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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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de wisembach a abreschviller 1914
6 février 2015

Robert Petermann (1893-1914).

Robert_Petermann

Robert Georges Pierre Petermann est un Monbéliardais né le 24 juillet 1893, au domicile de ses parents, rue de l’Hôtel de Ville. Son père, Charles Adolphe dirige à cette époque « le Quatorze Juillet », un journal local qui est publié deux fois par semaine. Sa mère, Blanche Rosalie Robert-Tissot, âgée de 28 ans, n’exerce pas de profession. Un peu moins d’un an plus tard, elle donne naissance au frère cadet de Robert, celui-ci est prénommé Pierre.

Une fois ses études supérieures terminées, le jeune Robert décide de se lancer dans une carrière d’officier. Il vient d’être admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr par décision ministérielle du 23 septembre 1913.

Le 7 novembre 1913, Robert Petermann se rend à la mairie de Lons-le-Saulnier pour venir y signer un engagement volontaire d’une durée de 8 ans.

Au cours de cette période, ses parents demeurent à Belfort. Plus tard, ils franchiront la Méditerranée pour venir s’installer à Casablanca.

Robert Petermann intègre la promotion saint-cyrienne dite « la Croix du Drapeau ». Il est loin de s’imaginer que ses études vont devoir s’arrêter bien avant la fin de sa formation ! En effet, neuf mois plus tard, les élèves de cette promotion s’apprêtent à quitter Saint-Cyr à cause de la guerre. À la fin du mois de juillet 1914, les tensions internationales sont à leur maximum, le commandement de l’école vient de recevoir l’ordre de suspendre les cours. Les élèves des promotions Montmirail et de la Croix du drapeau doivent rejoindre leurs nouvelles affectations au plus vite.

Robert Petermann, muté au 149e R.I., arrive au corps le 3 août 1914. Il est nommé sous-lieutenant trois jours plus tard. Le jeune saint-cyrien fraîchement promu arrive sur le front le 16 août pour être affecté à la 5e compagnie. Il doit aussitôt se mettre sous les ordres du capitaine Micard. Robert Petermann a à peine le temps de faire connaissance avec les sous-officiers qui se retrouvent sous son commandement. Le 21 août 1914, il est tué d’une balle dans la tête, au tout début des combats qui se sont déroulés près de la Valette, un petit hameau situé au nord d’Abreschviller. Il a à peine 21 ans.

Le sous-lieutenant Petermann est inhumé avec plusieurs hommes de son régiment et quelques soldats allemands, dans une tombe commune à l’ombre des arbres de la forêt de Voyer. Tous ces hommes n’ont pu être mis en terre, que le 24 août, par la population civile des environs.

Peu avant le deuxième anniversaire de l’armistice une commission d’exhumation fait rassembler les corps des Français qui ont été enterrés dans le secteur d’Abreschviller. Le 15 septembre 1920, la tombe commune dans laquelle repose le sous-lieutenant Petermann est ouverte par les fossoyeurs sous le regard attentif du sergent Arcabusquey et du secrétaire Manière. Une lettre est trouvée dans l’une des poches de la vareuse de l’officier. L’écriture est encore bien visible sur le papier malgré les six années passées sous terre. Robert Petermann demande à reposer à l’endroit exact où il aura trouvé la mort. Ses dernières volontés vont être respectées. Sa mère, devenue veuve en 1915, vit toujours au Maroc. Elle est informée de la situation.

Sepulture Robert Petermann

Il y a de fortes probabilités pour que cet officier ait honoré le serment prononcé le soir du 30 juillet 1914 par tous les camarades saint-cyriens des promotions Montmirail et la Croix du Drapeau. Ce serment engageait chacun d’entre eux à aller au feu, la première fois, en « casoars et gants blancs ». Sur son compte-rendu d’exhumation, il est stipulé que des « boutons de Saint-Cyr » ont été retrouvés sur lui.

Actuellement, Robert Petermann repose toujours sur le même lieu.

Citation à l’ordre n° 44 de la Xe  l’armée en date du 11 janvier 1915 :

« Saint-Cyrien nouvellement promu, a été tué le 21 août à la tête de sa section qu’il entraînait au-devant d’une attaque ennemie débouchant à très courte distance »

Chevalier de la Légion d’honneur (J.O. du 25 janvier 1920).

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

« Commémoration à la tombe du sous-lieutenant Petermann, le 24 août 2008 à Voyer ». Fascicule réalisé par la mairie de Voyer.

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Petermann à été réalisée par Y. Willaume.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à Éric Mansuy, à M. Porcher, à Y. Willaume et au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie de Voyer.

30 janvier 2015

Albert Dargent (1886-1914).

Albert_Dargent

Albert Dargent est né le 20 février 1886 dans la petite commune vosgienne de Bulgnéville. À sa naissance, son père Nicolas, un ancien militaire, est  âgé de 48 ans qui exerce la profession de percepteur ; sa mère, Angéline Bourgeois, est âgée de 29 ans.

La fratrie est composée d’Albert, d’un frère qui deviendra pharmacien et d’une sœur qui épousera un officier de réserve.

À 18 ans, il signe un contrat de 3 ans avec l’armée à la mairie d’Épinal. Ce jeune homme doit se rendre à la caserne Courcy pour intégrer le 149e R.I. après avoir apposé sa signature sur son acte d’engagement. Nous sommes au tout début du mois de mars de l’année 1904.

Le soldat Dargent devient caporal le 22 septembre de la même année. Il est, à ce moment-là, dans la 11e compagnie. Un an plus tard, il obtient ses galons de sergent. Le 17 avril 1906, il doit renouveler son contrat. Cette fois-ci c’est pour une durée de deux ans. Cet engagement prend effet à compter du 29 février 1907. Par la suite, il signe systématiquement pour des périodes beaucoup plus courtes, périodes qui correspondent à une année et où il se doit d’assumer son rôle de sous-officier.

Albert Dargent exerce les fonctions de sergent-fourrier à deux reprises. Une première fois du 1er février au 1er juin 1907, une seconde fois du 10 mai 1912 au 2 janvier 1913.

Tout au long de sa carrière de soldat, ce jeune homme est confronté régulièrement à l’autorité de ses supérieurs, par des manquements à la discipline. Souvent consigné au quartier, il se retrouve parfois aux arrêts simples, parfois à faire des séjours en salle de police. Et oui, la discipline c’est vraiment du sérieux !

1904 

1er Octobre 

15 jours de salle de police donnés par le colonel :

Motif : Malgré les ordres donnés et renouvelés, s’est désintéressé de l’état de son poste à l’arrivée et y a laissé faire des dégradations.

1905

9 Avril

4 jours de consigne au quartier donnés par le sergent de garde :

« Étant de semaine, est venu en retard répondre à l’appel des punis et sans savoir qu’il avait des punis à présenter.

15 mai

4 jours de consigne au quartier donnés par un sergent :

« N’a pas désigné d’homme de corvée, pour aller chercher le café des hommes de son escouade et par suite de retard apporté par ce fait, n’a pas fait préparer ses hommes pour le rassemblement de la compagnie. »

Le capitaine  transforme cette punition en 2 jours de salle de police.

16 décembre 

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« Malgré trois sonneries successives, n’a pas rassemblé à l’heure prescrite, une corvée qui lui avait été commandée la veille. Cette corvée est partie avec un retard de 25 minutes. »

1906

6 septembre

4 jours de salle de police donnés par un capitaine :

« S’est présenté à l’inspection de cet officier avec des vêtements qui n’avaient pas été brossés depuis le tir et s’est complètement désintéressé de sa section pendant tout l’après-midi. »

22 septembre

3 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant :

« Malgré une consigne écrite et affichée au poste, a  remis à un caporal, un homme puni de prison, sans l’autorisation de ses sous-officiers. Cet homme puni a manqué pendant une heure au peloton des punitions.»

Le lieutenant-colonel du régiment transforme cette punition en 4 jours de salle de police.

13 octobre

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« S’est désintéressé du rassemblement des réservistes devant partir à 11 h 20 et a obligé ce sous-officier à l’envoyer chercher. »

Le lieutenant-colonel du régiment transforme cette punition en 4 jours de salle de police.

1907

7 mai

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« N’étant pas venu à la sonnerie de son grade, a obligé ce sous-officier à l’envoyer chercher et a répondu sur un ton élevé à l’observation qui lui était adressée à ce sujet. »

24 juin

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Il n’a pas assuré la communication des ordres à cet officier. »

1er août

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant-vaguemestre :

« Étant de jour, s’est complètement désintéressé du courrier de sa compagnie.»

3 septembre

4 jours de salle de police donnés par le sergent :

« Ne s’est pas assuré si les hommes de sa section avaient de l’eau dans leurs bidons, au départ du cantonnement. »

Même jour, 4 jours de salle de police supplémentaires donnés par le chef de bataillon.

« A déclaré à cet officier supérieur qu’il ne s’était pas occupé d’assurer que sa section avait réalisé l’exécution des ordres donnés pour la préparation du café. »

6 septembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine de la compagnie :

« N’a pas fait raser tous les hommes de sa section pour la revue du capitaine. »

9 novembre

4 jours de salle de police donnés par l’adjudant :

« Ayant reçu l’ordre pendant le défilé de suivre les sections correspondantes de la compagnie précédente, a  dit à haute voix et sur un ton arrogant, « On pourrait commander changement de direction, c’est épatant ça ! »

20 novembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine :

« Étant de semaine, n’a pas accompagné le sergent-major à l’appel du soir et s’est désintéressé du rassemblement de la compagnie le lendemain matin.

Punition réduite à trois jours par le même capitaine. »

1908

15 février

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Est arrivé en cours de mathématique avec 55 minutes de retard. »

2 septembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Commandait un détachement, est passé devant cet officier sans le saluer.»

1909

16 avril

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« A dépassé de 4 heures la rentrée des sous-officiers.»

1910

3 février

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

«  Étant malade à la chambre, est sorti en ville sans autorisation, pour se faire couper les cheveux. »

24 février

4 jours de salle de police donnés par l’adjudant :

« S’est complètement désintéressé de la propreté des chambres de sa section (effets en désordre sur les lits, locaux malpropres) et a manifesté de la mauvaise humeur. »

18 mars

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« Avant son départ pour Corcieux, a remis à son successeur un registre de tir mal tenu et non à jour. »

2 avril

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine de tir :

« N’a pas accompagné au champ de tir la voiture transportant les cartouches et n’a pas rendu compte que la caisse  les contenant avait été cassée. »

16 octobre

2 jours de salle de police donnés par le chef de bataillon :

« Est sorti en ville sans arme après deux heures de l’après-midi. »

1911

20 mars

 2 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« Ayant reçu l’ordre de prendre le sac pour exécuter un tir d’application dans la position couchée, avait mis sac au dos sans en boucler les bretelles. »

1912

30 septembre

2 jours de salle de police donnés par l’adjudant de bataillon, chef de groupe de service :

« Appelé à la salle de police comme agent de liaison de sa compagnie, a manqué de déférence à l’égard de l’adjudant de service pour une attitude négligée et des réponses faites avec une indifférence affectée. »

Cette punition est transformée en 6 jours de salle de police.

1913

26 février

2 jours de salle de police donnés par le chef de bataillon :

« N’a pas commandé le caporal faisant partie du cadre des exercices physiques des services auxiliaires malgré une note dictée à la compagnie. »

17 mai

1 jour de salle de police donnés par le par le chef de bataillon :

 « Négligence dans le port du sabre au défilé malgré des observations préalables.»

Début septembre 1913, il accède au grade d’aspirant. Il vient tout juste de réussir le concours d’entrée qui va lui permettre de suivre les cours de l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent. Il intègre la 34e  promotion de l’école qui porte le nom de promotion de la Mobilisation. 

Les punitions continuent de tomber….

4 décembre

4 jours de salle de police donnés par le capitaine : 

«Causait à très haute voix et sans nécessité aucune pendant la manœuvre.»

Le 30 décembre, cet officier reçoit une lettre du ministre de la guerre qui vient le féliciter pour le zèle et le dévouement dont il a fait preuve dans l’organisation et le fonctionnement des œuvres coopératives de la troupe.

1914

7 mars

12 jours de salle de police donnés par le capitaine : 

« Étant chef de chambrée, comme un de ses camarades lui faisait remarquer à haute voix qu’il manquait encore de la graisse d’armes dans la chambrée, a répondu à tue-tête et bien tu m’emm… !

Cette punition est augmentée de 3 jours par le lieutenant-colonel de l’école. »

3 juin

2 jours de salle de police donnés par le capitaine 

« A fait une réflexion déplacée à une question que lui posait le lieutenant instructeur au moment de la désignation de son cheval.»

Cette punition est augmentée de 4 jours par le lieutenant-colonel de l’école.»

Une fois sa formation d’officier achevée, Albert Dargent qui vient tout juste d’être promu sous-lieutenant doit retrouver son ancienne unité. Le 4 août 1914 au soir, il rejoint, avec plusieurs autres officiers, le cantonnement du 149e R.I. qui se trouve dans le secteur de Vanémont. Le lendemain, le colonel Menvielle lui donne l’ordre d’intégrer la 8e compagnie pour prendre le commandement d’une section. Cette compagnie se trouve à ce moment-là sous l’autorité du capitaine de Chomereau de Saint-André.

Le sous-lieutenant Dargent participe aux combats qui se déroulent près de Wisembach. Sa carrière d’officier sera très brève puisqu’il trouve la mort, le 21 août 1914 dans le secteur d’Abreschviller. Il est, dans un premier temps, inhumé près de Voyer à 600 m de la ferme de La Valette, dans une tombe collective, avec 21 soldats français et sept soldats allemands.

En octobre 1920, la famille est informée du transfert de son corps dans le cimetière militaire d’Abrechvillers. Sa sépulture individuelle porte le n° 293.

Le sous-lieutenant Dargent a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre n° 44 de la X e armée du 11 janvier 1915 :

« A été tué le 21 août  à la tête de sa section qu’il entraînait au-devant d’une forte attaque ennemie débouchant à courte distance. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Albert Dargent provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue illustration.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 janvier 2015

André Fèvre (1895-1914).

Andre_fevre

Natif de la Côte d'Or, André Charles Robert Benjamin Fèvre voit le jour le 27 mars 1895 dans la ville de Dijon. À sa naissance, son père, Alphonse Nicolas, lieutenant du 8e train des équipages est âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Amélie Humbert, est âgée de 23 ans. André est élève au lycée de Buffon dans le XVe arrondissement de Paris.

Il est admis comme élève à l’école spéciale militaire par décision ministérielle du 23 septembre 1913.

À peine âgé de 18 ans, le jeune André signe un acte d’engagement spécial aux jeunes gens reçus à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, le 29 octobre 1913, pour une durée de 8 ans. Encore mineur, son père est obligé de venir donner son consentement pour officialiser cet acte.

André Fèvre intègre la promotion de la Croix du Drapeau. Il est nommé aspirant le 8 novembre 1913.

Cette promotion ne terminera pas sa formation complètement. Quelques jours après la déclaration de la guerre avec l’Allemagne il est promu sous-lieutenant le 6 août 1914. Le 15 août 1914, il est affecté au 149e R.I.. Il arrive sur le front le 16 août 1914 pour intégrer la 11e compagnie. La période durant laquelle le sous-lieutenant Fèvre est engagé contre l’ennemi sera très brève. Il décède à Strasbourg le 21 août 1914, cinq jours après son arrivée au régiment !

Dans un premier temps, il est considéré comme disparu. Les autorités allemandes feront parvenir, par l’intermédiaire de la croix rouge internationale, des informations détaillées qui confirmeront le décès du sous-lieutenant Fèvre.

Personne n’a assisté le défunt durant ses derniers moments. Les morts sont restés 2 jours étendus sur le terrain avant qu’il soit possible de les inhumer. L’inhumation a lieu le dimanche 23 août dans l’après-midi entre 16 h 00 et 15 h 00 par les soins des habitants. Le sous-lieutenant Fèvre est enterré dans la fosse commune n° 3 au Freiwald, qui se trouve sur le territoire de Biberkirch, avec 27 autres soldats. La somme de 366 francs en billets et en or et un petit carnet de notes sont trouvés dans ses effets.

Après de nombreuses procédures administratives,son décès est officialisé en 1920.

Jusqu’en 1925, André Fèvre est enterré dans le cimetière provisoire d’Abreschviller. Le 3 juin 1925, son corps est exhumé d’une tombe qui porte le n° 400 ; celui-ci est déposé dans le cimetière national mixte « La Valette » d’Abreschviller où il repose sous la sépulture n° 36.

Actuellement, le sous-lieutenant Fèvre repose toujours dans ce cimetière. Sa sépulture porte le n° 36.

Sepulture_Andre_Fevre

Il est décoré de la croix de guerre avec une palme.

Citation  à l’ordre n° 70 de la Xe  armée en date du 31 mai 1915 :

« A été blessé mortellement au combat du 21 août 1914 à Abreschviller en se tenant debout au milieu de sa section pour inspirer confiance à ses hommes tandis qu’une très violente attaque ennemie tendait à ébranler leur moral. »

Son nom est inscrit sur une plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de l’église Saint-Pierre de Montrouge. Une église qui est située dans le 14e arrondissement de Paris.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Fèvre provient du tableau d’honneur de la guerre 1914-1918 publié par la revue « l’illustration ».

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Fèvre a été réalisée par J. C. Balla.

Un grand merci à M. Bordes, à J.C. Balla, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

16 janvier 2015

Paul le Brigant (1891-1914).

Paul_le_Brigant

Paul Marie Eugène le Brigant voit le jour le 9 septembre 1891 dans la ville bretonne de Saint-Malo.  Ce petit Malouin est le fils d’Yves et d’Anne Marie le Chevalier. Son père, un homme âgé de 30 ans, originaire de Trébeurden, exerce la profession d’officier d’administration. Il est absent le jour de la naissance de son garçon. C’est la sage femme qui vient déclarer l’enfant à la mairie de Saint-Malo.

Très vite séparé de sa famille, Paul passe une grande partie de son jeune âge comme enfant de troupe, à l’école préparatoire militaire des Andelys, une école qui se trouve dans le département de l’Eure. L’obéissance et la rigueur deviennent le lot quotidien de son éducation.

Habitué à la vie militaire, il souhaite faire une carrière de soldat. Devenu adulte, il se rend à la mairie des Andelys pour signer un engagement volontaire d’une durée de cinq ans.

Une fois son affectation connue, le jeune homme apprend qu’il va devoir retrouver sa Bretagne natale. Il doit rejoindre la caserne Saint-Georges du 41e R.I. dans la deuxième décade du mois de septembre 1909. Ce régiment est installé dans la ville de Rennes. Le soldat le Brigant est nommé caporal le 10 janvier 1910, puis sergent le 20 novembre de la même année.

Le 8 juin 1911, son capitaine de compagnie lui inflige 8 jours de punition. Il lui porte le motif suivant :

« A revêtu, au cours d’une permission, une tenue de fantaisie, avec insigne de rengagé auquel il n’a pas encore le droit de prétendre. »

Ce petit manquement à la discipline ne l’empêchera pas d’être admis à suivre les cours du 2e degré, durant le second semestre de l’année 1911. Le sergent le Brigant a de l’ambition, il souhaite devenir officier. Pour cela, il va devoir se préparer à passer le concours d’entrée de l’école de Saint-Maixent dans les meilleures conditions possibles. Mais il va falloir travailler dur !

Le 19 septembre 1911, il écope à nouveau d’une punition de trois jours donnés par un lieutenant. Celui-ci écrit dans son rapport : « Ne s’est pas assuré que le havresac d’un homme absent était au convoi.»

Le capitaine Le Guern, son chef de compagnie, dit de lui que c’est une personne sympathique, douée d’un excellent esprit militaire. Il décrit son subordonné comme étant un homme très consciencieux, à l’intelligence vive.

Paul le Brigant est également un sportif qui excelle dans l’art de l’escrime.

Au début de l’année 1912, il effectue un stage de fourrier ; cette formation lui offre la possibilité d’assumer cette fonction au sein de son régiment, du 2 mars au 4 juillet 1912.

Ce sous-officier passe également le brevet de chef de section en août 1912. Brevet qu’il obtient avec d’excellentes notes.

Paul le Brigant s’apprête à quitter la 11e compagnie du 41e R.I.. Le jeune homme va devoir laisser la Bretagne derrière lui pour venir s’installer dans le département des Deux-Sèvres. Il est nommé aspirant le 1er octobre 1913, au moment où il est admis à l’école de Saint-Maixent. Le travail fourni à son ancien régiment vient de porter ses fruits. Celui-ci intègre la 34e promotion, celle qu’on nommera plus tard « promotion de la mobilisation ».

À la fin de sa formation, il peut revêtir l’uniforme de sous-lieutenant et rejoindre le 149e R.I. le 2 août 1914.

Deux jours plus tard, il se présente au colonel Menvielle, l’officier qui commande le régiment spinalien,qui se trouve à ce moment-là dans la région de Vanémont. Le sous-lieutenant le Brigant doit attendre le lendemain pour connaître son affectation. Muté à la 10e compagnie, il se met sous les ordres du capitaine Laure. La guerre ne lui laisse pas beaucoup de temps pour s’intégrer dans son nouveau régiment !  Dix-sept jours plus tard, il trouve la mort au cours des combats qui se déroulent à proximité d’Abreschviller.

Considéré comme disparu dans un premier temps, il faudra attendre le 8 juin 1920 pour qu’il soit reconnu « mort pour la France » par le tribunal civil d’Andelys. Celui-ci valide officiellement son décès à la date du 21 août 1914.

Pas de citations et de décorations connues pour cet officier. Est-ce en lien avec son mauvais classement obtenu à l’école de Saint-Maixent ? Est-ce le fait qu’il n’ait pas eu le temps de montrer beaucoup des compétences attendues au cours des quelques jours qu’il a passé au 149e R.I ? Est -ce tout simplement que sa mort est été si rapide qu’il n’a pas été possible à ses supérieurs d’évaluer ses qualités d’officier au cours d’une attaque ?

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Archives municipales de Saint-Malo.

Le classement de la 34e promotion de l’école de Saint-Maixent peut se consulter sur le site de la bibliothèque virtuelle « Gallica ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante :

Gallica

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives municipales de Saint-Malo.

2 janvier 2015

Une petite note qui laisse présager le pire...

                 Marcel_Michelin_4

Une courte note, rédigée à la va-vite, est retrouvée sur le corps du lieutenant Michelin. Celle-ci indique les consignes à suivre en cas de décès… Le texte est écrit en grosses lettres sur deux modestes pages d’un petit carnet, qui sont remises en main propre au capitaine Laure. 

En voici le contenu :

Je serai reconnaissant à celui qui trouvera mes affaires.

1) De prévenir mon frère à la gare de Sens (P.L.M.).

2) De lui remettre ma chaîne de montre comme souvenir

3) De prendre l’argent qui se trouve sur moi. De cet argent, il y a 200 francs à la compagnie. Que l’on envoie le reste à ma famille qui paiera les quelques dettes courantes laissées à Épinal.

Cependant, je désire que l’on laisse 100 francs pour améliorer l’ordinaire de la compagnie.

Jusqu’à ce jour, 13 août, je n’ai pas touché mon indemnité d’entrée en campagne.

Deux lettres sont également retrouvées. La première est adressée à son frère, la seconde à sa mère.

Pour mon frère,

Tu resteras probablement seul avec maman pour la consoler. Dis-lui bien que dans ces crises où se jouent les vies du peuple, il faut que chaque famille soit représentée devant l’ennemi.

Je ferai mon devoir en bon français. Je te quitte, mon cher Maurice, et je t’embrasse de tout mon cœur, avec ta bonne compagne. Chérissez bien maman tous les deux.

Je ne puis pas t’exprimer tout ce que mon cœur contient, mais tu le comprendras facilement sans phrases. Je suis prêt à faire mon devoir jusqu’au dernier sacrifice, comme tu me le conseillerais si tu étais là. J’aurais tout de même bien voulu pouvoir t’embrasser avant de partir. Néanmoins, je le fais maintenant sur cet éperon boisé en face de Sainte-Marie où je viens de passer deux nuits glacées. Je t’embrasse donc de tout cœur dans une suprême et dernière étreinte.

Marcel

Pour ma mère,

Ma bonne maman,

Par ces journées ou par l’instabilité de l’existence, on pense aux êtres qui vous aiment. Mon esprit, dès qu’il est un peu libre, se reporte sans cesse vers toi. Tu ne reçois pas de nouvelles, mais cela n’a rien d’étonnant par ces temps troublés. Néanmoins, chaque jour, je songe à toi.

Marcel

 Dès le lendemain, Auguste Laure prend le temps de rédiger une lettre annonçant la mauvaise nouvelle, au frère de Marcel Michelin.

22 août 1914

Cher Monsieur,

La seule vue d’une écriture inconnue va vous donner des inquiétudes…

Aussi bien, je n’oublierai pas que j’écris à un homme, et pour lui parler d’un homme ! Vous voudrez bien m’excuser de le faire aussi carrément, en soldat, mais en ces temps douloureux, combien de nouvelles comme celle-ci frapperont au cœur des foyers aussi soudainement que les balles sur le champ de bataille !

Votre frère, votre pauvre frère, que j’aimais d’une affection profonde, est tombé hier, frappé d’une balle en pleine poitrine, alors qu’il accomplissait, avec un courage faisant l’admiration de tous ses hommes, une mission difficile confiée à la 10e compagnie, sous ses ordres.

Il était chargé d’assurer un repli du bataillon à un moment où celui-ci,  attaqué avec une impétuosité foudroyante, était menacé d’une véritable débâcle.

Grâce à lui, grâce à la froide et merveilleuse énergie avec laquelle il a su clouer au sol tous ses hommes pour couvrir notre mouvement de retraite, grâce au sacrifice qu’il a fait de sa vie en donnant ses ordres debout pour qu’ils soient mieux entendus, le bataillon a été sauvé.

À sa mémoire, je dois donc d’abord un remerciement ému. À son souvenir, j’attacherai celui d’un exemple qui restera toujours fixé devant mes yeux, nous ses chefs ou ses soldats. La profonde affection qu’il inspirait à sa troupe a permis qu’il ne fût pas abandonné sur le champ de bataille.  Sage, son ancien ordonnance l’a relevé, l’a transporté à l’ambulance. Il l’a remis entre les mains des médecins avec un dévouement et une fidélité que je ne saurais trop vous dire.

Je ne puis encore vous faire savoir où sa dépouille a été d’abord transportée, mais vous en serez avisé et vous recevrez, par les soins de l’autorité militaire, tous les renseignements qui vous sont indispensables, ainsi que les papiers ou l’argent qui auront été trouvés sur votre frère.

Veuillez bien, mon cher et pauvre Monsieur, exprimer à Madame votre mère, en lui apprenant la terrible nouvelle, l’hommage de mes condoléances les plus profondément respectueuses. Dites-lui que son fils est tombé magnifiquement en homme et en soldat, en lui adressant sa dernière pensée,  remerciez-la pour l’armée et pour le pays, du courage avec lequel elle acceptera ce sacrifice. Agréez, je vous prie, Monsieur, l’assurance de ma plus profonde sympathie.

Auguste Laure

Dans l’impossibilité de poster son courrier, le capitaine Laure en écrit une seconde quelques jours plus tard.

Paray-le-Monial le 27 août 1914

Monsieur,

Je vous envoie d’ici, où je viens d’arriver blessé, la lettre que je vous ai écrite il y a quelques jours déjà, pour vous annoncer la douloureuse nouvelle relative à votre frère. Nous avons été tellement bousculés depuis lors que nous n’avons pu envoyer aucune correspondance ! Ne m’en veuillez pas de ce retard, croyez que les horreurs de la guerre se sont, hélas ! abattues encore sur bien d’autres familles depuis que je vous écrivais. Veuillez bien trouver en moi, le meilleur ami, l’affection la plus sûre et la plus dévouée qu’ait pu s’assurer votre cher et si regretté frère.

Je vous parle dans ma lettre du soldat Sage, qui a retiré du feu le corps de son officier. Votre frère l’aimait beaucoup et lui avait promis un souvenir. Je lui ai remis provisoirement,et jusqu’à votre approbation, la montre de votre frère, détachée de la chaîne, que votre frère a spécifié dans ses notes, vous être destinée.

En me répondant, vous voudrez bien me faire connaître si vous approuvez. Je suis pour une huitaine de jours à Paray-le-Monial, puis je rejoindrai le 149e R.I.

Je vous reste redevable de la somme de 350 francs. Je pense qu’il est préférable d’attendre pour vous l’envoyer. Les papiers que je porte sur moi spécifient nettement qu’elle vous appartient.

Auguste Laure

Après inventaire, la cantine contenant les effets personnels du lieutenant Michelin est expédiée à la gare de Sens, pour être restituée à la famille.

Inventaire_de_la_cantine_du_lieutenant_Marcel_Michelin

Sources :

Les lettres rédigées par le capitaine Laure et par lieutenant Michelin ainsi que l’inventaire de la cantine ont été communiqués les descendants de la famille de Marcel Michelin.

Pour en savoir plus sur le capitaine Laure, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante :

Auguste_Laure_1

Un grand merci à M. Bordes, à A.M. et G Lalau, à A. Carobbi et  à M. Porcher.

5 décembre 2014

Marcel Michelin (1888-1914).

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Marcel Michelin voit le jour le 25 octobre 1888 au 38e bis du boulevard Saint-Marcel à Paris. Son acte de naissance est enregistré à la mairie du Panthéon située dans le 5e arrondissement de la capitale. À cette époque, son père, Antoine Henri, âgé de 45 ans, travaille comme chef de bureau aux chemins de fer de Lyon. Sa mère, Jeanne Charlotte Meillier a 32 ans. Elle n’exerce pas de profession.

Après avoir obtenu son baccalauréat ès sciences, langues vivantes et mathématiques, le jeune Marcel souhaite faire une carrière militaire. Il quitte le domicile de sa mère, pour venir signer un engagement volontaire d’une durée de quatre ans à la mairie du 12e arrondissement de Paris, le 7 octobre 1909. Il n’a pas encore fêté ses 20 ans. Il doit maintenant se mettre en route pour rejoindre la ville d’Auxonne. Trois jours plus tard, il intègre le 10e R.I. comme simple soldat.       

Admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr par décision ministérielle du 19 septembre 1909, il quitte la caserne Chambure pour commencer sa formation d’officier à la mi-octobre 1910. Marcel Michelin intègre la promotion de Fez avec le grade d’aspirant.

Au cours de ses deux années d’études, le jeune homme sera sanctionné à quatre reprises. Toutes ces punitions lui seront infligées par son capitaine de groupe. Celles-ci nous donnent une idée assez précise de ce que pouvaient vivre au quotidien des élèves de Saint-Cyr. Les notions de responsabilité et de sécurité sont vraiment prises très au sérieux par l’ensemble des encadrants. Elles font parties intégrantes de la formation des futurs officiers.

Le 5 janvier 1911, son supérieur lui impose une punition de 4 jours d’arrêts simples. L’aspirant Michelin ne s’est pas conformé aux instructions données par son capitaine pour l’exécution du tir à la cible.

Le 2 mai de la même année, Marcel Michelin reçoit un avertissement. Cette fois-ci,  il lui est reproché de ne pas avoir signalé les dégradations survenues dans la salle des jeux, alors qu’il en était le fonctionnaire fourrier responsable.

Le 25 octobre 1912, une sanction un peu plus sévère lui vaut 8 jours d’arrêts simples. Son capitaine fait savoir que son subordonné n’a pas pu rendre compte des circonstances dans lesquelles avait disparu la clef servant, en cas d’incendie, à ouvrir la porte qui sépare la salle Magenta des locaux disciplinaires.

Le 10 novembre 1912, il est puni d’un jour d’arrêts simples pour avoir placé,sur la case, une paire de chaussures insuffisamment nettoyées.

Nommé sous-lieutenant au 149e R.I. dès sa sortie de l’école, le jeune homme doit rejoindre son nouveau régiment le 1er octobre 1912. Un an plus tard, jour pour jour, il peut coudre sur sa  vareuse ses galons de lieutenant.

Marcel Michelin est décrit par ses supérieurs comme étant un officier intelligent et cultivé. Une timidité due à son jeune âge et à son manque d’assurance le gêne encore un peu dans l’art du commandement. Il doit acquérir de l’expérience… seul le temps pourra le permettre.

En 1913, des soucis de santé viennent interrompre momentanément sa carrière. Il doit prendre un congé de convalescence d’une durée de deux mois, après avoir fait un séjour à l’hôpital. Remis sur pieds, il retrouve son régiment à temps pour participer aux manœuvres d’automne. Au cours de ces exercices, il s’applique à remplir toutes les missions qui lui sont assignées avec zèle et conscience. Le commandant du régiment dit de lui qu’il a tout ce qu’il faut pour devenir un excellent officier.

Mais le cours de l’histoire va en décider autrement ! Fin juillet 1914, la guerre contre l’Allemagne se profile. Le 149e R.I. doit se mettre en route pour rejoindre la frontière. Après plusieurs jours de marche, le régiment engage son premier combat. Celui-ci se déroule le 9 août 1914, près du village de Wisembach.

 À ce moment-là, le lieutenant Michelin encadre une section de la 10e compagnie, qui se trouve sous les ordres du capitaine Laure. Cette compagnie ne participera pas à ce combat.

Le 21 août 1914, Marcel Michelin dirige la 10e compagnie, il en a pris le commandement depuis que le capitaine Laure est parti remplacer le commandant Didierjean à la tête du 3e bataillon du 149e R.I..

Ce jour-là, il reçoit l’ordre de couvrir, avec ses hommes, les mouvements de repli des 2e et 3e bataillons du régiment. Ceux-ci se trouvent en grande difficulté dans le secteur du bois de Voyer.

Le lieutenant Michelin est tué près de la Valette, un petit hameau situé au nord d’Abrechviller, en assumant sa mission, il allait avoir 26 ans.

Dans un premier temps, Marcel Michelin est enterré à proximité du sanatorium avec onze soldats français. En 1920, sa mère est informée du transfert du corps du lieutenant dans le petit cimetière militaire d’Abreschviller. En avril 1921, la famille obtient l’autorisation de faire inhumer Marcel Michelin dans le caveau familial du cimetière d’Ahuy, petite ville située dans le département de la Côte-d’Or.

Sepulture_Marcel_Michelin

Le 14 février 1915, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci à son sujet : « Cet homme de devoir et d’action a dirigé sa compagnie avec une rare énergie. Il a préféré se faire tuer sur place plutôt que de céder  un pouce de terrain à l’ennemi. »

Citation à l’ordre de l’armée n° 44 de la Xe armée du 11 janvier 1915 :

«  A été tué à la tête de la compagnie dont il avait le commandement, en résistant le 21 août 1914 devant Abreschviller, sur une position de repli qu’il avait reçu l’ordre de tenir à tout prix et où il s’est trouvé attaqué par des forces très supérieures en nombre, a réussi par son sacrifice et par le magnifique exemple de son énergie à remplir complètement la mission qui avait été donnée à la compagnie. »

Chevalier de la Légion d’honneur par arrêté ministériel du 18 octobre 1920.

Salle_Michelin

En 1998, deux plaques commémoratives sont retrouvées dans le grenier du lycée de la ville de Sens ; l’une d’entre elles porte le nom de Marcel Michelin. Celle-ci avait été initialement posée dans une des sept salles d’honneur inaugurées le 13 juillet 1923 par le général Émile Belin, président d’honneur de l'association amicale des anciens élèves du lycée de Sens.

Cette plaque commémorative se trouve, depuis novembre 2000, dans la salle 219.

Le nom du lieutenant Marcel Michelin figure également sur la plaque 1914 du monument aux morts de l'établissement de la ville de Sens qui rappelle le sacrifice des anciens élèves depuis les guerres du Second Empire.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du lieutenant Michelin provient du livre d’or des anciens élèves du lycée de Sens publié aux  éditions : « Sens, société générale d’imprimerie et d’édition ».1925.

La photographie de la sépulture a été réalisée par les descendants lieutenant Michelin.

Certaines informations concernant Marcel Michelin ont été communiquées par la famille de cet officier.

La photographie et les informations concernant  la plaque commémorative  du lieutenant Michelin ont été fournies par D. P. Lobreau, professeur agrégé d’histoire. Pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur l'mage suivante :

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Un grand merci à M. Bordes, à  A.M. et G. Lalau, à D.P. Lobreau à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

28 novembre 2014

Joseph René Micard (1876-1914).

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Joseph René Micard est né le 2 février 1876 dans la petite ville d’Isigny, une commune située dans le département du Calvados. À sa naissance, son père, Jean Sidoine, âgé de 58 ans, exerce la profession de percepteur-receveur. Sa mère, Marie Camille Poupiet, est âgée de 43 ans.

Après l’obtention de son certificat d’études, Joseph poursuit sa scolarité au collège Stanislas de Paris, puis au lycée Sainte-Geneviève de Versailles. Il obtient son baccalauréat ès lettres et philosophie en 1896.

L’âge adulte est arrivé, il est temps pour lui de faire un choix professionnel ! Le jeune Micard opte pour le métier de soldat. Il signe un engagement volontaire d’une durée de 3 ans à la mairie de Versailles le 30 octobre 1896 et entre, le jour même, à l’école spéciale militaire. Joseph intègre la 81e promotion dite « première des grandes manœuvres », comme élève de 2e classe. Il vient d’être admis avec le numéro 160 sur 538 élèves.

Il commence à pratiquer l’escrime et la gymnastique à partir du  1er novembre 1896. Ces deux activités sportives occuperont une place importante dans sa carrière militaire. Le 1er octobre 1898, c’est la nomination au grade de sous-lieutenant par décret du 17 septembre 1898, sa formation saint-cyrienne vient tout juste de se terminer.

Le général responsable de l’école dit de lui : «  C’est un homme à l’esprit pondéré, intelligent, qui a un bon jugement, un peu lent, mais très consciencieux. Il fera un bon officier sur lequel on pourra compter en toutes circonstances. »

Joseph Micard quitte Saint-Cyr avec le numéro 343 sur 522. Sa « feuille de route » lui fait savoir qu’il doit se rendre à Langres, pour rejoindre le 21e R.I..

Le 27 mars 1899, un léger manquement à la discipline lui vaut 2 jours d’arrêts simples. Le capitaine adjudant major de semaine Charrière lui porte le motif suivant : « Étant commandé pour recevoir, comme officier de semaine, l’appel du soir du dimanche 26 mars, à la caserne des Ursulines, n’a pas exécuté ce service.» Ce sera l’unique punition qu’il aura dans tout son parcours de militaire.

Joseph Micard devient lieutenant le 1er octobre 1900. Au cours de l’année suivante, il exerce les fonctions de lieutenant d’armement. Il reprend son service d’officier de compagnie au début du mois d’avril 1902. Considéré comme étant un peu timide à ses débuts par ses supérieurs, cet officier de 26 ans commence à prendre de l’assurance dans l’art du commandement.

 Le lieutenant Micard suit les cours de l’école nationale de gymnastique et d’escrime du 15 octobre 1902 au 15 janvier 1903. Dès son retour de formation, il est chargé de mener à bien les exercices corporels effectués par la troupe. Il est également responsable de la télégraphie en 1903-1904.

En 1905, cet officier est détaché au peloton des dispensés où il est perçu comme un excellent instructeur. Joseph Micard est très apprécié de ses hommes.

En mars 1906, il effectue un stage de 15 jours à l’école normale de tir de Châlons, pour être formé au commandement des sections de mitrailleuses de campagne. À la fin de ce stage, il aura, sous ses ordres, une section de mitrailleuses de son régiment.

En 1907, il se présente au concours de l’école de guerre, mais sans succès.  Le lieutenant Micard suit les cours de l’école des travaux de campagne du 6e génie à Angers, du 7 juillet au 18 août 1907.

Les années d’expérience d’officier commencent à s’accumuler. L’année 1910 le voit de nouveau partir en formation. Il accomplit un stage de cinq semaines à l’école normale de tir de la Valbonne du 20 février au 27 mars 1910.

Le 16 octobre 1911, il épouse mademoiselle Marguerite Marie Hoffmann, une jeune vosgienne âgée de 30 ans qui est domiciliée à Poussay. De cette union naîtra une petite fille.

Un décret du 23 décembre 1912 lui permet de devenir capitaine à compter du 9 janvier 1913. Avec cet avancement, une nouvelle affectation l’attend. Il se prépare à traverser une grande partie de la France, d’est  en ouest pour rejoindre la Bretagne. Il vient d’être muté au 25e R.I., un régiment qui est cantonné à Cherbourg.

Cette région ne semble pas le satisfaire. Quelques mois plus tard, il demande à être muté dans un régiment vosgien pour convenances personnelles. Cette demande est acceptée, le capitaine Micard doit rejoindre le 149e R.I.. Il arrive dans la ville d’Épinal au début du mois d’août 1913 pour prendre le commandement de la 5e compagnie. Il y restera jusqu’au début du conflit contre l’Allemagne en août 1914.

Dans la matinée du 31 juillet 1914, sa compagnie quitte les quais de la gare spinalienne pour se rendre à Bruyères, un petit village situé à quelque 28 km. Ensuite, une longue marche en direction de la frontière commence, celle-ci durera plusieurs jours. Le 9 août 1914, c’est le baptême du feu, le capitaine Micard mène ses hommes au combat, dans le secteur du Renclos des Vaches qui se trouve près de Wisembach.

Le 21 août 1914, cet officier est tué au cours d’une mission de reconnaissance, près du petit village lorrain de Biberkirch.

Joseph Micard est, dans un premier temps, enterré dans une tombe commune, avec un lieutenant et sept soldats français. Le 5 mars 1920, il est inhumé dans le cimetière militaire de Sarrebourg. Sa sépulture individuelle porte le numéro 86 E.

Il repose actuellement dans le petit cimetière communal vosgien de Poussay, dans la sépulture de famille de son épouse.

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Citation à l’ordre n° 70 de la 10e armée en date du 31 mai 1915 :

« Tué le 21 août 1914 vers Abreschviller, en allant reconnaître avec quelques hommes un bois qui se trouvait à la droite de sa compagnie et qui était, depuis la veille, occupé par l’ennemi. Avait déjà fait preuve d’un grand sang-froid et du plus beau courage au combat du 9 août au col de Sainte-Marie en ramenant, sous une fusillade des plus meurtrières, un de ses officiers grièvement blessé. »

Il est inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur par arrêté du 22 juillet 1919 (J.O. du 17 octobre 1919).

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

La photographie de la sépulture du capitaine Micard a été réalisée par É. Mansuy (avec l’aimable autorisation de F. Tabellion pour la publication de ce cliché).

Livre d’or de l’école Sainte-Geneviève (1854-1924). 576 pages. Imprimerie de Catalar frères. 1925.

La fiche individuelle de Joseph Micard, est extraite du fichier des « morts pour la France » du site « mémoire des hommes ».

Un grand merci à M. Bordes, à F. Tabellion, à  A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

14 novembre 2014

21 août 1914, une journée bien mouvementée...

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Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. occupent depuis la veille des positions de premières lignes au nord d’Abreschviller dans le bois de Voyer. Trois compagnies du 1er bataillon du régiment se trouvent en soutien du 158e R.I. à Soldatenthal.

Des combats ont été engagés par les 1er, 3e et 10e B.C.P. de la 86e brigade dans le secteur de Plaine-de-Walsch et de Vallérysthal, deux petites communes situées au nord de Biberkirch et de Trois-Fontaines. Ces combats ne sont pas favorables aux Français. La brigade coloniale est également en grande difficulté du côté de Walscheid. Les unités de ces brigades sont de plus en plus malmenées, il faut penser à se replier… Les Allemands progressent… Ces mouvements de recul vont avoir une incidence fâcheuse sur les évènements à venir dans le secteur occupé par la 85e brigade dans le bois de Voyer.

Il n’est plus question, pour les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. d’aller de l’avant, comme il avait été prévu par le général Legrand-Girarde, l’officier qui commande le 21e C.A.. Ces deux bataillons vont devoir se retrancher sur leurs emplacements de la veille, à la lisière nord et nord-est du bois de Voyer.

À 5 h 00, le colonel Menvielle qui a, sous son autorité, un groupement composé du 31e B.C.P. et des 2e et 3e bataillons de son régiment, reçoit un ordre d’opération envoyé par le général Pillot, responsable de la 85e brigade. Cet ordre lui demande de se maintenir sur la ligne la Valette, cote 475, Haltenhausen, Eigenthal. Il lui faut construire son axe de défense en attendant la reprise de l’offensive. Le colonel Menvielle fait relier sa droite avec les éléments du 158e R.I. qui se trouvent près de la cote 500, et sa gauche avec l’aile droite du 13e C.A., vers la corne nord-ouest du bois de Voyer. La liaison avec les chasseurs est compliquée à mettre en place. Les ordres donnés par le colonel Menvielle ne parviennent pas au commandant du 31e B.C.P..

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Au sud-est d’Abreschviller avec le 1er bataillon du 149e R.I.

Une attaque, menée par une partie des unités de la 85e brigade a lieu du côté de Saint-Léon et de la cote 500. Le soleil n’est pas encore levé. Au loin, les hommes entendent une vive fusillade du côté de la Valette.

L’attaque française est un véritable succès. Le 31e B.C.P. reprend la petite bourgade de Saint-Léon. Le petit village de Walscheid et la ferme de Munichshof sont également reconquis. Un bataillon du 158e R.I. prend position à la cote 500, un autre bataillon de ce régiment s’installe près de Thomasthal. Les trois compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. qui se trouvent à Soldatenthal ont également été engagées en soutien. Celles-ci sont sous les ordres du lieutenant-colonel Escallon, l’officier qui commande en ce point. Un bataillon du 158e R.I. a été mis à sa disposition pour épauler ses compagnies.

Les Allemands ne restent pas inactifs. Leur artillerie ouvre le feu vers 8 h 30. Pendant une demi-heure, une pluie d’obus s’abat sur la ligne de front qui se trouve dans la zone de la cote 500. Aussitôt après, une attaque d’infanterie ennemie se déclenche dans le secteur. Les Allemands essayent de se glisser partout, en vain… Ceux-ci sont accueillis par des feux nourris, tirés par les fantassins français qui leur causent des pertes importantes. Ils deviennent très vite hésitants dans leurs progressions. L’offensive adverse est contenue.

La 43e D.I. n’a  plus de troupes disponibles pour reprendre le combat dans ce secteur. Le général Legrand-Girarde a engagé toutes ses réserves. La situation générale de la 85e brigade reste très fragile.

Dans le secteur d’Abreschviller avec les 2e et 3e bataillons du 149e R.I.

Les Allemands ont lancé une attaque dans le secteur du bois de Voyer. La brutalité de cet assaut est telle qu’elle modifie complètement les projets français dans cette région. La droite du 3e bataillon du 149e R.I. est débordée par des forces ennemies qui lui sont supérieures en nombre. Les deux bataillons du 149e R.I. sont mis à mal sur leur ligne de défense. Seules, les 6e, 9e et 12e compagnies réussissent à se maintenir sur leurs emplacements durant quelque temps.

Pour éviter le pire, il faut se résigner à faire demi-tour. Le 2e bataillon du 149e R.I. commence son mouvement de repli vers 8 h 00, il est aussitôt suivi par le 3e bataillon. 

La 10e compagnie du lieutenant Michelin est désignée pour couvrir l’ensemble de ces mouvements. Pour mener à bien cette mission, elle s’installe sur les lisières nord et est de la petite commune de la Valette. Le prix à payer pour protéger la retraite des camarades va être très élevé !

L’ennemi approche, le combat est engagé. Près de la moitié de la compagnie est mise « hors jeu ». Une grande partie des hommes est capturée par les Allemands.

Les autres compagnies des deux bataillons reculent par la lisière sud du bois de Voyer. Elles se dirigent sur le bois de Basse-Valette pour tenter de rejoindre Abreschviller. Une fois arrivés dans le village, les restes des deux bataillons se reforment sous les ordres du colonel Menvielle.

Beaucoup de soldats sont encore disséminés sur le terrain. Certains se sont égarés…

La 4e compagnie du capitaine Altairac, qui est installée à Abreschviller depuis la veille, est maintenue en soutien d’artillerie au nord de cette commune.

Les 5e et 9e compagnies prennent la direction de Saint-Quirin pour être aussitôt envoyées à Val-et-Chatillon, suite à un ordre donné par le général de division Lanquetot.

Du côté de Lettenbach avec les 1er, 2e et 3e bataillons du 149e R.I.

Les compagnies reformées des 2e et 3e bataillons du 149e R.I. qui sont encore disponibles se réunissent à Lettenbach à partir de 10 h 00. Les hommes du colonel Menvielle ont pour mission de fermer l’accès du ravin d’Eigenthal et de la croupe 452 aux Allemands. Lettembach va devenir l’objectif de l’ennemi.

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La 7e compagnie du capitaine Coussaud de Massignac reçoit l’ordre de se porter sur les pentes nord-est de Lettenbach. Elle est appuyée par une section de mitrailleuses du 105e R.I.. Une compagnie du 11e génie occupe les tranchées établies sur les pentes nord-ouest.

À 10 h 20, le reste des deux bataillons est amené par le colonel au col de la cote 420 sur la route de Lettenbach-Saint-Quirin. La troupe doit garder la direction de Saint-Quirin.

Les unités disponibles, placées sous le commandement du colonel commandant par intérim la 86e brigade, sont disposées sur le chemin, à un trait du col 430 de la cote 464 et du carrefour, situé à 600 m au sud-est, à partir de 11 h 15. Elles vont devoir tenir et surveiller tous les éclaircis et tous les chemins venant de la direction de Lettenbach et de vallée de la Sarre rouge.

Peu avant 13 h 00, la 1ère compagnie rejoint le colonel Menvielle. À 13 h 00, la 7e compagnie, qui vient de quitter ses positions de Lettenbach, rejoint également les unités du 149e R.I..

Des éléments des 10e et 17e B.C.P. viennent renforcer les compagnies du régiment spinalien. Le poste de commandement du colonel Menvielle est installé au carrefour entre 464 et 462.

Le général Pillot arrive au P.C. du colonel Menvielle à 14 h 30. Il lui donne l’ordre de faire surveiller plus particulièrement le ravin qui se trouve au sud de Streitwald. La 7e compagnie, une des unités qui a été la moins éprouvée, est désignée. Celle-ci va devoir former un barrage sur la crête à 500 m du carrefour, pour battre le ravin en question.

La 2e section de mitrailleuses du lieutenant Gérardin, qui est soutenue par deux sections des 5e et 6e compagnies, est poussée à la tête du ravin à 800 m sud de la cote 462. Les hommes se positionnent de manière à empêcher toute intrusion de l’ennemi de ce côté.

Le lieutenant-colonel Escallon qui est accompagné de la 2e compagnie, rallie le régiment en passant par le ravin sud de Streitwald à 15 h 30. Une heure plus tard, c’est au tour du capitaine Isler de rejoindre avec sa 3e compagnie.

Carte_3_journee_du_21_aout_1914

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À 16 h 45, le 149e R.I. reçoit l’ordre d’aller cantonner à Turquestein. La 7e compagnie est rappelée au point de rassemblement du régiment.

En direction de Val-et-Châtillon

Le 149e R.I. quitte le carrefour qui se trouve à l’ouest de 462 à 17 h 30. Le 2e bataillon prend la tête de la colonne, il est suivi du 3e bataillon. Le 1er bataillon ferme la marche. Les hommes du colonel Menvielle prennent la direction du carrefour des 4 chemins qui est situé à quelque 800 m au sud de 462. Ils doivent suivre le chemin à un trait qui gagne Saint-Quirin par le fond du ravin Saint-Quirin. Lorsque le régiment arrive à Saint-Quirin, le général de division Lanquetot lui donne l’ordre d’aller s’installer à Val-et-Châtillon avec le 158e R.I. et l’artillerie de campagne du 21e C.A..

Le régiment fait une halte à l’entrée du bois de Turquestein, il est 19 h 30. Les hommes sont exténués, ils ont été durement éprouvés par tout ce qu’ils viennent de vivre au cours de la journée. Malgré la fatigue, ils trouvent le temps de se préparer du café.

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Vingt et une heures, il faut reprendre la route pour rejoindre le cantonnement. La fatigue est grande, les muscles des jambes commencent à se raidir.

Les compagnies du 149e R.I. suivent l’itinéraire Turquestein, cote 410, Saussenrupt, scierie Châtillon. Elles arrivent devant Val-et-Châtillon à 22 h 30. Chacun pense au sommeil bien mérité, mais les problèmes ne sont pas encore terminés !

En effet, les lieux de cantonnements n’ont pas été répartis au préalable entre les unités qui doivent occuper le village. Et ce n’est pas une mince affaire que de vouloir loger plusieurs milliers d’hommes ! Entre le 158e, le 149e R.I., et l’artillerie de campagne du 21e C.A.. C’est un peu la pagaille pour placer tout le monde. Finalement, les hommes du  149e R.I. vont prendre une formation de bivouac au carrefour situé à 1000 m au nord-est de l’église de Val-et-Châtillon.

Une grande partie des hommes du régiment va pouvoir enfin se reposer. Deux groupements composés de soldats du 149e R.I., chacun d’une valeur d’une compagnie, veillent sur leur sommeil. Ils sont chargés de couvrir les lieux de cantonnements de la 43e Division. Le premier groupement se trouve à Saussenrupt, le second est à la belle Charmille.

L’ennemi reste offensif, la vigilance est de rigueur.

 Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/13.

« Opérations du 21e Corps d’Armée » Général Legrand-Girarde, aux éditions Plon Nourrit Cie.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

La photographie représentant un groupe de soldats du 149e R.I. est antérieure à 1914.

Les cartes du secteur d’Abreschviller qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions et les déplacements des bataillons du 149e R.I. risque d’être assez importante. Elles ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des différents lieux occupés par ces bataillons durant la journée du 21 août 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

7 novembre 2014

Capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André, en direction d'Abreschviller...

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Les hommes du capitaine de Chomereau de Saint-André viennent de subir le baptême du feu le 9 août.

Les pertes de la 8e compagnie sont importantes. À peine le temps de se remettre de ses émotions qu’il faut déjà penser à reprendre la route. De longues marches attendent ces hommes les jours suivants.

Un nombre conséquent de soldats du 149e R.I. est obligé de récupérer des sacs allemands sur le champ de bataille pour remplacer ceux qui ont été perdus. Une grave faute que l’ennemi leur fera durement payer !  

Un très grand merci à T. de Chomereau pour son autorisation de publier ici la suite du témoignage laissé par son grand-père.

Bandeau_Wisembach

10 août 1914

Réveil au petit matin. Les officiers ras­semblent leur unité. Toute la nuit des isolés ont rejoint. Appels.

J’ai perdu cinquante-deux hommes et ma compagnie est la plus éprouvée après la 1ère, du moins comme soldats. De Sury d’Aspremont, Dezitter, Bedos, de Gail, Laval, etc. tués et cinq cent cinquante hommes tués, blessés, disparus.

Revue et félicitations de Legrand-Girarde qui commande le 21e Corps d’Armée. Grand’halte sur place. Rentrée musique en tête, drapeaux déployés dans le village, superbe !

Le 14e Corps va nous remplacer. Installation à l’entrée du village. Vers une heure, j’ai le temps de télégraphier à Yvonne. Aux environs de deux heures, départ du 2e bataillon pour la Sausse. Le cantonnement est tran­quille.

11 août 1914

 Rien le matin : repos. Le soir, vers trois heures, départ. Cantonnement à un kilo­mètre au sud de Bertrimoutier. On se bat au nord vers Provenchères-sur-Fave, à l’est vers Sainte-Marie.

12 août 1914

Départ de nuit. Première position de rassemblement à un kilomètre au nord-est de Herbaupaire. Vers sept ou huit heures, le régi­ment se ras­semble autour de l’église de Lusse. Avec Coussaud de Massignac, je couvre, face à l’est. Recherche de l’emplacement, installation. Chaleur torride. Le 158, lui, surveille,à notre gauche les débouchés du col d’Urbeis.

Vers dix heures, je suis rappelé. Paisible grande tablée auprès de l’église. Canon vers Sainte-Marie. Notre artille­rie brûle Nouveau-Saales, qui n’est pas tenu. Cantonnement à Colroy-la-Grande. L’ennemi qui, avec une brigade de Landwehr, avait la veille ou l’avant-veille atta­qué Provenchères-sur-Fave, a été bous­culé.

Quartier_de_l_eglise_de_Lusse

13 août 1914

 Repos le matin. Une division du 14e Corps traverse vite, file sur Urbeis et nous avons l’impression d’un fleuve qui coule vers l’Alsace. Départ vers treize ou quatorze heures pour Provenchères-sur-Fave. Cantonnement, Legrand-Girarde y est.

Carte_1_temoignage_G

14 août 1914

Offensive générale. Le 14e C.A. à droite par Urbeis, le 21e par Saales, le 13e vers Cirey. Ma division suit la route de Saales. Les chasseurs à pied sont à l’avant-garde, le 149 est derrière (1er et 2e bataillons, le 3e garde à droite).

Le 3e bataillon es­carmouche et perd le commandant Didierjean. Le 109 est à gauche, il marche sur Plaine et sur le Donon avec le reste de l’autre division. On bute sur le barrage Plaine – Diespach – Saint-Blaise-la-Roche. Le 109, laissé sans artillerie contre Plaine, est abîmé. Notre avant-garde s’engage. Le 149/1 et deux ba­taillons sont en réserve du débouché du col. Quelques coups longs arrivent sur nous, entas­sés dans la gorge. Heureusement, l’ennemi est occupé ailleurs. Notre artillerie, péniblement, prend position et alors c’est un écrasement de l’ennemi qui se sauve affolé et se rend en masse, laissant tout.

Nous oublions vite l’impression violente produite par quelque 105 Allemands. Nous la retrouvons trop tôt ! Les 1er et 2e ba­taillons gagnent Saint-Blaise-la-Roche. Je reste, soutien d’ar­tillerie,et arrive à nuit noire à Saint-Blaise-la-Roche. Brillant succès.

Vers neuf heures du matin, pourtant cela n’allait pas, paraît-il ! Et le 14e Corps est aussi en retard par la faute de son chef, Pouradier-Duteil. Ma compagnie cantonne au­tour d’une usine, près de la mairie. Je cause avec des officiers prisonniers.

Carte_2_Temoignage_G

15 août 1914

Rassemblement vers cinq ou six heures. Vu et touché le premier drapeau pris aux Allemands (ou bien le 16 août, c’est indiqué dans mes lettres). On va s’installer à quelques kilomètres à l’ouest, le long et au sud de la route de Saales. Rien d’autre. À la fin de la journée, retour à Saint-Blaise-la-Roche. Cantonnement devant la mairie : il pleut.

Saint_Blaise_la_Roche

16 août 1914

Vue du butin, mitrailleuses, etc. Rassemblement avec, comme la veille, une grand’halte, au sud-ouest assez près du village. Attente. Temps pluvieux et arrivée de cinq cent cinquante réservistes et officiers saint-cyriens qui viennent boucher les trous du 9. Ils n’ont ni outils ni campement, pas même de manchons.

On envoie, par compagnie, cinquante hommes et un officier chercher le nécessaire sur le champ de bataille. Il manque aussi beaucoup de sacs perdus à Sainte-Marie et qu’on remplace par des sacs pris à l’ennemi : résultats, les porteurs blessés ou prisonniers seront massacrés par les Allemands. Cantonnement à Diespach. L’ennemi aurait évacué Schirmeck.

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17 août 1914

Diespach, repos, visite du champ de bataille du 14. Pluie continuelle. Répartition des nouveaux réservistes. Un piano déniché chez l’institutrice nous permet à Coussaud de Massignac et à moi de chanter, accompagnés par les troupiers qui re­prennent en chœur. Nous tenons le Donon. Matinée splendide.

18 août 1914

 Départ à une ou deux heures du ma­tin. Nuit noire, pluie. Arrêt interminable au bout d’une heure. Traversée à Rothau, Schirmeck où nous faisons face au nord. Depuis Saulcy-sur-Meurthe, beaucoup d’entre nous savent par un officier qui est "École des hautes études mi­litaires" que, masquant Molsheim et Strasbourg, toute l’armée fonce sur l’Alsace, puis sur Mayence et le flanc Sud de l’armée allemande de Belgique !

Carte_4_Temoignage_G

Café vers sept ou huit heures à Grandfontaine. Escalade du Donon qui est fortifié : au sommet le 21e Chasseurs. Je retrouve Zuber et Francillart. Grand’halte sur la pente nord. Longue marche par le vallon de Blancrupt et arrêt dans les bois de Turquestein au bord de la Sarre blanche.

Rassemblement. Les hommes sont éreintés, surtout les réservistes arrivés le 16. Canonnade violente au nord. Vers sept heures, ordre de cantonner à Turquestein même. Je suis de jour et pars. Il n’y a pas de village à l’endroit indi­qué !

J’ai du me tromper. Je cherche et finis par m’égarer complètement (je n’ai pas de carte). J’ai donné la mienne à P…, et n’en aurai une autre que le 19, pour la perdre le 21 ! J’arrive enfin à Lafrimbolle, très ennuyé. Je cherche le maire, réquisitionne un guide. À travers les bois, il me précède, la lanterne à la main.

Cette marche, en pays ennemi, perdu dans la forêt, der­rière un in­connu, est fort impressionnante. J’ai l’œil et l’oreille aux aguets. Derrière mon dos, je tiens mon revolver prêt. Mon guide, pourtant, est un vrai Lorrain, tout pareil à ceux de France et qui me dit détester les Allemands. Seulement, il me raconte que Turquestein « ce n’est rien ». Il n’y a que des ruines ! Et moi je pense qu’il ne com­prend pas. J’insiste, lui aussi.

À neuf heures, je crois, nous arrivons sur une route. Je désespère de trouver le village de Turquestein ! Et le régiment qui doit attendre. Misère de sort ! Avant tout, il faut le retrouver… Sur la route : des voitures ! Je cours, les jambes lasses, der­rière eux : c’est du 158 ! D’autres sont plus loin. Je cours tou­jours et, anéanti, à bout de souffle, grimpe sur l’une de ces voitures. C’est du 149 !

Après un instant, je vois des feux à ma gauche et y allant après, je trouve François et Menvielle. C’est le régiment ! Je m’excuse, dis m’être égaré, et Menvielle de répondre : « Ce n’est pas éton­nant, mon pauvre ami ! Turquestein n’existe pas ! l’état-major, à l’aveuglette, a donné des ordres d’après la carte, et Turquestein ce n’est qu’un nom et rien de plus ! Nous y sommes al­lés et le régiment après une heure et demie de marche vaine est re­venu ici ».

Je regarde autour de moi et,malgré l’obscurité, reconnais mon point de dé­part ! Mon guide m’avait mené, par les bois sur le chemin Donon – Turquestein et j’avais refait un peu du trajet de l’après-midi, dans le noir et sans m’en apercevoir.

Ce déplacement inutile du ré­giment (ou plutôt des 1er et 2e bataillons, car le 3e, dont Laure a pris le commandement, est vers Rothau et rejoindra le 19) a achevé l’épui­sement des hommes qui s’endorment — et moi aussi — la cuisine faite à moitié, sous des abris sommaires de sapin, insuffisants contre l’humi­dité (j’ai détaillé ce qui précède, n’ayant, je pense, pu le faire par lettre).

Carte_5_Temoignage_G

Legende_carte_5_temoignage_G

19 août 1914

Réveil de nuit, départ. Marche pas très longue, mais dure pour les hommes exté­nués. Chaleur vive.

À Vasperviller, j’apprends que nous allons donner. C’est fait d’ailleurs. Suivant la voie ferrée, les 1er et 2e bataillons se rassemblent pas loin de la gare durant un ins­tant. P…, détaché auprès du divisionnaire Lanquetot, m’apprend que « tout va bien ». L’armée occupe Sarrebourg. Nous sommes ré­serve générale de l’armée.

Bientôt, après installa­tion (deuxième rassemblement) au nord d’Abre­schwiller, derrière une crête, journée entière de re­pos. Cuisine de ma popote dans les premières maisons le soir.

Moral merveilleux. Pourtant le soir, le canon, très lointain, se rapproche. Des avions allemands survolent sans relâche. Bivouac sur place. Le 3e bataillon rejoint. J’apprends, par un journal allemand trouvé dans une maison, l’échec à Mulhouse.

20 août 1914

 La nuit a été froide. Le canon ap­proche de plus en plus et une vague inquiétude remplace notre sécurité triomphante. Des avions toujours. Dans l’après-midi (on a envoyé les hommes la­ver leur linge) il y aura un brusque départ pour prendre deux positions de rassemblement à proximité. Puis ce sera le départ vers la Valette et le bois de Voyer.

Journée passée en réserve générale d’armée der­rière la crête au nord d’Abreschwiller. La ligne de contact qui, la veille, était au-delà de Sarrebourg, venait insensiblement à nous. Dans l’après-midi, le régiment quitte tout à coup l’em­placement occupé depuis le 19 au matin (des corvées sont organisées pour faire laver le linge à la Sarre et les hommes sont rappelés en hâte, ils re­joignent en tordant leurs chemises).

Après avoir pris un peu à l’est du village diverses positions d’attente, j’assiste au repli des fractions de colo­niaux de la brigade de Lyon très éprouvées, j’ap­prends que le 158 était fortement engagé à droite vers le Soldatenthal. Je vois filer de ce côté le 1er bataillon du 149.

À la nuit, traversée de la crête et marche sur la Valette. Aucune anicroche. Au loin, Biberkirch flambe. Arrêt à la Valette où le 1er bataillon de chasseurs nous croise. Il paraît que nous al­lons le relever.

Nuit noire et entrée à tâtons dans le bois de Voyer. Ordre de garnir la lisière qui sera sûrement attaquée au jour. Déjà une compagnie est déployée, c‘est la 5e compagnie.

Je reconnais à sa droite l’emplacement de deux sections environ, et mène les hommes un à un. Je trébuche dans les ronces. Le reste est à qua­rante pas en arrière. Alerte vers dix heures. On me signale des ombres suspectes qui approchent.

J’ai défendu de tirer sans motif sérieux et j’at­tends aplati par terre, tâchant de distinguer un profil de casque à pointe. Il me semble que le premier bonhomme a une silhouette allemande et je vais lui brûler la cervelle à bout portant. Pourtant, par excès de précaution, je pousse à mi-voix un « Qui vive ! » bref, je constate que j’ai affaire à de malheureux chasseurs égarés et affolés.

Gabriel posant son sac sur ma jument « Égyptienne » a décroché mon tyrolien et nous dînons sans rien y voir, Dargne, lui, moi et le cuisinier Ferrier. Une bouteille de Moselle corse heureusement notre menu. Rien pour mes pauvres troupiers ! Les distributions se font à la Valette, à un kilomètre en arrière et il faut attendre la fin de la nuit, pour que la soupe soit prête.

Pendant ce temps, les Allemands dor­ment,sans doute le ventre plein grâce aux cui­sines roulantes étu­diées chez nous et adoptées chez eux !

Nuit très calme. Au début, les hommes, énervés par le quasi-contact avec l’en­nemi, bavardent et jacas­sent sans que les gradés puissent les faire taire. Ces gaillards-là se croient aux manœuvres et l’indiscipline, base du caractère français, se mani­feste par une belle in­souciance. C’est peut-être très joli à l’occasion, mais dans bien des cas la rigide discipline des Allemands serait préférable. Il faudra quelques le­çons sanglantes pour leur don­ner du sérieux. Je dois en gendarmer dans les broussailles, me re­levant plusieurs fois pour surveiller mes senti­nelles. Vers Biberkirch, on entend des roule­ments, des coups de trompe d’auto. Sûrement qu’il y aura du nouveau au petit jour.

Carte_6_Temoignage_G

À suivre…

Sources :

Témoignage inédit du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André.

La photographie représentant un groupe de soldats est antérieure à août 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau de Saint-André et à É. Mansuy.

25 octobre 2014

20 août 1914.

Photographie_de_groupe_1_annee_1909

Le régiment est mis en alerte à partir de 4 h 00. Il reste installé dans sa formation de bivouac à Abreschviller qu’il occupe depuis le 19. Le 149e R.I. doit se tenir prêt à partir au premier signal. Les hommes du colonel Menvielle sont maintenus sur leurs positions initiales jusqu’à 14 h 00.

Des batteries françaises sont disposées sur la crête nord d’Abreschviller. Un échange de tirs oppose les artilleurs français et allemands. Les compagnies du 2e bataillon du capitaine François reçoivent l’ordre de quitter leurs positions. Elles doivent se déplacer plus à l’est, à environ 400 m.

À 14 h 40, le reste du régiment reçoit l’ordre de prendre place sur les pentes qui se trouvent au sud de la cote 429. Le 3e bataillon du capitaine Laure se portera à l’est du 2e bataillon, le 1er bataillon du capitaine Lescure à l’est du 3e bataillon.

Dix minutes plus tard, il y a une modification de mouvement pour le 1er bataillon. Celui-ci doit se diriger sur Lettembach, un petit village situé à 1200 m au sud d’Abreschviller. Le capitaine Lescure envoie plusieurs reconnaissances. Celles-ci doivent découvrir des positions favorables à la troupe, face au nord et au débouché du ravin d’Ergenthal. Le capitaine Lescure laisse sa 4e compagnie au carrefour,à 800 m au nord-ouest de l’église d’Abreschviller. Cette compagnie a pour mission de soutenir l’artillerie.

Pendant ce temps-là, les 2e et 3e bataillons reçoivent l’ordre de se porter sur la crête située sur les pentes au sud de la cote 429. Ils devront surveiller le ravin de Wolfsthal. Le général commandant le 21e C.A. demande au 3e bataillon de se positionner sur la crête à l’ouest de la cote 429, près de la Valette.

Les hommes du capitaine Laure doivent remplacer le 31e B.C.P.. Les chasseurs du commandant Tabouis avancent en direction de Munichshof. Le 3e bataillon du 149e R.I. doit établir sa gauche à la lisière sud du bois de Voyer, face à l’est, pour empêcher l’ennemi de déboucher des couloirs versant de Munichshof et de la maison forestière de Freywal.

La 10e compagnie s’installe à la Valette, la 12e compagnie s’établit à la corne sud-ouest du bois de Voyer. Les 9e et 11e compagnies se mettent dans le ravin de Basse-Valette en deuxième ligne.

Carte_1_journee_du_20_aout_1914

Legende__carte_1_journee_du_20_aout_1914

Le général Pillot fait appeler le 1er bataillon du 149e R.I. à 17 h 30. Celui-ci doit soutenir le 2e bataillon du 158e R.I. qui est chargé d’effectuer une contre-attaque sur Eigenthal, par la vallée de Kysithal. Le 1er bataillon doit appuyer la droite de cette contre-attaque. Les 1ère, 2e et 3e compagnies s’installent à Soldatenthal.

À 18 h 20, les 2e et 3e bataillons reçoivent l’ordre du général Legrand-Girarde de venir relever les 1er et 10e B.C.P. sur leurs emplacements de premières lignes. Dix minutes plus tard, le 2e bataillon est rappelé de sa position de rassemblement à  la Valette.

À 18 h 45, le colonel Menvielle vient reconnaitre les emplacements que vont être occupés par le 2e bataillon. Ce bataillon, conduit par le colonel, arrive à la Valette à 19 h 30. La 5e compagnie prend position à l’ouest du chemin à un trait de la cote 409, la 6e compagnie place sa gauche à ce chemin, la 8e compagnie à droite de la 6e et la 7e en virage sur le chemin.

Le 3e bataillon laisse ses 10e et 12e compagnies sur leurs emplacements de la Valette et pousse les 9e et 11e compagnies à la droite du 2e bataillon. Le colonel Menvielle reste avec la C.H.R. qui s’est établi à la Valette.

Carte_2_journee_du_20_aout_1914

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Le poste de secours régimentaire s’est installé à Abreschviller. Vers 22 h 00, le village de Biberkirch, qui est occupé par les Allemands,est illuminé de feux. La liaison qui devait se réaliser avec le 31e B.C.P. ne peut pas se faire. Ce bataillon reste introuvable sur la droite.

Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

La photographie de groupe est extraite de l’album photo du régiment de l’année 1909.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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