L’A.L.G.P. à Harbonnières en septembre 1916
Les trois photographies présentées ici font partie d’un lot de documents longtemps préservé par la famille du capitaine Gabriel Gérard.
Ces épreuves, simplement légendés « A.L.G.P. Harbonnières – septembre 1916 » ont probablement été réalisées quelque temps avant le déclenchement de l’offensive française du 4 septembre 1916.
Les clichés montrent une ancienne pièce de côte d’origine « Marine », modèle 1870-1884, appartenant au 3e groupe de 32 cm, placée sur un des 4 épis d’Harbonnières.
Á cette période du conflit, ce groupe compte 4 pièces articulées en 2 batteries nommées « A » et « B » composées chacune de 2 pièces.
Durant la bataille de la Somme, les batteries concentrent souvent leur tir sur la même position. Les obus sont envoyés par salves de 4 coups.
Les pièces effectuent leurs tirs depuis des tronçons de voies ferrées disposés « en épi » de forme circulaire. Cette configuration géométrique permet le lancement d’obus dans un large champ de tir horizontal.
Les branches des épis sont équipées d'une plateforme de 37 m de long qui peut être déplacée au prix de manœuvres assez longues. Cette plateforme autorise le tir horizontal instantané dans la limite de 10° à 12°. Elle doit être déplacée pour élargir le champ de tir horizontal.
Les épis en tenailles d'Harbonnières (position n° 14) sont directement reliés à la voie ferrée Amiens-Chaulnes via Guillaucourt.
Ces pièces imposantes sont des objets de curiosité pour l’infanterie. Elles sont également évoquées dans le livre de Francis Barbe « Et le temps à nous est compté ».
Le 20 août 1916, Albert Marquand, caporal à la 10e compagnie du 149e R.I., écrit à sa mère : « Enfin, nous voici à H…. Il y a un trafic considérable, genre Verdun, mais encore plus grand. Il y a tous les régiments. Je viens de visiter une batterie (4 pièces) de 320 (obus de 400 kg). C’est monté sur rail. C’est formidable comme structure. »
Sources :
« Et le temps à nous est compté ». Lettres de guerre (1914-1919) d’Albert Marquand. Présenté par Francis Barbe, avec une postface du général André Bach. Éditions C’est-à-dire. 2011.
Les 3 photographies font partie du fonds « Gabriel Gérard ».
Un très grand merci à M. Bordes, à F. Barbe, à A. Carobbi et à G. François pour la partie technique concernant les pièces de 32 cm.