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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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22 décembre 2011

Premiers pas en Artois (3e partie).

                  Carte_journee_du_10_octobre_1914

                                       Legende_carte_du_bois_de_Bouvigny

10 octobre 1914

 Une  compagnie du 149e R.I. occupe la tranchée conquise aux Allemands et la partie sud de la haie à environ 200 m face à Notre-Dame-de-Lorette. À Notre-Dame-de-Lorette, et aux abords en face de cette compagnie, il reste encore quelques éléments ennemis devant lesquels elle s’est fortement retranchée dans la nuit. La chapelle et les meules avoisinantes brûlent… 

Extraits de l’ouvrage « les combats de Notre-Dame-de-Lorette » du capitaine J. Joubert aux éditions Payot.

« Dans la nuit du 9 au 10 une attaque allemande devance celle des Français. Sur le plateau de Lorette, ce sont les Français qui prennent l'initiative de l'action. Le 2e bataillon du 149e R.I. du capitaine Pretet qui avait relevé dans la soirée du 9 le 3e bataillon, s'empare pendant la nuit d'une tranchée ennemie, au nord de la chapelle, face au 20e B.C.P.. Par cette avance, nous nous trouvons à peine à 500 m de l'oratoire. Il disparait en partie dans la grisaille du brouillard, mais les lueurs d'incendie de grandes meules de paille qui brûlent à ses côtés accusent parfois les lignes de son contour. Quand la flamme, qui couve, tout à coup est plus vive, on voit non loin de là une pièce de 77 probablement endommagée, seule, sans servants, toute noire et sinistre, qui se cabre. Les hommes retournent les parapets, approfondissent les tranchées et consolident la position. Le lieutenant-colonel Escallon demande que des batteries d’artillerie s’installent sur le plateau et dans le bois de Bouvigny pour battre Carency et Ablain-Saint-Nazaire.

À midi, il peut écrire au colonel Cheminon :

« Nous sommes les maîtres incontestés de la crête de Notre-Dame-de-Lorette. Nos tranchées font le tour du plateau. La plus à l'est est à 200 mà l'ouest de la chapelle. La tranchée ennemie est à 100 m au-delà de la chapelle. Nous organisons avec le capitaine Vautravers du 12e régiment d'artillerie, un système pour la battre, je la ferai attaquer cette nuit... »

Les troupes qui tiennent alors le plateau sont réparties comme suit : le 2e bataillon du 149e R.I. dans les tranchées devant la chapelle, dans l’ordre : 5e et 8e compagnies face à l’est, 6e compagnie face à Ablain-Saint-Nazaire. À gauche, tenant le rebord nord du plateau, en équerre par rapport au 149e R.I., face à la chapelle, quatre compagnies du 2e bataillon du 17e R.I. qui ont relevé celles du 20e B.C.P.

À la lisière est du bois de Bouvigny, de gauche à droite, la 3e compagnie du 20e B.C.P. et le 1er bataillon du 149e R.I. ; à l’intérieur du bois, le 5e bataillon du 269e R.I. et le 3e bataillon du 149e R.I.. Deux batteries du groupe Vautravers du 12e R.A.C ont pris position à la lisière est.

Un épais brouillard qui a traîné toute la matinée n’a pas permis au canon de tirer. Mais dès que le temps s’est éclairci, les tranchées allemandes du plateau ont été prises à partie, et, dans la nuit, la compagnie Pétin du 149e R.I. a « sauté d’un coup de main hardi sur la chapelle » qu’elle a occupé avec une section. » 

                  Chapelle_de_Notre_Dame_de_Lorette 

11 octobre 1914

Un bataillon du 149e R.I. occupe les tranchées sur le plateau de Lorette, un autre est sur la lisière est du bois de Bouvigny. Le 1er bataillon du régiment se trouve du coté de Marqueffles. 

Extraits du livre « Lorette une bataille de 12 mois » d'Henri René aux éditions Perrin et cie.

« Aujourd’hui, reconnaissance. Le 2e bataillon a fait ses deux jours de service, il a eu la peine de creuser les premières tranchées dans un terrain très dur. Il avait d’ailleurs hérité de notre situation de fin de combat, ce qui n’est jamais très drôle : c’est à nous de reprendre nos places.

Les camarades ont bien travaillé pendant ces deux jours : au nord, le 1er bataillon a relevé les chasseurs et a commencé à construire des «guitounes» pour ses compagnies de réserve sur les pentes du plateau, vers Marqueffles, car, si on reste sur ce terrain, on en sera réduit à vivre sous terre comme les taupes ! Quant au 2e bataillon, dès 22 h 00, il a sauté d’un coup de main hardi sur la chapelle qu’il occupe maintenant avec une section ; et, la nuit dernière, il a relié ce poste avancé au coin sud de la haie par de petites tranchées de demi-sections, échelonnées en arrière et à droite.

Tout cela ne constitue pas une position très solide, mais il n’entre encore dans l’esprit de personne que nous soyons condamnés à « prendre position» : c’est un temps d’arrêt, nous semble-t-il, nécessité par les circonstances et pour permettre à la 1ère division d’exécuter sa manœuvre, dans la plaine usinière où nous la voyons évoluer à nos pieds, où ses canons tonnent sans arrêt, où ses bataillons doivent être en train de mordre violemment l’ennemi et de le rejeter au-delà des villes de Lens et de Liévin.

Bien des choses nous confirment dans cet espoir, et en particulier l’action de notre artillerie. Les deux batteries se sont en effet, le 10 au matin portées aussi en avant que possible. Celle du grand lieutenant a pris position, dans la pointe nord, sous le couvert des bois. De là, elle s’est mise à tirer très violemment tant sur l’est de la Chapelle, où l’ennemi travaille la terre, que sur les environs d’Ablain, où, à notre avis, les Allemands seraient fous de chercher à se maintenir, puisque nous les dominons complètement !

L’autre, celle du bois de la Haie, est arrivée ce matin et s’est installée à découvert, imparfaitement abritée des vues par la petite crête d’où avait débouché notre attaque. Il est vrai de dire qu’il lui en a coûté cher ! À peine eut-elle tiré quelques salves, que les « grosses marmites » vinrent au-devant d’elle, avec une rapidité, une précision, une sûreté qui resteront longtemps présentes à notre  mémoire : quatre coups courts, quatre coups longs, quatre coups au but …

 Nos pièces disparaissent dans un tourbillon de bruit assourdissant et de lourde fumée noire. Des terres, des débris de matériel et de membres humains sont projetés en l’air à une très grande hauteur… Lorsque ce chaos s’aplanit, on aperçoit, parmi les officiers ou servants qui se retirent étourdis, deux canons désemparés, faussés, gauchis, dont l’un est lamentablement couché sur le flanc, par suite de la pulvérisation d’une des roues, un caisson bouleversé et boiteux, un autre caisson qui « saute » par explosions saccadées et brutales.

Les corps d’une demi-douzaine de servants tués ou grièvement atteints gisent parmi les décombres, et quelques blessés s’éloignent horrifiés vers le poste de secours le plus proche…» 

Sources :

« Journal des marches et des opérations de la 85e brigade ». S.H.D de Vincennes. Réf : 26 N 20/10.

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

« Les combats de Notre-Dame-de-Lorette ». Capitaine J. Joubert, aux éditions Payot – 1939.

« Lorette, une bataille de douze mois ». Henri René, aux éditions Paris, Perrin et Cie – 1929. 

Pour en savoir plus :

« Journal des marches et des opérations du 20e B.C.P. ». S.H.D. Réf : 26 N 823/1.

« Journal des marches et des opérations du 17e R.I. ». S.H.D. Réf : 26 N 588/1.

« Journal des marches et des opérations du 269e R.I. ». S.H.D. Réf : 26 N 733/7.

« Journal des marches et des opérations du 12e R.A.C. ». S.H.D. Réf : 26 N 925/1. 

Un grand merci à M. Yassai, à A. Carobbi, à M. Porcher, à l’association « collectif Artois 1914-1915 » et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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