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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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la somme (de septembre a decembre 1916)
30 septembre 2022

18 septembre 1916

Journee du 18 septembre 1916

 

Une grosse partie de la 43e D.I. s’apprête à quitter la ligne de front après plusieurs jours de combat. Le 1er bataillon du 149e R.I. est envoyé à Framerville.

 

De nombreux Allemands se rendent au 10e B.C.P. et au bataillon du 17e R.I. dans le secteur de la 85e brigade. Plusieurs patrouilles des 21e et 109e R.I. (13e D.I.) fouillent le bois de Déniécourt. Ce dernier étant vidé de tout ennemi, elles poursuivent leur investigation jusqu’aux bois de Bovent, du Tremble et des Templiers. Des éléments de la 85e brigade ont reçu l’ordre de se joindre à ce mouvement.

 

Plusieurs soldats du 2e bataillon du 149e R.I. progressent par le boyau du Valet et la tranchée Colombine. Au point 92, ils se heurtent à un poste allemand de grenadiers et de mitrailleuses. Ils sont obligés de faire demi-tour.

 

Le 3e bataillon du 158e R.I., sous les ordres du commandant Fernagu, est mis à la disposition de la 85e brigade. Il relève le bataillon du 17e R.I.. Les deux autres bataillons de ce régiment sont relevés par le 409e R.I. (120e D.I.).

 

Le 10e B.C.P. et les trois compagnies du 3e B.C.P. se retirent de leur position sans être remplacés.

 

Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. sont maintenus sur  la ligne de front.

 

Carte journée du 18 septembre 1916

 

 

Le Lieutenant-colonel Pineau prend officiellement le commandement du 149e R.I. le 18 septembre. Un commandant de bataillon assurait les fonctions de chef de corps par intérim depuis le 6 septembre 1916, suite à la capture du lieutenant-colonel Gothié.

 

                                         Tableau des tués pour la journée du 18 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

 

J.M.O. de la 120e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  419/3.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/13.

 

J.M.O. du 409e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 768/11.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Témoignage inédit de l’aumônier Henry.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, J.L. Poisot, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

16 septembre 2022

17 septembre 1916

17 septembre 1916 - P

 

Dans la nuit du 16 au 17 septembre, le 1er B.C.P. quitte Framerville. Rattaché à la 85e brigade, il doit relever une partie du 10e B.C.P. en 1ère ligne.

 

Une fois sur place, il établit sa liaison avec des éléments de la 13e D.I. à sa gauche. À sa droite, il se relie à deux compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. qui occupent la zone reliant le point 651g aux abords de la ferme sans Nom.

 

La dernière compagnie de ce bataillon est installée au moulin détruit. Le 3e bataillon du 149e R.I. est positionné juste en arrière. Le 1er bataillon du régiment occupe le village de Soyécourt. Son départ pour Framerville a été retardé.

 

Le 10e B.C.P. a du légèrement modifier sa trajectoire de front juste après l’arrivée du 1er B.C.P.. Il gère toute la ligne de flanc faisant jonction avec la 13e D.I..

 

La 85e brigade est prête à repartir à l’attaque malgré l’épuisement de ses troupes.

 

Troupes engagées et objectifs

 

Deux compagnies et une compagnie de mitrailleuses du 3e B.C.P., les 1er et 10e B.C.P et les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. se tiennent prêts à franchir le parapet au moment venu.

 

Un bataillon du 17e R.I., trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses du 3e B.C.P. constituent la réserve de la 85e brigade.

 

Ces unités doivent atteindre la ligne 90 au sud du parc de Déniecourt et rejoindre les points 616c et 651i, avant de se lancer à l’attaque de la tranchée Colombine et du bois Vasset. Le 149e R.I. a pour objectif la tranchée 651i - 4200.

 

Carte 1 journee du 17 septembre 1916

 

Offensive du 17 septembre 1916

 

L’attaque est déclenchée à 14 h 30. Elle progresse sans rencontrer de résistance. C’est un succès total sur toute la ligne de front. Les pertes sont minimes. Pour le 149e R.I., il n’y a qu’un tué à déplorer.

 

Vu la violence extrême des bombardements effectués par l’artillerie française durant les jours précédents l’attaque, il est tout à fait probable que l’infanterie ennemie ait choisi d’évacuer la plus grosse partie de ses troupes de la tranchée convoitée pour mieux se renforcer vers l’arrière.

 

En fin de journée, le 149e R.I. réussit à installer un barrage dans le boyau du Valet à 150 m à l’est de 651i. Il occupe également l’intégralité de la tranchée 651i -batterie 4200. Le 3e B.C.P. tient la tranchée à gauche de 4200 et le 1er B.C.P. s’organise sur le point 90. Le 10e B.C.P. s’est positionné à la lisière du parc. Il a pu établir un poste avancé dans la tranchée du Pierrot.

 

À droite, le village de Vermandovillers est occupé par les troupes françaises. À gauche, la 13e D.I. a atteint tous ses objectifs.

 

Durant la nuit, les Allemands restés encerclés dans le parc lancent plusieurs contre-attaques à la grenade sans succès.

 

Le bataillon du 17e R.I., réserve de brigade, relève 3 compagnies et 1 compagnie de mitrailleuses du 10e B.C.P..

 

                               Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 17 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

J.M.O. du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  588/2.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

26 août 2022

Témoignage de Paul Portier : du bois Étoilé à Soyécourt

Deux du 149e R

 

Dans son témoignage rédigé après le conflit 1914-1918, le soldat Paul Portier, de la 1ère compagnie de mitrailleuse du 149e R.I., se souvient de son arrivée dans la Somme. Sa compagnie prend position dans le bois Étoilé en attendant son engagement dans la bataille.

 

Bois Étoilé

 

« Nous venons de quitter la Champagne, où nous avons eu la chance de passer quelque temps dans le calme.

 

Après un voyage comme beaucoup d’autres, sans confort et d’une lenteur désespérante, nous débarquons le 13 août à 9 h 00, à Crèvecœur-le-Grand dans l’Oise, pour prendre la route et nous rendre au Saulchoy où nous cantonnons.

 

Notre séjour ici ne paraît pas devoir durer très longtemps. Nous nous trouvons à l’arrière du front de la Somme. Certainement que nous allons être bientôt engagés dans la bataille, dans un délai relativement court.

 

Le 18 août, en effet, nous quittons Le Saulchoy à 2 h 45 pour embarquer en automobiles à 7 h 30 à la sortie ouest de Francastel. Le débarquement s’effectue à 11 h 30 à Harbonnières, où nous restons une partie de la journée.

 

Le soir, déjà tard dans la nuit, nous relevons, dans les positions du bois Étoilé, les mitrailleurs du 233e R.I.. La relève est faite dans le calme. Le secteur est peu agité, bien qu’à sa gauche, sur Péronne, règne une vive activité des artilleries.

 

Le 19, la journée est assez calme, mais toujours à notre gauche, l’artillerie demeure active.

 

Depuis notre arrivée ici, j’assure la liaison. C’est un dur métier, surtout dans un secteur dont nous ignorons encore tout.

 

Le 21, je descends chercher la relève du 166e R.I. à l’entrée du boyau Collet à Herville. L’artillerie allemande se réveille un peu et arrose nos boyaux de communication. Néanmoins, la relève s’effectue bien et nous descendons à Harbonnières où nous cantonnons la journée du 22.

 

Le 23 à 5 h 40, nous faisons mouvement sur Guillaucourt.

 

Dès notre arrivée, les Allemands envoient quelques obus dans les environs de la gare, sans d’ailleurs occasionner de pertes ni dégâts.

 

Le 24, à 16 h 00, nouveaux bombardements, sans plus de mal que la veille.

 

Le 26, à 16 h 00, nous nous mettons en route pour monter en ligne près du village de Soyécourt où nous devons relever, à la tranchée du Seigneur, la 3e C.M. du 149e R.I..

 

Nous passons par Harbonnières, Framerville, le ravin de Rainecourt, le ravin d’Herleville, le boyau C6 et la tranchée des Abris. Nous parvenons à la tranchée du Seigneur, laquelle est située au nord du village de Soyécourt. Notre artillerie est très active et les Allemands ripostent assez vivement sur nos tranchées.

 

La journée du 27 est relativement calme.

 

Le 28, de 6 h 00 à 10 h 00, notre artillerie effectue sur les positions adverses un tir assez violent dans tout le secteur. L’artillerie de tranchée s’en mêle aussi et bientôt la riposte arrive dans toute sa brutalité. Nos tranchées sont violemment prises à partie.

 

Le 29 août, la même activité continue. La 2e compagnie de mitrailleurs du lieutenant Auvert nous relève dans la nuit. Nous descendons cantonner dans les bivouacs, près d’Ignaucourt, où nous arrivons le 30 à 5 h 00. La relève est très pénible, il pleut.

 

Soyécourt

 

Ruines eglise de Soyecourt

 

Les évènements  vont se précipiter maintenant. Le secteur est en pleine activité et comme toujours, pendant ces périodes, les bruits les plus fantaisistes circulent. « Les tuyaux de la roulante », comme il est d’usage de les appeler, sont à l’ordre du jour.

 

Il est bien évident que nous ne sommes pas là pour enfiler des perles et l’exercice, que nous exécutons le 2 septembre dans une formation précise, n’est pas autre chose qu’une répétition générale. D’ailleurs, nous savons maintenant que notre mission sera d’enlever le village de Soyécourt et de progresser en avant, en direction d’Ablaincourt.

 

Le 3 septembre, à 6 h 30, nous faisons mouvement et campons dans le ravin de Guillaucourt où nous demeurons jusqu’à 17 h 00. Nous reprenons notre marche ensuite et parvenons près des premières lignes le 4, seulement à 1 h 00. Nous restons en attente dans les abris du bois Keman.

 

À 3 h 00, nous nous portons à la parallèle IV, d’où nous devons partir à l’assaut de Soyécourt à l’heure H que nous ne connaissons pas encore.

 

Notre artillerie est très active et l’ampleur du bombardement s’augmente au fur et à mesure que nous approchons du moment décisif.

 

À 13 h 40, on nous communique : H égale 14 h 00.

 

Nous nous plaçons de suite dans la formation prévue, entre la 9e compagnie et la 1ère (capitaine Canon).

 

Les réactions de l’artillerie allemande sont faibles et tout semble militer en faveur d’une action heureuse.

 

À 14 h 00, l’attaque se déclenche dans le calme. Notre artillerie allonge progressivement son tir.

 

Les premières vagues d’assaut avancent dans le village après avoir enlevé la 1ère ligne allemande qui est terriblement bouleversée. De nombreux prisonniers sont faits dans les abris, surpris par la soudaineté de notre avance.

 

Cependant, les Boches des lignes de soutien commencent à diriger sur nous une vive fusillade qui augmente encore aux abords du château. Des mitrailleuses nous fauchent de tous côtés, mais rien ne nous arrête. Nous progressons toujours. Nous passons les dernières maisons ou plutôt les ruines de Soyécourt vers 14 h 30.

 

Nous sommes maintenant en plein terrain découvert, par conséquent plus vulnérables encore et la fusillade continue, aussi violente. Nous subissons des pertes, mais nous avançons toujours en direction d’Ablaincourt.

 

À 15 h 00, nous nous trouvons à hauteur du boyau de la Reine que nous empruntons jusqu’au moulin détruit où nous nous organisons. Nous mettons nos deux pièces en batterie.

 

La progression sous les ailes tant sur notre gauche (Deniécourt) que sur notre droite (Vermandovillers) paraît arrêtée.

 

La situation est un peu confuse et nous ne savons pas si des éléments de chez nous sont en avant. Nous cherchons la liaison à droite et à gauche, de façon à pouvoir nous organiser avant la tombée de la nuit.

 

Je pars en reconnaissance en avant du moulin détruit. J’emprunte le boyau valet jusqu’à une première tranchée, mais là, j’hésite à m’aventurer trop loin, de peur d’être coupé. Vivement, je file jusqu’à un pare-éclats pour jeter un coup d’œil et tombe, nez à nez, avec cinq ou six grenadiers allemands.

 

Ma surprise est vive. Machinalement, et sans viser, je tire un coup de révolver. Je ne cherche pas à connaître le résultat, car je n’ai plus rien à faire ici, sinon me faire tuer inutilement. Il me faut donner l’alarme et avertir que les Boches occupent les tranchées et que les grenadiers s’avancent par le boyau.

 

Rapidement, je suis revenu auprès de la section et l’alerte est donnée.

 

Le 31e B.C.P., qui se trouve en liaison immédiate avec nous, à notre gauche, détache quelques grenadiers qui repoussent les grenadiers allemands. Quelques instants après, les Boches tentent encore un mouvement et progressent légèrement dans le boyau. Nos pièces semblent à ce moment menacées. Aussi, nous portons-nous plus à droite, dans une tranchée située entre le moulin et la ferme sans Nom.

 

Avant la tombée de la nuit, les chasseurs ont organisé un barrage dans le boyau et nous sommes maître de la situation.

 

À 17 h 00, je me rends à Soyécourt, pour y chercher le ravitaillement de ma section. Le boyau qui y conduit, ainsi que le village, sont très vivement bombardés par l’artillerie allemande. Tard dans la soirée, il pleut et nous avons de sérieuses difficultés de circulation. La liaison est très malaisée.

 

Enfin, dans la nuit, je trouve la corvée de ravitaillement, mais étant donné la violence du bombardement, nous demeurons immobilisés dans les abris, près de Soyécourt que nous ne quittons que le 5 à 10 h 00. Le marmitage des boyaux devient de plus en plus intense et nous nous demandons anxieusement si nous pourrons passer !

 

Nous filons le plus vite possible. Nous avons à peine dépassé le château que nous sommes pris sous une rafale de 105 fusants qui nous massacre (1 tué et 3 blessés). La corvée est anéantie. Je reste seul avec trois blessés qu’il faut évacuer.

 

Finalement, je n’arrive en ligne que le 6 à 5 h 00.

 

La matinée est relativement calme. Vers 15 h 00, notre artillerie effectue une vive préparation et à 16 h 00, une attaque se déclenche à notre gauche (Deniécourt) et à notre droite (Vermandovillers), dans le but de rectifier notre front et de supprimer les positions en flèche.

 

Les résultats obtenus sont minimes et les Boches, à la suite de ces attaques, redoublent la violence de leur bombardement sur nos lignes. Enfin, à la nuit le calme renaît.

 

Le 7, les Allemands lancent, à la tombée de la nuit, une attaque à notre gauche (parc du château de Deniécourt), mais ils se heurtent à nos barrages d’artillerie ou de mitrailleuses.

 

Les jours suivants, nous sommes soumis à un tir d’enfilade très pénible qui nous cause des pertes assez sérieuses. Les nuits sont essentiellement plus calmes et nous pouvons prendre un peu de repos.

 

Le 13, à 20 h 45, après une courte préparation à la torpille, les Boches attaquent à notre droite sur le 17e R.I. (13e D.I.)  et réussissent à prendre pied dans une sape et une partie du boyau du Prunier. À notre demande par fusée, notre artillerie déclenche un violent tir de barrage qui entraîne une riposte de l’artillerie allemande.

 

Le repli du 17e R.I. nous place dans une position en flèche et nous devons nous méfier d’un mouvement de l’ennemi cherchant à nous déborder.

 

Le lendemain, à 3 h 00, le 17e R.I. contre-attaque à la grenade et réussit à reprendre le terrain perdu la veille.

 

Les journées du 15 et 16 septembre sont assez calmes. Les Boches ne tentent aucune action. Cependant, pendant la journée du 16, au cours d’un violent bombardement de notre artillerie, 16 Allemands du 38e I.R., viennent se rendre à notre 9e compagnie.

 

Pour en apprendre plus sur les journées des 15 et 16 septembre, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Prisonniers faits par la 9e compagnie le 16 septembre 1916

 

Je descends à Soyécourt à la tombée de la nuit, chercher la relève de la 2e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. Nous sommes relevés le 17, à 2 h 00. Nous descendons en réserve à Framerville.

 

Nous avons besoin de repos. La période du 4 au 16 septembre a été particulièrement difficile et nous avons dû vivre dans des conditions déplorables. Après les durs moments de l’attaque, il a fallu organiser le terrain, repousser les attaques, demeurer sans sommeil et résister moralement comme physiquement.

 

Le commandant Magagnosc, qui commande le 1er bataillon du 149e R.I., ne nous ménage pas ses félicitations et par la voix du rapport, les concrétise ainsi :

 

« Vous venez d’écrire une belle page d’histoire de France qui fera l’étonnement, plus tard encore de vos arrières petits-neveux.

 

Le 4 septembre, vous avez ajouté un nouveau fleuron à l’armorial du 149e R.I.. En quelques minutes, vous avez fait un bond de 2000 mètres, et, les jours suivants, avec une ténacité héroïque, vous avez conservé, organisé et consolidé le terrain conquis.

 

Quand on a eu l’honneur de vous commander, quand on vous a vu en de tels moments, irrésistibles dans l’attaque, ardents et opiniâtres dans la défense, on garde, au fond du cœur, une vision ineffaçable de gloire et d’espérance dans la victoire prochaine. Mais hélas ! ces succès, nous ne devons pas oublier que nous les avons payés de la perte de nombreux morts et blessés dont les noms sont présents à la mémoire de tous. Saluons-les et ne songeons qu’à les venger. »

 

Sources :

 

Témoignage inédit de Paul Portier

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à la mairie de Vienne, sans qui l’auteur de ce témoignage n’aurait jamais pu être identifié.

19 août 2022

Du 9 au 16 septembre 1916

Le barrage de sacs a la ferme sans Nom

 

Le 149e R.I. a attaqué et progressé autour du village de Soyécourt du 4 au 6 septembre. Il doit maintenant tenir et organiser le terrain conquis.

 

9 septembre 1916

 

Les travaux commencés les jours précédents se poursuivent. La troupe s’organise sur une 1ère ligne active doublée d’une ligne de soutien. Il faut aussi assurer les communications par boyaux entre le point 3042 et la ferme sans Nom, entre le boyau de Dauphin et le bois Siegfried, sans oublier l’ancienne ligne française et le boyau du Dauphin par 3510, 3809 et 3707. Des lignes téléphoniques enterrées sont également installées. Elles permettent la liaison entre la brigade et les différents corps. De nouveaux postes de commandement sont créés.

 

10 septembre 1916

 

L’artillerie allemande reste très active. Le 2e bataillon du 149e R.I. quitte la 1ère ligne pour aller cantonner à Framerville en fin de journée.

 

11 septembre 1916

 

L’artillerie allemande est toujours en action.

 

12 septembre 1916

 

Les bombardements se poursuivent. La limite séparant la 13e D.I. et la 43e D.I. est modifiée au cours de la journée.

 

13 septembre 1916

 

Il se produit le bombardement habituel. La 86e brigade étend sa ligne de front sur la gauche. Une partie du 2e bataillon du 17e R.I. remplace les éléments du 149e R.I. à la ferme sans Nom.

 

Soyecourt - la ferme sans Nom

 

À 20 h 45, les Allemands attaquent le 17e R.I. à la droite du 149e R.I. après une courte préparation à la torpille. Ils réussissent à prendre pied dans une sape et une partie du boyau du Prunier. Les Français envoient une fusée pour demander l’appui de l’artillerie. Les artilleurs déclenchent un violent tir de barrage qui entraîne la riposte allemande.

 

Le 17e R.I. se replie. Il laisse le 149e R.I. en position de flèche. La vigilance s’impose. Il faut surveiller les éventuels mouvements ennemis pouvant provoquer un débordement.

 

14 septembre 1916

 

Le 17e R.I. contre-attaque à la grenade vers 2 h 00. Il reprend le terrain perdu la veille.

 

15 septembre 1916

 

L’infanterie reste passive sur l’ensemble de la ligne de front. Les tirs des deux artilleries continuent à être particulièrement violents. Le 31e B.C.P. relève le 2e bataillon du 17e R.I. dans la nuit du 15 au 16. 

 

16 septembre 1916

 

Prisonniers faits par la 9e compagnie le 16 septembre 1916

 

Les tirs de destruction se poursuivent. Au cours de l’un d’entre eux, seize soldats allemands du 38e I.R., se rendent à la 9e compagnie du 149e R.I..

 

Le 2e bataillon du 149e R.I. relève le 1er bataillon. Ce dernier s'apprête à prendre la direction de Framerville.

 

Carte 1 journee du 16 septembre 1916

 

                      Tableau des tués du 149e R.I. pour les journées allant du 9 au 16 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/3.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 826/27.

 

J.M.O du 17e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 588/2.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le groupe d’hommes représenté sur le premier cliché appartient bien au 149e R.I..  Au verso, il est daté du 6 septembre 1916 et localisé dans le secteur le plus actif du régiment pour ce jour-là. Cette légende soulève un problème : ces soldats semblent bien tranquilles en prenant la « pose photo »  dans une zone où les combats sont encore très virulents à la date indiquée. Est-ce une erreur dans la légende ? Le cliché a-t-il été pris un peu en arrière de la zone de front la plus active ? Les hommes sont équipés, mais on ne voit pas leurs armes. L'un d'entre eux semble avoir la tête au-dessus du mur de sacs, ce qui laisse imaginer un secteur plus retiré et moins dangereux. 

 

La seconde photographie est légendée : « prisonniers boches faits par la 9e compagnie le 16 septembre 1916 à 651g ». Le J.M.O. de la 85e brigade indique que cet évènement s‘est déroulé à la 3e compagnie. Le témoignage de Paul Portier cite la 9e compagnie.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

12 août 2022

L'attaque de Soyécourt du 4 septembre 1916 vue par un musicien-brancardier du 149e R.I.

Louis Cretin- la Somme

 

Louis Cretin, soldat musicien-brancardier au 149e R.I., évoque son arrivée dans le département de la Somme. Le secteur occupé à l’arrière n’est pas de tout repos. Il est régulièrement bombardé par l’artillerie et l’aviation ennemies. Le 4 septembre, le régiment de Louis Crétin attaque le village de Soyécourt. Il participe à l’évacuation des blessés.

 

Le 11 août 1916, nous faisons les préparatifs de départ pour la Somme. Depuis notre relève de Verdun, la musique n’a plus connu de dangers. Nous avons passé de bons moments.

 

Le 12 août, le régiment reposé et reformé au complet embarque à Coolus près de Châlons. Nous passons par Épernay, Meaux, les banlieues est et nord de Paris, Clermont, Beauvais et Saint-Omer. Le débarquement se fait le matin du 13 à Crèvecœur. Nous cantonnons au Saulchoy, où nous demeurons jusqu’au 20 août.

 

Ce jour-là, de bon matin, des camions-automobiles nous amènent pour nous débarquer dans l’après-midi sur un terrain vague aux environs d’Harbonnières. La canonnade est violente et nous rappelle celle de Verdun. La seule différence, c’est que c’est nous qui attaquons. La supériorité en artillerie lourde est de notre côté.

 

Arrivee a Harbonnieres

 

Le cantonnement se fait à Harbonnières du  20 au 24 août qui est journellement bombardé. Du 24 août au 3 septembre, nous allons à Guillaucourt, un village voisin où nous sommes marmités à tout instant par les obus et les avions. Notamment le 28 août, où des escadrilles allemandes déversent des bombes sur le patelin…

 

Beaucoup de dégâts, mais heureusement, peu de victimes. Le bombardement par avion est plus démoralisant que par obus. Un tir d’artillerie peut-être étudié et l’on agit en conséquence. Pour les avions, les bombes tombent au hasard et il est presque impossible de s’en préserver efficacement.

 

Les concerts que l’on fit dans ce pays avant de monter en ligne furent souvent interrompus par la faute des bombardements. Pourtant, nous étions bien à 8 ou 10 km des lignes. Un bataillon du régiment se trouve depuis 8 jours en réserve à Foucaucourt.

 

Le 3 septembre, l’ordre arrive à tout le régiment de monter en ligne. Nous prenons les boyaux au ravin de la Baraquette, et toute la nuit, nous marchons. Nous nous égarons à plusieurs reprises. Cette relève devenait fatigante.

 

Au matin, nous arrivons enfin en première ligne où nous installons le poste de secours dans une ancienne « cagna » allemande. Notre artillerie tire sans discontinuer, avec une telle violence que cela paraît un roulement de tambour.

 

Soyecourt

 

Le 4, le tir atteint un degré d’intensité impossible à décrire. Nous sentons que l’attaque est proche. Elle se déclenche à 13 h 00. Nos vagues d’assaut enlèvent plusieurs lignes de tranchées. Le village de Soyécourt est pris et la troupe progresse au-delà. Les pertes sont faibles au départ.

 

Néanmoins, nous avons beaucoup de travail ; il y a au moins 4 km de boyaux que nous faisons pour évacuer nos blessés jusqu’à Foucaucourt. De plus, la boue est là.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Secteur du 149e R

 

Le 5 septembre, nous relevons surtout des blessés allemands qui sont trouvés dans les ruines du village de Soyécourt. Ce village est rasé complètement. Le terrain est retourné comme après le passage de la charrue. L’artillerie allemande réagit vigoureusement après l’attaque. Nos blessés deviennent plus nombreux.

 

Ce matin-là du 5, le régiment a appris une nouvelle presque invraisemblable. Notre colonel, son officier adjoint, son ordonnance et sa liaison sont faits prisonniers. Après avoir franchi nos premières lignes, ils étaient partis reconnaître le terrain nouvellement conquis.

 

Le 7 septembre, je vais à Framerville pour aider nos cuisiniers. Je recommence le même boulot qu’à Verdun. Seulement, nous y arrivons beaucoup plus facilement.

 

Le gros ennui pour faire la cuisine était que nous étions obligés de chercher du bois sec. Comme il pleuvait souvent, nous visitions les décombres dans le pays. C’est ainsi qu’un jour, j’eus la chance de trouver une église démolie… Un confessionnal… Nous le rapportons et pendant plusieurs jours nous avons pu avoir de quoi faire la croûte. Il flambait rudement bien ce meuble liturgique, imprégné qu’il était du parfum et de l’essence de toutes les fautes avouées qu’il avait entendues… Nous étions marmités presque autant qu’en ligne.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de Louis Cretin.

 

La photographie présente sur le montage est légendée « le chemin creux de Soyécourt – 3 septembre 1916 ».

Tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet qui m’ont autorisé à retranscrire sur ce blog le passage suivant du témoignage de Louis Cretin.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et à A. Chaupin.

5 août 2022

Louis Joseph Marcel Jolibois (1896-1916)

Louis Joseph Marcel Jolibois

 

Louis Joseph Marcel Beurier voit le jour le 7 mai 1896, à Mamirolle, dans le département du Doubs. Sa mère, Emma Maria, cultivatrice, est âgée de 22 ans lorsqu’elle lui donne la vie. Elle est mère célibataire.

 

Deux actes de naissance sont enregistrés à la mairie de Mamirolle à la date du 8 mai. Le premier porte les signatures de la sage-femme Céline Bonjour et des deux témoins, Jules Beurier et Delphin Mercier. Le second est signé par la mère et par les mêmes témoins.

 

Emma Maria Beurier se marie le 30 septembre 1896. Maximun Joseph Jolibois, son époux, reconnaît être le père du petit Louis.

 

Mamirolle

 

Louis Jolibois est l’aîné d’une fratrie composée de 5 garçons. Ses frères cadets, Léon Paul Joseph et Marcel Jules Alphonse, naissent en 1897 et 1902. Les jumeaux, Gaston Philippe et Camille Placide venus au monde huit ans plus tard, décèdent prématurément.

 

Genealogie famille Jolibois

 

La fiche matricule de Louis Jolibois indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il rejoint le monde du travail.

 

Louis gagne sa vie comme cultivateur en attendant son départ pour le régiment.

 

Futur soldat de la classe 1916, il est inscrit sous le n° 103 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision du canton de Besançon Sud. En bonne condition physique, il est déclaré « apte aux obligations militaires » par les instances de décision.

 

Sa classe est appelée par anticipation pour raison de guerre. Le 9 avril 1915, le jeune conscrit Jolibois est incorporé au 21e R.I., une unité qui tient garnison à Langres, dans le département de la Haute-Marne.

 

À la fin de sa période d’instruction au dépôt, le 28 novembre 1915, il est affecté au 149e R.I..

 

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. après son départ du 21e R.I. ? Est-il passé par le 9e bataillon du régiment pour parfaire une instruction jugée trop légère ? À quel moment a-t-il rejoint les rangs du régiment actif ? Il est, pour l’instant, impossible de répondre à ces questions en fonction des informations dont nous disposons. Sa fiche matricule est peu détaillée. Elle ne permet pas d’affirmer de manière catégorique sa participation à la bataille de Verdun, en mars et avril 1916, au sein du régiment actif.

 

Fin avril 1916, le 149e R.I. occupe un secteur en Champagne entre la butte de Tahure et la butte du Mesnil. La zone couverte par les bataillons du lieutenant-colonel Gothié est beaucoup moins exposée en comparaison avec Verdun.

 

Le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme en août 1916. Le 4 septembre, il attaque le village Soyécourt. Louis Jolibois, soldat à la 2e compagnie, est tué quatre jours plus tard.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant.

 

 

Louis Jolibois repose actuellement dans la Nécropole nationale de Maucourt. Sa sépulture porte le n°2627.

 

 

Le nom de cet homme a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Mamirolle.

 

Le soldat Jolibois a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume ( J.O. du 8 novembre 1920).

 

« Excellent soldat courageux. Tué par éclats d’obus le 8 septembre 1916, au cours de travaux périlleux de déblaiement de tranchée bouleversée par un bombardement intense et prolongé devant Soyécourt. A été cité. »

 

Louis Jolibois, décédé à l'âge de 20 ans, ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services et les actes de naissance du soldat Jolibois ont été consultés sur le site des archives départementales du Doubs.

 

Le portrait de Louis Jolibois a été trouvé sur le site « MémorialGenWeb »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à T. Vallé et aux archives départementales du Doubs.

29 juillet 2022

7 et 8 septembre 1916

Hippolyte Journoud front de la Somme septembre 1916

 

7 septembre 1916

 

Le 149e R.I. et les bataillons de chasseurs de la 85e brigade occupent la ligne suivante : ferme sans Nom, moulin détruit, 651 g, 616 s, 616 t (en passant entre le bois Siegfried et le chemin bois Ritter-Déniécourt), tranchée Siegfried, tranchée en bordure du parc de Déniécourt, 616 a, 3809, boyau 3809-3510 jusqu’à 150 m à l’est du point 3510, 84 a, 3613 a, 3614 et 3514.

 

Le moral des hommes reste bon selon les officiers. La troupe est cependant fatiguée par les efforts fournis durant les jours précédents.

 

L’état des pertes de la 85e brigade est communiqué au Général de Boissoudy.

 

 

La nouvelle position doit être maintenue à tout prix. Les éléments de la 85e brigade consolident et agencent le terrain conquis.

 

Le secteur de la ferme sans Nom s’organise, un boyau est prolongé. Il faut relier les 1ère lignes dans les quartiers du 149e R.I. et du 10e B.C.P.. Suite à des bombardements répétés, le boyau du Dauphin est réparé plusieurs fois dans la journée.

 

L’organisation des lignes défensives reste une préoccupation majeure tout comme les problèmes de communication et de liaison.

 

Les mitrailleuses sont positionnées pour assurer les tirs de flanquement.

 

En un mot, le 3e B.C.P., le 10e B.C.P. et le 149e R.I. se tiennent prêts à stopper toutes attaques ennemies éventuelles sur sa ligne de front et sur son flanc gauche.

 

La ligne de front de la 85e brigade est maintenant stabilisée.

 

                                  Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 7 septembre 1916

 

8 septembre 1916

 

Le 149e R.I. occupe toujours les mêmes positions. Le boyau du Dauphin et le bois Siegfried subissent de violents bombardements tout au long de la journée.

 

Carte 1 journee du 8 septembre 1916

 

Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 8 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

Le dessin a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud propriété de la famille Aupetit.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

22 juillet 2022

Louis Henri Chevillard (1893-1916)

Louis Henri Chevillard

 

Louis Henri Chevillard est né le 8 novembre 1893, au 2 rue Ambroise Paré, dans le 10e arrondissement de Paris. Son père, Henri Jean, ancien employé de commerce devenu lampiste, est âgé de 37 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Louise Léonie Payer, 18 ans, exerce le métier de couturière.

 

La fiche signalétique et des services du jeune Chevillard mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire,écrire et compter à la fin de sa scolarité obligatoire. Devenu électricien, il travaille pour la compagnie électro-mécanique à l’usine du Bourget.

 

Louis Chevillard commet divers délits au cours de sa jeunesse. Il est condamné à plusieurs reprises par le tribunal de la Seine. La première condamnation tombe le 13 mars 1911, avec 3 mois de prison avec sursis pour vol.

 

Le 15 janvier 1912, il écope d’un mois de prison pour complicité de vol.

 

Cinq jours plus tard, la sanction s’alourdit. Cumulée avec le sursis, il doit effectuer une peine de 4 mois de prison ferme, payer une amende de 100 francs et respecter une interdiction de séjour durant 5 ans.

 

Le 20 septembre 1912, il se retrouve à nouveau face à la justice. Cette fois-ci, c’est le tribunal de Paris qui le sanctionne. Louis Chevillard doit purger une nouvelle peine de 3 mois de prison pour ne pas avoir respecté son interdiction de séjour.

 

Toujours domicilié chez ses parents, au numéro 107 de la rue du temple à Paris, il est inscrit sous le numéro 91 de la liste de l’année 1913 du canton du 3arrondissement. Il est déclaré apte aux obligations militaires par le conseil de révision réuni à la mairie de la rue de Lisbonne.

 

Ses nombreux déboires avec la justice lui valent une incorporation directe dans un bataillon disciplinaire.

 

Le 2 décembre 1913, Louis Chevillard est convoqué au 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Il traverse la Méditerranée pour rejoindre son unité d’affectation stationnée à Gabès, en Tunisie. Le nouveau conscrit arrive au corps le 8 décembre.

 

Fin juillet 1914, l’Europe s’apprête à entrer en guerre. Début octobre, les meilleurs éléments du 4e B.I.L.A. et du 5e B.I.L.A. sont rassemblés pour former le 3e bataillon de marche d’infanterie légère d’Afrique.

 

Le 27 octobre, le « Joyeux » Chevillard, rattaché à ce nouveau bataillon, embarque sur le paquebot « France ». Ce navire doit rejoindre le port de Marseille.

 

Le bataillon est à Dunkerque le 3 novembre 1914. Envoyé en Belgique, il est rapidement engagé sur le front de l’Yser.

 

Louis Chevillard est blessé le 10 novembre 1914 au sud du moulin de Noordschoote. Une balle lui a traversé la jambe gauche. Cette blessure nécessite une évacuation vers l’arrière.

 

La date de son retour en 1ère ligne reste inconnue. Nous savons simplement qu’il a réintégré les rangs de son ancien bataillon après sa guérison.

 

En février 1915, son unité est engagée sur le front d’Artois, près de Roclincourt.

 

Le 30 mars 1915, une balle lui perfore le bras gauche. Il est de nouveau envoyé vers l’arrière.

 

Une fois rétabli, l'administration militaire doit estimer que ses deux blessures ont démontré qu'il s'était racheté pour ses fautes passées. Il est affecté à un corps de troupe régulier, le 170e R.I. à compter du 7 août 1915.

 

Le soldat Chevillard est blessé pour la 3e fois le 2 octobre 1915 dans le secteur de Souain. Cette fois-ci, c’est une plaie à la main droite due à un éclat d’obus qui entraîne son retrait de la zone des armées.

 

Le 8 avril 1916, il est muté au 149e R.I.. Le régiment a subi des pertes importantes dans le secteur de Verdun au cours des semaines précédentes. Louis Chevillard est inscrit dans les effectifs de la 6e compagnie lorsqu’il intègre le régiment actif.

 

L’ancien soldat des « bat’ d’Af’ »  est nommé chef d’escouade le 29 avril.

 

Son régiment est envoyé dans la Somme en août 1916. Le 4 septembre, le 149e R.I. reprend le village de Soyécourt aux Allemands. Le caporal Chevillard est tué deux jours plus tard. Sa compagnie occupait une position de soutien pilonnée par l’artillerie ennemie.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Le 26 septembre 1916, les soldats Eugène Sagnès et Victor Boisson confirment le décès du caporal Chevillard auprès du sous-lieutenant Auguste Fourneret, l’officier responsable de l’état civil du régiment.

 

Louis Chevillard a été, dans un premier temps, inhumé à proximité d’un chemin traversant le bois de Soyécourt. Le lieu de sa sépulture actuelle n’a pas été retrouvé.

 

Décoration obtenue :

 

Croix de guerre avec une étoile de vermeil et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division n° 127 en date du 15 mai 1915 :

 

« Très bon et très brave soldat, belle attitude au feu, a toujours été un exemple de courage pour ses camarades. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 286 en date du 12 septembre 1916 :

 

« A été tué le 6 septembre 1916, dans un bois, alors qu’il occupait avec sa compagnie une position de soutien très violemment bombardée par l’ennemi. Gradé intelligent, dévoué et d’un grand courage. »

 

Le caporal Chevillard ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Fiche matricule consultée sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Historique du 3e bataillon de marche et du 4e bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Éditions Paris Henri Charles-Lavauzelle. 1920.

 

J.M.O. du 3e bataillon de marche. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 860/3 et26 N 860/4.

 

« Livre d’or de la compagnie mécanique du bureau de Paris et du Bourget ». Imprimerie L. Hardy, 40 rue du chemin vert. (Une citation à l’ordre de la division inscrite dans ce livre d’or ne semble pas lui appartenir. Les dates évoquées ne font pas lien avec le J.M.O. du 170e R.I. et cette citation n’est pas inscrite sur sa fiche matricule).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

15 juillet 2022

Louis Joseph Demengeon (1881-1916)

Louis Joseph Demengeon

 

Louis Joseph Demengeon voit le jour le 24 décembre 1881 dans le petit village vosgien de Dompierre. Son père, Jean Joseph Eucher, manœuvre, est âgé de 32 ans le jour sa naissance. Sa mère, Marie Marguerite Cuny, âgée de 37 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Louis est le premier enfant du couple.

 

La famille s’agrandit avec l’arrivée d’un nouveau garçon en 1888.

 

Dompierre

 

La fiche signalétique et des services de Louis Demengeon indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Louis a ensuite exercé le métier de manœuvre, probablement en travaillant avec son père.

 

Comme pour la presque totalité des registres vosgiens, la rubrique « détail des services et mutations diverses » de sa fiche matricule ne fournit pas les informations nécessaires à la reconstitution de son parcours militaire. Si cet homme n’était pas devenu officier, il aurait été impossible d’écrire quoi que ce soit sur cette partie de sa vie.

 

Enregistré sous le n° 21 sur la liste du canton de Bruyère, Louis Demengeon est déclaré « bon pour le service armé » lorsqu’il se présente devant le conseil de révision. Il se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1902.

 

Le 16 novembre 1902, le jeune homme rejoint le 21e R.I., un régiment en garnison à Langres. Ses connaissances scolaires lui permettent de suivre les cours du peloton des élèves caporaux, un grade qu’il obtient le 23 septembre 1903. Le caporal Demengeon est nommé sergent le 27 septembre 1904.

 

Libéré de ses obligations militaires après avoir passé deux années sous les drapeaux, il revient s’installer à Dompierre avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Ce retour à la vie civile est de courte durée. Très rapidement, il décide de reprendre du service en signant un engagement de 5 ans.

 

Le 27 mars 1906, il intègre les effectifs du 149e R.I., un des régiments qui tient garnison à Épinal. Le 13 juillet 1910, il signe de nouveau pour cinq ans.

 

Le 1er mai 1911, Louis Demengeon épouse Marie Claire Philippe à Le Tholy, une petite commune avoisinante de Dompierre. Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant.

 

Le sergent Demengeon est nommé sergent-major à la fin de l’année 1913. Il devient secrétaire auprès du capitaine chargé du matériel.

 

Il occupe toujours ce poste lorsque le 1er conflit mondial du  XXe siècle débute en août 1914.

 

À sa demande, Louis Demengeon quitte ses fonctions administratives au dépôt du 149e R.I. le 30 avril 1915.

 

Le 2 mai, il intègre le bataillon de marche du régiment. Le 14, il rejoint le régiment actif. Le chef de corps, Frédéric Gothié, lui confie une section de sa 2e compagnie sous les ordres du capitaine Crépet. La plupart des responsables de cette compagnie manquent à l’appel après les attaques des jours précédents dans le secteur d’Aix-Noulette.

 

Le 22, le sergent-major Demongeon est nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre.

 

Le 16 juin 1915, une nouvelle offensive a lieu sur le front d’Artois. Touché par une balle d’obus au mollet droit, il est évacué vers l’arrière. L’hôpital où il a été soigné n’a pas été identifié.

 

Le 9 juillet 1915, le lieutenant-colonel Gothié rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne de son subordonné :

 

« Sergent-major au dépôt depuis le début de la campagne, a demandé à venir sur le front. Nommé sous-lieutenant à titre temporaire en mai, s’est montré un chef de section très sérieux et très zélé. Blessé et évacué à l’attaque du 16 juin. »

 

Louis Demengeon ne reparaît pas sur le front du 149e R.I. au cours des six mois suivants. Peut-être est-ce à ce moment-là qu’il a été envoyé au groupe vosgien n° 4 (la date de son arrivée et celle de son départ dans cette unité ne figurent pas dans ses états de service).

 

Le sous-lieutenant Demengeon est de retour au 149e R.I. le 18 avril 1916. Il prend aussitôt le commandement de la 2e compagnie, en carence de cadres, depuis le passage du régiment à Verdun. Le 15 juin, il est de nouveau affecté à la tête d’une section de cette compagnie.

 

Le 149e R.I. est envoyé dans le département de la Somme en août 1916.

 

Le 1er septembre 1916, Louis Demongeon assure le commandement du peloton de discipline de la 43e D.I..

 

Cinq jours plus tard, il meurt frappé d’une balle dans la tête en entraînant ses hommes à l’assaut des positions ennemies.

 

Il est très difficile d’identifier de manière sûre la compagnie dans laquelle il servait le jour de sa mort. Plusieurs documents consultés dans son dossier individuel disponible au S.H.D. de Vincennes indiquent des unités différentes.

 

Servait-il à la 2e compagnie du 149e R.I. ? Était-il au peloton de discipline de la 43e D.I. où encore à la C.H.R. du 149e R.I. comme le laisse suggérer un compte-rendu d’exhumation datant du 15 février 1922 ? Il est impossible de se prononcer.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Hippolyte Journoud -soir d'attaque - septembre 1916

 

Le sous-lieutenant Demengeon a été inhumé, dans un premier temps, dans le cimetière militaire d’Harbonnières par le personnel de l’ambulance 7/21.

 

Il repose actuellement dans la Nécropole nationale de Lihons. Sa sépulture porte le n° 3491.

 

Sepulture Louis Demengeon

 

Sa veuve se remarie le 20 août 1921 avec Adrien Rosée, père d’une fille née en 1908. Cette famille recomposée vit à Laval-sur-Bologne. Le registre de recensement de l’année 1921 de cette commune n’indique pas d’enfants nés sous le nom de Demengeon vivant sous ce toit.

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 juin 1915 :

 

« Le 29 mai 1915, à Notre-Dame-de-Lorette, a entraîné brillamment sa section à l’attaque, blessé légèrement a conservé son commandement. »

 

Citation à l’ordre de la 10e Armée n° 228 en date du 25 septembre 1916 :

 

« Officier d’une grande valeur, a fait preuve des plus belles qualités morales et militaires et du plus parfait mépris de la mort, pendant les combats des 5 et 6 septembre 1916. Est tombé le 6 septembre frappé d’une balle à la tête en entraînant courageusement sa section à l’assaut de positions ennemies très solidement fortifiées à Soyécourt. »

 

Légion d’honneur à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 juin 1920).

 

Le nom de cet officier a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Dompierre.

 

La généalogie de la famille Demengeon peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche matricule, les actes d’état civil et les registres de recensements de la commune de Dompierre concernant le sous-lieutenant Demengeon et son épouse ont été lus sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Le dessin intitulé « soir d’attaque septembre 1916 » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud, propriété de la famille Aupetit.

 

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Louis Joseph Demengeon a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à B. Étévé, à M. Porcher, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

8 juillet 2022

Jacob Vidal (1891-1916)

 

Jacob Vidal naît le 9 mars 1891 à Aïn Témouchent, une commune algérienne située à 72 km au sud-ouest d’Oran, dans une famille de confession juive. Son père, Eliaou, est âgé de 37 ans lorsque ce 3e fils vient au monde. Il travaille comme débitant de tabac.

 

Sa mère, Rachel Bedouk, est âgée de 36 ans. Elle exerce le métier de couturière. La naissance d’une petite fille agrandit la fratrie en 1894.

 

L’enfance de Jacob est jalonnée de drames familiaux. Il perd son père à l’âge de 5 ans, sa mère à l’âge de 12 ans et sa petite sœur à l’âge de 14 ans.

 

Genealogie famille Vidal

 

Les Vidal s’installent à Marseille après la mort du père. Ils restent dans la cité phocéenne jusqu’au décès de la mère en 1903. La fratrie retourne vivre en Algérie.

 

Le registre matricule et le dossier individuel du S.H.D. de Vincennes de Jacob Vidal ne donnent pas d’indications sur son niveau scolaire et aucun détail sur l’activité professionnelle qu’il exerçait avant les obligations militaires. Il est probable qu’il avait, tout comme ses deux frères, un degré d’instruction de niveau 3.

 

Soldat de la classe 1911 de la subdivision de Marseille, Jacob Vidal ne se présente pas devant le conseil de révision le jour de sa convocation. Cette situation, certainement à mettre en lien avec sa domiciliation en Algérie, entraîne automatiquement son inscription sur la liste des « bons absents ».

 

Le nouveau conscrit est incorporé au 163e R.I. à compter du 19 octobre 1912. Ce régiment est installé en Corse depuis la dernière décennie du XIXe siècle. Il envoie son 1er bataillon en Algérie en août 1912.

 

Jacob Vidal n’a probablement pas eu à traverser la méditerranée pour rejoindre l’île de beauté. En effet, son dossier individuel d’officier mentionne une campagne en Algérie pour la période allant du 19 octobre 1912 au 13 avril 1913.

 

De retour en France, Jacob Vidal rejoint le dépôt de son régiment installé à Nice depuis le 23 décembre 1912.

 

Son expérience militaire en Algérie et l’estime de ses supérieurs lui permettent de suivre la formation des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 22 avril 1913. Jacob est nommé sergent le 18 octobre 1913.

 

Le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand, héritier de l’empire austro-hongrois est assassiné à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Personne ne sait encore que cet évènement va servir de prétexte pour déclencher une guerre mondiale. La vie continue…

 

La compagnie du sergent Vidal occupe un des forts de la place forte de Nice. Jacob est un conscrit exemplaire.Il gagne du galon et n'est jamais puni avant le 4 juillet 1914. Ce jour-là, son chef de section lui inflige 15 jours d’arrêt simple pour le motif suivant : « N’étant pas présent à l’appel du soir, est rentré au fort à 2 h 45. A passé la nuit aux environs du fort en compagnie d’une femme. A pénétré, accompagné de cette femme, dans la caserne extérieure du fort, s’est fait porter malade à la visite du lendemain et a obtenu la mention « exempt de service » et a manqué de ce fait l’exercice de la journée. »

 

La situation politique européenne se dégrade de plus en plus, à tel point que la France rappelle ses réservistes à partir du 2 août 1914.

 

Les compagnies détachées à la surveillance des forts réintègrent le dépôt du 163e R.I. les 12 et 13 août.L’Italie, alliée de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, décide de ne pas prendre part au conflit.

 

La France n'a plus besoin de protéger sa frontière avec ce pays. Les premiers éléments du 163e R.I. quittent la caserne Riquier à partir du 15 août.

 

Le 19, le sergent Vidal subit le baptême du feu à Tagolsheim, une petite commune située au sud-ouest de Mulhouse. Une balle allemande lui traverse le cou. Grièvement blessé, il est évacué vers l’intérieur. Jacob Vidal occupe un des 200 lits de l’hôpital auxiliaire n° 8 ; ce dernier est installé à l’intérieur du lycée de jeunes filles de Grenoble.

 

La plaie du sergent Vidal cicatrise vite. Après quelques jours de convalescence, il retourne au dépôt du 163e R.I. instruire les élèves caporaux. Bientôt gagné par l’envie de retourner se battre, Jacob Vidal fait une demande pour partir avec le prochain renfort. À deux reprises, il essuie un refus de la part de ses chefs.

 

Sa blessure, pas tout à fait guérie, le fait beaucoup souffrir. le sergent Vidal doit prendre sur lui pour espérer un retour rapide en 1ère ligne. Une compensation tout de même, il est nommé adjudant le 23 septembre 1914.

 

Le 3 novembre, un renfort quitte le dépôt pour rejoindre le régiment actif. Jacob Vidal fait partie des effectifs. Il retrouve son ancienne unité installée dans le département de la Meuse. Le 163e R.I. occupe un secteur près des communes de Raulecourt et de Gironville-sous-les-Côtes. Le 12 novembre, deux bataillons du régiment sont envoyés en Belgique. La compagnie de l’adjudant Vidal combat dans le secteur d’Ypres jusqu’à la fin de l’année 1914.

 

Le 1er janvier 1915, le régiment est reconstitué à 4 bataillons. Le 12, l’adjudant Vidal occupe une tranchée d’avant-garde près de Flirey. Une pluie d’obus s’abat sur sa section. Plusieurs hommes sont blessés. L’adjudant Vidal, fortement commotionné, est de nouveau évacué vers l’arrière. Cette fois-ci, il est pris en charge par le personnel médical de l’hôpital bénévole n° 117bis placé dans le lycée de jeunes filles de Tournon-sur-Rhône.

 

Jacob Vidal est décoré de la Médaille militaire à l’hôpital. Le journal local relate l’évènement : « On a remis la Médaille militaire au sergent Vidal du 163e R.I., cité à l’ordre de l’armée en présence du sous-préfet, du maire et des officiers en traitement à l’hôpital auxiliaire. Le commandant d’armes Baume a donné l’accolade au nouveau promu sous les applaudissements de l’assemblée et aux accents de la Marseillaise chantée par les camarades blessés. On a offert un punch d’honneur. »

 

La date de son retour au dépôt du 163e R.I. n’a pas été retrouvée. Nous pouvons simplement affirmer qu’il a été affecté au 170e R.I. à partir du 23 juin 1915.

 

Renvoyé sur la ligne de front, son nouveau chef de corps lui donne le commandement d’une section de sa 8e compagnie. L’adjudant Vidal est blessé le 4 octobre 1915. Cette fois-ci, la nature de sa blessure et le lieu de son hospitalisation ne sont pas connus.

 

Le 11 mars 1916, Jacob Vidal est inscrit dans le registre des effectifs de la 26e compagnie du dépôt du 170e R.I.. Il fait une demande écrite pour être nommé officier. Le capitaine Gay-Bellile, rédige une note élogieuse pour appuyer cette candidature :

 

« Brillant adjudant, intelligent, instruit, de très belle tenue, très consciencieux et dévoué dans son service quotidien, ayant un excellent esprit militaire et de moralité parfaite, ce sous-officier est tout a fait apte à faire un sous-lieutenant. Il ne peut faire qu’un très bon officier Avis très favorable. »

 

Le 15 avril 1916, l’adjudant Vidal apprend sa mutation au 109e R.I.. Il est promu sous-lieutenant à titre temporaire deux jours plus tard (J.O. du 21 avril 1916).

 

Une décision prise par le général commandant le 21e C.A. du 16 mai 1916 suivie de la décision ministérielle du 28 mai 1916 (J.O. du 30 mai 1916) implique son affectation au 21e R.I. à compter du 19 mai 1916.

 

Sa présence au sein de ce régiment est de courte durée. Il a tout juste le temps d’être évalué par le responsable du régiment.

 

« Officier, qui, n’étant resté qu’un mois au régiment, ne s’en est pas moins fait connaître comme officier consciencieux, énergique,  zélé, calme. Bon chef de section, animé d’un fort sentiment du devoir.  A occupé les tranchées avec le 21e R.I. dans le secteur du mont Muret entre les buttes de Tahure et Souain. »

 

Le 16 juin 1916, une nouvelle décision du général commandant le 21e C.A.  ratifiée par la décision ministérielle du 23 juin 1916 lui demande de rejoindre l’équipe des cadres du 149e R.I..

 

Le lieutenant-colonel Gothié lui confie la responsabilité d’une section de sa 9e compagnie sous les ordres directs du capitaine Delung.

 

Sous-lieutenant Vidal au bois Etoile

 

Le 149e R.I. est envoyé dans le département de la Somme en août 1916. Le 4 septembre, il attaque le village de Soyécourt. Le sous-lieutenant Vidal est tué le 6 septembre 1916 d’une balle dans la tête.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

carte 1 journee du 6 septembre 1916

 

Jacob Vidal est, dans un premier temps, inhumé au cimetière militaire d’Harbonnières. Sa sépulture portait le n° 1263.

 

Il repose dans le petit carré militaire israélite du cimetière marseillais « Saint-Pierre » depuis le 22 février 1922.

 

 

Le sous-lieutenant Vidal a obtenu les décorations suivantes :

 

Croix de guerre avec deux palmes

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. en date du 25 novembre 1914) :

 

« S’est fait remarquer par son courage et son énergie, a été blessé. »

 

Citation à l’ordre de la 10e Armée du 25 septembre 1916 :

 

« Officier d’une bravoure et d’un sang-froid à toute épreuve. Le 6 septembre 1916 a entraîné brillamment sa section dans une progression en terrain découvert, sous un feu violent de mousqueterie ennemi. A été tué au cours de cette action. »

 

Médaille militaire (21 novembre 1914)

 

Légion d’honneur à titre posthume (publication dans le J.O. du 19 juin 1920)

 

decorations Jacob Vidal

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune d’Aïn-Témouchent. Cet édifice a été détruit au début de l’indépendance algérienne.

 

Jacob Vidal est resté célibataire et n’a pas eu de descendance. Son frère Prosper et ses deux belles-sœurs ont été victimes de la barbarie nazie en 1943.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales des Bouches-du Rhône.

 

Journal « l ’Univers israélite » du 20 août 1915 consultable sur le site Gallica.

 

J.M.O. du 163e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 702/10.

 

J.M.O. du 170e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 707/14.

 

La photo de la sépulture du sous-lieutenant Jacob Vidal a été réalisée par O. Gaget.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à O. Gaget, à J. Huret, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Bouches-du-Rhône. 

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