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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.

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12 septembre 2010

Capitaine Pierre Prétet (1881-1952)

                   Capitaine_Pierre_Pr_tet

 

Pierre Marie Prétet est né le 19 avril 1881 à Gray, commune de la Haute-Saône. Fils de Marie Ernest Prétet, militaire de carrière et de Marie Joséphine Noir. Il est bachelier es sciences et parle l’allemand couramment.

Sur les traces de son père, il commence une carrière militaire en 1902 en servant au 2e régiment de Zouaves. Il est nommé sous-lieutenant au 21e B.C.P en 1908. Deux ans plus tard, toujours au 21e B.C.P., il passe dans le grade de lieutenant. Il arrive au 149e R.I. en août 1912. Au début du conflit, fin août 1914, il commande une section de la 6e compagnie. Il gagne ses galons de capitaine à titre temporaire en septembre 1914, pour les conserver de manière définitive en mars 1915. Pierre Prétet a conquis son grade de capitaine et la croix de guerre sur le champ de bataille. Énergique et très brave, il a, pendant quelques mois, commandé au feu le 2e bataillon du 149e R.I. dans des conditions critiques. Cela, à partir de la fin septembre 1914, après la mort du commandant François jusqu'aux tous premiers mois de l'année 1915 en Artois.

Rejoignant le 31e B.C.P. en novembre 1915, il sert dans ce bataillon jusqu’en octobre 1917. À cette date, il retrouve le 21e B.C.P.. Blessé à Tahure, il est évacué et soigné à l’hôpital n° 226 de Paris. Il termine la guerre comme capitaine adjudant-major au 62e R.I.. De nouveau blessé au chemin des Dames en mai 1918, il est fait prisonnier et interné au camp de Limbourg.

Il se marie en 1919 avec Louise Louys.

Après la guerre, il poursuit sa carrière militaire pour y mettre un terme en 1939. Carrière qu’il termine avec le grade de lieutenant-colonel.

Pierre Marie Prétet décède à Nice en 1952.

 

Citation à l’ordre de l’armée : (Cette citation a été obtenue après les combats qui se sont déroulés dans le village de Souain.)

Journal officiel du 9 octobre 1914.

« Le 19 septembre 1914 a dégagé avec beaucoup d’habileté les rues et les maisons d’un village tenu par l’ennemi et a donné lui-même l’exemple du mépris du danger. »

Chevalier de la Légion d’honneur :

« Le 8 novembre 1914 a contribué puissamment à repousser une furieuse attaque de nuit par les ordres nets et précis donnés séance tenante par lui à son bataillon. »

Sources et référence bibliographique :

Dossier individuel consulté au Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes.

« Mémorial de la Gloire, noms des braves promus dans l’ordre de la Légion d’honneur, médaillés militaires et cités à l’ordre de l’armée. » Ouvrage réalisé à partir des dates chronologiques de publication au Journal officiel.

 

Un très grand merci à M. Bordes, à C. Leclair, à J. Huret, à M. Porcher et au Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes.

7 septembre 2010

Secteur sud-est d'Ypres, journée du 3 novembre 1914.

                   Section_de_mitrailleuses_du_2e_bataillon__ann_e_1909_  

  

Avec le 2e bataillon du 149e R.I.:
 

J.M.O. de la 85e brigade d’infanterie.

 

Le 3 novembre au matin le 2e bataillon du 149e R.I. part vers Dickebusch à la disposition du général commandant le 16e C.A..

 

J.M.O. de la 33e brigade d’infanterie.

 

Le  bataillon du 149e R.I. (capitaine Pretet, détachement Lanquetot) est mis à la disposition de la brigade. Il vient prendre position sur le canal en liaison avec le bataillon Lanes du 90e R.I..

 

Du côté des Allemands :

 
 

                    3_novembre_1914_2e_bataillon_du_149e_R

 

 

                                    Legende_1                  

 

Casque_prussien__calque_

 

 

 

Historique du I.R. n° 132.

 

Le régiment combat jusqu’au 5 novembre 1914 au soir, dans le bois d’Herenthage près de la route de Menin à Ypres. 

 

 

Historique du I.R. n° 126.

 

Casque_IAu soir du 3 novembre, les 1er et  3e bataillons partent de Zandvoorde. Ils sont conduits, par des guides du I.R. n° 5 bavarois, jusqu’aux positions tenues par ce régiment au nord du château de Hollebeke (Hollebeke est). Un renfort de 3 officiers, 2 aspirants, 20 sous-officiers et 300 hommes venu du dépôt est exclusivement dans le 1er bataillon. Il retrouve ses 4 compagnies, avec un effectif total de 8 officiers et environ 700 hommes. 

 

Historique du I.R. n° 99. 

 

?

 

Historique du I.R. n° 143. 

 

Le régiment se bat contre les Anglais dans le bois d’ Herenthage, sur la route Ypres-Menin, jusqu’au soir du 9 novembre (relève).

 

Historique du I.R. n° 171. 

 

Les 3 et 4 novembre 1914, les tentatives d’attaques se poursuivent sans aucun gain de terrain. Ce qui a été pris à l’aile gauche et au centre ne peut pas être conservé à cause d’un tir de flanc de la droite, de plus en plus meurtrier.

 

Historique du I.R. n° 172.

 

Le régiment n’a pas participé aux tentatives d’attaque du 3 et du 4 novembre. Il doit attendre au sud de Klein-Zillebeke l’arrivée à sa hauteur du voisin de droite. La pluie succède au beau temps d’automne. Un brouillard très dense couvre souvent le paysage. Les tranchées qui sont peu profondes se remplissent d’eau et de boue. L’hiver des Flandres s’annonçait. Nous tentons d’approfondir les tranchées. Très vite, la nappe souterraine est atteinte et il n’y avait pas encore de sacs de sable.

 

Historique du I.R. n° 105.

 

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Historique du I.R. n° 136.

 

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Les quatre régiments de la 4e D.I.

 

?

 

Avec le 3e bataillon du 149e R.I.:

 

Le 3e bataillon est en réserve à La Polka.

 

Pendant ce temps-là que se passe t-il dans le secteur ? 

 

À 12 h 00,  2 compagnies du 158e R.I. sous les ordres du capitaine Berger sont envoyées sur Kemmel à la disposition du général Mazelles commandant la 1ère division de cavalerie.

 

Le reste de la brigade (6 compagnies du 158e R.I., le 3e  bataillon du 149e R.I., plus le 3e B.C.P. (5 compagnies)) se met en mouvement sur Kemmel. Elle a pour mission d’attaquer dans la direction l’Enfer, la Garde-de-Dieu sans se laisser accrocher par les points d’appui de Messine et de Wytschaete.

 

L’attaque débouche à 14 h 00 de Kemmel, le 3e B.C.P. en tête et au sud de la route de Kemmel à Wytschaete. Le 158e R.I. à la gauche au nord de la route, le 3e bataillon du 149e R.I. en réserve à la Polka.

 

Dès la 1ère crête à 100 m à l’est de la Polka la ligne reçoit une violente canonade, elle progresse très lentement sur le plateau découvert et battu par l’artillerie ennemie. Elle ne peut atteindre qu’à la nuit la ligne de tranchées amies occupées par la cavalerie à pied.

 

Cette ligne s’étend à peu près du nord au sud en passant par le carrefour de Kruistraat. 3 compagnies du 3e B.C.P. et 2 compagnies du 158e R.I. s’installent dans ces tranchées après les avoir débarrassées des cadavres et blessés qui les encombrent. Les autres unités se placent en 2e ligne, sur la crête du moulin de Spanbrock. La nuit est employée à approfondir les tranchées et à commencer les boyaux de communication.

  

 

                   Journ_e_du_3_novembre_1914__3e_bataillon

                                                                     

                                      legende_2

 Extraits de l’ouvrage « Jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon » de Henri René aux éditions Perrin et Cie. 1917.

« Le bataillon se rapproche de la ligne de feu le 3 dans l’après-midi. Nous restons quelques heures en soutien derrière l’avant-garde, dispersés, pour diminuer notre vulnérabilité. Nous sommes dans les champs, où les balles perdues arrivent innombrables et où le bombardement le plus violent laboure partout le sol autour de nous. Les renseignements du combat sont médiocres : nos lignes tiennent à grand-peine devant des attaques obstinées et, sur notre gauche, des troupes harassées, déployées depuis une semaine, donnent les signes de lassitude les plus inquiétants.

 

Les compartimentages  de ce champ de bataille sont mal délimités. Il est d’ailleurs préférable qu’il en soit ainsi, car l’idée de cloisonnement nuirait à celle de liaison ; aux confins de deux divisions, nous sommes ballottés de l’une à l’autre…

 

Nous échouons, à la nuit, près de la ferme Lagache, qui résiste miraculeusement aux explosions et sert de poste de commandement au colonel d’un régiment inconnu.

 

- Vous arrivez à point nommé, dit-il au commandant ; nous sommes à bout de résistance : vous pouvez être notre salut.

 

- Je ne demande, mon colonel qu’a employer mon bataillon, mais je n’ai pas reçu d’ordre aussi catégorique. Je suis en réserve, derrière le point de jonction des deux divisions, sans être retiré au commandement de mes chefs directs…

 

À ce moment, sur la crête qui nous masque, tintamarre d’une attaque de nuit : fusillade et crépitement de mitrailleuses. Une fois de plus, selon toute vraisemblance, beaucoup de bruit pour rien. Il n’en est pas moins vrai que c’est terriblement impressionnant. Il semble que le bruit se rapproche. La valse des fusées a l’air de se précipiter sur nous. Les obus labourent le ciel de grandes balafres lumineuses. Je vois comme si j’y étais, la forme de ce combat de nuit, toujours semblable à lui-même.

 

On s’énerve, on tire au hasard, on approvisionne les armes, on met la baïonnette au canon. On flotte de droite et de gauche, on ne fait rien de bon, on est à la merci d’un coup de main vigoureusement mené. Pourquoi, dans ces conditions, de telles opérations sont-elles généralement stériles ? Parce que l’assaillant est encore plus en méfiance que son adversaire : il craint tout, le fil de fer, les trous d’obus, les mitrailleuses qui se déclenchent à bout portant, les baïonnettes qui hérissent les parapets, les embuscades où l’on se prend comme au piège…

 

Survient un chef de bataillon, extraordinairement excité :

 

- Nous n’y tenons plus, la limite est atteinte… Si vous ne nous renforcez pas immédiatement, c’est la catastrophe…

 

- Vous entendez, commandant ? Je vous prends sous mes ordres. Allez vous installer avec votre bataillon, à cheval sur la route de Wytschaete, pour la tenir quoiqu’il arrive. Prenez le commandement du débris de mes troupes que vous trouverez encore. Votre mission est de toute première importance. Je rends compte à vos chefs que je dispose de vous. Je compte sur vos compagnies…

 

- Compris, répond le commandant Laure.

 

On s’enfonce aussitôt dans les ténèbres, et l’on gagne la crête réputée si meurtrière. Réorganiser des unités qui ont atteint la limite de leurs forces. Assumer la responsabilité d’un secteur de combat tourmenté. Sauvegarder la liaison de deux divisions qui s’ignorent et dont les missions ne semblent nullement concordantes, tout cela en pleine nuit, c’est plus facile à dire qu’à faire. Que d’émotions en perspective…

 

La compagnie du lieutenant T…, la 11e, prend les devants. Son objectif est à l’extrême saillant de la ligne, dans une ferme en ruine, où la terreur règne, nous dit-on, depuis huit jours. D’effroyables combats l’ont faite  baptiser la « ferme tragique », c’est tout  à fait encourageant pour nos camarades qui vont s’y enfermer ! Je me trouve à leur droite, avec le fidèle entourage du commandant : nous sommes tapis au coin d’une haie, dans un fossé de la route grossièrement aménagé en tranchées. Quelques survivants de nos prédécesseurs s’y trouvent, parmi beaucoup de blessés et  quelques cadavres. Ils me préviennent que la position est atroce, car, le jour, on est vu du clocher de Wytschaete. Les artilleurs ennemis y appliquent un tir d’une impitoyable et meurtrière précision. Toutes les unités du bataillon sont ainsi réparties aux endroits les plus mauvais et il n’y a rien à dire puisque notre mission est de boucher les trous. Je plains le commandant encore plus que nous, tant sa responsabilité est lourde.

 

Aussitôt placé, je vais « en liaison » à la « ferme tragique ». Je commence à être endurci, mais vraiment, je pense défaillir tant l’horreur y est grande ! Le guide qui me précède traverse au pas de course les vingt mètres de terrain découvert nous séparant des premiers murs…

 

Nous pénétrons dans les ruines, le lieutenant T… cherche à se reconnaître au milieu de son domaine. Il rassemble toute son énergie…

 

Vraiment, il en faut ici une trop haute dose ! Ce ne serait rien s’il n’y avait que des morts. C’est le spectacle des mourants qui est le plus atroce quand on ne dispose d’aucune ressource pour leur venir en aide.

 

La compagnie s’organise dans son enfer. Les débris lui servent de barricades. Les guetteurs fouillent l’obscurité, se demandant avec angoisse quel tableau le soleil leur montrera demain. A quelques mètres, les patrouilles ennemies vont et viennent, et des blessés qu’on ne peut ramasser gémissent entre elles et nous.Les prévisions pessimistes qui nous avaient accueillis, n’étaient qu’une faible image de la réalité, et nous pouvons en juger dès le lendemain matin.

 

Notre saillant est vu et battu de partout. L’ennemi nous terrorise avec du « 150 percutant » dont l’effet moral nous ébranle jusqu’à l’affolement pendant deux jours. Les « 105 fusants »nous accablent et plongent jusqu’au fond de nos trous leurs horribles éclats. En demi-cercle, des mitrailleuses sont braquées et cherchent à nous coucher dans des tombes où nous sommes descendus comme pour y attendre le coup fatal. La « ferme tragique »est littéralement écrasée, nul ne peut plus se permettre d’en approcher…

 

Sous la rafale, je vais porter au commandant un compte rendu de la situation ; à côté de son poste, vers le coin de la haie qui sert de repère au tir, un factionnaire est affaissé sur son arme, adossé contre un tronc d’arbre qui le retient en équilibre…J’ouvre la bouche pour l’invectiver et lui faire observer vertement que ce n’est pas l’heure de dormir… J’aperçois ses yeux vitreux où filtre un dernier rayon de vie, un mince filet de sang qui coule de son cou sur sa capote… Je retourne à mon trou, ramenant un infirmier pour soigner mes blessés… »

 

Du côté des Allemands: 

 

Casque_bavarois_de_r_serve__calque_Historique du R.I.R. n° 20 bavarois. 

 

La défense des R.I.R. n° 17, 21 et 22 bavarois contre les assauts ennemis dirigés sur Wytschaete: 

 

Le 3 novembre, la brigade Kiefhaber s'est décidée à ordonner une nouvelle attaque. Pour cela du R.I.R. n° 22 bavarois doit déboucher par surprise, dès 7 h 45 du matin, de Wytschaete et gagner le bois situé un peu à l'ouest du village. En raison de l'importance des forces ennemies qui sont en présence  et qui sont parfaitement soutenues par leur artillerie, les éléments bavarois engagés n'ont pas pu progresser.

 

Ils ont simplement réussi à repousser  les contre-attaques ennemies venant de ce côté-là. Au matin du 3, le R.I.R. n° 17 bavarois se rend de la Toreken-Ferme à Wytschaete. Il y a pour mission de prendre (il est en collaboration avec le R.I.R. n° 22 bavarois qui lui est engagé à sa droite), les boqueteaux situés de part et d'autre de la route à Groote Vierstraat.

 

À sa gauche, la liaison est assurée avec le 9e grenadiers de la 3e D.I prussienne. À 7 h 45 le 1er bataillon du 17e de réserve bavarois pénètre dans le bois. Il se heurte à une résistance solide et voit bientôt son élan se briser. En effet, la troupe engagée à sa droite s'est trouvée rapidement dans une situation très précaire. Elle n'a pas pu suivre. Il faut alors mettre le 2e bataillon du 17e de réserve bavarois à la disposition du 8e de réserve qui lui se bat au nord de Wytschaete.

 

Plusieurs compagnies du 3e bataillon du R.I.R. n° 17 qui sont tenues en réserve vont  renforcer le 1er bataillon qui est violemment pris à partie à l'intérieur du bois. En début de soirée, tout le régiment s'est trouvé engagé dans les affrontements. Le 17e de réserve est alors replié sur Wytschaete où il lui est attribué la partie ouest de la localité qu'il doit mettre en état de défense. Pour cela une compagnie du 9e grenadiers  fut placée sous ses ordres.


 

Dès 10 heures du matin, l'ennemi lance d’importants contingents  contre la lisière nord de Wytschaete. Cette attaque venant du nord a pu être repoussée par les 8e et 21e de réserve bavarois. Dès 6 heures du matin, du R.I.R. n° 21 (sans son 3e bataillon), est cédé pendant la nuit à la 5e brigade d'infanterie bavaroise qui a beaucoup de mal à se maintenir face aux attaques ennemies constamment renouvelées.

 

Ces dernières visent la lisière ouest de Wytschaete qui se trouve alors à la bordure opposée (est) de la localité. Vers 10 heures, le 2e bataillon du même 21e, accompagné par la section de mitrailleuses du régiment, a pu s'intercaler dans le front du 8e de réserve près du moulin à vent. Il se défend contre les attaques vigoureuses venant du nord-ouest. 
 

Le 1er  bataillon du 21e chargé de mettre en état de défense la lisière nord de Wytschaete, arrive à son tour pour contribuer à faire échouer les attaques ennemies. Il prolonge l'aile droite du front allemand avec deux de ses compagnies. Une brèche ouverte à droite en direction de du R.I.R. n° 5 bavarois, a pu être colmatée tant bien que mal dès 11 heures du matin, par le 2e bataillon du R.I.R. n° 17. Ce bataillon doit par ailleurs parvenir à atteindre les maisons les plus septentrionales de Wytschaete. Mais là il doit  s'immobiliser à cause d'un tir très vif d'armes légères en provenance du bois. Au soir, le R.I.R. n° 21 est retiré du front pour bivouaquer à l'est de Wytschaete.

L'engagement du R.I.R. n° 20 dans la journée du 3 novembre 1914:

À l'aube du 3 novembre, les trois bataillons de notre régiment ont été rassemblés près de L'Enfer. L'Oberstleutnant Götz, jusque-là commandant du 2e bataillon, vient de prendre le commandement du régiment. Son ancien bataillon est désormais sous les ordres de l'Oberst-leutnant Jägerhuber. Le régiment a pour mission d'empêcher une poussée française planifiée à partir de la lisière nord de Wytschaete et plus au nord-ouest. Mais dans le courant de la matinée, les unités de la brigade Kiefhaber engagées devant nous ont déjà réussi à rétablir la situation au moyen d'une contre-attaque. Notre régiment est donc dispensé et n’intervient pas à son tour. Le ciel ne nous est pas favorable, il pleut des cordes.

 

Tremblant de froid, les hommes du 20e sont accroupis dans leurs trous individuels et ils se posent des questions sur l'effet des obus qui explosent dans les alentours. Lorsque les nuages porteurs de pluie et le brouillard ont finalement disparu dans le courant de la matinée, le panorama du champ de bataille apparait dans toute sa réalité. Il n’y a que des prés, des haies, des champs de betteraves et des maisons étirées jusqu'à l'infini. Voilà les environs de cette localité qui s'appelait Wytschaete ! L'activité de l'artillerie des deux belligérants reprend et devient de plus en plus vive.

 

Le tir de shrapnels effectué par les Français s’avère particulièrement désagréable.

 

Suite à un ordre du régiment qui arrive à midi, notre 1er bataillon s'est placé le long de la route de Messines à Wytschaete. Derrière lui, les 2e et 3e bataillons sont prêts à s'élancer dans une attaque sur Wytschaete-est. On y soupçonnait alors l'ennemi d'avoir réussi une pénétration profonde dans la localité par le nord-est, en venant de la route d'Ypres. Nos 2e et 3e bataillons doivent se placer pour cela à l'est de la route de Wytschaete.

 

Ils sont proches d'une ferme isolée située au sud de la Torreken- Ferme dans laquelle s'était installé l'état- major de notre régiment.

 

Nos bataillons subissent un bombardement violent effectué par les pièces les plus modernes de l'artillerie française en ce temps (obusiers Rimailho de 155). Ils doivent entreprendre leur mouvement depuis L'Enfer vers le nord-est, donc vers la droite. Ils se trouvent sur un terrain entièrement sous contrôle de l'ennemi. Terrain sur lequel ils offrent en plus leur flanc. Cela s’avère très coûteux en vies humaines, dès l'instant où les hommes débouchent les uns après les autres de la tranchée qui jusque-là, leur avait permis de se couvrir.

 

Depuis bien longtemps déjà, un feu roulant ennemi est venu s'abattre sur le lieu de rassemblement de notre régiment. L'abondance des munitions pour artillerie dont dispose notre adversaire est alors confirmée. Tout simplement par le fait qu'en cet après-midi, un officier artilleur, parti seul en reconnaissance, est poursuivi longtemps par des obus ennemis lorsqu'il courait à travers champ, sur un terrain dégagé. Jamais notre artillerie n'aurait pu se permettre un tel gâchis !

 

Pendant que nos 2e et 3e bataillons restent en réserve. L'attaque du 1er est lancée dès 13 heures. Elle gagne du terrain de façon substantielle. Nous avançons par bonds successifs qui sont plutôt longs. Nous pénétrons dans la localité pour ensuite atteindre la colline située un peu plus à l'est. Les batteries du Res. F.A.R. n° 6 sont en position de tir sur un terrain plat à l'est de la route principale qui relie Messines à Wytschaete. Elles envoient des salves de six obus à la fois sur les lisières sud-est et est de Wytschaete.

 

Nous sommes soutenus par notre excellente artillerie de campagne qui a réussi à placer  plusieurs pièces directement derrière les rangs de nos fantassins. Il a été possible de combattre avec efficacité les nids de mitrailleuses établis dans les paquets de maisons. Mais nos pertes sont inévitables. Une grêle de balles s'abat sur les assaillants. Elles proviennent des rangées de maisons de la lisière est du village. Quelques heures seulement après le déclenchement de l'attaque, son objectif est déjà atteint. Mais à ce moment-là s'abat sur nous le feu d'une artillerie ennemie ultra lourde. Il s'agit de pièces de marine anglaise qui sont placées au Kemmel.

 

Elles envoient leurs marmites sur Wytschaete. Avec un hurlement terrible, celles-ci s'abattent sur la localité et projettent des pierres, du feu et du soufre un peu partout. Les tirs sont bien ajustés. Dans les rues nettoyées par  l'occupant ennemi nos réserves se bousculent derrière la troupe combattante, tout comme les fourgons et les autres voitures. Il s'y propage alors un chaos généralisé. Tandis que les obus éclatent toujours, la confusion devient omniprésente. De nombreux hommes perdent la tête et s'enfuient. Des chefs courageux, comme l’ Hauptmann de Landwehr Rentsch et le Leutnant de réserve Rudolph, parviennent finalement à endiguer ce mouvement de fuite qui a déjà pris des proportions inquiétantes en certains endroits.

 

Soudain, le bruit se propage que le drapeau de notre 1er bataillon a disparu. Son porte-drapeau, l'Unteroffizier Mundel de la 3e compagnie qui est sur le point de se soulager a transmis l'emblème pour quelques minutes à l'un des hommes qui l'accompagnent. À ce moment-là, il a seulement remarqué qu'un obus lourd vient d'éclater parmi son groupe. Le soldat qui avait la garde momentanée du drapeau gît mortellement blessé en bordure de la route d'Oosttaverne. Le drapeau lui-même reste introuvable. L'Unteroffizier Mundel court alors dans toutes les directions à sa recherche, en dépit de la canonnade qui est toujours vive.

 

Visiblement, cet ancien de l'active cherche la mort pour se laver de l'affront subi. Finalement, au bout d'une heure de vaines recherches, un blessé couché en bordure de route, lui indique la présence d'un tissu bleu-blanc ayant atterri dans un entonnoir d'obus. Tout en pleurant de joie, Mundel prend dans ses mains le drapeau perforé par de nombreux éclats et il jure en son for intérieur de ne plus jamais s'en séparer. Une fois sa respiration retrouvée, il se présente devant son chef de bataillon, le Major von Loefen, pour lui annoncer ceci: Porte-drapeau présent avec drapeau blessé ! - le Major von Loefen, adoré par ses volontaires de guerre, vient alors d'être blessé à son tour et il doit faire ses adieux à l'Unteroffizier avec ses mots: Porte-drapeau! Jusqu'à ce jour vous avez parfaitement pris soin de mon drapeau. Continuez à le faire encore pendant toute votre vie. Je reviens bientôt! 
 

En attendant, tout ordre de bataille avait été perdu. L'Offizierstellvertreter Walter a pris le commandement de la 4e compagnie à la place du Hauptmann Wex, lui aussi blessé. Là où il y a encore un gradé, les hommes des compagnies d'assaut se rassemblent autour de lui. Chacun doit maintenant mener sa guerre personnelle dans Wytschaete où chaque maison l’une après l'autre devient la proie des flammes.

 

La veille, elles étaient encore intactes et dans les pièces on avait pu trouver des repas fraichement préparés. Il y avait même du café encore chaud sur les tables. Signe que les habitants étaient partis dans la précipitation. Des soldats français et anglais toujours présents refusent de se rendre. Ils sont tout simplement enfumés dans ce brasier.

 

L'église et le moulin à vent de Wytschaete brûlent comme des torches. Ce dernier a joué un rôle prépondérant dans la défense de la localité. Des civils sont encore présents dans les caves où ils se cachent. Ils ont alors fait tourner maintes fois les ailes du moulin - toujours dans la direction où les troupes allemandes se rassemblent pour lancer une attaque, là où se trouvent nos réserves.  D’où le bon ajustement du tir de l'artillerie ennemie qui nous a infligé tant de pertes sévères. C’était alors facile à comprendre ! Dès l'instant où le moulin est immobilisé, cette situation change totalement.

 

Les hommes de notre 20e de réserve se fraient  un chemin à la baïonnette entre les maisons en feu qui s'écroulent les unes après les autres. Ils atteignent finalement la lisière est du village tout en se battant toujours, malgré les lourdes pertes subies. La troupe sans chefs est occupée à faire main basse sur une réserve de vin trouvée dans la cave d'une ferme. Soudain il lui parvient le message alarmant que « Franzmann » lance ses réserves dans une contre-attaque. Rendus fous par la soif, les hommes s’attaquent à des fûts bien remplis avec la hache-pique pour remplir rapidement leur bidon de ce liquide tant apprécié. Ils partent par paquets entiers en direction de l'ennemi dont les têtes faisaient déjà leur apparition sur le terrain. Très rapidement les premières maisons grouillent de soldats anglais et français, et le glacis en est parsemé à son tour.

 

Le tir de destruction qui est déclenché juste à temps par notre artillerie épargne aux défenseurs la mort ou la captivité.

 

Plus tard dans l'après-midi, des éléments d'un régiment de grenadiers de la 3e D.I. prussienne viennent à leur secours, la baïonnette au canon. L'issue de ce combat doit finalement pencher en notre faveur. L'ennemi a alors cherché son salut dans une fuite rapide.

 

Ainsi finit cette journée si agitée. À 18 h 00, nos 1er et 2e bataillons se rassemblent à l'est et à l'ouest de la petite route qui mène à la Torreken-Ferme. Nous nous attendons en effet, pour le lendemain matin à une reprise du tir dévastateur de l'artillerie ennemie.

 

Bien plus tard, nos combattants ont pu être ravitaillés par les cuisines roulantes d'une unité prussienne. Les nôtres restent toujours introuvables. Notre 3e bataillon a été désigné un peu plus tôt, pour constituer la réserve de l'armée à Oosttaverne. Après une nuit relativement calme, les deux autres bataillons partent à leur tour pour Oosttaverne le 4 novembre dès 7 h 45. Ils profitent alors du brouillard matinal et arrivent à destination à 8 h 45.

 

Ils doivent attendre d'autres instructions sur place. Les deux bataillons s’enterrent sur le lieu de leur rassemblement derrière la position déjà occupée par notre 3e bataillon. La position du 3e bataillon se trouve à l'est d'Oosttaverne et au nord-est de la route qui relie cette localité à Hollebeke.

 

Il fait alors front vers le nord-ouest. Le 2e bataillon se trouve à sa droite, échelonné en arrière, derrière les 3e et 1er bataillons, et il est tenu en deuxième ligne derrière le 3e.

 

Les quelques tranchées et trous d'avant-postes déjà présents sont alors renforcés afin d'être à peu près sécurisés contre les tirs de balles ennemies. En effet, on tire constamment sur nous depuis un boqueteau situé au nord de cette position. Ces tirs nous infligent des pertes. Nos patrouilles ont pu identifier des tireurs français. Il s'agissait sans doute d'hommes qui avaient perdu leur unité.

 

Ainsi est venue la quatrième nuit qu'il faut passer à l'air libre. Le temps de novembre est exécrable et il faut rester dans des tranchées bien provisoires et dans des trous individuels.

 

Le 5 novembre, notre régiment a de nouveau passé toute la journée en ce même lieu, toujours dans ses tranchées qu'on continuait de renforcer et d’approfondir.

 

Il se trouve, en effet, toujours en disponibilité, au service de la 25e D.I. prussienne qui faisait partie du "corps Gerock". Le tir d'armes légères en provenance du boqueteau précité devenait de plus en plus fréquent sans qu'on puisse y repérer l'ennemi avec une précision quelconque. Nos pertes étaient donc en constante augmentation. Une  balle trouvée sur le terrain se révélait être un projectile doum-doum, et certaines de nos patrouilles prétendaient même y avoir reconnu la présence de civils.

 

Au soir, notre 20e de réserve (sans son 2e bataillon) quitte les lieux pour prendre du repos en cantonnant à Comines. Fatigués à l’extrême par les énormes efforts accomplis, les hommes se sont alors écroulés sur place dès leur arrivée aux quartiers. La faim est oubliée, il faut seulement dormir, dormir et encore dormir !

 

Le 2e bataillon est désigné, suite à un ordre du colonel du R.I.R. n° 21 bavarois, pour accomplir la mission spéciale suivante :

 

« Le boqueteau au nord-est de Wytschaete se trouve toujours occupé par l'ennemi. Le bataillon prendra cette nuit possession de ce bois.» Cette désignation d'un objectif certainement très difficile à prendre a été accueillie par l'état-major du bataillon avec des sentiments plus que mitigés. En effet, la troupe est  insuffisamment instruite. Comment peut-elle attaquer et occuper au cinquième jour de son engagement au front, ce bois qui lui est totalement inconnu. Personne ne connait sa position exacte et sa constitution. Le terrain d'attaque est également inconnu en tous points. Et l'opération doit se faire sans préparation d'artillerie ni reconnaissance préalable !

 

Dès 19 heures, le bataillon s'est mis en mouvement en direction de Wytschaete pour s’approcher de son objectif. Il faut tout d'abord se mettre en contact avec le général commandant  la 5e brigade d'infanterie bavaroise.

 

Jusqu'à 22 heures, les recherches sont effectuées dans ce but, à l'intérieur de Wytschaete qui est entièrement démoli et incendié. Elles devaient rester vaines. Cela commence bien  pour nos hommes !

 

L'Oberstleutnant Jägerhuber qui commande notre 2e bataillon, déplace son unité qui attend la suite des évènements à la sortie est de Wytschaete, jusqu'au bois de Rondell au nord-ouest d'Oost-taverne. En effet, ce bois ne lui est pas inconnu. Il essaye de contacter au moins le chef du R.I.R. n° 5 bavarois. Avant de partir, chaque homme a reçu un fagot fabriqué par les pionniers. Ces fagots doivent servir à incendier le bois qu'il faut prendre d'assaut.

 

À l'arrivée du bataillon qui a trouvé son chemin à travers champs  grâce à la lueur des incendies, le 5e de réserve est sur le point d'être relevé par des troupes prussiennes. Dans leur largeur d'esprit, ces dernières ont alors hautainement repoussé l'aide offerte par notre bataillon. Ce dernier - bien soulagé par l'issue de l'affaire - est donc reparti pour Oosttaverne, Wambeke, puis Warneton, avec Comines pour destination. Il arrive le 6 novembre à 3 h 15 du matin. Immédiatement on lui a désigné des cantonnements sur place. Puis chacun suit l'exemple des camarades de nos deux autres bataillons. Il n’y a plus rien d'autre à faire que de dormir !

 

Références bibliographiques :

 

Pour les Allemands :

Historiques des régiments allemands suivants :

Historique du I.R. n° 126. Belser. Stuttgart 1929.

Historique du I.R. n° 132. Berlin 1931.

Historique du  I.R. n° 143. Bernard & Graefe. Berlin 1935/1938.

Historique du  I.R. n° 171. Stalling. Oldenburg 1927.

Historique du I.R. n° 172. Sporn. Zeulenroda 1934.

 

« R.I.R. Bavarois n° 20 ». Écrit en 1964 par l’association des anciens du K.B. R.I.R. n° 20. (306 pages). Ouvrage resté jusqu’à ce jour inédit provenant de la collection Herman Plote.

 

Tous ces historiques proviennent de la collection Herman. Plote. Les traductions en français ont été réalisées par Herman Plote.

 

Pour les Français :

J.M.O. du 16e C.A. : Série 26 N 158/1.

J.M.O. de la 33e brigade : Série 26 N 505/3.

J.M.O. de la 85e brigade : Série 26 N 26 N 520/10.

Tous ces J.M.O. sont consultables sur le « S.G.A./Mémoire des hommes».

« Jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon », d’Henri René aux éditions Perrin (1917).

 

Un très grand merci à H. Plote pour les traductions des historiques allemands, ainsi qu’à M. Bordes, à  A. Carobbi, à J. Huret,, et à M. Porcher. De nouveau je viens remercier le Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes. 

1 septembre 2010

1914, secteur sud-est d'Ypres, sur les traces du 149e R.I....

                    149e_Groupe

30 octobre 1914

Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. se préparent à quitter l’Artois. 

 

 L’attaque sur Angres  continue sans le 158e R.I.. L’ordre est donné de procéder à la relève du149e R.I. et du 158e R.I. par des unités de la 70e division de réserve et des territoriaux.

 

 Le 149e R.I. doit laisser sur place un bataillon (le 1er) entre la chapelle et la route. Le 158e R.I. laisse aussi un bataillon (le 3e).

 

 Concernant le 149e R.I. : les unités de 1ère ligne des 2e et 3e bataillons qui occupaient la pente sud du plateau et la lisière est du bois face à Ablain-Saint-Nazaire, seront relevées par un bataillon du 360e R.I.. Les unités de 2e ligne par 2 bataillons qui ne sont arrivés que le 31 octobre au matin.

 

31 octobre 1914

 

Avec les 2e et 3e bataillons du 149e R.I.:                                     

J.M.O. de la 85e brigade d’infanterie.

La relève est effectuée sans incident pendant la nuit. Le 158e R.I. est groupé à Aix-Noulette et le 149e R.I. à Bouvigny.

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Pendant ce temps là en Belgique…

 

J.M.O. du 90e régiment d’infanterie.

 

Avec les 1er et 2e bataillons du 90e  R.I. :

 

Les troupes du 9e C.A. sont mises à la disposition du général Douglas Haig, commandant le 1er corps anglais. Elles reçoivent l’ordre de tenir à tout prix le front depuis Klein-Zillebeke inclus jusqu’au passage du canal (600 m à l’est de la route d’Ypres à Messine) ce passage inclus. Cette mission répond à la volonté du général Foch qui est d’arrêter coûte que coûte, la progression de l’ennemi dans la direction d’Ypres.

Les 1er et 2e bataillons qui étaient en réserve dans la région de Fortuin sont appelés à 4 h 00 du matin pour renforcer les lignes anglaises violemment bousculées devant Hollebeke.

Au moment d’aller gagner les tranchées, les officiers du 1er bataillon groupés vers 8 h 00 à l’entrée du village de Zillebeke pour y recevoir les ordres sont atteints par un obus percutant qui frappe mortellement le commandant Dodinot, commandant provisoirement le bataillon.

Le capitaine Gratteau (3e compagnie), le lieutenant Grosjean (4e compagnie) et le lieutenant Dorgain de Lavau ( ?) (1ère compagnie) sont aussi grièvement blessés ainsi que le lieutenant Léonard.Le commandant Lanes prend le commandement du 1er bataillon du 90e R.I. qui va prendre position à hauteur de Verbranden-Molen pendant que le 2e bataillon s’avance dans les bois à l’est de l’écluse n° 7 du canal d’Ypres. Le 90e R.I. à droite du 68e R.I. subit une terrible canonnade des Allemands.

1er novembre 1914

 

J.M.O. de la 85e brigade d’infanterie.

 

Le158e R.I. part d’Aix-Noulette pour venir à Bouvigny prêt à être embarqué ; il arrive à 16 h 00.


 

J.M.O. du 90e régiment d’infanterie.

 

Conformément à l’ordre le 1er bataillon, 4e compagnie en tête se porte dans la direction du pont de Hollebeke, écluse n° 6. Mais il doit  entre ce point et le pont détruit à l’ouest, relever les éléments de hussards anglais installés face au canal dans les tranchées. Le 2e bataillon établit de solides positions à cheval sur la voie ferrée d’Ypres à Commines.

 

2 novembre 1914

 

Avec les 2e et 3e bataillons du 149e R.I.:

 

En route pour la Belgique.

 

                     Carte_arriv_e_des_deux_bataillons___Reninghelst

 

 

J.M.O. de la 85e brigade d’infanterie :

 

Pont_de_PoperingheÀ 1 h 00 arrive l’ordre d’embarquer à la Bussière à partir de 2 h 30. L’embarquement ne commence que vers 15 h 00 en trois fractions de 1000 hommes qui sont transportés par l’itinéraire : Béthune, Saint-Venant, Hazebrouck, Steenvoorde, Poperinghe, Reninghelst, où par suite du mauvais état des routes et de l’embourbement, le débarquement ne s’opère qu’après 12 h 00.

 

Les T.C. et les T.R. sont dirigés sur Bailleul. Dès l’arrivée la brigade est dirigée sur Hallebast  en réserve d’armée. La brigade est au cantonnement, bivouac autour du carrefour de la route de Dickebusch.

Extraits de l’ouvrage « Jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon » de Henri René aux éditions Perrin et Cie. 1917.

« Le 2 novembre, dans la soirée, nous nous acheminons vers le combat. La division a reçu l’ordre de former coin entre Messines et Wytschaete : ce ne sera pas chose aisée, car en ces deux points, les Anglais et les Français, respectivement, viennent de perdre du terrain et cette contre-attaque dans la tenaille ne laisse pas nos chefs sans inquiétude. Le régiment d’avant-garde s’engage aussitôt et, loin dans sa direction, la fusillade éclate. Nous nous établissons aux abords de Kemmel, en évitant les maisons trop violemment bombardées. Ces explosions sont effrayantes.»

 

  

                   L_gende_carte_Ypres___2_et_3_novembre_1914_

  

                   Parcours_des_2_bataillons_du_2_au_3_novembre_1914

 

 Références bibliographiques :

J.M.O. du 16e C.A. : Série 26 N 158/1.

J.M.O. de la 85e brigade : Série 26 N 520/10.

J.M.O. du 90e R.I. : Sous-série 26 N 668/14.

Tous ces J.M.O. sont consultables sur le site « S.G.A./Mémoire des hommes ».

« Jours de gloire, jours de misère. Histoire d’un bataillon », d’Henri René aux éditions Perrin (1917).

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La photographie de groupe du 149e R.I. est antérieure à août 1914.

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Un très grand merci à M. Bordes et à  A. Carobbi. Je remercie également le Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes. 

27 août 2010

Ypres 1914. Un aller simple pour l'enfer...

                   Section_de_mitrailleuses_du_2_e_bataillon

Avant de commencer, je viens remercier très chaleureusement Herman Plote pour son aide et sa contribution au  travail qui va suivre. Je le remercie tout particulièrement pour bien avoir voulu prendre de son temps et partager un peu de son érudition. Après avoir effectué les recherches préalables  dans de nombreux historiques allemands, il en a traduit  les passages les plus marquants concernant le secteur « élargi » où se trouvaient les deux bataillons du 149e R.I..

 

Dans le secteur qui nous intéresse ici, le front franco-anglais, est constitué essentiellement des 1ère et 7e D.I. pour les Anglais (elles se trouvent entre Hooge et Wulverghen), des 9e et 16e C.A. avec les groupements Bouchez et Ollery et du détachement Moussy pour les Français.

 

Ces troupes ont en face d’elles le 15e C.A. alsacien (avec principalement ses 30e et 39e divisions) commandé par le général von Deimling et le 2e C.A. bavarois (avec ses  3e, 4e  et 26e divisions) commandé par le général Riter von Martini.

 

Sur ce terrain, les combats sont terribles et la mort fauche en tout sens aussi bien du côté franco-anglais que du côté allemand. Les pertes sont impressionnantes. Mêmes misères, mêmes souffrances pour le fantassin. L’agonie des hommes est la même pour tous ! Pas de nationalité, pas de frontière pour la douleur.

 

Malgré les nombreuses lacunes dues au manque de certains historiques et au regard des informations trouvées, la lecture de ce qui va suivre donnera, je l’espère, une idée somme toute assez « globale » des évènements situés au sud-est de la ville d’Ypres. La partie la plus développée  de cette recherche concernera les faits qui se sont produits entre le 3 et le 13 novembre 1914, date de décès de mon grand-oncle Camille Foignant.

 

 

Il est bien évident que les comparaisons qui pourront être faites à partir des différentes indications trouvées dans les J.M.O. français et les historiques  des régiments allemands resteront très imparfaites et très difficiles à réaliser. Les attaques et les contre-attaques sont fort nombreuses dans ce secteur et elles se déroulent sur des laps de temps très courts.

 

Vu la rapidité des déplacements de troupes, ils  ne permettent pas de situer de manière extrêmement précise les lieux et la chronologie des évènements qui permettraient d’identifier exactement quel bataillon d’un régiment français se trouvait  en face de quel bataillon d’un régiment allemand. De plus très peu, voir aucune indication n’est fournie sur les numéros des régiments ennemis qui se trouvaient en « face » dans les différents ouvrages consultés.

 

Pour complexifier la situation, ce secteur est marqué par un mélange d’unités de plusieurs corps d’armées français et par des interférences considérables entre les unités françaises et anglaises. Les déplacements, les mélanges de troupes, les envois de soutien vers la droite ou vers la gauche, ou carrément ailleurs, nous donnent un aperçu de  l’ampleur  de cette bataille. Bataille qui est  aggravée par une météo absolument exécrable, l’hiver 1914-1915 ayant été exceptionnellement pluvieux.

 

Deux bataillons du 149e R.I. affaiblis par les premiers mois de combats (effectifs inférieurs à ceux du début de la guerre) se retrouvent au milieu de cette tourmente. Les positions occupées par les 3 bataillons du régiment pour cette période sont les suivantes :

 

Le  1er bataillon resté en France, dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette jretrouvera les deux autres bataillons en Belgique à la fin du mois de novembre.

 

Après un voyage en camions de la Bussière  à  Reninghelst (Belgique) les 2e  et 3e  bataillons du régiment se séparent dès le 3 novembre 1914.

 

Le 2e bataillon se rend dans le secteur de Verbranden-Molen. Il va être associé à deux bataillons du 90e R.I. qui appartiennent  au groupement  Moussy (ils sont eux-mêmes détachés du 9e  C.A.). Le 3e bataillon quant à lui, est engagé avec des éléments du 158e R.I. et le 3e B.C.P. du côté de Wyschäete avec le groupement Lanquetot.

 

La localisation exacte des compagnies des deux bataillons du 149e R.I. reste encore une tâche ardue à réaliser.

 

Malgré les longues « théories » des unités sur le front et les incessants « chassés-croisés » des différents régiments, j’ai essayé d’approcher au plus près les derniers instants de vie de Camille Foignant et de ses proches compagnons d’infortune dans cette grande marée humaine. Les évènements évoqués nous rappellent une fois de plus l’appétit de la « Grande Faucheuse » pendant l’année 1914. Des milliers d’anonymes, de « sans-grades », de simples « biffins », les oubliés de la grande histoire, ont perdu la vie très jeune pour la pire des aventures de l’homme qui porte le nom de « guerre » sur la terre belge.

 

Avec toutes mes excuses pour les inévitables erreurs qui pourraient s’être glissées dans ce travail, en particulier pour l’orthographe des noms des  lieux et des personnes, ainsi que celles qui pourraient se trouver dans les cartes construites de manière «artisanale »…

 

Une petite explication des évènements qui précédent l’arrivée des éléments de la 43e D.I. avec les deux bataillons du 149e R.I. permettra de mieux comprendre  la situation sur cette partie du front belge.

 

Carte_Ypres_1914Du côté des Français :

 

La VIIIe armée d’Urbal est créée le 20 octobre 1914. Dénommée dans un premier temps «détachement d’armée de Belgique », elle est destinée  à agir de concert avec l’armée belge qui s’était retirée sur la ligne de l’Yser. Elle comprend la 42e D.I., la brigade des fusiliers marins Ronarc’h, les 87e et 89e divisions territoriales et le 2e corps de cavalerie de Mitry. Le 9e C.A. est rattaché à cette VIIIe armée qui n’en est encore qu’à son stade embryonnaire.

 

 

Deux secteurs et deux périodes sur le front belge sont à distinguer. Tout d’abord le secteur de l’Yser (bataille de l’Yser du 23 au 30 octobre 1914 en collaboration avec l’armée belge et britannique) qui ne sera pas évoqué ici puisque le 149e R.I. n’y a pas combattu, puis le secteur d’Ypres (bataille d’Ypres du 30 octobre au 15 novembre 1914 en collaboration avec l’armée britannique).

 

 

Au fil du temps de nombreuses unités viendront grossir cette armée avec entre autres les 16e C.A, 32e C.A. et 20e C.A. et le 1er corps de cavalerie Conneau. Le 16e C.A., qui recevra  dans ses rangs les éléments de la 43e D.I. à la date du 3 novembre, arrive en Belgique dans les derniers jours d’octobre.

La 31e D.I. combat du côté de Langemarck et la 32e D.I. du côté de Wytschaete. De nombreux groupements sont également créés dans ce secteur. Il y a parfois des mouvements d’unités entre ces différents groupes en fonction des nécessités des attaques et des contre-attaques. Voici  la composition (pour l’infanterie), certainement incomplète de quelques-uns d’entre eux  autour de la date du 3 novembre 1914 :

 

Groupement Moussy :

2 bataillons du 68e R.I. (1er et 3e bataillons).

1 bataillon du 268e R.I. (6e bataillon).

2 bataillons du 90e R.I. (1er et 2e bataillons).

1 bataillon du 149e R.I. (2e bataillon).

 

Groupement Olleris :

10e B.C.P..

31e B.C.P..

1 bataillon de Zouave. (5e bataillon du 4e Régiment de Zouaves de Marche).

1 bataillon de coloniaux. (7e bataillon colonial du Maroc).

53e R.I..

1 bataillon du 80e R.I. (3e bataillon).

 

Groupement Boucher :

1er et 54e B.C.P..

143e R.I..

2 bataillons du 342e R.I..

2 bataillons du 15e R.I. (1er et 3e bataillons).

1 bataillon du 80e R.I. (1er bataillon).

 

Groupement Lanquetot :

3e B.C.P..

1 bataillon du 149e R.I. (3e bataillon).

1 bataillon du 80e R.I. (2e bataillon).

2 bataillons du 158e R.I. (1er et 2e bataillons).

 

Du côté des Allemands:

 

Le 10 octobre 1914, le général von Beseler annonce la chute de la forteresse belge d'Anvers. Le gros de l'armée belge parvient à s'échapper vers l'ouest.  Lille capitule le 12 octobre. La nouvelle 4e armée commandée par le duc Albrecht de Wurttemberg est composée des XXIIe, XXIIIe, XXVIe et XXVIIIe C.R..

Elle est débarquée à l'ouest de Bruxelles, à partir du 12 octobre. Cette armée a également à sa disposition  le VIIe C.R. et la 4e division d'ersatz (le tout sous les ordres du général von Beseler). Elle attaque  la position fortifiée des Alliés (Anglais, Français et Belges) sur le canal de l'Yser et à Ypres. Au terme de combats acharnés et  très sanglants, qui sont  livrés  entre le 20 et le 24 octobre 1914, les Allemands gagnent une ligne partant du sud de Nieuport, qui passe devant Dixmude et Merckem, puis devant Bixschoote et Langemarck. Des éléments du corps Beseler et du XXIIe C.R. ont  pris pied sur la rive occidentale de l'Yser.

 

En attendant, il s’est formé au sein de la 6e armée, le "groupe von Fabeck". Ce dernier est composé du XVe C.A., du IIe C.A. bavarois, de la 6e D.R. bavaroise, des 3e et 26e D.I. prussiennes et de la 11e brigade de Landwehr. Ce groupe est doté de 32 batteries d'artillerie lourde. Il se trouve alors derrière la Lys, sur une ligne reliant Menin à Deulemont. De là, il doit s'élancer à l'attaque de la position ennemie entre Gheluvelt et Messines.

 

Le déclenchement de cette offensive est fixé pour le 30 octobre 1914. Simultanément, la 4e armée doit attaquer plus au nord et la division de la garde plus au sud, avec le soutien de la 4e D.C. et de la 6e armée.

 

Les Allemands comptent alors sur une percée décisive de la part du "groupe von Fabeck". Lorsque les Belges se sont trouvés sous la menace d'être contournés par l'aile droite des armées allemandes, ils décidèrent d’ouvrir  les écluses du canal de l'Yser dans la nuit du 29 au 30 octobre. L'arrivée massive d'eau de mer provoque alors une telle inondation que les éléments de la 4e armée allemande qui avaient déjà gagné la rive occidentale de l'Yser doivent être ramenés (les 31 octobre et 1er novembre). Désormais, les Allemands ne disposent  plus d'assez d'espace pour effectuer de nouveaux mouvements enveloppants d'envergure. 
 

Anticipons ici sur les évènements à venir en précisant que suite à l'épuisement général des belligérants, la tentative de percée allemande échoue. Il en est de même pour celle qui a été préparée par le général Foch, commandant en chef des forces alliées présentes depuis le 4 octobre. 

 

Cette dernière ayant pour objectif d'enfoncer la ligne Thourout - Roulers – Courtrai, fut mise à exécution dès le 1er novembre 1914. Mais très vite, le flanc nord du front occidental se fige et c’est une guerre de positions qui va prendre le dessus. Le IIe C.A. bavarois est désigné pour participer à ce grand affrontement en première ligne. Il avait été avancé depuis Péronne afin de s'élancer en partant de la région de Comines, en direction des deux châteaux de Hollebeke.

 

Le 30 octobre, premier jour de l'offensive allemande, la 4e D.I. bavaroise comprenant les I.R. n° 5 et n° 9 et les  R.I.R. n° 5 et n° 8 (tous bavarois), parvient à occuper les hauteurs à l'ouest de Zandvoorde ainsi que le château oriental de Hollebeke. La 3e D.I. avec ses I.R. bavarois n° 17, 18, 22 et 23s'est emparée du château occidental de Hollebeke et de son vaste parc ; cela grâce à un assaut nocturne mené par la brigade d'infanterie du Generalmajor Clauss qui a engagé ses deux régiments d'infanterie (les n° 17 et 18). À la droite du IIe C.A. bavarois, la 39e D.I. du XVe C.A. qui a également sous ses ordres le 1er B.C.P. bavarois, prend Zandvoorde avant midi.

 

Par contre, l'occupation de Gheluvelt où se bat le R.I.R. n°16 bavarois au sein du XXVIIe C.R., échoue. À  la gauche du même IIe C.A. bavarois, l'aile droite de la 26e D.I. occupe Wambeke. Mais là aussi, son aile droite extérieure a dû se contenter de gagner les hauteurs au nord-est du village face à Messines résolument défendu.

 

Les combats du 30 octobre ont également démontré l'importance jouée par la chaîne de collines entre Wytschaete et Messines. Sans leur occupation préalable, aucun nouveau progrès ne parait encore possible. C'est pourquoi le "groupe Fabeck" oriente l'essentiel de sa poussée du 31 octobre sur la partie sud du terrain d'opérations du IIe C.A. bavarois. Ce corps doit étendre son aile gauche vers le sud pour prendre la localité de Wytschaete.

 

Cette opération doit ensuite permettre à la 26e D.I. qui se trouve à sa gauche, d'occuper la majeure partie du village de Messines  qui s’est transformé en véritable forteresse, ceci au terme d'un violent combat de rue et de barricades mené par son I.R. n° 125. Mais ses voisins de droite et de gauche se sont trouvés contraints d'infléchir leurs ailes extérieures sous un  feu de flanc dévastateur qui provient de Wytschaete et du bois de Ploegsteert.

 

Les 30 et 31 octobre, les Allemands arrivent  à repousser  le front ennemi vers Ypres, en particulier près de Hollebeke. La résistance ennemie va alors s’intensifier, grâce aux nombreux boqueteaux grands et petits, aux fossés remplis d'eau, aux haies très denses et qui sont pleines de fil de fer, mais aussi à cause des localités et des fermes qui sont très étendues et éparpillées. Cette terre de Flandres s'avère extrêmement défavorable pour mener à bien les attaques. Mais Wytschaete doit absolument tomber, car il est impossible de conserver Messines…

 

Sources

 

« R.I.R. Bavarois n° 20 ». Écrit en 1964 par l’association des anciens du  K.B. R.I.R. n° 20. (306 pages). Ouvrage resté jusqu’à ce jour inédit provenant de la collection Herman Plote.

 

« Deux ans de commandement sur le front de France » Tome II. Général A. Dubois. Paris Henri Lavauzelle. (290 pages) 1921.

 

 

J.M.O. du 16e C.A. : Série 26 N 158/1. Consultable sur le site « S.G.A./Mémoire des hommes ».

 

Un très grand merci à M. Bordes, à  A. Carobbi, à J. Huret et à H. Plote. Je remercie également le Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes et l’association « Bretagne 14-18 ».

21 août 2010

Camille Foignant (1891-1914).

 

Bien peu d’informations concernant mon grand-oncle ont pu traverser le temps. Après plusieurs années de recherche, je n’ai  pas réussi à retrouver la moindre lettre, un quelconque papier d’époque, un modeste portrait le concernant. J’ai tout juste pu lire sur sa fiche signalétique et  des services quelques maigres renseignements sur son parcours militaire. Malheureusement, elle reste vierge en informations détaillées. Cette dernière a été consultée aux Archives départementales des Vosges.

 

Voici, en quelques lignes, ce que j’ai pu reconstituer de son histoire.

 

Camille Foignant est né le 20 août 1891 à Pouxeux, petit village vosgien implanté sur le canton de Remiremont. Fils de Célestin, humble livreur de journaux et de Marie Célestine Cune, il est le second d’une fratrie de 7 enfants. Camille a 3 frères, Marcel, Léon et Maurice. Marcel, soldat de la classe 1915 est incorporé au 407e R.I..

 

Ce dernier décède le 26 mai 1918 à Couvrelle, commune que se trouve dans le département de l’Aisne. Il repose dans la Grande Nécropole Française de Vauxbuin près de Soissons.

 

Son frère ainé, Léon échappe aux horreurs de la guerre suite à une réforme due à un accident de travail. Il meurt pourtant de manière indirecte des conséquences de  la guerre en succombant à la grippe espagnole en octobre 1918.

 

Maigre consolation pour les parents, Maurice qui est  bien trop  jeune pour être mobilisé ne participe pas à ce conflit.

 

Camille Foignant est âgé de 19 ans lorsqu’il se marie à Épinal avec Jeanne Bertrand en 1910. De cette union naîtront trois enfants. Il exerce la profession d’ouvrier d’usine dans cette ville avant de partir effectuer son service militaire comme soldat de la classe 1911 au 149e R.I..

 

Aguerri par de longs mois de service militaire  effectués dans ce régiment (je n’en connais pas le nombre exact), il  participe aux débuts des hostilités aux terribles combats du col de Sainte-Marie, d’Abreschviller et de Ménil, Thiaville et Saint-Benoît. Inutile de rappeler que ces combats furent particulièrement meurtriers pour le régiment !

 

Ensuite, ce sont les attaques sur le village de  Souain en septembre, les premières luttes du 149e R.I. dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette en octobre. Dans les tous premiers jours de novembre, la 6e compagnie dans laquelle se trouve Camille Foignant depuis le commencement du conflit, combat  en Belgique dans le secteur d’Ypres.

 

Le 13 novembre 1914, tout s’arrête. Il croise sur son chemin le regard de la « grande faucheuse ». Est-il  tué à l’orée d’un bois ? Au milieu d’un champ ? En bordure du  canal d’Ypres ? Au cours d’un repli ? Est-il touché par une balle ennemie ? Un éclat d’obus ? Nul ne le sait…

 

Seule certitude, cela s’est passé du côté de Verbranden-Molen, minuscule bourgade qui se trouve sur le territoire flamand de la Belgique.

 

Son acte de décès nous indique simplement qu’il est décédé par suite de coup de feu à l’ennemi vers 17 h 00. Comme pour beaucoup de soldats du 149e R.I. tués sur la terre belge en 1914, il n’existe pas  de sépulture individuelle portant son nom.

 

Camille Foignant est cité à l’ordre du régiment et obtient la Croix de guerre avec étoile de bronze :

 

« Soldat plein de courage et d’entrain. Mort pour la France le 13 novembre 1914 dans la région d’Ypres, dans l’accomplissement de son devoir. »


Il est également inscrit au tableau spécial de la Médaille militaire « À titre posthume », par l’extrait d’un arrêté fait à Paris et signé par le ministre de la guerre André Lefèvre datant du 9 septembre 1920. Cet extrait est publié au journal officiel du 20 janvier 1921.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Le montage que l’on peut voir ci-dessus n’est que pure fiction. Il n’a pas été fait à partir de documents officiels. 

 

Un grand merci à M. Bordes, à  A. Carobbi et à J.N. Deprez, sans oublier  la mairie d’Épinal, le bureau central des archives administratives militaires de Pau et les archives départementales des Vosges.

14 août 2010

Livre d'or du clergé diocésain de Lyon.

Couverture_Livre_d_or_de_lyon__2_Régis Oriol : Né le 19 mars 1915 à Saint-Sauveur-en-Rue dans le département de la Loire il est le fils de Jean Louis Oriol et d’Anne Marie Roux. Huitième d’une fratrie de 10 enfants, il perd sa mère très jeune. Ses sœurs ainées prirent en charge l’éducation des plus jeunes… À l’âge de 12 ans, il entre à l’école cléricale de Notre-Dame de Joubert de 1907 à 1910 pour ensuite rejoindre le petit séminaire de Saint-Jean de 1910 à 1913. Il entre à Francheville en octobre 1913. Mobilisé (S.A.) au 55e R.I. en décembre 1914. Caporal au 149e R.I. à la 8e compagnie. Un de ses frères est tué le 9 août 1914 du côté de Mulhouse.

Extraits d’une lettre écrite quelques jours avant sa mort, le 22 septembre 1915. 

« Nous sommes en cantonnement d’alerte. Le canon fait fureur depuis deux jours… Nous combattons sous les ruines d’une chapelle de la Sainte-Vierge… S’il faut mourir, qu’il fera bon tourner son dernier regard vers son sanctuaire détruit ! Qu’elle ouvre à tous nos morts la porte du ciel ! Priez pour nous Notre-Dame-de-Lorette ! »

Le 26 septembre 1915, Régis Oriol tombait dans une attaque des tranchées allemandes à Angres où il fit preuve d’un grand courage, comme le signale la citation suivante :

Citation à l’ordre de l’Armée le 21 octobre 1915 (J.O. du 23 décembre 1915).

« Le 26 septembre, au cours d’un combat devant Angres, s’est porté à l’attaque des tranchées allemandes avec un grand courage, devançant tous les hommes de sa section. Est arrivé le premier devant les fils de fer ennemis, où il a été tué par une balle. »

Médaille militaire (à titre posthume) le 23 juin 1920 (J.O. du 4 novembre 1920).

« Brave caporal ; au cours du combat devant Angres, s’est porté, le 26 septembre 1915, à l’attaque des tranchées allemandes, avec un grand courage, devançant tous les hommes de sa section. Est arrivé le premier devant les fils de fer ennemis et a été tué glorieusement pour la France. À été cité. »

Joseph Morellon :

Pour en savoir plus sur la vie de ce soldat, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

Sergent Morillon

Référence bibliographique :

Livre d'or du Clergé diocésain de Lyon pendant la guerre de 1914-1918. Éditions Lyon-Paris, Librairie catholique Emmanuel Vitte. 1922.

Un grand merci à Stéphan Agosto et à Pascal Baude.

6 août 2010

Témoignage de Louis Cretin : un "jus" bien désagréable !!!

                  Caf__Louis_Cretin  

 De nouveau tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet. Suite du témoignage de Louis Cretin intitulé « Entre Suippes et Souain." 

Le 17 septembre, après une nuit mouvementée, passée dans les feuillées… Je quitte Suippes le soir avec un camarade (Arthur Gigant qui décèdera en 1923 suite aux gaz), pour aller faire la liaison avec les postes de secours des bataillons installés à Souain. Le marmitage était particulièrement violent ce jour-là sur la route. Nous décidons de faire un détour par les bois, mais dans la nuit, nous nous égarons. Nous sommes abrutis par le bombardement qui sévit partout avec une grande intensité. C’est seulement au petit jour que nous retrouvons notre chemin. Nous gagnons le village en rasant le talus de la route. Nous trouvons notre lieutenant-colonel dans son P.C. Il se reposait sur un tas de cailloux. Il nous ordonne d’activer, car dans quelques instants, ce sera impossible une fois le grand jour venu… Arrivés aux premières maisons, nous respirons un bon coup. Mon camarade ayant dans sa musette une tablette de café et du sucre, nous nous faisons un « jus » pendant que les balles et les obus font rage autour de nous. Une marmite démolit la cloison voisine où nous nous trouvions. Le coin devenait malsain. Nous trouvons le temps de  passer notre café au travers d’un mouchoir pas très propre. Une petite bouteille de vinaigre provenant du magasin d’alimentation de Suippes, et qui voisinait dans le sac à dos avec le mouchoir s’était cassée dans l’une de  nos chutes successives. Le « jus » avait un drôle de goût. Nous l’avons tout de même bu en faisant de sérieuses grimaces. Ensuite nous partons visiter les postes de secours des bataillons. En passant près de l’église, plusieurs fusants éclatent dans les marronniers de la place. Nous nous crûmes touchés. Les fruits détachés par l’éclatement des obus nous tombaient dessus. Mais rien que des marrons, pas d’éclats. Nous trouvons deux blessés au poste du 2e bataillon. Notre mission étant terminée, nous cherchons à rentrer. Ce ne fut pas facile. Nos blessés que nous nous portions sur le dos ralentissaient notre marche. À tout moment, il fallait se plaquer au sol pour se préserver des éclats quand éclataient les obus. Pour sortir de la zone dangereuse d’environ 200 m, nous avons mis au moins une demi- heure. Nous regagnions Suippes ensuite assez vite. Nous avons fait monter nos blessés sur des caissons d’artillerie venus ravitailler une batterie avancée. Le 19 septembre, une attaque allemande cerne nos troupes qui se trouvent dans Souain. C’était mal connaître nos hommes. Au lieu de se rendre, ils firent tant et si bien que le soir, les Allemands avaient évacué la place avec des pertes énormes ne laissant entre nos mains que 160 prisonniers. Le soir, ignorant que la situation était rétablie, nous partons de Suippes le brancard sur l’épaule avec en plus des musettes remplies de cartouches. Nous trouvons sur la route, le cycliste du major qui nous fait savoir que nous pouvons y aller sans crainte. Les Allemands étaient rejetés au-delà de leurs tranchées de départ. Le régiment fut enfin relevé le 1eroctobre. Ceux qui restaient, à peine la moitié de l’effectif avaient néanmoins une flamme d’orgueil dans le regard. Si nous n’avions pas rejeté l’allemand à la frontière, nous avions tout de même contribué à gagner une grande bataille. À sauver Paris et la France de l’invasion. Le régiment en entier fut cité à l’ordre de l’armée.

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Browarsky, à T. Cornet et à C. Fombaron.

30 juillet 2010

Soldat Joseph Morellon (1894-1915).

                   Caporal__Morillon

 Joseph Morellon est né le 20 novembre 1894  à Vourles, un petit village proche de Lyon. Issu d’une famille d’ouvriers, il fait ses premières classes de latin et de grec à l’école cléricale de Saint-François-de-Sales pour continuer ses études au petit séminaire Saint-Thomas d’Aquin à Oullins. Il obtient le Baccalauréat. La mobilisation, sans le distraire de ses projets, le conduisit à d’autres devoirs. Il quittera sa retraite dès les premiers jours d’août 1914. Mobilisé (S.A.). Au 149e R.I. le 6 septembre 1914, pour rejoindre le régiment qui se trouve sur le front belge aux alentours du 6  novembre 1914. Tué à Aix-Noulette le 3 mars 1915 en servant à la 8e compagnie.

Extraits de ses dernières lettres.

«  Si vous saviez comme l’on prie ici dans les tranchées… Continuez à m’écrire souvent, c’est une vraie charité que vous me faites ; car je me sens bien seul au fond des tranchées, et parfois un peu déprimé… »

Vers la fin février 1915, quelques jours avant d’être tué il écrivait :

« Depuis trois mois, je suis dans les tranchées de premières lignes. J’y souffre physiquement beaucoup, mais le moral se maintient bon… Vous reverrai-je en ce monde ? J’en doute un peu. Le secteur où je me trouve est très mauvais. En quelques semaines ma compagnie a été réduite de moitié… Je m’abandonne à la divine Providence. Je me recommande à vos bonnes prières et puis, à la grâce de Dieu !... »

 

Médaille militaire (à titre posthume) le 29 juillet 1920 (J.O. du 8 février 1921).

« Brave soldat, dévoué et courageux, tombé pour la France, le 3 mars 1915, à Aix-Noulette, en accomplissant vaillamment son devoir. »

Référence bibliographique :

 

« Livre d’or du clergé diocésain de Lyon pendant la guerre de 1914-1918. » Editions Lyon-Paris. Librairie catholique Emmanuel Vitte. 1922.

 

Un grand merci à Pascal Baude.

24 juillet 2010

Témoignage de Louis Cretin : entre Suippes et Souain.

                 Groupe_149e_R

De nouveau tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet. Suite du témoignage de Louis Cretin intitulé « Indicibles souffrances ».

 

Que dire également des fatigues de la marche ! Faire 30 à 40 kilomètres, parfois davantage par 24 heures, sans manger, sans boire pendant 8 jours et nuits. De plus, nous étions chargés comme des mulets. Cela parait impossible et pourtant nous l’avons fait. Les pieds gonflés, remplis d’ampoules, ensanglantés, nous marchions, nous marchions… Dès que nous nous arrêtions quelques instants et que nous repartions, il semblait que nous marchions sur des aiguilles. Lorsqu’il pleuvait, nos pieds étaient transformés en éponges. Au soleil, le cuir des chaussures durcissait. Un soir, nous avions fait un feu de fagots. Nos chaussures mouillées se rétrécissaient au point que le matin en repartant, plusieurs soldats furent obligés de se déchausser et de marcher pieds nus ou  entourés dans des manches de chemises. Les jambes étaient raides comme des barres de fer. Les mollets douloureux. Les cuisses paraissaient détachées des os. Les reins brisés par le poids du sac, les flancs meurtris par l’équipement et les musettes… Les épaules sciées par les courroies. La tête en feu, nous marchions, nous marchions sans trêve. Quand la pluie tombait dans la nuque, elle mouillait la chemise. Au retour du soleil, l’étoffe mouillée de nouveau par la transpiration ressemblait à de la toile émeri. Ajoutez à cela ; le souci de se garer des balles et des obus, vous aurez une petite idée du martyr que nous avons subi. J’étais un gars de l’active. Deux années de service militaire m’avaient entraîné. Mais que dire des hommes de 35 à 43 ans reçus en renfort aux environs de Wassy, à Pont-Varin et Attancourt le jour où commençait pour nous cette course d’endurance. Et pourtant, ils tinrent le Carte_Suippes_Souaincoup, comme nous. Il n’y eut pas de trainards. Voilà les poilus de la Marne pris dans notre régiment. Après quelques instants de repos à Suippe, le régiment part en avant-garde. A Souain, il se trouve arrêté par une résistance inattendue et sérieusement organisée. La fusillade crépite, les mitrailleuses allemandes tirent sans discontinuer sur nos colonnes engagées dans le village et sur la route. Heureusement qu’elles tiraient un peu haut, sans cela nos pertes déjà élevées auraient été plus lourdes encore. Surpris, nos poilus se déploient en tirailleurs en attendant le jour pour pouvoir juger de la situation. Notre poursuite est suspendue (nous le pensions du moins, croyant la reprendre le lendemain matin). La musique descend avec le médecin-chef à Suippes pour installer le poste de secours régimentaire. Le pays continue à brûler. Un des nôtres découvre dans un magasin d’alimentation presque entièrement détruit, des vivres. Passant par le soupirail de la cave intact, il rapporte deux bidons de vin, un litre d’huile et de la farine. Il n’eût pas fait bon y être pris ! Le bruit courut par la suite que des hommes surpris à ramasser (je ne dis pas piller) des marchandises vouées à la destruction furent sérieusement punis. Ils passèrent en conseil de guerre. On ajoutait qu’il y eut des blessés par balles de révolver tirées par  un de nos officiers. Toujours pas de pain. Avec la farine nous confectionnons des « beignets » cuits dans l’huile. Nous mangeons et nous faisons la distribution de pinard. Un quart fut suffisant. Nous n’en aurions pas supporté davantage tellement nous étions affaiblis.  Nous nous endormîmes complètement ivre. Le matin, nous nous occupons des soins donnés aux blessés et de leur relève. Il y avait beaucoup de travail, car ils étaient très nombreux. Il nous fut impossible de rentrer dans le village de Souain tant le tir était intense. Les Allemands nous dominaient et chaque homme qui se montrait, servait immédiatement de cible. En visitant les boqueteaux  environnants. Nous assistions à l’installation de plusieurs de nos batteries de 75. Les chevaux étaient dans un état lamentable. Étant à la « corde », ils dormaient debout, appuyés les uns contre les autres. Ils étaient couverts de plaies, remplis de mouches, de vrais squelettes. Ils n’avaient pas été à la noce non plus ! Ce jour-là, nous avons été ravitaillés en abondance. Nous avons touché de tout. À la nuit nous pénétrons dans Souain et nous évacuons les blessés jusqu’au matin. Dorénavant, il en sera de même chaque nuit jusqu’à la relève. À présent, nous mangeons à notre faim et buvons à notre soif. Mais les fatigues persistent. Cet excès de nourriture survenant après tant de privations eut un effet déplorable. Le 16 septembre, c’est un repas complet pour nous !!! Des brancardiers divisionnaires nous remplacent dans notre travail. On boit ! On mange ! On dort. Nous nous réveillons et nous recommençons. On boit ! On mange ! Et ainsi de suite toute la journée. Nos cuisiniers n’arrêtent pas. Ils furent tout le temps dans leurs marmites. (A suivre...)

 

La photographie de groupe du 149e R.I. est antérieure à août 1914.

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Browarsky, à T. Cornet et à C. Fombaron.

17 juillet 2010

Sergent Marie Joseph Thiriat (1891-1914).

                   Sergent_Thiriat__1_

Né le 2 février 1891  à Harol, village situé sur le canton de Dompaire dans le département des Vosges. Il est le fils de Charles et d’Elie Sidonie Perrin. Marie Joseph Thiriat a été élève au séminaire de Saint-Dié. Sergent à la 5e compagnie, il est tué le 9 août 1914 par suite de coup de feu à l’ennemi.

Quelques jours après le commencement de la guerre, il écrit à une de ses tantes qui vit à Saint-Dié les quelques lignes suivantes : 
 

« Rassure-toi, je suis encore en vie. D’ailleurs, nous n’avons pas encore vu les Allemands. Nous attendons l’arme au bras. La frontière est là, toute proche… Nous faisons une cure d’air dans les sapins. Pas de poulet, mais du singe à volonté. Nous ne sommes pas malheureux. Nous sommes gais comme des pinsons. On chante, on rit, en attendant la danse… » 
 

Le billet n’est pas daté, mais il est très facile de lui en donner une. C’était deux ou trois jours avant, ou même peut-être la veille de la grande attaque des cols, de celui de Sainte-Marie en particulier, qui eut lieu le dimanche 9 août 1914. 
 

Ses derniers instants… 
 

Debout au milieu de ses hommes, le sergent Thiriat fonça sur l’ennemi comme un lion. Touché par une balle, il s’arrêta subitement, il avait le poignet brisé. Aller au poste de refuge pour se faire panser de suite semblait être indiqué. Ses hommes le lui criaient, mais il secoua la tête et n’en fit rien. Tirant de son sac les linges qui s’y trouvaient, il fit lui-même de sa main libre le pansement sommaire de celle qui était blessée. Couchez-vous, lui cria-t-on, les Allemands vont vous apercevoir !... Grand comme il était, il pouvait être distingué. Mais une seconde balle arrive. C’est le lieutenant Camus qui la reçoit à la tête et qui tombe. Le sergent Thiriat sursaute à cette vue. Il réunit ses hommes qui semblent désemparés, ceux du lieutenant frappé et les siens propres et, dans un élan nouveau, les mène au combat qui se prépare. Hélas, une troisième balle siffle, il tombe à son tour pour ne plus se relever. Cette fois, c’est à la mâchoire et à la tête qu’il est touché. Il est transporté à l’écart, il y rendit  le dernier soupir dans la nuit.

 

Un très grand merci à Éric Mansuy.

 

Référence bibliographique : « Reliques sacrées » de Louis Colin. Paris, Bloud & Gay. 229 pages.

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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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