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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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7 décembre 2011

Pierre Mathieu (1891-1915).

Pierre Mathieu

Les différents documents offerts par la famille du caporal Pierre Mathieu en 1952 se trouvent actuellement dans le 2e tome du livre d’or des morts du front d’Artois. La plupart des informations suivantes proviennent des renseignements qui ont été donnés par Paule, la sœur de Pierre domiciliée sur la commune de Dommartin-lès-Remiremont. 

Pierre Mathieu est né le 3 février 1891 dans le petit village vosgien de Dommartin-lès-Remiremont. Il est le fils de Joseph et de Marie Ragué. Ces parents, agriculteurs, étaient domiciliés à Pont de Dommartin, petit lieu-dit proche de Dommartin-lès-Remiremont. Pierre avait deux frères, Paul et Jean et une sœur, Paule. 

Jeune caporal de la classe 1911 servant dans la 1ère compagnie, il reçoit une première blessure le 9août 1914, durant le combat du Signal de Sainte-Marie-aux-Mines. Légèrement blessé à la tête, il est évacué et soigné dans un hôpital nîmois. Après sa convalescence, il rejoint sa compagnie au 149e R.I.. 

Porté disparu au cours de l’attaque du 9 mai 1915 dans le secteur d’Aix-Noulette, son acte de décès ne sera retranscrit à la mairie de Dommartin-lès-Remiremont que le 7 février 1921, suite à un jugement rendu par le tribunal de Remiremont à la date du 27 janvier 1921. 

Pierre Mathieu a obtenu la croix de guerre avec étoile d’argent et la Médaille militaire. 

La Médaille militaire a été attribuée au caporal Mathieu Pierre Marie Louis, matricule 7021, mort pour la France.

« Caporal très consciencieux et courageux, a été frappé mortellement le mai 1915 à Noulette. Une blessure antérieure. Croix de guerre avec étoile d’argent. 

Après avoir reçu le questionnaire envoyé par le secrétaire de l’association « Notre-Dame-de-Lorette » pour le livre d’or, la famille du caporal Mathieu rédige la lettre suivante : 

Dommartin-lès-Remiremont (Vosges), ce 9 mars 1952 

Madame Eusèbe Mathieu à Dommartin lès Remiremont

à Monsieur le Secrétaire, 

Pour ma maman très âgée, j’écris et je signe. Mon frère et moi, nous avons essayé de remplir de notre mieux le questionnaire que maman a demandé par lettre du 10 février concernant notre cher héros.

Nous y joignons, une photo, quatre lettres de notre bien-aimé frère, un petit carnet de notes, une lettre de son meilleur ami frère Auguste (Zundel) décédé maintenant, une lettre de notre chère maman adressée à son cher fils, son cher drapeau ayant appartenu à notre bien-aimé, une carte de la croix rouge attestant  sa blessure, un imprimé de journal de la région déclarant sa mort et sa citation antérieure et enfin, deux feuillets de notes du collège de Remiremont. Ici je m’excuse de présenter cette feuille déchirée, n’ayant pu faire autrement. Les feuillets de son carnet de notes étant collés ensemble. Nous nous désunissons de toutes ces reliques très chères pour la gloire de notre cher héros ; ne voulant pas laisser la lumière sous le boisseau, pour l’exemple des générations futures de notre chère France. Voulant montrer combien le chrétien et le Français sont forgés d’honneur, de droiture, dans les Vosges, pays de Jeanne d’Arc notre chère modèle, souche aussi de terriens forts et vaillants. Nous adressons nos remerciements émus et profonds à tous, grands et petits , à tous ceux qui d’une façon ou d’une autre exaltent à Lorette le souvenir de tous nos frères et nous vous prions de croire, Monsieur, à l’hommage de nos plus sincères sentiments. 

Lettre écrite par la mère de Pierre Mathieu quelques jours après sa mort… 

Fête de Jeanne d’Arc 16 mai 1915

Mon cher Pierre,

 Nous avons reçu tes lettres du 5 et 6 mai, nous savons que vous avez remporté de grandes victoires près d’Arras, nous voyons que tu es souvent en première ligne. J’ai grande confiance que Jeanne d’Arc te protège. Nous avons assisté à sa neuvaine tous les jours. Jai été communier pour toi 3 jours et Paule 2 fois et nous prions tous les jours avec ferveur. Depuis cette neuvaine à Jeanne, la France va bien, tout le monde a confiance en une prochaine victoire. La « Croix » dit que vous avez fait beaucoup de prisonniers, nous avons hâte d’avoir de tes nouvelles. Le 14 je t’ai envoyé un colis, il y a un chapelet indulgencié de toutes les indulgences que l’on peut avoir, je serai heureuse quand tu l’auras reçu. Cher enfant, combien tu auras souffert. Nous te plaignons de tout notre cœur, nous parlons journellement de toi. Je suis toujours avec toi, dans les tranchées et sous la mitraille. Il me semble te voir, toi, si doux, si tranquille, être obligé de te battre, tuer des hommes inconnus. Quelle vie, bon courage mon cher enfant.

Le bon Dieu ne sera pas toujours sourd à tant de souffrance, j’espère qu’il exaucera toutes nos prières.

Je suis contente pour toi, tu auras un ami de plus quand tu auras revu Houillon. Vous pourrez parler du pays, il a de la veine lui.

Nous n’entendons plus le canon, je crois que les Allemands ne sont plus si près de nous. Le neveu de Jeanne est mort, Paule t’avait annoncé qu’il était bien malade. Ce matin j’ai été communier, je suis revenue déjeuner, puis je suis retournée à la messe, et je vais aux Vêpres. Jeanne d’Arc me donne du courage, nous sommes tous en bonne santé. Nous t’embrassons tous bien tendrement, au revoir et a bientôt j’espère.

Ta maman 

Il y a beaucoup de malades à la caserne Marion. Je te mets 3 francs dans ma lettre. 

Un petit mot est ajouté par Eusèbe Mathieu, le père de Pierre… 

Mon cher Pierre,

Je ne sais pas grandes nouvelles à t’annoncer. Nous avons encore pour deux jours à bêcher des pommes de terre, quand ce sera fini, nous irons chercher quatre hêtres que nous avons coupé au pré Hache.

Bon courage, mon cher Pierre, nous continuons à prier pour toi.

Je t’embrasse de tout mon cœur,

Ton papa E. Mathieu

 Voici une lettre envoyée à la famille Mathieu écrite par son meilleur ami qui vient d’apprendre la mort de Pierre. 

Lettre écrite le 9 juillet 1915.

Cher parents chrétiens,

J’ai été profondément ému en lisant votre lettre. Vous savez combien j’aimais votre cher Pierre. Comme vous, je ne peux me faire à l’idée que le cher enfant ne soit plus parmi les vivants. C’est certes bien dur, pour vous, de vous séparer de celui dont le bonheur était si intimement lié au vôtre. La foi chrétienne seule est capable de vous inspirer courage et résignation. Je bénis le bon Dieu de ce qu’il vous laisse une fille et un fils aussi sages que sont Paule et Jean-Marie qui vous aideront à porter votre croix. De mon côté, je vous prie de me permettre de m’associer à ce deuil de famille et d’unir mes prières et sacrifices aux vôtres. Comme je le disais dans la carte adressée à Pierre à l’occasion de sa fête, je trouvais étrange de ne plus rien recevoir de lui depuis si longtemps (fin avril). Selon votre désir, je m’informerai auprès de la Croix rouge. Quel bonheur s’il nous était possible de vous le retrouver ! Dans cette terrible passe d’incertitude et d’angoisse, réfugions-nous dans le cœur agonisant de Jésus et dans le cœur compatissant de Marie. Dans ces deux cœurs sont les vraies sources d’où coule la force pour accepter la croix et le courage pour la perte qu’elle qu’en soit le poids.

Encore une fois courage et confiance. Bien à vous au N.P..

Votre tout dévoué, Frère Auguste.

N.B. J’ai eu une occasion de vous faire parvenir la lettre depuis la France.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Chaupin, à T. Cornet, à F. Videlaine, à l’association « collectif Artois 1914-1918 », à l’association Notre-Dame-de-Lorette et à la garde d’honneur de l’ossuaire de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

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