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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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27 novembre 2020

Paul Ernest Delasausse (1895-1967)

Paul Ernest Delasausse

 

Natif du département des Vosges, Paul Ernest Delasausse voit le jour le 17 décembre 1895 au Chanois, un hameau dépendant du village Le Syndicat.

 

Sa mère, Marie Naïse Félicie Laheurte, a 37 ans lorsqu’elle lui donne naissance. Son père, Louis, est un cultivateur âgé de 47 ans.

 

Paul est l’avant-dernier d’une fratrie composée de 4 garçons et de 3 filles nés entre 1886 et 1898. Deux d’entre eux n’ont pas survécu à leur 1ère année.

 

Les Delasausse quittent Le Syndicat pour aller s’installer à Vagney entre 1898 et 1901. L’écart de cinq ans qui sépare chaque recensement ne permet pas d’être plus précis à propos de la date de leur arrivée dans cette commune.

 

En 1903, Paul perd son père. Il a 7 ans. Sa mère, qui a été obligée de reprendre l’activité professionnelle de son époux pour subvenir au besoin des siens, vit toujours à Vagney en 1906 avec ses 5 enfants.

 

La famille Delasausse n’est plus inscrite dans le registre de Vagney pour le recensement de l’année 1911. Nous la retrouvons répertoriée dans celui de la commune de Gerbamont. Naïse y travaille comme fermière exploitante. Deux de ses enfants, Léon et Marie, œuvrent régulièrement pour elle en tant que journaliers.

 

Paul Delasausse quitte l’école communale en sachant lire, écrire et compter comme il est stipulé sur sa fiche matricule qui lui donne un degré d’instruction de niveau 3.

 

Il a probablement délaissé son pupitre d’écolier à plusieurs reprises au cours de sa scolarité pour épauler sa mère, ses frères et ses sœurs, lorsque les tâches agricoles nécessitaient une main-d'œuvre importante.

 

Trop jeune, Paul n’est pas concerné par l’ordre de mobilisation générale lorsque le 1er conflit mondial du XXe siècle débute en août 1914. Futur soldat de la classe 1915, il bénéficie encore d’un répit, mais celui-ci sera plus court que prévu. En effet, cette classe fut mobilisable dès le mois de décembre 1914, c'est-à-dire dix mois avant  l’heure d’appel du temps de paix.

 

Inscrit sous le n° 34 au canton de Saulxures-sur-Moselotte, la bonne constitution physique de Paul entraîne son classement dans la 1ère partie de la liste par le conseil de révision qui vient de le déclarer « bon pour le service armé ».

 

Sa feuille de route lui ordonne de se rendre à Rolampont. Quelques semaines après le début du conflit, le dépôt du 149e R.I., initialement implanté à Épinal, est venu s’installer dans cette commune de la Haute-Marne, après un bref passage à Jorquenay.

 

Une fois sa formation initiale achevée, Paul est déplacé dans la zone des armées. Il vient d’être affecté au 9e bataillon du régiment, une unité fraîchement créée depuis 30 avril 1915. Le soldat Delasausse quitte la 36e compagnie de ce bataillon pour être envoyé dans le régiment actif dès le 15 mai 1915.

 

Le 149e R.I. combat dans le Pas-de-Calais depuis la fin de l’année 1914. Cette unité occupe un secteur particulièrement difficile, partagé en alternance avec d’autres unités de la 43e D.I.. Le régiment spinalien vient de subir des pertes importantes au cours d’une attaque qui a eu lieu le 9 mai. Il lui faut rapidement reconstituer ses effectifs. Le soldat Delasausse est affecté à la 11e compagnie, très éprouvée au cours de cet engagement.

 

À partir de cet instant, Paul participe à toutes les actions menées par cette compagnie jusqu’au jour de sa blessure.

 

Il est nommé caporal le 23 juillet 1915 puis sergent le 16 mars 1916.

 

Paul Delasausse est blessé le 14 septembre 1916 dans le secteur de Soyécourt.

 

Pris en charge par l’ambulance divisionnaire n° 3, il est évacué vers l’arrière pour y subir des soins plus appropriés. Son temps passé en hospitalisation, en soin et en convalescence est inconnu.

 

Une fois rétabli, le sous-officier rejoint le dépôt du 149e R.I. qui l’envoie de nouveau dans la zone des armées, au 9e bataillon. Cette fois-ci, il est versé à la 12e compagnie à compter du 28 novembre 1916.

 

Le régiment vosgien est toujours engagé dans le département de la Somme.

 

 

Le carnet de comptabilité du 149e R.I., couvrant la période allant du 3e trimestre 1917 au 3e trimestre 1918, nous apprend que le sergent Delasausse sert dans la 7e compagnie du régiment. La date exacte de son arrivée dans cette compagnie n’est pas connue.

 

photographie de groupe 149e R

 

Il y a de fortes probabilités pour que le sergent Delasausse ait participé à la bataille de la Malmaison en octobre 1917  et à la bataille d’Arcy-Sainte-Restitue en mai 1918, avant d’être fait prisonnier le 30 juillet 1918, dans le secteur de Perthes-les-Hurlus.

 

 

Paul est, dans un premier temps, expédié en captivité dans l’Hesse, au camp de Limburg an der Lahn où il ne reste que quelques jours. Rapidement « trié », il est envoyé au camp de Stargard en Poméranie.

 

Camps de prisonniers où a été interné Ernest Delasausse

 

Rapatrié le 18 janvier 1919, il doit encore subir les épreuves administratives avant de prétendre à la démobilisation.

 

Le 2 avril 1919, Paul épouse Marie Eugénie Perrin, à Gerbamont. Ce couple aura 9 enfants. Un garçon et une fille décèdent avant de fêter leur 1er anniversaire. En 1936,  Marie Eugénie est décorée de la médaille de bronze de la famille française (publication J.O. du 11 août 1936). 

 

Ouvrier paysan, passionné de pêche à la truite, Paul travaille comme polisseur de granite. Il loue également une petite ferme pour améliorer l’ordinaire, d’abord au Chanois puis au moulin des Courbières et enfin aux Enjols à Zainvillers.

 

Lorsqu’il est l’heure de prendre la retraite, l’ancien sergent du 149e R.I. décide, en commun accord avec son épouse, de louer une modeste maison en bordure de voie ferrée à Zainvillers.

 

Paul Ernest Delasausse est décédé à Vagney le 21 septembre 1967. Il repose auprès de son épouse dans le cimetière de cette commune, dans une concession qui fut reprise par un de ses fils. Son nom n’apparaît plus sur la sépulture.

 

Le sergent Delasausse a été décoré de la croix de guerre. Les intitulés de sa ou de ses citations ne sont pas connus. Il fut également médaillé de la croix du combattant.

 

Pour connaître la généalogie de la famille Delasausse, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et acte de naissance du soldat Delasausse consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Les actes d’état civil de la famille Delasausse et les registres de recensement des communes de Le Syndicat, de Vagney et de Gerbamont ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Fiche de prisonnier du sergent Delasausse trouvée sur le site du Comité International de la Croix Rouge « prisonniers de la 1ère guerre mondiale ».

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1916 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

Les photographies proviennent de la collection familiale appartenant à L. Delassause.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à L. Delassause, à la famille descendant de Paul Delasausse, aux archives départementales des Vosges et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

13 novembre 2020

François Ulysse Fontaine (1885-1944)

François Ulysse Fontaine

 

Enfance et adolescence

 

Natif de la Saône-et-Loire, François Ulysse Fontaine voit le jour le 20 avril 1885 à Pourlans, un petit village peuplé de moins de 450 habitants. Ulysse est le second d’une fratrie de trois garçons.

 

À sa naissance, le père, Auguste, est âgé de 23 ans. La mère, Marie Louise Sibois, vient tout juste de fêter ses 22 ans. Ils sont tous les deux instituteurs.

 

La lecture des actes de naissances de leurs enfants nous apprend que Louise et Auguste changent assez régulièrement d’école pour exercer leur profession.

 

Genealogie famille Fontaine

 

Le degré d’instruction d’Ulysse n’est pas indiqué sur sa fiche matricule. Il est simplement formulé qu’il est étudiant. Cependant, deux indicateurs laissent supposer que son niveau d’instruction était supérieur à 3. Il a des parents enseignants, cela offre un accès au savoir qui pousse à faire des études au-delà de la scolarité obligatoire. Ses deux frères furent tous les deux bacheliers.

 

Premières années sous l’uniforme

 

Le 21 octobre 1903, François Ulysse Fontaine abandonne la vie civile. Après avoir obtenu l’autorisation paternelle, il se dirige à la mairie de Lons-le-Saunier pour contracter son 1er engagement volontaire. Il signe pour une durée de 3 ans.

 

C’est au 44e R.I., qui tient garnison à Lons-le-Saunier, qu’il choisit de débuter sa carrière militaire. Ulysse n’a pas encore fêté ses 19 ans lorsqu’il rejoint la caserne Michel le jour de la signature de son contrat.

 

Cet engagement volontaire lui permet accéder aux deux premiers grades de la hiérarchie militaire assez rapidement. Le jeune homme est nommé caporal le 15 mars 1904 puis sergent le 18 février 1905.

 

Ulysse ne s’est pas trompé sur son choix de carrière. Une année avant la fin de son engagement, il décide de s’enrôler à nouveau pour deux ans. Le 3 novembre 1905, le sergent Fontaine Saunier appose sa signature sur un second contrat qui prendra effet à partir du 21 octobre 1906. 

 

Caserne du 44e R

 

Le 2 février 1907, il assume les fonctions de sergent-fourrier. Ulysse troque son Lebel pour prendre la plume jusqu’au 21 décembre 1907. Il retrouve son poste de sergent de compagnie à partir de cette date.

 

Le 21 octobre 1908, le jeune sous-officier poursuit sa carrière de soldat en signant pour la troisième fois. Ce contrat de deux ans prend effet immédiatement.

 

Il se réengage pour une quatrième fois, à nouveau pour deux ans, le 17 septembre 1910, à compter du 21 octobre 1910. Ses supérieurs estiment qu’il est temps pour lui de se présenter au concours d’entrée de l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent. S’il veut devenir officier, il faut en passer par là.

 

Ulysse Fontaine intègre la 32e promotion de l’école dite promotion « Ney » le 1er octobre 1911. Le jour même, il est nommé aspirant. Ce grade intermédiaire lui est attribué pour une durée d’un an, le temps qu’il fasse ses études de cadre.

 

L’ancien sous-officier est promu sous-lieutenant aussitôt sa formation achevée. Il est affecté au 21e R.I. qui tient garnison à Langres.

 

Le 24 mars 1913, il épouse Marie Appoline Léa, domiciliée à Francheville, dans le département du Jura. Une fille naîtra de cette union.

 

Les premières années du conflit

 

Le sous-lieutenant Fontaine fait toujours partie des effectifs de la caserne Turenne lorsque débute le 1er conflit mondial en août 1914.

 

Caserne 21e R

 

L’absence d’organigramme dans le J.M.O. du 21e R.I. ne permet pas d’identifier le numéro de la compagnie dans laquelle il sert lorsque le régiment quitte le dépôt pour rejoindre la ligne de front.

 

Le responsable du régiment lui confie le commandement d’une de ses compagnies dès le mois d’août 1914. Ulysse Fontaine est nommé lieutenant à titre temporaire le 3 septembre, puis à titre définitif le 1er octobre.

 

À cette époque, le 21e R.I. combat en Artois, du côté de Notre-Dame-de-Lorette, une petite chapelle qui se trouve près d’Aix-Noulette.

 

Emplacement de la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette

 

Le 6 novembre 1914, il perd son frère cadet, Agathange, sous-lieutenant au 27e R.I., mortellement blessé par un éclat d’obus.

 

Ulysse Fontaine est à la tête de la 7e compagnie du 21e R.I. en mai 1915. Le 2 avril, il est blessé par un éclat de bombe qui s’incruste dans la cornée de son œil droit. Cette blessure provoque un abcès à l’intérieur de l’œil. D’autres petits éclats sont venus se figer au visage. C’est l’évacuation vers l’arrière.

 

Les informations recueillies dans les différents documents consultés ne permettent pas de reconstruite le vécu de  cet officier durant sa période de soins et de convalescence. La date de son retour dans la zone des armées reste également inconnue.

 

Ulysse Fontaine est promu au grade de capitaine à titre définitif le 3 septembre 1915. Vingt-trois jours plus tard, son frère aîné, Achille, capitaine au 44e R.I., est tué au nord de Saint-Hilaire-le-Grand.

 

Le 8 juillet 1916, il est détaché au centre d’instruction des élèves-chefs de section de la IVe armée, à Mourmelon-le-petit, pour y commander une compagnie.

 

Il rejoint le 9e bataillon du 150e R.I. le 26 septembre 1916 avant de retrouver son ancien régiment au début du mois de décembre 1916.

 

Le 23 juin 1917, sa charge de commandement augmente. Il est nommé capitaine adjudant-major du 1er bataillon du 21e R.I.. La formation devient nécessaire. Ulysse Fontaine est envoyé à Paris pour y suivre un enseignement sur les gaz du 3 au 8 août 1917.

 

Il participe ensuite à la bataille de La Malmaison qui se déroule entre le 23 et le 27 octobre 1917. Son engagement dans cette opération lui vaut une citation à l’ordre de la brigade.

 

L’année suivante, le capitaine Fontaine assiste aux cours des chefs de bataillon entre le 2 et le 27 février 1918.

 

Au 149e R.I.

 

Le 29 juin 1918, Ulysse est muté au 149e R.I.. Il conserve ses fonctions de capitaine adjudant-major au sein de cette unité. Le lieutenant-colonel Vivier lui confie le commandement par intérim de son 3e bataillon suite à une décision prise par le général Henri Gouraud, l’officier supérieur responsable de la IVe armée.

 

Le capitaine Fontaine est promu au grade de chef de bataillon à titre temporaire le 15 septembre 1918. Il commande maintenant le 3e bataillon de manière officielle. Cette promotion est pérennisée par la décision ministérielle du 23 septembre 1918 (J.O. du 30 septembre 1918).

 

Fin septembre 1918, le bataillon du commandant Fontaine participe à la bataille de Somme-Py avec l’ensemble du 149e R.I. au sein de la IVe armée. Début octobre le régiment poursuit le combat au sud d’Orfeuil.

 

Après l’armistice, le commandant Fontaine rédige une analyse détaillée de cet engagement ; cette analyse fut publiée dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921 sous le titre « Tactique appliquée de l’infanterie – Attaque d’une position fortifiée – Opérations du 149e régiment d’infanterie pendant les journées des 26, 27 et 28 septembre 1918 ».

 

Ulysse Fontaine est toujours à la tête de son bataillon lorsque l’armistice est signé.

 

Durant tout le conflit, cet homme fut noté comme étant un officier réfléchi, courageux, toujours égal à lui-même. Quel que soit le poste occupé, il a toujours été très apprécié par ses chefs et par ses subordonnés.

 

Les années d’après-guerre

 

Le commandant Fontaine est affecté au service des chemins de fer au début de l’année 1919.

 

Nommé commissaire militaire aux chemins de fer du réseau de l’est, il travaille à la gare de Belfort du 16 janvier 1919 au 15 mars 1919.

 

Gare de Belfort

 

Il poursuit cette tâche à la gare de Lyon-Perrache qui dépend du réseau P.L.M du 16 mars 1919 au 5 octobre 1919.

 

Le 6 octobre 1919, cet officier est mis en route, sur ordre de la commission militaire du réseau en date du 3 octobre 1919, pour rejoindre le 149e R.I..

 

Deux jours plus tard, Ulysse est inscrit au cadre complémentaire du régiment.

 

Le 7 novembre 1919, il retrouve ses anciennes fonctions en prenant le commandement du 2e bataillon. Une décision ministérielle du 23 novembre 1919. (J.O. du 10 décembre 1919) le maintient dans ce régiment.

 

Le 11 octobre 1921, il commande la 1ère compagnie. Le 1er janvier 1922, Ulysse repasse au cadre complémentaire.

 

Trois mois plus tard, le commandant Fontaine a sous ses ordres le 1er bataillon du régiment. Il est également susceptible d’être envoyé sur les théâtres d’opérations extérieurs dans un délai de trois mois (article 17 de l’instruction 2600-1/11 du 2 mars 1921 – J.O. du 1er avril 1922) ce qui ne fut pas le cas.

 

Ulysse Fontaine prend part aux exercices de cadres de division au camp du Valdahon, entre le 7 septembre et le 15 septembre 1922.

 

Il fait partie des effectifs de l’armée du Rhin au début de l’année 1923. Cette année-là, il tombe grièvement malade. Le commandant Fontaine est évacué à l’hôpital militaire de Nancy pour une longue période. Son hospitalisation dure du 5 mars au 26 juin 1923. Ayant besoin de beaucoup de repos, il bénéficie d’un congé de convalescence de 90 jours couvrant la période allant du 27 juin au 24 septembre 1923. Il passe cette période entièrement chez lui, à Saint-Martin-en-Bresse. Suite à cette longue pause forcée, il retourne à l’hôpital de Nancy le 26 septembre. Les médecins le renvoient en congé de convalescence pour une durée d’un mois à compter du 6 octobre 1923.

 

Le 15 novembre 1923, le 149e R.I. est dissous. Le commandant Fontaine apprend son affectation au 17e régiment de tirailleurs d’Épinal. Il occupe les fonctions de major à compter du 1er janvier 1924 (décision ministérielle du 8 décembre 1923 - J.O. du 10 décembre 1923).

 

La commission de réforme d’Épinal, réunie le 11 février 1925, le rend inapte au T.O.E. pour une durée d’un an. Le commandant Fontaine est rayé des contrôles du 17e régiment de tirailleurs le jour même.

 

Il est désigné comme stagiaire candidat au recrutement pour une éventuelle prise de commandement du bureau d’Épinal, en exécution de la décision ministérielle prise le 4 mai 1925.

 

Il prend officiellement la direction de ce bureau suite à la décision ministérielle du 21 septembre 1925 (J.O. du 25 septembre 1925).

 

Ulysse Fontaine est nommé au grade de chef de bataillon (choix) par décret du 24 septembre 1930. Cette nomination prend effet à partir de cette date. Le commandant Fontaine est maintenu au bureau de recrutement d’Épinal. (J.O. du 25 septembre 1930).

 

Passé dans la section hors cadre d’infanterie (recrutement par décision ministérielle du 31 juillet 1931 et par application de l’article 5 de la loi du 4 juillet 1931) il peut toujours conserver son poste (J.O. du 1er août 1931).

 

La commission de réforme de Nancy du 2 février 1932 le propose pour une pension temporaire de 50 % avec un maintien en activité, pour l’infection contractée durant la guerre ; cette infection avait entraîné sa longue hospitalisation quelques années après la fin des hostilités franco-allemandes.

 

Ulysse Fontaine est maintenu en service par la D.M. n° 2671-2/12 du 19 mars 1932 qui valide la proposition de la commission de réforme.

 

L’année suivante, la commission de réforme de Nancy du 27 novembre 1933 le propose à nouveau pour une pension temporaire de 50 % avec maintien en activité pour séquelles d’épithélioma vésiculaire, fistule hypogastrique, pyurie intermittente et lithiase rénale droite. Son état général est jugé satisfaisant.

 

Le 1er mai 1937, il est affecté au 4e bureau de recrutement de la Seine.

 

Le commandant Fontaine est promu lieutenant-colonel par décret du 22 décembre 1937. Cette promotion prend effet à partir du 25 décembre 1937. (J.O. du 25/12/1937).

 

Calme, méthodique il est toujours très bien noté par ses supérieurs.

 

Nouvelle rencontre avec les Allemands

 

Lorsque les premiers engagements du second conflit mondial débutent en mai 1940, le lieutenant-colonel Fontaine est toujours responsable du 4e bureau du service de recrutement de la Seine. Très vite, il reçoit l’ordre de se replier.

 

Il doit se rendre à Royan, en Charente-Inférieure. Le 15 juin 1940 au matin, son personnel et ses archives arrivent par voie ferroviaire.

 

La progression ennemie est rapide. Les Allemands pénètrent dans Royan après la signature de l’armistice, mais avant l’expiration des six heures postérieures à la signature de l’armistice avec l’Italie. Tous les militaires stationnés à Royan furent considérés comme des prisonniers de guerre.

 

Les trois premiers jours de l’occupation, ils purent continuer de stationner dans leurs cantonnements.

 

Le 28 juin 1940, tous les militaires français évacuent Royan par train en direction de Surgères pour être installés dans un camp de réfugiés civils qui fut évacué pour leur faire place. Le 30 juin, les officiers sont séparés de la troupe. Ils sont envoyés dans un autre camp civil à Saint-Jean-d’Angély.

 

Le commandant Fontaine, qui était resté avec son personnel malgré ses problèmes de santé, ne peut plus bénéficier de soins. Sa fistule hypogastrique nécessite un drainage urinaire avec traitement quotidien qui doit être réalisé par une tierce personne. Le médecin qui était affecté au 4e bureau a pu assurer ces soins jusqu’au 30 juin, mais ce ne fut plus possible après cette date. Le camp de Saint-Jean-d’Angély ne disposait pas de service mécical et encore moins de matériel pour le soigner correctement.

 

N’ayant plus d’hommes à charge, le devoir ne lui imposait plus de sacrifier sa santé. Accompagné du médecin, il se présente devant le commandant du camp pour lui expliquer sa situation. Les pourparlers sont difficiles, mais l’officier allemand finit par accepter de l’accompagner en voiture à Angoulême pour qu’il puisse être hospitalisé. Se ravisant en cours de route, l’officier allemand lui propose de le faire conduire jusqu’au poste avancé de la ligne de démarcation en avant de la Rochefoucauld-en-Angoumois. Un sous-officier et un soldat allemands armés reçoivent l’ordre de l’accompagner en voiture jusqu’au poste français de Fontafie qui est tenu par le 147e R.I..

 

Le 1er juillet 1940, le colonel de ce régiment le fait conduire à l’E.M. de la division. De là, le commandant Fontaine est dirigé au siège du 1er corps d’armée, à Thiviers, puis envoyé sur la 12e région à Limoges pour y subir les soins adaptés à sa pathologie.

 

Le 14 juillet, Ulysse Fontaine est affecté au bureau de recrutement de Limoges (télégramme ministériel 15154 P/1notifié par la 12e région le 14 juillet 1940 sous  le n° 736/ CH1).

 

Le commandant Fontaine est nommé au grade de colonel le 25 juin 1940. À partir du 18 octobre 1940, il bénéficie de plusieurs congés d’armistice qui le mènent doucement vers la retraite en alternant travail et repos.

 

Atteint par la limite d’âge le 20 avril 1940, le colonel Fontaine est rayé des contrôles de l’activité le jour même. Il se retire à Saint-Martin-de-Bresse où il termine sa vie. Le 8 janvier1944, François Ulysse Fontaine décède à l’âge de 58 ans.

 

Il est enterré dans un caveau familial au cimetière de Saint-Martin-de-Bresse, avec son épouse et ses parents.

 

Decorations Ulysse Fontaine

 

Décorations obtenues :

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 22 mai 1915 :

 

« Le 11 mai 1915, s’est brillamment emparé d’une tranchée allemande, violemment contre attaqué dans la nuit suivante, a tenu tête pendant trois heures à des forces supérieures. Officier déjà cité à l’ordre de la division. A toujours eu une brillante conduite dans les combats antérieurs ».

 

Cette nomination comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Officier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920. (J.O. du 4 octobre 1920). Inscrit au tableau spécial par arrêté ministériel du 2 octobre 1920.

 

Croix de guerre avec deux palmes, trois étoiles d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre de la 13e D.I. le 12 avril 1915 :

 

« Lieutenant commandant la 7e compagnie. Excellent officier qui commande une compagnie depuis le 24 août. A fait preuve de décisions, d’énergie et d’une grande bravoure dans plusieurs situations délicates. Le 3 avril 1915 a été projeté contre le sol par l’éclatement d’une bombe et a perdu connaissance. Réanimé au bout de quelques instants, a aussitôt repris le commandement de sa compagnie et l’a conservé jusqu’à la fin du bombardement. » 

 

Citation à l’ordre de la brigade le 29 décembre 1917 :

 

« Adjudant-major au 1er bataillon, a brillamment secondé son chef de bataillon pendant toute l’opération du 23 au 27 octobre 1917 et a contribué, pour une très large part, à l’organisation du village de Vaudesson. A fait preuve, une fois de plus, de courage, d’intelligence et de sang-froid. »

 

Citation à l’ordre de l’I.D. 13 n° 84 en date du 3 juillet 1918 :

 

« Auxiliaire très précieux pour son chef de bataillon. Du 27 au 30 mai 1918, a fourni d’intéressants renseignements en exécutant personnellement plusieurs reconnaissances dans des circonstances particulièrement dangereuses et délicates.»

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 356 en date du 5 août 1918 :

 

« Ayant pris le commandement d’un bataillon quelques jours avant l’attaque du 15 juillet 1918, s’est dépensé sans compter pour mener à bien l’organisation et la position qui lui était confiée. Par son activité et par l’habileté des dispositions prises a puissamment contribué à maintenir intégralement nos positions. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1551 en date du 24 décembre 1918 :

 

« A montré au cours des attaques du 26 septembre les plus brillantes qualités militaires, entraînant son bataillon à l’assaut des organisations les plus puissantes, capturant de nombreux prisonniers et un important matériel, a réussi, par son énergie, son calme, et son sang-froid, à maintenir sa troupe en parfait état, continuant les attaques sans arrêt, imposant sa volonté à l’ennemi et repoussant les contre-attaques. »

 

Autres décorations :

 

Officier de l’ordre de l’Étoile noire (décret du 11 décembre 1932) (B.O.P.S.P. n° 18 du 1er mai 1933 page 469)

 

Médaille commémorative de la Grande-Guerre.

 

Médaille interalliée de la victoire.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Les fiches signalétiques et des services et les différents actes d’état civil concernant les frères Fontaine ont été consultés sur les sites des archives départementales de l’Ain et de la Saône-et-Loire.

 

J.M.O. du 21e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 593/1.

 

Le commandant Fontaine possède un dossier individuel sur le site la Base Léonore. Pour en prendre connaissance, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site base Leonore

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à  M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

30 octobre 2020

Marius Bonaventure Ferruit (1883-1917)

Marius Bonaventure Ferruit

 

Marius Bonaventure Ferruit est né dans le 5e arrondissement lyonnais le 31 août 1883.

 

Son père, Joseph Jean, est âgé de 29 ans. Il travaille comme restaurateur au n° 8 de la rue de la Bombarde. Sa mère, Léopoldine Antoinette, a 27 ans. Elle n’exerce pas de profession lorsqu’elle met au monde Marius.

 

Joseph Jean et Léopoldine Antoinette ont donné vie à 4 garçons. En 1887, la famille vit à Villefranche-sur-Saône. Le père est devenu facteur. La mère a trouvé un travail de lingère après la naissance de son deuxième enfant. Les Ferruit s’installent ensuite à Arnas, une petite commune située à moins de cinq kilomètres de Villefranche-sur-Saône, au nord-ouest.

 

 

La fiche matricule de Marius Ferruit indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter.

 

En bonne condition physique, ce futur soldat de la classe 1903 a été déclaré « bon pour le service armé » par le médecin militaire du conseil de révision.

 

Marius est dirigé sur le 149e R.I. qui tient garnison à Épinal. Le jeune homme se présente à la caserne Courcy le 15 novembre 1904.

 

Remarqué pour sa qualité d’écriture et sa maîtrise parfaite de l’orthographe, il occupe, à partir du 19 septembre 1906, le poste de secrétaire auprès du major.

 

Marius Ferruit est envoyé en disponibilité le 12 juillet 1907 avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

L’année suivante, il épouse Louise Crozier, une Caladoise, avec qui il aura une fille. Ce « chef de famille » travaille comme employé de commerce.

 

Des soucis de santé l’amènent devant la commission de réforme d’Épinal qui s’est réunie le 6 octobre 1910. Cette commission valide une atrophie de la jambe gauche. Les origines de cette pathologie ne sont pas connues. A-t-elle été constatée au cours d’une de ses périodes d’exercices obligatoires lorsqu’il est retourné au 149e R.I. ? Il est difficile de répondre à cette question.

 

Le 22 octobre 1910, le général commandant le département du Rhône prend la décision de le faire passer dans le service auxiliaire.

 

En septembre 1911, Marius, Louise et la petite Marie Josephe habitent un logement de la rue de Belleville à Villefranche-sur-Saône.

 

Août 1914, une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de débuter. Marius n’est pas directement concerné par la mobilisation du fait de son statut de « service auxiliaire ». Le 5 novembre 1914, il est tout de même contraint de se présenter devant la commission spéciale de réforme du Rhône qui le reconnaît « apte au service armé ».

 

Marius Ferruit gagne le dépôt du 149e R.I. le 9 novembre 1914.

 

Il est pratiquement impossible de savoir ce qu’a vécu cet homme durant son parcours de guerre. Le contenu de sa fiche signalétique et des services n’est pas assez explicite pour tenter de faire une reconstitution fiable de son histoire de combattant. Nous savons simplement qu’il a été nommé caporal le 29 octobre 1915, puis sergent le 16 mars 1916.

 

A-t-il participé à l’ensemble des combats impliquant le 149e R.I. entre la date de son arrivée au régiment actif et la date fatidique de sa mort survenue en octobre 1917 ? A-t-il toujours été inscrit dans les effectifs de la 10e compagnie, l’unité dans laquelle il servait le jour où il fut tué ? A-t-il été blessé ? Combien de fois ? A-t-il eu la possibilité de poursuivre des formations ? Combien de fois a-t-il pu partir en permission ? Toutes ces questions restent sans réponse.

 

Le cliché suivant a été réalisé le 10 avril 1917. L’identification du sergent Ferruit a été rendue possible grâce à l’ouvrage réalisé par Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». La même photographie figure à la page 179 de ce livre. Tous les noms de ces sous-officiers qui appartiennent à la 10e compagnie du 149e R.I. sont inscrits à la droite du cliché.

 

La 10e compagnie du 149e R

 

La bataille de la Malmaison commence le 23 octobre 1917. Durant la 2e phase de l’opération, la 10e compagnie est engagée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon après avoir été en soutien durant la 1ère phase.

 

Ce jour-là, le sergent Ferruit trouve la mort en même temps que l’aumônier Galloudec, les sous-lieutenants Dupuy-Gardel et Monnoury et le caporal-fourrier Roux ; ils décèdent lors de l’explosion d’un obus qui a éclaté à proximité du groupe.

 

Le sergent Alfred Marquand raconte :

 

« En détournant mon regard horrifié du funeste tableau, mes yeux heurtent une large éclaboussure à mi-hauteur d’un énorme tronc en retrait ; des débris blanchâtres sont plaqués dans des interstices et quelques entrailles, encore reliées à un morceau de cuisse, retombent en guirlande du sommet du fût cassé. La salive remonte dans ma gorge et je reprends mon chemin pour ne plus voir… J’ai su depuis que le sergent Ferruit avait été littéralement écartelé là. »

 

Pour en apprendre davantage sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Attaque du 149e R

 

Ce qui restait du sergent Ferruit, fut mis en terre par le groupe de brancardiers de la 43e D.I.. Un relevé effectué par l’abbé Henry permet de savoir qu’il a été enterré au cimetière de la route de Maubeuge, à Bascule, au nord de la ferme de la Malmaison.

 

Actuellement, il n’existe pas de sépulture militaire individuelle qui porte son nom. Est-ce que le corps disloqué de cet homme a été rendu à la famille dans les années 20 ? Est-ce qu’il repose dans un des ossuaires de Vauxbuin ? Là encore, il est difficile de savoir.

 

Le sergent Ferruit a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent. Le contenu de la citation qui accompagne cette médaille ne figure pas sur sa fiche matricule.

 

L’acte de décès de Marius a été transcrit à la mairie de Villefranche-sur-Saône le 22 février 1922.

 

Le nom de cet homme est gravé en dessous de celui de son frère Léopold (1887-1918), sur le monument aux morts de la ville de Villefranche-sur-Saône.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Ferruit, les actes d’états civils concernant sa famille, les registres de recensements des années 1901, 1906 et 1911 de la commune d’Arnas et celui de l’année 1911 de la ville de Villefranche-sur-Saône ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 octobre 2020

Paul Emmanuel Marcel Roux (1894-1917)

Paul Emmanuel Marcel Roux

 

Paul Emmanuel Marcel Roux naît le 14 juillet 1894 à Annonay, un village ardéchois où vivent ses grands-parents paternels.

 

Le père, Alexandre Pierre, est âgé de 36 ans. Il est employé supérieur au crédit lyonnais de Garenne-Colombes. La mère, Marie Mélanie Sorlin, qui a le même âge que son époux, éduque déjà deux garçons.

 

Après plusieurs changements de domicile liés à la carrière du père, les Roux finissent par s’installer définitivement à Lyon.

 

Marie Mélanie décède en 1896. Simon, Jean et Marcel sont alors respectivement âgés de 9, 5 et 2 ans.

 

Genealogie famille Roux

 

La fiche signalétique et des services de Marcel Roux indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait, lire écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Tout comme son père et ses frères, il rejoint le monde du commerce des finances et des titres, en travaillant comme employé de banque.

 

En 1911, Marcel vit avec son frère Jean et son père, qui ne s’est pas remarié, dans un appartement de la rue du Bât-d’Argent. Cette année-là, la famille Roux perd un autre de ses membres. Simon, le frère aîné, décède le 23 janvier à l’âge de 23 ans.

 

Le 1er août 1914, la France mobilise ses réservistes. Un nouveau conflit contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Les classes en âge de porter l’uniforme sont toutes rappelées à leurs dépôts d’affectation. Les classes 1912 et 1913 sont déjà dans les casernes en train d’effectuer leurs obligations militaires. C’est le cas de Jean qui est sergent au 133e R.I..

 

Marcel est un futur appelé de la classe 1914. Il vient tout juste d’être déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision. Le jeune homme espère conserver son emploi à la banque au moins jusqu’en octobre, période qui correspond à l’incorporation de sa classe. Mais ce n’est pas comme cela que les évènements vont se dérouler.

 

Marcel Roux reçoit sa feuille de route dans les tout derniers jours du mois d’août. Celle-ci lui demande de rejoindre Montélimar pour y intégrer une compagnie du 52e R.I..

 

Marcel arrive à la caserne Saint-Martin le 6 septembre 1914. Sa formation accélérée de fantassin débute aussitôt. Si une partie de sa classe part dès novembre et décembre, lui reste. A-t-il rencontré des difficultés dans l’instruction ? A-t-il été malade ? A-t-il été affecté à l’instruction de la classe 1915 ? Aucun document ne nous le dit.

 

Le soldat Roux est envoyé au bataillon de marche du 17e R.I. le 3 février 1915 où il achève son instruction. Le 12 mars, il est muté à la 10e compagnie du 149e R.I.. Avec cette compagnie, il participe aux combats de Verdun. Marcel Roux est nommé caporal le 1er avril 1916.

 

Le 149e R.I. quitte la région de Verdun à la mi-avril 1916. Après une brève période de repos, le régiment prend la direction de la Champagne pour venir s’installer dans un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil.

 

Marcel est doué pour manier les chiffres. Cette compétence, liée à son ancienne profession, entraîne sa nomination aux fonctions de caporal fourrier à partir du 19 mai 1916.

 

Devenu agent de liaison, il part combattre dans la Somme. Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Soyécourt. 

 

L’année suivante, le régiment spinalien occupe plusieurs secteurs proches du chemin des Dames. Les zones investies sont plutôt calmes. Cette unité ne participera pas à une grande offensive avant la 2e décade du mois d’octobre 1917.

 

La photographie suivante a été réalisée le 10 avril 1917. L’identification de Marcel a été rendue possible grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». Le même cliché figure à la page 179 de l’ouvrage. Les noms de ces sous-officiers qui appartiennent tous à la 10e compagnie du 149e R.I. sont inscrits à la droite de la photographie.

 

Marcel Roux porte un brassard de deuil au bras gauche en mémoire de son père qui est décédé en septembre 1916.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie

 

La bataille de la Malmaison débute le 23 octobre 1917. La 10e compagnie, avec le reste du 3e bataillon, est engagée en tête d’attaque durant la 2e phase de l’opération après avoir été en soutien durant la 1ère phase.

 

Pour en apprendre davantage sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 23 octobre 1917 1er objectif

 

L’opération, qui fut minutieusement préparée durant plusieurs semaines, est un véritable succès malgré les pertes élevées en officiers et en hommes de troupe.

 

Le caporal-fourrier Roux fait partie des victimes. Il a été tué en même temps que l’aumônier Galloudec, les sous-lieutenants Monnoury et Dupuy-Gardel et le sergent Ferruit, suite à l’explosion d’un obus qui a éclaté à proximité du groupe.

 

Le sergent Alfred Marquand témoigne :

 

« Morand me conte l’odyssée de la compagnie depuis mon départ à la route de Maubeuge. Tout à bien marché jusqu’au bois, les vides étaient peu nombreux. La marche en avant dans les fourrés s’effectuait régulièrement lorsque nos 155 ont brusquement raccourci leur tir malgré les fusées à 6 feux. Et l’inévitable catastrophe est arrivée… Deux lieutenants, l’aumônier, Ferruit et le caporal-fourrier Roux y ont laissé la vie… »

 

Le caporal fourrier Roux est enterré dans le cimetière militaire de Condé-sur-Aisne par le groupe de brancardiers de la 43e D.I.. Sa tombe porte le n° 277.

 

Le corps de cet homme fut restitué à la famille dans les années vingt. Marcel Roux repose actuellement avec ses grands-parents paternels, ses parents, ses frères et quelques autres membres de la famille dans le cimetière communal d’Annonay.

 

Sepultures famille Roux

 

Décoration  obtenue :

 

Croix de guerre avec étoile de vermeil et étoile de bronze

 

Citation à l’ordre du régiment n°25 en date du 26/09/1916.

 

« D’une grande bravoure et d’un dévouement à toute épreuve lors des attaques du 4  septembre 1916, étant agent de liaison auprès du chef de bataillon, a rempli sa mission sous un violent bombardement et tirs de mitrailleuses permettant ainsi à son commandant  de compagnie de recevoir tous les ordres du bataillon. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 175 du 8 novembre 1917.

 

« Chef de liaison de sa compagnie qu’il a entraîné à l’attaque dans les circonstances les plus périlleuses où il a trouvé la mort. Déjà cité pour sa belle conduite  au feu. Blessé une fois au cours de la campagne. »

 

Marcel Roux ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les fiches signalétiques et des services du caporal-fourrier Marcel Roux et du sergent Jean Roux ont été visionnées sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Les actes d’état civil de la famille Roux et les registres de recensement de la ville de Lyon ont été consultés sur le site des archives municipales de Lyon et sur celui des archives départementales du Rhône.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

La photographie de la sépulture de la famille Roux a été trouvée sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales du Rhône et aux archives municipales de Lyon.

2 octobre 2020

Ismaël Marie Augustin Sourdon (1884-1915)

Ismael Marie Augustin Sourdon

 

Originaire du Vaucluse, Ismaël Marie Augustin Sourdon voit le jour le 15 novembre 1884 à Loriol.

 

Son père, Augustin Henri, a 32 ans. Ancien cultivateur, il travaille comme jardinier au château du village. Sa mère, Marie Louise Bourgeaud, est âgée de 24 ans. Ex-modiste, elle n’exerce plus de profession depuis que le couple est venu s’installer dans la propriété de madame de Lantiany.

 

La famille s’agrandit avec l’arrivée de la petite Fernande en 1887.

 

En 1891, les Sourdon vivent à Saint-Didier. Le père est devenu cocher. 

 

En 1901, Augustin Henri renoue avec son premier métier. Il est employé comme journalier par Étienne François Blauvac, un cultivateur local propriétaire de ses terres.

 

Ismaël termine sa scolarité avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il intègre le monde du travail.

 

Avec le temps, son père a fini par créer sa propre société de voiturier. Ismaël est salarié de la petite entreprise en 1906. Cette année-là, Marie Louise, qui a repris un emploi de repasseuse à son compte, donne vie à une seconde fille prénommée Julie.

 

Genealogie famille Sourdon

 

La santé d’Ismaël Sourdon est assez fragile. Il est ajourné pour faiblesse lorsqu’il se présente devant le conseil de révision pour la première fois en 1905. L’année suivante, il bénéficie d’un diagnostic identique.

 

En 1907, il est classé dans les services auxiliaires, toujours pour les mêmes raisons. Sa fiche matricule ne donne aucune indication sur une éventuelle formation militaire à cette époque. Elle nous dit simplement qu’Ismaël est passé dans la réserve de l’armée active le 1er octobre 1908.

 

Ismaël n’est pas concerné par les évènements de la mobilisation générale lorsque le 1er conflit mondial du XXe siècle débute en août 1914. Cependant, il a obligation de se présenter devant la commission de réforme d’Avignon le 30 octobre. Cette fois-ci, la médecine militaire est bien moins regardante concernant ses problèmes de santé. L’hécatombe des premières semaines du conflit oblige l’armée à faire un « recrutement large ». Il faut alimenter les dépôts régimentaires avec tout ce qui est disponible. Dans ce contexte, Ismaël Sourdon est classé dans le service armé.

 

Sa connaissance des chevaux entraîne son affectation au 2e régiment de dragons, une unité qui est logée dans des bâtiments lyonnais. Ismaël arrive à la caserne de la Part-Dieu le 1er décembre 1914. Handicapé par une hernie, il doit vite renoncer à ce régiment. Ses supérieurs le présentent pour un changement d’armes. Une commission réunie le 9 février 1915 l’envoie à l’infanterie. Le 26, l’ancien cavalier rejoint le dépôt du 158e R.I..

 

Le 21 juin 1915, nouvelle affectation ; le soldat Sourdon est muté au 149e R.I., le régiment frère de brigade du 158e R.I..

 

Ismaël intègre la 2e compagnie lorsqu’il rejoint son régiment qui combat en Artois depuis la fin du mois de décembre 1914.

 

Le 25 septembre 1915, le régiment spinalien participe à une importante attaque qui implique la totalité de la 43e D.I.. Les hommes du général Lombard reçoivent l’ordre de prendre le bois en Hache, une tâche ardue qui occasionnera de lourdes pertes. Le 149e R.I. est désigné comme réserve de division.

 

Le lendemain, les 2e et 3e bataillons passent à l’offensive. Le 1er bataillon reste en réserve.

 

Le 27 septembre 1915, la 2e compagnie, sous les ordres du capitaine Toussaint, rejoint le 3e bataillon du régiment en 1ère ligne. Ce jour-là, Ismaël est blessé.

 

Le soldat Sourdon est évacué à l’ambulance 4 du 13e corps qui est installée à Barlin. Il est impossible de le sauver. Ismaël décède le jour même.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

journee du 27 septembre 1915

 

Son acte de décès officiel est transcrit à la mairie de Saint-Didier le 23 novembre 1915.

 

Le corps de ce soldat fut probablement rendu à sa famille dans les années 1920.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Saint-Didier.

 

Ismaël Marie Augustin Sourdon ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du soldat Sourdon, les actes d’états civils concernant sa famille ainsi que les registres de recensements des années 1891, 1896, 1901, 1906 et 1911 de la commune de Saint-Didier ont été consultés sur le site des archives départementales du Vaucluse.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

La photographie qui représente Ismaël Sourdon provient du site « Mémorialgenweb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.M. Laurent, aux archives départementales du Vaucluse, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et au S.H.D. de Vincennes.

18 septembre 2020

Barthélémy Joseph Géhin (1883-1974)

Barthelemy Joseph Gehin

 

Barthélémy Joseph Géhin naît le 12 janvier 1883, au Rupt de Bâmont, un hameau rattaché à la commune vosgienne de Saulxures-sur-Moselotte.

 

Sa mère, Marie Delphine Vanson, a 29 ans lorsqu’elle lui donne la vie. Son père, Désiré, est âgé de 34 ans. Delphine et Désiré sont tous deux cultivateurs.

 

Barthélémy est le second enfant d’une fratrie composée de 3 filles et de 2 garçons nés entre 1880 et 1897.

 

Rupt de Bamont

 

Il quitte l’école communale en maîtrisant l’arithmétique, la lecture et l’écriture. L’adolescent a la possibilité de poursuivre ses études durant une année supplémentaire en fréquentant le cours complémentaire, ce qui est rare pour un fils de paysans. Durant cette période, il acquiert quelques rudiments de la langue allemande.

 

Une fois sa scolarité achevée, Barthélémy rejoint le monde du travail pour exercer la même activité professionnelle que ses parents.

 

Plusieurs années de moissons et de récoltes s’écoulent avant que ce jeune vosgien doive penser aux obligations militaires. Son métier, aux tâches rudes, a fait de lui un homme solide.

 

Barthélémy est donc en très bonne condition physique lorsqu’il se présente devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Saulxures. Sans aucune surprise, il est déclaré « bon pour le service actif » par le médecin militaire qui l’examine. Le futur conscrit est inscrit dans la 1ère partie de la liste de l’année 1904.

 

Le 1er novembre 1904, Barthélémy doit rejoindre le 21e R.I. qui tient garnison à Langres, mais ce n’est que quinze jours plus tard qu’il se présente à la caserne Turenne. La raison de ce retard n’est pas connue.

 

Son niveau scolaire lui permet de suivre les cours dispensés au peloton des élèves caporaux. Il obtient ce grade le 24 septembre 1905.

 

Barthélémy retourne à la vie civile le 11 juillet 1907 avec son certificat de bonne conduite accordé. Le caporal Géhin est rayé des contrôles du corps le 1er octobre 1907.

 

Il se marie le 2 mai 1908 à Cornimont avec Marie Léocadie Irma Jeangeorges. Le couple s’installe à Gerbamont. C’est dans cette commune que naîtront leurs 6 enfants.

 

Barthélémy est d’une grande habileté avec ses mains. Il fabrique lui-même le mobilier indispensable au foyer, lits, tables, armoires, rien ne lui fait peur.

 

Il confectionne également des râteaux et des sabots pour l’usage familial et de manière occasionnelle pour la vente, et cela, jusqu’à la fin de sa vie.

 

En 1910, le caporal Géhin est rappelé par le devoir militaire. Il est obligé de réintégrer la caserne Turenne pour effectuer sa 1ère période d’exercices qui a lieu du 29 novembre au 21 décembre.

 

L’année de ses 30 ans, ce père de deux enfants, devenu réserviste au 349e R.I., réalise sa 2e période d’exercices à Épinal du 14 au 30 mai 1913. Lorsqu’il laisse son uniforme à l’habillement, il pense probablement qu’il va être tranquille de ce côté-là pour un bon bout de temps, ne s’imaginant pas un seul instant que le monde va basculer dans une guerre mondiale dès l’année suivante.

 

L’ordre de mobilisation générale est décrété le 1er août 1914. Barthélémy doit être à son régiment le lendemain. Il laisse derrière lui son épouse avec ses trois enfants en bas âge. Il apprend qu’il est affecté au 149e R.I. dès son arrivée à la caserne Courcy.

 

Le caporal Géhin reste plusieurs mois au dépôt du régiment qui est venu s’installer à Rolampont après avoir fait un bref passage à Jorquenay. Il est chargé de former les nouvelles recrues.

 

Sa fiche matricule indique qu’il arrive dans la zone des armées le 8 novembre 1914.

 

Il a probablement quitté le dépôt du 149e R.I. le 3 novembre avec un renfort composé de 360 hommes, sous l’autorité du capitaine Retout. Ce dernier a pris la direction de la Belgique, où son régiment est engagé. Une fois sur place, Barthélémy est affecté à la 9e compagnie.

 

À partir de ce moment, il participe à tous les combats dans lesquels sa compagnie est impliquée.

 

Le 3 mars 1915, les Allemands lancent une vaste offensive-surprise sur les positions occupées par le 149e R.I., dans le secteur de Lorette. La 9e compagnie, qui est sous les ordres du capitaine Baril, est en 1ère ligne. Les pertes sont sévères. Barthélémy sort indemne de cette attaque qui fut probablement sa première véritable « expérience » de combat de grande ampleur.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

À la mi-juin 1915, le 149e R.I. participe à des combats très violents dans le secteur du fond de Buval. C’est au cours de l’un d’entre eux que le caporal Géhin est grièvement blessé. Le 16 juin, il est touché au bras, à un doigt et au genou par deux éclats d’obus. Un 3e éclat est venu briser une grenade qui se trouvait dans une des poches de son pantalon sans que celle-ci explose. Ce jour-là, la chance a vraiment été avec lui !

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Le caporal Géhin est transféré à l'hôpital n° 34 de Rambouillet. Le 11 octobre 1915, Barthélémy poursuit sa prise en charge médicale à l’hôpital de Paramé (couvent de Notre Dame des Chênes) à Saint-Malo.

 

Fin décembre 1915, son état de santé s’aggrave. La fièvre monte, son pied s’infecte. L’infirmière en chef prévient la famille. Léocadie, son épouse, arrive à Saint-Malo le 7 janvier 1916 ; elle n’en  repartira que le 20.

 

Les médecins font tout pour sauver la jambe de Barthélémy, sans succès. Le 24 janvier 1916, il finit par passer entre les mains du chirurgien pour être amputé.

 

Durant son séjour à Paramé, une infirmière religieuse lui apprend à tricoter des chaussettes avec quatre aiguilles. Il en confectionne plusieurs pour ses enfants.

 

En avril 1916, Barthélémy est équipé d'une prothèse de jambe à l'hôpital n° 83 de Rennes.

 

Il obtient le statut de réformé n° 1 avec attribution d’une pension définitive à 85 % ; ceci fait suite à une décision prise par la commission de réforme de la préfecture d’Ille-et-Vilaine dans sa séance du 3 juin 1916 pour :

 

-  amputation de la cuisse droite au 1/3 inférieur.

 

-  raccourcissement de 3 cm de l’index gauche avec limitation de la flexion et limitation de la pronation.

 

Dégagé de toutes obligations militaires, il est renvoyé dans ses foyers et rayé des contrôles du corps.

 

Le 19 novembre 1920, la commission de réforme d’Épinal le maintient dans ce statut pour :

 

-  amputation de la cuisse droite au 1/3 inférieur.

 

-  bras gauche : perte de substance musculaire épicondylienne et pseudarthrose de l’articulation métacarpienne phalangienne de l’index avec résection de la 3e partie inférieure du 2e métacarpien et raccourcissement de 3 cm de l’index gauche avec limitation  de la flexion  et limitation de la pronation. 

 

Le 27 octobre 1932, son taux de pension est porté à 95 %.

 

Le 14 septembre 1960, cet ancien poilu du 149e R.I. est proposé pour une pension définitive de 100 % + un degré par décision de la commission de réforme de Nancy pour :

 

-  amputation de la cuisse droite au 1/3 inférieur.

 

- douleurs névritiques avec sensation de douleur dans le pied et dans le mollet (membre fantôme). Douleurs nocturnes avec insomnies, aggravation et  majoration.   

          

-  raccourcissement de 3 cm de l’index gauche avec limitation de la flexion et limitation de la pronation.

 

Le 1er septembre 1960, il est admis à recevoir cette pension définitive de 100 % + un degré à compter du 25 juin 1960, pension qu’il touchera jusqu’à son décès.

 

Barthélémy possède deux fermes mitoyennes à Gerbamont provenant d’un héritage. La première, qu’il exploite toute sa vie, a une superficie cultivable d’environ 8 ha. La seconde, la ferme du bas du Mettey, bien plus petite avec ses 3 ha, est louée.

 

Barthélémy Géhin décède le 27 janvier 1974 dans sa commune natale. Il a été inhumé dans le cimetière de Vagney.

 

Les decorations de Barthelemy Joseph Gehin

 

Citation obtenue :

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade en date du 25 juin 1915 :

 

« A entraîné par son exemple de bravoure intrépide d’entrain et de ténacité, ceux qui l’entouraient dans les attaques successives du fond de Buval le 13 juin et jours suivants. »

 

Médaille militaire par ordre n° 3100 « D » du 20 juin 1916 :

 

« Très bon caporal, a été blessé très grièvement le 16 juin 1915 en entraînant son escouade à l’attaque. Amputé de la jambe droite. » Comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du 20 octobre 1963 (J.O. du 8 novembre 1963).

 

Pour connaître la généalogie de la famille Gehin, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et acte de naissance du soldat Gehin consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Les portraits de Barthélemy Gehin proviennent de la collection familiale appartenant à L. Delassause.

 

Le fond de carte à été réalisé par V. Le Calvez.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à L. Delassause, à V. Le Calvez, à la famille descendant de Barthélémy Joseph Gehin, aux archives départementales des Vosges et au service historique de la défense de Vincennes.

4 septembre 2020

Henri Félix Sauvage 1884-1915)

Henri Felix Sauvage

 

Henri Felix Sauvage est né le 8 février 1887 au domicile parental, dans le 4e arrondissement de la ville de Lyon. Son père, Charles Thomas Sauvage, est âgé de 31 ans ; sa mère, Adrienne Joséphine Bruyas, a 30 ans. Les parents vivent rue du Pavillon. Ils sont tous les deux tisseurs. Plus tard, la famille Sauvage réside au n° 9 de la rue Gigodot. Henri Félix est le second d’une fratrie composée de 4 enfants.

 

Genealogie famille Sauvage

 

Henri suit une scolarité qui lui permet d'acquérir les connaissances de base dispensées par l'enseignement primaire.

 

Adolescent, il apprend le métier de cartonnier. Il exerce cette profession durant quelques années, mais elle finit par ne plus lui convenir. À peine ses 18 ans atteints, il décide de s'engager volontairement pour une durée de trois ans.

 

Le jeune homme signe son contrat avec l’armée le 20 février 1905. Il choisit le 133e régiment d'infanterie, une unité qui tient garnison à Belley.

 

Son père décède en octobre 1905. Le 20 février 1906, Henri bénéficie d’une disponibilité liée à l'article 21 de la loi du 15 juillet 1889 en qualité de "fils aîné de veuve ". Son séjour dans ce régiment n'ayant donné lieu à aucun problème particulier, Henri obtient son certificat de bonne conduite.

 

L’année suivante, la vie militaire finit par lui manquer. Le 19 août 1907, il renonce à son exemption. Dès le lendemain, il intègre le 149e régiment d'infanterie d’Épinal en qualité de soldat de 2e classe.

 

Au terme de ses trois années d'engagement, Henri passe dans la réserve active le 20 février 1908, avec un nouveau certificat de bonne conduite.

 

Revenu à la vie civile, il réside à Hersin-Coupigny, du 11 août au 6 novembre 1908, chez Camille Nicaisse, un houilleur belge. À partir de cette date, Henri retourne vivre à Lyon. Il habite au n° 24-26 de la rue du Mail dans le quartier de la Croix Rousse. Il exerce la profession de voiturier.

 

Le jeune homme est condamné à un mois d'emprisonnement avec sursis pour abus de confiance, une sentence qui a été prononcée par le tribunal correctionnel de Lyon, le 15 juillet 1911.

 

Lorsque le 1er conflit mondial du XXe siècle éclate en août 1914, Henri Sauvage à obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I.. Le 4 août, il est à la caserne Courcy.

 

Affecté à la 9e compagnie, il participe à tous les combats du régiment dans les Vosges, dans la Marne, en Belgique et en Artois.

 

Le 29 avril 1915, Henri Félix Sauvage est condamné par le conseil de guerre de la 43e D.I. à 30 jours d'emprisonnement pour ivresse publique et manifeste.

 

Le 10 juillet 1915, il comparaît de nouveau devant cette même juridiction. Cette fois-ci, le soldat Sauvage doit répondre d'infractions nettement plus graves. Il lui est reproché les faits suivants :

 

- le 14 juin 1915, entre Boyeffles et Aix-Noulette a abandonné son poste en présence de l'ennemi.

 

- le 15 juin 1915, à Aix-Noulette, a refusé d'obéir à l'ordre de son supérieur le médecin aide-major de rejoindre la compagnie pour marcher contre l'ennemi, et ce, en présence de l'ennemi.

 

- le même jour, au même lieu, a refusé d'obéir au même ordre qui lui était donné par son supérieur, le caporal Benoît, du même régiment, et ce, en présence de l'ennemi.

 

- le 16 juin 1915, au même lieu, a refusé d'obéir au même ordre que lui a donné à nouveau le médecin aide-major Cleu, et ce, en présence de l'ennemi.

 

Le conseil de guerre qui siège au Quartier Général est installé à Hersin-Coupigny. Il est présidé par le chef de bataillon Perrin du 31e B.C.P.. Les assesseurs sont le chef d'escadron Perrier qui commande les trains régimentaires de la 43e D.I., le capitaine Roudet du 4e régiment de Chasseurs à cheval, commandant le 3e demi-régiment, le lieutenant Nestre du 31e B.C.P. et l'adjudant Petit du 12e R.A.C..

 

À l'unanimité, les membres du conseil de guerre retiennent la culpabilité de ce soldat. Il est condamné à la peine de mort.

 

C'est en vertu de l'ordre d'exécution du 11 juillet qu’Henri Félix Sauvage est fusillé le lendemain à 5 h 00 à Hersin-Coupigny.

 

La base des fusillés de la Première Guerre mondiale consultable sur le site « mémoire des hommes » est peu prolixe pour nous aider à comprendre la singularité du parcours de cet homme. Elle ne comporte que deux documents :

 

- la fiche du décès survenu le 12 juillet 1915 qui comporte une date de naissance erronée. Elle indique le 8 février 1884 au lieu du 8 février 1887. Ce soldat était de la classe 1907 et non de celle de 1904 comme indiqué par la fiche de présentation de son dossier.

 

- le jugement du conseil de guerre de la 43e D.I. du 10 juillet 1915 et le procès-verbal de l'exécution du 12 juillet 1915.

 

Le dossier d'instruction est manquant.

 

Ces documents sont bien trop succincts pour déterminer les raisons pour lesquelles Henri Félix Sauvage est passé de l'engagement volontaire à la condamnation à mort.

 

Il est cependant possible de suppléer aux lacunes de son dossier en puisant dans le dossier de procédure d’un autre condamné à  mort.

 

En effet, Henri Félix Sauvage a comparu le même jour qu'un autre soldat du 149e R.I., Eugène Favier, qui fut poursuivi pour des infractions similaires.

 

Ainsi, les notes d'audience rédigées lors de la comparution d'Eugène Favier devant le conseil de guerre, notamment celles qui relatent la déposition du médecin aide-major Cleu, révèlent ceci : le 14 juin 1915, au lieu de suivre leurs unités qui se rendaient dans le secteur d'Aix-Noulette pour combattre, ces deux soldats se sont arrêtés au poste de secours d'Aix-Noulette.

 

Ils se sont présentés en état d'ivresse devant ce médecin qui leur a alors intimé l'ordre de rejoindre sans délai leur compagnie respective (la 2e pour le soldat Favier, la 9e pour le soldat Sauvage).

 

Le caporal d'ordinaire du 149e R.I., entendu également comme témoin lors du procès de Eugène Favier, a déclaré que le lendemain, le 15 au matin, il avait lui-même constaté que les deux compères étaient en train de boire dans un débit de boissons à Aix-Noulette, et qu'ils avaient refusé, malgré une sévère mise en garde, de repartir au front.

 

L'interrogatoire d’Eugène Favier confirme que le 15 au matin, ils étaient bien allés boire à Aix Noulette après s'être esquivés du poste de police du 142e Régiment d'infanterie territoriale ; ils y avaient, tous deux, dormi la nuit du 14 au 15 juin 1915.  

 

Il révèle également qu'après une nouvelle nuit passée à la Malterie, ils étaient partis ensemble, le 16 juin 1915, en direction du front. Le duo s'est séparé lorsqu’ Henri Félix Sauvage, réfugié dans abri, n'a plus voulu en sortir.

 

Eugène Favier dit avoir poursuivi son chemin, seul, avant de revenir sur ses pas pour aller se faire examiner au poste de secours d'Aix Noulette. Sa blessure fut jugée insignifiante par l'intransigeant médecin qui lui réitéra l'ordre de remonter en ligne.

 

Henri Félix Sauvage s'est vu reprocher lui aussi un refus d'obéissance commis le même jour. Le chef de poursuite mentionné dans le jugement et l’absence de déclaration de témoins ne permettent pas de savoir s'il a cherché à se faire exempter avant de faire mine de rejoindre la zone de combat ou si, comme Favier, c'est après s'être remis en route qu'il a fait demi-tour pour retourner au poste de secours.

 

Bien que lacunaires, ces renseignements sont cependant suffisants pour constater la chose suivante :  c'est une consommation excessive d'alcool dans un débit de boissons à Aix-Noulette, juste avant le retour au front de sa compagnie, qui a donné le courage à Henri Félix Sauvage, non pas de retourner au combat, mais de passer à l'acte en refusant ostensiblement d'obéir aux injonctions de rejoindre ses camarades.

 

Dans un premier temps, l'alcool l'a sans doute aidé à supporter, comme tant d'autres, les conditions de vie désastreuses dans les tranchées et probablement à surmonter sa peur de mourir sur le champ de bataille ou d'y subir une blessure mutilante. Au fil du temps, son addiction aux boissons alcoolisées a petit à petit anéanti son sens du devoir et sa volonté de combattre.

 

Progressivement, elles ont pu lui donner la hardiesse de passer à l'acte sans prendre véritablement conscience des conséquences d'un refus d'obéissance ; il n’a probablement pas réalisé que ce « défi » à l'égard d'une institution fondée sur la discipline et l'obéissance lui vaudrait une condamnation à la peine de mort.

 

On peut également concevoir que leur situation personnelle respective, celle d’Henri Sauvage, engagé volontaire à deux reprises et celle d’Eugène Favier, mobilisé malgré la tuberculose, méritait, à leurs yeux, quelques égards. L’indifférence de l’armée à leur sort, a pu faire naître en eux un sentiment de rancœur et d’aigreur qui a pu être ressassé à loisir dans l’ivresse. Ce sentiment a pu les aider à franchir le pas de la désobéissance coupable.

 

Les poursuites ont été étendues à trois refus d'obéissance aux ordres donnés par le médecin aide-major Cleu et par le caporal Benoît de la 9e compagnie.

 

Ces refus réitérés de "monter aux tranchées" caractérisent de manière rigoureuse l'abandon de poste en présence de l'ennemi et rendent ainsi incontestable, sur un plan juridique, l'application de plein droit de la peine de mort à un tel crime.

 

Le conseil de guerre de la 43e D.I. a pris soin d'entendre les témoins, dont les dépositions avaient été recueillies au cours de l'instruction. Même si on ne dispose pas du dossier d'instruction concernant Henri Félix Sauvage, il est certain que le médecin aide-major Cleu, qui a déposé devant le conseil de guerre sur les circonstances des deux refus d'obéissance d’Eugène Favier, a également été entendu sur le cas analogue de désobéissance de son acolyte, jugé le même jour, lors de la même session.

 

Il est tout aussi vraisemblable que le caporal Benoît, qui n'était pas parvenu à le convaincre de rejoindre ses camarades de combat, a été appelé à témoigner lui aussi, comme l'ont été ceux qui avaient essuyé un semblable refus de la part de Eugène Favier.

 

Pour en savoir plus sur le soldat Favier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Eugene Louis Joseph Favier

 

Nous sommes loin des pratiques de certains conseils de guerre qui consacraient peu de temps à l'examen d'un dossier et expédiaient rapidement les affaires, à l'instar de ce qu'expliquait un commissaire du gouvernement à un nouveau défenseur : " Vous comprenez c'est simple comme bonjour. Par exemple, ce soir, je vous envoie une convocation ; demain, vous voyez le dossier – dix minutes – l'après-midi, vous voyez votre client – dix minutes – et le lendemain, vous plaidez votre affaire – dix minutes. Ce n’est pas plus malin que ça. …des témoins ? Vous n'en avez pas souvent. Il y a une circulaire du grand quartier pour dire qu'on ne doit pas déranger, sauf en cas de nécessité absolue, un témoin du front… Oui, vous voyez que votre rôle est fort peu de chose. On peut même dire presque rien"- (Raymond Lefèvre et Paul Vaillant Couturier – La guerre des soldats – Ernest Flammarion Éditeur – 1919).

 

Un autre défenseur, plaidant devant un conseil de guerre différent, confirme ce fonctionnement expéditif en ces termes : "Pas très intéressants les clients. Des déserteurs en masse, des ivrognes, je vais expédier leur cause le plus vite possible"(le 15 février 1917) " Nous avons établi un record : douze affaires en une heure et demie" (le 2 mars 1917)- (André Kahn, Journal de guerre d'un juif patriote -1914/1918,  Éditions Jean Claude Simoën – 1978).

 

Nous ne disposons pas de renseignements précis sur l'exécution d’Henri Félix Sauvage, le procès-verbal ne contenant que les strictes mentions prévues par la loi. Nous savons seulement que l'ordre d'exécution a été donné le 11 juillet 1915 et que le condamné a été passé par les armes à 5 h 00 par un piquet du 149e R.I. en présence des troupes du cantonnement en armes.

 

Le corps de ce soldat repose, comme celui d’Eugène Favier, dans le carré militaire du cimetière d’Hersin-Coupigny. Sa sépulture porte le n° 153bis.

 

 

Sources :

 

Dossiers individuels des soldats Henri Félix Sauvage et d’Eugène Louis Joseph Favier qui se trouvent dans la base de données des militaires et civils qui ont été fusillés durant le 1er conflit mondial sur le site « mémoire des hommes ».

 

Le registre de recensement réalisé en 1901 de la ville de Lyon et les actes d’état civil de la famille Sauvage ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Le texte qui suit a été rédigé par J.P. Poisot auquel j’ai ajouté des informations complémentaires sur la jeunesse du soldat Sauvage et quelques précisions. Qu’il soit remercié pour son travail qui a permis de reconstruire le parcours militaire de cet homme.

 

Merci également à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historiques de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Rhône.

28 août 2020

Jean Marie Louis Archenoul (1884-1956)

Jean Archenoul

 

Originaire de la Bretagne, Jean Marie Louis Archenoul est né le 24 septembre 1884 à Lande-Chauve, un hameau dépendant de la commune de Pleine-Fougères dans le département de l’Ille-et-Vilaine.

 

Le père, Jean Marie, à 70 ans lorsque son fils voit le jour. La mère, Marie Jeanne Renault, est âgée de 38 ans. Elle a déjà donné vie à une fille en 1876. La sœur aînée de Jean se prénomme Joséphine. Les parents exercent le métier de cultivateur.

 

Le 26 septembre 1885, le père décède, deux jours après le 1er anniversaire de Jean. La mère, qui se retrouve veuve à presque 40 ans, éduque seule ses deux enfants, tout en continuant de travailler à la ferme pendant plusieurs mois.

 

Elle se remarie en 1887 avec Mathurin Beaupère, un voisin qui travaille comme laboureur. Cet homme est alors âgé de 58 ans. Sept ans plus tard, Marie Jeanne est de nouveau veuve.

 

À cette époque, Jean est âgé de 8 ans. Il fréquente l’école communale de Pleine-Fougères. L’instituteur et le curé du village remarquent vite les capacités de cet enfant pour les apprentissages scolaires.

 

Ecole des garçons de Pleine-Fougères

 

La fiche matricule de Jean indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter. Mais son niveau est bien supérieur à celui de la plupart des hommes qui possèdent ce degré 3 d’instruction. L’excellente maîtrise des trois matières que sont la lecture, l’écriture et l’arithmétique ainsi que l’ensemble de ses connaissances scolaires permettent à Jean de poursuivre des études qui le mèneront jusqu’à l’école normale de Rennes.

 

Au cours de sa formation d’enseignant, le jeune homme n’oublie pas la famille. Dès qu’il a des vacances, il retourne au pays aider sa mère et sa sœur aux travaux de la ferme.

 

Devenu instituteur public en 1903, Jean Archenoul enseigne à Sens-de-Bretagne. L’année suivante, il pratique devant le tableau de l’école communale de Betton.

 

En 1904, il obtient un diplôme de maître de gymnastique.

 

Le temps de la conscription approche. Après son recensement en décembre 1904, Jean Archenoul passe devant le conseil de révision qui le déclare « bon, service armé ». Il est appelé pour le devoir républicain, l’année de ses 21 ans. Jean Archenoul est incorporé au 47e R.I. de Saint-Malo en octobre 1905.

 

Son niveau d’études lui permet de suivre les cours de l’école des caporaux. Il est nommé dans ce grade le 21 février 1906. C’est un excellent tireur. Sa maîtrise du Lebel lui fait obtenir un rang de 1ère classe.

 

Le 18 septembre 1906, le caporal Archenoul est envoyé en disponibilité avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Jean est resté en tout et pour tout un peu plus de onze mois sous l’uniforme quand la majorité de ses camarades de classe firent deux ans. Aucun passe-droit, juste une application de sa dispense article 21 comme fils de veuve. Il existait toute une série de dispenses nécessitant une justification très codifiée, permettant de faire un service actif écourté.

 

Une fois la conscription terminée, Jean Archenoul réintègre ses fonctions d’instituteur. En 1906, il fait la classe aux élèves du village de Cancale puis à ceux de Janzé l’année suivante. Ce changement de domicile le fait automatiquement rattacher à la subdivision militaire de Rennes à partir du 8 septembre 1908.

 

C’est dans cette commune qu’il fait la connaissance de Julia Briand, une institutrice âgée de 24 ans. Il l’épouse le 1er août 1908. Une petite fille prénommée Jeanne naît de cette union en 1909.

 

L’année suivante, Jean Archenoul est de retour à Saint-Malo pour y accomplir sa 1ère période d’exercice. Il lui faut de nouveau revêtir l’uniforme pour quelques semaines. Ce retour à la vie militaire dure du 24 août au 20 septembre 1910.

 

Sa profession et les qualités montrées à cette occasion expliquent que Jean Archenoul fût ensuite nommé sergent fourrier à partir du 15 novembre suivant.

 

En novembre 1911, l’instruction publique impose une mutation à la famille Archenoul. Elle doit quitter la Bretagne pour aller s’installer dans les Vosges.

 

Jean Archenoul passe à la subdivision d’Épinal. Militairement, il dépend maintenant du 149e R.I..

 

En 1913, Jean Archenoul se présente devant un jury d’examen qui le juge digne d’obtenir le certificat d’aptitude au professorat commercial dans les écoles pratiques de commerce et d’industrie. Il devient alors professeur de français à l’école nationale professionnelle de commerce et d’industrie à Épinal.

 

Cette année-là, il doit également faire, au sein des effectifs du 149e R.I., sa 2e période d’exercice qui a lieu du 18 août au 3 septembre.

 

Le 1er conflit du XXe siècle contre l’Allemagne vient interrompre sa vie d’enseignant. Comme des milliers de Vosgiens, Jean Archenoul est rappelé à l’activité militaire par l’ordre de mobilisation générale du 2 août 1914. Ce jour là, il a obligation de se rendre à la caserne Courcy pour rejoindre, en tant que réserviste, les effectifs de la C.H.R. du 149e R.I. pour y occuper un poste administratif.

 

Le 1er septembre 1914, Jean Archenoul est nommé sergent-major. Il ne souhaitera pas aller plus haut dans la hiérarchie.

 

Jean fait l’intégralité du conflit au sein de la C.H.R. qu’il ne quitte que pour aller en permissions. Il fallait alors, avant les effusions des retrouvailles avec la famille, ôter les poux, se laver sérieusement. Ces débuts de permission étaient un moment particulièrement difficile à vivre pour sa fille.

 

 

Durant les quatre années du conflit, la partie administrative de la C.H.R. à suivi le 149e R.I. en marge des zones de combats, dans les Vosges, dans la Marne, en Belgique, en Artois, à Verdun, dans la Somme, au chemin des Dames et dans les Ardennes pour ne citer que les principales régions où le régiment vosgien a été exposé. Le sergent-major Archenoul a toujours été présent.

 

En Artois en 1915

 

Jean Archenoul est un homme cultivé ; il aime dessiner. Dès qu’il en a la possibilité, il réalise des dessins au crayon noir et aux crayons de couleur sur un petit carnet de croquis. Il commence à faire des photographies en 1915.

 

Durant ces longues années de guerre, Jean a eu la chance de ne pas être blessé et de ne pas avoir été gazé.

 

Il est mis en congé de démobilisation le 18 mars 1919 en même temps que les autres hommes de sa classe.

 

Entouré de sa femme Julia, de sa fille Jeanne et de sa belle-mère, il retrouve son poste de professeur de lettres à l’école nationale professionnelle d’Épinal.

 

Ecole nationale industrielle et commerciale des Vosges

 

Politiquement, Jean Archenoul est un homme de gauche. Il fut membre et secrétaire de la section spinalienne de la ligue des droits de l’homme et adhérent à la S.F.I.O. d’Épinal où il a également exercé les fonctions de secrétaire.

 

Il est l’un des fondateurs de l’hebdomadaire socialiste Le Travailleur Vosgien, signant ses articles sous le pseudonyme de Luc Rohanne, une anagramme construite à partir de son prénom et de son nom de famille.

 

Jean Archenoul est également vice-président du Photo-Club spinalien.

 

Il se met à la peinture de façon régulière à partir de l’année 1921.

 

En 1922, Jean Archenoul participe, aux côtés de L. Renaux, à l’organisation d’une éphémère fédération socialiste unitaire des Vosges avant de retourner à la S.F.I.O..

 

Le 10 octobre 1924, il passe dans la réserve du 158e R.I..

 

Jean Archenoul fut également candidat aux élections sénatoriales de 1927 dans les Vosges, au conseil général dans le canton d’Épinal en 1931 et, à plusieurs reprises, au conseil municipal d’Épinal.

 

Il obtient sa carte d’ancien combattant en 1932.

 

Jean Archenoul prend sa retraite en 1937. Il s’installe dans le XIVe arrondissement de la capitale, au 3 rue Poiret de Narçay, près de la porte d’Orléans.

 

Il décède le 28 juin 1956, à l’âge de 70 ans, aux Riceys ; c’est un petit village situé dans le département de l’Aube.

 

Les Riceys

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Archenoul, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Marqué par le conflit, Jean Archenoul ne parla que très peu de ses cinq années passées sous l’uniforme et toujours de manière allusive et générale. Il a laissé de nombreuses photographies, des dessins et une correspondance qui permettent  de retrouver les grandes étapes de son parcours.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de l’Ille-et-Vilaine.

 

Dossier des instituteurs nés avant 1900 consultable aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine.

 

Une grande partie des informations concernant Jean Archenoul ont été fournies par sa petite-fille.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J. Breugnot, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de l’Ille-et-Vilaine et de Vosges..

10 juillet 2020

Georges Joseph Roger de Parseval (1893-1968)

Georges Joseph Roger de Parseval

 

Années de jeunesse

 

Originaire du département du Loiret, Roger Georges Joseph de Parseval voit le jour le 13 avril 1893 à Orléans. Il est le fils aîné de Paul Édouard et de Léonie Marie Virginie Escallier. À sa naissance, son père a 31 ans. Il exerce les fonctions de lieutenant au 46e R.I.. Sa mère est âgée de 30 ans.

 

Les Parseval donnent vie à 5 autres enfants. Georges fête ses neuf ans l’année où son plus jeune frère vient au monde.

 

Genealogie famille de Parseval

 

La fiche signalétique et des services de cet homme, consultable sur le site des archives départementales des Vosges, indique un degré d’instruction de niveau 5.

 

Georges a poursuivi ses études jusqu’au baccalauréat es lettres dont il a obtenu les 2 parties. C’est un jeune homme qui maîtrise bien la langue allemande.

 

Première formation sous l’uniforme

 

À l’âge de vingt ans, il est reçu à l’École spéciale militaire par décision ministérielle du 23 septembre1913. Pour prétendre suivre les cours, Georges doit absolument sceller un contrat avec « la grande muette ». Le 28 octobre 1913, il se rend à la mairie d’Épinal pour y signer un engagement volontaire d’une durée de 8 ans. Sa décision est maintenant définitive, il suivra les traces paternelles.

 

Les premiers enseignements lui sont donnés à partir du 6 novembre 1913. Il fait partie des élèves de la 98e promotion saint-cyrienne dite promotion de la « Croix du drapeau ». Tout comme ses camarades, il va lui falloir travailler dur. À ce moment-là, tous ces futurs officiers sont bien loin de s’imaginer qu’ils ne pourront pas aller au bout de leurs études.

 

Les évènements internationaux qui imposent à la France la mobilisation générale en août 1914 brisent net la formation de cette promotion.

 

Au 149e R.I..

 

Affecté au 149e R.I. le 3 août 1914, Georges de Parseval est nommé sous-lieutenant le 6 août. Il reste au dépôt de Langres jusqu’au 14 août, ce qui lui laisse un peu de temps pour se préparer à ses nouvelles fonctions. Le manque d’expérience doit se faire ressentir. Donner des ordres à des hommes beaucoup plus âgés que soi en début de carrière ne doit pas être aisé.

 

Ce jour-là, le sous-lieutenant de Parseval part avec un renfort composé de 531 hommes en direction du régiment qui est en Alsace. Tous ces soldats doivent venir combler les pertes subies au cours du baptême du feu qui a eu lieu, cinq jours auparavant, du côté de Wisembach, à proximité de la frontière.

 

Le 16 août, Georges arrive avec un 1er renfort de 260 combattants à Saint-Blaise-la-Roche. L’église du village s’apprête à sonner les onze coups du matin.

 

Le colonel Jean Louis Menvielle affecte aussitôt Georges comme chef de section à la 1ère compagnie, sous les ordres du lieutenant Pierre Grüneissen depuis le 10 août.

 

Au cours des jours suivants, Georges va devoir effectuer de longues et pénibles marches en attendant les évènements d’Abreschviller.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 21 aout 1914

 

Le 25 août 1914, Georges est blessé dans le secteur de Thiaville. Aux alentours de 7 h 00, sa section est en train d’exécuter une contre-offensive par bonds de tirailleurs, pour protéger le gros du régiment qui bat en retraite.

 

Georges est atteint d’une balle qui pénètre à hauteur de l’oreille gauche. Cette balle est ressortie par le côté droit du menton avant de venir traverser le coude droit et finir sa course vers le sol. Ces deux blessures en séton le font évacuer vers l’arrière pour plusieurs mois.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 25 aout 1914

 

Ses soins durent jusqu'en décembre 1914. Le 20, le sous-lieutenant de Parseval rejoint temporairement le dépôt du 149e R.I. qu'il quitte dès le 5 janvier 1915 ; il va retrouver le régiment qui combat maintenant dans un secteur sensible du Pas-de-Calais, du côté de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Le 23 avril 1915, il est touché par un éclat d’obus à la tête. Heureusement pour lui, cette blessure n’est pas très grave, il peut conserver ses fonctions.

 

Nommé lieutenant le 5 mai, Georges de Parseval est de nouveau blessé le 9 mai. Cette fois-ci, un éclat d’obus lui inflige une plaie en séton à la face externe de la cuisse droite alors qu’il entraîne sa section à l’attaque.

 

Il est amené au poste de secours. La blessure est sérieuse, le jeune officier va devoir être évacué vers l’arrière pour la seconde fois depuis son arrivée au régiment spinalien. Le 8 juin 1915, il est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre du C.A. pour l’action qu’il a menée à Aix-Noulette.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 9 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 24 juillet 1915, Georges de Parseval quitte le dépôt des convalescents de Rennes. Le 24 août, c’est le retour au dépôt du 149e R.I.. Un nouveau départ pour le front n’est pas envisagé. Il lui faut d‘abord effectuer un stage au centre d’instruction des mitrailleurs à Chaumont où il doit se rendre quatre jours plus tard.

 

Ses compétences et ses bons résultats lui offrent la possibilité de devenir instructeur aussitôt après la fin des cours. Le lieutenant de Parseval retrouve le dépôt du 149e R.I. le 23 octobre 1915.

 

Le 3 décembre, il prend le commandement d’une compagnie du 9e bataillon du 149e R.I., un poste qu’il conserve durant plusieurs mois.

 

Le 24 septembre 1916, il part en renfort, envoyé à la 14e compagnie du dépôt divisionnaire de la 43e D.I..

 

Le 1er octobre, c’est le retour en 1ère ligne. Georges de Parseval est, dans un premier temps, versé à la 3e compagnie du régiment avant de rejoindre la 1ère compagnie à partir du 13 octobre.

 

Le 149e R.I. combat dans un secteur mouvementé de la Somme depuis le début du mois de septembre 1916. Le lieutenant obtient sa seconde citation à l’ordre du C.A. le 6 novembre 1916.

 

Le même jour, il passe à l’état-major du régiment pour y exercer les fonctions de capitaine adjoint au chef de corps. Le grade de capitaine lui est attribué à titre définitif le 3 décembre 1916.

 

Vingt jours après, le lieutenant-colonel Pineau écrit ceci dans le feuillet du personnel de son subordonné :

 

« Jeune commandant de compagnie très allant, plein d’énergie, a fait preuve de très belles qualités militaires pendant la période des attaques. Adjoint au chef de corps, montre une assez grande aptitude à ces fonctions. Fera certainement très bien dès qu’il aura l’habitude de la paperasse. »

 

Le cliché suivant montre le lieutenant-colonel Pineau en présence de Georges de Parseval qui porte le fanion du régiment.

 

Fanion du 149e R

 

Paul Francis Pineau quitte le 149e R.I. le 13 mai 1917. Il vient tout juste de passer le commandement au lieutenant-colonel Boigues. Ce jour-là, il fait ses adieux à l’état-major du régiment devant l’entrée du château Belleau ; le capitaine de Parseval est présent.

 

Devant le chateau Belleau

 

En juin 1917, Georges est photographié dans le Soissonnais au P.C. de la sablière du bois Marcon avec deux de ses camarades non identifiés.

 

Au P

 

Le 29 septembre 1917, c’est au tour du colonel Boigues de l’évaluer. Voici ce qu’il note : « Très intelligent, très bien élevé, ayant de grandes qualités de jugement et de méthode, la capitaine de Parseval est un adjoint précieux pour un chef de corps. Son esprit de décision, sa grande autorité et son zèle le classent comme officier parmi les meilleurs. A tout ce qu’il faut pour un très brillant avenir .»

 

Le 23 octobre 1917, l’attaque dite de la Malmaison est lancée. Le capitaine de Parseval occupe toujours sa charge de capitaine adjoint. Il gagne sa 3e citation à l’ordre du C.A. au cours de ces évènements.

 

Georges de Parseval quitte le 149e R.I. à la mi-février 1918.

 

Avant l’armistice

 

Durant les six semaines qui suivent, il assiste aux cours du centre d’état-major de Senlis. Le capitaine de Parseval y montre beaucoup d’application sans être payé en retour.

 

Le 1er avril, il entre au C.I.D. 43 après une interruption de son stage au C.E.M. de Senlis. Le capitaine est ensuite détaché à l’E.M. de l’I.D. 43 en attendant de se présenter au C.E.M. de Melun à partir du 27 mai 1918. À sa sortie de l’école d’état-major, il retrouve son poste à l’E.M. de l’I.D. 43 qui se trouve être en pleine bataille. Cette division est en train d’attaquer la puissante position Hunding en Champagne. Georges apprend la mort de son frère Alexandre, un tout jeune capitaine âgé de 22 ans qui servait au 149e R.I.. Georges et Alexandre se sont longtemps côtoyés dans cette unité.

 

Pour en savoir plus sur le capitaine Alexandre de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Alexandre de Parseval

 

Les années après guerre

 

Le 5 janvier 1919, le capitaine de Parseval est nommé adjoint à l’administrateur supérieur de Wiesbaden. Il se trouve de nouveau sous les ordres du lieutenant-colonel Pineau.

 

Le 31 mai, Georges retourne à l’école spéciale militaire. Le lieutenant-colonel qui commande le groupe rédige le petit texte suivant dans son feuillet individuel de campagne : « Nature ouverte et sympathique. Intelligence vive, bien équilibrée et bien orientée. Possède une bonne instruction générale et une instruction militaire. A travaillé avec intérêt et régularité. Vigoureux, tenue et éducation absolument irréprochables. A obtenu la mention bien. »

 

Le 9 octobre 1919, il rejoint son ancien régiment du temps de guerre pour y prendre le commandement d’une compagnie durant deux mois. Le 9 décembre, il quitte le 149e R.I. pour aller à l’E.M. de la 13e D.I., division sœur de la 43e D.I. qui forme, avec elle, le 21e C.A..

 

Georges de Parseval est mis à la disposition du général commandant en chef des armées d’Orient, suite à une décision ministérielle prise le 19 février 1920.

 

Le 18 mars, peu de temps avant de s’embarquer pour la Turquie, il épouse Louise Élodie Gaze à Sablon, une petite commune iséroise.

 

Le 26 mars 1920, Georges est employé au 2e bureau de l’état-major du corps d’occupation de Constantinople, affecté pour ordre au 45e R.I.. En mai 1920, il est désigné pour occuper un poste à l’état-major particulier d’infanterie avant d’être muté à l’état-major du C.O.C. le 1er octobre 1920.

 

Constantinople

 

Le capitaine de Parseval est rapatrié le 9 septembre 1921. Bénéficiant d’une permission de 114 jours, il se rend d’abord à Paris avant d’aller à Sablon.

 

Une décision ministérielle en date du 9 janvier 1922 l’affecte au 172e R.I., une unité qui prend part à l’occupation de la Rhénanie ; il y est affecté jusqu’à la dissolution du régiment qui a lieu au mois d’avril 1923.

 

De retour en France, Georges est muté au 25e B.C.A.. Il fait un stage à l’école normale de gymnastique et d’escrime de Joinville du 16 avril et le 28 juillet 1923 avant de retourner au 25e B.C.A..

 

25e B

 

L’activité sportive intense qu’il subit au cours de ce stage réveille probablement les vieilles blessures de guerre. Georges est proposé pour l’obtention d’une pension temporaire de 15 %; la raison en est un reliquat d’une plaie en séton au coude droit et un reliquat d’une transfixion du plancher buccal par balle. Cette décision est prise par la commission de réforme de Nice en date du 15 octobre 1924.

 

Le 29 août 1925, il traverse la méditerranée à destination du Maroc. Le 2 septembre, il est à Casablanca pour y occuper un poste à l’E.M. de la 6e brigade. Sa présence sur le sol africain est brève. Le 21 novembre 1925, il est de retour sur l’hexagone pour rejoindre le dépôt du 25e B.C.A. à Menton.

 

Le capitaine de Parseval prend ensuite le commandement des postes d’hiver et des écoles de ski du 15e C.A., à partir du 16 décembre 1925. Le 9 mars 1926, victime d’un accident de montagne, il se fait une fracture du péroné gauche doublée d’une entorse tibio-tarsienne. Guéri après plus de 4 mois de soins et de convalescence, il est envoyé au 31e B.C.P. à compter du  23 juillet 1926. Le 10 août, il occupe les fonctions d’adjoint au chef de corps, un poste qu’il maîtrise bien.

 

Vers de plus hautes fonctions

 

Poussé par ses supérieurs, il est reçu à l’École de guerre. Georges de Parseval doit d’abord effectuer toute une série de stages avant de pouvoir suivre la formation théorique.

 

Il va à l’école d’application d’artillerie du 13 au 31 mars 1928, au centre de transmission de Versailles du 1er au 15 avril 1928, au 506e régiment de chars de combat du 15 au 30 avril 1928, dans l’aviation du 1er au 31 mai 1928, au 4e régiment d’artillerie divisionnaire du 15 juin 1928 au 15 août 1928 et pour finir au 11e régiment de dragons du 16 août 1928 au 30 septembre 1928.

 

Le 28 septembre 1928, la commission spéciale de Colmar le propose pour une pension permanente de 15 % pour ses séquelles de blessure de guerre .

 

Les cours de l’École supérieure de guerre durent du 1er novembre 1928 au 31 octobre 1930. Georges obtient son brevet d’état-major.

 

Diplôme en poche, il est mis à la disposition du commandant supérieur des troupes du Levant.

 

Le 14 novembre 1930, Georges de Parseval est affecté à l’état-major des troupes du Levant en tant que stagiaire, puis à l’état-major du commandement des troupes du territoire de Damas, du Djebel-Druze et du Hauran.

 

Du 15 octobre 1931 au 15 décembre 1931, le capitaine de Parseval accomplit un stage au 39e R.A.R. à Rayak, une petite ville libanaise située à 62 km de Beyrouth, en vue d’obtenir son brevet d’observateur en avion.

 

Rayak

 

Le 15 janvier 1932, il est nommé chef d’état-major du commandement des troupes des territoires de l’Euphrate. Le 29 octobre 1932, il est cité à l’ordre de la division du Levant.

 

Il quitte les troupes du Levant pour convenance personnelle avant la fin de son temps de séjour. Le 22 février 1933, le capitaine de Parseval est muté à l’état-major de la 16e région militaire de Montpellier après avoir profité de son congé de fin de campagne.

 

Promu au grade de chef de bataillon le 14 décembre 1933, il est envoyé au 99e régiment d’infanterie alpine à Modane à partir du 25 mai 1934. Georges de Parseval est mis à la tête du 4e bataillon de ce régiment pour y effectuer son premier temps de troupe en tant que commandant. Suite à une réorganisation, ce bataillon est renommé 71e bataillon alpin de forteresse à partir du 16 octobre 1935.

 

Son temps de commandement s’achève le 9 août 1936. Le chef de bataillon de Parseval est ensuite affecté à l’état-major du gouvernement militaire de Lyon et de la 14e région militaire où il est fait officier de la Légion d’honneur le 13 décembre 1938.

 

Le 27 août 1939, il passe à l’état-major du 1er corps d’armée avec lequel il fait la campagne de France à partir du 2 septembre 1939. Le 1er juillet 1940, il est cité à l’ordre de la division.

 

Le 7 juillet, Georges occupe un poste à l’état-major de la 17e région militaire à Toulouse. Le 16 octobre, il passe à l’état-major du général commandant supérieur des troupes du Maroc.

 

Promu au grade de lieutenant-colonel le 25 mars 1941, il est envoyé au 8e régiment de tirailleurs marocains le 30 août. Le 25 février 1942, il est affecté au 4e régiment de tirailleurs marocains.

 

Le 18 janvier 1943, Georges de Parseval reçoit le commandement du 3e régiment de tirailleurs marocains, un régiment qui vient tout juste d’être reconstitué à partir de compagnies des 2e, 4e et 6e régiments de tirailleurs marocains.

 

Il est promu au grade de colonel le 25 septembre 1943. Le 12 novembre 1943, il est nommé chef d’état-major de la division de Casablanca.

 

Le colonel de Parseval est admis à la retraite le 16 mars 1946. Il est nommé général de brigade dans la section de réserve le 1er juillet 1946.

 

Le 6 février 1950, il est fait commandeur de la Légion d’honneur.

 

Son épouse Louise Élodie Gaze décède en 1963. Il se remarie la même année avec Sidonie Rose Marie Mazières.

 

Roger Georges Joseph de Parseval décède le 29 juillet 1968 à l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne de Toulon.

 

Les decorations du général Georges de Parseval

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 3 étoiles de vermeil.

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 48 du 8 juin 1915 :

 

« Officier plein d’allant, a entraîné sa section à l’attaque des tranchées allemandes au cours du combat de Lorette le 9 mai. Blessé au cours de cette opération (2e blessure). »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 119 du 6 novembre 1916 :

 

« Jeune commandant de compagnie plein d’allant et de bravoure, déjà blessé 3 fois. Du 16 au 21 octobre 1916, a grandement contribué à la mainmise sur un point d’appui et à l’établissement de notre première ligne au contact de l’ennemi. En a assuré, par son énergie l’organisation et la conservation. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 175 du 8 novembre 1917 :

 

« A assuré avec un zèle et un dévouement de tous les instants, aux côtés du chef de corps, l’organisation de l’attaque du 25 octobre 1917, dont il a contribué à achever le plein succès par son intelligente initiative. »

 

Citations obtenues après le 1er conflit mondial :

 

Cité à l’ordre de la division sans attribution de la croix de guerre. (O.G. n° 200/A du 29 octobre 1932 du général commandant supérieur des troupes du Levant).

 

« A, au cours d’une période d’opérations difficiles, témoigné de jour comme de nuit, d’une inlassable activité et d’une compétence éclairée dans la préparation de la mise en route des renforts. »

 

Croix de guerre 1939-1940 avec une étoile de vermeil.

 

Citation à l’ordre du C.A. n° 65 en date du 1er juillet 1940 :

 

« Chef du 4e bureau du C.A. depuis le début de la campagne, y a fait preuve des plus belles qualités militaires, par son activité inlassable, son esprit d’organisation et sa constante initiative devant les évènements imprévus, est parvenu au prix des plus grandes difficultés dans les moments de crise, à dominer la situation et à assurer le fonctionnement de tous les services du C.A.. S’est particulièrement distingué au cours des opérations de la VIIe Armée du 5 au 24 juin 1940 en réglant avec maîtrise le transport d’éléments avancés au cours d’un repli de près de 400 kilomètres. » (Citation non homologuée).

 

Chevalier de la Légion d’honneur  (J.O. du 3 mars 1921) :

 

« Brillant officier qui a fait toute la guerre au front et qui s’est toujours fait remarquer par son allant, sa bravoure sa ténacité et son énergie (3 blessures, 3 citations). »

 

Officier de la Légion d’honneur le 13 décembre 1938.

 

Commandeur de la Légion d’honneur le 6 février 1950 (J.O. du 17 février 1950).

 

Autres décorations :

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille de la paix du Maroc

 

Médaille commémorative Syrie-Cilicie

 

Grand officier du Ouissam alaouite chérifien (Dahir du 27 août 1950)

 

Roger de Parseval n’a pas eu de descendance.

 

Pour visualiser la généalogie de cet officier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Les Parseval et leurs alliances - genealogie et souvenirs de famille

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Les portraits du général de Parseval sont extraits de ce dossier.

 

La carte du Liban et la photographie du terrain d’aviation de Rayak ont été trouvées sur le site Wikipédia.

 

Les cartes de Constantinople et de la région de Nice proviennent du site « Gallica » propriété de la B.N.F..

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, à la famille de Parseval, aux archives départementales des Vosges, du Loiret, de l’Indre, de l’Oise, de l’Yonne et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

26 juin 2020

Marius Joseph Voisin (1895-1915)

Marius Joseph Voisin

 

Marius Joseph Voisin naît le 23 juin 1895 au domicile de ses parents situé au numéro 7 de la rue du Lycée, dans le canton sud de la ville de Clermont-Ferrand.

 

Son père, Jean Pierre Victor, est un contremaître âgé de 25 ans. Il exerce ses fonctions professionnelles aux ateliers des chemins de fer de la compagnie P.L.M..

 

Sa mère, Anna Antoinette Gros, est une femme originaire de Thiers. Elle a 20 ans lorsqu’elle donne vie à son second fils.

 

La famille Voisin s'installe ensuite à Oullins dans le département du Rhône. Cette ville est bien connue du père. Il y est né et il y a vécu une bonne partie de sa jeunesse.

 

L’arrivée d’un nouvel enfant agrandit la famille en 1903. 

 

 

La fiche signalétique et des services de Marius Voisin indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter. Contrairement à la plupart des adolescents de sa génération qui rejoignent rapidement le monde du travail après l’école obligatoire, Marius a la possibilité de faire une formation plus poussée.

 

Son niveau scolaire est suffisamment important pour qu’il puisse intégrer l’École des arts et métiers de Lille. Une fois sa formation terminée, Marius est engagé comme dessinateur industriel aux ateliers des wagons du réseau P.L.M. de Villeneuve-Triage.

 

Les Voisin sont venus s’établir à Villeneuve-Saint-Georges depuis peu. La date exacte de leur aménagement dans le département de la Seine-et-Oise n’est pas connue, mais cette famille a certainement subi les affres de la grande crue de la Seine qui a eu lieu à la fin du mois de janvier 1910. En 1911, les parents de Marius sont installés dans l’avenue Choisy avec leur plus jeune fils, Louis. Le père travaille comme sous-chef d’atelier pour le réseau P.L.M. de Villeneuve-Triage.

 

Villeneuve-Triage

 

Le 1er août 1914, la France ordonne la mobilisation générale. La guerre contre l’Allemagne est proche. Marius tout juste âgé de 19 ans, n'est pas concerné par les évènements. 

 

Les premiers mois des hostilités sont particulièrement funestes pour l’armée française. Il est demandé à la classe 1914 et à la classe 1915 de se présenter devant le conseil de révision bien avant l’heure de la conscription du temps de paix.

 

Inscrit sous le numéro 375 de la liste du canton de Boissy-Saint-Léger, Marius Voisin est déclaré « bon pour le service armé » par le médecin du conseil de révision.

 

Il sait qu’il va bientôt devoir délaisser sa planche à dessin pour accomplir ses obligations républicaines. Sa feuille de route lui ordonne de quitter Villeneuve-Triage pour aller faire ses classes au 170e R.I., une toute jeune unité créée en 1913.

 

Ce nouveau régiment rassemble les 4e bataillons des 21e, 44e, 60e et 149e R.I. déjà installés dans les plus vieux bâtiments militaires de la cité spinalienne. 

 

Le 20 décembre 1914, Marius arrive à la caserne Contades avec une centaine de recrues de la classe 15 et une poignée d’ajournés de la classe 13 et 14 ; ceux-ci proviennent du 5e corps de la Seine-et-Oise de la région de Versailles.

 

Contrairement à la classe 1914, la formation militaire que Marius reçoit est assez rapide. Elle est plus complète que celle qui a été donnée aux classes précédentes. Après 4 mois passés au dépôt, Marius Voisin est affecté au 149e R.I. le 1er mai 1915.

 

Il quitte la ville d’Épinal pour se rendre au cantonnement du 9e bataillon de ce régiment. Marius est affecté à la 36e compagnie. Cette compagnie est chargée de l’instruction au front des jeunes recrues. Elle fournit des renforts à chaque fois que c’est nécessaire. Le 9e bataillon peut aussi être utilisé pour effectuer des travaux en 2e et en 1ère ligne.

 

Le 23 juillet 1915, Marius Voisin est nommé caporal. La date de son affectation dans une unité combattante du 149e R.I. est inconnue. Si elle a existé, elle est probablement très proche de celle de son décès.

 

En effet, sa fiche individuelle sur le site de mémoire des hommes et la présence de son identité dans le contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. (contrôle des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires) indiquent une appartenance à  la 36e compagnie du 149e R.I..

 

Le nom du caporal Voisin est également inscrit dans les effectifs de la 6e compagnie du 149e R.I. dans l’état nominatif des militaires blessés au combat devant Souchez à la date du 12 septembre 1915. Le caporal Voisin accomplissait-il des travaux pour la 6e compagnie tout en étant resté rattaché à la 36e compagnie du 9e bataillon le jour de sa blessure ? C’est une possibilité.

 

La 6e compagnie est en 1ère ligne depuis le 8 septembre 1915. Elle est sous les ordres du lieutenant Damideau.

 

Quatre jours plus tard, les artilleurs allemands pilonnent le secteur. Marius est grièvement blessé par un éclat d’obus reçu à la tête. Il est rapidement évacué vers l’arrière. Les soignants ne peuvent rien faire pour lui. La plaie est bien trop grave pour qu’il puisse être sauvé. Le caporal Voisin décède le lendemain à l’hôpital auxiliaire n° 52 de Nœux-les Mines, à l'âge de 20 ans.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 12 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

A ceux du 149e R

 

Marius Voisin fut, dans un premier temps, enterré dans le carré militaire du cimetière de Nœux-les Mines. Actuellement, il n’y a plus de sépulture individuelle qui porte son nom dans ce lieu. Son corps a probablement été restitué à la famille dans les années 1920.

 

Le nom de ce caporal a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Villeneuve-Saint-Georges et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Georges. Il est également gravé sur la plaque de l’École nationale supérieure des arts et métiers.

 

Monument aux morts de la commune de Villeneuve-Saint-Georges

 

Ses parents ont fait imprimer un mémento avec son portrait après sa mort.

 

Pour en savoir plus sur ce type de document, il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

Site Arnaud Carobbi

 

Joseph Marius Voisin ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

Fiche signalétique et des services de Marius Joseph Voisin visualisée sur le site des archives départementales des Yvelines.

 

Livre d’or des élèves et des anciens des écoles nationales d’arts et métiers morts pour la France 1914-1918. Imprimerie de Montligeon. La Chapelle-Monttligeon. Orne.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

Site « MémorialGenWeb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au S.H.D. de Vincennes, aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges et aux archives départementales des Yvelines.  

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