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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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7 octobre 2013

11 mars 1916.

Village_Fleury_devant_Douaumont

Les combats particulièrement violents des journées précédentes ont épuisé et fortement réduit les effectifs des troupes qui se trouvent sur la ligne de front. Même le 149e, dont la majorité des effectifs est en réserve, est touché par les bombardements. Tout particulièrement les compagnies qui sont au contact avec l'ennemi à Vaux-devant-Damloup. 

Les opérations de relève et de remise en ordre des unités, commencé la veille, se poursuivent. Il faut relever toutes les troupes exténuées qui se trouvent en première ligne dans le secteur de la 13e D.I.. Cela aboutit à de nouveaux mouvements pour certaines compagnies du 149e RI. 

Situation au sud et au sud-est du fort de Douaumont  

Du côté de la 25e Brigade :

Dans la soirée, la 19e compagnie du 201e R.I. relève une des compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. qui se trouve à proximité de la ligne de front.  Les 13e et  14e compagnies du 201e R.I. rejoignent les positions occupées par une seconde compagnie du 149e R.I. et par une des compagnies du 20e B.C.P. proche de celle-ci.  Ces mouvements de relève ont été organisés après entente avec le colonel du 201e R.I. à la suite des ordres donnés par le colonel Leboucq qui commande la 77e Brigade. Les deux compagnies du 149e R.I. du commandant de Witchowski regagnent le village de Fleury-devant-Douaumont, le 3e bataillon du régiment est reconstitué. 

Carte_journee_du_11_mars_1916_11

Legende_carte_journee_du_11_mars_1916_1

De la 25e brigade, il ne reste plus en première ligne que quelques compagnies du 20e B.C.P. qui occupent toujours le même secteur, mais qui vient d’être réduit. Ce bataillon doit se maintenir en place et assurer, pendant encore vingt-quatre heures, la soudure avec le 75e R.I. qui vient d’arriver et la droite du 201e R.I. 

Du côté de la 26e Brigade : 

La journée reste assez calme dans ce secteur. Il faut tout de même signaler un bombardement allemand important avec des obus de gros calibre sur les tranchées occupées par le 21e R.I.. La relève du 109e R.I. est assuré par le 140e R.I., le 21e R.I. quant à lui, restesur ses positions.  

Situation à l’ouest et au coeur du village de Vaux-devant-Damloup 

Du côté de la 43e D.I. : 

Carte_2_journees_des_11_et_12_mars_1916

Legende_carte_soiree_du_11_mars_1916

Tous les éléments de la 303e brigade sont maintenant relevés par ceux de la 86e brigade. 

À Vaux-devant-Damloup, vers 7 h 00, le responsable de la 85e brigade reçoit un message du commandant Magagnosc daté de la veille, sans aucune indication de l’heure. 

« Je suis avec les 1ère et 4e compagnies de mon bataillon, au sud de Vaux, me reliant à gauche avec le 1er bataillon du 158e R.I. et non avec le 21e R.I., qui doit se trouver plus à gauche, et à droite avec un bataillon du 408e R.I., sur le plateau du fort de Vaux.

Je désirerais savoir où se trouve la réserve de la 85e Brigade. Nous sommes maîtres de la moitié environ du village de Vaux.

Je me fortifie : tranchées, barricades, boyaux, etc.… Nous sommes constamment sous la menace des attaques des Allemands. Bombardements des plus intenses, hier et surtout aujourd’hui, du plateau et des ouvrages de Vaux. Le village n’a reçu que très peu d’obus. J’ai, sous mes ordres, en plus de mon bataillon, un bataillon du 408e R.I. de 500 hommes et la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.. Cela  me permet de remplir la mission que j’ai reçue.

L’effectif de mes deux  compagnies ne me suffirait pas pour cette tâche difficile. Sur quels renforts puis-je compter en cas de nécessité ?

Ce soir, vers 18 h 00,  les Allemands ont prononcé une forte attaque qui dure encore sur le fort et principalement au sud du fort de Vaux.

Je désirerais savoir quand et comment mes deux compagnies seront ravitaillées. J’ai besoin de matériel : grenades, fusées, fil de fer, cartouches. Où pourrais-je me les procurer ?  Il n’y a rien ici. » 

Tôt dans la matinée, Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. sont relevées par des éléments du 3e bataillon du 158e R.I.. Les deux compagnies du commandant Magagnosc doivent attendre la tombée de la nuit pour quitter le village de Vaux-devant-Damloup. Elles arriveront dans le bois des Hospices le lendemain. 

Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André raconte cette relève : 

« À la nuit… les deux compagnies, derrière moi, partent, colonne par un, emmenant les nombreux blessés… Nous atteignons par la Chapelle Sainte-Fine, le chemin Fleury, le fort de Souville, le fort de Tavannes, le bois des Hospices. » 

Deux bataillons du 158e R.I. sont maintenant installés dans les ruines du  village de Vaux-devant-Damloup. Le 21e R.I. est à sa gauche et le 31e B.C.P. à sa droite avec pour mission de tenir les avancées du fort de Vaux. 

Les mouvements du 149e R.I. le soir du 11 mars : 

Positions_approximatives_du_149e_R

Legende_carte_de_la_journee_du_11_mars_1916_3

Pour le 1er bataillon, comme nous l’avons vu, les 1ère et 4e compagnies vont quitter le village de Vaux-devant-Damloup à la tombée de la nuit. Les deux autres compagnies du bataillon sont positionnées dans les retranchements situés au nord de la batterie de l’Hôpital à 3 h 00. 

Le 2e bataillon du 149e R.I. est remis à la disposition du général Guillemot. Le bataillon du commandant Schalck, qui vient de quitter ses positions dans le secteur du bois de la Caillette, se trouve maintenant en réserve de la 13e D.I. au sud-ouest du fort de Souville. Ce bataillon aura pour mission, en cas de problème majeur, d’assurer une liaison étroite avec la gauche de la 43e D.I..

Le responsable de ce bataillon devra, dès qu’il aura reçu son ordre, donner à ses unités un avis préparatoire d’alerte afin qu’elles puissent se mettre en mouvement le plus rapidement possible.

Le 2e bataillon du 149e R.I. se prépare à changer de position pour aller remplacer le 3e B.C.P.. Il aura pour mission de contre-attaquer sur le front situé entre le village de Vaux-devant-Damloup et le fort de Vaux en cas de rupture du front dans ce secteur. 

 Le 3e bataillon est sur le point de quitter Fleury-devant-Douaumont. Il vient de recevoir l’ordre d’aller occuper les pentes sud-sud-ouest à 800 m du fort de Souville, en remplacement du 2e bataillon du 149e R.I.. Dès son arrivée, le commandant de Witkowski détache deux sous-officiers de liaison au P.C. du général commandant la 13e D.I..

L’état-major, les musiciens, les pionniers et la compagnie de mitrailleuses de brigade sont aux bivouacs du bois des Hospices. Le P.C. du régiment, lui,  se trouve à 800 m au nord de la ferme de Bellevue. Vers 20 h 30 les pionniers du 149e R.I. sont chargés de la construction d’un boyau traversant la crête de Souville. 

 Tard dans la nuit le lieutenant-colonel Abbat rédige le message suivant qui est destiné au général commandant la 85e Brigade. Il nous montre que, loin de se résumer à des hommes en première ligne, la bataille de Verdun est aussi une question de logistique. 

«  Je crois devoir vous signaler l’encombrement prodigieux qui règne la nuit sur la route qui mène de la ferme de Bellevue aux forts de Tavannes, de Souville, etc. cet encombrement provenant de l’accumulation de voitures de ravitaillement en munitions, d’automobiles sanitaires, de cuisines roulantes, etc.…

Il me semble que les cuisines roulantes ne devraient pas dépasser le Cabaret, où elles seraient rangées en dehors de la route et d’où les cuisiniers porteraient les vivres à leurs unités, soit en utilisant les bas-côtés des routes, soit en utilisant d’autres cheminements. 

Les vivres arriveront certainement plus vite qu’en laissant les cuisines roulantes stationner plus ou moins longtemps suivant la durée des encombrements.

C’est, du reste, cette mesure que j’ai prescrite pour mon régiment. Je signale en outre, le nombre considérable d’hommes de tous les corps, qui, de l’avant à l’arrière, se portent au-devant des cuisines. La plupart de ces gens sont sans arme et pourraient devenir un danger pour la discipline en cas de crise.

Des gendarmes devraient être échelonnés le long des routes pour assurer d’abord la police de la circulation des véhicules et aussi pour arrêter, s’il y a lieu, tous ceux qui se rendent soi-disant au-devant des ravitaillements en vivres. » 

Ce message a été transmis au Général commandant la 43e D.I., il donne la réponse suivante : 

« L’encombrement est certain. Arrêter toutes les cuisines roulantes au Cabaret semble une solution trop radicale. Nous pourrions fixer, tout au long de la route, des zones de stationnement limitées par des pancartes que les cuisines roulantes ne devraient pas dépasser. Ces points d’arrêt de têtes de colonnes, de cuisines roulantes ou de voitures de munitions seraient placés suivant l’éloignement des corps, ceux de première ligne d’abord plus ceux du secteur de Douaumont en tête. En tout état de cause, il ne faudrait pas dépasser la ferme de Bellevue pour les cuisines roulantes. Enfin, des postes de police seraient à installer au carrefour de la route du fort de Tavannes, au H du bois des Hospices sur la carte au 20000e, à Bellevue, au carrefour du chemin du champ de tir et à Cabaret Ferme. Pour la  réglementation de la circulation des voitures et la police, du champ de bataille à la ferme Bellevue incluse, ce service serait avantageusement assuré par des gradés territoriaux énergiques. » 

Toutefois, dans l'urgence qui est de faire face aux coups de boutoirs allemands, les questions de logistiques restent au second plan, car il faut tenir. Au 149e R.I., le 12 va être marqué par de nouveaux mouvements qui vont rapprocher un de ses bataillons de la première ligne... 

Sources : 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 94e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 670/10.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/7.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25. 

Témoignage inédit du général Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Historique du 75e R.I. pendant la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault. Nancy-Parie-Strazbourg. 

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des divisions provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 11 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à R. Neef, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

30 septembre 2013

Maurice Gaudin (1882-1916).

                   Maurice Gaudin 1

Maurice Gaudin est né le 20 février 1882 de l’union d’Auguste et de son épouse Julie Blary.

Il voit le jour au domicile de ses parents, situé au  6 rue de la Cerisaie, dans le 4e arrondissement de la ville de Paris. À sa naissance, son père est  employé de commerce. Il est âgé de 46 ans. Sa mère est âgée de 33 ans. Elle n’exerce pas d'activité professionnelle.

Soldat de la classe 1902, Maurice est réformé temporairement, à la suite d’une décision prise par la commission spéciale de Paris datant du 12 novembre 1904. Il souffre de problèmes pulmonaires.

En juin 1905, il épouse Camille Marthe Dubois à la mairie de Neuilly-Plaisance en juin 1905. Maurice Gaudin est employé de commerce.

Toujours pour les mêmes raisons médicales, il est réformé numéro 2, en septembre 1905. Cet homme mettra les pieds dans une caserne en 1914.

Quelques mois après le début des hostilités avec l’Allemagne, Maurice Gaudin doit, comme tous les hommes exemptés ou réformés avant-guerre,  repasser devant le conseil de révision de l’Oise.

Cette fois-ci, il est déclaré bon pour le service armé. Nous sommes le 7 décembre 1914.

Maurice Gaudin se prépare à quitter son appartement du 12 rue François Millet qu’il occupe avec son épouse et sa fille Mathilde.

Maurice_et_Mathilde_Gaudin

Ce futur officier est alors âgé de 33 ans. Ses problèmes de santé ne lui ont pas permis de bénéficier d’une formation militaire. Il est envoyé au dépôt du 152e R.I., à Humes, dans la Haute-Marne.

Il débute ses apprentissages de soldat à partir du 24 février 1915.

Du_152e_R

Maurice est ensuite envoyé au centre d’instruction de Saint-Maixent comme élève aspirant. Cette école qui a fermé ses portes le 2 août 1914 a laissé la place à un hôpital temporaire. La guerre, qui, soit disant devait être courte, va s’inscrire dans la durée. Après les lourdes pertes du début du conflit, la nécessité d’assurer l’encadrement des sous-officiers instruits et des officiers subalternes se fait bientôt sentir. L’hôpital va rapidement quitter les lieux. Un centre d’instruction pour élèves aspirants (C.I.E.A.) est créé.

Le premier cours, qui débute le 1er avril 1915, accueille plus de 900 élèves. Il y a de fortes probabilités pour que Maurice Gaudin fasse partie de cette 1ère série du C.I.E.A..

Theorie du mercredi 14 avril 1915

Sa formation d’aspirant se termine en août 1915.

De retour au dépôt du 152e R.I., il apprend son affectation au 149e R.I. à compter du 20 août 1915. À cette date, ce régiment occupe un secteur sur le front d’Artois. Le 13 octobre 1915, l’aspirant Gaudin est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire.

Le 8 mars 1916, le sous-lieutenant Gaudin est grièvement blessé par un éclat d’obus. Il se trouve, avec la 2e compagnie de son régiment, dans le secteur du bois des Hospices, près de Verdun. Évacué d’urgence vers l’arrière, Maurice Gaudin décède peu après à l’ambulance n° 2/21. L’officier d’administration de 3e classe, gestionnaire de l’ambulance, Eugène Bataille, qui remplit les fonctions d’officier de l’État civil et le médecin-major de 2e classe, Georges Carpanetti, signent son extrait d’acte de décès, le 10 mars 1916.

Le sous-lieutenant Gaudin a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre de la 2e Armée n° 117 en date du 21 avril 1916.

« Officier d’une bravoure et d’un dévouement au dessus de tout éloge, s’est toujours fait remarquer dans les circonstances les plus critiques, par son sang-froid et son intelligente initiative ; a été blessé mortellement le 8 mars 1916, pendant un bombardement intense au moment où il assurait l’exécution des ordres de son chef de bataillon. »

Citation_Maurice_Gaudin

Maurice Gaudin est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume en 1919.

Legion_d_honneur_Maurice_Gaudin

Le corps de Maurice Gaudin a été transféré au cimetière d'Andeville dans l'Oise où se trouvait l'usine de son beau père.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Les photographies et les documents proviennent tous de la collection personnelle de l’arrière-petite-fille du sous-lieutenant Maurice Gaudin.

Livre « Saint-Maixent-l'École » Imprimerie Garnier & Cie 1927

Un grand merci à M. Bordes, à A.C. Mazingue-Desailly, à A. Carobbi,  à M. Porcher,  à « Scolari » intervenant du forum pages 14-18, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

23 septembre 2013

10 mars 1916.

Village_Vaux_devant_Damloup_1

La situation reste critique dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup et du fort de Vaux. Les Allemands se préparent à lancer une nouvelle attaque sur les positions occupées par la 303e Brigade et par les éléments des unités qui lui sont rattachées. 

Depuis plusieurs jours, des groupements momentanés sont improvisés régulièrement un peu partout sur ce front de 3000 m pour faire face aux Allemands. Toutes ces fractions concentrées sur leur mission respective résistent vigoureusement.  Elles ont, jusqu’à maintenant,  réussi à stopper toutes les attaques ennemies. 

Carte_1_journee_du_10_mars_1916

Legende_carte_1_journee_du_10_mars_1916

Dans le secteur de la 303e brigade

Les troupes de la 43e D.I. commencent à remplacer celles de la 120e D.I. Dans la nuit, le 1er  bataillon du 158e R.I. relève des éléments du 409e R.I.. Des groupements ennemis sont signalés par ce bataillon sur les pentes nord du fort de Vaux à 8 h 25. Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. confirment cette situation. D’importants groupements ennemis progressent également dans la région de Dieppe-la Plume. Ceux-ci marchent dans la direction de Vaux-devant-Damloup et du fort de Vaux. L’artillerie française est sollicitée pour contrarier les projets allemands et les troupes sont informées de la situation.

 L’ensemble de ces renseignements tend à confirmer que l’ennemi se prépare à exécuter une attaque dans la journée dans le secteur du fort de Vaux. Le général Naulin, responsable de la 303e Brigade, fait immédiatement diriger deux compagnies du 3e B.C.P., pour étayer sa droite, un secteur où il ne dispose plus de réserve. Il faut absolument soutenir les hommes du 408e R.I. qui sont complètement exténués. La plupart des compagnies de ce régiment sont maintenant réduites à 60 ou 80 fusils. En faisant cela, le commandant de la 303e Brigade ne dispose plus que de 4 compagnies du 3e B.C.P. pour constituer sa réserve de brigade. Ces deux compagnies du 3e B.C.P. seront amenées à faire demi-tour. Les tirs de l’artillerie allemande sont tellement violents qu’il est impossible de passer.

 L’attaque ennemie débute en fin d’après-midi. Comme prévu, c’est le fort de Vaux qui est une nouvelle fois visé. Cette attaque est menée par 3 bataillons allemands. Ceux-ci se glissent par petits paquets aux pieds des pentes et se rassemblent dans un angle mort. Ils se retrouvent ainsi à l’abri des feux de l’infanterie et de l’artillerie françaises.

Leur dispositif d’attaque comprend trois vagues d’assaut disposées en tirailleurs, qui sont appuyées par de nombreuses petites colonnes largement espacées. Dès le début de l’engagement, cette formation est prise sous le feu des mitrailleuses françaises. Elle subit de lourdes pertes lorsqu’elle gravit les pentes qui mènent au fort. Seuls, quelques éléments représentant l’équivalent de 3 ou 4 compagnies atteignent les réseaux de fil de fer français. L’attaque allemande se brise sur ce réseau, une défense accessoire pourtant bien malmenée par l’artillerie ennemie. Il assure toujours sa fonction de protection, interdisant le passage vers le fort. 

Aux environs de 18 h 00, deux compagnies du 3e B.C.P. reçoivent l’ordre de rejoindre le fort de Vaux. 

L’offensive enrayée, les Français doivent rester vigilants et empêcher l’ennemi de progresser sur ce terrain bouleversé qui se trouve autour du fort de Vaux. Les questions liées au ravitaillement et à l’évacuation des blessés deviennent une priorité absolue. 

Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. sont toujours en place dans le village de Vaux-devant-Damloup. Le commandant de Chomereau de Saint André décrit le chaos qui règne dans le secteur : 

« … Les alertes sont perpétuelles, des tentatives sont faites pour se reprendre réciproquement des maisons. Les combats à la grenade sont fréquents. Nous en avons heureusement trouvé et rapporté des caisses abandonnées. L’évacuation nocturne des blessés se fait péniblement. Absence de nouvelles. Un sergent à cran parvient à atteindre le fort de Vaux pour s’assurer que les Allemands n’y sont pas. Les vivres de réserve, emportées pour plusieurs jours,s’épuisent. Les morts sont enterrés sur place. Il neige.

Le commandant Magagnosc est rappelé d’urgence par le colonel, il me passe le commandement des deux compagnies. » 

Le 31e B.C.P. rejoint le fort de Tavannes. Il doit relever le 408e R.I. dans la soirée 10 mars 1916. 

La relève du 408e R.I. se termine à 20 h 00. Trois compagnies du 158e R.I. occupent maintenant le village de Vaux-devant-Damloup, une autre compagnie de ce régiment prend position à la redoute de la batterie de Damloup. Deux compagnies du 31e B.C.P. se placent dans les tranchées qui se trouvent sur les pentes sud-est du fort de Vaux. Les autres compagnies du bataillon viennent s’installer en réserve sur les pentes sud du fort de Vaux et au fond du ravin de Damloup. 

Dans le secteur de la 26e brigade

 Il n’y a pas de changement dans le positionnement des troupes. Occupés à attaquer le secteur voisin, les Allemands sont peu actifs face à la 26e brigade. Cependant, l’artillerie allemande arrose copieusement de ses obus le village de Fleury-devant-Douaumont et ses environs. Le bombardement est d’une extrême violence. Quelques torpilles tombent sur les éléments du 17e R.I..

Le 75e R.I. commence à relever le 17e R.I. dans la nuit du 10 au 11 mars.

 Dans le secteur de la 25e brigade

Après une matinée relativement calme, le bombardement recommence avec violence sur la voie ferrée et sur les ravins du sud. La crête et les pentes du fort de Souville et de la batterie de l’Hôpital  sont arrosées d’obus de gros calibres et d’obus spéciaux. À 17 h 30, une première attaque allemande a lieu sur le bataillon de droite du 21e R.I qui est pris de front. Les feux de mousqueteries et de mitrailleuses suffisent à repousser l’assaillant. À 18 h 00, le 109e R.I. est attaqué à son tour, mais sans plus de succès. À 23 h 00, les Allemands lancent une nouvelle offensive devant le 21e R.I. qui ne donnera aucun résultat.

Carte_2_journee_du_10_mars_1916

Legende_carte_2_journee_du_10_mars_1916

Situation en fin de journée

 Les positions françaises dans le secteur anciennement occupé par la 303e brigade restent les mêmes. La ligne de front doit cependant être consolidée avec d’importants travaux qui vont se poursuivre toute la nuit. L’attaque allemande de cette journée est un véritable échec. Les pertes ennemies sont considérables. Les relèves françaises se poursuivent.

 Il n’y a pas de changement pour le 1er bataillon du 149e R.I.. Les 1ère et 4e compagnies restent engagées dans le village de Vaux-devant-Damloup. Les 2e et 3e compagnies du bataillon sont en réserve au sud de la batterie de l’Hôpital.

Le 2e bataillon du 149e R.I. n’est pas intervenu durant les attaques allemandes menées contre la 25e brigade. Il reçoit l’ordre de quitter ses emplacements de 2e ligne qu’il occupe depuis maintenant deux jours. Il doit être relevé par le  2e bataillon du 75e R.I.. Le commandant Schalck et ses hommes se préparent à rejoindre leurs nouvelles positions. Le général Martin de Bouillon demande au général Baucheron de Boissoudy de bien vouloir lui faire savoir où et quand il souhaite pouvoir disposer de ce bataillon.

 Il n’y a pas de changement pour le 3e bataillon du 149e R.I.. Mais nous avons vu ce qui pouvait se cacher en réalité derrière ces mots « absence de changement ». Les unités ne bougent pas, mais les hommes souffrent, la tension est permanente, proportionnelle à la pression mise par les Allemands dans ce secteur. Morts enterrés sur place, le froid, les problèmes aigus liés au ravitaillement, difficultés qui vont se poursuivre le lendemain.

 Sources : 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/1.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25. 

Historique du 75e R.I. pendant la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault. Nancy-Parie-Strazbourg. 

Témoignage inédit du général Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des 13e, 43e et 120e D.I., provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 10 mars 1916.

Pour en savoir plus : 

 Bois_FuminPour mieux connaitre le secteur du bois Fumin, il suffit de cliquer une fois sur l’image de gauche pour accéder directement sur le blog de Patrick.

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928. 

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934. 

« 1914-1918 les soldats de Thury dans la boue des tranchées, des Bourguignons dans la Première Guerre mondiale ». Volume 2 écrit par Gilles Vauclair et par Didier Callabre. Imprimésur les presses numériques de Dicolorgroupe  à Ahuy en octobre 2004. 

« Le 408e R.I. au fort de Vaux, février mars 1916 » de Romain Darchy . Carnet inédit déposé à la bibliothèque du Mémorial de Verdun. 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

16 septembre 2013

Edmond Didier (1885-1916).

                  Edmond_Didier

Edmond Didier est né dans la demeure familiale le 13 juin 1885 à Gruey-les-Surance, une petite commune vosgienne. Le jour de sa naissance, son père Théophile est âgé de 35 ans, et sa mère Léonie Viard de 34 ans. 

Jeune soldat de la classe 1905, il est incorporé le 7 octobre 1906 au 149e R.I. d’Épinal. Edmond est nommé caporal en avril 1907, puis sergent en décembre 1907. Une fois ses obligations militaires terminées, le sergent Didier qui est envoyé dans la disponibilité de l’armée à la fin du mois de septembre 1908 se retire dans la commune qui l’a vu naitre. 

Devenu employé de commerce, il épouse, le 19 mars 1912 Jeanne Combe, une Ardéchoise qu’il conduit à l’église, puis à la mairie de la petite ville d’Annonay. Rappelé à l’activité le 2 août 1914 pour cause de guerre, Edmond Didier quitte l’Ardèche pour retrouver la ville d’Épinal. Il revêt son uniforme de sergent, mais cette fois-ci, il est affecté à la 23e compagnie du 349e R.I.. Le 21 septembre 1914, ce sous-officier est blessé près de Domèvre-sur-Vézouze, un village qui se trouve en Meurthe-et-Moselle. 

Le 12 novembre 1914, le sergent Didier rentre de convalescence pour être affecté à une compagnie de dépôt. Le 17 mai 1915, il fait partie d’un groupe d’hommes constituant un renfort destiné au 149e R.I., qui se trouve durant cette période, sur le front d’Artois. Dès son arrivée, ce sous-officier est affecté à la 11e compagnie du régiment. 

Edmond Didier est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 30 juin 1915. Le 18 juillet 1915, il est affecté à la 6e compagnie puis à la 8e compagnie le 7 décembre 1915. 

Après avoir combattu durant plus de sept mois sur le front de l’Artois avec son régiment, il est envoyé dans le secteur de Verdun. À peine arrivé en première ligne, il est tué au cours d’un violent bombardement, à l’ouest du village de Vaux-devant-Damloup, le 9 mars 1916. Edmond Didier allait avoir 31 ans. Jean Louis Gallice et Émile Mathieu, deux soldats de sa compagnie, confirmeront son décès. 

Le sous-lieutenant Edmond Didier a obtenu les citations suivantes : 

Citation à l’ordre du régiment n° 96 du 24 juin 1915 :

« Le 18 juin 1915, a courageusement organisé et conduit une attaque de nuit, sur le fond de Buval, en avant d’une tête de Sape et à entraîné et maintenu ses hommes sous un bombardement intense. A dirigé avec beaucoup de zèle, l’organisation de la position conquise. » 

Citation à l’ordre de l’armée n° 83 du 3 avril 1916 :

« Le 9 mars 1916, au cours d’un violent bombardement, a donné le plus bel exemple de sang-froid et de mépris du danger, aux hommes de la section, a été mortellement blessé. » 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Edmond Didier provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue illustration. 

Un grand merci à M. Bordes, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 septembre 2013

9 mars 1916.

                  Village_de_Vaux_devant_Damloup

Les Allemands utilisent en permanence la même méthode de combat depuis plusieurs jours. Celle-ci consiste à déstabiliser une partie du front français pendant la journée avec des attaques répétées. Si celles-ci ne réussissent pas, ils profitent de la nuit et de la fatigue des troupes françaises qui sont en 1ère ligne pour enlever, avec des troupes fraîches, les points convoités. Cette méthode leur a déjà réussi, mais les hommes de la 13e et de la 120e D.I. vont, une fois de plus, résister devant les nouveaux assauts de l’ennemi. 

Situation au sud et au sud-est du fort de Douaumont

                  Carte_journ_e_du_9_mars_1916_

                                       Legende_carte_journee_du_9_mars_1916__1_       

 

Dans la nuit du 8 au 9 mars 1916, l’artillerie allemande poursuit son tir avec un bombardement ralenti, mais continu. Il n’y a aucune tentative d’action de l’infanterie. 

À 4 h 00, les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. qui sont sous l’autorité du commandant Magagnosc reçoivent l’ordre de se porter dans la direction du village de Vaux-devant-Damloup.  Elles profitent de la nuit et d’une accalmie temporaire de l’artillerie ennemie pour dévaler les pentes du ravin des Fontaines. Celles-ci atteignent leur objectif vers 6 h 30. Le bombardement retrouve toute sa violence au petit matin. 

                  Ravin_des_Fontaines_2

                                      Legende_dessin

Le commandant Magagnosc évoque la situation dans un rapport rédigé à l’attention du lieutenant-colonel Lecoanet, l’officier commandant le 21e R.I.. 

« J’ai trouvé quatre compagnies du 408e R.I. installées à peu près vers le centre du village, à une centaine de mètres des Allemands. Ces derniers paraissent solidement installés dans le milieu du village avec des mitrailleuses.

En outre, des fractions ennemies dont la force n’a pas pu être évaluée exactement, s’avancent à l’est de Vaux.

Des groupes ennemis assez nombreux ont été vus se dirigeant sur les pentes nord-est du fort de Vaux. Je me suis mis en relation avec le lieutenant-colonel Dervos du 409e R.I. qui est l’officier supérieur le plus élevé en grade dans Vaux.

Mes deux compagnies sont en première ligne concurremment avec des éléments du 408e R.I..

Il y aurait intérêt de déclencher d’urgence un tir d’artillerie sur la route à l’est du fort de Vaux, sur les pentes nord et nord-est du fort de Vaux. J’ai signalé la chose au lieutenant-colonel Dervos, mais il n’y a pas de liaison téléphonique.

Au moment où j’écris, notre artillerie tire à l’est du village, mais son tir est trop court, les obus tombent à environ 100 m de la première ligne.

La liaison n’a pas pu être encore établie avec la compagnie du 38e R.I. que le lieutenant-colonel Dervos me dit occuper à la hauteur du fort de Vaux. Les pentes nord de Vaux sont tenues par les éléments du 149e R.I. et du 38e .R.I.. » 

 L’infanterie allemande attaque de nouveau à partir de 12 h 00. Cette attaque est menée avec le même acharnement et la même violence que celle de la veille devant le bois de la Caillette. Sur la droite, l’effort ennemi vise surtout les abords immédiats du fort de Vaux. Ce secteur est défendu par les troupes encore disponibles de la 120e D.I.. 

Des éléments du 158e R.I. commencent à arriver pour relever les hommes du 409e R.I. qui sont toujours en première ligne. La veille, le 409e R.I. a dû faire face à une terrible attaque allemande, ses pertes sont très importantes. 

Situation à l’ouest du fort de Douaumont

                                 Carte_Verdun_journee_du_9_mars_1916__2_

                                      Legende_carte_journee_du_9_mars_1916__2_

 

La 25e Brigade est attaquée en fin de matinée, en même temps que la 77e Brigade, après une préparation d’artillerie intense.

La 77e Brigade fait savoir à 15 h 20 qu’elle a conservé ses positions et mis, à sa droite, deux compagnies du 153e R.I. pour soutenir le 21e B.C.P..

Le 21e B.C.P. a été partiellement rejeté sur les tranchées de doublement situées entre le Calvaire et la corne est du bois Albain-Nawé. Sa situation est mal définie.

Le 20e B.C.P. a résisté et, bien qu’ayant subi, du fait du bombardement,de sérieuses pertes, il a reçu l’ordre d’employer ses soutiens pour reprendre contact avec le 21e B.C.P., et l’aider à se reporter en avant.

Le 17e R.I. est très fortement pris à partie par les minenwerfer du fort et par l’artillerie lourde. Violemment attaqué, il a dû engager ses dernières disponibilités pour repousser l’ennemi. Ce régiment, qui a subi des pertes importantes, est en liaison étroite avec le 109e R.I..

Le général commandant la 25e Brigade, de concert avec le colonel commandant la 77e Brigade, prépare la contre-attaque de son extrême gauche. Il ne peut, dans ce but, disposer que d’une partie du 3e bataillon du 149e R.I., qui constitue sa dernière réserve. 

Situation en fin de journée 

Pas de changement sur les positions de la 25e brigade. Le 2e bataillon du 149e R.I., qui est toujours à la disposition de la 26e Brigade, se trouve en deuxième ligne derrière le 109e R.I..

 Il n’y a pas de changement, non plus pour le 1er bataillon du 149e R.I. qui a engagé deux de ses compagnies. Celles-ci assurent toujours la liaison entre la droite du 21e R.I. et la gauche de la 120e D.I.. Les deux autres compagnies de ce bataillon sont en réserve vers le P.C. Deligny.

Le 3e B.C.P. n’a toujours pas pu franchir la crête à l’est de Souville, il reste disponible sur les pentes au sud du P.C. Deligny.

Le 10e B.C.P. est en réserve de division sur les pentes sud du fort de Souville. Dans la soirée, les 1ère et 2e compagnies de ce bataillon rejoignent le village de Fleury-devant-Douaumont. 

Pour mémoire…

En mars 1916, la 77e Brigade est constituée avec les 146e et 153e R.I., la 25e Brigade avec le 17e R.I. et les 20e et 21e B.C.P. et la 26e Brigade avec les 21e et 109e R.I.. 

Sources :

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 38e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 616/4.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 153e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 697/20.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/2.

J.M.O. du 409e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/7. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le dessin provient d’une photographie d’une table d’orientation se trouvant dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup, réalisée en 2012. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des 13e et 120e D.I., provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 9 mars 1916.

Pour en savoir plus : 

Bois_FuminPour mieux connaitre le secteur du bois Fumin, il suffit de cliquer une fois sur l’image de gauche pour accéder directement sur le blog de Patrick.

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

« 1914-1918 les soldats de Thury dans la boue des tranchées, des Bourguignons dans la Première Guerre mondiale ». Volume 2 écrit par Gilles Vauclair et par Didier Callabre. Imprimer sur les presses numériques de Dicolorgroupe  à Ahuy en octobre 2004.

« Le 408e R.I. au fort de Vaux, février mars 1916 » de Romain Darchy. Carnet inédit déposé à la bibliothèque du Mémorial de Verdun. 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à F. Hensel, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 septembre 2013

Gaston Brosse (1883-1916).

                  Sous_lieutenant_Gaston_Brosse

Gaston Brosse voit le jour le 18 septembre 1883 dans la petite commune ardennaise de Renwez. À sa naissance, son père est âgé de 32 ans, il est sous-brigadier des douanes.  Sa mère, Marie Joséphine Delmont est âgée de 30 ans. Elle n’exerce pas de profession.

Jeune soldat de la classe 1903 de la subdivision de Mézières, Gaston signe un engagement avec l’armée en novembre 1904. Il doit alors rejoindre la caserne du 91e R.I. 

 Le 18 octobre 1905, il est nommé caporal, puis sergent le 13 juillet 1907. Gaston Brosse renouvelle son engagement  le 25 octobre 1906 pour une durée de 2 ans à compter du 1er octobre 1907. 

En février 1908, il épouse une jeune femme nommée Ida Amélie Michel qu’il conduit à l’église de la petite commune de Puilly et Charbeaux. 

Le 5 mai 1909, le jeune sous-officier signe de nouveau un contrat pour une période de trois ans à compter du 1er octobre 1909, puis un autre le 20 juillet 1912 pour 3 années supplémentaires à compter du 1er octobre 1912. 

Quelques semaines après le début du conflit contre l’Allemagne, Gaston Brosse est nommé adjudant, nous sommes le 1er septembre 1914. 

Neuf mois plus tard, l’adjudant Brosse est promu sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre par une décision ministérielle qui date du 27 juin 1915. 

Muté au 149e R.I. le 8 juillet 1915, cet officier doit se rendre sur le front d’Artois pour être immédiatement affecté à la 1ère compagnie du régiment.

Le 11 septembre 1915, Gaston Brosse est évacué vers l’arrière pour raison de santé. Une fois remis sur pied, il retrouve son régiment le 16 octobre 1915. Cette fois-ci, il prend le commandement d’une section de la 3e compagnie du 149e R.I.. 

Le 8 mars 1916, le sous-lieutenant Brosse est à la tête d'une section de la 1ère compagnie. Il est dans le bois des Hospices près de Verdun. Sa compagnie est prise sous le feu de l’artillerie allemande. Gaston Brosse est blessé par un éclat d’obus, il est évacué d’urgence vers l’ambulance 1/21. Ses blessures sont tellement graves qu’il décède au cours de son transport. 

Dans un premier temps, cet officier est inhumé dans le cimetière militaire des casernes Bevaux. Sa sépulture porte le numéro 14. Le lieu où il repose actuellement m’est inconnu. 

Son acte de décès a été transcrit le 17 décembre 1919, à la mairie d’Aubigny-les-Pothées. Le caporal Alexandre Doumène et le soldat Léon Charpentier confirment la mort de Gaston Brosse. 

Le sous-lieutenant Brosse a obtenu les citations suivantes : 

Citation à l’ordre du 2e C.A. n° 61  en date du 7 janvier 1915 :

« À demi asphyxié et empoisonné par un pétard tombé à ses pieds pendant qu’il postait sa section en avant, est resté avec ses hommes pour éviter un mouvement de recul, n’est revenu en arrière que sur l’ordre de son capitaine.  » 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 114 du 25 mars 1916 :

«  A fait preuve de belles qualités de courage et de sang-froid en maintenant sa section sous un violent bombardement le 8 mars 1916, a été mortellement blessé. » 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photo figurant sur le montage provient de la collection personnelle de T. de Chomereau. 

Un grand merci à M. Bordes, à T. de Chomereau, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et la mairie d’Aubigny-les-Pothées.

26 août 2013

Henri Baverey (1892-1916).

                  Henri_Baverey

Henri Baverey est un Reimois né le 16 juillet 1892. Son père se nomme Jean Louis et sa mère Blanche Mathilde Guillemin. Henri est resté célibataire. 

Au début de l’année 1913, Henri est domicilié au 126 rue Cardinet dans le 17e arrondissement parisien. Il exerce la profession d’employé de commerce. 

Le jeune parisien d’adoption de la classe 1912 se retrouve incorporé au 149e R.I à compter du 8 octobre 1913. Il arrive à la caserne Courcy dès le lendemain pour endosser son uniforme de soldat.

Henri Baverey peut coudre ses galons de caporal le 11 avril 1914, puis ceux de sergent le 18 aout 1914 et enfin, ceux de sergent-fourrier le 6 juin 1915. 

Malgré son jeune âge et son manque d’expérience le sergent fourrier Baverey est proposé pour le grade de sous-lieutenant. Il est promu dans cette nouvelle fonction à titre temporaire pour la durée de la guerre. Nous sommes le 30 juin 1915.

Ce sous-lieutenant de 23 ans, devenu responsable d’une section de la 4e compagnie est légèrement blessé le 27 septembre 1915 du côté du bois en Hache. Un éclat d'obus lui occasionne une lésion oculaire qui ne le fait pas évacuer vers l'arrière.

N’ayant aucune expérience du commandement, il doit suivre les cours donnés par le centre d’instruction du 21e C.A. du 2 au 23 janvier 1916.   

Il ne profite pas vraiment de ses nouvelles connaissances acquises en formation. En effet, celui-ci est tué par un éclat d’obus le 8 mars 1916 dans le bois des Hospices qui se trouve près de Verdun, à son poste de commandement. 

Citation à l’ordre de la 2e Armée n° 83  en date du 3 avril 1916 :

« Officier d’une grande bravoure, ayant toujours donné un bel exemple à ses hommes par son entrain au feu. Tué le 8 mars 1916 au cours d’un violent bombardement. » 

Henri Baverey repose actuellement dans le cimetière national français de Bevaux à Verdun. Sa sépulture porte le n° 2452. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Baverey a été réalisée par A. Cesarini. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Cesarini, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

20 août 2013

8 mars 1916.

                  Batterie_de_l_H_pital_1

Le feu d’artillerie, qui s’est atténué dans la nuit, recommence au matin. Il bouleverse les organisations des premières lignes et cherche à écraser, sous les obus des plus gros calibre les ouvrages de Souville, de Vaux, de Tavannes et de Saint-Michel. En outre, de très nombreux minenwerfers, qui sont positionnés dans le ravin allant du fort de Douaumont à l’étang de Vaux, procèdent à un tir méthodique de destruction sur les tranchées, sur les éléments du 17e R.I., et ceux de la 26e brigade et de la 120e D.I..

L’attaque d’infanterie allemande se déclenche à 11 h 00. Elle est précédée par des équipes qui jettent des liquides enflammés avec des appareils spéciaux. Le 109e R.I. qui a été abordé le plus violemment, perd sa première ligne dans le bois de la Caillette. Malgré ses contre-attaques, il ne peut reconquérir le terrain perdu. Le commandant d’Hauville du 109e R.I. trouve la mort au cours de l’une d’entre elles. 

Les 17e et 21e R.I. se maintiennent à la gauche et à la droite du 109e R.I.. Les mitrailleuses du 21e R.I. infligent de lourdes pertes aux Allemands qui essaient de gravir les pentes nord-ouest du fort de Vaux. Dans l’ensemble, la position de la division est conservée, avec, en son centre, un fléchissement d’une centaine de mètres. 

La 13e D.I. est encadrée à sa droite par la 120e D.I., avec qui elle forme le groupement Maistre et à sa gauche par la 42e D.I. qui, elle, appartient au groupement Guillaumat.

La 85e brigade du général Guillemot cantonne toujours dans les bois sud de Souville. Celle-ci forme la réserve de la 13e D.I.. Les ordres prévoient que cette brigade doit relever la 26e brigade dans la nuit du  8 au 9, de façon à former un secteur spécifique avec la 43e D.I.. Ce nouveau secteur devrait être accolé à celui de la 13e D.I.. De cette manière, chacune des divisions peut avoir une brigade en ligne et une brigade en réserve.

Vu la situation d’urgence, dans laquelle la 13e D.I. vient d’être engagée, cette fin de plan de relève du 21e C.A. ne peut pas être appliquée.

Durant cette journée, les troupes combattantes de la 13e D.I. ont été très éprouvées. Le général Martin de Bouillon obtient du général Maistre le libre emploi de la 85e brigade. Il utilise d’abord le 149e R.I., le régiment qui est le plus avancé de la brigade. Les 1er et 2e bataillons du 149e R.I., qui sont respectivement sous les ordres des commandants Magagnosc et Schalck, sont mis à la disposition du colonel Schmidt. Ils pourront servir à étayer le 109e R.I. qui  se prépare à rétablir son front initial. Le 3e bataillon du 149e R.I. est donné au général Menvielle, pour, si besoin est, soutenir le 17e R.I. ou les chasseurs si besoin est. Les 3e et 10e B.C.P. quant à eux, sont conservés en réserve de division, leur tête échelonnée vers la gauche de la 120e D.I..

 Entrée en action du 149e R.I.

                           Carte_journees_des_7__8_et_9_mars_1916

                                       Legende_carte_journee_du_8_mars_1916_a

En début de soirée, le commandant de Witchowski reçoit l’ordre de se diriger avec son 3e bataillon sur le village de Fleury-devant-Douaumont. Il doit se mettre sous l’autorité du général commandant la 25e Brigade et constituer la réserve de cette dernière. Avant de rejoindre leurs nouvelles positions, ses compagnies s’arrêtent au fort de Souville. Les hommes se chargent des matériels qui sont destinés au réapprovisionnement de la brigade du général Menvielle. Ce bataillon arrive vers 22 h 15 dans le secteur du village de Fleury-devant-Douaumont, avec beaucoup de retard. Retard, qui a fortement inquiété le général Menvielle puisque celui-ci a envoyé une note demandant le renfort express d’une autre compagnie du 149e R.I.. En effet, il ne disposait plus de réserve en cas d’attaque allemande.

Les 1ère et 4e compagnies du bataillon du commandant Magagnosc prennent la direction des premières lignes. Elles font également un bref passage par le fort de Souville. Celles-ci sont tenues  d’assurer les corvées concernant la 26e brigade. Les deux autres compagnies du bataillon restent dans le secteur sud de la batterie de l’hôpital. 

 Vers 22 h 00, une corvée d’une de ces compagnies apporte, au .P.C. du 3e bataillon du 21e R.I., un approvisionnement de grenades disposées en vrac dans des sacs de terre. Un des sacs qui vient d’être déposé un peu trop brusquement sur le sol fait explosion. Une partie des autres sacs sautent également. Il y a une trentaine de blessés, qui sont en majorité des hommes du 409e et du 149e R.I.. 

Le 2e bataillon du 149e R.I. est toujours dans le secteur sud du fort de Souville. Le commandant Schalck et son bataillon quittent leurs positions pour rejoindre leur nouveau secteur dans la nuit.

Les 3e et 10e B.C.P.  viennent occuper les anciens emplacements du 149e R.I.. 

Sources :

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes.   Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 21e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 593/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4. 

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

La légende de la carte postale est fausse. C’est bien la batterie de l’hôpital qui est représentée sur ce cliché.

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation de la carte donnant les différents emplacements approximatifs de la première ligne française, provient du  J.M.O. du 407e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 767/10.  

La carte dessinée du secteur de Verdun a été réalisée simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions et les déplacements des bataillons du 149e R.I. risque d’être assez importante. Cette carte n’est donc là que pour se faire une idée approximative des mouvements des bataillons qui eurent lieu au cours des journées des 7, 8 et 9 mars 1916.

Pour en savoir plus :

 « Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.                             

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto, à A. Carobbi, à A. Cesarini, à A. Orrière, à M. Porcher, aux différentes personnes du forum « pages 14-18 » qui m’ont apporté leur aide,et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

12 août 2013

Du 6 au 7 mars 1916.

                  Le_general_Joffre_a_Souilly

                                                                  6 mars 1916

Pendant que le 149e R.I. se prépare à rejoindre le secteur de Verdun, la 13e division poursuit l’aménagement de ses positions en première ligne. Durant toute cette journée, les tirs de l’artillerie ennemie font rage sur l’ensemble de la rive gauche de la Meuse.

                 Seigneulles_Regret

Le 149e R.I.,qui n’a toujours pas quitté la commune de Seigneulles, doit se rendre peu avant 7 h 00 aux points d’embarquement situés sur la route reliant Hargeville à Rosnes. Un bataillon se trouve à la sortie nord-est du village, un autre à la sortie ouest, le dernier attend derrière le précédent. Le régiment prend la route qui deviendra bientôt « la voie sacrée ». À Souilly, il passe devant le général Joffre, qui est salué par les acclamations des poilus.

Les hommes du 149e R.I. laissent les véhicules dans le petit village de Regret. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils empruntent l’itinéraire dit de « la route stratégique ». Louis Cretin, brancardier-musicien de la C.H.R. du 149e R.I. écrit ceci dans son témoignage :

« Nous débarquons à Regret tout près de Verdun. La canonnade est terrible. Nous passons à pied par petits paquets près de la citadelle et nous allons nous reformer le long du canal aux abords d’Haudainville. 

À partir de cet instant, la 85e brigade passe sous l’autorité du général Balfourier qui commande le 20e C.A.. Le régiment va cantonner à Haudainville.

                                                                7 mars 1916

Dans la nuit du 6 au 7 mars, le 20e B.C.P. du commandant Godfroy et le 21e B.C.P. du commandant Craplet relèvent les troupes de la 95e brigade. Ces bataillons de chasseurs prennent place à la gauche du 17e R.I. jusqu’au bois qui limite le secteur de la division à l’ouest.

De Regret au bois de l'hopital

Legende carte intineraire Verdun

Toutes les unités de la 13e D.I. sont maintenant en place, le P.C. du général Martin de Bouillon se trouve à  Fleury-devant-Douaumont à partir de 8 h 00. La 13e D.I. est encadrée à sa droite par la 120e D.I., avec qui elle forme le groupement Maistre et à sa gauche par la 42e D.I. qui,elle, appartient au groupement Guillaumat.

L’artillerie allemande recommence à tirer dans la soirée. Il est d’une intensité exceptionnelle sur l’ensemble de ce secteur du front.

Le 149e R.I. qui est, depuis la veille, dans la commune d’Haudainville, doit se préparer à monter en ligne. La route ouest-est qui passe devant le cimetière est réservée aux hommes du lieutenant-colonel Abbat de 16 h 00 à 17 h 00. Le régiment suit la route de Verdun jusqu’au carrefour à 800 m est des casernes Bévaux. Il quitte la route pour suivre un itinéraire qui passe par la cote 218, la cote 222, le cabaret, le carrefour 325 et la ferme Bellevue. Le 149e RI bivouaque dans le bois des Hospices. Le 3e et le 10e B.C.P. s’installent à Saint-Airy.

Sources :

J.M.O. de la 13e D.I.. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 120e D.I.. Réf : 26 N 419/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/8.

Témoignage inédit de Louis Cretin.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées.

Google Earth. 

Pour en savoir plus :

 « Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928. 

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Un grand merci à M. Bordes, à S. Agosto,  à A. Carobbi, à T. de Chomereau,  à P. Lehue, à J. Nicolas, à A. Orrière, à M. Porcher, à F. Radet,  au Service Historique de la Défense de Vincennes.

5 août 2013

Gaston de Chomereau de Saint-André (1879-1966)

 

Gaston de Chomereau de Saint-André voit le jour le 5 décembre 1879 dans la propriété familiale de Buxières-d’Aillac, une petite commune située dans le département de l’Indre, en Berry.

 

À sa naissance, son père Louis, comte de Chomereau de Saint-André, est colonel. Il est âgé de 54 ans et commande le 17e régiment de Dragons. Il vit avec son épouse Marie de Bonnault de Villemenard, âgée de 34 ans dans la ville fortifiée de Carcassonne.

 

Élève au lycée Saint-François de Dijon, il quitte cet établissement après avoir obtenu son baccalauréat en 1898.

 

Issu d’une grande famille de militaires, Gaston suit la tradition familiale qui le conduira sur les traces de son père, de son grand-père et arrière-grand-père paternels. Il intègre la 4e compagnie de la promotion d’In-Salah (1899-1901), après avoir signé un engagement avec l’armée d’une durée de trois ans et réussi le concours d’entrée de l’école spéciale militaire. Ce Saint-Cyrien devenu sous-lieutenant fait partie des meilleurs de sa promotion (9e sur 546 diplômés).

 

                         

En octobre 1901, il rejoint la ville de Chambéry pour être incorporé au 13e B.C.P.. Deux ans plus tard, jour pour jour, il est promu lieutenant.

 

En septembre 1909, Gaston de Chomereau de Saint-André quitte les montagnes savoyardes, il vient de recevoir sa mutation pour le 7e R.I.. Il rejoint Cahors où il va séjourner durant quatre années. C’est dans cette ville qu’il épouse en 1907 Geneviève Barré de Saint-Venant. Le couple aura trois enfants. Nommé capitaine le 23 mars 1914, il gagne l’est de la France pour prendre le commandement d’une compagnie du 149e R.I. d’Épinal.

 

Début août  1914, c’est la mobilisation,  le capitaine de Chomereau de Saint-André est à la tête de la 8e compagnie du 149e R.I.. Il se trouve sous les ordres du commandant du 2e bataillon, Marius Magagnosc.

 

Gaston de Chomereau de Saint-André participe à tous les combats du début du conflit dans lesquels son régiment a été impliqué. Le 28 août 1914, sa compagnie est positionnée près de Rambervillers. Le capitaine de Chomereau de Saint-André est blessé par un éclat d’obus qui se loge dans son épaule gauche. Il est évacué à Lyon pour être soigné à l’hôpital Desgenettes.

 

Après une courte convalescence, à Bourges, c’est le retour dans la zone des armées. Au début de 1915, il combat de nouveau avec le 149e R.I. dans la région de Lorette où le régiment souffre d’énormes pertes. 

 

En mars 1916, le 149e R.I. est envoyé d’urgence à Verdun. Gaston de Chomereau de Saint-André participe avec ses hommes aux violents combats qui eurent lieu dans le village de Vaux-devant-Damloup. À cette occasion, cet officier est fait chevalier de la Légion d’honneur.

 

Au lendemain de sa participation à la bataille de Verdun, le capitaine de Chomereau de Saint-André exerce la fonction d’adjudant-major, un poste qu’il occupe du 19 avril 1916 au 4 décembre 1916. Dès le lendemain, il doit rejoindre la ville de Beauvais pour effectuer un stage au centre d’instruction des chefs de bataillon.

 

Après avoir été nommé chef de bataillon à titre temporaire à la fin du mois d’avril 1917, il prend la tête du 1er bataillon du 149e R.I..

 

                  

Le 10 avril 1918, il quitte définitivement le 149e R.I. pour prendre le commandement du 48e B.C.P. un bataillon de chasseurs qu’il ne quitte pas avant l’année 1919.

 

                                                     Le commandant de Chomereau de Saint-André joue de l’harmonium

 

Avec son bataillon, il combat à Kemmel et dans l’Oise, il délivre Notre-Dame de Liesse, dans l’Aisne. Le jour de l’armistice, le 11 novembre 1918, le 48e B.C.P. est au contact avec l’ennemi, à Rocroi.

 

          Les officiers du 48e B.C.P.. Le commandant de Chomereau de Saint-André se trouve au 1er rang ( 2e à partir de la gauche)

 

Le 3 mars 1919, Gaston de Chomereau de Saint-André est nommé à l’état-major du commandement supérieur de la Lorraine. Il va devoir suivre les cours de l’école supérieure de guerre. Ayant obtenu son brevet d’état-major, il devient chef de bataillon à titre définitif le 25 septembre 1920.

 

En octobre 1920, il doit finaliser sa formation en effectuant un stage à l’état-major du 17e C.A.. Deux ans plus tard, il est titularisé dans sa fonction de chef du 4e bureau.

 

En mars 1930, le commandant de Chomereau de Saint-André se retrouve chef d’état-major de la 36e D.I.

 

Il est nommé lieutenant-colonel le 25 septembre 1930. Le 25 mai 1935, il prend le commandement du 158e R.I.F., un régiment qu’il rejoint à la fin du mois de juillet. Trois mois plus tard, il est à la tête du 172e R.I.F. le régiment de Strasbourg.

 

                                                        Le lieutenant-colonel de Chomereau de Saint-André à la tête du 172e R.I.F.

 

Cet officier qui va bientôt fêter ses 56 ans est promu colonel le 25 septembre 1935. 

 

Après une longue carrière militaire de presque 40 ans, il devient général de brigade au moment où il doit partir à la retraite.

 

Il est rappelé à l’activité le 24 août 1939. De nouveau, les bruits du canon vont se faire entendre, la Seconde Guerre mondiale est sur le point de se déclencher. Le général de brigade Gaston de Chomereau de Saint-André commande le département de l’Indre, puis celui de la Seine-et-Oise, dont le quartier-général se trouve à Versailles, à partir du 1er novembre 1939. Il participe aux opérations de guerre avec l’Armée de Paris, puis bat en retraite en ordre avec 25 000 hommes tout en combattant. Il sera décoré grand officier de la Légion d’honneur en 1957 pour ce dernier fait d’armes.

 

Il est renvoyé dans ses foyers le 2 juillet 1940. Chef de la légion des combattants du département de l’Indre, il est arrêté chez lui par la Gestapo à Buxières-d’Aillac puis interné à Buchenwald en Allemagne d’août 1943 à février 1944.Très influent dans sa région, il est soupçonné, avec raison, de contact avec l’armée secrète du général Delestraint. Le général de Chomereau de Saint-André ne cachait pas du tout ses désirs de revanche sur l’Allemagne. Il est arrêté une seconde fois, mais plus brièvement après son retour en France.

 

À la Libération, et jusqu’à son décès, Gaston de Chomereau de Saint-André est président des anciens combattants de l’Indre, mais aussi des anciens du 149e R.I. et du 172e R.I.F. Il maintient de nombreux liens avec ses anciens compagnons d’armes.

 

En 1947, son fils cadet, capitaine de la Légion étrangère, est tué en Indochine.

 

Il vit jusqu’à sa mort dans sa propriété berrichonne de Buxières-d’Aillac qui l’a vu naître, entouré de ses petits-enfants.

 

Gaston de Chomereau de Saint-André a obtenu les décorations suivantes :

 

Chevalier de la Légion d’honneur, D. du G.Q.G., n° 2851 du 03/05/1916 :

 

« Officier de la plus grande valeur, ayant un haut sentiment du devoir. Le 9 mars 1916 a enlevé, avec sa compagnie, malgré un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses, une partie du village de Vaux-devant-Danloup qu’il a organisé défensivement. Du 31 mars au 5 avril, commandant un bataillon dans un secteur particulièrement dangereux (Fort de Vaux) s’est dépensé sans compter, sous un bombardement des plus violents, pour la défense et l’organisation de la position. (Comporte la croix de guerre avec palme). »

 

Commandeur de la Légion d’honneur.

 

Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.

 

Grand officier de la Légion d’honneur (en 1957, des mains du général Héring, aux Invalides).

 

Officier du mérite espagnol.

 

                             Le général de brigade de Chomereau de Saint-André est fait grand officier de la Légion d’honneur

 

Citations :

 

Citation à  l’ordre de l’armée, n° 144  du 04/12/1915 :

 

« Le 9 août 1914, au combat du col de Sainte-Marie, a conduit brillamment sa compagnie à l’assaut des tranchées allemandes fortement organisées. S’est également fait remarquer par sa bravoure et son attitude énergique au combat d’Abreschwiller, le 1er août 1914. Blessé grièvement par éclat d’obus, le 28 août, a demandé à rejoindre le régiment, incomplètement guéri. »

 

Citation à l’ordre de l’armée, n° 527 du 9 novembre 1917 :

 

« Officier d’élite, d’un courage à toute épreuve. A le 23 octobre 1917, conduit son bataillon, fanions déployés, à l’attaque des positions allemandes, et s’en est brillamment emparé, d’un seul élan. » 

 

Citation à l’ordre de l’armée, n° 130-28 du 28 septembre 1918 :

 

« 48e B.C.P.- commandant de Chomereau de Saint-André. Possède déjà un passé brillant de gloire, acquis sur la Somme, au chemin des Dames et au Kemmel. S’est brillamment élancé à l’attaque, le 10 août 1918, a rompu le front ennemi, bousculé ses arrière-gardes, réalisé une avance de plus de huit kilomètres, enlevant à l’ennemi plus de 200 prisonniers, des canons et des mitrailleuses. Au cours des combats des 19, 20 et 21 août, a affirmé de nouveau sa crânerie et son allant, brisant la résistance acharnée de l’ennemi et lui enlevant Lasigny. »

 

Citation à l’ordre du IIe groupe de bataillons de chasseurs, sans numéro du 1er janvier 1919 :

 

« A enlevé, dans une brillante action, la ville de Liesse aux arrière-gardes ennemies. A terminé la poursuite, le 11 novembre 1918 dans les bois de Revin, après avoir fait tomber, dans un chaud combat, la dernière résistance des Allemands. »

 

Citation à l’ordre de l’armée, n° 2097/C du 11 mai 1948 :

 

« Officier général des plus belles qualités de chef. Chargé, le 13 juin 1940, de diriger les opérations de repli au-delà de la Loire, des 4 régiments régionaux de la région parisienne, de 2  de Seine-et-Oise, des dépôts de Seine-et-Oise, d’un effectif d’environ 25000 hommes, a réussi par son énergie à exécuter les mouvements prescrits, dans des conditions extrêmement difficiles, malgré les incursions d’engins blindés ennemis et les bombardements aériens, en maintenant la cohésion et la discipline dans ces diverses unités. Le 15 juin, à Étampes, est intervenu personnellement pour rallier les fuyards d’autres unités et a pris le commandement d’une section ainsi regroupée, pour faire face, dans une situation critique, à une incursion ennemie. »

 

Sources :

 

La plupart des informations concernant le général de brigade de Chomereau de Saint-André Aa été fournie par son petit-fils.

 

Le site de généalogie « GénéaNet » a été consulté.

 

Gaston de Chomereau de Saint-André possède également un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se lire sur le lien suivant : 

 

Site base Leonore

 

Toutes les photographies proviennent de la collection personnelle de T. de Chomereau, exceptée celle de la 4e compagnie de la promotion d’In-Salah (1899-1901) de l’école spéciale militaire qui provient d’un livre d’or appartenant à P. Baude.

 

Un grand merci à  M. Bordes, à T. de Chomereau et à P. Baude.

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