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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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7 octobre 2013

11 mars 1916.

Village_Fleury_devant_Douaumont

Les combats particulièrement violents des journées précédentes ont épuisé et fortement réduit les effectifs des troupes qui se trouvent sur la ligne de front. Même le 149e, dont la majorité des effectifs est en réserve, est touché par les bombardements. Tout particulièrement les compagnies qui sont au contact avec l'ennemi à Vaux-devant-Damloup. 

Les opérations de relève et de remise en ordre des unités, commencé la veille, se poursuivent. Il faut relever toutes les troupes exténuées qui se trouvent en première ligne dans le secteur de la 13e D.I.. Cela aboutit à de nouveaux mouvements pour certaines compagnies du 149e RI. 

Situation au sud et au sud-est du fort de Douaumont  

Du côté de la 25e Brigade :

Dans la soirée, la 19e compagnie du 201e R.I. relève une des compagnies du 3e bataillon du 149e R.I. qui se trouve à proximité de la ligne de front.  Les 13e et  14e compagnies du 201e R.I. rejoignent les positions occupées par une seconde compagnie du 149e R.I. et par une des compagnies du 20e B.C.P. proche de celle-ci.  Ces mouvements de relève ont été organisés après entente avec le colonel du 201e R.I. à la suite des ordres donnés par le colonel Leboucq qui commande la 77e Brigade. Les deux compagnies du 149e R.I. du commandant de Witchowski regagnent le village de Fleury-devant-Douaumont, le 3e bataillon du régiment est reconstitué. 

Carte_journee_du_11_mars_1916_11

Legende_carte_journee_du_11_mars_1916_1

De la 25e brigade, il ne reste plus en première ligne que quelques compagnies du 20e B.C.P. qui occupent toujours le même secteur, mais qui vient d’être réduit. Ce bataillon doit se maintenir en place et assurer, pendant encore vingt-quatre heures, la soudure avec le 75e R.I. qui vient d’arriver et la droite du 201e R.I. 

Du côté de la 26e Brigade : 

La journée reste assez calme dans ce secteur. Il faut tout de même signaler un bombardement allemand important avec des obus de gros calibre sur les tranchées occupées par le 21e R.I.. La relève du 109e R.I. est assuré par le 140e R.I., le 21e R.I. quant à lui, restesur ses positions.  

Situation à l’ouest et au coeur du village de Vaux-devant-Damloup 

Du côté de la 43e D.I. : 

Carte_2_journees_des_11_et_12_mars_1916

Legende_carte_soiree_du_11_mars_1916

Tous les éléments de la 303e brigade sont maintenant relevés par ceux de la 86e brigade. 

À Vaux-devant-Damloup, vers 7 h 00, le responsable de la 85e brigade reçoit un message du commandant Magagnosc daté de la veille, sans aucune indication de l’heure. 

« Je suis avec les 1ère et 4e compagnies de mon bataillon, au sud de Vaux, me reliant à gauche avec le 1er bataillon du 158e R.I. et non avec le 21e R.I., qui doit se trouver plus à gauche, et à droite avec un bataillon du 408e R.I., sur le plateau du fort de Vaux.

Je désirerais savoir où se trouve la réserve de la 85e Brigade. Nous sommes maîtres de la moitié environ du village de Vaux.

Je me fortifie : tranchées, barricades, boyaux, etc.… Nous sommes constamment sous la menace des attaques des Allemands. Bombardements des plus intenses, hier et surtout aujourd’hui, du plateau et des ouvrages de Vaux. Le village n’a reçu que très peu d’obus. J’ai, sous mes ordres, en plus de mon bataillon, un bataillon du 408e R.I. de 500 hommes et la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.. Cela  me permet de remplir la mission que j’ai reçue.

L’effectif de mes deux  compagnies ne me suffirait pas pour cette tâche difficile. Sur quels renforts puis-je compter en cas de nécessité ?

Ce soir, vers 18 h 00,  les Allemands ont prononcé une forte attaque qui dure encore sur le fort et principalement au sud du fort de Vaux.

Je désirerais savoir quand et comment mes deux compagnies seront ravitaillées. J’ai besoin de matériel : grenades, fusées, fil de fer, cartouches. Où pourrais-je me les procurer ?  Il n’y a rien ici. » 

Tôt dans la matinée, Les 1ère et 4e compagnies du 149e R.I. sont relevées par des éléments du 3e bataillon du 158e R.I.. Les deux compagnies du commandant Magagnosc doivent attendre la tombée de la nuit pour quitter le village de Vaux-devant-Damloup. Elles arriveront dans le bois des Hospices le lendemain. 

Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André raconte cette relève : 

« À la nuit… les deux compagnies, derrière moi, partent, colonne par un, emmenant les nombreux blessés… Nous atteignons par la Chapelle Sainte-Fine, le chemin Fleury, le fort de Souville, le fort de Tavannes, le bois des Hospices. » 

Deux bataillons du 158e R.I. sont maintenant installés dans les ruines du  village de Vaux-devant-Damloup. Le 21e R.I. est à sa gauche et le 31e B.C.P. à sa droite avec pour mission de tenir les avancées du fort de Vaux. 

Les mouvements du 149e R.I. le soir du 11 mars : 

Positions_approximatives_du_149e_R

Legende_carte_de_la_journee_du_11_mars_1916_3

Pour le 1er bataillon, comme nous l’avons vu, les 1ère et 4e compagnies vont quitter le village de Vaux-devant-Damloup à la tombée de la nuit. Les deux autres compagnies du bataillon sont positionnées dans les retranchements situés au nord de la batterie de l’Hôpital à 3 h 00. 

Le 2e bataillon du 149e R.I. est remis à la disposition du général Guillemot. Le bataillon du commandant Schalck, qui vient de quitter ses positions dans le secteur du bois de la Caillette, se trouve maintenant en réserve de la 13e D.I. au sud-ouest du fort de Souville. Ce bataillon aura pour mission, en cas de problème majeur, d’assurer une liaison étroite avec la gauche de la 43e D.I..

Le responsable de ce bataillon devra, dès qu’il aura reçu son ordre, donner à ses unités un avis préparatoire d’alerte afin qu’elles puissent se mettre en mouvement le plus rapidement possible.

Le 2e bataillon du 149e R.I. se prépare à changer de position pour aller remplacer le 3e B.C.P.. Il aura pour mission de contre-attaquer sur le front situé entre le village de Vaux-devant-Damloup et le fort de Vaux en cas de rupture du front dans ce secteur. 

 Le 3e bataillon est sur le point de quitter Fleury-devant-Douaumont. Il vient de recevoir l’ordre d’aller occuper les pentes sud-sud-ouest à 800 m du fort de Souville, en remplacement du 2e bataillon du 149e R.I.. Dès son arrivée, le commandant de Witkowski détache deux sous-officiers de liaison au P.C. du général commandant la 13e D.I..

L’état-major, les musiciens, les pionniers et la compagnie de mitrailleuses de brigade sont aux bivouacs du bois des Hospices. Le P.C. du régiment, lui,  se trouve à 800 m au nord de la ferme de Bellevue. Vers 20 h 30 les pionniers du 149e R.I. sont chargés de la construction d’un boyau traversant la crête de Souville. 

 Tard dans la nuit le lieutenant-colonel Abbat rédige le message suivant qui est destiné au général commandant la 85e Brigade. Il nous montre que, loin de se résumer à des hommes en première ligne, la bataille de Verdun est aussi une question de logistique. 

«  Je crois devoir vous signaler l’encombrement prodigieux qui règne la nuit sur la route qui mène de la ferme de Bellevue aux forts de Tavannes, de Souville, etc. cet encombrement provenant de l’accumulation de voitures de ravitaillement en munitions, d’automobiles sanitaires, de cuisines roulantes, etc.…

Il me semble que les cuisines roulantes ne devraient pas dépasser le Cabaret, où elles seraient rangées en dehors de la route et d’où les cuisiniers porteraient les vivres à leurs unités, soit en utilisant les bas-côtés des routes, soit en utilisant d’autres cheminements. 

Les vivres arriveront certainement plus vite qu’en laissant les cuisines roulantes stationner plus ou moins longtemps suivant la durée des encombrements.

C’est, du reste, cette mesure que j’ai prescrite pour mon régiment. Je signale en outre, le nombre considérable d’hommes de tous les corps, qui, de l’avant à l’arrière, se portent au-devant des cuisines. La plupart de ces gens sont sans arme et pourraient devenir un danger pour la discipline en cas de crise.

Des gendarmes devraient être échelonnés le long des routes pour assurer d’abord la police de la circulation des véhicules et aussi pour arrêter, s’il y a lieu, tous ceux qui se rendent soi-disant au-devant des ravitaillements en vivres. » 

Ce message a été transmis au Général commandant la 43e D.I., il donne la réponse suivante : 

« L’encombrement est certain. Arrêter toutes les cuisines roulantes au Cabaret semble une solution trop radicale. Nous pourrions fixer, tout au long de la route, des zones de stationnement limitées par des pancartes que les cuisines roulantes ne devraient pas dépasser. Ces points d’arrêt de têtes de colonnes, de cuisines roulantes ou de voitures de munitions seraient placés suivant l’éloignement des corps, ceux de première ligne d’abord plus ceux du secteur de Douaumont en tête. En tout état de cause, il ne faudrait pas dépasser la ferme de Bellevue pour les cuisines roulantes. Enfin, des postes de police seraient à installer au carrefour de la route du fort de Tavannes, au H du bois des Hospices sur la carte au 20000e, à Bellevue, au carrefour du chemin du champ de tir et à Cabaret Ferme. Pour la  réglementation de la circulation des voitures et la police, du champ de bataille à la ferme Bellevue incluse, ce service serait avantageusement assuré par des gradés territoriaux énergiques. » 

Toutefois, dans l'urgence qui est de faire face aux coups de boutoirs allemands, les questions de logistiques restent au second plan, car il faut tenir. Au 149e R.I., le 12 va être marqué par de nouveaux mouvements qui vont rapprocher un de ses bataillons de la première ligne... 

Sources : 

J.M.O. de la 13e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 292/3.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. de la 25e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/3.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/6.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/11.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14.

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588 /2.

J.M.O. du 94e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 670/10.

J.M.O. du 109e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 680/3.

J.M.O. du 140e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 691/3.

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

J.M.O. du 201e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 711/4.

J.M.O. du 408e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/2.

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/4.

J.M.O. du 20e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/2.

J.M.O. du 21e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 823/7.

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/25. 

Témoignage inédit du général Gaston de Chomereau de Saint-André. 

Historique du 75e R.I. pendant la guerre 1914-1918. Imprimerie Berger-Levrault. Nancy-Parie-Strazbourg. 

« Les étapes de guerre d’une D.I. (13e Division). » du lieutenant-colonel Laure et commandant Jacottet. Éditions Berger-Levrault, 1928.

« Verdun » de Jacques Péricard. Éditions Librairie de France.1934.

Les archives du Service Historique de la Défense ont été consultées. 

Le fond de carte, qui a servi de support à la réalisation des cartes donnant les différents emplacements approximatifs des régiments et bataillons des divisions provient du  J.M.O. du groupement D.E. de la place de Verdun. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 70/7. 

Les cartes dessinées du secteur de Verdun, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions des régiments, des  bataillons et des compagnies risque d’être assez importante. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des lieux occupés par les régiments, bataillons et compagnies au cours de cette journée du 11 mars 1916.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Cesarini,  à T. de Chomereau, à R. Neef, à A. Orrière, à M. Porcher, et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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