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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 janvier 2015

Albert Dargent (1886-1914).

Albert_Dargent

Albert Dargent est né le 20 février 1886 dans la petite commune vosgienne de Bulgnéville. À sa naissance, son père Nicolas, un ancien militaire, est  âgé de 48 ans qui exerce la profession de percepteur ; sa mère, Angéline Bourgeois, est âgée de 29 ans.

La fratrie est composée d’Albert, d’un frère qui deviendra pharmacien et d’une sœur qui épousera un officier de réserve.

À 18 ans, il signe un contrat de 3 ans avec l’armée à la mairie d’Épinal. Ce jeune homme doit se rendre à la caserne Courcy pour intégrer le 149e R.I. après avoir apposé sa signature sur son acte d’engagement. Nous sommes au tout début du mois de mars de l’année 1904.

Le soldat Dargent devient caporal le 22 septembre de la même année. Il est, à ce moment-là, dans la 11e compagnie. Un an plus tard, il obtient ses galons de sergent. Le 17 avril 1906, il doit renouveler son contrat. Cette fois-ci c’est pour une durée de deux ans. Cet engagement prend effet à compter du 29 février 1907. Par la suite, il signe systématiquement pour des périodes beaucoup plus courtes, périodes qui correspondent à une année et où il se doit d’assumer son rôle de sous-officier.

Albert Dargent exerce les fonctions de sergent-fourrier à deux reprises. Une première fois du 1er février au 1er juin 1907, une seconde fois du 10 mai 1912 au 2 janvier 1913.

Tout au long de sa carrière de soldat, ce jeune homme est confronté régulièrement à l’autorité de ses supérieurs, par des manquements à la discipline. Souvent consigné au quartier, il se retrouve parfois aux arrêts simples, parfois à faire des séjours en salle de police. Et oui, la discipline c’est vraiment du sérieux !

1904 

1er Octobre 

15 jours de salle de police donnés par le colonel :

Motif : Malgré les ordres donnés et renouvelés, s’est désintéressé de l’état de son poste à l’arrivée et y a laissé faire des dégradations.

1905

9 Avril

4 jours de consigne au quartier donnés par le sergent de garde :

« Étant de semaine, est venu en retard répondre à l’appel des punis et sans savoir qu’il avait des punis à présenter.

15 mai

4 jours de consigne au quartier donnés par un sergent :

« N’a pas désigné d’homme de corvée, pour aller chercher le café des hommes de son escouade et par suite de retard apporté par ce fait, n’a pas fait préparer ses hommes pour le rassemblement de la compagnie. »

Le capitaine  transforme cette punition en 2 jours de salle de police.

16 décembre 

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« Malgré trois sonneries successives, n’a pas rassemblé à l’heure prescrite, une corvée qui lui avait été commandée la veille. Cette corvée est partie avec un retard de 25 minutes. »

1906

6 septembre

4 jours de salle de police donnés par un capitaine :

« S’est présenté à l’inspection de cet officier avec des vêtements qui n’avaient pas été brossés depuis le tir et s’est complètement désintéressé de sa section pendant tout l’après-midi. »

22 septembre

3 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant :

« Malgré une consigne écrite et affichée au poste, a  remis à un caporal, un homme puni de prison, sans l’autorisation de ses sous-officiers. Cet homme puni a manqué pendant une heure au peloton des punitions.»

Le lieutenant-colonel du régiment transforme cette punition en 4 jours de salle de police.

13 octobre

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« S’est désintéressé du rassemblement des réservistes devant partir à 11 h 20 et a obligé ce sous-officier à l’envoyer chercher. »

Le lieutenant-colonel du régiment transforme cette punition en 4 jours de salle de police.

1907

7 mai

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant de semaine :

« N’étant pas venu à la sonnerie de son grade, a obligé ce sous-officier à l’envoyer chercher et a répondu sur un ton élevé à l’observation qui lui était adressée à ce sujet. »

24 juin

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Il n’a pas assuré la communication des ordres à cet officier. »

1er août

4 jours de consigne au quartier donnés par l’adjudant-vaguemestre :

« Étant de jour, s’est complètement désintéressé du courrier de sa compagnie.»

3 septembre

4 jours de salle de police donnés par le sergent :

« Ne s’est pas assuré si les hommes de sa section avaient de l’eau dans leurs bidons, au départ du cantonnement. »

Même jour, 4 jours de salle de police supplémentaires donnés par le chef de bataillon.

« A déclaré à cet officier supérieur qu’il ne s’était pas occupé d’assurer que sa section avait réalisé l’exécution des ordres donnés pour la préparation du café. »

6 septembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine de la compagnie :

« N’a pas fait raser tous les hommes de sa section pour la revue du capitaine. »

9 novembre

4 jours de salle de police donnés par l’adjudant :

« Ayant reçu l’ordre pendant le défilé de suivre les sections correspondantes de la compagnie précédente, a  dit à haute voix et sur un ton arrogant, « On pourrait commander changement de direction, c’est épatant ça ! »

20 novembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine :

« Étant de semaine, n’a pas accompagné le sergent-major à l’appel du soir et s’est désintéressé du rassemblement de la compagnie le lendemain matin.

Punition réduite à trois jours par le même capitaine. »

1908

15 février

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Est arrivé en cours de mathématique avec 55 minutes de retard. »

2 septembre

4 jours de consigne au quartier donnés par le lieutenant :

« Commandait un détachement, est passé devant cet officier sans le saluer.»

1909

16 avril

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« A dépassé de 4 heures la rentrée des sous-officiers.»

1910

3 février

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

«  Étant malade à la chambre, est sorti en ville sans autorisation, pour se faire couper les cheveux. »

24 février

4 jours de salle de police donnés par l’adjudant :

« S’est complètement désintéressé de la propreté des chambres de sa section (effets en désordre sur les lits, locaux malpropres) et a manifesté de la mauvaise humeur. »

18 mars

4 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« Avant son départ pour Corcieux, a remis à son successeur un registre de tir mal tenu et non à jour. »

2 avril

4 jours de consigne au quartier donnés par le capitaine de tir :

« N’a pas accompagné au champ de tir la voiture transportant les cartouches et n’a pas rendu compte que la caisse  les contenant avait été cassée. »

16 octobre

2 jours de salle de police donnés par le chef de bataillon :

« Est sorti en ville sans arme après deux heures de l’après-midi. »

1911

20 mars

 2 jours de salle de police donnés par le capitaine :

« Ayant reçu l’ordre de prendre le sac pour exécuter un tir d’application dans la position couchée, avait mis sac au dos sans en boucler les bretelles. »

1912

30 septembre

2 jours de salle de police donnés par l’adjudant de bataillon, chef de groupe de service :

« Appelé à la salle de police comme agent de liaison de sa compagnie, a manqué de déférence à l’égard de l’adjudant de service pour une attitude négligée et des réponses faites avec une indifférence affectée. »

Cette punition est transformée en 6 jours de salle de police.

1913

26 février

2 jours de salle de police donnés par le chef de bataillon :

« N’a pas commandé le caporal faisant partie du cadre des exercices physiques des services auxiliaires malgré une note dictée à la compagnie. »

17 mai

1 jour de salle de police donnés par le par le chef de bataillon :

 « Négligence dans le port du sabre au défilé malgré des observations préalables.»

Début septembre 1913, il accède au grade d’aspirant. Il vient tout juste de réussir le concours d’entrée qui va lui permettre de suivre les cours de l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent. Il intègre la 34e  promotion de l’école qui porte le nom de promotion de la Mobilisation. 

Les punitions continuent de tomber….

4 décembre

4 jours de salle de police donnés par le capitaine : 

«Causait à très haute voix et sans nécessité aucune pendant la manœuvre.»

Le 30 décembre, cet officier reçoit une lettre du ministre de la guerre qui vient le féliciter pour le zèle et le dévouement dont il a fait preuve dans l’organisation et le fonctionnement des œuvres coopératives de la troupe.

1914

7 mars

12 jours de salle de police donnés par le capitaine : 

« Étant chef de chambrée, comme un de ses camarades lui faisait remarquer à haute voix qu’il manquait encore de la graisse d’armes dans la chambrée, a répondu à tue-tête et bien tu m’emm… !

Cette punition est augmentée de 3 jours par le lieutenant-colonel de l’école. »

3 juin

2 jours de salle de police donnés par le capitaine 

« A fait une réflexion déplacée à une question que lui posait le lieutenant instructeur au moment de la désignation de son cheval.»

Cette punition est augmentée de 4 jours par le lieutenant-colonel de l’école.»

Une fois sa formation d’officier achevée, Albert Dargent qui vient tout juste d’être promu sous-lieutenant doit retrouver son ancienne unité. Le 4 août 1914 au soir, il rejoint, avec plusieurs autres officiers, le cantonnement du 149e R.I. qui se trouve dans le secteur de Vanémont. Le lendemain, le colonel Menvielle lui donne l’ordre d’intégrer la 8e compagnie pour prendre le commandement d’une section. Cette compagnie se trouve à ce moment-là sous l’autorité du capitaine de Chomereau de Saint-André.

Le sous-lieutenant Dargent participe aux combats qui se déroulent près de Wisembach. Sa carrière d’officier sera très brève puisqu’il trouve la mort, le 21 août 1914 dans le secteur d’Abreschviller. Il est, dans un premier temps, inhumé près de Voyer à 600 m de la ferme de La Valette, dans une tombe collective, avec 21 soldats français et sept soldats allemands.

En octobre 1920, la famille est informée du transfert de son corps dans le cimetière militaire d’Abrechvillers. Sa sépulture individuelle porte le n° 293.

Le sous-lieutenant Dargent a obtenu la citation suivante :

Citation à l’ordre n° 44 de la X e armée du 11 janvier 1915 :

« A été tué le 21 août  à la tête de sa section qu’il entraînait au-devant d’une forte attaque ennemie débouchant à courte distance. »

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Albert Dargent provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue illustration.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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