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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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12 août 2022

L'attaque de Soyécourt du 4 septembre 1916 vue par un musicien-brancardier du 149e R.I.

Louis Cretin- la Somme

 

Louis Cretin, soldat musicien-brancardier au 149e R.I., évoque son arrivée dans le département de la Somme. Le secteur occupé à l’arrière n’est pas de tout repos. Il est régulièrement bombardé par l’artillerie et l’aviation ennemies. Le 4 septembre, le régiment de Louis Crétin attaque le village de Soyécourt. Il participe à l’évacuation des blessés.

 

Le 11 août 1916, nous faisons les préparatifs de départ pour la Somme. Depuis notre relève de Verdun, la musique n’a plus connu de dangers. Nous avons passé de bons moments.

 

Le 12 août, le régiment reposé et reformé au complet embarque à Coolus près de Châlons. Nous passons par Épernay, Meaux, les banlieues est et nord de Paris, Clermont, Beauvais et Saint-Omer. Le débarquement se fait le matin du 13 à Crèvecœur. Nous cantonnons au Saulchoy, où nous demeurons jusqu’au 20 août.

 

Ce jour-là, de bon matin, des camions-automobiles nous amènent pour nous débarquer dans l’après-midi sur un terrain vague aux environs d’Harbonnières. La canonnade est violente et nous rappelle celle de Verdun. La seule différence, c’est que c’est nous qui attaquons. La supériorité en artillerie lourde est de notre côté.

 

Arrivee a Harbonnieres

 

Le cantonnement se fait à Harbonnières du  20 au 24 août qui est journellement bombardé. Du 24 août au 3 septembre, nous allons à Guillaucourt, un village voisin où nous sommes marmités à tout instant par les obus et les avions. Notamment le 28 août, où des escadrilles allemandes déversent des bombes sur le patelin…

 

Beaucoup de dégâts, mais heureusement, peu de victimes. Le bombardement par avion est plus démoralisant que par obus. Un tir d’artillerie peut-être étudié et l’on agit en conséquence. Pour les avions, les bombes tombent au hasard et il est presque impossible de s’en préserver efficacement.

 

Les concerts que l’on fit dans ce pays avant de monter en ligne furent souvent interrompus par la faute des bombardements. Pourtant, nous étions bien à 8 ou 10 km des lignes. Un bataillon du régiment se trouve depuis 8 jours en réserve à Foucaucourt.

 

Le 3 septembre, l’ordre arrive à tout le régiment de monter en ligne. Nous prenons les boyaux au ravin de la Baraquette, et toute la nuit, nous marchons. Nous nous égarons à plusieurs reprises. Cette relève devenait fatigante.

 

Au matin, nous arrivons enfin en première ligne où nous installons le poste de secours dans une ancienne « cagna » allemande. Notre artillerie tire sans discontinuer, avec une telle violence que cela paraît un roulement de tambour.

 

Soyecourt

 

Le 4, le tir atteint un degré d’intensité impossible à décrire. Nous sentons que l’attaque est proche. Elle se déclenche à 13 h 00. Nos vagues d’assaut enlèvent plusieurs lignes de tranchées. Le village de Soyécourt est pris et la troupe progresse au-delà. Les pertes sont faibles au départ.

 

Néanmoins, nous avons beaucoup de travail ; il y a au moins 4 km de boyaux que nous faisons pour évacuer nos blessés jusqu’à Foucaucourt. De plus, la boue est là.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Secteur du 149e R

 

Le 5 septembre, nous relevons surtout des blessés allemands qui sont trouvés dans les ruines du village de Soyécourt. Ce village est rasé complètement. Le terrain est retourné comme après le passage de la charrue. L’artillerie allemande réagit vigoureusement après l’attaque. Nos blessés deviennent plus nombreux.

 

Ce matin-là du 5, le régiment a appris une nouvelle presque invraisemblable. Notre colonel, son officier adjoint, son ordonnance et sa liaison sont faits prisonniers. Après avoir franchi nos premières lignes, ils étaient partis reconnaître le terrain nouvellement conquis.

 

Le 7 septembre, je vais à Framerville pour aider nos cuisiniers. Je recommence le même boulot qu’à Verdun. Seulement, nous y arrivons beaucoup plus facilement.

 

Le gros ennui pour faire la cuisine était que nous étions obligés de chercher du bois sec. Comme il pleuvait souvent, nous visitions les décombres dans le pays. C’est ainsi qu’un jour, j’eus la chance de trouver une église démolie… Un confessionnal… Nous le rapportons et pendant plusieurs jours nous avons pu avoir de quoi faire la croûte. Il flambait rudement bien ce meuble liturgique, imprégné qu’il était du parfum et de l’essence de toutes les fautes avouées qu’il avait entendues… Nous étions marmités presque autant qu’en ligne.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de Louis Cretin.

 

La photographie présente sur le montage est légendée « le chemin creux de Soyécourt – 3 septembre 1916 ».

Tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet qui m’ont autorisé à retranscrire sur ce blog le passage suivant du témoignage de Louis Cretin.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et à A. Chaupin.

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