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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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17 juin 2015

17 juin 1915, une bien tragique journée pour la famille Delort !

Jean_et_Joseph_Delort

C’était il y a tout juste 100 ans…

Le 3e bataillon du 149e R.I. est engagé dans des attaques successives qui se déroulent, depuis la veille, dans le secteur de Noulette. Elles ont pour but  de prendre le fond de Buval aux Allemands.

Ces offensives sont réalisées en lien avec les deux autres bataillons du régiment, épaulées par quelques compagnies du 158e R.I. et un bataillon du 109e R.I..

Celles-ci sont toutes des échecs. Hélas pour les hommes, les pertes sont importantes.

L’officier supérieur de la Forest-Divonne, responsable du 3e bataillon, est blessé le 16 juin. Le commandement des  quatre compagnies de cette unité ne peut pas rester vacant, il est aussitôt attribué au capitaine Girard qui en assure « l’intérim ».

Le 17 juin 1915, les vagues d’assauts se préparent pour de nouvelles attaques. Elles vont encore laisser sur le terrain un nombre important d’officiers et de fantassins...

Parmi les victimes, un drame familial, peut-être encore plus poignant que les autres, vient de se dérouler.

Deux jeunes frères, âgés de 23 et 25 ans trouvent la mort au cours de cette journée.

À partir des quelques éléments trouvés sur leurs fiches signalétique et des services, essayons de faire émerger du « grand livre de l’oubli » une petite partie de la courte existence de ces deux soldats.

Joseph, l’aîné, est un niçois qui est né le 21 décembre 1893. Il est le fils d’Achille Lucien et de Marie Madeleine Gastaud. Avant la guerre il travaille comme employé de bureau.

Inscrit sous le n° 177 de la liste du canton de Nice ouest, le jeune homme est ajourné pour faiblesse cardiaque. Il se retrouve classé dans la 5e partie de la liste de l’année 1913. Le 10 novembre 1914, quelques mois après la déclaration de guerre contre l’Allemagne, il doit de nouveau se présenter devant le conseil de révision qui, cette fois-ci, le déclare bon pour le service armé.

Joseph est incorporé au 58e R.I. d’Avignon à compter du 17 décembre 1914. Il passe au 149e R.I. le 24 mai 1915.

Joseph_Delort

Jean Guillaume, le benjamin, est né le 1er janvier 1895.  Avant d’être mobilisé, il exerce la profession d’employé de commerce. Il est inscrit sous le n° 196 de la liste du canton de Nice-ouest. Jeune conscrit de la classe 1915, il doit, pour cause de guerre, se présenter devant le conseil de révision avant d’avoir l’âge réel d’incorporation. Les médecins ne lui trouvent rien de particulier qui pourrait l’empêcher d’être mobilisé. Jean est classé dans la 1ère partie de la liste en 1914.

Le jeune homme doit rejoindre le 58e R.I.. Le 17 décembre 1914, il se rend à Avignon en même temps que son frère avant d’être muté au 149e R.I. le 8 juin 1915.

Joseph et Jean sont restés célibataires.

Ces deux niçois sont arrivés quelques jours avant leurs disparitions à la 12e compagnie du 149e R.I..

Ils  n’ont donc pas vraiment eu le temps de tisser des liens d’amitié très forts avec les autres hommes de leur compagnie. Ont-ils été affectés à la même escouade ? Étaient-ils ensemble au dépôt ?

Nous pouvons aisément nous imaginer le sentiment de réconfort et de sécurité qu’ils ont dû éprouver l’un pour l’autre en se retrouvant tous les deux dans la même compagnie alors qu’ils ne connaissaient personne.

Au moment des attaques, Joseph et Jean ont-ils eu le temps d’échanger quelques mots avant de franchir le parapet ? Se sont-ils donné l’accolade fraternelle avant de rencontrer la « grande faucheuse » ? Ces questions resteront certainement, à jamais, sans réponses.

Quelle inquiétude pour la famille lorsque, tout d’un coup, celle-ci ne va plus recevoir de nouvelles de Joseph et de Jean ! Cela, jusqu’au moment où elle va apprendre, le même jour, la mort de l’aîné et la disparition du benjamin.

Imaginons un seul instant la « double peine », le « double chagrin », la « double souffrance » ressentis par leur mère !

Une annonce publiée dans la revue « le tir national organe officiel de l’union des sociétés de tir de France » datant du 15 juillet 1916 nous apprend que Joseph était un excellent tireur. Une petite précision est également apportée concernant les circonstances des derniers instants de vie de son frère Jean. Celui-ci aurait été blessé le 16 juin 1915.

Cette dernière information nous montre à quel point se lancer dans un travail d’imagination de ce qu’on pu être les derniers moments de ces frères est aléatoire, voire impossible, faute de témoignages et même faute d’informations précises. Seule certitude, il n’y a pas de sépultures connues pour ces deux hommes. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils reposent dans l’un des ossuaires qui se trouvent dans le cimetière national français de Notre-Dame-de-Lorette.

Sources :

Les fiches signalétiques et des services de Jean et de Joseph Delort ont été consultées sur le site des archives départementales des Alpes-Maritimes.

La photographie du monument aux morts de Nice provient de l’encyclopédie « Wikipédia ».

Le portrait du soldat Joseph Delort a été trouvé sur le site web des archives municipales de Nice  « centenaire de la première guerre mondiale à Nice. »

Pour en savoir plus sur la journée du 17 juin 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_journ_e_du_17_juin_1915

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet et à la ville de Nice.

 

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