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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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21 octobre 2022

Armand Auguste Eugène Niderberger (1878-1914)

Armand Auguste Eugene Niderberger

 

Armand Auguste Eugène Niderberger voit le jour le 11 mai 1878 à Saint-Mandé, dans le département de la Seine.

 

Son père, Célestin Théophile, ancien sergent éclaireur au 1er régiment de la Seine (garde nationale), décoré de la Légion d’honneur, devenu garde forestier au bois de Vincennes, est âgé de 47 ans. Sa mère, Catherine Schmitt, 39 ans, est femme au foyer.

 

Armand est le dernier enfant d’une fratrie composée de trois filles et de deux garçons. Sa sœur aînée, Marie Rosalie, meurt à l’âge de trois ans.

 

Genealogie famille Niderberger

 

Au décès de son père, le 8 mai 1886, Armand, n’a que 10 ans. Son épouse et ses trois plus jeunes enfants obtiennent le versement par l’État d’une pension temporaire, pour la descendance. (J.O. du 16 février 1887).

 

L’avenir des enfants Niderberger s’annonce difficile. La mère n’a pas d’autre choix que de confier ses deux fils aux enfants de troupe. Armand est envoyé à l’école militaire préparatoire de Rambouillet où il bénéficie d’une scolarité encadrée, tout en étant soumis à la discipline militaire. L’adolescent a probablement été initié aux bases du clairon et du tambour durant son séjour dans cet établissement.

 

Le jour de son 18e anniversaire, Armand se rend à la mairie de Rambouillet pour y signer un contrat de cinq ans avec l’armée. Si ce choix n’avait pas été fait, sa famille aurait été dans l’obligation de rembourser à l’ État la moitié des frais d’entretien engendrés par sa prise en charge d’enfant de troupe.

 

Pour en savoir plus sur l’école militaire préparatoire de Rambouillet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Ecole militaire preparatoire de Rambouillet

 

Le 12 mai 1896, Armand intègre les effectifs du 15e B.C.P., un bataillon de chasseurs vosgien installé à la caserne Marion de Remiremont. Son ancien statut d’enfant de troupe et sa signature pour un engagement volontaire de longue durée lui permettent de suivre rapidement la formation des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 16 novembre 1896 dès l’âge de 18 ans. 

 

Caserne du 15e B

 

Armand doit maintenant prendre de la maturité pour évoluer dans la hiérarchie militaire. Il est promu sergent le 26 mars 1900.

 

Le 7 juillet, il signe à nouveau pour les cinq années suivantes. Ce contrat prend effet le 11 mai 1901. Il lui donne droit à une prime.

 

Le 25 janvier 1902, Armand Niderberger épouse Marie Jeanne Wacker, une jeune femme originaire de Mulhouse âgée de 19 ans. Marie Jeanne exerce le métier de repasseuse. Une fille, Yvonne Madeleine, naît de cette union le 16 mai 1906.

 

Le 4 avril 1906, Armand signe pour la troisième fois un contrat d’une durée de cinq ans à compter du 11 mai. Ce nouvel engagement entraîne, à partir du 14 juin, son affectation au 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal.

 

La famille Niderberger quitte Remiremont pour venir s’installer à Chantraine, une petite commune attenante à la préfecture des Vosges.

 

Le 1er septembre 1906, Amand Niderberger est nommé sergent-major tambour. Il est chargé de l’encadrement des clairons et des tambours du régiment.

 

Tambours et clairons

 

Le 1er décembre 1910, le chef de corps du 149e R.I. décide de le commissionner à compter du 11 mai 1911. Le tambour-major Niderberger ne signe plus de contrats avec l’armée à partir de cette date. Le 25 janvier 1912, il fait l'objet d'une parution au J.O. en tant qu'inscrit sur une liste de candidats aux emplois réservés.

 

Les tambours et les clairons - annee 1911

 

Armand Niderberger est nommé adjudant tambour-major le 19 avril 1913.

 

Début août 1914, la guerre contre l’Allemagne ne peut plus être évitée. Le 149e R.I., régiment de réserve des troupes de couverture, doit rejoindre au plus vite la frontière allemande. Les clairons et les tambours du régiment sont toujours sous la responsabilité du tambour-major Niderberger.

 

Sorti indemne des combats du mois d’août 1914, il ne survit pas aux attaques de septembre qui se déroulent autour et dans le village de Souain. L’adjudant de la C.H.R. Niderberger est tué sur le champ de bataille le 14 septembre 1914. Les circonstances de sa mort ne sont pas connues. Il a fallu attendre le 16 août 1917 pour que le tribunal de Joinville-le-Pont acte son décès.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Souain

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle portant le nom de ce sous-officier.

 

Son nom a été inscrit sur les monuments aux morts de la ville de Joinville-le-Pont et de la petite commune de Chantraine.

 

Decorations adjudant tambour-major Niderberger

 

Armand Niderberger a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (publication dans le J.O. du 7 juin 1921).

 

« Sous-officier énergique et dévoué. Glorieusement frappé, le 14 septembre 1914, en entraînant sa section à l’attaque du village de Souain. »

 

Cette décoration lui donne également droit au port de la croix de guerre avec étoile d’argent.

 

Sources :

 

Les actes d’état civil et la fiche matricule de l’adjudant Niderberger ont été consultés sur le site de la ville de Paris. 

 

Le registre de recensement de la commune de Chantraine pour l’année 1911 a été lu sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, J.F. Durand, aux archives départementales des Vosges et aux archives de la ville de Paris.

14 octobre 2022

Du 19 septembre au 11 octobre 1916

Les officiers superieurs du 149e R

 

19 septembre 1916

 

Le 149e R.I. est toujours dans la Somme, en position de 1ère ligne, depuis l’attaque du 4 septembre. L’artillerie allemande effectue des tirs intermittents d’une grande intensité sur les secteurs de 1ère et de 2e ligne.

 

Les troupes françaises, particulièrement exténuées, poursuivent l’aménagement de leurs emplacements. Il faut créer de nouvelles voies de communication. Le mauvais temps gêne considérablement l’organisation et la progression du travail.

 

Carte journee du 19 septembre 1916

 

20 septembre 1916

 

La pluie est incessante. Les boyaux imbibés d’eau sont presque impraticables. La boue est partout. Il est très difficile d’aménager les tranchées et les boyaux dans ces conditions.

 

 

21 septembre 1916

 

Les mouvements de relèves commencés le 18 septembre se poursuivent. Le 3e bataillon du 109e R.I. remplace le 3e bataillon du 158e R.I.. Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. et le 1er B.C.P. occupent toujours leurs positions de 1ère ligne.

 

Carte journee du 21 septembre 1916

 

Les deux artilleries mènent des actions réciproques sur l’ensemble du secteur durant toute la journée.

 

Le lieutenant-colonel Pineau prend officiellement le commandement du 149e R.I.. Il remplace le lieutenant-colonel Gothié, fait prisonnier le 5 septembre, après la prise du village de Soyécourt.

 

22 septembre 1916

 

Un bataillon du 109e R.I. relaie le 1er B.C.P. dans la nuit du 21 au 22. Le 409e R.I. relève le 149e R.I.. Les derniers éléments de la 43e D.I. quittent le secteur. Ils laissent derrière eux des tranchées en mauvais état.

 

Carte journee du 22 septembre 1916

 

23 septembre 1916

 

Le 149e R.I. quitte la Somme pour aller se reposer à proximité de Beauvais, dans le département de l’Oise.

 

Un bataillon s’établit à Tilloy à Thillé et Morlaine.

 

Un bataillon s’installe à Bonlier et à Guignecourt.

 

Un bataillon cantonne à Velennes.

 

Carte journees du 23 septembre au 12 octobre 1916

 

Du 24 septembre 1916 au 10 octobre 1916

 

Des renforts sont incorporés dans les unités très éprouvées par les combats des jours précédents. Le 149e R.I. réorganise ses compagnies. L’instruction, des cadres, de la troupe et des spécialités « agrémente » le quotidien.

 

Le 35e C.A., auquel le 149e R.I. était rattaché, cite dans son ordre n° 304 du 5 octobre 1916 le régiment spinalien en ces termes :

 

« Dans la période du 3 au 22 septembre 1916, a pris d’assaut un village puissamment fortifié, a enlevé la deuxième ligne ennemie et conquis deux kilomètres. S’est accroché au terrain avec une remarquable ténacité et l’a organisé ; a brisé toutes les contre-attaques ennemies malgré de violentes réactions d’artillerie allemande, a recommencé de nouvelles attaques de lui-même, sans ordres, bien que l’objectif à lui assigné ait déjà été conquis. A continué sa progression, gagnant encore 900 mètres et ne s’arrêtant qu’à bout de forces devant un centre de résistance très fortement organisé. »

 

11 octobre 1916

 

Le général Guillemot remet l’étoile de vermeil au drapeau du 149e R.I. pour sa conduite au feu durant les attaques de Soyécourt.

 

Le 149e R.I. se prépare à retourner dans la Somme.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/4.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  419/3.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

 

J.M.O. du 409e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/11.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

7 octobre 2022

Émile Ferdinand Drouot (1866-1932)

Emile Ferdinand Drouot

 

Émile Ferdinand Drouot est né le 25 septembre 1866 à Clans, une petite bourgade de la Haute-Saône située près de Vesoul. Son père, François Drouot, 39 ans, est employé aux chemins de fer. Sa mère, Virginie Jacquinot, mère au foyer, est âgée de 33 ans.

 

Émile est le benjamin d’une fratrie composée de cinq garçons.

 

Genealogie famille Drouot

 

Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. L’adolescent maîtrise également le solfège tout en pratiquant le saxhorn baryton.

 

Émile Drouot exerce le métier de domestique à Hortes, dans la Haute-Marne, avant d’être convoqué devant le conseil de révision de son canton. Déclaré apte aux obligations militaires, il intègre le 21e B.C.P. le 7 novembre 1887.

 

Envoyé en congé le 22 septembre 1890 avec son certificat de bonne conduite validé, il attend son passage dans la réserve de l’armée active prévu le 1er novembre.

 

Émile Drouot s’installe dans le 20e arrondissement parisien, d’abord au 4 rue de la Chine, puis au 8 rue des Amandiers, avant de déménager dans le 11e arrondissement, 3 rue Merlin.

 

Le 1er août 1895, il est commissionné comme soldat musicien, au 24e R.I., suite à une décision du 19 juillet prise par le général commandant le 3e C.A. ( il n'est pas fait mention de contrats d'engagement  sur sa fiche matricule pour les 6 années suivantes).

 

Son niveau musical et sa maîtrise instrumentale, lui permettent de tenter et de réussir le concours national pour devenir sous-chef de musique.

 

Une décision ministérielle du 2 août 1901 entraîne sa nomination au 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal.

 

Émile Drouot est placé sous l’autorité directe du chef de musique Octave Guillon.

 

Chef de musique Octave Guillon et sous-chef de musique Emile Drouot

 

Il est rengagé pour cinq ans le 24 septembre 1901, et ce contrat prend effet immédiatement.

 

Le 22 septembre 1907, il signe à nouveau pour dix mois et sept jours à compter du 24 (loi du 21 mars 1905).

 

Sous-chef de musique Drouot avec un groupe de musiciens

 

Le sous-chef de musique Drouot est de nouveau commissionné à compter du 1er août 1907, suite à une décision prise par le colonel du 149e R.I. le 12 juillet 1907. À partir de cette date, il ne signe plus de contrats avec l’armée.

 

Emile Drouot avec ses musiciens

 

Le 20 juillet 1903, il épouse Eugénie Beuzeville, une couturière nogentaise âgée de 33 ans. Deux filles, Cécile et Suzanne, naissent de cette union. Suzanne décède deux jours après sa venue au monde.

 

Début août 1914, la guerre contre l’Allemagne est sur le point d’être déclarée. Le 149e R.I., qui fait partie des troupes de couverture, doit rejoindre au plus vite la frontière allemande. La musique est dirigée par le chef de musique Paul Porte.

 

La fiche matricule du sous-chef de musique Drouot ne fournit pas les indications nécessaires pour reconstruire son parcours de guerre.

 

Il est donc impossible de dire s’il a toujours occupé son poste au sein du régiment spinalien lorsqu’il se trouvait dans la zone des armées. Une anecdote figurant dans le carnet de guerre du musicien-brancardier Louis Cretin confirme sa présence à Verdun en mars et avril 1916.

 

L’adjudant Drouot est présent sur la photographie suivante réalisée en 1917.

 

Un groupe de poilus dans un jardin

 

En dehors de sa mission principale d’encadrement des musiciens du régiment, Émile Drouot est également chargé d’organiser le relevage des blessés sur le champ de bataille après les combats. Son courage et son dévouement sur le terrain lui valent d’être décoré de la Médaille militaire et d’être cité en même temps à l’ordre de l’armée.

 

L’adjudant Drouot n’est plus présent au 149e R.I. à la signature de l’armistice en novembre 1918.

 

Si nous n’avons pas de date fiable à proposer pour son départ du régiment, nous pouvons affirmer qu’il a été bénéficiaire d’une pension de 1066 francs à la suite d’un décret ministériel en date du 11 avril 1918 (publication J.O. du 16 avril 1918).

 

Une fois sa carrière militaire achevée, Émile Drouot se retire à Nogent-sur-Marne. De retour à la vie civile, il prend la direction de la société municipale de la ville durant de nombreuses années.

 

Émile Drouot décède le 20 septembre 1932, 24 rue Théodore Honoré, à l’approche de ses 66 ans. La cérémonie religieuse de ses obsèques se déroule en l’église Saint-Saturnin deux jours plus tard. L’ancien sous-chef de musique est ensuite inhumé dans le caveau familial du cimetière communal.

 

Les decorations du sous-chef de musique Drouot

 

Émile Drouot a été décoré de la Médaille militaire (publication dans le J.O. du 7 août 1915).

 

« Très bon sous-officier. Depuis le début de la campagne, a fait preuve d’un grand dévouement en soignant les blessés et en dirigeant les musiciens chargés de les relever sur le champ de bataille. »

 

Cette décoration lui donne également droit au port de la croix de guerre avec palme.

 

Le 15 février 1925, il est nommé officier d’académie (publication dans le  J.O. du 15 février 1925).

 

Le sous-chef de musique Drouot fut probablement très apprécié de ses hommes.

 

Il suffit de lire les deux anecdotes suivantes pour se faire une idée de sa cote de popularité au sein du 149e R.I..

 

Pour avoir accès au 1er texte, il suffit de cliquer une fois sur le montage suivant.

 

Deux bien etranges recrues à la C

 

Pour avoir accès au 2e texte, il suffit de cliquer une fois sur le montage suivant.

 

La bouffarde de M'sieur Drouot

 

Sources :

 

Les actes d’état civil et la fiche matricule ont été consultés sur le site des archives départementales de  la Haute- Marne.

 

Annuaire spécial des chefs de musique et des sous-chefs de musique de Jules Rousson. Année 1908.

 

Témoignage inédit de Louis Cretin, musicien-brancardier au 149e R.I..

 

Fonds Rémy cote 141 J - cliché n° 68. Archives départementales des Vosges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à M. Claude, à A. Carobbi, à T. Cornet, à J.F. Durand, à T. Vallé et aux archives départementales de la Haute-Marne et des Vosges.

30 septembre 2022

18 septembre 1916

Journee du 18 septembre 1916

 

Une grosse partie de la 43e D.I. s’apprête à quitter la ligne de front après plusieurs jours de combat. Le 1er bataillon du 149e R.I. est envoyé à Framerville.

 

De nombreux Allemands se rendent au 10e B.C.P. et au bataillon du 17e R.I. dans le secteur de la 85e brigade. Plusieurs patrouilles des 21e et 109e R.I. (13e D.I.) fouillent le bois de Déniécourt. Ce dernier étant vidé de tout ennemi, elles poursuivent leur investigation jusqu’aux bois de Bovent, du Tremble et des Templiers. Des éléments de la 85e brigade ont reçu l’ordre de se joindre à ce mouvement.

 

Plusieurs soldats du 2e bataillon du 149e R.I. progressent par le boyau du Valet et la tranchée Colombine. Au point 92, ils se heurtent à un poste allemand de grenadiers et de mitrailleuses. Ils sont obligés de faire demi-tour.

 

Le 3e bataillon du 158e R.I., sous les ordres du commandant Fernagu, est mis à la disposition de la 85e brigade. Il relève le bataillon du 17e R.I.. Les deux autres bataillons de ce régiment sont relevés par le 409e R.I. (120e D.I.).

 

Le 10e B.C.P. et les trois compagnies du 3e B.C.P. se retirent de leur position sans être remplacés.

 

Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. sont maintenus sur  la ligne de front.

 

Carte journée du 18 septembre 1916

 

 

Le Lieutenant-colonel Pineau prend officiellement le commandement du 149e R.I. le 18 septembre. Un commandant de bataillon assurait les fonctions de chef de corps par intérim depuis le 6 septembre 1916, suite à la capture du lieutenant-colonel Gothié.

 

                                         Tableau des tués pour la journée du 18 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  419/3.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

 

J.M.O. du 409e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/11.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Témoignage inédit de l’aumônier Henry.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, J.L. Poisot, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

16 septembre 2022

17 septembre 1916

17 septembre 1916 - P

 

Dans la nuit du 16 au 17 septembre, le 1er B.C.P. quitte Framerville. Rattaché à la 85e brigade, il doit relever une partie du 10e B.C.P. en 1ère ligne.

 

Une fois sur place, il établit sa liaison avec des éléments de la 13e D.I. à sa gauche. À sa droite, il se relie à deux compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. qui occupent la zone reliant le point 651g aux abords de la ferme sans Nom.

 

La dernière compagnie de ce bataillon est installée au moulin détruit. Le 3e bataillon du 149e R.I. est positionné juste en arrière. Le 1er bataillon du régiment occupe le village de Soyécourt. Son départ pour Framerville a été retardé.

 

Le 10e B.C.P. a du légèrement modifier sa trajectoire de front juste après l’arrivée du 1er B.C.P.. Il gère toute la ligne de flanc faisant jonction avec la 13e D.I..

 

La 85e brigade est prête à repartir à l’attaque malgré l’épuisement de ses troupes.

 

Troupes engagées et objectifs

 

Deux compagnies et une compagnie de mitrailleuses du 3e B.C.P., les 1er et 10e B.C.P et les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. se tiennent prêts à franchir le parapet au moment venu.

 

Un bataillon du 17e R.I., trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses du 3e B.C.P. constituent la réserve de la 85e brigade.

 

Ces unités doivent atteindre la ligne 90 au sud du parc de Déniecourt et rejoindre les points 616c et 651i, avant de se lancer à l’attaque de la tranchée Colombine et du bois Vasset. Le 149e R.I. a pour objectif la tranchée 651i - 4200.

 

Carte 1 journee du 17 septembre 1916

 

Offensive du 17 septembre 1916

 

L’attaque est déclenchée à 14 h 30. Elle progresse sans rencontrer de résistance. C’est un succès total sur toute la ligne de front. Les pertes sont minimes. Pour le 149e R.I., il n’y a qu’un tué à déplorer.

 

Vu la violence extrême des bombardements effectués par l’artillerie française durant les jours précédents l’attaque, il est tout à fait probable que l’infanterie ennemie ait choisi d’évacuer la plus grosse partie de ses troupes de la tranchée convoitée pour mieux se renforcer vers l’arrière.

 

En fin de journée, le 149e R.I. réussit à installer un barrage dans le boyau du Valet à 150 m à l’est de 651i. Il occupe également l’intégralité de la tranchée 651i -batterie 4200. Le 3e B.C.P. tient la tranchée à gauche de 4200 et le 1er B.C.P. s’organise sur le point 90. Le 10e B.C.P. s’est positionné à la lisière du parc. Il a pu établir un poste avancé dans la tranchée du Pierrot.

 

À droite, le village de Vermandovillers est occupé par les troupes françaises. À gauche, la 13e D.I. a atteint tous ses objectifs.

 

Durant la nuit, les Allemands restés encerclés dans le parc lancent plusieurs contre-attaques à la grenade sans succès.

 

Le bataillon du 17e R.I., réserve de brigade, relève 3 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses du 10e B.C.P..

 

                               Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 17 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

9 septembre 2022

La musique du 149e R.I..

Un tambour et un clairon du 149e R

 

Dans une célèbre citation dont on ne sait si elle est réelle ou apocryphe, Clemenceau aurait dit " la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique." Cette critique de la musique militaire est sans appel, mais elle n’est pas fondée.

 

En effet, présente dans tous les régiments, elle participa activement à la Première Guerre mondiale.

 

À travers la formation musicale du 149e R.I., découvrons son organisation et son rôle avant et pendant le conflit.

 

Si la réglementation militaire impose un nombre de 38 instrumentistes, le chef de corps est libre d’augmenter les effectifs en fonction de l’intérêt qu’il  accorde à cette musique. Pour cela, il doit puiser sur la ressource de son régiment en supprimant proportionnellement des postes dans les autres unités.

 

Comme pour la plupart des unités militaires, le 149e R.I. possède une musique composée de deux entités : l’harmonie (cuivres et bois) et la batterie (tambours et clairons) communément appelée « la clique ».

 

Leur rôle n’étant pas identique, il faut impérativement les différencier l’une de l’autre.

 

La musique du 149e R.I.

 

Les années avant-guerre

 

Les musiciens de l’harmonie

 

En dehors des instruments de base, clarinettes, saxophones, trompettes, trombones, saxhorns et contrebasses, il existe de nombreuses variantes possibles concernant la composition de la formation musicale régimentaire.

 

Elles sont généralement liées à l’arrivée des nouveaux conscrits susceptibles de rejoindre le groupe. Un violoniste de la nouvelle classe peut remplacer un joueur de flûte traversière sur le départ. De la même manière, un saxophoniste peut prendre la place d’un hautboïste, etc.

 

Le niveau instrumental des musiciens n’est jamais identique. Il varie en fonction des arrivées liées aux années de conscription. Très vite, une musique jugée excellente peut devenir l’année suivante (au grand dam de son chef de musique et du chef de corps) moins performante. Heureusement, l’inverse peut se produire aussi.

 

En dehors des prises d’armes à l’intérieur et à l’extérieur de la caserne Courcy durant les commémorations telles que le 14 juillet, la musique du 149e R.I. participe largement à la vie publique de la cité spinalienne.

 

La musique au cours

 

Elle offre, à un rythme quasi hebdomadaire, des concerts au kiosque d’Épinal placé sur le cours longeant la rive droite de la Moselle. Les programmes joués à ces occasions sont largement diffusés dans la presse locale. À chaque fois, ils attirent un large public.

 

La musique au chateau

 

La musique peut également participer à des concours musicaux civils, animer des messes, prendre part à des retraites aux flambeaux, défiler dans la ville (avec ou sans le régiment), prêter son concours à des œuvres de bienveillance, animer des soirées régimentaires ou bien encore prendre part aux fêtes des écoles (comme le prouve la photographie suivante).

 

La fete de l'ecole

 

La clique

 

Sous l’autorité directe du tambour-major, la clique, composée de tambours et clairons, constitue la seconde formation musicale du régiment.

 

Tambours et clairons

 

Ne dépendant pas de la C.H.R., ses hommes sont à dissocier du groupe des musiciens. La plupart d’entre eux sont rattachés directement aux 12 compagnies du régiment. De manière générale, chaque compagnie possède un clairon et un tambour, parfois il peut y en avoir davantage.

 

Année 1908

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1908

 

En janvier 1908, la musique du 149e R.I. est placée sous la direction du chef de musique de 2e classe, Paul Porte, qui remplace son homologue le lieutenant Octave Guillon, affecté au 107e R.I..

 

Le lieutenant Paul Porte, secondé par son sous-chef de musique Émile Drouot, détient les mêmes droits qu’un commandant de compagnie.

 

Responsable de la musique, du personnel et du matériel, il est également chargé d’assurer la discipline, de veiller à l’éducation militaire, à la tenue irréprochable et de parfaire l’instruction technique de ses musiciens. Le chef de musique Paul Porte est aussi le garant de la direction technique et de l’instruction donnée aux tambours et clairons ; ceux-ci sont placés sous les ordres du tambour-major.

 

Le lieutenant Porte doit régulièrement soumettre au colonel Clause, par l’intermédiaire d’un des lieutenants-colonels du régiment, toutes les consignes relatives au service et à l’instruction de ses subordonnés.

 

La clique

 

Les tambours et les clairons - annee 1908

 

Le tambour-major, Armand Niderberger, est secondé par des adjoints (tambour-maître et clairon-maître), qui encadrent les tambours et clairons du 149e R.I. durant leur passage sous les drapeaux. Le tambour-major veille au bon entretien des instruments et signale, à qui de droit, les réparations à faire et les remplacements nécessaires. Il est rattaché à la musique pour l’exécution du service intérieur. En cas de détachement, il reste à proximité du colonel.

 

Le niveau musical des clairons et des tambours peut ne pas être tout à fait le même que celui des instrumentistes de l’harmonie régimentaire. Leurs connaissances en solfège sont parfois moindres et leur technique instrumentale plus basique. Deux différences marquantes : s’ils n’ont pas le droit de porter la lyre, l’insigne distinctif des musiciens, ils peuvent arborer le liseré spécifique à leur fonction cousu aux manches et au col de leur vareuse.

 

La lyre et le lisere

 

Plusieurs conscrits, issus de fanfares civiles, possèdent les bases nécessaires pour rejoindre la clique. Les futurs clairons peuvent être auditionnés et retenus préalablement par le chef de musique Porte et le tambour-major Niderberger afin de mesurer l’étendue de leurs connaissances instrumentales.

 

L'ecole des tambours et des clairons - image 1

 

Si certains peuvent être intégrés dans la formation sans pour autant posséder les prérequis dans ce domaine, leur apprentissage musical militaire s’effectuera à l’école des clairons et des tambours.

 

Les hommes doivent connaître de nombreuses sonneries et surtout bien les maîtriser. Une fois formés, les clairons et les tambours disposent d’un ensemble de sonneries suffisamment large pour donner les principales consignes journalières à l’ensemble du régiment.

 

Leur mission reste de l’ordre du service général. Ces hommes effectuent les sonneries (service de garde, montée des couleurs). Ils rythment la vie de leur compagnie (sonneries de rassemblement, appels divers comme pour la distribution du courrier).

 

Voici quelques exemples de sonneries entendues à l’intérieur de la caserne Courcy (pour les écouter, il suffit de cliquer une fois sur chacune des partitions suivantes).

 

Le réveil

 

 

La Diane

 

 

Le réveil, souvent joué seul, est quelquefois précédé d’un morceau appelé la Diane. De la même façon, la Diane peut-être jouée séparément, soit par un clairon seul, soit accompagnée d’un tambour.

 

L’appel

 

 

Le rassemblement

 

 

Aux officiers

 

Au drapeau

 

 

La distribution des lettres

 

 

Aux malades

 

 

En avant

 

 

Marche de retraite (pour la retraite du soir et pour le champ de tir)

 

 

La soupe

 

L'extinction des feux

 

 

Les clairons et les tambours assurent également le rythme du pas cadencé au cours des sorties des compagnies en ordre serré.

 

Pour les mouvements propres au régiment, les clairons et les tambours sont rattachés à la musique. Ils font alors bloc avec l'harmonie. Le nombre d’instrumentistes étant plus important, leur appellation devient (pas toujours) la batterie-fanfare. Les clairons et les tambours sont placés devant l'harmonie, pendant les déplacements du 149e R.I..

 

La batterie fanfare

 

Année 1909

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1909

 

Le personnel de la musique comprend des élèves musiciens et des musiciens titulaires dont le nombre est fixé par des instructions ministérielles.

 

Les uns et les autres peuvent être nommés à la 1ère classe selon les conditions fixées à l’article 135. Article 135 : L’admission des soldats à la 1ère classe est prononcée par le colonel sur la proposition du capitaine et l’avis du chef de bataillon. Leur nombre ne peut dépasser deux par escouade.

 

Les soldats de 1ère classe sont choisis parmi les soldats de 2e classe ayant au moins quatre mois de service et qui méritent cette distinction par leur vigueur, leur conduite et leur instruction militaire.

 

Des nominations peuvent être faites, à titre exceptionnel, avant quatre mois de service, pour récompenser un acte de courage et de dévouement.

 

Les soldats de 1ère classe non punis sont exempts, sauf nécessité, des corvées intérieures de la compagnie. Le nombre des nominations ainsi faites ne doit pas dépasser huit pour l’ensemble de la musique.

 

Les élèves musiciens sont désignés par le colonel Clause suite à la proposition du chef de musique Porte. Ils sont choisis parmi les soldats possédant l’aptitude voulue, qui ont au moins quatre mois de service et ne sont pas élèves caporaux.

 

Les élèves musiciens ne peuvent être nommés titulaires que lorsqu’ils ont dix mois de services. Toutefois, des nominations avant ce délai peuvent être autorisées, à titre exceptionnel, par le général de brigade.

 

La musique forme généralement quatre escouades, commandées chacune par le plus ancien des musiciens de 1ère classe de l’escouade.

 

Les chefs d’escouades assurent, à tour de rôle, l’exécution du service de semaine, y compris les appels.

 

La surveillance de l’ensemble du service intérieur est répartie par le chef de musique entre le sous-chef de musique et le tambour-major.

 

 La clique

 

Les tambours et les clairons - annee 1909

 

Chaque régiment possède sa propre marche. C’est en quelque sorte son identité sonore. Pour le 149e R.I. seule une partie du refrain a pu être retrouvée.

 

 

Ce morceau de refrain a été retranscrit dans l'almanach du drapeau de l’année 1907 (selon un manuscrit rédigé par l'ancien tambour-major A. Raynaud du 31e R.I., datant de 1936, il était encore utilisé en 1914). Les paroles ne sont pas d’origine. Le responsable de cette édition les a probablement fait modifier. En effet, le caractère léger, pour ne pas dire grivois, des textes utilisés pour ces marches dans des temps plus anciens a probablement été censuré par l’auteur ou par l’éditeur dans cette publication à large diffusion.

 

En général, le refrain sert d'introduction à une marche régimentaire beaucoup plus complète.

 

À l'heure actuelle, il a été impossible de récupérer une partition de la marche du 149e R.I.. À l'époque, les musiciens reproduisaient eux-mêmes leurs partitions sur du papier à musique. Il en existe peut-être encore une copie dans les archives d'une harmonie civile où aurait pu jouer un ancien du 149e   R.I., qui sait ?

 

En exercice et en dehors des sonneries de « commencez le feu » ou « cessez le feu », les clairons peuvent sonner le refrain de leur régiment d'appartenance. De cette manière, les soldats de la même unité ont la possibilité de se repérer et de se retrouver. Sur le champ de bataille, le sifflet a fini par remplacer ce système.

 

Commencez le feu

 

 

Cessez le feu

 

 

La marche du régiment est jouée (en priorité par la musique au complet)  soit par un clairon seul, soit par un tambour seul, soit par un clairon et un tambour, soit par plusieurs clairons et tambours, soit par plusieurs clairons. En fait, tout dépend de l'effectif.

 

Année 1911

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1911

 

Les musiciens du 149e R.I. posent pour la photographie de l’album régimentaire de l’année 1911. Excepté les joueurs de saxhorn et de trombone à pistons, tous les hommes tiennent leur instrument dans les bras. Chose rare, il y a deux violonistes dans la formation.

 

Silhouettes des musiciens de l'harmonie- annee 1911

 

Les musiciens prennent part aux marches et aux manœuvres selon les conditions fixées par le chef de corps. Ils ne sont pas dispensés des séances de tirs. Ils assistent aux exercices importants, soit avec leur compagnie, soit avec la musique.

 

La clique

 

Les tambours et les clairons - annee 1911

 

Le tambour-major Niederberger dispose d’une douzaine de marches (identiques pour tous les régiments) pour accompagner les déplacements des compagnies du 149e R.I.. Ces marches sont par exemple utilisées pour aller au champ de tir ou pour effectuer un déplacement de manœuvres en petits groupes.

 

Elles peuvent également être jouées par un groupe d’instrumentistes plus conséquent. Dans ces conditions, le tambour-major, le tambour-maître ou le clairon-maître coordonnent l’ensemble musical pour rendre les interprétations plus faciles.

 

L'ecole des tambours et des clairons -image 2

 

Si vous souhaitez écouter les 2e, 3e, 5e et 8e marches, il suffit de cliquer une fois sur chacune des partitions suivantes (seules les versions à un clairon et à un tambour ont été enregistrées).

 

 

Les marches peuvent être interprétées soit par plusieurs clairons, soit par plusieurs tambours, soit par les deux instruments à la fois, soit par un ou deux instruments.

 

Les marches jouées par les tambours et clairons sont assez courtes. Lorsque l'on écoute attentivement ces extraits, nous constatons de fortes ressemblances entre les morceaux. Les hommes étaient sacrément doués pour ne pas se tromper ! En règle générale, le tambour-major donne le numéro de la marche, avec quelques enchaînements, mais pas trop d'un seul coup. Il faut éviter les erreurs !

 

Le tambour-major a donc la possibilité d’alterner les numéros de marches comme bon lui semble au cours des déplacements. Les clairons et les tambours peuvent également alterner, pour un même morceau, la version à deux instruments, entrecoupée si besoin, de la version « clairon seul ou tambour seul ». Toutes les variantes sont possibles.

 

Année 1913

 

Cette année-là, dans son avis sur le chef de musique Porte, le colonel Menvielle, commandant du 149e R.I., accorde peu de crédit à la musique de son corps. Il la considère comme un ensemble instrumental plutôt médiocre. Le général de brigade Rafffenel approuve ce jugement. Le chef de musique Paul Porte fait tout son possible pour relever le niveau de ses musiciens.

 

Les années de guerre

 

Les musiciens de l’harmonie

 

Le chef de musique de 1ère classe (capitaine) Porte est toujours à la tête de la musique du 149e R.I. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Émile Drouot occupe encore les fonctions de sous-chef de la musique.

 

La photographie suivante, réalisée en 1913, montre les musiciens du 149e R.I.. La plupart d’entre eux ont probablement participé au secours des blessés durant les premiers mois du conflit.

 

Les musiciens de l'harmonie - annee 1913

 

En dehors du fait de jouer d’un instrument au sein de l’harmonie, les musiciens ont pour mission de relever les blessés sur le champ de bataille après chaque engagement du régiment. Pour mener à bien cette tâche, ils ont suivi la formation de brancardier durant leur temps de conscription. Certains d’entre eux ont même eu la possibilité de devenir infirmiers. Hélas, le cas échéant, ces hommes pouvaient aussi être utilisés comme fossoyeurs.

 

Decision du mardi 12 janvier 1915

 

Le 12 janvier 1915, le lieutenant-colonel Gothié remet de l’ordre dans sa musique et dans sa clique. Voici ce qu’il écrit dans un petit bulletin intitulé « décision du mardi 12 janvier 1915 » :

 

« Il est bien entendu que les musiciens ne sont à la disposition du médecin-chef de service qu’en cas d’engagement de tout le régiment. En dehors de ce cas spécial, il ne sera fait appel aux musiciens, pour le service des brancardiers, qu’à titre tout à fait exceptionnel et sur demande adressée au chef de corps. Lorsqu’il sera fait appel aux musiciens pour le service des brancardiers, leurs instruments seront confiés régulièrement au commandant du T.C. et repris régulièrement une fois le service de brancardier terminé.

 

Les chefs de bataillon rendront compte du nombre de tambours et de clairons munis d’instrument existant dans les unités sous leurs ordres.

 

Les tambours, clairons ou élèves seront réunis chaque jour, aux heures des exercices près du cantonnement de Villers-Brûlin, pour reprendre leur instruction spéciale sous la direction du sergent tambour-major, le matin de 8 h 00 à 10 h 00 et l’après-midi de 13 h 00 à 15 h 00. Des procès-verbaux de perte seront établis pour les instruments ayant disparu par cas de force majeure. »

 

Les musiciens du 149e R.I. sont censés être un peu moins exposés que leurs camarades fantassins durant les attaques. Pourtant, leur courage n’est pas à démontrer.

 

Les prises de risques permanentes sur les terrains particulièrement accidentés, les conditions climatiques pénibles pour récupérer les blessés sur le champ de bataille les exposent tout autant aux balles de mitrailleuses et aux tirs d’artillerie ennemis. L’obtention de la Médaille militaire doublée d’une citation à l’ordre de l’armée du sous-chef de musique Drouot obtenue en août 1915 ne laisse aucun doute sur la vaillance de ces hommes. « Très bon sous-officier, depuis le début de la campagne, a fait preuve d’un grand dévouement en soignant les blessés et en dirigeant les musiciens chargés de les relever sur le champ de bataille. »

 

Bien souvent, les musiciens sont restés des héros anonymes au comportement exemplaire et désintéressé. Ils peuvent relever le moral des troupes en organisant des aubades improvisées au cantonnement. Dès qu’ils en ont la possibilité, ils effectuent des concerts sur la place publique dans les villages situés à proximité de la ligne de front.

 

Quelque part sur la ligne de front

 

Ils réalisent parfois des animations musicales de manière impromptue, de façon individuelle ou en petit groupe autour du feu, à la popote ou à la chambrée. Ils rendent aussi les honneurs aux compagnons d’infortune tombés au combat.

 

Un bon nombre d’entre eux n’est pas rentré au foyer après la démobilisation de 1919. Pour le 149e R.I., il a été impossible de les quantifier. Les fonctions de brancardier et de musicien ne sont pas mentionnées sur leurs fiches matricules et encore moins sur leurs fiches « mémoire des hommes ».

 

Le chef de musique Paul Porte quitte le 149e R.I. le 12 octobre 1916 pour des raisons de santé.

 

Jean Pierre Lerouge prend ses fonctions de chef de musique au 149e R.I. le 10 février 1917.

 

La fiche matricule du sous-chef de musique Émile Drouot ne fournit pas les informations nécessaires pour reconstruire son parcours militaire durant le conflit 1914-1918. Il est donc impossible d’affirmer si ce sous-officier a fait l’intégralité du conflit au sein du 149e R.I..

 

La clique

 

L’adjudant tambour-major Armand Niderberger est tué le 14 septembre 1914 au cours de la bataille de la Marne, près du petit village de Souain. 

 

Le liseré spécifique cousu sur l’uniforme des clairons et des tambours a tendance à disparaître au fil du temps. Le cliché suivant, probablement réalisé en automne 1915, marque ce changement. La plupart des hommes photographiés ici ne le portent plus à l’exception de quatre d’entre eux.

 

1915

 

Sur le champ de bataille, les clairons et les tambours du 149e R.I. se relayent en permanence pour donner les ordres.

 

Affectés aux compagnies, ces hommes participent aux coups de feu en prenant part aux combats.

 

Une vingtaine d’entre eux ont été tués durant le conflit 1914-1918.

 

                    Tableau des clairons et des tambours du 149e R.I. tués durant le conflit 1914-1918

 

Le cahier de chansons

 

Cahier de chansons

 

Les hommes ont appris plusieurs chansons durant leur passage sous les drapeaux. Cette activité moins visible mérite d’être évoquée ici.

 

En règle générale, tous les soldats sont susceptibles de posséder un cahier de chansons. Il suffisait que l'un d'entre eux commence à pousser la première mélodie, pour que les autres enchaînent sans trop de difficultés.

 

Cette manière de faire a pu être un bon moyen de reconnaissance sur le champ de bataille. Ce système très pratique, qui ne demande aucun support matériel si ce n’est d’avoir un peu de souffle, de la mémoire et de la conviction, a probablement permis a plusieurs d’entre eux de ne pas se perdre dans le no man’s land au retour d’une patrouille de nuit, voire de leur sauver la vie.

 

Gloire au 149e R

 

Pour finir, voici une chanson intitulée « Gloire au 149e R.I. » composé par Ernest Jaubert.

 

1.

 

Partout, quand sous la Barbarie

Le droit fléchit, nous sommes là,

Enfants d’une libre patrie,

Contre les brutes d’Attila.

La Malmaison, Artois, Champagne,

Verdun, la Somme et cætera,

Partout où l’honneur fait campagne,

L’on y fut et l’on y sera.

 

Refrain

 

C’est nous, le plus fier bataillon

Y a bon !

Le plus fier régiment de ligne !

Aussi bon pour subir que pour donner la mort,

Quand le colonel nous fait signe,

Le régiment « résiste et mord ! »

 

2.

 

Le chaud, le froid, le vent, la glace,

La boue épaisse aux pieds de plomb,

Le jour, la nuit, rien ne nous lasse,

Du simple soldat au colon.

Nous ne craignons pas plus les hommes

Que la fureur des éléments :

Des Sans-Peur, voilà qui nous sommes.

En avant ! Sus aux Allemands !

 

3.

 

Dans l’attaque et dans la défense,

On n’a le cœur ni les doigts gourds ;

À l’assaut nul ne nous devance,

À la tranchée, on tient toujours.

Pour la bravoure accoutumée

L’entrain et la ténacité,

On fut, à l’ordre de l’armée,

Le premier régiment cité !

 

4.

 

Sous les obus, sous la mitraille,

Soldats et chefs, le bataillon

Demeure comme une muraille,

Où vole comme un tourbillon.

Qu’un seul désir, une seule âme

Animent nos milliers de corps :

Jurons par le feu et la flamme,

De bouter l’Allemand dehors !

 

5.

 

Par le divin peuple de France,

Qui ne doit pas être vaincu.

Par la beauté, l’art, l’espérance,

Tout ce qui vaut d’être vécu.

Nous crèverons saillants et poches,

On les aura, nous le jurons :

Ils ne passeront pas, les Boches,

C’est nous, Poilus, qui passerons !

 

6.

 

Vosgiens, Comtois, gars de Lorraine

De Paris, du Nord, du Midi,

Qu’un même enthousiasme entraîne,

Fils de France, en avant, hardi !

Hardi pour la lutte suprême.

Sus au Boche, il faut en finir !

Hardi ! Cent-quarante-neuvième,

Pour la France et pour l’Avenir.

 

Sources :

 

Extrait du livre « Service intérieur des corps de troupe d’infanterie » volume arrêté à la date du 25 août 1913. Éditions Henri Charles Lavauzelle.1913.

 

Almanach du drapeau de l’année 1907

 

Dossier individuel du chef de musique Porte consulté au S.H.D. de Vincennes.

 

Les photographies de groupes représentant les musiciens et la clique du 149e  R.I. sont extraites des albums régimentaires des années 1908, 1909 et 1911.

 

Tous les autres clichés sont issus de ma collection personnelle.

 

Le dessin représentant un tambour et un clairon du 149e R.I. au repos a été réalisé par I. Holgado.

 

Les partitions des sonneries sont extraites de l’ouvrage « l'Instruction du 18 juin 1912 sur les batteries et sonneries communes à toutes les armes », mise à jour au 10 juin 1922, éditions Paris imprimerie nationale 1922.

 

L’ensemble sonore des sonneries présentées ici a été réalisé avec le logiciel  « Finale ».

 

Le texte « décision du mardi 12 janvier 1915 » provient du fonds Gothié propriété de la famille Gothié.

 

Le texte de la chanson « Gloire au 149e R.I. » fait partie du fonds Bonnefous, propriété de N. Bauer.

 

Un grand merci à N. Bauer à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.F.Durand, à D. Gothié et à I. Holgado.

9 septembre 2022

Marcel Morand (1892-1983)

Marcel Morand

 

Marcel Morand naît le 29 mai 1892 à Vierzon-ville, dans le département du Cher. Son père, Joseph Frédéric, est garçon meunier. Il a 41 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Mélanie Alexandrine Thomas a 27 ans. Les Morand auront au total 9 enfants. Trois décéderont en bas âge.

 

Le registre matricule de Marcel indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte son instituteur. Cette fiche nous apprend également qu’il fut employé de commerce.

 

Son père décède en 1908, Marcel a seize ans, sa plus jeune sœur, trois ans.

 

L’année de ses vingt ans, le jeune Morand se rend à la mairie de Vierzon pour passer devant le conseil de révision. Au vu de son excellent état de santé, le conseil le déclare « bon pour le service armé ». Il est classé dans la 1ère partie de la liste.

 

Le 10 octobre 1913, Marcel arrive en gare d’Épinal en même temps qu’un nombre important de conscrits de sa classe qui l’accompagnent depuis Vierzon.

 

Les régions de l'intérieur envoyaient une petite partie de leur contingent vers les unités aux frontières, car le réservoir humain des dites frontières était insuffisant pour garnir les rangs.

 

Le soir même, tous ces hommes dorment à la caserne Courcy, bâtiment militaire qui abrite le 149e R.I.. Marcel débute sa formation de soldat à la compagnie hors rang.

 

L’année suivante, l’armée lui accorde le statut de soutien de famille.

 

Marcel est toujours à la C.H.R. lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Ses fonctions au sein de cette compagnie, qui n’est pas une unité combattante, ne sont pas connues. Il est donc difficile de savoir dans quelle mesure il participa aux différents combats, sachant qu'il fut de toutes les opérations depuis le début des hostilités.

 

Cette situation change le 11 avril 1915. Ce jour-là, Marcel est affecté à la 10e compagnie du 149e R.I.. À partir de cette date, nous savons qu’il est vraiment engagé dans toutes les attaques impliquant sa compagnie dans le secteur d’Aix-Noulette, en Artois.

 

Le 25 juin 1915, le soldat Morand est nommé caporal. Le 1er avril 1916, il peut coudre ses galons de sergent. Le 149e R.I. est engagé à Verdun depuis le mois de mars.

 

Le régiment spinalien occupe ensuite un secteur en Champagne entre les buttes de Tahure et de Mesnil.

 

En septembre 1916, le 149e R.I. est dans la Somme. Il participe à plusieurs attaques dans les secteurs de Soyécourt et d’Ablaincourt. Le régiment reste quatre mois dans ce secteur. En novembre, le sergent Morand gagne sa croix de guerre avec une citation à l‘ordre de la brigade.

 

Le 10 avril 1917, Marcel Morand se fait photographier avec l’ensemble des sous-officiers de sa compagnie, dans le Haut-Rhin, près de Belfort.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Son identification a été rendue possible à partir du livre écrit par Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». Un cliché similaire figure à la page 179 de l’ouvrage. Chaque homme est nommé en marge de la photographie.

 

Fin mai, le 149e R.I. est envoyé dans un secteur à l’ouest du fort de la Malmaison, près du chemin des Dames. Le 7 juin 1917, la 10e compagnie est à la ferme le Toty. Le sergent Morand est violemment commotionné suite à l’explosion d’un obus qui lui rompt un tympan.

 

Ferme le Toty

 

Marcel est, dans un premier temps, soigné à l’ambulance 5/52 avant d’être envoyé vers l’arrière.

 

Le 19 juin, il est à l’hôpital n° 47 de Mont-Saint-Aignan. Le 4 juillet, le sergent Morand est cité à l’ordre de la division. Le 11 juillet, il occupe un lit de l’hôpital complémentaire n° 48 de Rouen. Le 14 juillet, Marcel est pris en charge par les médecins de l’hôpital Bel air 3 à Nantes. Une fois rétabli, le sergent Morand bénéficie d’une semaine de convalescence.

 

Le 13 août, il est de retour au dépôt du 149e R.I.. Sa dernière citation nous apprend qu'il demande instamment son retour au front, dans son régiment, alors qu'il est affecté à une compagnie d'inaptes.

 

Le 19 octobre, Marcel retrouve la 10e compagnie qui va bientôt être engagée dans la bataille de la Malmaison. 

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille dite de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 30 novembre, Marcel peut ajouter une palme à sa croix de guerre.

 

Le 149e R.I. est en formation du côté de Compiègne en avril 1918. Fin mai, avec l’ensemble de la 43e D.I., il repousse une offensive allemande dans le secteur d’Arcy-Sainte-restitue.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Marcel est décoré de la Médaille militaire sur le champ de bataille le 4 juin 1918.

 

Le mois suivant, le sergent Morand est fait prisonnier dans le secteur de Tahure. Inquiète, sa sœur entreprend des recherches auprès du Comité International de la Croix Rouge pour tenter d’en savoir plus.

 

 

Marcel est en captivité en Allemagne. Sa fiche signalétique et des services indique un internement au camp de Langeltal, ce qui est une erreur. En fait, le sergent Morand est emprisonné à Langensalza.

 

Camp de prisonniers ou a ete interne Marcel Morand

 

Marcel Morand est rapatrié en France le 10 janvier 1919. Neuf jours plus tard, l’ancien captif est au dépôt du 95e R.I. à Bourges. Le 25 août, il est envoyé en congé illimité de démobilisation avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. C’est enfin le retour à la vie civile après plus de cinq années sous l’uniforme du 149e R.I.. Marcel n’en a pas pour autant complètement terminé avec l’armée. Il est affecté à la réserve du 95e R.I..

 

Le 29 juillet 1919, il épouse Marcelle Alice Vallée à Lury-sur-Arnon. Le couple aura deux enfants, Jacques et André.

 

Le 10 mai 1930, l’ancien combattant est classé sans affectation. Le 1er janvier 1921, il réside au 30 rue Clocheville à Tours.

 

Marcel est rattaché à la classe de mobilisation 1908 le 27 janvier 1931. Le 1er juillet 1932, il dépend, en tant que père de deux enfants, du centre de mobilisation d’artillerie n° 25 (encadrement d’unité d’ouvriers).

 

Le 18 janvier 1933, la famille Morand est domiciliée au 8 rue Littré. Cette année-là, le sergent de réserve est rattaché à la subdivision militaire de Tours.

 

La commission de réforme de Tours, qui s’est réunie le 5 mai 1936, lui accorde une invalidité temporaire de 10 % pour une otite moyenne post-traumatique de l’oreille gauche. Elle le fait passer dans le service auxiliaire. 

 

L’ex-sergent du 149e R.I. repasse devant cette commission le 22 mars 1938. Cette fois-ci, il obtient une pension de 15 %. Son tympan s’est bien cicatrisé, mais son audition a encore chuté. Son statut militaire n’est pas modifié.

 

De nouveau, il va falloir se préparer à affronter l’armée allemande, Marcel Morand est envoyé au dépôt 92 le 28 octobre 1939. Ses soucis de santé le font congédier le jour même, classé sans affectation à compter du 19 octobre 1939.

 

Le 15 octobre 1940, l’ancien sous-officier du 149e R.I. est dégagé de toute obligation militaire. Il est réintégré dans sa subdivision d’origine le 16 août 1948.

 

Le 12 mai 1959, Marcel vit au 7 rue Racine à Tours.

 

Il décède le 14 décembre 1983 à l’âge de 91 ans, quatre ans après son épouse.

 

Decorations Marcel Morand

 

Le sergent Morand a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 15 en date du 22 novembre 1916 :

 

« Jeune sous-officier très courageux, très tenace. A, dans la nuit du 8 novembre 1916, aidé d’une façon particulièrement active et malgré de violents bombardements au ravitaillement en munitions du bataillon d’attaque. »

 

Citation à l’ordre de l’infanterie divisionnaire n° 6  en date du 4 juillet 1917 :

 

« Sous-officier brave. Au front depuis le début de la campagne. Commotionné très fortement pendant un violent bombardement des 1ère lignes, a caché sa blessure, n’a quitté sa section que sur ordre de son commandant de compagnie. Déjà cité. »

 

Citation à l’ordre de la VI e armée n° 527 en date du 30 novembre 1917 :

 

« Sous-officier d’un courage remarquable, incomplètement guéri d’une blessure a, sachant que son régiment devait prendre part à des opérations importantes, demandé instamment à quitter le dépôt pour rejoindre la compagnie. S’est conduit, au cours de l’attaque d’une façon remarquable, montrant l’exemple du plus grand sang-froid. »

 

Médaille militaire avec citation à l’ordre de l’armée le 4 juin 1918 (ordre n° 8571 D pour prendre rang du 4 juin 1918) :

 

« Sous-officier d’une bravoure à toute épreuve qui a pris part à toutes les attaques du régiment. A affirmé une fois de plus sa bravoure pendant de récents combats en conduisant très brillamment sa section à l’assaut. Une blessure. Trois citations. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur (décret du 15 juillet 1965)

 

La généalogie de la famille Morand peut se consulter sur le site « Généanet ».

 

log geneanet

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Morand a été consultée sur le site des archives départementales du Cher.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à C. Trumeau  à F. Barbe, à A. Carobbi, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 septembre 2022

François Auguste Aucagne (1880-1964)

François Auguste Aucagne

 

François Auguste Aucagne voit le jour le 17 avril 1880 à Vaux-en-Beaujolais, un petit village rural situé dans le département du Rhône.

 

Son père, Auguste Marie, 37 ans, travaille le bois en tant que menuisier à la Creuse, une commune avoisinante. Sa mère, Marie Philomène Durand, 36 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle élève déjà une fille âgée de 7 ans.

 

Vaux (Rhone)

 

François est le cadet d’une fratrie composée de trois enfants. Sa sœur, Marie Victorine, est décédée prématurément.

 

Genealogie famille Aucagne

 

François Aucagne termine sa scolarité obligatoire avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il entre en apprentissage pour devenir horloger.

 

L’année de ses vingt et un ans, le conseil de révision le déclare apte aux obligations militaires.

 

Généralement, les conscrits de la même classe rejoignent leur dépôt à la même période. Ce ne fut pas le cas pour François. Il est arrivé isolément à la caserne du 149e R.I. le 15 novembre 1901. Un motif familial ou une maladie pourrait expliquer cette arrivée tardive au régiment.

 

François Aucagne est nommé soldat de 1ère classe la veille de Noël de l’année suivante. Ses supérieurs ne lui donnent pas l’occasion de suivre la formation de caporal au cours de son incorporation à la caserne Courcy.

 

Le 19 septembre 1904, le jeune homme est envoyé dans la disponibilité avec son certificat de bonne conduite validé. Il passe officiellement dans la réserve de l’armée active le 4 novembre.

 

De retour à la vie civile, François Aucagne quitte sa région natale pour aller vivre à Ambert, dans le Puy-de-Dôme.

 

Il est de retour à la caserne Courcy du 6 mai au 2 juin 1907 pour effectuer sa première période d’exercice.

 

François Aucagne s’installe ensuite à Lyon, 6 rue du président Carnot, chez l’horloger Honneger, son nouvel employeur.

 

Début janvier 1909, il s’établit à Beaujeu. Le 3 février 1910, il épouse Jeanne Marie Françoise Large à Odenas. Le couple donne la vie à une petite fille, prénommée Francine Augustine, en février 1915.

 

Obligé de revêtir l’uniforme une nouvelle fois, l’horloger Aucagne réalise sa seconde période d’exercice, du 9 au 25 mai 1911.

 

Comme des centaines de milliers de réservistes, il est rappelé à l’activité militaire, par ordre de mobilisation générale en 1914. L’affiche est placardée dans toutes les communes de France, à partir du 2 août. François Aucagne a 48 heures pour rejoindre son régiment à Épinal.

 

Sa fiche matricule n’est pas assez détaillée pour nous permettre de faire une reconstitution exacte de son parcours militaire au cours des premiers mois du conflit.

 

François Auguste Aucagne (carte-photo)

 

Début janvier 1915, le soldat Aucagne est au camp de Mailly. Il prend le temps d’envoyer à sa sœur une carte photo avec son portrait en pied. François a rédigé le petit mot suivant au dos du cliché :

 

« Chère Élisa et cher Jean,

 

Je vois envoie, par cette carte, un petit souvenir de cette maudite guerre. Vous reconnaîtrez peut-être difficilement votre frère, quoique, jusqu’à présent, je n’ai pas trop souffert. J’espère que la chance me favorisera jusqu’au bout. Recevez mes meilleurs bécots.

 

Francisque »

 

Le frère et la sœur sont respectivement surnommés Francisque et Élisa dans cette petite correspondance. Ces prénoms, utilisés comme diminutifs, ne sont pas ceux de l’état civil. Ils ont rendu leur identification difficile.

 

François Aucagne est inscrit dans le registre des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il arrive au sein du régiment actif.

 

Le 25 mai 1915, il échappe de peu à la mort. Une balle de shrapnel lui a perforé le thorax et le poumon droit. François est, dans un premier temps, soigné à l’hôpital temporaire de Bruay. Le 5 juin, il est évacué vers l’arrière.

 

Le soldat Aucagne ne retourne pas sur la ligne de front après sa convalescence.

 

Il a été détaché, au titre de l’éclairage électrique de Lyon, du 19 décembre 1915 au 26 février 1919, date de sa mise en congé illimité de démobilisation.

 

Sa fiche matricule indique pourtant une affectation au 158e R.I. à compter du 1er juillet 1917. Cette mutation pourrait laisser supposer un retour en 1ère ligne au sein de cette unité. En fait, il n’en fut rien.

 

François Aucagne n’a jamais mis les pieds au 158e R.I.. Son affectation dans cette unité est tout simplement à mettre en lien avec son statut de détaché. Il ne faut pas oublier que le soldat Aucagne reste un mobilisé. Il est donc obligatoirement rattaché à un dépôt ; celui du 158e R.I. gère tous les détachés du Rhône, ce qui est son cas.

 

Pour mieux comprendre le fonctionnement des détachés au cours du conflit 1914-1918, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Le parcours du combattant de la guerre 1914-1918

 

Après la guerre, François Aucagne passe plusieurs fois devant la commission de réforme du sud-Rhône de Lyon.

 

Le 28 octobre 1919, il est maintenu dans le service armé avec une invalidité temporaire de 10 % pour séquelles de plaie transfixiante de l’hémi-thorax droit ; ces séquelles sont en lien direct avec sa blessure reçue le 25 mai 1915.

 

Le 14 décembre 1920, la commission de réforme lui accorde le même taux d’invalidité. Elle le reconnaît inapte pour l’infanterie, mais bon pour le train service auto.

 

Le 23 mars 1923, la commission de réforme se rassemble une nouvelle fois sans modifier son statut.

 

Le 1er octobre 1923, François Aucagne est rattaché à la classe de mobilisation 1898 en tant que père d’un enfant vivant.

 

Le 18 août 1924, la commission de réforme lui propose une pension d’invalidité permanente de 10 %, tout en le maintenant au service armé. Réunie de nouveau le 25 novembre à Lyon, la commission maintient sa situation.

 

François Aucagne semble avoir délaissé son métier d’horloger pour aller vers celui de tourneur sur fer en avril 1925.

 

Il est classé sans affectation  à partir du 15 novembre 1926.

 

Un mois plus tard, la commission de réforme lui accorde les 10 % d’invalidité permanente pour son ancienne transfixion de l’hémi-thorax droit. L’année suivante, il reçoit une pension de 240 francs.

 

François Aucagne obtient son certificat de combattant le 15 janvier 1928. Il est libéré de toutes obligations militaires le 10 novembre 1929.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. meurt le 14 octobre 1964 à l'âge de 84 ans dans la commune de Beaujeu où il s'était installé en 1909.

 

Sources

 

La fiche matricule et les actes d’état civil concernant la famille Aucagne ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

Contrôle nominatif du 2e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à L. Rico, à T. Vallé et aux archives départementales du Rhône. 

26 août 2022

Témoignage de Paul Portier : du bois Étoilé à Soyécourt

Deux du 149e R

 

Dans son témoignage rédigé après le conflit 1914-1918, le soldat Paul Portier, de la 1ère compagnie de mitrailleuse du 149e R.I., se souvient de son arrivée dans la Somme. Sa compagnie prend position dans le bois Étoilé en attendant son engagement dans la bataille.

 

Bois Étoilé

 

« Nous venons de quitter la Champagne, où nous avons eu la chance de passer quelque temps dans le calme.

 

Après un voyage comme beaucoup d’autres, sans confort et d’une lenteur désespérante, nous débarquons le 13 août à 9 h 00, à Crèvecœur-le-Grand dans l’Oise, pour prendre la route et nous rendre au Saulchoy où nous cantonnons.

 

Notre séjour ici ne paraît pas devoir durer très longtemps. Nous nous trouvons à l’arrière du front de la Somme. Certainement que nous allons être bientôt engagés dans la bataille, dans un délai relativement court.

 

Le 18 août, en effet, nous quittons Le Saulchoy à 2 h 45 pour embarquer en automobiles à 7 h 30 à la sortie ouest de Francastel. Le débarquement s’effectue à 11 h 30 à Harbonnières, où nous restons une partie de la journée.

 

Le soir, déjà tard dans la nuit, nous relevons, dans les positions du bois Étoilé, les mitrailleurs du 233e R.I.. La relève est faite dans le calme. Le secteur est peu agité, bien qu’à sa gauche, sur Péronne, règne une vive activité des artilleries.

 

Le 19, la journée est assez calme, mais toujours à notre gauche, l’artillerie demeure active.

 

Depuis notre arrivée ici, j’assure la liaison. C’est un dur métier, surtout dans un secteur dont nous ignorons encore tout.

 

Le 21, je descends chercher la relève du 166e R.I. à l’entrée du boyau Collet à Herville. L’artillerie allemande se réveille un peu et arrose nos boyaux de communication. Néanmoins, la relève s’effectue bien et nous descendons à Harbonnières où nous cantonnons la journée du 22.

 

Le 23 à 5 h 40, nous faisons mouvement sur Guillaucourt.

 

Dès notre arrivée, les Allemands envoient quelques obus dans les environs de la gare, sans d’ailleurs occasionner de pertes ni dégâts.

 

Le 24, à 16 h 00, nouveaux bombardements, sans plus de mal que la veille.

 

Le 26, à 16 h 00, nous nous mettons en route pour monter en ligne près du village de Soyécourt où nous devons relever, à la tranchée du Seigneur, la 3e C.M. du 149e R.I..

 

Nous passons par Harbonnières, Framerville, le ravin de Rainecourt, le ravin d’Herleville, le boyau C6 et la tranchée des Abris. Nous parvenons à la tranchée du Seigneur, laquelle est située au nord du village de Soyécourt. Notre artillerie est très active et les Allemands ripostent assez vivement sur nos tranchées.

 

La journée du 27 est relativement calme.

 

Le 28, de 6 h 00 à 10 h 00, notre artillerie effectue sur les positions adverses un tir assez violent dans tout le secteur. L’artillerie de tranchée s’en mêle aussi et bientôt la riposte arrive dans toute sa brutalité. Nos tranchées sont violemment prises à partie.

 

Le 29 août, la même activité continue. La 2e compagnie de mitrailleurs du lieutenant Auvert nous relève dans la nuit. Nous descendons cantonner dans les bivouacs, près d’Ignaucourt, où nous arrivons le 30 à 5 h 00. La relève est très pénible, il pleut.

 

Soyécourt

 

Ruines eglise de Soyecourt

 

Les évènements  vont se précipiter maintenant. Le secteur est en pleine activité et comme toujours, pendant ces périodes, les bruits les plus fantaisistes circulent. « Les tuyaux de la roulante », comme il est d’usage de les appeler, sont à l’ordre du jour.

 

Il est bien évident que nous ne sommes pas là pour enfiler des perles et l’exercice, que nous exécutons le 2 septembre dans une formation précise, n’est pas autre chose qu’une répétition générale. D’ailleurs, nous savons maintenant que notre mission sera d’enlever le village de Soyécourt et de progresser en avant, en direction d’Ablaincourt.

 

Le 3 septembre, à 6 h 30, nous faisons mouvement et campons dans le ravin de Guillaucourt où nous demeurons jusqu’à 17 h 00. Nous reprenons notre marche ensuite et parvenons près des premières lignes le 4, seulement à 1 h 00. Nous restons en attente dans les abris du bois Keman.

 

À 3 h 00, nous nous portons à la parallèle IV, d’où nous devons partir à l’assaut de Soyécourt à l’heure H que nous ne connaissons pas encore.

 

Notre artillerie est très active et l’ampleur du bombardement s’augmente au fur et à mesure que nous approchons du moment décisif.

 

À 13 h 40, on nous communique : H égale 14 h 00.

 

Nous nous plaçons de suite dans la formation prévue, entre la 9e compagnie et la 1ère (capitaine Canon).

 

Les réactions de l’artillerie allemande sont faibles et tout semble militer en faveur d’une action heureuse.

 

À 14 h 00, l’attaque se déclenche dans le calme. Notre artillerie allonge progressivement son tir.

 

Les premières vagues d’assaut avancent dans le village après avoir enlevé la 1ère ligne allemande qui est terriblement bouleversée. De nombreux prisonniers sont faits dans les abris, surpris par la soudaineté de notre avance.

 

Cependant, les Boches des lignes de soutien commencent à diriger sur nous une vive fusillade qui augmente encore aux abords du château. Des mitrailleuses nous fauchent de tous côtés, mais rien ne nous arrête. Nous progressons toujours. Nous passons les dernières maisons ou plutôt les ruines de Soyécourt vers 14 h 30.

 

Nous sommes maintenant en plein terrain découvert, par conséquent plus vulnérables encore et la fusillade continue, aussi violente. Nous subissons des pertes, mais nous avançons toujours en direction d’Ablaincourt.

 

À 15 h 00, nous nous trouvons à hauteur du boyau de la Reine que nous empruntons jusqu’au moulin détruit où nous nous organisons. Nous mettons nos deux pièces en batterie.

 

La progression sous les ailes tant sur notre gauche (Deniécourt) que sur notre droite (Vermandovillers) paraît arrêtée.

 

La situation est un peu confuse et nous ne savons pas si des éléments de chez nous sont en avant. Nous cherchons la liaison à droite et à gauche, de façon à pouvoir nous organiser avant la tombée de la nuit.

 

Je pars en reconnaissance en avant du moulin détruit. J’emprunte le boyau valet jusqu’à une première tranchée, mais là, j’hésite à m’aventurer trop loin, de peur d’être coupé. Vivement, je file jusqu’à un pare-éclats pour jeter un coup d’œil et tombe, nez à nez, avec cinq ou six grenadiers allemands.

 

Ma surprise est vive. Machinalement, et sans viser, je tire un coup de révolver. Je ne cherche pas à connaître le résultat, car je n’ai plus rien à faire ici, sinon me faire tuer inutilement. Il me faut donner l’alarme et avertir que les Boches occupent les tranchées et que les grenadiers s’avancent par le boyau.

 

Rapidement, je suis revenu auprès de la section et l’alerte est donnée.

 

Le 31e B.C.P., qui se trouve en liaison immédiate avec nous, à notre gauche, détache quelques grenadiers qui repoussent les grenadiers allemands. Quelques instants après, les Boches tentent encore un mouvement et progressent légèrement dans le boyau. Nos pièces semblent à ce moment menacées. Aussi, nous portons-nous plus à droite, dans une tranchée située entre le moulin et la ferme sans Nom.

 

Avant la tombée de la nuit, les chasseurs ont organisé un barrage dans le boyau et nous sommes maître de la situation.

 

À 17 h 00, je me rends à Soyécourt, pour y chercher le ravitaillement de ma section. Le boyau qui y conduit, ainsi que le village, sont très vivement bombardés par l’artillerie allemande. Tard dans la soirée, il pleut et nous avons de sérieuses difficultés de circulation. La liaison est très malaisée.

 

Enfin, dans la nuit, je trouve la corvée de ravitaillement, mais étant donné la violence du bombardement, nous demeurons immobilisés dans les abris, près de Soyécourt que nous ne quittons que le 5 à 10 h 00. Le marmitage des boyaux devient de plus en plus intense et nous nous demandons anxieusement si nous pourrons passer !

 

Nous filons le plus vite possible. Nous avons à peine dépassé le château que nous sommes pris sous une rafale de 105 fusants qui nous massacre (1 tué et 3 blessés). La corvée est anéantie. Je reste seul avec trois blessés qu’il faut évacuer.

 

Finalement, je n’arrive en ligne que le 6 à 5 h 00.

 

La matinée est relativement calme. Vers 15 h 00, notre artillerie effectue une vive préparation et à 16 h 00, une attaque se déclenche à notre gauche (Deniécourt) et à notre droite (Vermandovillers), dans le but de rectifier notre front et de supprimer les positions en flèche.

 

Les résultats obtenus sont minimes et les Boches, à la suite de ces attaques, redoublent la violence de leur bombardement sur nos lignes. Enfin, à la nuit le calme renaît.

 

Le 7, les Allemands lancent, à la tombée de la nuit, une attaque à notre gauche (parc du château de Deniécourt), mais ils se heurtent à nos barrages d’artillerie ou de mitrailleuses.

 

Les jours suivants, nous sommes soumis à un tir d’enfilade très pénible qui nous cause des pertes assez sérieuses. Les nuits sont essentiellement plus calmes et nous pouvons prendre un peu de repos.

 

Le 13, à 20 h 45, après une courte préparation à la torpille, les Boches attaquent à notre droite sur le 17e R.I. (13e D.I.)  et réussissent à prendre pied dans une sape et une partie du boyau du Prunier. À notre demande par fusée, notre artillerie déclenche un violent tir de barrage qui entraîne une riposte de l’artillerie allemande.

 

Le repli du 17e R.I. nous place dans une position en flèche et nous devons nous méfier d’un mouvement de l’ennemi cherchant à nous déborder.

 

Le lendemain, à 3 h 00, le 17e R.I. contre-attaque à la grenade et réussit à reprendre le terrain perdu la veille.

 

Les journées du 15 et 16 septembre sont assez calmes. Les Boches ne tentent aucune action. Cependant, pendant la journée du 16, au cours d’un violent bombardement de notre artillerie, 16 Allemands du 38e I.R., viennent se rendre à notre 9e compagnie.

 

Pour en apprendre plus sur les journées des 15 et 16 septembre, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Prisonniers faits par la 9e compagnie le 16 septembre 1916

 

Je descends à Soyécourt à la tombée de la nuit, chercher la relève de la 2e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. Nous sommes relevés le 17, à 2 h 00. Nous descendons en réserve à Framerville.

 

Nous avons besoin de repos. La période du 4 au 16 septembre a été particulièrement difficile et nous avons dû vivre dans des conditions déplorables. Après les durs moments de l’attaque, il a fallu organiser le terrain, repousser les attaques, demeurer sans sommeil et résister moralement comme physiquement.

 

Le commandant Magagnosc, qui commande le 1er bataillon du 149e R.I., ne nous ménage pas ses félicitations et par la voix du rapport, les concrétise ainsi :

 

« Vous venez d’écrire une belle page d’histoire de France qui fera l’étonnement, plus tard encore de vos arrières petits-neveux.

 

Le 4 septembre, vous avez ajouté un nouveau fleuron à l’armorial du 149e R.I.. En quelques minutes, vous avez fait un bond de 2000 mètres, et, les jours suivants, avec une ténacité héroïque, vous avez conservé, organisé et consolidé le terrain conquis.

 

Quand on a eu l’honneur de vous commander, quand on vous a vu en de tels moments, irrésistibles dans l’attaque, ardents et opiniâtres dans la défense, on garde, au fond du cœur, une vision ineffaçable de gloire et d’espérance dans la victoire prochaine. Mais hélas ! ces succès, nous ne devons pas oublier que nous les avons payés de la perte de nombreux morts et blessés dont les noms sont présents à la mémoire de tous. Saluons-les et ne songeons qu’à les venger. »

 

Sources :

 

Témoignage inédit de Paul Portier

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à la mairie de Vienne, sans qui l’auteur de ce témoignage n’aurait jamais pu être identifié.

19 août 2022

Du 9 au 16 septembre 1916

Le barrage de sacs a la ferme sans Nom

 

Le 149e R.I. a attaqué et progressé autour du village de Soyécourt du 4 au 6 septembre. Il doit maintenant tenir et organiser le terrain conquis.

 

9 septembre 1916

 

Les travaux commencés les jours précédents se poursuivent. La troupe s’organise sur une 1ère ligne active doublée d’une ligne de soutien. Il faut aussi assurer les communications par boyaux entre le point 3042 et la ferme sans Nom, entre le boyau de Dauphin et le bois Siegfried, sans oublier l’ancienne ligne française et le boyau du Dauphin par 3510, 3809 et 3707. Des lignes téléphoniques enterrées sont également installées. Elles permettent la liaison entre la brigade et les différents corps. De nouveaux postes de commandement sont créés.

 

10 septembre 1916

 

L’artillerie allemande reste très active. Le 2e bataillon du 149e R.I. quitte la 1ère ligne pour aller cantonner à Framerville en fin de journée.

 

11 septembre 1916

 

L’artillerie allemande est toujours en action.

 

12 septembre 1916

 

Les bombardements se poursuivent. La limite séparant la 13e D.I. et la 43e D.I. est modifiée au cours de la journée.

 

13 septembre 1916

 

Il se produit le bombardement habituel. La 86e brigade étend sa ligne de front sur la gauche. Une partie du 2e bataillon du 17e R.I. remplace les éléments du 149e R.I. à la ferme sans Nom.

 

Soyecourt - la ferme sans Nom

 

À 20 h 45, les Allemands attaquent le 17e R.I. à la droite du 149e R.I. après une courte préparation à la torpille. Ils réussissent à prendre pied dans une sape et une partie du boyau du Prunier. Les Français envoient une fusée pour demander l’appui de l’artillerie. Les artilleurs déclenchent un violent tir de barrage qui entraîne la riposte allemande.

 

Le 17e R.I. se replie. Il laisse le 149e R.I. en position de flèche. La vigilance s’impose. Il faut surveiller les éventuels mouvements ennemis pouvant provoquer un débordement.

 

14 septembre 1916

 

Le 17e R.I. contre-attaque à la grenade vers 2 h 00. Il reprend le terrain perdu la veille.

 

15 septembre 1916

 

L’infanterie reste passive sur l’ensemble de la ligne de front. Les tirs des deux artilleries continuent à être particulièrement violents. Le 31e B.C.P. relève le 2e bataillon du 17e R.I. dans la nuit du 15 au 16. 

 

16 septembre 1916

 

Prisonniers faits par la 9e compagnie le 16 septembre 1916

 

Les tirs de destruction se poursuivent. Au cours de l’un d’entre eux, seize soldats allemands du 38e I.R., se rendent à la 9e compagnie du 149e R.I..

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. relève le 1er bataillon. Ce dernier s'apprête à prendre la direction de Framerville.

 

Carte 1 journee du 16 septembre 1916

 

                      Tableau des tués du 149e R.I. pour les journées allant du 9 au 16 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/27.

 

J.M.O du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588/2.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le groupe d’hommes représenté sur le premier cliché appartient bien au 149e R.I..  Au verso, il est daté du 6 septembre 1916 et localisé dans le secteur le plus actif du régiment pour ce jour-là. Cette légende soulève un problème : ces soldats semblent bien tranquilles en prenant la « pose photo »  dans une zone où les combats sont encore très virulents à la date indiquée. Est-ce une erreur dans la légende ? Le cliché a-t-il été pris un peu en arrière de la zone de front la plus active ? Les hommes sont équipés, mais on ne voit pas leurs armes. L'un d'entre eux semble avoir la tête au-dessus du mur de sacs, ce qui laisse imaginer un secteur plus retiré et moins dangereux. 

 

La seconde photographie est légendée : « prisonniers boches faits par la 9e compagnie le 16 septembre 1916 à 651g ». Le J.M.O. de la 85e brigade indique que cet évènement s‘est déroulé à la 3e compagnie. Le témoignage de Paul Portier cite la 9e compagnie.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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