui nous mène à la faisanderie en passant par la forestière, nous rencontrons un tombereau conduit par un soldat du 149e R.I. accompagné d'un infirmier. Dans ce tombereau il y a quelques bottes de paille et sur cette paille, une fillette d'une douzaine d'années qui a été trouvée dans une tranchée que vient de prendre aux Allemands le 149e R.I.. Nous entendons les gémissements de cette malheureuse enfant. L'infirmier m'explique qu'elle est comme folle et qu'elle se trouve dans un état pitoyable ; les brutes allemandes qui l'ont entraînée dans la tranchée l'ont abîmée...
On me dit que nos camarades du 149e R.I. ont fait payer cher leur crime à ceux qu'ils ont pincés, mais

tous les coupables ont-ils été châtiés ?

Ma compagnie émue par ce récit qui circule vite à travers les rangs, continue son ascension vers le plateau de Lorette, cependant que le tombereau avec son pitoyable chargement descende en cahotant sur l'ambulance de Bouvigny...

Là-haut, le tac-tac des mitrailleuses nous avertit que nous allons nous trouver rapidement au milieu du guêpier... » 

19 octobre 1914

La 5e compagnie participe à une attaque partielle sur Ablain-Saint-Nazaire en collaboration avec le 3e B.C.P..
Pas de changement pour le reste du régiment. 

20 octobre 1914

Le 149e R.I. continue de défendre le secteur de la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette. 

21 octobre 1914

Situation analogue. Un bataillon du 144e R.I.T. est mis à la disposition pour la défense du P.A. de Bouvigny. 

22 octobre 1914

Le 158e R.I. est retiré de la 1ère ligne et se réorganise. La situation reste calme pour le 149e R.I.. La 2e ligne du secteur de Bouvigny doit être perfectionnée. 

23 octobre 1914

Pas de changement important ni de fait intéressant. 

24 octobre 1914

Situation inchangée. 

25 octobre 1914

Le bataillon du 144e R.I.T. est remplacé par un bataillon du 143e R.I.T. Il est destiné à la relève d’unités de la seconde ligne du 149e R.I., pour leur permettre de se reposer. Rien de particulier à signaler pour le 149e R.I.. Le 158e R.I. relève le 21e R.I. à Aix-Noulette. 

26 octobre 1914

Le 158e R.I. termine sa relève du 21e R.I.. La relève du 149e R.I. par le 143e R.I.T. a lieu à 8 h 00 en seconde ligne.

Ordre prévu pour le lendemain : regroupement de toute la brigade à partir de 6 h 30 dans le secteur route d’Aix-Noulette à Souchez exclue jusqu’au ravin au sud de la cote 102 (lisières du bois de Bouvigny). 

27 octobre 1914

Continuation des travaux dans les secteurs des 149e R.I. et 158e R.I. par les unités de 2e ligne et construction d'abris de torchis et de tranchées de communication par les unités de 1ère ligne. 

28 octobre 1914 

Bombardement allemand de Noulette.

Construction par le 149e R.I. d’une tranchée au dessus d’Ablain-Saint-Nazaire. 

29 octobre 1914

Le 158e R.I. reçoit l’ordre de participer à l’attaque d’Angres de la 13e division. Avance de200 m en avant.

L’artillerie amie tire toute la nuit pour troubler les ravitaillements ennemis. 

30 octobre 1914

L’attaque sur Angres se poursuit sans le 158e  R.I.. L’ordre est donné de procéder à la relève du 149e  R.I. et du 158e R.I. par des unités de la 70e division de réserve et des territoriaux.

Le 149e R.I. doit laisser sur place son 1er bataillon entre la chapelle et la route. Le 158e R.I. doit laisser aussi son 3e  bataillon.

Concernant le 149e R.I. : les unités de 1ère ligne du 2e et du 3e bataillon qui occupaient la pente sud du plateau et la lisière est du bois face à Ablain-Saint-Nazaire, seront relevées par un bataillon du 360e  R.I.. Les unités de 2e ligne par 2 bataillons qui ne sont arrivés que le 31 octobre au matin. 

Sources :

« Journal des marches et opérations de la 85e brigade ». S.H.A.T.. Réf : 26 N 20/10.

« La gloire, divin mensonge ». Albert Garnier, aux éditions Valois – 1931. 

Les archives du Sercive Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Pour en savoir plus :

« Journal des marches et des opérations du 143e R.I.T.. ». S.H.D. Réf : 26 N 800/25.

 « Journal des marches et des opérations du 3e B.C.P. ». S.H.D. Réf : 26 N 816/1. 

Un grand merci à M. Yassai, à A. Carobbi, à M. Porcher, à l’association « collectif Artois 1914-1915 » et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 janvier 2012

Ferdinand Jacquetin (1881-1914).

                  Ferdinand_Jacquetin              

Ferdinand Auguste Jacquetin est né le 19 décembre 1881 à Ligny-en-Brionnais, petite commune se situant dans la Saône-et-Loire. Fils de Jean Marie et de Pierrette Pegon, il épouse Étiennette Félicie Alix. Ferdinand exerçait le métier de gareur (mécanicien chargé de réparer les métiers à tisser). 

De la classe 1901, il est mobilisé comme réserviste au début du mois août 1914. Le caporal Ferdinand Auguste sert dans  la 5e compagnie lorsqu'il est tué le 19 octobre 1914 dans le secteur du bois de Bouvigny en Artois. 

Ferdinand Jacquelin a obtenu la Médaille militaire et la croix de guerre avec étoile de bronze. (Journal officiel du 29 octobre 1920).

« Bon soldat, dévoué et courageux, mortellement frappé le 19 octobre 1914, au combat de Bouvigny, dans l’accomplissement de son devoir. »

Référence bibliographique :

« Livre d’or des héros de la guerre 1914-1918. Canton de Charlieu » Roanne. Souchier imprimeur. 1924. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à J. Huret.

28 décembre 2011

Correspondance de Pierre Mathieu (1ère partie).

                   Pierre_Mathieu__2_

De nouveau un très grand merci  à toute l’équipe de l’association « collectif Artois 1914-1915 ».

Le 18 janvier 1915, 16 heures. 

Cher parents,

Je vous ai envoyé une carte hier vous annonçant que j’avais reçu votre colis avant de partir aux tranchées. Cette fois, nous occupions des tranchées de réserve et nous n’avons pas été bien malheureux. Ces tranchées étaient couvertes, il y avait de la paille et on y faisait du feu. Voilà comment il faudrait être dans les tranchées de la première ligne.

Vous n’avez plus besoin de m’envoyer du chocolat actuellement, car on peut en acheter. Nous couchons sur de la vieille paille qui servait probablement il y a trois mois. Je ne peux pas me débarrasser des blancs poux, on ne trouve personne pour faire laver son linge, ces jours derniers. J’ai ébouillanté mon linge dans la marmite de notre pauvre vieux et l’eau est très rare. Il n’y a que de rares puits. Il y a de mes camarades qui ont reçu quelque chose pour les faire partir. Demandez au pharmacien s’il ne trouverait pas un remède pour faire partir ces grenadiers, car la nuit ils empêchent de dormir. Je vous garantis que ce n’est pas bien agréable d’être pourvu de cette vermine. À notre brasserie nous avions de l’eau bouillante à discrétion, mais ici c’est différent, nous sommes dans un pays perdu à Béthonsart à 18 km de Saint-Pol. Vous me feriez plaisir de m’envoyer aussi une boite de pastilles pour le rhume, au goudron par exemple. Nous commençons tous par être un peu enrhumés. Le peloton d’instruction qui avait été commencé est reformé de nouveau. Je vais donc à l’exercice tous les jours, je ne sais pas combien de temps il durera. Il parait que si la compagnie va aux tranchées pendant la marche du peloton, nous serons exempts d’y aller. Je souhaite donc que ce peloton dure le plus longtemps possible.

Aujourd’hui, il a neigé toute la journée. C’est l’hiver qui s’annonce et la guerre n’a pas l’air de cesser. Quand donc aurons- nous le bonheur de rentrer dans nos foyers ? Nous commençons tous à trouver le temps long, et voici le mauvais temps, les opérations vont être arrêtées.

Hier j’ai vu Marchal Charles et Petitjean de Franould, nous ne sommes plus que trois au 149. Ils sont cantonnés à quelques kilomètres de notre pays, ils m’ont promis de venir me voir ce soir.

Envoyez-moi aussi une chemise, j’en ai une de la compagnie qui est très courte, elle n’est pas assez chaude.

Je ne vois rien d’autre chose d’intéressant à vous dire pour le moment, et en attendant le bonheur de vous revoir, je vous embrasse tous bien affectueusement.

Votre fils Pierre. 

Vous voulez bien conserver les lettres reçues que je vous envoie, ce sera un souvenir de la guerre.

Lundi 8 février 1915.

Bien chers parents,

Je viens de recevoir à l’instant la lettre de maman datée du 30 janvier. Tous, sur le front, nous avons de la joie à recevoir des nouvelles de nos familles. Tous les matins, lorsque le vaguemestre arrive à la compagnie, on se précipite pour la distribution. Quelle joie lorsqu’on a une lettre et quelle déception lorsqu’il n’y a rien. On ne se lasserait pas de recevoir des nouvelles tous les jours. La lettre de maman m’a fait de la peine, car j’ai vu que la tristesse régnait à la maison. Prenez tous courage, le bon Dieu m’a toujours préservé jusqu’ici et pourtant j’ai déjà vécu de mauvais moments. Au contraire, vous pouvez être fiers, car vous êtes du nombre des familles qui ont un des leurs pour défendre notre pays. Prenez donc courage, la guerre ne peut plus durer longtemps et j’ai l’espoir d’aller bientôt vous embrasser. Et si je venais à mourir, car après tout, notre vie ne tient qu’à un fil, j’aurais toujours le bonheur de vous revoir tous dans notre patrie véritable, le ciel. Mais Dieu exaucera vos prières et ramènera votre fils sain et sauf. Hier, je suis allé à la messe avec Alphonse Viellemard, nous avons été aussi aux Vêpres, c’était le jour que le Saint-Père avait fixé pour faire dire des prières pour la paix. Vous voyez que nous avons assez bien rempli cette journée. Vous pouvez être sûr que je remplis quand je le peux mes devoirs de chrétien et que je me conduis toujours bien et pourtant, ici les occasions ne manquent pas de mal faire. Vous me dites qu’il fait froid dans les Vosges, ce matin j’ai reçu aussi une lettre de Romarie me disant qu’il y avait 10 cm de neige et qu’un train sanitaire passait tous les jours venant de Bussang. Les soldats d’Alsace doivent beaucoup souffrir dans les tranchées. Ici nous n’avons pas de neige, elle ne tient pas. Voici quelques jours qu’il fait un temps splendide et les nuits ne sont pas froides. En ce moment, la compagnie est encore dans les tranchées, je crois qu’elle reviendra ce soir. Tous les jours, il y a des blessés. Romarie m’a envoyé la photographie de l’intérieur de l’église de Dommartin. Je vais lui écrire qu’il vous prenne tous en groupe. Je serais heureux d’avoir votre photographie. Romarie m’a appris aussi que Georges Claudon devait être prisonnier et qu’il avait écrit à sa femme, est-ce vrai ? Il m’a dit aussi que le 2e fils Simon avait été tué. Notre commune est bien éprouvée. Vous savez maintenant mieux que moi tout ce qui se passe, puisque vous lisez le journal tous les jours. Vous pouvez voir où nous sommes actuellement (secteur Aix-Noulette à 2 km de Notre-Dame-de-Lorette), on en parle assez souvent dans les communiqués. Avez-vous reçu mon journal jusqu’au 4 décembre ? Je remercie aussi Jean pour son aimable carte du 28 janvier. J’ai reçu aussi ces jours derniers une carte de Houillon, il est toujours à Épinal ce veinard. Pendant que je vous écris, Alphonse est à côté de moi. Il me dit qu’il ferait meilleur tirer les grives. Lorsque nous allons nous voir dans nos cantonnements on se croirait à Pont, seulement ce qui manque, me dit-il, c’est le petit verre que l’on s’offrirait si on y était réellement. Qu’aurait-il dit si l’an dernier je lui avais annoncé que nous serions tous deux à cette époque dans le Pas-de-Calais ? Faites un saut voir Céleste, car il n’a pas encore reçu de nouvelles depuis qu’il est revenu de convalescence. Samedi dernier, je me suis fait photographier avec quelques camarades. Seulement celui qui nous a pris prend de bonnes cuites et il a du travail plus qu’il n’en peut faire. S’il réussit à faire notre binette, je vous l’enverrai. Romarie m’annonce aussi que Simon Louis, celui de ma classe avait été blessé à la hanche. Je ne vois plus rien d’intéressant à vous dire, j’ai eu assez de chance dernièrement, car voilà douze jours de tranchées que je n’aurai pas vécus. C’est toujours autant de pris en passant. J’ai vu sur le journal que la Roumanie se mettrait de la partie au 1er mars. Excusez mon écriture, je n’ai pas de table à ma disposition.

Je vais toujours bien. Bon courage donc et dans l’espoir de vous revoir. Je vous embrasse tous bien fort.

Pierre 

Référence bibliographique :

Tome 2 du livre d’or des morts du front d’Artois. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Chaupin, à T. Cornet, à F. Videlaine, à l’association « collectif Artois 1914-1918 », à l’association Notre-Dame-de-Lorette et à la garde d’honneur de l’ossuaire de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

22 décembre 2011

Premiers pas en Artois (3e partie).

                  Carte_journee_du_10_octobre_1914

                                       Legende_carte_du_bois_de_Bouvigny

10 octobre 1914

 Une  compagnie du 149e R.I. occupe la tranchée conquise aux Allemands et la partie sud de la haie à environ 200 m face à Notre-Dame-de-Lorette. À Notre-Dame-de-Lorette, et aux abords en face de cette compagnie, il reste encore quelques éléments ennemis devant lesquels elle s’est fortement retranchée dans la nuit. La chapelle et les meules avoisinantes brûlent… 

Extraits de l’ouvrage « les combats de Notre-Dame-de-Lorette » du capitaine J. Joubert aux éditions Payot.

« Dans la nuit du 9 au 10 une attaque allemande devance celle des Français. Sur le plateau de Lorette, ce sont les Français qui prennent l'initiative de l'action. Le 2e bataillon du 149e R.I. du capitaine Pretet qui avait relevé dans la soirée du 9 le 3e bataillon, s'empare pendant la nuit d'une tranchée ennemie, au nord de la chapelle, face au 20e B.C.P.. Par cette avance, nous nous trouvons à peine à 500 m de l'oratoire. Il disparait en partie dans la grisaille du brouillard, mais les lueurs d'incendie de grandes meules de paille qui brûlent à ses côtés accusent parfois les lignes de son contour. Quand la flamme, qui couve, tout à coup est plus vive, on voit non loin de là une pièce de 77 probablement endommagée, seule, sans servants, toute noire et sinistre, qui se cabre. Les hommes retournent les parapets, approfondissent les tranchées et consolident la position. Le lieutenant-colonel Escallon demande que des batteries d’artillerie s’installent sur le plateau et dans le bois de Bouvigny pour battre Carency et Ablain-Saint-Nazaire.

À midi, il peut écrire au colonel Cheminon :

« Nous sommes les maîtres incontestés de la crête de Notre-Dame-de-Lorette. Nos tranchées font le tour du plateau. La plus à l'est est à 200 mà l'ouest de la chapelle. La tranchée ennemie est à 100 m au-delà de la chapelle. Nous organisons avec le capitaine Vautravers du 12e régiment d'artillerie, un système pour la battre, je la ferai attaquer cette nuit... »

Les troupes qui tiennent alors le plateau sont réparties comme suit : le 2e bataillon du 149e R.I. dans les tranchées devant la chapelle, dans l’ordre : 5e et 8e compagnies face à l’est, 6e compagnie face à Ablain-Saint-Nazaire. À gauche, tenant le rebord nord du plateau, en équerre par rapport au 149e R.I., face à la chapelle, quatre compagnies du 2e bataillon du 17e R.I. qui ont relevé celles du 20e B.C.P.

À la lisière est du bois de Bouvigny, de gauche à droite, la 3e compagnie du 20e B.C.P. et le 1er bataillon du 149e R.I. ; à l’intérieur du bois, le 5e bataillon du 269e R.I. et le 3e bataillon du 149e R.I.. Deux batteries du groupe Vautravers du 12e R.A.C ont pris position à la lisière est.

Un épais brouillard qui a traîné toute la matinée n’a pas permis au canon de tirer. Mais dès que le temps s’est éclairci, les tranchées allemandes du plateau ont été prises à partie, et, dans la nuit, la compagnie Pétin du 149e R.I. a « sauté d’un coup de main hardi sur la chapelle » qu’elle a occupé avec une section. » 

                  Chapelle_de_Notre_Dame_de_Lorette 

11 octobre 1914

Un bataillon du 149e R.I. occupe les tranchées sur le plateau de Lorette, un autre est sur la lisière est du bois de Bouvigny. Le 1er bataillon du régiment se trouve du coté de Marqueffles. 

Extraits du livre « Lorette une bataille de 12 mois » d'Henri René aux éditions Perrin et cie.

« Aujourd’hui, reconnaissance. Le 2e bataillon a fait ses deux jours de service, il a eu la peine de creuser les premières tranchées dans un terrain très dur. Il avait d’ailleurs hérité de notre situation de fin de combat, ce qui n’est jamais très drôle : c’est à nous de reprendre nos places.

Les camarades ont bien travaillé pendant ces deux jours : au nord, le 1er bataillon a relevé les chasseurs et a commencé à construire des «guitounes» pour ses compagnies de réserve sur les pentes du plateau, vers Marqueffles, car, si on reste sur ce terrain, on en sera réduit à vivre sous terre comme les taupes ! Quant au 2e bataillon, dès 22 h 00, il a sauté d’un coup de main hardi sur la chapelle qu’il occupe maintenant avec une section ; et, la nuit dernière, il a relié ce poste avancé au coin sud de la haie par de petites tranchées de demi-sections, échelonnées en arrière et à droite.

Tout cela ne constitue pas une position très solide, mais il n’entre encore dans l’esprit de personne que nous soyons condamnés à « prendre position» : c’est un temps d’arrêt, nous semble-t-il, nécessité par les circonstances et pour permettre à la 1ère division d’exécuter sa manœuvre, dans la plaine usinière où nous la voyons évoluer à nos pieds, où ses canons tonnent sans arrêt, où ses bataillons doivent être en train de mordre violemment l’ennemi et de le rejeter au-delà des villes de Lens et de Liévin.

Bien des choses nous confirment dans cet espoir, et en particulier l’action de notre artillerie. Les deux batteries se sont en effet, le 10 au matin portées aussi en avant que possible. Celle du grand lieutenant a pris position, dans la pointe nord, sous le couvert des bois. De là, elle s’est mise à tirer très violemment tant sur l’est de la Chapelle, où l’ennemi travaille la terre, que sur les environs d’Ablain, où, à notre avis, les Allemands seraient fous de chercher à se maintenir, puisque nous les dominons complètement !

L’autre, celle du bois de la Haie, est arrivée ce matin et s’est installée à découvert, imparfaitement abritée des vues par la petite crête d’où avait débouché notre attaque. Il est vrai de dire qu’il lui en a coûté cher ! À peine eut-elle tiré quelques salves, que les « grosses marmites » vinrent au-devant d’elle, avec une rapidité, une précision, une sûreté qui resteront longtemps présentes à notre  mémoire : quatre coups courts, quatre coups longs, quatre coups au but …

 Nos pièces disparaissent dans un tourbillon de bruit assourdissant et de lourde fumée noire. Des terres, des débris de matériel et de membres humains sont projetés en l’air à une très grande hauteur… Lorsque ce chaos s’aplanit, on aperçoit, parmi les officiers ou servants qui se retirent étourdis, deux canons désemparés, faussés, gauchis, dont l’un est lamentablement couché sur le flanc, par suite de la pulvérisation d’une des roues, un caisson bouleversé et boiteux, un autre caisson qui « saute » par explosions saccadées et brutales.

Les corps d’une demi-douzaine de servants tués ou grièvement atteints gisent parmi les décombres, et quelques blessés s’éloignent horrifiés vers le poste de secours le plus proche…» 

Sources :

« Journal des marches et des opérations de la 85e brigade ». S.H.D de Vincennes. Réf : 26 N 20/10.

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

« Les combats de Notre-Dame-de-Lorette ». Capitaine J. Joubert, aux éditions Payot – 1939.

« Lorette, une bataille de douze mois ». Henri René, aux éditions Paris, Perrin et Cie – 1929. 

Pour en savoir plus :

« Journal des marches et des opérations du 20e B.C.P. ». S.H.D. Réf : 26 N 823/1.

« Journal des marches et des opérations du 17e R.I. ». S.H.D. Réf : 26 N 588/1.

« Journal des marches et des opérations du 269e R.I. ». S.H.D. Réf : 26 N 733/7.

« Journal des marches et des opérations du 12e R.A.C. ». S.H.D. Réf : 26 N 925/1. 

Un grand merci à M. Yassai, à A. Carobbi, à M. Porcher, à l’association « collectif Artois 1914-1915 » et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

7 décembre 2011

Pierre Mathieu (1891-1915).

Pierre Mathieu

Les différents documents offerts par la famille du caporal Pierre Mathieu en 1952 se trouvent actuellement dans le 2e tome du livre d’or des morts du front d’Artois. La plupart des informations suivantes proviennent des renseignements qui ont été donnés par Paule, la sœur de Pierre domiciliée sur la commune de Dommartin-lès-Remiremont. 

Pierre Mathieu est né le 3 février 1891 dans le petit village vosgien de Dommartin-lès-Remiremont. Il est le fils de Joseph et de Marie Ragué. Ces parents, agriculteurs, étaient domiciliés à Pont de Dommartin, petit lieu-dit proche de Dommartin-lès-Remiremont. Pierre avait deux frères, Paul et Jean et une sœur, Paule. 

Jeune caporal de la classe 1911 servant dans la 1ère compagnie, il reçoit une première blessure le 9août 1914, durant le combat du Signal de Sainte-Marie-aux-Mines. Légèrement blessé à la tête, il est évacué et soigné dans un hôpital nîmois. Après sa convalescence, il rejoint sa compagnie au 149e R.I.. 

Porté disparu au cours de l’attaque du 9 mai 1915 dans le secteur d’Aix-Noulette, son acte de décès ne sera retranscrit à la mairie de Dommartin-lès-Remiremont que le 7 février 1921, suite à un jugement rendu par le tribunal de Remiremont à la date du 27 janvier 1921. 

Pierre Mathieu a obtenu la croix de guerre avec étoile d’argent et la Médaille militaire. 

La Médaille militaire a été attribuée au caporal Mathieu Pierre Marie Louis, matricule 7021, mort pour la France.

« Caporal très consciencieux et courageux, a été frappé mortellement le mai 1915 à Noulette. Une blessure antérieure. Croix de guerre avec étoile d’argent. 

Après avoir reçu le questionnaire envoyé par le secrétaire de l’association « Notre-Dame-de-Lorette » pour le livre d’or, la famille du caporal Mathieu rédige la lettre suivante : 

Dommartin-lès-Remiremont (Vosges), ce 9 mars 1952 

Madame Eusèbe Mathieu à Dommartin lès Remiremont

à Monsieur le Secrétaire, 

Pour ma maman très âgée, j’écris et je signe. Mon frère et moi, nous avons essayé de remplir de notre mieux le questionnaire que maman a demandé par lettre du 10 février concernant notre cher héros.

Nous y joignons, une photo, quatre lettres de notre bien-aimé frère, un petit carnet de notes, une lettre de son meilleur ami frère Auguste (Zundel) décédé maintenant, une lettre de notre chère maman adressée à son cher fils, son cher drapeau ayant appartenu à notre bien-aimé, une carte de la croix rouge attestant  sa blessure, un imprimé de journal de la région déclarant sa mort et sa citation antérieure et enfin, deux feuillets de notes du collège de Remiremont. Ici je m’excuse de présenter cette feuille déchirée, n’ayant pu faire autrement. Les feuillets de son carnet de notes étant collés ensemble. Nous nous désunissons de toutes ces reliques très chères pour la gloire de notre cher héros ; ne voulant pas laisser la lumière sous le boisseau, pour l’exemple des générations futures de notre chère France. Voulant montrer combien le chrétien et le Français sont forgés d’honneur, de droiture, dans les Vosges, pays de Jeanne d’Arc notre chère modèle, souche aussi de terriens forts et vaillants. Nous adressons nos remerciements émus et profonds à tous, grands et petits , à tous ceux qui d’une façon ou d’une autre exaltent à Lorette le souvenir de tous nos frères et nous vous prions de croire, Monsieur, à l’hommage de nos plus sincères sentiments. 

Lettre écrite par la mère de Pierre Mathieu quelques jours après sa mort… 

Fête de Jeanne d’Arc 16 mai 1915

Mon cher Pierre,

 Nous avons reçu tes lettres du 5 et 6 mai, nous savons que vous avez remporté de grandes victoires près d’Arras, nous voyons que tu es souvent en première ligne. J’ai grande confiance que Jeanne d’Arc te protège. Nous avons assisté à sa neuvaine tous les jours. Jai été communier pour toi 3 jours et Paule 2 fois et nous prions tous les jours avec ferveur. Depuis cette neuvaine à Jeanne, la France va bien, tout le monde a confiance en une prochaine victoire. La « Croix » dit que vous avez fait beaucoup de prisonniers, nous avons hâte d’avoir de tes nouvelles. Le 14 je t’ai envoyé un colis, il y a un chapelet indulgencié de toutes les indulgences que l’on peut avoir, je serai heureuse quand tu l’auras reçu. Cher enfant, combien tu auras souffert. Nous te plaignons de tout notre cœur, nous parlons journellement de toi. Je suis toujours avec toi, dans les tranchées et sous la mitraille. Il me semble te voir, toi, si doux, si tranquille, être obligé de te battre, tuer des hommes inconnus. Quelle vie, bon courage mon cher enfant.

Le bon Dieu ne sera pas toujours sourd à tant de souffrance, j’espère qu’il exaucera toutes nos prières.

Je suis contente pour toi, tu auras un ami de plus quand tu auras revu Houillon. Vous pourrez parler du pays, il a de la veine lui.

Nous n’entendons plus le canon, je crois que les Allemands ne sont plus si près de nous. Le neveu de Jeanne est mort, Paule t’avait annoncé qu’il était bien malade. Ce matin j’ai été communier, je suis revenue déjeuner, puis je suis retournée à la messe, et je vais aux Vêpres. Jeanne d’Arc me donne du courage, nous sommes tous en bonne santé. Nous t’embrassons tous bien tendrement, au revoir et a bientôt j’espère.

Ta maman 

Il y a beaucoup de malades à la caserne Marion. Je te mets 3 francs dans ma lettre. 

Un petit mot est ajouté par Eusèbe Mathieu, le père de Pierre… 

Mon cher Pierre,

Je ne sais pas grandes nouvelles à t’annoncer. Nous avons encore pour deux jours à bêcher des pommes de terre, quand ce sera fini, nous irons chercher quatre hêtres que nous avons coupé au pré Hache.

Bon courage, mon cher Pierre, nous continuons à prier pour toi.

Je t’embrasse de tout mon cœur,

Ton papa E. Mathieu

 Voici une lettre envoyée à la famille Mathieu écrite par son meilleur ami qui vient d’apprendre la mort de Pierre. 

Lettre écrite le 9 juillet 1915.

Cher parents chrétiens,

J’ai été profondément ému en lisant votre lettre. Vous savez combien j’aimais votre cher Pierre. Comme vous, je ne peux me faire à l’idée que le cher enfant ne soit plus parmi les vivants. C’est certes bien dur, pour vous, de vous séparer de celui dont le bonheur était si intimement lié au vôtre. La foi chrétienne seule est capable de vous inspirer courage et résignation. Je bénis le bon Dieu de ce qu’il vous laisse une fille et un fils aussi sages que sont Paule et Jean-Marie qui vous aideront à porter votre croix. De mon côté, je vous prie de me permettre de m’associer à ce deuil de famille et d’unir mes prières et sacrifices aux vôtres. Comme je le disais dans la carte adressée à Pierre à l’occasion de sa fête, je trouvais étrange de ne plus rien recevoir de lui depuis si longtemps (fin avril). Selon votre désir, je m’informerai auprès de la Croix rouge. Quel bonheur s’il nous était possible de vous le retrouver ! Dans cette terrible passe d’incertitude et d’angoisse, réfugions-nous dans le cœur agonisant de Jésus et dans le cœur compatissant de Marie. Dans ces deux cœurs sont les vraies sources d’où coule la force pour accepter la croix et le courage pour la perte qu’elle qu’en soit le poids.

Encore une fois courage et confiance. Bien à vous au N.P..

Votre tout dévoué, Frère Auguste.

N.B. J’ai eu une occasion de vous faire parvenir la lettre depuis la France.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Chaupin, à T. Cornet, à F. Videlaine, à l’association « collectif Artois 1914-1918 », à l’association Notre-Dame-de-Lorette et à la garde d’honneur de l’ossuaire de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

1 décembre 2011

Dernières lettres écrites par le sergent Joseph Dechanet.

                   Joseph_Dechanet

Une dernière fois, un très grand merci à Y. Marain et à F. Petrazoller pour leurs autorisations de publier ici les dernières lettres du sergent Joseph Dechanet qu’il a écrit à son frère. 

19 mars 1915

La fin ? Je crois de plus en plus que les armes ne l’amèneront plus. Les Allemands en ont assez, mais je sûr que nos gouvernants doivent être eux aussi fort embarrassés. Les Allemands n’ont plus de munitions ? Eh bien, nous ne nous en apercevons guère ! Au contraire, même ! Ils n’ont plus de vivres ? Qu’en sait-on ! Plus de soldats ? Hélas ! Si ! Et des bons… et de nombreux. Tout le monde est pour nous ? On ne s’en aperçoit guère… La Grèce nous lâche, l’Espagne nous blâme, l’Italie à l’air de se désintéresser de l’affaire. Le grand effort, la « campagne du printemps » dont tu me parles, nous l’attendons. Sera-ce le succès définitif ? Je suis bien pessimiste.

Plus rien n’a prise sur moi. On grelotte des jours et des nuits entières, on passe des heures dans l’eau, jusqu’aux genoux, et l’on ne s’en porte pas plus mal. Tout de même, la fatigue se fait sentir parfois. Mais l’habitude vient à bout de tout. Il me semble à présent que je suis en guerre depuis des années et que le monde se divise en deux catégories : ceux qui font la guerre et ceux qui ne la font pas… Moi, je fais la guerre… Et je ne puis pas me figurer qu’il puisse arriver un jour où cela prendra fin. Depuis 5 mois et demi, nous n’avons pas avancé d’un kilomètre, et pourtant, les plaines où Français et Allemands sont face à face sont devenues des cimetières immenses d’où le bruit du « canon » n’arrive plus à éloigner les corbeaux… 

15 avril 1915

Tu me demandes si je crois à une paix prochaine. Non, elle n’est pas possible. Et l’on me dirait que la guerre doit durer jusqu’aux premières neiges de l’hiver que je ne serais pas surpris. J’espère toutefois que dans quatre mois ce sera décidé. Hélas ! Combien encore seront sacrifiés ! Tu te souviens, mon cher Henri, du jour où tu vins me dire « au revoir » à Jorquenay. Je prévoyais bien l’avenir. Ce jour-là, nous sommes partis 80, pour la 11e compagnie, et bien, nous restons 7 exactement, après huit mois. En restera-t-il un seul dans quelques mois ? C’est au moins douteux. Voici que le temps se met au beau. Déjà les essais d’attaques commencent. Si le beau temps continue, les grandes choses ne tarderont pas, et chaque mètre carré gagné coûtera un homme… car on nous vante nos succès, mais on tait le reste. Il faut être courageux, car nos ennemis le sont, eux aussi ! Et parfois, ils font preuve d’un véritable mépris de la mort. Vivement le grand coup, une attaque générale, terrible, à fond, qui décide au moins quelque chose ! La moitié d‘entre nous, une fois de plus, y restera, mais les autres auront au moins une espérance précise. Les blessés auront le repos, loin du bruit de la bataille, et les morts auront au moins la paix. Vois-tu, nous en sommes arrivés à la phase décisive. Que cela finisse, de quelque façon que ce soit. Mais la fin est bien loin, même si le succès nous sourit, ce que nous espérons d’ailleurs fermement. Qu’il sera heureux et fier, celui qui verra la victoire après avoir lutté sur tant de champs de bataille !

 4 juin 1915

Une marmite m’a enterré hier, mais j’ai été dégagé à temps. C’est à recommencer. Nous sommes toujours où tu sais. On vit parmi les cadavres qui pavent, littéralement, ce plateau que les Allemands appellent la montagne de la mort. Et dans quelques jours, nous retournons probablement à l’attaque. Cette fois !... Enfin, on finit par se moquer de tout, même de la mort, chose si familière. Chacun son tour.

 7 juin 1915

« Mon pauvre Henri, tu verras, j’espère que tu verras toi ». Tu verras que cet hiver, nous serons encore là !... Oui, je le sens. Tu penses si c’est gai, surtout pour nous qui sommes en campagne depuis 10 mois et devenus des espèces de sauvages, détestés des civils, ingrats, imbéciles qui ne comprennent pas, trouvent que nous n’en faisons pas assez et que le sang français, le nôtre, ne coule pas assez… Qu’est-ce qu’il leur faut !

 Sources :

« Les cahiers Haut-Marnais », cahiers édités par les archives départementales de la Haute-Marne. Cote 7 rev 168.

 Un grand merci à M. Alzingre, à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à Y. Marain, à F. Petrazoller et au conseil départemental de la Haute-Marne.

24 novembre 2011

Dernières lettres du caporal Marcel Perret.

                   Marcel_Perret

Encore une fois un très grand merci à toute l’équipe de l’association « collectif Artois 1914-1915 ». 

Le 31 mars 1915

Bien chers tous,

Je reçois à l’instant, une lettre de papa du 25 au soir et une carte-lettre de Marie Louise du 27. Nous sommes toujours en repos. On dit même que nous irons 10 jours à Houdain ou à Ablain. On dit aussi que nous changerons de région ensuite. Mais que ne dit-on pas ? J’étais caporal de jour hier, je n’ai pas fait grand-chose, à part toucher les paquets recommandés. Il y avait deux grands sacs à faire partir au train de combat, ainsi que les 16500 cartouches que la compagnie avait en rabiot et mener les prisonniers au poste de police. J’ai fait laver un peu de linge aujourd’hui.

Je ne serai jamais imprudent, mais ferai toujours mon devoir. Et même, je ne vous le cache pas, je serai parmi les volontaires quand on en demandera pour tel ou tel travail. En tout cas, je n’oublierai jamais la divine providence en qui je mets toute confiance.

Donc, Maniguet est au 9e d’artillerie. Il n’a donc pu aller au 12e de Vincennes. Je vous ai dit, il y a quelques jours que j’avais encore de l’argent. Je n’en suis pas encore à court, quoique n’en ayant plus des masses. Mais il a toujours été bien employé, soyez-en sûr.

Tu me donneras des détails sur la fabrication et le prix de ces grenades que tu fais maintenant.

Toujours beau temps et toujours en bonne santé, quoique toussant un peu. Résultat du séjour dans les tranchées et abris.

Au revoir, bons baisers de votre Marcel. 

Le 16 mars 1915

Chers parents,

Ça y est, nous partons ce soir. Le 1er bataillon cantonnera très près des tranchées, à Boyeffes où Boyeve. Demain sans doute, nous irons aux tranchées.

J’ai quitté la 16e escouade et pris le commandement de la 10e. Derechef, je suis avec Dessoy. Priez bien pour moi, j’en aurai grandement besoin. Espérons que Dieu me ramènera sain et sauf, victorieux et indemne. D’ailleurs, une blessure ne m’épouvante pas outre mesure. Au revoir, bons baisers de votre Marcel. 

3 avril 1915

Bien cher parents,

Je reçois à l’instant votre lettre du 28 et le paquet que vous m’annoncez dans cette lettre, mais le gros colis, toujours inconnu. Pourtant, des camarades en ont reçu par chemin de fer. Espérons toujours. Merci pour le paquet et pour le mandat. Étant presque toujours obligé d’acheter de quoi satisfaire mon appétit extraordinaire. Mandat et paquet me seront d’une grande utilité.

Nous sommes en repos à Ablain pour plusieurs jours. On dit que nous irons ensuite nous battre dans la Somme, puis en Champagne, puis en Alsace ! Avant-hier, la musique du 149e R.I. a donné un concert. Marches diverses, Sambre-et-Meuse Hymne belge et la Sidi-Brahim. Au moment où les musicos envoyèrent cette dernière marche entraînante, un détachement du 17e B.C.P. défilait. Ils étaient contents les petits vitriers d’entendre leur marche favorite. Hier, le drapeau a défilé devant nous. Le vieux drapeau, sale et décoloré, où l’on ne distingue plus qu’une partie des inscriptions, Fleurus comme bataille, mais je n’ai pu distinguer les autres.

J’ai été ému devant ce symbole de la patrie, et j’ai juré de le défendre jusqu’à la mort et de lui apporter la victoire.  Arrivés ici, nous avons nous-mêmes défilé devant lui, en allant à nos cantonnements. Nous sommes dans la grange, il n’y fait pas trop chaud. Aujourd’hui, il pleut. Hier, Vendredi saint, nous avons fait maigre, naturellement. Le matin, sardines et beurre, le soir, épinards, morue, maquereau et 4 œufs durs.

Je suis toujours en bonne santé et espère que vous êtes de même. J’ai maintenant un bon couteau qui me servira beaucoup. Nous en avons grand besoin à chaque instant. Merci pour tous les renseignements que tu me donnes sur les connaissances. Je comprends qu’Henri Roux ait des soucis. Espérons qu’il deviendra sérieux et bon père de famille. Auguste Vincent est bien heureux d’avoir vu l’abbé Paris, s’il est vrai que nous allons en Alsace, je voudrais bien le voir. La nouvelle concernant ces voleurs ne m’étonne guère. Ces oiseaux-là sont capables de tout. J’attends avec joie les sous de la commune.

La lettre de Marie Louise me fait rire. Il ne faut pas croire qu’ont se bat terriblement dans les tranchées puisque je n’ai pas encore vu les Allemands. On ne sait pas si l’ont est victorieux, puisqu’à proprement parlé, on ne se bat pas. On tiraille à tout hasard, de temps en temps, et c’est tout. Je savais déjà où vont les copains de la classe 16. Prandini ayant écrit à Dessoy hier.

Le paquet est bien intact, merci encore une fois.

Je vous laisse en vous embrassant affectueusement tous trois. Votre tout dévoué.

Marcel 

Le 7 mai 1915

Bien chers parents,

L’attaque projetée pour hier soir a été remise au lendemain. Ce n’est donc qu’aujourd’hui ou demain matin plutôt, qu’on se lancera, baïonnette haute sur les Allemands abhorrés. On les repoussera, c’est sûr. La préparation a été menée avec soin. J’ai été hier jusqu’au poste central de Noulette.

Là, au milieu des ruines, sous un abri triplement blindé, est installé un poste téléphonique où viennent se réunir plus de 30 lignes de la région. On m’a quelque peu renseigné, 150 pièces de canons sont en batterie et cracheront pendant 12 heures. Ensuite, à l’assaut. Les Anglais de la Bassée doivent attaquer avant nous, attirant ainsi sur leur front, des renforts que nous n’aurons plus devant nous. Il faut à tout prix qu’on repousse leur ligne. Peut-être, du coup seront-ils repoussés en Belgique, débarrassant le Pas de Calais et le Nord si possible de leur présence peu désirée.

Pour le bataillon, les derniers renseignements nous font savoir que les 1ère et 3e compagnies attaqueront la première ligne. Les 2e et 4e compagnies devant enfoncer la 2e  ligne mieux défendue, mais dont les défenseurs seront peut-être énervés par l’attaque première. L’attaque doit se déclencher sur un vaste front. Certains disent de la Bassée au Mont Saint-Éloi, d’autres de la Belgique au même mont Saint-Éloi. J’ai tout espoir et bientôt, je vous enverrai un mot de victoire. Relevés après 24 h avant-hier soir, nous venons passer la nuit dans des abris derrière Noulette ; longs boyaux creusés sous terre. À trois heures, on réveille la ½ section qui va s’échelonner, remplaçant la ½ section précédente qui sert de téléphone pour relier le poste du capitaine au poste du colonel. Toute la journée, repos dans les abris. On a porté les sacs à Aix-Noulette, ne gardant que toile de tente, vivres de réserve et outil, et, naturellement fusil et équipement.

Le soir, concert par les artistes de la compagnie, effet splendide au crépuscule, sous les grands arbres entourés de cahutes nègres, nos chanteurs et nos comiques nous ont divertis jusqu’à la nuit. Inutile de vous dire que sans le bruit du canon, on ne se serait pas cru à 2 km du front. De nouveau couchés dans les abris, nous avons roupillé, malgré le brouillard qui finit par nous saisir au matin. Ainsi, tu vois ma soeurette que le 8 mai, il est bien probable que la bataille nous trouve aux prises, Français et Allemands, sur un vaste front. J’espère bien que l’anniversaire de la prise d’Orléans amène la défaite de nos ennemis. Bien entendu, je m’unirai à vos prières pendant ce mois de Marie, notre mère à tous. Son intercession obtiendra de son divin fils, la victoire pour nos armées et nous ramènera sain et sauf au foyer paternel.

Reçu aussi une lettre d’oncle Narcisse qui n’a pas grand-chose de neuf à dire. Sauf que la famille d’Henri restera à ? jusqu’à la fin de la guerre, et que ce dernier non affecté à Angers est à Dunkerque, faisant la navette entre cette ville et Nieuport. Il ne sait pas encore pour quoi, ni ne connait son adresse. Je vous quitte avec mes meilleurs baisers affectueux. Votre fils et frère dévoué. Marcel Perret. 

Référence bibliographique :

Tome 1 du livre d’or des morts du front d’Artois. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Chaupin, à T. Cornet, à F. Videlaine, à l’association « collectif Artois 1914-1918 », à l’association Notre-Dame-de-Lorette et à la garde d’honneur de l’ossuaire de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

18 novembre 2011

Louis Prunier (1875-....).

                   Louis_Prunier

Louis Emile Prunier naquit le 16 janvier 1875 à Montmeyran, petite commune de la Drôme. Son père, François Prunier exerçait la profession de bourrelier. Sa mère Précile Rozeron était ménagère. Il se marie avec Elisabeth Trey en septembre 1901, à Marseille.

En 1893, il signe un engagement volontaire de 3 ans dans le bureau de recrutement de la cité phocéenne. Il passe ces trois années au 55e R.I. et termine son engagement avec le grade de Sergent-fourrier. Suite à cette période, Louis Prunier est nommé sous-lieutenant de réserve. Il dépend du 341e R.I. de Toulon. Retourné à la vie civile, il vit à Marseille et travaille dans une banque. En 1907, il est lieutenant de réserve au 115e R.I.T. de Marseille. Rappelé à la mobilisation, Louis Prunier est rapidement rattaché au dépôt du 149e R.I.. Il est  nommé capitaine de réserve en janvier 1915. Il est gravement blessé au combat le 9 mai 1915 à la tête de sa compagnie. Après sa convalescence il est affecté dans la 8e région au service des Chemins de fer et des Etapes. A sa demande,  il rejoint de nouveau le 149e R.I. en juillet 1916. Il y reste jusqu’en février 1917. Muté au 141e R.I., il quitte définitivement le secteur du front en janvier 1918 des suites de sa blessure datant de mai  1915. Il termine sa carrière militaire au printemps 1922. 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 48 du 8 juin 1915 :

« Le 9 mai, au combat de Lorette, à entraîné sa compagnie pour l’attaque d’une tranchée ennemie sous un feu très meurtrier d’artillerie et de mitrailleuses. Blessé au cours de cette opération. » 

Citation à l’ordre de l’armée  n° 285 du 3 mai 1916 :

« Officier courageux, a été blessé grièvement le 9 mai 1915 alors que sous un feu intense, il entraînait vigoureusement sa compagnie à l’assaut des tranchées ennemies. » J.O du 3 juin 1916. 

Chevalier de la légion d’honneur par décret du 13 août 1914 pour prendre rang du 3 mai 1916. (J.O. du 3 juin 1916). 

 Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du capitaine Prunier est extrait du tableau d’honneur de la guerre 14-18, publié par la revue « l'illustration ».

Un grand merci à M. Bordes, à M. Porcher, à J. Huret et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

13 novembre 2011

Quatre-vingt-onze ans après...

               Lucien_Kern__1889_1920_

Un fait marquant vient de se produire pour le 149e R.I. sur les lointaines terres canadiennes. En effet, les personnes qui ont  assisté à la cérémonie du 11 novembre 2011, ont pu lire un nouveau nom gravé sur le monument du poilu à Saint-Boniface. Le nom du soldat Lucien Kern figure maintenant au côté de celui de son frère Eugène, quatre-vingt-onze ans après son décès . 

Pour en savoir plus : 

http://170eri.blogspot.com/2010/08/pour-ne-pas-oublier-eugene-kern-1882.html 

http://amphitrite33.canalblog.com/archives/2011/07/28/21693048.html 

L'affiche sur le montage a été réalisée par Suzanne Martel.

Un grand merci à Suzanne et Denise Martel et à Roselyne Duclos.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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